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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (2), par François Schwerer

    Le sénat va connaître dans les jours à venir le projet de loi de bioéthique. Notre ami François Schwerer nous a adressé - avec un message de sympathie - l'ensemble des textes qu'il été amené à écrire sur cette question.

    Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

    Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et nous la poursuivrons du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

    Et, pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous regrouperons la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

    François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

    Voici le plan de l'étude (hors Annexes et textes divers, qui viendront ensuite); nous le redonnons chaque jour, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble :

     

    1. Les étapes de la décadence
    • Un processus téléologique

    1/. « Qui n’avance pas recule »

    2/. De la pilule à la GPA : l’asservissement des femmes

    3/. La révolte des femmes et les mouvements féministes

    4/. Le transhumanisme, stade ultime de la destruction

    • La stratégie progressiste

    1/. La campagne médiatique préalable

    2/. La modification de la loi

    3/. Le recours à une novlangue

    4/. Le discrédit de l’adversaire

    5/. La politique des petits pas

    6/. Le viol de la conscience des enfants

    1. « Pour une nouvelle croisade »

    A - Une faible résistance

    1/. Des hommes politiques sans conviction

    2/. Des manifestations apparemment inefficaces

    3/. Un refus de mettre en danger son propre confort

    4/. Un faux respect de l’apparente liberté d’autrui

    5/. Si le Seigneur ne bâtit pas, c’est en vain que s’agitent les bâtisseurs

    B – Un combat dont l’enjeu dépasse le fonctionnement de la vie sociale

    1/. Il est plus facile de descendre une pente que de la remonter

    2/. Un combat ayant une dimension eschatologique

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    Schwerer.jpg1 Les étapes de la décadence

    L’évolution de la société française s’est faite insensiblement, dans le cadre d’un système individualiste, libéral et matérialiste. Les étapes de cette évolution, qui a commencé sur le plan politique avec la Révolution française – mais qui, d’un point de vue philosophique remonte bien au-delà – s’est ensuite insidieusement développée avec la séparation de l’Eglise et de l’Etat – en fait, l’apostasie de l’Etat –, puis s’est accélérée avec la disparition des élites chrétiennes au cours des conflits armés que la France a connus. Elle a ainsi pris une nouvelle dimension dans la seconde moitié du XXème siècle. En effet, après la destruction des corps intermédiaires qui a laissé l’individu seul face à l’Etat. Celui-ci, pour asseoir définitivement son pouvoir le plus absolu, s’en est pris au fondement même de la société : la famille.

     

    A.- Un processus téléologique

     

    La méthode suivie dans ce processus ne résulte pas d’un mécanisme mis en place uniquement dans ce but. Non ! « Tout est lié » ! Ce sont les fondements même de toute société occidentale qui sont ébranlés. Le processus est bien rodé ; il est utilisé depuis de nombreuses années dans tous les domaines.

    C’est un processus dans lequel l’Union européenne est passée maître : un processus téléologique. D’abord appliqué dans le domaine institutionnel pour détruire la souveraineté des Etats, le processus a été mis en œuvre pour détruire la famille, fondement des nations (1), « barrière contre les idéologies destructrices de l’hédonisme qui éteint la vie », comme le disait le Vénérable Jean-Paul 1er le 27 août 1978 et antidote de l’égoïsme individualiste.

     

    1/. « Qui n’avance pas recule »

     

    Mais, en détruisant les nations, on fait naître les communautarismes car les hommes « ne sont pas comme le voudrait la théorie révolutionnaire, des individus isolés, des atomes séparés les uns des autres, mais les membres de collectivités dont il est vain de vouloir les dissocier ». C’est pourquoi, « l’Etat ne devrait pas se concevoir à partir d’individus libres et égaux, en théorie, mais d’après les réalités : réalité sociale : la famille ; réalités économiques : l’entreprise, le corps de métier ; réalités territoriales : la cité, la province ». (R. Schwerer, « Pour une nouvelle croisade », p. 30, 31).

     

    Le député du Rhône, Cyrille Isaac-Sibille, a confié à La Croix, le 9 septembre 2019 : « A l’occasion des auditions conduites par la commission spéciale bioéthique de l’Assemblée nationale, j’ai été surpris par des propos de plusieurs des intervenants souhaitant « déconstruire » notre modèle familial ». Ce qui l’a amené à conclure : « Il est fort à parier que cette évolution nous entraînerait vers une organisation plus individualiste de la société ». S’attardant plus longuement sur l’autorisation donnée aux femmes seules de recourir à une PMA, il ajoute : « Instaurer par la loi le modèle de « famille uniparentale » transfèrerait directement cette solidarité sur la collectivité. En cas de difficulté rencontrée par le parent unique, l’Etat devra remédier aux dysfonctionnements éducatif, organisationnel ou financier ».

