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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 12 septembre

    1940 : Découverte de la grotte de Lascaux

     

     

     

     

     

    1213 : Bataille de Muret 

     

    12 septembre,bouvines,bataille de la marne,francois premier,joliot curie,rameau,leonard de vinci,chambord,muret,grottes de lascauxCette bataille est une étape essentielle dans la formation de la France. 

     

    Ce jour-là, les Français du nord et du sud se livrent bataille à Muret, au sud de Toulouse. Le roi Pierre II d'Aragon s'est rangé aux côtés des méridionaux. Il vient de remporter un triomphe contre les musulmans  en Andalousie - à Las Navas de Tolosa - l’année précédente (1212), sauvant ainsi l'Europe et la Chrétienté de l'invasion des Almohades du Maroc et de Mauritanie, ceux-ci formant la seconde vague de l'invasion musulmane, après la première, qui était entrée en Espagne, par Gibraltar, en 711. Les représentants les plus célèbres de cette première vague d'invasion furent les Almoravides, au XIème siècle, contre lesquels lutta le non moins célèbre Cid Campeador...

    Pierre d'Aragon songe peut-être aussi à prendre une sorte de revanche historique, et à revenir sur un événement qui s'était passé sept siècles auparavant : la bataille de Vouillé, en 507 (voir l'Éphéméride du 25 mars), victoire par laquelle Clovis avait définitivement chassé les Wisigoth de la Gaule, donnant ainsi à ce qui allait devenir la France sa frontière naturelle des Pyrénées : une seconde grande victoire, dans le sud de la France cette fois, lui vaudrait de jouer un rôle d'arbitre au nord des Pyrénées aussi bien que dans la péninsule ibérique, et d'y ré-introduire une influence politique qui en avait été chassée depuis des siècles.

    Mais son imprudence et ses erreurs tactiques font que - à l'inverse de ce qu'il espérait... - la bataille tourne au désastre pour lui et son allié, Raymond VI. Leur armée est anéantie, Pierre II est tué, Raymond VI se réfugie en Angleterre (ci-dessus, enluminure des Grandes Chroniques de France, XIVème siècle). 

    L'année suivante a lieu à Bouvines, dans le nord de la France, cette fois, une autre bataille décisive pour le destin de la France. Elle se solde par la victoire du roi Philippe II Auguste, qui s'affirme comme le principal souverain d'Europe (voir l'Éphéméride du 27 juillet).

    Rassuré sur la solidité de son trône, le roi de France tourne ses yeux vers le drame qui se joue dans le Midi. Il obtient le concours du pape Innocent III, lequel se résigne à déchoir le comte de Toulouse Raymond VI de ses titres par le décret du 14 décembre 1215.

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      De gueules à la croix cléchée, vidée et pommetée de douze pièces d'or
     
     

    Philippe II Auguste assure ses arrières en obtenant l'hommage-lige de Simon de Montfort pour toutes les terres qu'il a conquises dans le Midi, à l'exception du marquisat de Provence (cette ancienne possession des comtes de Toulouse fait alors partie du Saint Empire romain germanique, et ne dépend pas des rois capétiens).

    Dans ce contexte, on voit bien alors que, dans ce que l'on appelle La Croisade des Albigeois, la guerre est très vite devenue - bien plus que simplement religieuse, comme l'imaginent certains - un moment fort et une étape importante dans la réalisation de l'unité nationale....

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils :

    "...Qu'était l'hérésie albigeoise ? Un mouvement politique. On y reconnaît ce qui apparaîtra dans le protestantisme : une manifestation de l'esprit révolutionnaire. Il y a toujours eu, en France, des éléments d'anarchie. D'époque en époque, nous retrouverons de ces violentes poussées de révolution, suivies, tôt ou tard, d'une réaction aussi vive. Et toujours révolution et réaction ont pris la forme d'une guerre religieuse, d'une lutte d'idées.

    Comme les protestants, les Albigeois prétendaient purifier le christianisme. Ils s'insurgeaient contre la hiérarchie ecclésiastique et contre la société. Si l'on en croit les contemporains, leur hérésie venait des Bogomiles bulgares qui furent comme les bolcheviks du Moyen Âge. Ce n'est pas impossible, car les idées circulaient alors aussi vite que de nos jours. Il est à remarquer, en outre, que le Languedoc, les Cévennes, âpres régions où le protestantisme trouvera plus tard ses pasteurs du désert, furent le foyer de la secte albigeoise.

    Elle se développa, avec la tolérance de la féodalité locale, jusqu'au jour où la croisade fut prêchée à travers la France, au nom de l'ordre autant qu'au nom de la foi. Dès le moment où Simon de Montfort et ses croisés se mirent en marche, l'affaire changea d'aspect. Elle devint la lutte du Nord contre la féodalité du Midi et la dynastie toulousaine. L'adversaire était le comte de Toulouse au moins autant que l'hérésie. Le Nord triompha. Mais, avec un sens politique profond, Philippe Auguste refusa d'intervenir en personne et d'assumer l'odieux de la répression. Il n'avait que peu de goût pour les croisades et celle-là, s'il y eût pris part, eût gâté les chances de la monarchie dans la France méridionale. La féodalité du Sud ne se releva pas de cette lutte. Du moins les rancunes qui en restèrent n'atteignirent pas le Capétien. Elles ne compromirent pas son œuvre d'unité..."

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    1494 : Naissance du futur François 1er

     

    Né à Cognac, le duc d'Angoulême fut le type accompli du gentilhomme de la Renaissance. Il favorisa les Lettres et les Arts, se fit le patron des Humanistes et fonda la Collège de France (1530); il attira Benvenutto Cellini, le Primatice, Léonard de Vinci et bien d'aiutres artistes italiens; il fit construire Chambord (voir l'Éphéméride du 29 septembre) et re-construire Saint Germain en Laye.

    Il fit du français - au détriment du latin - la langue obligatoire de tout acte officiel. Il est le créateur du Dépôt légal, et fut également aux origines de l'Imprimerie nationale (voir l'Éphéméride du 28 décembre)...

    Lorsqu'il décida, après sa captivité en Espagne, que le roi, dorénavant, résiderait d'une façon permanente à Paris, c'est lui qui appela Pierre Lescot pour reconstruire et transformer le Louvre de Philippe Auguste et Charles V en résidence royale moderne (voir l'Éphémeride du 10 septembre)...

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    C'est lui qui signa avec la Suisse "la paix perpétuelle" (voir l'Éphéméride du 29 novembre) et des "Suisses" (leur drapeau, ci dessus) restèrent au service du Roi de France jusqu'au tragique et monstrueux 10 Août 1792 : cette "paix perpétuelle" entre deux  nations qui venaient de s'affronter durement est un cas unique dans les annales de l'Humanité : notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France (472 photos) consacre l'intégralité de sa partie 3 (86 photos) aux Régiments suisses : "Au début furent les Cent Suisses"...

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    François premier, par Jean Clouet, Musée du Louvre...
     
    Si le règne commença en fanfare, avec le triomphe de Marignan, les difficultés n'ont pourtant pas été épargnées au "grand roi François" : l'une des plus dangereuses étant la trahison du connétable de Bourbon (voir l'Éphéméride du 18 juillet), celui-là même qui, s'alliant à Henri VIII d'Angleterre et Charles-Quint vainquit le roi à Pavie, entraînant sa captivité à Madrid...
     
     
     
     
     
     

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    1621 : Aux origines de la Frangipane

     

    On sait peu de choses - du moins dans le grand public... - sur le marquis Pompeo Frangipani, maréchal de France sous Louis XIII, et grand ami de Bassompiere, lui-même grand homme de guerre au service du roi.

    Membre d'une célèbre famille italienne, venu en France comme les Vinci, Médicis et tant d'autres, Pompeo Frangipani se mit au service, militaire, du roi de France, et, pour pallier les incommodités dues aux odeurs de la guerre et de la vie dans les camps, il inventa un parfum à base d'amandes avec lequel il parfumait ses gants et ses chausses.

    Son pâtissier eut l'idée de s'en servir à son tour, mais pour un tout autre usage : la Frangipane était née...

    On lira, en cliquant sur le lien ci-après, le récit que fait Bassompiere de l'arrivée de son ami, Pompéo, le dimanche 12 septembre 1621, aux armées du roi :

    COLLECTION DES MEMOIRES RELATIFS A L'HISTOIRE DE  FRANCE

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     Merci, Pompeo !

     

     

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    1764 : Mort de Jean-Philippe Rameau

     

  • Éphéméride du 9 janvier

    Clémence Poésy dans le film de Philippe Ramos, "Jeanne captive"
     
     
     

     

    1431 : Début du procès de Jeanne d'Arc  

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    Contrairement à la version fantaisiste de Luc Besson, Le Procès de Jeanne d'Arc (capture d'image ci dessus) de Bresson - de 1962 - est une évocation quasi documentaire.
    Dans un style épuré, le réalisateur fait la part belle aux dialogues, aux réquisitoires et à la défense de Jeanne d'Arc.
    Un superbe film, sans doute le plus complet sur le procès. 
     

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    1590 : Naissance de Simon Vouet

     

    Premier peintre du roi Louis XIII, c'est lui qui a importé le style baroque italien, en l'adaptant aux grandes décorations que lui commandait le roi pour le Louvre, le Luxembourg ou Saint Germain en Laye. 

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    Autoportrait
     

     http://exponantessimonvouet.free.fr/site_1024/lancement1024.htm

     

    Plus de quatre siècles après sa naissance, en 2014, on découvrit, par hasard, dans une église des environs de Paris, un grand retable de Simon Vouet, L'Adoration des Bergers, qui n'était même pas "inscrit" au Ministère de la Culture ! :

    http://www.latribunedelart.com/un-simon-vouet-redecouvert-dans-une-eglise-d-ile-de-france

     

     

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    1595 : Aux origines de la Galerie du bord de l'eau...

     

    Sur les "Comptes des Bâtiments du Roi", on trouve, au 9 janvier, une mention : "Devis des ouvraiges de maçonnerye et pierre de taille qu'il convient de faire de neuf pour le Roi... une grande Gallery qui commencera..." La Grande Galerie en question, voulue par Henri IV pour relier le Louvre aux Tuileries, c'est la Galerie du bord de l'eau, que nous admirons encore aujourd'hui. 

    Le Roi la commande aux architectes Louis Métezeau (qui sera aussi à l'origine de la Place Dauphine - voir l'Éphéméride du 10 mars) et de la Place Royale, aujourd'hui Place des Vosges - voir l'Éphéméride du 5 avril) et Jacques Androuet de Cerceau : ceux-ci prévoient qu'elle mesurera 9 mètres de large sur 442 mètres de long...

    Il faut commencer par démolir l'enceinte de Charles V : on sait que le gros oeuvre était achevé en 1606 grâce à Jean Hérouard, médecin du Dauphin, le futur Louis XIII, qui note dans son journal, pour ce moment-là : "Le Roi conduit son fils dans la galerie, les jours de pluie, dans un petit carrosse tiré par deux dogues".

    Trait d'union entre le Louvre et les Tuileries, la Galerie abritera, dans sa partie basse, et jusqu'en 1806, les ateliers des artistes du Roi : Le roi y installe la Monnaie, une manufacture de tapisserie et à l'étage inférieur des artistes : peintres, graveurs, sculpteurs, tapissiers...

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     http://www.louvre.fr/histoire-du-louvre

     

     

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    1873 : Mort de Napoléon III

     

    L'Empereur déchu décède à Chislehurst, dans le Kent, en Angleterre; il repose dans l'Abbaye de Farnborough.

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     "...Deux invasions pour l'oncle, une pour le neveu : voilà une famille qui aura couté cher à la France..." (Jacques Bainville)       

     

     

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XX, La deuxième république et le Second Empire

    "On pouvait comparer Napoléon III à un homme qui marchait avec un bandeau sur les yeux, tandis que son ennemi voyait clair.

    De 1866 et de la bataille de Sadowa datent le déclin de l'Empire et une nouvelle situation en Europe. En travaillant à la revanche de Waterloo par la destruction des traités de 1815 et par le principe des nationalités, la France, du congrès de Paris à Solferino, avait eu quelques années d'illusion. En fin de compte, elle avait compromis sa sécurité et provoqué le péril. C'était un changement considérable que l'apparition d'une Prusse agrandie, fortifiée, qui cessait d'avoir l'Autriche pour contre poids et qui dominait désormais les pays germaniques.

    Toute la politique napoléonienne en fut désemparée. Lorsque l'empereur rappela les promesses de Biarritz, réclama pour la France une compensation aux conquêtes de la Prusse, Bismarck se moqua de cette "note d'aubergiste". Napoléon III avait demandé Mayence : non seulement Bismarck refusa, mais il mit les princes allemands en garde contre les ambitions de la France.

    Repoussé de la rive gauche du Rhin, Napoléon III songea à une annexion de la Belgique, tombant dans l'erreur que Louis-Philippe s'était gardé de commettre. Plus tard, Bismarck révéla tout aux Belges et aux Anglais, entourant la France d'une atmosphère de soupçon, afin qu'elle fût seule le jour où il l'attaquerait. Lorsque enfin Napoléon se montra disposé à se contenter du Luxembourg, ce fut dans le Parlement de l'Allemagne du Nord une furieuse protestation contre la France, une manifestation de haine nationale; Bismarck répondit que la volonté populaire lui interdisait de céder une terre germanique.

    Trompé, humilié, Napoléon III portait à l'intérieur le poids de ses échecs..."

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    À Farnborough...
     
     
     Napoléon III fut le dernier des "souverains capturés" (voir l'Éphéméride du 11 février) : dès le 2 Septembre, et sa reddition à Sedan, l'ex-Empereur fut transféré au château de Wilhelmshöhe, dans la Hesse (où l'ex-impératrice Eugénie vint le visiter, le 30 octobre). Il restera donc prisonnier un peu plus de 6 mois, jusqu'en 1871 : le 19 mars de cette année, celui qui était redevenu Louis-Napoléon Bonaparte quitta le château de Wilhelmshöhe pour l'Angleterre. Le lendemain, il débarqua à Douvres puis se rendit à Camden Place, à Chislehurst, dans le Kent, où il devait mourir peu après, et où il est enterré.

    Par le calamiteux Traité de Francfort de mai 1871 (voir l'Éphéméride du 10 mai), la France perdait l'Alsace et une partie de la Lorraine, devait payer une indemnités exorbitante de 5 milliards de francs-or, et voyait son armée réduite et cantonnée au sud de la Loire; et Strasbourg devenait un glacis anti-français... 
     
    L'Impératrice Eugénie, elle, survivra longtemps à son mari : elle ne mourra qu'en 1920, à 94 ans ! Elle jouera un rôle important après la guerre de 14, en publiant sa "Lettre au roi de Prusse" - et la réponse de celui-ci - après la débâcle de Sedan  : voir l'Éphéméride du 11 juillet...
     
     
     

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    1959 : Première de Cinq colonnes à la Une

     

    Il s'agit du tout premier magazine d'informations télévisées de Pierre Lazareff.

    Présentée par le trio Pierre Desgraupes, Pierre Dumayet et Igor Barrère, le premier vendredi de chaque mois, l'émission cessera d'être diffusée peu après les événements de mai 1968, après 103 numéros.

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    1963 : La Joconde est à Washington...
     

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     À gauche, le président Kennedy est aux côtés de Madame Malraux, lequel, de face, est aux côtés de Jacqueline Kennedy; à l'extrême droite, regardant le tableau, le vice-président Lyndon Johnson...

