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Laurent Obertone : « Les Français, victimes consentantes de Big brother », entretien avec Grégoire Arnould

 

La France Big Brother, le dernier opus de Laurent Obertone, décrit la façon dont les Français sont manipulés par la caste politico-médiatique. Paradoxalement, cette manipulation s’exerce avec leur consentement…

Qui est Big Brother ?

Big Brother, c’est le système qui s’exprime à travers tous les individus qui contrôlent l’expression et pensent la même chose. C’est le prêt-à-penser délivré par les faiseurs d’opinion. C’est cette « République des écrans » qui, sous couvert de liberté d’opinion, définit les limites de la pensée. Pour autant, ce système fondé essentiellement sur la collusion des politiques et des médias, fonctionne, ce qui peut paraître paradoxal, avec le consentement de ceux sur qui il s’exerce.

Le sous-titre de votre livre dénonce justement le « conditionnement » des Français. Vous dîtes que « Monsieur Moyen », le Français moyen, se laisse volontairement manipuler…

L’anthropologie nous enseigne que les individus ne peuvent exister seuls. Sans maître, point de salut ! Qui ne serait pas heureux et soulagé d’être déchargé de responsabilités trop lourdes à assumer ? Prenons l’exemple de la sécurité. à de rares exceptions près, une personne agressée ne peut compter que sur elle-même. Personne ne bouge pour lui venir en aide : chacun espère que son voisin va intervenir ou que la police, dont c’est le travail, va arriver… C’est l’illustration parfaite d’un conditionnement général : comme si nous étions désormais dressés à demeurer passifs en toute circonstance.

Comment expliquez-vous cette passivité des individus face à la manipulation dont ils font l’objet ?

Bien souvent, plus un individu prétend être libre, plus il est au contraire soumis à toute sorte de liens qui l’entravent. Et de fait, dans une démocratie, les gens se conforment à la masse et adoptent, par mimétisme, le comportement de la majorité. Cette peur de quitter le rang renvoie au syndrome de l’exclusion : la crainte, traumatisante, du jugement excluant émanant de la majorité ou du groupe dominant. La puissance médiatique symbolise par excellence ce pouvoir d’exclusion tant il est impossible et même inconcevable d’échapper au pilonnage des slogans publicitaires et des « messages » politiques – ce qui revient à peu près à la même chose. Comme ils les subissent au quotidien, les gens finissent par les adopter. C’est une question de facilité, de peur ou même de besoin d’exister. De telle sorte que le Français « moyen », celui que j’appelle « Monsieur Moyen », se retrouve, avec des millions de ses semblables, sur la place de la République à Paris en brandissant une pancarte « Je suis Charlie ». Cette uniformité de la pensée a quelque chose d’effroyablement saisissant pour un pays qui se prétend libre.

En quoi l’affaire Charlie Hebdo est-elle particulièrement révélatrice de Big Brother ?

Le plus frappant évidemment, c’est que l’idéologie et les individus responsables de ce désastre en sortent renforcés et qu’ils ont réussi, avec une facilité déconcertante, à retourner les faits à leur avantage. « Je suis Charlie », c’est vraiment une manipulation de masse. Ce qui prouve que pour Big Brother, l’utopie – c’est-à-dire la représentation factice de la réalité – est plus importante que les faits qui, en l’occurrence, parlaient d’eux-mêmes. D’où l’importance de la communication qui permet de réécrire le présent. Regardez les événements qui ont suivi les attentats de janvier : d’une attaque islamiste particulièrement meurtrière, on a fait une campagne contre « l’amalgame » et « l’islamophobie ». Autrement dit, Big Brother nous a expliqué qu’il a eu raison de promouvoir depuis des années le multiculturalisme, l’immigrationnisme et l’islam ! Un tel exemple de manipulation devrait être enseigné dans les écoles…

Peut-on mettre un terme à ce conditionnement ?

Il n’est pas certain qu’il dure éternellement, mais les gens ont tellement investi dans la société factice de Big Brother qu’il est impossible pour eux d’imaginer s’en détourner. Surtout que tout le monde y trouve son compte. Nous vivons dans une société de confort, ce qui fait de nous des êtres domestiqués. La consommation de masse signe le triomphe de Big Brother…

Reste-t-il un peu de place pour l’espoir ?

Le principal objectif de Big Brother c’est d’empêcher les gens de penser. Il est très difficile de prédire ce qui va se passer, mais le temps qui passe joue pour le système. En même temps, on voit de plus en plus d’auteurs et de médias dissidents exister sans lui, ou plutôt malgré lui : l’espoir est donc permis. 

 

Dernier livre paru : la France Big brother, éditions Ring, 361p., 18 euros.

Source : Politique magazine

Commentaires

  • Les tenants de la pensée unique du système '"Big Brother" sont les mêmes qui condamnent la propagande nazie mise en place par Goebbles. En revanche, ils gardent un silence très respectueux envers la propagande communiste qui se retrouvent dans les totalitarismes actuels comme le mondialisme ou méconnus comme l'islamisme !

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