    Le lendemain de cette prise de position, il faisait adopter en commission parlementaire un amendement pour ouvrir le marché de la conservations des gamètes aux établissements privés.

    Le slogan qui le caractérise a été tellement répété qu’il a fini par s’imposer comme une évidence et transformer les mentalités : Qui n’avance pas recule ! Il faut donc « avancer »… mais pas trop vite de peur de déraper et s’arrêter en cours de route.

    Pour justifier le mouvement, les thuriféraires de la méthode ont recours à une analogie, celle du cycliste. Si celui-là ne donne pas un nouveau coup de pédale, il s’arrête et il tombe. Mais une image, aussi claire soit-elle, ne peut tenir lieu de raisonnement ; elle ne peut qu’illustrer pour faire comprendre. Elle ne justifie rien. Quand le slogan devient raison et que l’image se substitue purement et simplement à une analyse intelligente, elle ne fait que contribuer à l’appauvrissement de la pensée et à l’abrutissement du peuple.

    Quand on jette un regard, même rapide, sur le passé pour bien comprendre comment cela est advenu, on constate d’abord combien cette évolution a été progressive ; douce ! Comme s’il avait fallu endormir lentement les citoyens pour qu’ils en arrivent peu à peu, sans s’en rendre compte, à ce nouvel état. Une évolution trop rapide aurait pu les braquer, provoquer leur révolte. En avançant progressivement, en descendant les paliers degré par degré, le mouvement paraît sûr, voire enviable. Personne ne songe à une chute puisque, tous, en se donnant la main, s’enfoncent peu à peu en laissant doucement la torpeur les gagner.

    L’image – que nous allons expliquer – qui illustre le mieux cette méthode est celle de la cuisson de la grenouille ! On met la grenouille dans une casserole d’eau froide que l’on pose sur la cuisinière et peu à peu on augmente la température de l’eau. Au début c’est agréable, puis lentement la torpeur envahit l’animal et quand celui-ci comprend qu’il va finir par cuire et mourir, il est trop tard ; il n’a plus la force de réagir. Ah ! si on l’avait directement plongé dans l’eau bouillante, la grenouille aurait eu immédiatement mal et aurait aussitôt sauté pour échapper à ce piège mortel. Mais le cuisinier expérimenté qui sait combien la chair peut être facile à ramollir du moment qu’on la flatte, a pris son temps pour faire chauffer le liquide. Au bout du compte, la grenouille est bien cuite.

    A quoi, dans cette image, correspond donc le fait de pousser le feu pour faire grimper la température qui finira par devenir mortelle ? Dans le processus téléologique mis en œuvre, c’est-à-dire dans ce système évolutif orienté vers une fin que l’on peut identifier comme étant la destruction de la civilisation chrétienne et au-delà de toute religion, chaque augmentation de température correspond à un nouveau droit qu’il convient de conquérir à tout prix, fut-il pour cela, nécessaire de recourir à une quelconque flatterie mensongère.

    Mais, comme le gouvernement ne se sent pas toujours sûr d’être suivi, qu’il a peur des réactions imprévisibles de la grenouille, il accroît autant qu’il peut la hauteur des parois de la casserole. Autrement dit, il fait en sorte que si l’animal regimbe, il ne puisse en sortir. Ce sont les lois Pleven et, plus récemment Avia qui ont pour but d’empêcher les « réactionnaires » de se faire entendre. Plus la température augmente, plus les dommages deviennent irréversibles, moins il convient de prendre des précautions. On peut brutaliser l’animal ; on peut se montrer toujours plus agressif vis-à-vis des opposants.

    (1) : « La culture de mort est un cercle vicieux qui se nourrit du désespoir et le produit ; tel un parasite, elle vit de nos renoncements à la vie. Ainsi, la meilleure façon de survivre à la culture de mort, c’est de vivre pleinement et de la combattre par les vertus » (Grégor Puppinck, La Nef, septembre 2019, p. 25).

    (A suivre)

  • Tout est à vendre… car tout s’achète !

    L’Aquarius : pour les passeurs, un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros. Pour les « humanitaires » aussi, un marché lucratif. 

     

    Par François Reloujac

    La société issue des principes de la Révolution touche aujourd’hui à son terme. La seule valeur qui reste est « l’argent ». Balzac l’avait bien vu. Même les bons sentiments se monnaient à prix d’or. Le bétail humain fait partie du marché ! 

    Dans la société d’aujourd’hui où les quatre libertés fondamentales sont la libre circulation des biens, des services, des hommes et des capitaux, seul compte désormais le prix à payer. Et, sous l’impulsion de l’Union européenne, l’État se voit réduit au rôle de simple agent économique qui doit privilégier soit le « moins disant » quand il s’agit d’acheter quelque chose, soit celui qui propose le prix le plus fort quand il s’agit de vendre les « bijoux de famille ». Dans ce contexte, les missions d’ordre public, l’unité nationale et la dignité des personnes ne pèsent pas lourd. Il est vrai qu’aucun système matérialiste et individualiste n’est propice à la solidarité qui doit caractériser la vie en société.