    Dans son discours de présentation, Malraux fait une comparaison avec la statuaire antique :

    "Léonard apportait à l'âme de la femme l'idéalisation que la Grèce avait apportée à ses traits. La mortelle au regard divin triomphe des déesses sans regard. C'est la première expression de ce que Goethe appellera l'éternel féminin..."

     

     

    http://www.ina.fr/video/CAF90008403

     

    Ces éléments sont extraits d’une large étude réalisée par unmembre de notre mouvement spécialiste en statistique. C’est un véritable pavé dans la marre. Un dossier plus complet sera proposé dans le prochain numéro de la revue  : «  Le bien commun  ».

    Olivier Perceval.

    Ce qui ressort de l’ensemble des données analysées c’est que le Coronavirus est en reflux dans toute l’Europe occidentale, et particulièrement en France. Par ailleurs, ce qui ne laisse pas d’étonner, c’est l’ampleur des actions qui ont été entreprises partout dans le monde contre une maladie qui a fait globalement peu de victimes.

    4.jpgQue l’on s’entende bien, il ne s’agit pas de dire que les morts ne comptent pas, mais plutôt de souligner que le nombre des victimes reste faible par rapport à d’autres épidémies qui ont pu avoir lieu par le passé, comme par exemple la grippe de Hong Kong ou la grippe asiatique, dont la première semble avoir fait 4 fois plus de morts et la seconde 8 fois plus de morts que le «  terrible  » Coronavirus. En France, on est sur un rapport de 2 en relatif pour chacune de ces épidémies par rapport au Covid-19. Rappelons enfin que le nombre de morts quotidiens en France en temps normal s’échelonne entre 1500 et 1700 par jour sur les mois de mars-avril, bien au-delà du nombre de morts liés à cette maladie qui condamne principalement les plus âgés et les plus fragiles. En ce qui concerne les personnes infectées, on oublie qu’en période de pic de grippe, c’est parfois jusqu’à 80.000 personnes par jour qui sont touchées, largement au-delà de ceux qui sont identifiés comme porteurs du Covid-19  !

    Voici un autre élément qui n’est pas disponible dans les données étudiées, mais en suivant l’actualité. Le 25 février, le Pr Raoult parle de l’association de l’hydroxychloroquine et de l’azythromycine pour combattre le virus. Quelques jours plus tard, il évoquait l’infection respiratoire la plus facile à combattre qu’il ait connu depuis longtemps. Dans le courant du mois de mars, un «  médecin de campagne  », en Isère, a réussi à traiter plusieurs de ses patients. Je ne citerai pas son nom ici car l’Ordre des Médecins le menace de sanctions pour avoir soigné ses patients. Il faut d’ailleurs noter que l’Ordre des Médecins menace tous les praticiens qui ont testés des traitements, même si ceux-ci se sont révélés efficaces, et malgré le fait que les médecins généralistes n’aient pris aucun risque en ne prescrivant que des traitements connus et aux effets secondaires modérés. L’AP-HP a fait connaître les résultats d’un traitement au tocilizumab le 27 avril qui a montré son efficacité, même quand l’état du patient est plus grave, ce qui n’est pas le cas du traitement du Pr Raoult ou des médecins généralistes évoqués ci-dessus. Aux Etats-Unis et en Australie, en parallèle des travaux de Gilead pour imposer le Remdesivir (traitement développé contre Ebola qui coûte très cher et a des effets secondaires très graves), des médecins ont présenté le 27 avril les résultats de l’utilisation d’un anti-parasitaire, l’ivermectine, très encourageants également. Il semble donc que le nombre de médicaments connus, déjà dans le domaine public et efficaces contre le Coronavirus augmente chaque jour.

    Pourtant, il semblerait que cette maladie, assez facile à soigner si elle est prise à temps, dangereuse principalement pour les personnes âgées, soit considérée comme une nouvelle «  peste  » par l’OMS et nos dirigeants au point de mettre la terre entière en confinement  ! Comment est-ce possible  ?

    La réponse se trouve peut-être dans la méconnaissance des décideurs du domaine des statistiques et dans la confiance aveugle qu’ils placent dans un homme, Neil Ferguson, docteur en physique quantique, qui a appliqué ses connaissances statistiques du comportement des particules élémentaires au domaine de la biologie à partir de la crise de la vache folle. Cet homme bénéficie d’une influence incompréhensible compte tenu des multiples erreurs qu’il a pu commettre par le passé dans ses prédictions. C’est lui qui a convaincu Tony Blair d’abattre 6 millions de bovins Outre-Manche en 2001 pour lutter contre la vache folle ; de nombreux spécialistes à l’époque et depuis se sont élevés contre cette décision infondée. En 2002, il a annoncé la mort de 50.000 sujets de sa gracieuse Majesté à cause de la vache folle et 150.000 de plus quand elle serait transmise aux moutons. Ils furent finalement 177. La prédiction suivante concernait les décès liés à la grippe aviaire. Il en avait prédit 65.000, il y en eut 457. Il semblerait donc que ce soit un spécialiste des modèles pessimistes. Malgré cela, il est devenu le Conseiller de la Banque Mondiale, de nombreux gouvernements et de l’OMS. C’est à la suite de l’entretien qu’il a eu avec Boris Johnson que celui-ci a changé radicalement de position. C’est également après avoir discuté avec Emmanuel Macron le 12 mars et lui avoir prédit 500.000 morts en France que ce dernier a fait immédiatement fermer les écoles. Notons au passage qu’il a eu Simon Cauchemez pour bras droit, lequel est aujourd’hui responsable du département modélisation de l’Institut Pasteur et membre du Comité Scientifique d’Emmanuel Macron. La dernière prédiction du gourou Ferguson dernière prédiction concerne un modèle « Stop and Go » du confinement, où la sortie du confinement entraîne mécaniquement une nouvelle flambée de malades, comme illustré par la Figure 1.

    Figure 2 nous montre la situation de la Chine depuis le début. Les 2 réajustements de données réalisés par la Chine ont été retirés de la représentation pour en faciliter la lecture. Or voit-on le cas du « Stop and Go » ? Non. Ni de près ni de loin ! Certes la Chine peut mentir, comme tous les autres gouvernements ; plus encore que les autres gouvernements, puisque c’est une dictature communiste. Mais, si on s’appuie sur les propos du Pr Raoult, ce phénomène de rebond est rarissime. La plupart du temps, les épidémies disparaissent avec le changement de saison, sans qu’on soit en mesure d’expliquer pourquoi. En Corée du Sud, d’ailleurs (Figure 3), on n’observe pas de rebond non plus. Or le « pays du Matin Calme » n’est pas considéré comme une horrible dictature, bien au contraire !

    Notre gouvernement, enferré dans le mensonge depuis le début de la «  crise  » qu’il a lui-même provoquée, coincé par une économie qui est en train de passer du rouge écarlate au cramoisi, amorce la sortie du confinement, du régime de privation de nos libertés, plus exactement. Mais, dans le même temps, il est tétanisé par les prédictions de son nouveau Nostradamus, qui annonce un rebond du nombre des malades du Covid-19, dès la sortie du confinement. Il nous impose donc de nouvelles restrictions de nos libertés, il impose de la sélection dans les classes pour savoir qui a le droit et qui n’a pas le droit de venir à l’école, à l’inverse de tout ce qui est proclamé dans la Constitution, dont il est paraît-il le garant. Il met la pression sur les entreprises, les services de l’état, dont l’école, et les citoyens pour qu’on reste dans la terreur du Coronavirus  ! Mais j’espère avoir montré à travers cette discussion et l’étude complète ci-dessous que d’une part, le Coronavirus n’est pas si dangereux qu’on veut bien le dire, grâce au décompte morbide quotidien des morts, et que nous sommes très clairement en phase de régression de la maladie, et que le risque de rebond est très faible puisqu’il ne s’est pas observé dans les 2 pays qui sont sortis de l’épidémie depuis le plus de temps. Par ailleurs, il existe de nombreux traitements faciles d’accès de cette maladie qui pourront bien faire patienter jusqu’à l’arrivée d’un vaccin qu’il faut espérer le moins nocif et le moins liberticide possible.

    Il reste néanmoins légitime d’apporter une critique sévère à ce gouvernement. Il a montré une incapacité totale à gérer une crise sanitaire. Certains hôpitaux ont été débordés, mais les cliniques n’ont pas été sollicitées. Les laboratoires qui proposaient de faire des dépistages ont été sciemment mis hors circuit. Les stocks de masques et de gel hydroalcooliquesétaient quasiment vides, et l’Etat n’a pas organisé d’action coordonnée avec les entreprises pour les fabriquer et les fournir, ce qu’il aurait dû faire en «  temps de guerre  ». Si nous avions affronté un véritable virus dangereux, comme le choléra, ou Ebola, nous aurions été dans une situation réellement dramatique. Ici nous ne sommes que dans le burlesque, ou presque car ce burlesque prive tout un peuple de libertés, et engendre une psychose pour une maladie dont on sait facilement se défendre et qui est en train de disparaître de notre horizon pour cette année. Toutes les restrictions de liberté qui perdurent au-delà du 11 mai sont illégitimes, à commencer par la liberté religieuse  !

    Pour aller plus loin dans l’analyse de la situation, il faudrait aller voir ce qui s’est réellement passé à la bourse car celle-ci a commencé à décrocher en février peu de temps avant qu’on mette en place l’arsenal anti-coronavirus. Il est toujours permis de se demander si celui-ci n’a pas été fait pour camoufler une crise financière qui commençait et faire passer sur le dos de la crise sanitaire une des pires crises depuis 1929…

    Les statistiques sont une énigme pour beaucoup, en particulier pour nos dirigeants. Mais elles sont devenues l’alpha et l’oméga de la connaissance dans notre monde informatique et quantique. Elles permettent d’élaborer des modèles de prédiction, mais ce ne sont QUE des modèles, et c’est là que le bât blesse. Les statistiques doivent être manipulées avec HUMILITÉ. Elles ne sont que des représentations mathématiques partielles, entachées d’erreurs. Nos dirigeants semblent consulter ce Neil Ferguson comme à la Renaissance on consultait les astrologues, ou à l’Antiquité, on consultait les Oracles, et c’est particulièrement inquiétant. H.G. Wells disait qu’on ne pourrait vraiment instaurer la démocratie que si on apprend aux gens à lire, à écrire et à comprendre les statistiques. C’est effectivement une urgence planétaire, et pas seulement pour le commun des mortels, mais surtout pour nos dirigeants, que l’on soit ou non démocrate  ; l’important est d’être attaché à la liberté et aux libertés.

  • « Grandeur du petit peuple »... Michel Onfray bientôt royaliste?

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgIl approuve un tract ramassé par terre pendant la manifestation des gilets jaunes qui en appelle à l'instauration d'une « régence d'exception ». On ne sera sans-doute pas d'accord avec tout ce qu'écrit Onfray, mais enfin, tout de même, sur beaucoup de choses ... Les esprits progressent. Les nécessités font bouger les lignes. Et le Système est désormais sur la défensive.  LFAR

     

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    J'ai dit quels moyens le pouvoir utilisait pour salir et discréditer le mouvement des gilets-jaunes - mépris, mensonge, criminalisation, diabolisation, attaque ad hominem, essentialisation, déconsidération, dramatisation. On peut en ajouter un autre : le procès en immaturité politique - la dévalorisation. Ces gens-là sont trop bêtes, trop provinciaux, trop incultes, trop illettrés, trop débiles, trop « beaufs », fut -il dit un peu partout, ils sont trop sous-diplômés. On n'a pas dit : « affreux, sales et méchants », mais il s’en est fallu de peu.

    Depuis Maastricht (1992), ce sont les mêmes éléments de langage avariés qui sont servis par les dominants afin de discréditer quiconque ne souscrit pas à l'Europe libérale, non pas parce qu’elle est « Europe », ce que personne ne refuse plus, mais parce qu'elle est « libérale », ce que beaucoup repoussent. Ce sont les mêmes insultes qui ont été sorties pour les partisans du Brexit - qui n'a toujours pas eu lieu car, méditons cette belle leçon de démocratie : pour sortir de l’Europe maastrichtienne, il faut l'autorisation de l'Europe maastrichtienne ! C'est ainsi que fonctionnent toutes les dictatures : on ne peut en sortir légalement - ce que les gilets-jaunes ont compris...

    Le système maastrichtien a son clergé. Il est formé à l'École nationale d'administration, à Sciences-Po, dans les écoles de journalisme, à Polytechnique, à l'École normale supérieure. Pendant leurs années d'études, on gave les impétrants d'une idéologie qu'ils rabâchent, répètent, réitèrent, reproduisent, ressassent ensuite dans tous les endroits où ils sont embauchés : grands corps d’État, haute administration, université, journalisme, édition, direction des médias, conseil d'État, sans oublier la politique politicienne qui est le prolétariat de ces gens-là. 

    Tout ce petit monde a la tête extrêmement bien pleine, mais très mal faite. Cette engeance est formée comme des commandos de rhéteurs et de sophistes, de beaux-parleurs et d'enfumeurs, de dialecticiens et de casuistes, d'orateurs et d'ergoteurs. Elle produit son meilleur effet dans un conseil d’administration, dans un comité de rédaction ou de lecture, dans un amphithéâtre, dans les colonnes d'un éditorial ou dans les réunions des patrons de médias, à l'Assemblée nationale ou au Sénat, dans un conseil des ministres ou dans les palais de la République, sur un plateau de télévision ou comme « consultants » ou « experts » sur les chaînes d'information continue - ou dans « Le Siècle », un club très fermé où l'on mange du gilet-jaune à tous les repas...

    Comme les sophistes grecs, cette caste peut soutenir n'importe quelle cause parce que leur formation met le paquet sur la forme, rien que la forme, tout sur la forme, et qu'elle se contente pour tout fond de l'idéologie dominante. Ces gros cerveaux de compétition sont ceux de petits perroquets.

    Bien sûr, ces gens-là estiment que les gilets-jaunes ne sont pas habilités à faire de la politique sous prétexte qu’il faut laisser ces choses-là, trop sérieuses pour le peuple, aux experts que sont les instances dirigeantes des syndicats et des partis (qui sont de mèche avec les autres puissants contre leur base...), et aux élus de tous les échelons de la politique politicienne. La démocratie doit être représentative, disent-ils, et non pas directe. Nous, oui ; eux, non.

    Or, chacun a pu voir comment le référendum sur le Traité européen qui était l'expression de la démocratie directe, bien que largement gagné, a été jugé comme nul et non avenu par les députés et les sénateurs qui étaient l'expression de la démocratie indirecte. Réunis à Versailles, lieu symbolique s'il en est un, il fut dit au Congrès qu'on se moquait de ce que le peuple pensait après qu'on lui eut tout de même demandé son avis. Ce coup d'État fut une leçon que le peuple a mis dans un coin de sa tête : avec lui, la démocratie indirecte a joué au grand jour un jeu contraire à celui de la démocratie véritable qui est gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple et non par ses seuls délégués. Les représentants du peuple ont dit au peuple qu’ils n'avaient que faire de son avis et que, d'ailleurs, ils iraient contre lui. 

    Les gilets-jaunes sont dans la rue parce qu'ils savent que l'Assemblée nationale et le Sénat sont leurs ennemis puisqu’ils ne les représentent pas sociologiquement ni politiquement. Le système représentatif, tant qu'il ne sera pas intégralement proportionnel, générera une oligarchie, une aristocratie, une caste, une tribu qui disposera de tous les pouvoirs : ce ne sera jamais une démocratie. Le pouvoir des élus n'est pas autre chose que la résultante d'un calcul tordu avec découpages électoraux effectués par le ministère de l'Intérieur et l'Élysée afin de déboucher sur une bipolarisation de la société : non plus entre droite et gauche, mais entre maastrichtiens libéraux de droite et de gauche et anti-maastrichtiens de droite et de gauche. Aux maastrichtiens libéraux de droite et de gauche sont réservés tous les pouvoirs - économiques, médiatiques, politiques, sociaux, universitaires, journalistiques ; aux anti-maastrichtiens de droite et de gauche, les premiers abandonnent le pouvoir verbal de l'opposant avec pour seule perspective de parler à vide indéfiniment...

