Éphéméride du 12 septembre
1940 : Découverte de la grotte de Lascaux
1213 : Bataille de Muret
Cette bataille est une étape essentielle dans la formation de la France.
Ce jour-là, les Français du nord et du sud se livrent bataille à Muret, au sud de Toulouse. Le roi Pierre II d'Aragon s'est rangé aux côtés des méridionaux. Il vient de remporter un triomphe contre les musulmans en Andalousie - à Las Navas de Tolosa - l’année précédente (1212), sauvant ainsi l'Europe et la Chrétienté de l'invasion des Almohades du Maroc et de Mauritanie, ceux-ci formant la seconde vague de l'invasion musulmane, après la première, qui était entrée en Espagne, par Gibraltar, en 711. Les représentants les plus célèbres de cette première vague d'invasion furent les Almoravides, au XIème siècle, contre lesquels lutta le non moins célèbre Cid Campeador...
Pierre d'Aragon songe peut-être aussi à prendre une sorte de revanche historique, et à revenir sur un événement qui s'était passé sept siècles auparavant : la bataille de Vouillé, en 507 (voir l'Éphéméride du 25 mars), victoire par laquelle Clovis avait définitivement chassé les Wisigoth de la Gaule, donnant ainsi à ce qui allait devenir la France sa frontière naturelle des Pyrénées : une seconde grande victoire, dans le sud de la France cette fois, lui vaudrait de jouer un rôle d'arbitre au nord des Pyrénées aussi bien que dans la péninsule ibérique, et d'y ré-introduire une influence politique qui en avait été chassée depuis des siècles.
Mais son imprudence et ses erreurs tactiques font que - à l'inverse de ce qu'il espérait... - la bataille tourne au désastre pour lui et son allié, Raymond VI. Leur armée est anéantie, Pierre II est tué, Raymond VI se réfugie en Angleterre (ci-dessus, enluminure des Grandes Chroniques de France, XIVème siècle).
L'année suivante a lieu à Bouvines, dans le nord de la France, cette fois, une autre bataille décisive pour le destin de la France. Elle se solde par la victoire du roi Philippe II Auguste, qui s'affirme comme le principal souverain d'Europe (voir l'Éphéméride du 27 juillet).
Rassuré sur la solidité de son trône, le roi de France tourne ses yeux vers le drame qui se joue dans le Midi. Il obtient le concours du pape Innocent III, lequel se résigne à déchoir le comte de Toulouse Raymond VI de ses titres par le décret du 14 décembre 1215.
Philippe II Auguste assure ses arrières en obtenant l'hommage-lige de Simon de Montfort pour toutes les terres qu'il a conquises dans le Midi, à l'exception du marquisat de Provence (cette ancienne possession des comtes de Toulouse fait alors partie du Saint Empire romain germanique, et ne dépend pas des rois capétiens).
Dans ce contexte, on voit bien alors que, dans ce que l'on appelle La Croisade des Albigeois, la guerre est très vite devenue - bien plus que simplement religieuse, comme l'imaginent certains - un moment fort et une étape importante dans la réalisation de l'unité nationale....
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre V, Pendant 340 ans, l'honorable famille capétienne règne de père en fils :
"...Qu'était l'hérésie albigeoise ? Un mouvement politique. On y reconnaît ce qui apparaîtra dans le protestantisme : une manifestation de l'esprit révolutionnaire. Il y a toujours eu, en France, des éléments d'anarchie. D'époque en époque, nous retrouverons de ces violentes poussées de révolution, suivies, tôt ou tard, d'une réaction aussi vive. Et toujours révolution et réaction ont pris la forme d'une guerre religieuse, d'une lutte d'idées.