    Avec les gilets-jaunes dans la rue, toute cette aristocratie maastrichtienne se trouve mise à mal, critiquée, menacée. Certes, elle dispose de tous les pouvoirs, y compris celui d'insulter, de mépriser, de calomnier, de salir le peuple sur lequel s'exerce son pouvoir et ne s'en prive pas. Mais elle voit d’un très mauvais œil ce surgissement de velléités de démocratie directe.

    « Ça n'a jamais marché », pérore Christophe Barbier sur BFM le samedi 8 décembre : ça marche pourtant en Suisse...  La notice Wikipédia de ce normalien pas agrégé ayant fait une école de journalisme nous apprend ceci : En 2017, il déclare notamment au Journal du dimanche : « Se confronter au terrain pollue l’esprit de l’éditorialiste. Son rôle est de donner son opinion, d’affirmer ses certitudes, par essence improuvables. Afficher avec force ses convictions permet aux lecteurs de s’y frotter pour former les leurs ». Et plus loin : « L'éditorialiste est comme un tuteur sur lequel le peuple, comme du lierre rampant, peut s'élever. » On comprend qu'il n'ait pas besoin de se confronter au terrain des gilets-jaunes, ce lierre rampant, afin d'éviter de se polluer l'esprit et de pouvoir affirmer et toute objectivité ses certitudes improuvables ! En passant, on apprend également qu’il a composé un rap en l'honneur d'Emmanuel Macron... Christophe Barbier est l'un des personnages emblématiques de cette aristocratie qui enjambe le peuple.

    Or, quand on va sur le terrain, non content de ne pas s'y polluer l'esprit, on se l'éclaire et l'on peut obtenir un certain nombre de certitudes susceptibles d’être prouvées. J'en veux pour preuve ce tract ramassé dans une rue de Paris et envoyé par un ami. Il dit ceci :

    Nos_8_doleances-438d8.jpgTitre : Nos 8 doléances

    « Nous rentrerons chez nous quand ces mesures seront appliquées

    1. Nous voulons de la démocratie directe à tous les niveaux. Nous voulons un gouvernement d’union nationale avec une régence d’exception pour éviter que les partis politiques, qui sont disqualifiés, n’instrumentalisent notre détresse et notre colère.

    2. Nous voulons une baisse de 20% de toutes les taxes et les charges touchant la classe moyenne, les travailleurs pauvres et les entrepreneurs. Baisser ces taxes, c’est monter nos salaires. Nous voulons une action immédiate pour taxer ce qui vaut la peine d’être taxé : les GAFA et les transactions financières.

    3. Nous voulons que la France arrête de vivre au-dessus de ses moyens et arrête d’accueillir la misère du monde parce qu’elle est déjà dans la misère avec ses millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Nous voulons une immigration choisie, qui ne nous détruise pas culturellement. Nous demandons ainsi un retrait du pacte de l’immigration de l’ONU.

    4. Nous voulons une relocalisation de toutes les décisions dans les régions, les villes et les communes. L’Etat et ses fonctionnaires à Paris ne sont pas qualifiés pour décider de l’avenir de nos communes.

    5. Nous voulons une sortie de la PAC qui corrompt nos agriculteurs en n’allouant ses aides qu’aux productivistes et aux empoisonneurs répandant le cancer en France. Nos impôts ne doivent en aucun cas servir à financer Bayer-Monsanto.

    6. Nous voulons la création de barrières commerciales pour empêcher l’Allemagne de nous vendre des produits fabriqués en Roumanie, sous le label « Deutsche Qualität » et d’ainsi détruire nos emplois.

    7. Nous voulons le retrait de toutes les aides à la presse pour une vraie séparation des pouvoirs médiatiques et politiques.

    8. Nous voulons une action immédiate pour arrêter l’intégration dans l’Europe car elle ne se construit que sur la ruine des petites gens. »

    Qui dira qu'il n'y a pas là d'intelligence pratique ? C'est un véritable programme politique. Il est anonyme, aucune signature, aucune de ces propositions ne ressemble à quoi que ce soit de connu chez les jacobins. Il est débarrassé du verbiage technocratique ou qui relèverait de la politique politicienne.

    C'est simple, clair, net, direct et programmatique :  la démocratie directe ; un gouvernement d'union nationale constitué en dehors des partis politiques parce qu’ils sont discrédités et qu'ils guettent la récupération ; une baisse des taxes et des charges pour la population la plus éprouvée ; une augmentation des salaires ; une taxation des GAFA et de ceux qui font de l'argent avec l'argent ; une politique migratoire rationnelle qui ne soit ni celle de la passoire ni celle du mur ; un communalisme et un régionalisme effectifs; une autre politique agricole que celle du productivisme qui fait le jeu des multinationales, détruit la planète et intoxique les consommateurs ; l'instauration de barrières commerciales qui empêcheraient la concurrence entre les États de droit et les États voyous en matière de protection sociale ; le retrait des aides à la presse, subventionnée par le contribuable afin de l'endoctriner et de le mépriser quand il refuse l'endoctrinement ; une séparation des pouvoirs médiatiques et politiques ; l'arrêt de l'intégration dans l'État maastrichtien...

    J'aurais pu écrire ce tract auquel je ne retranche rien ! Il est la feuille de route de la démocratie directe. C'est sur ce projet positif, concret, dynamique, qu'il faut désormais travailler.

    En écrivant mon éloge de la démocratie proudhonienne il y a quelques jours, j'ai craint un temps avoir placé la barre un peu haut. Avec ce tract sans nom ramassé dans la rue, je suis désormais bien convaincu que non. 

     

    Michel Onfray

  • Et si la crise actuelle durcissait notre monde néolibéral sans la changer fondamentalement ?, par Yves Morel.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Le pseudo-libéralisme français a vite retrouvé les vertus de l’étatisme – c’est-à-dire le contrôle étroit du citoyen repeint aux couleurs de la responsabilité sociétale. L’État se perpétue, qu’importe le pays.

    À quoi ressemblera le monde après le grand chamboulement provoqué par la pandémie coronovirale ? En nos précédents articles, dans ces colonnes mêmes, nous nous sommes interrogés sur les changements majeurs que la crise actuelle pourrait provoquer dans notre société et notre système politique. Nous avons mis en avant le procès, découlant de cette crise, du néolibéralisme mondial, le renforcement du pouvoir de l’État, qui retrouve une manière de transcendance, la remise en question de notre mode de vie individualiste et hédoniste, et la nécessité d’une rupture d’avec un ordre politique et économique délétère et suranné.

    Et nous avons marqué également les limites du changement que nous étions en droit d’espérer. Nous avons pensé que les remises en question de notre modèle économique, social et politique, engendrées par la situation présente, ne déboucheraient cependant pas sur la renaissance civilisationnelle qu’elle semblait rendre possible, en raison d’une part de l’absence de renouvellement de nos dirigeants, tous coulés dans le moule libéral d’autre part de la désaffection de nos compatriotes à l’égard de la vie publique. Le scepticisme désabusé et la révolte amère caractérisent les Français de notre époque, et pas seulement eux, du reste.

    L’espoir du changement, à la faveur de la crise

    Les bouleversements de tous ordres, les mesures d’exception et l’élan de solidarité nationale et de dévouement général suscités par le fléau viral que nous venons de subir semblaient devoir entraîner l’édification progressive d’un système politique et social de type holiste dirigé par un État qui aurait enfin retrouvé le sens de sa mission et de la souveraineté nationale, son indépendance à l’égard des pressions mondiales et de la loi du marché, et soucieux de défendre l’intérêt général et les légitimes et élémentaires aspirations de la population à la justice, à la dignité et à des conditions de vie et de travail décentes, excluant la pauvreté et la précarité. La situation semblait mûre pour une telle entreprise, d’autant plus que les Français, non seulement manifestaient alors une générosité et une discipline civique remarquables, mais faisaient bloc spontanément autour du chef de l’État et du gouvernement, acceptaient sans broncher des mesures de restriction de leurs libertés individuelles, et mettaient en sourdine leur perpétuel esprit de contestation. Le président de la République lui-même critiquait – fugacement, il est vrai – le libéralisme sans frein et le « nouveau monde » dont il avait célébré l’existence trois ans plus tôt, faisait l’éloge de cette solidarité nationale et des Français de condition modestes dévoués au bien public (les soignants, notamment), et affirmait la nécessité de réviser fondamentalement toute notre organisation politique, économique et sociale, et affirmait que rien ne pourrait plus être comme avant une fois terminée la crise sanitaire.

    Une mutation décisive semblait donc devoir s’annoncer. Le monde qui s’était imposé à nous tous depuis le début des années 1960, étayé sur la loi du marché, avec pour succédané d’éthique, la poursuite effrénée de la jouissance matérielle, du paraître, tout cela sur fond d’individualisme agressif et cynique, et pour seules valeurs celles cotées en bourse, sans spiritualité, avec une culture asservie au spectacle et au business, semblait avoir perdu une bonne part de sa crédibilité et de son attrait, et paraissait même mis en accusation comme responsable de la crise que nous vivions. On redécouvrait le sens du devoir, celui de la solidarité nationale, de la communauté de destin, l’esprit de dévouement altruiste, le goût du bien commun, les vraies valeurs de la vraie morale, et on découvrait que la vie ne trouve pas exclusivement sa valeur et son accomplissement dans l’hédonisme. Et l’État semblait retrouver son rôle naturel de défenseur des intérêts vitaux de la nation et des hommes et des femmes la composant. Il n’était certes pas certain que les changements de mentalité et de comportement dont nous venons de parler dussent donner lieu à un grand élan de restauration nationale, mais il était permis de l’espérer.

    Le retour à l’ordre néolibéral

    Or, ce que nous observons aujourd’hui atteste de la vanité de cet espoir. Tout d’abord, comme nous le constations dans notre dernier article, nos dirigeants n’ont pas changé. Ce sont les mêmes hommes et femmes qui nous gouvernent, avec les mêmes idées et les mêmes principes que par le passé, ceux en lesquels ils ont été éduqués et qu’ils ont constamment défendus.

    Le président de la République avait prédit, au début de la période de confinement, que rien ne pourrait plus être comme avant et semblait faire, à mots couverts, le procès de ce monde libéral, mercantile, sans frontières et sans contrôle que la situation de crise et la nécessité de l’action pour en sortir semblaient condamner. Aujourd’hui, il appelle à un retour à la logique économique libérale et productiviste de naguère, et convie les Français à redoubler d’ardeur au travail, en faisant bon marché de leurs acquis sociaux. Et il entend relancer les réformes (notamment celles des retraites), du pur jus néolibéral, temporairement mises sous le boisseau durant le plus fort moment de la crise médicale. Par ailleurs, il inscrit plus que jamais son action dans le cadre européen et affirme vouloir relancer la grande machine bruxelloise. Le renouveau national n’aura donc pas lieu avec lui.

    Un peuple exténué, incapable de concevoir une alternative à l’ordre mercantile

    De leur côté, nos compatriotes se révèlent beaucoup plus soucieux de renouer avec leur mode de vie individualiste d’avant la crise que de persister dans le grand effort de solidarité et de discipline communautaire qu’ils ont manifesté durant la période de confinement. Le relatif relâchement à l’égard des règles de distanciation, constaté depuis la fin du mois précédent atteste de cette évolution. Et cela n’a rien d’étonnant. Revenus de toutes les illusions politiques, lassés de toutes les utopies, déçus par tous les partis, tous les programmes et tous les projets de société, massivement abstentionnistes (souvenons-nous du chiffre record de 57 % d’abstentions lors du second tour de la présidentielle de 2017), exténués, ils regimbent devant les initiatives de Macron, mais ne voient (ni ne songent à chercher) aucune alternative au pouvoir actuel, et n’accordent aucun crédit aux oppositions, qu’il s’agisse de celle de Marine Le Pen ou de celle de Mélenchon. Orphelins des idéologies et des utopies passées, ils ont le seul souci, d’ailleurs légitime en soi, du redémarrage de l’économie, condition de leur survie matérielle. Conséquemment, ils ne songent nullement à remettre en question le système car ils n’en conçoivent pas d’autre possible. Nos dirigeants et les médias s’emploient d’ailleurs à les entretenir dans cet état d’esprit. La période de confinement avait à peine pris fin que les journaux télévisés (et autres) insistaient avec force sur la prochaine réouverture des plages et incitaient les Français à préparer leurs vacances, pour relancer les activités de la restauration, de l’hôtellerie et du tourisme, alors encore arrêtées. Le gouvernement suggère à nos compatriotes d’acheter une nouvelle voiture, et de puiser dans leur épargne pour consommer. Notre télévision, nos ordinateurs, nos paysages urbains et routiers restent saturés de publicités tapageuses, et la période de confinement n’a absolument rien changé à cet égard. Et, avant comme pendant et après la plus forte phase de la pandémie et la période de confinement, les spots publicitaires n’ont cessé et ne cessent pas de nous matraquer et de précéder, d’interrompre et de suivre chaque film ou émission de télévision.

    En définitive, il est fort à craindre que la résorption (lente et très difficile) de la double crise, sanitaire et économique, que nous traversons, aboutisse au retour pur et simple au bon vieux nouveau-ancien monde ultralibéral, sans frontières, mercantile, dénué de spiritualité, d’éthique et d’idéal, marqué du sceau de l’individualisme et du matérialisme.

    Le possible durcissement de l’ordre libéral

    Un changement, toutefois, pourrait se produire, peu réjouissant, en vérité : le recul de nos libertés individuelles, et ce sans que l’individualisme foncier de notre société et de notre système économique en soit altéré. Pour enrayer la pandémie coronovirale, l’État a été amené à restreindre nos libertés de mouvement et de travail comme jamais il ne l’avait fait depuis la fin de l’Occupation. Et il pourrait y être nouveau conduit en cas de résurgence du fléau. En Chine, l’État a pris des mesures analogues, plus tôt que la France, et beaucoup plus rigoureuses. De telles mesures sont aisées à prendre en un pays sous régime totalitaire, comme la Chine, précisément. Elles le sont un moins en France, mais notre tradition étatiste, jacobine et autoritaire les facilite. Dans les pays anglo-saxons, de vieille tradition ouvertement libérale, elles sont incomplètement prises et inégalement appliquées, mais tout de même.

    Nous n’entendons pas ici contester la légitimité de ces mesures, sans doute nécessaires car imposées par une situation que nous n’avons pas choisie (encore que nous ayons tout fait pour la provoquer). Ce qui retient notre attention, en l’occurrence, est que la politique dont elle procède n’induit aucunement, si peu que ce soit, la remise en cause du système délétère en lequel nous vivons, responsable de notre déclin dans tous les domaines et des maux (dont la pandémie coronovirale) dont nous souffrons. Au contraire, elle vise sa seule préservation. Préserver le système actuel, mondialiste, mercantile, matérialiste, avec ses institutions politiques usées jusqu’à la corde et boudées par des électeurs désabusés réduits à la triste condition de travailleurs précaires asservis, de consommateurs passifs bassement jouisseurs et de zombies masqués tenus de rester à distance les uns des autres, voilà tout ce que nous semblons capables de faire, nous hommes et femmes de ce premier quart du XXIe siècle. Nous nous révélons incapables d’en sortir, de concevoir un projet politique et social étayé sur un idéal élevé, des valeurs morales authentiques, le sens de la dignité et de la justice et le respect de notre identité nationale et de notre civilisation. Les belles manifestations de dévouement manifestées durant la période la plus forte de la pandémie, les velléités de ressaisissement de ses responsabilités et du sens de sa mission par l’État à cette occasion, resteront sans lendemain, faisant figure de faux espoirs ou de vaines promesses. Tel semble devoir être le résultat de plus de cinquante ans d’avachissement intellectuel et moral, d’abâtardissement consumériste, d’aliénation idéologique gaucharde et de décapage général des valeurs fondatrices de notre civilisation. Notre système néolibéral perdurera avec une orientation moins américaine et un peu plus chinoise.

     

    Illustration : Les fonctionnaires ont enfin réussi à transformer le pays en œuvre d’art totale, la couvrant de conceptuelles bastilles virtuelles.

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  • Suspension du démantèlement d’EDF : une victoire pour les souverainistes !, par FP&Co du 78.

    OPINION. Face à plusieurs mois de lutte, Emmanuel Macron a décidé fin juillet de suspendre temporairement le projet de démantèlement d’EDF. Ne nous y trompons pas, le découpage et la privatisation du Groupe énergétique français ne sont que partie remise. Une première bataille remportée pour le camp souverainiste.

    Depuis quelques mois, le projet de démantèlement d’EDF (le projet « Hercule » devenu par la suite « Grand EDF ») avait du plomb dans l’aile. Il devenait peu probable que le projet passe en force avant l’élection présidentielle. Deux alternatives sont alors apparues. La première consistait à suspendre ou à abandonner la réforme, au moins jusqu’aux prochaines élections. La seconde consistait à valider, avant les élections présidentielles, tout ce qui était « acceptable » par les Français, et réserver la potion amère pour le lendemain de l’élection. Emmanuel Macron a préféré attendre son deuxième mandat.

    Regardons le passé pour mieux comprendre l’avenir

    Revenons aux origines. En 2015, la restructuration d’Areva est en cours. L’état oblige EDF à aider au sauvetage. En même temps, le chantier de Flamanville prend du retard. Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie, initie le projet Hercule. Selon lui, le nucléaire doit être sorti de la bourse, devenir régulé avec une gouvernance indépendante d’EDF SA, comme la filiale RTE l’est aujourd’hui. Le reste de l’entreprise doit être privatisé pour lui donner les moyens d’investir et de se développer (à l’étranger). Cette idée lui a été soufflée par le directeur financier d’EDF, Thomas Piquemal. Début 2016, le gouvernement pousse l’entreprise EDF à lancer le projet Hinkley Point en Grande-Bretagne : le directeur financier d’EDF démissionne pour s’opposer à cette décision.

    Le ministre devient président : Quelques mois après son élection, Emmanuel Macron lance le projet Hercule. On retrouve les grandes lignes du projet discuté quelques mois plus tôt, à ceci près qu’il n’est pas seulement question de privatiser EDF, mais de démanteler l’entreprise et, pourquoi pas, fusionner certaines activités avec ENGIE. Emmanuel Macron laisse le PDG d’EDF faire des propositions, mais les grandes lignes sont déjà bien dessinées.

    La contestation : L’opposition au projet est importante. Là où le financier voit du profit, les salariés d’EDF, les syndicats et bien d’autres voient un démantèlement d’un joyau industriel français. Entre le PDG d’EDF et le gouvernement, on se renvoie la patate chaude : le démantèlement d’EDF, c’est l’idée de l’autre ! Les discussions traînent en longueur et petit à petit, le projet est enterré. Plus personne n’en entend parler.

    La renaissance : En octobre 2020, un document de l’Agence des Participations de l’État fuite sur le site web de Reporterre. On y apprend que les négociations se déroulent désormais entre l’État et la Commission européenne et qu’elles devraient aboutir dans les prochains mois. Pourtant, il s’agit toujours du même projet, décrié quelques mois plus tôt. Syndicats, parlementaires, salariés… Tout le monde découvre qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ne comptent plus s’embarrasser d’un débat démocratique pour faire avancer le projet. Aucune concertation, aucune information. Pourtant il s’agit d’une entreprise publique stratégique, un acteur majeur de l'économie et de l’aménagement des territoires.

    Nouvelle levée de boucliers chez les syndicats dont l’objectif premier est alors de faire sortir le projet de l’ombre et de susciter le débat. À l’époque, même le PDG d’EDF se dira peu au fait des négociations. À l’écouter, il est tout juste occasionnellement consulté. Il reconnaît timidement que des négociations sont bien en cours, mais que le document qui a fuité est un vieux document. Il ne faudrait pas se braquer au regard de son contenu, car il ne refléterait plus la réalité des discussions entre l’État et la Commission européenne. L’avenir montrera que le document était tout à fait à jour.

    Le déni de démocratie : Puisque le document présenté par Reporterresemblait obsolète, les syndicats demandent les documents à jour afin de pouvoir discuter et faire des propositions sur une base concrète. Pourtant, pendant plusieurs mois, les ministères impliqués ne transmettront aucun document officiel ni aux syndicats ni aux parlementaires et refuseront de les informer du contenu précis des négociations. C’est face à la pression médiatique que les choses changent. Bruno Le Maire acceptera de communiquer davantage avec les parlementaires et les syndicats, sur les avancées des négociations avec la Commission européenne.

    Les manœuvres : En décembre 2020, pour faire valider le projet au plus vite, le gouvernement envisage de l’intégrer dans le projet de loi issue de la Convention Citoyenne sur le climat. Cela peut paraître étrange, car ce sont des sujets différents. L’idée est alors d’utiliser ce « véhicule législatif » dont le contenu doit être entériné par ordonnance, faisant ainsi l’impasse sur le débat parlementaire. La ficelle est trop grosse et le gouvernement se résoudra à réellement entamer des discussions avec les partenaires sociaux et les parlementaires. En avril 2021, le PDG d’EDF monte au créneau pour que les salariés s’approprient la réforme. Promis, les salariés seront pleinement impliqués dans cette réforme, car leur avis leur sera demandé… pour choisir les noms des trois entités qui résulteront du démantèlement de l’entreprise. Bruno Lemaire reçoit les syndicats un par un et compte sur les syndicats « réformateurs » pour valider le projet. En échange de leur l’appui, il propose une recapitalisation d’EDF à hauteur de 10 milliards d’euros. L’unité syndicale tient bon. Bruno Lemaire annonce : « Oublions Hercule et construisons ensemble le grand EDF. Voilà le message que je porte aux organisations syndicales que je reçois depuis le début de la semaine. Ce projet ambitieux tiendra compte de leurs propositions. » En réalité, le seul changement dans le projet, décrit pour la première fois dans un document quasi officiel, est le nom. Strictement rien d’autre n’a bougé. Les syndicats ne retrouvent aucune de leurs propositions. D’ailleurs, certains d’entre eux rapporteront que les réunions de travail avec Bruno Le Maire se résument à un monologue de ce dernier. Cela fait étrangement écho aux propos du chef étoilé Philippe Etchebest, défenseur des restaurateurs en cette période difficile, suite à sa rencontre avec Emmanuel Macron et Bruno Le Maire : « j’ai compris que lorsque vous rentrez dans le bureau à Bercy, vous arrivez avec une idée, il faut que vous ressortiez avec la leur. »

    Première victoire

    Fin juillet 2021, Emmanuel Macron décide de suspendre le projet Hercule. Les actions menées au sein de l’association Front Populaire et Compagnie : Il ne fut pas simple de décrypter les manœuvres du gouvernement et de la Commission européenne. Il a fallu recouper les informations entre les déclarations médiatiques des différents ministres et du PDG d’EDF, visionner les auditions des commissions parlementaires, étudier les comptes-rendus des rencontres entre les syndicats et le gouvernement ou la Commission européenne, échanger avec des responsables syndicaux, lire des livres traitant du sujet, etc.

    La compagnie du 78 a régulièrement partagé la synthèse de ses travaux au travers d’articles publiés dans la revue Front Populaire. Nous pouvons nous féliciter tous ensemble du renoncement temporaire du gouvernement sur le démantèlement de l’entreprise EDF. C’est une première victoire pour les souverainistes dans la longue bataille que nous devons mener. Nos actions ont été utiles. Il y eut notre pétition sur le site de l’Assemblée nationale (merci à tous ceux qui l’ont signée et partagée !), l’interpellation des élus par courriel (merci aux personnes qui nous ont contactés pour y participer !) et les différents articles (merci à la revue Front Populaire et à l’association d’avoir soutenu notre initiative !) et merci à toutes les personnes qui ont sensibilisé leur entourage sur le sujet !

    Ne pas baisser la garde

    Néanmoins, nous ne devons pas baisser la garde. La cause de tout ceci n’est pas liée à la santé financière de l’entreprise (EDF a fait 4 milliards d’euros de bénéfice au 1er semestre 2021), mais à une prédation issue de la convergence d’intérêts privés et de l’idéologie néolibérale. Des personnes veulent faire renaître Hercule de ses cendres : le PDG d’EDF qui regrette le projet. Il souhaite remonter le prix de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) — cette dernière oblige EDF à céder 25 % de son énergie nucléaire, soit 100 TWh/an, à ses concurrents à 42 €/MWh. Ce prix, cohérent au départ, n’a pas été réévalué depuis 2012. Depuis plusieurs années, il ne couvre plus les coûts de production nucléaire, estimés à 55-62 €/MWh. EDF subventionne donc ses concurrents à perte. — quelle qu’en soit la contrepartie.

    Emmanuel Macron qui veut tout privatiser (FDJ, ADP, EDF, Alstom…), la Commission européenne qui veut de la concurrence à tous les niveaux, des investisseurs privés qui lorgnent les activités à la rentabilité garantie par la loi… D’ailleurs, les discussions entre l’État et la Commission européenne sont toujours en cours concernant le renouvellement des concessions hydrauliques (que l’Union européenne souhaite ouvrir aux entreprises étrangères) et la réforme de l’ARENH.

    D’autres batailles importantes s’annoncent et nous espérons compter sur une mobilisation encore plus large de la revue Front Populaire, de ses contributeurs, et de ses lecteurs pour préserver notre souveraineté. Comme nous l’avons décrit, le projet Hercule n’en est pas à son premier abandon. Tout semble permis pour le faire aboutir, des méthodes les plus cyniques aux plus discutables. Emmanuel Macron avait l’ambition de découper EDF alors même qu’il n’était que ministre de l’Économie. Il est fort à parier que le combat reprendra après les prochaines présidentielles si Emmanuel Macron (ou un autre maastrichtien) est réélu.

    Conclusion : Cette mobilisation pour défendre notre souveraineté a porté ses fruits. Mais EDF n’est pas le seul sujet sur lequel notre souveraineté doit être reconquise. Restons nombreux à soutenir les pétitions, à nous mobiliser sur les sujets souverainistes pour être entendus. Tous les gestes comptent, même ceux qui vous semblent les plus anodins : informer vos proches, vos amis, vos collègues, transférer un courriel, signer des pétitions, manifester, écrire à un élu, à une revue, à une radio, à une chaîne de télévision… Il n’y a ni petite bataille ni petit geste ! Comme le disait Napoléon 1er : « Impossible n’est pas français ! »

    Merci encore à tous pour votre engagement !

    La compagnie du 78

    P.S : Si vous ne l’avez pas encore fait, n’hésitez pas à signer ou diffuser les pétitions en cours sur le sujet :

    - pétition publiée dans une tribune du journal « Le monde » :

    Pour une énergie publique - Je signe la pétition contre le projet Hercule (energie-publique.fr)

    - pétition sur change.org, publiée par l’intersyndicale d’EDF : chng.it/5sD7zTKcBq

    Source : https://frontpopulaire.fr/

  • Benoît XVI face aux médias. Le Pape, l’Afrique, la France. Par Hilaire de Crémiers.

                Il y a de quoi être atterré de l'accueil fait dans notre pays aux discours du Saint-Père.

                La bêtise et la malfaisance –la volonté de nuire, dit-il- sont à la base même de la société et de la mentalité installées en Europe, en général, et plus particulièrement ici, chez nous, en France.

                C’est ce qu’explique Hilaire de Crémiers dans le brillant article qu’il a consacré dans le n° 73 de Politique Magazine à « l’énorme opération contre Benoît XVI ». En le publiant in extenso, vu sa qualité et son intérêt, nous clôturons en quelque sorte la série de notes que nous avons consacrées à "l'énorme opération contre Benoît XVI". Vous pourrez très bientôt retrouver l'ensemble de ces notes, qui forment un tout cohérent, regroupées sous forme d'un Pdf dont nous avons emprunté le titre -si l'on peut dire...- à Pierre Boutang. En nous souvenant de ses propos et réflexions sur le monde moderne, nous avons en effet choisi de donner comme titre à ce Pdf  "Benoît XVI, pape moderne, et affronté au monde moderne".

                 Les admirateurs de Boutang apprécieront sans doute.....

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    Benoît XVI face aux médias. Le Pape, l’Afrique, la France.

    Il y a de quoi être atterré de l’accueil fait dans notre pays aux discours du Saint-Père.

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    Benoît XVI a achevé son voyage en Afrique qui l’a mené au Cameroun et en Angola. Ce fut un immense succès : des millions de participants. Même si en Angola, ce pays meurtri par une longue et implacable guerre civile, l’organisation fut assez défectueuse pour qu’une bousculade causât la mort de deux fillettes.

    La presse, la radio et la télévision française ont fort peu et fort mal rendu compte de ce qu’a fait et de ce qu’a dit le souverain pontife. Elles n’étaient préoccupées –n’es-ce pas devenu une habitude ?- que de dénigrer le pape, d’en donner une image fausse, d’en détourner les propos.

    Le Pape et l’Afrique.

    Le Saint-Père, en vrai père qu’il est, avec cette bonté et cette force d’âme qui le caractérisent, parlait à l’home africain. Discours tout en hauteur et en profondeur, infiniment respectueux. Il lui disait, à cet homme africain, sa dignité ; il lui tenait un langage de vérité sur lui-même ;  il l’entretenait aussi des grandeurs et des exigences de la vie humaine ; sociale, morale, ecclésiale, politique ; il ne taisait rien des maux de l’Afrique dûs à ses mauvaises habitudes et il dénonçait calmement,  fermement, les méfaits ravageurs qu’y ajoutent certaines conceptions et certaines façons de faire que les pays dits développés, profitant de leurs avantages, inculquent aux trop jeunes et trop instables états africains, à la fois abandonnés et exploités : procédés intéressés, exemples pervers, pratiques détestables et, pire encore, doctrines morales d’un hédonisme et d’un individualisme destructeurs, théories politiques inadaptées et effroyablement corruptrices, enfin religion subjectiviste frelatée qui, loin de servir ces pays, jointe à la sorcellerie atavique, y multiplie les sectes et favorise des comportements d’illuminés. D’où, précisait le Pape, le besoin d’une liturgie véritable ! Tout était dit, y compris sur la démocratie qui peut n’être que de façade et justifier le spires guerres inter-ethniques, la plaie de l’Afrique.

    Le pape a parlé aux gouvernants avec autorité, aux évêques avec fermeté, les incitant à la perfection dans l’exercice de leur charge, leur remettant solennellement à Yaoundé, le 19 mars, en la fête de Saint-Joseph, l’Instrumentum laboris pour la deuxième assemblée spéciale relative à l’Afrique, du synode des évêques, qui se tiendra au Vatican du 4 au 29 octobre prochain, sur le thème on ne peut plus explicite : L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix.