Comme les protestants, les Albigeois prétendaient purifier le christianisme. Ils s'insurgeaient contre la hiérarchie ecclésiastique et contre la société. Si l'on en croit les contemporains, leur hérésie venait des Bogomiles bulgares qui furent comme les bolcheviks du Moyen Âge. Ce n'est pas impossible, car les idées circulaient alors aussi vite que de nos jours. Il est à remarquer, en outre, que le Languedoc, les Cévennes, âpres régions où le protestantisme trouvera plus tard ses pasteurs du désert, furent le foyer de la secte albigeoise.
Elle se développa, avec la tolérance de la féodalité locale, jusqu'au jour où la croisade fut prêchée à travers la France, au nom de l'ordre autant qu'au nom de la foi. Dès le moment où Simon de Montfort et ses croisés se mirent en marche, l'affaire changea d'aspect. Elle devint la lutte du Nord contre la féodalité du Midi et la dynastie toulousaine. L'adversaire était le comte de Toulouse au moins autant que l'hérésie. Le Nord triompha. Mais, avec un sens politique profond, Philippe Auguste refusa d'intervenir en personne et d'assumer l'odieux de la répression. Il n'avait que peu de goût pour les croisades et celle-là, s'il y eût pris part, eût gâté les chances de la monarchie dans la France méridionale. La féodalité du Sud ne se releva pas de cette lutte. Du moins les rancunes qui en restèrent n'atteignirent pas le Capétien. Elles ne compromirent pas son œuvre d'unité..."
1494 : Naissance du futur François 1er
Né à Cognac, le duc d'Angoulême fut le type accompli du gentilhomme de la Renaissance. Il favorisa les Lettres et les Arts, se fit le patron des Humanistes et fonda la Collège de France (1530); il attira Benvenutto Cellini, le Primatice, Léonard de Vinci et bien d'aiutres artistes italiens; il fit construire Chambord (voir l'Éphéméride du 29 septembre) et re-construire Saint Germain en Laye.
Il fit du français - au détriment du latin - la langue obligatoire de tout acte officiel. Il est le créateur du Dépôt légal, et fut également aux origines de l'Imprimerie nationale (voir l'Éphéméride du 28 décembre)...
Lorsqu'il décida, après sa captivité en Espagne, que le roi, dorénavant, résiderait d'une façon permanente à Paris, c'est lui qui appela Pierre Lescot pour reconstruire et transformer le Louvre de Philippe Auguste et Charles V en résidence royale moderne (voir l'Éphémeride du 10 septembre)...
C'est lui qui signa avec la Suisse "la paix perpétuelle" (voir l'Éphéméride du 29 novembre) et des "Suisses" (leur drapeau, ci dessus) restèrent au service du Roi de France jusqu'au tragique et monstrueux 10 Août 1792 : cette "paix perpétuelle" entre deux nations qui venaient de s'affronter durement est un cas unique dans les annales de l'Humanité : notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France (472 photos) consacre l'intégralité de sa partie 3 (86 photos) aux Régiments suisses : "Au début furent les Cent Suisses"...
1621 : Aux origines de la Frangipane
On sait peu de choses - du moins dans le grand public... - sur le marquis Pompeo Frangipani, maréchal de France sous Louis XIII, et grand ami de Bassompiere, lui-même grand homme de guerre au service du roi.
Membre d'une célèbre famille italienne, venu en France comme les Vinci, Médicis et tant d'autres, Pompeo Frangipani se mit au service, militaire, du roi de France, et, pour pallier les incommodités dues aux odeurs de la guerre et de la vie dans les camps, il inventa un parfum à base d'amandes avec lequel il parfumait ses gants et ses chausses.
Son pâtissier eut l'idée de s'en servir à son tour, mais pour un tout autre usage : la Frangipane était née...
On lira, en cliquant sur le lien ci-après, le récit que fait Bassompiere de l'arrivée de son ami, Pompéo, le dimanche 12 septembre 1621, aux armées du roi :
COLLECTION DES MEMOIRES RELATIFS A L'HISTOIRE DE FRANCE
Merci, Pompeo !
1764 : Mort de Jean-Philippe Rameau