    Tels sont les hauts soucis du pape qui aime l’Afrique et qui s’est adressé également non seulement aux foules africaines mais aussi aux jeunes, aux malades, particulièrement ceux du sida, à tous les religieux et religieuses, à tous ceux qui se dévouent à l’éducation, aux soins, aux familles, à l’avenir des populations. Car, pour la foi du Pape, l’Afrique est le continent de l’espérance, à l’inverse de tout ce qui se dit et même de ce qui se voit. La charité commande cette vision.

    Aucun chef d’Etat dans le monde, hors le Saint-Père, ne peut tenir et n’a tenu effectivement un tel langage à l’Afrique. Ni aucun chef charismatique. L’homme africain l’entend pour tel. Il comprend parfaitement. Il sait pertinemment que de cette bouche sort enfin pour lui une parole de vérité dans un monde de mensonge. Et pas seulement les 159 millions de catholiques que compte le continent noir et dont les communautés n’iront d’ailleurs qu’en se développant ! L’admirable leçon fut exprimée avec une telle sincérité, une si réelle humilité, une si parfaite simplicité qu’en Afrique tout le monde a écouté et admiré, les autorités politiques et religieuses, comme les foules enthousiastes. Oui, y compris là-bas les pervers et les maudits ! Car il est des endroits au monde, fût-ce les pires, fût-ce des lieux de génocides, où quand le vrai brille, il est tenu pour vrai.

     La France et le Pape.


    Et en France ? En France, pendant tout ce voyage, loin qu'on en dise le sens et la portée, il n'était question que de «
    la capote ». Au prétexte que le pape avait dit un mot sur le préservatif ! Sur papier, sur onde, sur écran, les journalistes français - ne nous trompons pas, français de France, bourgeois de chez nous, la plupart vraisemblablement baptisés - et surtout comme toujours les journalistes des organes d'État, payés par l'État ou d'organes subventionnés par l'État ou, pour parler comme Besancenot, par le grand capital, ne tournaient leur propos qu'autour de « la capote ». Motif répétitif du préservatif et qui revenait constamment en boucle, c'était un sempiternel : « la capote, vous dis-je » ! Exclamation de pantins tous aussi ridicules que le faux médecin de Molière : « la capote, vous redis-je » ! Oui, la capote, origine du bien, loi du monde, dont la transgression est l'origine du mal !


    Et, devant un tel déchaînement médiatique, interdiction absolue de rire de pareille bouffonnerie ! La capote, c'est sérieux, c'est plus que sacré, c'est la seule religion qui vaille. La France républicaine parlait par les voix multiples de ses apôtres et de ses militants, soulevés par le souffle de l'indignation prophétique. La capote ! La capote ! Voilà son credo, son catéchisme théorique et pratique, qui doit être indéfiniment répété à tous les âges, dans toutes les conditions, de la crèche au mouroir. Naître avec la capote, vivre avec la capote, mourir avec la capote. La capote : tout est là, rien que là ! Éducation, l'initiation, le salut, la béatitude ! Toute la physique, toute la métaphysique s'insèrent dans la capote, instrument merveilleux où le processus vital s'annihile dans la mécanique caoutchouteuse. Toute l'éthique se résume dans cet impératif catégorique de la capote, citoyenne, responsable, démocratique, républicaine, à la fois protectionniste et altruiste, préservative et libérale.

    La capote ! Le cri était repris en chœur par des ministres dans l'exercice de leur fonction. Les Affaires étrangères - il faut le faire ! - y voient une politique d'État, la capote étant à l'évidence l'atout majeur de la géopolitique française, depuis Vergennes à n'en pas douter ! Le ministère de la Famille qui est, comme on sait, en instance de devenir, de façon beaucoup plus réaliste, le ministère de l'homoparentalité, ce qui est un enrichissement moral et humain qui laisse l’Afrique chrétienne très loin derrière la France républicaine, pense nuit et jour, et jour et nuit, à la capote, l'unique objet de toute la politique familiale, heureusement promue par une catho de service qui joue la femme avertie.

    Et les ministères de la Ville, des Banlieues, de la Santé, tous ou presque tous firent connaître publiquement leur attachement leur dévotion, leur consécration à la capote, origine et fin de toutes choses et simultanément leur exécration du Pape et de sa religion insensée et rétrograde. Pendant plus d'une semaine, ce fut toute l'actualité, l'unique et exclusive ligne politique où se retrouvaient, au-delà de leurs désaccords, dans une unanimité enfin retrouvée au service de la grande cause, de la lutte ultime, les chroniqueurs de tous acabits et les politiciens de renom passés, présents et à venir. La crise mondiale, la récession, le chômage, la misère, le terrible quotidien, pfuitt...

    Cela avait disparu. La capote imposait sa présence à tous, son impérieuse nécessité, sa glorieuse majesté indignement et vainement outragée. Alors ne restait plus qu'une conclusion à en tirer, impeccablement prévue et énoncée : le Pape est fou, le Pape est à abattre, à renverser, à démissionner. C'était la France qui s'exprimait; mieux les catholiques français par d'édifiants sondages opportunément et fort habilement affichés. Pas de manœuvre dans tout cela, une belle et claire spontanéité ! Des savants y ajoutaient leurs notes sévères. Il a fallu que quelques clercs, quelques évêques y aillent aussi de leur déclinaison : «J’ai des capotes, tu as des capotes ... nous avons tous des capotes... ils ont, ils doivent avoir tous des capotes ! » Au nom de la religion de l’Amour !

    On en a profité pour poser le logo du sidaction sur les émissions religieuses : In hoc signo vinces ! Fruit incontestable de conversion de cette énergique pastorale et qui relève d'un évident miracle, il s'est entendu par des journalistes attitrés sur des chaînes d'État - de l'État laïc - des cours, mieux des homélies sur Jésus. Et ce jésus d'amour faisait la leçon au Pape qui ne connaissait rien à l'Évangile, qui n'y avait rien compris. Le journaliste français, le chroniqueur patenté de notre presse nationale, eux, avaient tout vu, tout saisi, tout compris de l'œuvre de miséricorde évangélique et la conclusion de leurs méditations, de leurs exhortations, de leurs oraisons, eh bien, c'était la capote. Voilà.

    Rien de ce qui vient d'être dit n'est exagéré. Ce ne fut qu’une sinistre farce. Il convient de la retracer telle qu'elle fut donnée et, à vrai dire, menée. Dans un dessein précis et littéralement monstrueux. C'est dire assez par qui est tenue l'information en France et par qui les campagnes d'opinions. C'est dire aussi où se situent leurs préoccupations. Voilà leur niveau. Ils livrent la mesure de leur humanisme. Le reste doit se juger à cette aune de vulgarité : leurs prétendus projets politiques qui n'ont rien de politique, et leurs ambitions démesurées qui n'ont pourtant pour mesure que cette dérisoire philosophie ! Il n'y a plus à s'étonner de la fausseté et de la stérilité de tous leurs principes d'action qui ne recouvrent qu'un égoïsme, un égotisme, un orgueil forcenés. Derrière leurs assurances de façade, se cache un épais mépris de tout ce qui est humain ; derrière leurs grandes leçons jetées à la face du monde et, en l'occurrence, de l’Afrique, se dissimule, à la vérité assez mal, une désinvolture, un manque de respect à l'égard du reste du monde, en particulier du monde africain, de l'homme africain. « Vous nous prenez pour des animaux », ont rétorqué, justement indignés, les évêques africains. C'est exactement cela. Du bétail à traiter !

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    La vérité des choses.

    Le continent noir, heureusement et en fin de compte, préférera les paroles vraies de compte, préférera les paroles vraies la charité douce et efficace du Père commun en vêtement immaculé, à toutes les simagrées d'un homme blanc en perdition qui se croit dans sa suffisance le régulateur du monde. Cette leçon vaut pour les décennies à venir. Il est dommage que la France qui a toujours un rôle à jouer en Afrique, se soit encore mal comportée. Elle n'aura été cause que de déceptions ; elle en paiera le prix.

    Orgueil et mensonge vont de pair. À aucun moment dans ce tapage officiel les propos du Pape n'ont été retranscrits avec exactitude. Il est temps de le faire ici. Car c'est la seule réponse à opposer à cette manœuvre inqualifiable. Il ne s'agissait en fait que d'une réponse parmi d'autres à une question d'un journaliste, comme par hasard français, faite, même pas en Afrique, mais dans l'avion qui emportait le Pape au Cameroun, et cette question portait « sur la lutte contre le sida, la position de l’Église catholique étant considérée comme n’étant pas réaliste et efficace »

    Voici donc la réponse, simple, nette, claire, positive : « je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Église catholique, avec ses mouvements, avec ses différentes réalités. Je pense à la Communauté de San’ Egidio qui accomplit tant, de manière visible et aussi invisible, pour la lutte contre le SIDA, aux Camilliens, à toutes les soeurs qui sont à la disposition des malades. je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du SIDA uniquement avec des slogans publicitaires. Si on ne met pas y l'âme, si on aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème. La solution ne peut se trouver que dans un double engagement: le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte avec soi une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre

  • Irlande - Voyage au bout de l’euro

            Comme chaque mois, nous répercutons sur ce Blog l'analyse économique que François Reloujac livre dans Politique magazine.

            Une vraie réflexion d'ensemble se dégage de ces analyses : c'est la raison pour laquelle, comme nous vous le disions samedi, vous trouverez très bientôt réunies, en une seule Page, l'ensemble de ces articles.

            Voici celui de ce mois (décembre 2010, n° 91) consacré à l'Irlande : Irlande - Voyage au bout de l’euro....

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            Au moment où se tenait à Séoul une réunion du G20 censée se pencher sur la nécessaire solidarité entre les États pour sortir de la crise économique mondiale, les partenaires européens ont fait la démonstration de leur égoïste mésentente cordiale.

            Pour freiner la hausse des taux d’intérêt auxquels l’Irlande emprunte, la BCE ne voulait plus intervenir en rachetant aux « investisseurs » les obligations irlandaises qu’ils détiennent et dont ils cherchent à se débarrasser. Il est vrai, qu’au-delà des missions et pouvoirs qui lui ont été conférés par les traités européens, la BCE en avait déjà racheté à la mi-novembre pour 64 milliards d’euros, malgré l’opposition officielle du représentant allemand au sein de son Conseil, Axel Weber. Cet effort de la BCE a mobilisé 25 % de la liquidité à moyen et long terme injectée en Europe, contre 17 % pour les banques grecques et 13 % pour les banques espagnoles. Malgré cet effort considérable, en novembre 2010, la valeur de marché des banques irlandaises était tombée à 2 % de ce qu’elle était en 2007. Il était nécessaire de fluidifier encore le marché secondaire des titres obligataires pour permettre à l’Irlande de lever, en tant que de besoin, des capitaux nouveaux. En agissant ainsi, la BCE n’a pas fait un cadeau à l’Irlande, elle a maintenu en survie les banques irlandaises qui ont pu continuer à honorer les dettes qu’elles ont contractées vis-à-vis notamment des banques allemandes et britanniques et que l’État irlandais n’avait plus les moyens de soutenir seul.

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            Le débat sur la dette des banques irlandaises n’est pas uniquement économique et financier, il est aussi politique : en voulant intervenir sur les marchés financiers pour soutenir l’Irlande, en forçant la main du gouvernement de Dublin pour qu’il accepte une aide qu’il n’avait pas sollicitée, on a directement attenté à sa souveraineté. B. O’Keeffe, le ministre irlandais chargé des entreprises, du commerce et de l’innovation l’avait pourtant rappelé avec force : « La souveraineté de ce pays a été très difficile à gagner et ce gouvernement ne va pas l’abandonner à n’importe qui ». En fait, l’Irlande ne veut pas relever brutalement le niveau de ses impôts et de ses taxes sur les sociétés sous la pression des États étrangers et pour satisfaire des « investisseurs » anonymes. D’autant que les difficultés du gouvernement irlandais proviennent en grande partie de la tentative de sauvetage de leurs banques fragilisées par l’éclatement d’une bulle immobilière. Cette tentative a en effet déjà coûté à l’État l’équivalent de 80 % de la valeur du PIB du pays. Les Irlandais qui ont, depuis la mise en place de l’euro, profité des imperfections du système pour maintenir le taux de leur impôt sur les sociétés à 12,5 %, ce qui leur a permis d’accueillir le siège européen des grandes multinationales apatrides : Microsoft, Intel, Oracle, Google… et de maintenir ainsi un faible niveau de chômage, craignent aujourd’hui de voir leur modèle s’effondrer. 

            Il est vrai que les déclarations du député allemand Markus Ferber a de quoi les inquiéter : « Nous avons obtenu des augmentations d’impôts en Grèce. Cela doit aussi être le cas en Irlande. Il est impossible qu’un pays profite de la solidarité de la communauté et qu’il continue de s’offrir des avantages de compétitivité en faisant du dumping fiscal ».

    Un modèle moribond ?

            Or, le gouvernement irlandais ne veut pas changer le système fiscal qui a permis aux entreprises installées chez elle de traverser la crise sans trop de dommages. Mais comment, dans ces conditions, augmenter les impôts des personnes qui ne peuvent pas rembourser les emprunts qu’elles ont contractés pour acquérir leur maison alors que celle-ci ne vaut plus le montant de la dette et qu’en vertu du droit national, les Irlandais sont redevables de leurs dettes immobilières sur l’ensemble de leur patrimoine ? La crise irlandaise n’est pas essentiellement due à l’activité économique du pays qui continue à fonctionner – notamment ses industries chimique, pharmaceutique et alimentaire – mais à l’effondrement d’un système bancaire hypertrophié qui n’a pas pu supporter l’éclatement de la bulle immobilière. Il est vrai que les banques irlandaises avaient soutenu, hors du raisonnable, non seulement le marché immobilier domestique mais aussi celui du Royaume- Uni et celui des États-Unis. Pour ce faire, les banques étaient elles-mêmes refinancées par les banques allemandes, britanniques et françaises. En acceptant désormais de garantir leurs dettes, la BCE prend au gouvernement irlandais la maîtrise de son système bancaire et la logique économique pourrait la conduire à susciter un rapprochement des dites banques avec leurs créancières. Les banques irlandaises encourent désormais le risque de passer sous contrôle allemand, britannique ou français.

    La machine infernale

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            Il est bien certain que, dans le mécanisme de cavalerie généralisée qui s’est mis en place dans le monde financier, les difficultés d’un pays contaminent aussitôt les pays voisins. En laissant se développer librement ces mouvements de capitaux internationaux, qui donnaient l’impression de pouvoir se financer sans recourir à l’impôt, les gouvernements ont perdu une grande partie de leurs pouvoirs et donnés aux voisins le droit de leur demander des comptes. Du coup, l’on risque de dresser les États les plus fragiles les uns contre les autres. D’ailleurs celui qui a le plus insisté auprès de l’Union européenne et du FMI pour que l’Irlande accepte leur aide est le ministre portugais de l’économie. Car, si l’Irlande est mise en défaut, le Portugal risque d’être la prochaine cible des spéculateurs internationaux… en attendat l’Espagne ou l’Italie. Il faut bien voir aussi que les « investisseurs » se débarrassent de leurs titres irlandais parce que Mme Merkel a déclaré quelques temps auparavant qu’en cas de difficultés d’un État, les investisseurs privés devraient en supporter les conséquences. Il est vrai que l’Allemagne a converti une partie de ses excédents commerciaux en créances sur les divers pays européens et qu’elle a peur de les perdre. Il n’est un secret pour personne que tous les États occidentaux sont terriblement endettés et qu’ils ne pourront pas augmenter les impôts pour honorer toutes les échéances à venir. 

            Dès lors le risque de défaut de l’un d’entre eux est avéré… et l’Allemagne se trouve donc exposée à ne pas recouvrer ses propres créances. Si, par sa politique d’exportations, elle a plus ou moins ruiné ses partenaires, elle ne veut pas aujourd’hui en supporter les conséquences. Cependant, l’opinion publique allemande ne peut pas accepter de figurer ainsi au banc des accusés, car elle a l’impression, en soutenant les pays les plus fragilisés, de payer pour les « mauvaises pratiques » et le laxisme des autres.

    La dépression ?

            La crise est en train de révéler l’erreur d’avoir voulu faire une unité monétaire sans unicité des régimes fiscaux et sociaux, sans mobilité de la main d’œuvre, sans unité politique, autrement dit sans la limiter à ce que Mundell appelait une « zone monétaire optimale ». En fait, les hommes politiques européens avaient vu dans cette union monétaire une opportunité pour conduire leurs actions à bon compte. Chacun y est allé de sa propre recette : l’Allemagne a développé son succès sur des « exportations compétitives », l’Espagne sur la construction à tout va, la Grèce sur l’inventivité de la comptabilité publique, l’Irlande sur le dumping fiscal… La solidarité financière n’était que de façade et a permis de masquer pendant un certain temps l’absence de cohésion politique et le manque d’unité des peuples. Les règlements tatillons de la Commission européenne ne pouvaient pas suppléer cette absence de volonté politique réelle mais ont accru le malaise par leur manque de réalisme. Oui, M. Van Rompuy a raison de dire que, soit nous arrivons, vaille que vaille, à mettre en place un mécanisme qui nous permettra de surmonter la crise actuelle, soit celle-ci fragilisera irrémédiablement la construction européenne telle qu’elle est aujourd’hui.

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            La crise, quoique née aux États-Unis, est aujourd’hui particulièrement vive en Europe. Car les Européens n’ont pas les moyens, comme les Américains, d’inonder les marchés d’une monnaie dont la valeur n’est plus que subjective. Et, tout ce qui est désormais consacré au paiement de la dette n’est plus disponible pour l’investissement productif. La dépression redoutée n’est pas loin. Les gouvernements européens n’ont pas seulement abdiqué leurs pouvoirs entre les mains d’une administration européenne d’autant plus tatillonne qu’elle est inadaptée, ils ont aussi donné aux spéculateurs apatrides les moyens de contrecarrer toutes leurs décisions en finançant des dépenses improductives par le recours aux emprunts plutôt que par l’impôt. 

            Aujourd’hui ils sont dans la situation de l’entrepreneur en faillite qui, ayant eu recours à la cavalerie pour masquer l’état réel de ses dettes, découvre que le monde entier connaît désormais l’état réel de sa situation financière. Dans cette situation, vouloir modifier le système monétaire international revient à vouloir changer les règles du jeu. Mais pour y arriver, il ne faut pas que celui qui le propose apparaisse uniquement comme le perdant du moment. ■

  • EDITORIAL de Philippe SCHNEIDER (La Lorraine Royaliste), la répu­blique ? Mau­vais régime…

    1A.jpegSource : https://www.actionfrancaise.net/

    Dans son édi­to­rial du numé­ro d’Août 2020 de l’excellent men­suel « Monde et Vie », notre ami Eric Let­ty écrit : « Le coro­na­vi­rus menace de nou­veau la France, paraît-il. Réelle ou ima­gi­naire, cette « deuxième vague » est bien pra­tique pour détour­ner l’attention des Fran­çais de ce que com­bine la macro­nie, concer­nant par exemple la cala­mi­teuse loi dite de « bioé­thique » par une subversion du sens de ce mot. »

    Par cette loi, non seule­ment y est effa­cé la notion de « Père » dans une famille déna­tu­rée, mais l’enfant devient un pro­duit comme un autre, ce qui est la néga­tion de la nature humaine. Il peut même être tué jusqu’au 9ème mois de gros­sesse en cas de « détresse psy­cho­so­ciale » de la mère. Cette notion n’est même pas défi­nie, ce qui signi­fie que l’avortement, ce qui a tou­jours été et reste un crime, peut être accom­pli jusqu’à la nais­sance. Nous pou­vons nous deman­der pour­quoi pas après la nais­sance si le bébé, deve­nu simple « pro­duit », ne convient pas… comme nous le voyons dans cer­tains pays quand des parents ren­voient un enfant conçu par GPA parce qu’il ne cor­res­pond pas à ce qu’ils vou­laient. D’ailleurs, la GPA est l’étape sui­vante, déjà pré­pa­rée lorsque l’on sait que les enfants nés de GPA à l’étranger reçoivent la natio­na­li­té fran­çaise !

    C’est en fait, et il faut le dire et le faire admettre, une dérive tou­jours plus impor­tante depuis la sinistre loi « Gis­card-Chi­rac-Veil » du 17 jan­vier 1975 en pas­sant par la loi « Hol­lande-Tau­bi­ra », entre autres (il y en a plein d’autres !). La famille tra­di­tion­nelle, base de notre socié­té, doit dis­pa­raître, l’homme n’étant qu’un objet inter­chan­geable sans racine au ser­vice de l’économie. C’est la base de la « nou­velle socié­té » que, depuis la révo­lu­tion dite fran­çaise, les maté­ria­listes veulent nous impo­ser. Aujourd’hui, ils sont proches d’arriver à leur but mais il faut le « cacher » en ayant tou­jours à la bouche les mots « droits de l’homme ». Et il faut dire que si cette pan­dé­mie, qui est bien pré­sente mais semble bien exa­gé­rée, est bien utile pour faire pas­ser ces lois scé­lé­rates qui marquent une accé­lé­ra­tion dans le chan­ge­ment de socié­té en cour.

    Et puis, cela sera aus­si bien pra­tique pour inter­dire les mani­fes­ta­tions qui ne man­que­ront pas d’être ten­tées car ils sont nom­breux les Fran­çais qui se rendent compte de cette igno­mi­nie et qui veulent lut­ter contre ces lois néga­tion­nistes. Mais atten­tion, de grâce, ne lut­tons plus uni­que­ment contre les der­nières lois, offi­cia­li­sant ain­si « l’effet de cli­quet » mais contre toutes les lois anti familles que le pou­voir répu­bli­cain nous a impo­sées.

    Le pou­voir est aux abois. Car non seule­ment il y a ces lois abo­mi­nables, mais il y a aus­si la crise éco­no­mique qui arrive, qui est déjà pré­sente, due en grande par­tie au « confi­ne­ment » qui nous a été impo­sé du fait de l’impréparation sani­taire de la France mais pas seule­ment. Comme nous l’avons déjà signa­lé dans nos colonnes, une crise finan­cière mena­çait. Les cours de la bourse étaient beau­coup trop éle­vés du fait de la spé­cu­la­tion et ne cor­res­pon­daient plus de tout à l’économie réelle. Il y avait une « bulle » comme le disent les éco­no­mistes. La crise sani­taire, c’est bien pra­tique pour le pas­ser sous silence ! Aujourd’hui, les places bour­sières, après une baisse impor­tante, se sta­bi­lisent à un niveau qui me paraît encore trop éle­vé, la spé­cu­la­tion a repris l

    Le pou­voir en pro­fite aus­si pour aggra­ver notre dépen­dance : la mise en place d’un grand « emprunt euro­péen » dont le pro­duit sera redis­tri­bué par l’intermédiaire de banques aux divers Etats natio­naux va nous assu­jet­tir encore plus dans le grand ensemble euro­péiste. En effet, ce sont les Etats les plus endet­tés – et le nôtre en fait par­ti – qui auront le plus de mal à rem­bour­ser et donc seront sou­mis aux pays ayant une meilleure situa­tion et en pre­mier l’Allemagne. Nous ne pour­rons plus rien lui refu­ser, ce qui est déjà, recon­nais­sons le, en grande par­tie le cas. Macron cache ceci en par­lant de « vic­toire », ce qui montre qu’il est soit idiot soit déjà sou­mis, comme ses pré­dé­ces­seurs !

    Enfin, il ne veut pas que nous nous ren­dions compte que la situa­tion inté­rieure du pays est de plus en plus grave : les vio­lences, les émeutes sont de plus en plus nom­breuses, des zones entières échappent au contrôle de la police.. Cela se voit de plus en plus, le pou­voir et les médias « offi­ciels » n’arrivent plus à le pas­ser sous silence. Il est, hélas, pro­bable qu’un jour pro­chain, il soit néces­saire de déployer ce qui reste de notre armée pour ten­ter de réta­blir un ordre qui res­te­ra instable.

    Pour mon­trer qu’il existe encore, il voyage et fait des décla­ra­tions lar­ge­ment dif­fu­sées en poli­tique inter­na­tio­nale. Décla­ra­tions ambigües (Liban, Bié­lo­rus­sie) ou justes (Grèce – Tur­quie) mais décla­ra­tions…. Car, hélas, la France n’a plus les moyens de son action : notre armée est, par la faute des divers gou­ver­ne­ments, insuf­fi­santes pour faire quelques chose de sérieux, nos pos­si­bi­li­tés finan­cières sont très faibles et, ques­tion suprême : l’Union Euro­péenne, donc l’Allemagne, nous lais­se­rait-il agir ?

    Notre France est déci­dé­ment mal en point. Le pou­voir répu­bli­cain ne pour­ra rien pour y remé­dier. Il n’y a pas d’espoir à avoir dans les élec­tions de 2022. Même si un « bon » (qui ?) chef de l’Etat était élu, que pour­rait-il faire dans ce sys­tème ? Res­tau­rer le pays dans son indé­pen­dance, lui redon­ner les bases néces­saires à sa renais­sance, donc déjà res­tau­rer la famille, base de la socié­té, ne peut se faire dans ce régime répu­bli­cain. Seul un Roi pour­rait le réa­li­ser.

  • GRANDS TEXTES (25) : Du Roi, par Vladimir Volkoff. Première partie: Du Roi comme Père / De la Reine

    Voici les deux premières parties de la réflexion de Vladimir Volkoff sur la trinité royale, qu'il a délivrées lors des Rassemblements royalistes des Baux de Provence : Du roi, comme père, et De la reine, ici réunies en un seul Grand Texte, le XXVème; la conclusion de cette réflexion, L'héritier ou Du prince royal constituant le deuxième volet de cette trilogie, et le Grand Texte XXVI. 

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    La royauté est un humanisme, non pas abstrait mais en acte, et cela de trois façons.

    Premièrement, c'est le seul système de gouvernement qui fasse qui fasse ouvertement passer l'homme avant les institutions. Tabler sur la primogéniture plutôt que sur la majorité des suffrages, il y faut une forte dose de foi en l'homme. C'est préférer l'individu incarné à ses qualités hypothétiques. C'est admettre qu'un chose aussi sérieuse que le gouvernement puisse se fonder sur le plus incertain et souvent le moins bien fondé des sentiments : l'amour humain, un amour, de surcroît, posé par définition comme mutuel.

    Là où Racine déclare que l'amour porté au prince va de soi, Ronsard affirme comme une évidence que :

            ...un roi chrétien est doux et débonnaire,

            Et comme son enfant duquel il a  souci,

           Vrai père, aime son peuple et sa noblesse aussi.

     Au reste, cet amour ne doit pas être une passion égoïste :

            Sire, ce n'est pas tout que d'être roi de France....

            Le roi sans la vertu porte le sceptre en vain.

    Conception exigeante des relations politiques. Nous en avons perdu l'habitude, et nous la trouverions peut-être lassante pour les deux parties. Aussi opposée que possible, en tout cas, aux moeurs anonymes de l'isoloir.

    Deuxièmement, le roi apparaît comme l'homme type, l'homme universel, l'Homme tout court.

    Ce n'est pas seulement pour des raisons de convenance que tant de personnages tragiques portent le cothurne royal. Homère, Shakespeare, Racine, Anouilh, Pirandello et combien d'autres ont vu dans la fonction royale un piédestal pour l'homme, comme si les passions chantaient plus clair à ce niveau d'élévation. Eugène Ionesco a retrouvé cette veine éternelle lorsque, voulant dépeindre la mort de l'homme, il a écrit le Roi se meurt : il avait vu que tout homme est roi dans la mesure où tout homme est le centre de son propre univers.

    Il s'agit, bien sûr, de l'homme total, de l'homme hermaphrodite de Platon, de l'Adam de la Bible avant qu'Eve n'ait été tirée de lui. Bertrand de Jouvenel a montré comment le symbole féminin de la couronne et le symbole viril du sceptre faisaient du roi un homme complet. La royauté est le seul régime bisexué. L'animus et l'anima y sont également importants.

    Troisièmement, si le roi, triptyque fermé, reproduit les structures fondamentales de l'homme, le roi, triptyque ouvert, c'est-à-dire apparaissant sous la forme de la famille royale, reproduit les structures de la cellule fondamentale de l'humanité.

    Les candidats des divers partis à tel ou tel emploi de la république peuvent bien, à l'américaine, faire donner femmes et enfants pendant la campagne électorale : on sait qu'une fois élus ils les renverront à leurs études et à leurs bridges. S'ils ne le faisaient pas, on y verrait je ne sais quel abus de l'intégrité républicaine. La femme du chef de l'Etat fait à peine exception : elle n'est là, dans le meilleur des cas, que pour la décoration. Il faudrait qu'elle fût folle pour réclamer la moindre part au gouvernement de la république. Un élu, en tant qu'élu, est un homme seul; une élue, en tant qu'élue, est une femme seule.

    C'est tout à rebours de la royauté. Un roi seul n'est plus roi. Sans père, il est illégitime; sans reine, il est stérile; sans héritier, il est déjà mort.  

     

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    Louis XIII et Anne d’Autriche se marient en 1615 mais ce n'est qu'en 1638 que le couple royal attend un enfant : il sera nommé Louis-Dieudonné, c’est le futur Louis XIV. Celui-ci n’est pas encore né que Louis XIII prononce la consécration de sa personne et de son royaume à la Vierge Marie. Il ordonne que tous les ans il se fasse une procession solennelle à Notre Dame de Paris pour renouveler cette consécration : c'est le Voeu de Louis XIII , à l’origine de la procession qui se fait annuellement dans les églises le jour de l’Assomption.

     

     

                                                         I : Du roi comme père

     

    C'est un lieu commun que le roi est le chef de son royaume comme le père l'est de sa famille.

    Il n'importe pas que, à notre époque, l'autorité soit plus ou moins également répartie entre les deux parents et que la famille constitue, pour ainsi dire, une monarchie bicéphale. Les archétypes ne changent pas en même temps que le code civil, et, quand nous aurons pris acte que les mères sont devenues un peu pères et les pères un peu mères, nous n'aurons pas modifié leurs rôles fondamentaux.

    Comme au roi, l'on s'est toujours accordé à reconnaître au père un caractère sacré. Parce qu'il donne la vie ? Pas seulement.

    Comme le roi, le père a besoin d'être exorcisé parce qu'il est la force physique et peut en être l'abus. Il est la virilité et peut être la violence. Le père apprend à s'endurcir, à se salir. A la chasse, il enseigne le meurtre; si cela se trouve, il l'enseignera aussi à la guerre. Je suis homme parce que j'ai un père : c'est à travers lui que j'ai reçu cette tare mystérieuse que, depuis saint Augustin, on appelle le péché originel. 

    Comme le roi, le père suscite la gratitude. Le père, c'est la nourriture et la sécurité. Le père, c'est le progrès, car c'est de lui - ou d'un autre père semblable à lui - que j'apprendrai mon métier. Le père, c'est la justice, car il me punit et me récompense selon mes actions, ce qui me donne bonne conscience. Mon père, qui est plus fort que moi, n'est pas obligé d'être juste; il pourrait me traiter en esclave; peut-être même en aurait-il le droit, puisque sans lui je ne serais rien. Mais ce n'est pas ainsi qu'il en agit avec moi : m'ayant tiré du néant, il m'aide à devenir moi-même, quelquefois à ses propres dépens. Comme c'est bon d'avoir un père ! Et comme il est naturel d'en remercier le Père des pères !

    C'est ainsi du moins qu'on a senti pendant des siècles. Depuis le début de la civilisation, l'archétype paternel a été partout l'objet d'une vénération constante. Des mots comme patrie, patriotisme, patriarche, patricien, patron, patronage, patrimoine recevaient une adhésion spontanée. Des pères conscrits au père du régiment, de Jupiter à Jéhovah, toute supériorité s'assimilait naturellement à une forme de paternité. Certaines cités antiques prévoyaient les peines les plus atroces pour les parricides; d'autres n'en prévoyaient pas, le meurtre du père étant jugé impossible. 

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    J'ai montré ailleurs qu'Hamlet et Le Cid, tragédies presque contemporaines, avaient des moteurs semblables - dans l'une comme dans l'autre il s'agit avant tout de venger un père - et j'ai cru pouvoir dater de cette époque, le début du XVIIème siècle, l'amorce d'une décadence de l'image paternelle dans la culture occidentale. Sujet de thèse : étudier comment les pères nobles de la tradition sont peu à peu devenus les pères ignobles de Dickens et de Dostoïevsky.

    La société a évolué dans le même sens. Pendant des siècles la cité s'était voulu une reproduction en grand de la famille, mais à mesure que "Je vous dois le jour" était remplacé par "Ils n'ont pas demandé à venir", la notion de libre association, de contrat social s'affermit. Cent ans avant Freud, la révolution oedipéenne a tout naturellement abouti à la décollation du roi et du père par le même couperet. Cela, moins au nom de la liberté et de l'égalité que, paradoxalement, au nom de la fraternité.

    Le paradoxe n'est qu'apparent. Manifestement, des frères sans pères ne pourront être que des infusoires ou des clones, pas des hommes, et c'est justement là le but poursuivi : libérer l'homme non pas d'un quelconque asservissement politique mais, en dernier ressort, des contraintes de sa nature même; le marxisme est parfaitement franc sur ce point.

    Obstacle : le père, qui apparaît comme le garant, l'auctor de la nature humaine. On ne pourra pas jouer à des jeux idéologiques avec des hommes, les conduire vers des avenirs radieux fondés sur des abstractions-panacées, ni même leur faire croire qu'ils sont égaux donc interchangeables, tant qu'ils se rappelleront d'où ils sortent et dans quel ordre ils en sont sortis. Les aînés, les puînés, les cadets forment une structure organique dont la Révolution  s'est précipitamment débarrassée : il lui fallait des alignements indéterminés de jumeaux sortis tout droit de l'incubateur.

    Or, à son niveau, le roi est le père par excellence, le garant explicite de la paternité. Les rois ne naissent pas par l'oreille; on n'imagine pas de dauphin-éprouvette; les reines de France qui accouchaient en public l'ont assez prouvé.

    C'est pourquoi, si jamais nous songions à créer à nouveau la royauté, nous devrions nous appliquer d'abord non pas à fomenter des complots ou à lancer des campagnes de publicité, mais, rentrant en nous-même, à instaurer dans nos familles des relations de père à fils sur qui la royauté, à la fois éternelle et moderne, pourrait se modeler.

    Cela même ne serait pas possible tant que nous n'aurions pas appris à rendre hommage à l'icone de la paternité qui luit au fond de nous. Beaucoup d'entre nous la portent comme père ou comme mère; tous comme fille ou fils. Certains sont satisfaits de leurs parents; d'autres déplorent leurs erreurs ou leurs négligences; mais nous n'avons pas de sujet de méditation qui soit plus profondément gravé en nous que le mystère de notre naissance, auquel celui de la royauét est si intimement lié.

     

     

    II : De la reine

     

    Une reine n'est pas une grise faisane.

    Il est vrai que les reines de France, terre salique, arrivaient d'un pays étranger, ne s'acclimataient pas toujours très bien, se prenaient bientôt les pieds dans les tabourets des maîtresses du roi. Elles en pleuraient, puis elles apprenaient à en rire, condamnées pour leur part à une fidélité rarement mise en doute et à une procréation professionnelle qu'elles exerçaient à un rythme soutenu.

    Pourtant, malgré le handicap de leur sexe, Anne de Russie, Aliénor d'Aquitaine, Blanche de Castille, Marguerite de Bourgogne, Anne de Bretagne, Catherine de Médicis, Marie de Médicis, Anne d'Autriche ont tenu un rôle politique que n'a jamais joué aucune femme d'élu. C'est qu'en effet la reine n'est pas que la femme du roi; elle appartient de son propre chef à la trinité royale; si le roi est Osiris et l'héritier Orus, elle est Isis. 

    Pour bien marquer cela, la basilissa de Byzance était couronnée avant son mariage : elle tenait donc sa couronne de Dieu, comme le basileus, et non de son mari. En Russie, au contraire, c'était le tsar qui effleurait de sa propre couronne la tête de la tsarine avant de poser dessus la couronne qui lui était réservée. Le symbolisme est différent, mais le contact avec la première couronne, reçue des mains du métropolite, indique que c'est le couple qui accède à la souveraineté et non pas simplement un homme qui se trouve être marié.

    En France, les usages étaient différents. Certaines reines furent sacrées le même jour que le roi, d'autres le jour de leur mariage, d'autres encore à un autre moment. Au XVIIème et au XVIIIème siècle, la plupart ne le furent pas : décadence de la conception originelle de la royauté et régression, heureusement temporaire, du rôle social de la femme. En revanche, de 1115 à 1610, période où la royauté française donna le meilleur d'elle-même, neuf reines seulement ne furent pas sacrées, contre vingt-six qui le furent. 

     

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    François II et Marie Stuart : "En France, les usages étaient différents. Certaines reines furent sacrées le même jour que le roi, d'auttres le jour de leur mariage, d'autres encore à un autre moment...."

     

           

    La reine de France recevait deux onctions : sur la tête et sur la poitrine. L'archevêque lui remettait, comme au roi, le sceptre et la main de justice, et la couronnait de ses mains. L'opération était solennelle et définitive, puisqu'Anne de Bretagne, qui avait déjà était sacrée lors de son mariage avec Charles VIII, ne le fut pas une

  • Institutions : A la recherche du politique perdu, par Frédéric Rouvillois

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    Sans rien connaître à la médecine, chacun sait que l'homme de l'art qui se trouve devant un grand blessé a le choix entre deux options : les cautères, pommades et onguents qui calmeront un peu sa douleur et lui permettront de mourir plus doucement ; ou l'opération lourde, incertaine, risquée, mais qui peut lui sauver la vie.

    Il en va de même dans l'ordre politique. En ce qui concerne la France, on pourrait certes énumérer les nombreuses réformes « faisables », susceptibles d'améliorer le système à la marge - et de lui procurer l'apparence d'une rémission : l'amélioration de la composition du Conseil constitutionnel, la suppression du cumul des mandats, l'introduction de la proportionnelle ou l'abolition de l'article 89-3 qui permet au Congrès de réviser la constitution à tout bout de champ. Autant de réformes techniquement réalisables, sans doute bienvenues - mais strictement capillaires. Dérisoires, au regard de la crise du politique et des menaces qui pèsent sur l'existence même de la France.

    L'état : une dispendieuse fiction

    Depuis les débuts de son histoire, celle-ci est à la fois un État et une société, qui ne se confondent pas mais marchent côte à côte, l'état ayant contribué à façonner la société, à la faire vivre et durer, cette dernière, de son côté, ayant toujours participé, selon des modalités variables, au fonctionnement de l'État - au point que son consentement constitue l'un des critères de sa légitimité. Or, tout cela part à vau-l'eau.

    L'État renonce, morceau par morceau, à sa propre souveraineté, acceptant de se fondre dans un ensemble fédéral au sein duquel sa nature étatique ne sera plus que virtuelle. Sur un autre plan, il laisse se disloquer les structures mises en place avec la Ve république - ces institutions qui lui avaient permis de tenir son rang pendant plus d'un demi-siècle, et d'échapper à un déclin qui, au vu des républiques précédentes, semblait pourtant fatal. Quant à la société, elle ne sait plus où elle en est ni où elle va - emportée par les turbulences de la mondialisation, brisée par l'horreur économique, secouée jusqu'aux tréfonds par des réformes sociétales qui, au nom du Progrès, achèvent de saper ses fondements et de défaire son identité.

    Une société qui ne sait plus ce qu'elle veut - mais qui a le sentiment de n'avoir plus son mot à dire sur les affaires qui la concernent car ceux qui décident sont ailleurs, et que l'état, qui la protégeait depuis des siècles, qui se battait pour elle et tentait d'assurer le bien commun, n'est plus qu'une dispendieuse fiction. Un « machin » qui ne sert plus à grand-chose, sinon à accélérer l'implosion générale, tout en coûtant de plus en plus cher.

    Un monarque incarnant la continuité

    Si on laisse de côté - pour l'instant - la question du prétendant et de la réalisation concrète, le fait est que l'idée se défend bien. Confier à un roi, héréditaire et donc indépendant des partis, le rôle de garantir l'essentiel, de défendre ce qui s'inscrit dans la durée et qu'on ne saurait donc laisser au hasard de majorités de rencontre, semble relever du simple bon sens. L'histoire, tout comme les expériences contemporaines, confirment que le monarque a intérêt à maintenir cet essentiel, et qu'il a la capacité d'y œuvrer, n'étant borné ni par la durée de son mandat, ni par ses promesses aux électeurs. C'est ainsi notamment qu'il peut envisager des réformes en profondeur - lesquelles, par définition, ne sauraient être que progressives et s'étaler sur de longues années, à l'inverse de la régionalisation-minute décidée sur un coin de table par le président Hollande et une poignée de conseillers.

    Il va de soi qu'un tel monarque ne serait pas omnipotent. S'occupant de l'essentiel, il laisserait le soin de la politique quotidienne à un premier ministre et à un gouvernement représentant, avec le parlement qui les a investis, la part démocratique du système. Le monarque incarne la durée, la continuité, l'union des différentes composantes de la nation et l'identité de celle-ci. À ce titre, il répond à ce besoin de repères que l'on ressent avec une particulière netteté en ces temps de mutation et d'incertitude. Car le monarque n'est pas seulement le chef de l'État, il est aussi celui de la Maison France, de la grande famille que constitue la nation, de même qu'il est le chef de sa famille à lui. C'est à travers sa personne, et sa famille, que, par en haut, l'État et la société se trouvent reliés - un lien qui se reproduit en bas, à travers les élections, mais sans bénéficier de cette pérennité. Sans bénéficier non plus de la personnalisation propre à l'État monarchique et qui, au fond, change tout : car l'État n'est pas symbolisé par une abstraction mais incarné par une personne de chair et d'os, que l'on sait par cœur, qu'on a vu grandir et dont on connaît les parents et les grands-parents. La forme royale offre ainsi une familiarité qui permet tout à la fois de rassurer et d'impliquer les citoyens - à rebours de l'indifférence que suscitent d'ordinaire les symboles froids et abstraits.

    Dans ce cadre, la démocratie acquiert elle aussi une signification particulière et peut se voir attribuer une densité accrue. Dès lors qu'il existe un référent stable et intangible, on peut en effet prendre le risque de la démocratie, et notamment, des changements fréquents qu'elle entraîne. Mieux, on peut, en revitalisant des procédures aujourd'hui neutralisées par la classe politique - référendum, pétition, initiative législative, mandat impératif... - réamorcer l'intérêt de la société pour son état, pour elle-même et pour son propre devenir. On peut faire en sorte que revive en elle le désir d'être souveraine et libre. En combinant monarchie et démocratie, on peut recoudre, et tenter de retrouver le politique perdu.

     

    Voir Politique magazine

     

  • Prix orange et prix citron...

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               le prix orange: à André Gerin, député PCF du Rhône, président de la mission parlementaire sur le voile intégral, ancien Maire de Vénissieux. Pour son opposition résolue à la politique de l'autruche face au(x) problème(s) lié(s) à l'immigration... Et pour ses déclaration répétées à la Presse...:

                "...Quelle place sommes-nous prêts à faire à l'Islam ? Le fait que les racines judéo-chrétiennes de l'Europe ne soient pas mentionnées dans la Constitution européenne est une erreur dommageable.....

                "....Il existe un vrai problème d'enfermement et d'endoctrinement dans certains milieux. Dès l'enfance, et tout au long de l'adolescence, on inculque la charia. Cela pose des problèmes considérables dans les hôpitaux, les écoles, les mairies etc... Des médecins sont agressés physiquement, des agents de la fonction publique menacés et des élèves contestent les enseignements d'Histoire ou de sciences naturelles ! Est-ce acceptable ?

                Les fondamentalistes ne sont pas forcément nombreux, mais ils ont de l'influence. Dans certains collèges, 50% des filles sont "dispensées" de natation ! Cela dure depuis au moins quinze ans ! Quinze ans que la classe politique est paralysée par un discours de victimisation, élaboré par une minorité. Comme si on ne pouvait rien dire à cause de notre passé colonial. Il faut en finir avec la politique de l'autruche !..."

     

    le prix citron : ex aequo, à Jean-Noël Guérini -Président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, ci dessous- et Patrick Menucci -Maire PS des 1er et 7ème arrondissement de Marseille, sur la, photo, en compagnie de Ségolène Royal. Pour leur hypocrisie et leur tartufferie lors des évènements du dimanche 16 mai, lorsque des "jeunes" ont mis le feu à Zarafa...

                          guerini.jpg                          Petit retour en arrière indispensable : ce dimanche-là, à Marseille, on célébrait l'OM qui, après dix-huit ans sans titres, venait de remporter le Championnat de France. En même temps, et depuis quelques jours, on avait installé en haut de la Canebière une girafe de 6 mètres de haut, habillée de 6.000 livres, histoire de promouvoir la culture....

                Que croyez-vous qu'il arriva ? La girafe brûla ! "Ils ont même mis le feu à Zarafa !... Je suis écoeuré. Comment peut-on brûler des livres, comment peu-on mettre le feu à un tel symbole. Ça me rappelle des choses tellement graves..."a dit Menucci.

                Et Guérini a renchéri : "Je condamne avec fermeté les auteurs de ces incidents. Ils ne font pas honneur au titre de Champion de France de l'OM, et sont venus gâcher une superbe fête..."

                Bon, on voudrait bien les croire, tous les deux, mais il y a un "hic". Et de taille, le "hic".... C'est, tout simplement, que Guérini et Menucci ne nomment pas ces fauteurs de troubles, alors qu'on sait très bien qui sont ces "ils", "les auteurs de ces incidents". Oui, tout le monde le sait très bien, qui ils sont et d'où ils viennent. D'ailleurs (vacherie de La Provence du 17 mai ?) les déclarations de Guérini et Menucci sont juste à côté de l'intertitre En marge d'Egypte-Algérie le centre-ville avait déjà été saccagé. Mais, là, c'est curieux, nos deux compères n'en soufflent pas mot.

                Bizarre, bizarre...

    menucci royal.jpg            Mais pas si bizarre que ça, finalement. Vous voulez avoir le fin mot de l'affaire ? C'est que Guérini et Menucci essayent de manger à tous les râteliers. D'un côté, ils essayent de gagner en tentant de persuader le bon peuple qu'ils condamnnent avec la plus grande fermeté; mais, de l'autre, ils bâtissent leurs succès électoraux avec ces jeunes des cités, pour la présence en France desquels ils se mobilisent et "luttent" depuis des années (aide aux régularisations etc...).

                Voilà, crûment exposé, le dessous des cartes : ce type de grand écart ne les honore pas....

    PS : Puisqu'on voit Patrick Menucci en compagnie de Ségolène Royal, un petit rappel du vote "jeune/immigré": 64% pour Royal au 1° tour de la Présidentielle et 8% Besancenot: presque 75% pour la gauche et l'extrême gauche, presque trois sur quatre ! 19% pour Bayrou, et 1% pour Sarkozy... C'est un véritable message d'amour que l'immigration a envoyé à Ségolène à travers les scores qu'elle a réalisé dans les Cités: Vaulx en Velin: 63%; La Paillade: 65%; Le Mirail à Toulouse: 70%; les quartiers nord de Marseille: 70%; Aubervilliers: 61%; Saint Denis: 67%; Bobigny: 66%; Trappes: 70%...

  • Le numéro d'été de Politique Magazine

            "C'est devenu un rendez-vous estival. Chaque année, Politique Magazine allège ses rubriques habituelles pour s'ouvrir à un important sujet culturel qui s'apprécie, selon les voeux de ses fondateurs, tout aussi bien du point de vue politique. Pourquoi Chantilly ? Parce qu'en ces lieux flottent toujours l'image, le souffle,, l'odeur des familles qui ont fondé la "douce France" et contribué à son génie...", Jean-Baptiste d'Albaret, Rédacteur en chef. 

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             Voici Une politique pour demain, l'Editorial de ce numéro spécial été 98 (juillet/Août) :

    Une politique pour demain

     

            Ce qui se passe en Grèce est un nouvel avertissement. Il en est d’autres, aussi et peut-être même plus inquiétants, qui ont déjà retenti sourdement dans les fonds de la scène européenne. 

            Comme dans quelque opéra tragique qui court vers son dénouement ! 

            Les personnages qui jouent sur scène continuent à vivre dans l’apparence de leur rôle ; ils ne perçoivent pas ou ne veulent pas remarquer les craquements sinistres qui peu à peu fissurent le déroulement du drame où ils prétendent tenir toujours la première place. Jusqu’où ? Jusqu’à quand ?

            Régulièrement l’histoire, la vraie, celle des hommes, connaît ces sortes de tragédies terribles que les dramaturges, les romanciers, les grands maîtres de l’art ont su rendre sous forme imagée dans leurs œuvres. Tout s’effondre. Et généralement, d’un seul coup et brutalement. Il était prévisible que tout s’effondrerait. Mais nul personnage qui jouait les importants, ne voulait voir, ne voyait ! La précipitation des évènements seule créait la situation nouvelle qu’il fallait affronter et dont il fallait résoudre soudain les difficultés. De pareilles chocs, la France en a subi ainsi dans son histoire contemporaine toute une série sans jamais en tirer, d’ailleurs, la vraie leçon : 1789, 1799, 1814, 1830, 1848, 1870, 1940 et, de manière plus grotesque, 1958, 1968…

            De même quelque chose se dérègle aujourd’hui dans notre monde qui n’est pas dû au simple hasard mais qui est l’effet de quelque folie d’orgueil humain que les Grecs nommaient hubris. Ce sentiment d’une démesure, d’une outrance qui brave les limites de la condition humaine, est maintenant partagé par beaucoup de gens: on ne se moque pas en vain des règles du simple bon sens. Voilà ce que pense « le bon peuple », et il a raison.

            C’est vrai en matière financière. Aujourd’hui, la réalité des dettes rattrape les États et les peuples. Il est vain de s’imaginer qu’il sera possible d’échapper à la cruelle vérité des comptes. Les tours de « passe-passe » ne passeront plus. Aucune combinaison financière ne palliera des trous abyssaux ! Les États ne paieront plus … et tout le monde paiera ! Comme toujours, ceux qui souffriront le plus, seront « les petits ». Inutile de s’attarder sur les innombrables jeux auxquels se sont livrés les marchands et les trafiquants d’argent : les peuples, sans même comprendre, ne sont que trop au courant.

            Cependant ne s’arrêter que sur la seule crise financière, serait ne pas voir la cause supérieure du dérèglement. Cette cause est politique. Il était si facile de croire que l’économie était la reine du monde !Tous les problèmes étaient réduits à leur seul aspect économique, donc financier. Erreur immense et qui se paie aujourd’hui au prix fort. Non, le monde n’est pas qu’un vaste marché qui n’obéirait qu’aux seules lois du marché. Cette conception désastreuse fut la règle souveraine de quasi toute éducation et toute formation bourgeoise au cours de ces dernières décennies, même dans des pays de vieille civilisation, comme le nôtre. Les élites politiques et économiques en étaient imprégnées. Les vagues discours humanistes et même patriotiques couvraient en fait des marchandises avariées : une moralité de pacotille était censée compenser le désordre social fondamental auquel il n’était jamais porté remède, sauf en paroles.

     

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    "...un Roi conciliateur et restaurateur...". S'il était Comte de Provence, Louis XVIII était aussi Duc de Vendôme : comme Henri IV et comme... le Prince Jean !

     

            La vérité qui se fait de nouveau jour dans le malheur des temps, c’est que la société ne retrouvera sa vie et son ordre que si la politique y commande, la vraie, cette science subtile et supérieure, cet art royal qui n’a rien à voir avec la vilaine politicaillerie dont la France est malade. La grande et noble politique sait que les peuples ne se gouvernent pas avec des slogans et des coups de publicité, ni avec des promesses vaines et des idéologies, aussi captieuses que vaines, que les politiciens, pour asseoir leur pouvoir, substituent à la religion, à la morale, à la justice, au droit, à l’éducation, à la culture, à la civilisation, la nôtre, celle de la France. Rien d’étonnant à ce que tout se délite du haut en bas de la société. Le fric, la violence, le sexe, voilà à quoi ont abouti tant de fausses politiques. La France ne peut pas vivre sans foi, sans espérance, ni charité. Les hommes d’expérience en ont pertinemment conscience.

            Quant aux hommes politiques, devant la catastrophe économique et financière qui s’annonce, ils devraient se souvenir de la célèbre parole du baron Louis à Louis XVIII : « Sire, faites-moi une bonne politique et je vous ferai de bonnes finances ». Les choses étaient ainsi dans l’ordre. Politique d’abord. Finances après. L’homme avait tout connu, de la Révolution à la Restauration ; il savait ce qu’il disait. Il est vrai qu’il parlait à un roi. À un roi conciliateur et restaurateur. ■

  • Errare humanum est, perseverare diabolicum... : Badiou ne ”renie” rien...

                Celles et ceux qui l'auraient laissé passer trouveront ici, en PDF, l'intégralité d'un article publié, en début d'année, par Alain Badiou dans Le Monde (1) :  Alain Badiou dans Le Monde.pdf

                Il n'est pas inutile d'y revenir, car il est intéressant à lire, cet article, et il faut le lire - et le faire lire - car il est révélateur. Il montre à quels point d'autisme et d'enfermement proprement stupéfiant mène l'idéologie, lorsqu'elle s'empare à ce point d'une intelligence. S'il est beau - même pour des personnes qui ne partagent pas nos convictions, que l'on reste fidèle, lorsqu'on avance en âge, à ses idéaux de jeunesse, il est malgré tout surprennt de tomber dans l'aveuglement d'Alain Badiou.

                 Il n'est que de relire Julliard pour voir que d'autres intellectuels ont choisi de rester fidèles, eux aussi, à leurs idéaux, mais avec infiniment plsu de lucidité :

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                 "...Il n'est pas besoin de relever la tête bien haut pour savoir que l'horizon est bouché, que l'orient rouge est délavé, que le soleil levant s'est drapé de deuil. Or le fait est que jamais les socialistes ne nous ont donné une analyse convaincante de ce qui s'était passé, qui engageait pourtant la vision qu'ils se faisaient de l'avenir..."; "...rien qui nous explique pourquoi l'un des plus beaux rêves de l'humanité s'est transformé en un immense cauchemar...;...s'agit-il d'un vice intrinsèque ?".

                 (Pour celles et ceux que le sujet intéresse, nous avons mis en PDF un résumé/commentaire de l'article de Julliard dans le Nouvel Observateur : Jacques Julliard, la Gauche, le PS....pdf )

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                  Là où Jacques Julliard, et d'autres avec lui, se posent au moins certaines questions, Badiou, lui, choisit de faire une pitoyable pirouette pour escamoter ce que Julliard appelle, dans la citation ci-dessus (du Nouvel Observateur"un cauchemar" : et il ne craint pas d'écrire - Badiou- semblant tenir pour rien les géants que furent Soljénitsyne, Walesa ou Jean-Paul II; et les monstruosités des démocraties prétendument "populaires"; et l'intensité des révoltes populaires qu'elles ont suscitées :

                  "...Notons au passage que nos critiques prétendent jeter aux orties le mot "communisme" sous prétexte qu'une expérience de communisme d'Etat, qui a duré soixante-dix ans, a tragiquement échoué. Quelle plaisanterie ! Quand il s'agit de renverser la domination des riches et l'hérédité de la puissance, qui durent depuis des millénaires, on vient nous objecter soixante-dix ans de tâtonnements, de violences et d'impasses ! En vérité, l'idée communiste n'a parcouru qu'une portion infime du temps de sa vérification, de son effectuation..."

                   "Tâtonnements, violences, impasses", les horreurs du Goulag et les dizaines de millions de morts de l'URSS ? Et les dizaines de millions de morts du Maoïsme ? Le quart de la population cambodgienne anéantie ? Les goulags viet-namiens, cubains et autres ? N'est-ce pas trop facile ? En somme, Badiou n'a rien oublié et rien appris. C'est comme s'il n'écoutait pas la télé ou la radio, et qu'il ne lisait pas les journaux. Le communisme, il y croit encore, perinde ac cadaver !...

                   A ce stade-là, on ne peut rien pour lui...

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    Goulag en Russie, Laogaï en Chine: partout la Terreur, la mort.
    Tout le monde le sait, sauf - semble-t-il... - Badiou et une poignée d'irréductibles.
    Mais irréductibles à quoi ? Entre autres choses, à la plus élémentaire humanité:
    Badiou ferait bien de méditer les paroles de de Sèze, au pseudo-procès de Louis XVI:
     
    "Français, la révolution qui vous régénère a développé en vous de grandes vertus ; mais craignez, qu’elle n’ait affaibli dans vos âmes le sentiment de l’humanité, sans lequel il ne peut y en avoir que de fausses !"...
     
    P.S. : un peu surprenant par sa longueur, inaccoutumée, le lien suivant permet de se faire une petite idée de toutes ces horreurs et monstruosités que Badiou passe, en quelque sorte, pour pertes et profits.
             C'est trop facile !...
    (1) : Le Monde, 13 février 2010
  • Famille de France & Patrimoine • Promenade au Domaine royal de Dreux

     

    Ce dimanche [13 août], notre ami François De Rolleboise était au Domaine royal de Dreux ; la résidence officielle de l’héritier de la Maison Royale de France, le Prince Jean de France ; pour une petite séance photo consacrée au Domaine royal.

    Le prince Jean et la princesse Philomena ont emménagé au Domaine Royal en mars 2011. Depuis, le parc de trois hectares est un terrain de jeu idéal pour le prince Gaston, la princesse Antoinette, la princesse Louise-Marguerite et leur petit-frère le jeune prince Joseph. Le duc de Vendôme quant à lui a installé son bureau dans une tour de la demeure et la princesse Philomena qui apprécie sa vie au Domaine royal de Dreux, est fortement engagée au sein de la vie associative locale. Aujourd’hui visitons donc ensemble le Domaine royal de Dreux…

     

    Si le Domaine royal de Dreux est aujourd’hui la résidence officielle de l’héritier de la Maison Royale de France, le domaine, est certainement depuis le XIXe siècle  le Domaine royal le plus intimement attaché à l’Histoire politique et dynastique des Princes d’Orléans.

    L’Histoire du Domaine Royal de Dreux

    Le comté de Dreux, situé à la frontière du duché de Normandie, est rattaché au domaine royal en 1023. Le roi Louis VII donne en 1137 le comté de Dreux en apanage à son frère Robert. Ses descendants vont posséder ce fief durant deux siècles et demi. Un château fut édifié au XIIIe siècle. On peut voir encore certains vestiges du château-fort de Dreux tels que les murailles et quatre grosses tours rondes.  À l’avènement d’Henri IV, la place de Dreux rejoint le camp des ligueurs catholiques qui s’opposent au nouveau roi. Assiégée par Henri IV en 1590, la forteresse doit se rendre en 1593 après un siège mené par Sully. Le domaine de Dreux abandonné sombre dans l’oubli et tombe en ruine. En 1775, Louis XVI cède le comté de Dreux à son cousin le duc de Penthièvre, Gouverneur de Bretagne et Grand Amiral. Après le décès du prince en 1793 en son château de Bizy, le château de Dreux est mis sous séquestre puis vendu aux enchères à un marchand de bois.

    Au retour des Bourbons, la duchesse d’Orléans, fille du duc de Penthièvre   rachète le domaine et décide d’y faire bâtir une chapelle. La duchesse douairière d’Orléans  souhaite donner une sépulture décente aux morts de sa famille. Elle  choisit l’architecte parisien Claude-Philippe Cramail pour l’édification d’une chapelle funéraire de style classique en forme de croix grecque avec une rotonde surmontée d’une coupole. La duchesse d’Orléans décède en 1821 avant l’achèvement de la chapelle. Son fils Louis-Philippe termine l’édifice qui fut béni l’année suivante en 1822. Louis-Philippe, devenu roi des Français en 1830 décide de faire de cette chapelle le lieu de sépulture des princes de la Maison d’Orléans. Le roi agrandit la chapelle dans un style néo-gothique en vogue à l’époque. L’édifice est terminé en 1844. Louis-Philippe d’Orléans (1979-1980), fils du feu prince Thibaut, comte de La Marche est le représentant de la huitième génération de princes d’Orléans qui reposent dans la chapelle royale. Un élégant pavillon à tourelles fut bâti en 1844 par Louis-Philippe dans le parc de la chapelle royale pour servir de logement à Mgr Guillon, doyen des Aumôniers. Ce bâtiment, appelé encore de nos jours l’Évêché, sert de lieu de réception pour la famille de France après les cérémonies célébrées à la chapelle royale Saint Louis. Les cercueils du comte et de la comtesse de Paris défunts furent exposés dans le salon principal de l’Évêché pour recevoir les visites des fidèles et amis de la famille royale les jours précédents les obsèques des princes. Un autre bâtiment est accolé à l’Évêché. Il s’agit d’une ancienne maison en calcaire et briques rouges surmontée d’un toit à deux pentes et à pan coupé aux extrémités. Cette maison est aujourd’hui la demeure privée du duc et de la duchesse de Vendôme et de leurs enfants. Cette demeure bénéficie d’une vue magnifique sur la ville de Dreux. Cette maison a vu naitre le 7 septembre 1726, Francois-André Danican Philidor, un célèbre compositeur issu d’une dynastie de musiciens et théoricien du jeu des échecs.  •

    Source : La Couronne