    La loi Pacte

    Actu-8-800x360.jpgComme toutes les lois depuis une trentaine d’années, il s’agit d’une loi fourre-tout dans laquelle, sous prétexte de réformer, on vient agiter dans tous les sens l’organisation du cadre économique du pays au point que plus personne n’est capable de mener une politique à long terme. Constatons que cette loi de 74 articles – l’un d’eux ayant pour but de ratifier 23 ordonnances différentes – est soumise à la procédure d’urgence. Or, le projet de loi présenté aux députés et sénateurs s’étend sur 962 pages ! On se demande quel parlementaire est capable d’avoir en aussi peu de temps un avis valable sur tous les articles du texte, encore moins sur son intérêt général.

    Parmi les multiples mesures-phares que contient ce texte indigeste, il est question de « privatiser » : privatiser les ex-Aéroports de Paris, devenus le groupe ADP et dont une partie du capital se trouve déjà entre des mains étrangères, la Française des jeux et le groupe énergétique aujourd’hui baptisé Engie. En soi, une telle mesure n’est pas choquante, car ce n’est pas le rôle de l’État que de gérer des aéroports – y compris à l’étranger – ou de se conduire en tenancier de machines à sous. Quant à l’accès à l’énergie, l’État doit plus veiller à ce que l’énergie en question soit disponible toujours et partout au moindre coût plutôt que de gérer directement la société qui la distribue. Mais le motif pour lequel ces mesures sont prises est d’obtenir – dans le respect des règles imposées par l’Union européenne – le bénéfice le plus important possible, pour « financer l’innovation de rupture ».

    L’accord sur les « prêts non performants »

    Le président Macron et la chancelière Merkel se sont mis d’accord pour relancer l’intégration bancaire européenne en limitant les « prêts non performants » à 5 % de l’encours de crédit global des banques. Cela tombe bien puisque les banques françaises et allemandes ont réussi à brader auprès de fonds de pension américains la plupart de leurs créances douteuses, se déchargeant en fait sur ces fonds du soin de les recouvrer à l’échéance. Grâce à ce subterfuge, leur ratio est ainsi passé à moins de 4 % ; les pertes générées par l’opération ayant été masquées par la spéculation financière. Mais les banques italiennes, irlandaises, portugaises, chypriotes, espagnoles et grecques ne peuvent respecter cette nouvelle obligation, compte tenu de l’état de délabrement de leur système économique. Si le projet franco-allemand est adopté, ces banques n’auront qu’à vendre – au rabais – les créances qu’elles détiennent sur leurs entreprises nationales à des fonds de pension étrangers qui, eux, ne manqueront pas de faire jouer les privilèges attachés à ces créances au moment de l’échéance finale. Et nombre d’entreprises endettées passeront ainsi sous contrôle étranger sans que personne ne s’en offusque.

    Les tribulations migratoires

    Au début de l’été, divers bateaux de « migrants » ont occupé les titres des journaux. Dans quel port allaient-ils pouvoir débarquer les passagers recueillis au milieu de la mer Méditerranée, sur de frêles esquifs où ils avaient été entassés par des passeurs sans scrupules ? On a dit à ce propos qu’un bateau comme l’Aquarius – celui qui a fini à Valence – représentait pour les passeurs qui lui avaient confié ces clandestins, un chiffre d’affaires de plusieurs millions d’euros. Mais il faut voir que ce bateau qui a ainsi pris le relais des passeurs, appartient à une société qui ne vit pas que de l’air du temps, qu’il avait été affrété pour l’occasion par des associations sans lien avec la première – il faut bien diviser les risques –, pour lesquelles cette opération est onéreuse, que le personnel à bord ne se nourrit pas uniquement du poisson pêché en mer pendant son temps libre. Or comme le nombre des bateaux qui remplissent ce type de missions « humanitaires » ne fait qu’augmenter, c’est bien qu’il y a là un nouveau marché lucratif. On constate d’ailleurs que ces bateaux savent très exactement où aller récupérer ces « migrants » ; c’est d’ailleurs la raison qui a conduit ledit Aquarius à faire une « escale technique » à Marseille fin juin : « l’escale doit être faite le plus près possible de la zone de sauvetage », comme l’a précisé son capitaine.

    Les réformes sociétales

    Dans la logique des « réformes sociétales » imposées en France, sous l’égide de l’ONU et avec le soutien de la Cour européenne des droits de l’homme (sic), après le « mariage » homosexuel (lui-même préparé par le PACS), la France se dirige vers l’adoption de ce que l’on appelle pudiquement la PMA et la GPA et qui constituent, faut-il le préciser, le pendant obligatoire de ce que l’on appelle hypocritement l’IVG. Désormais tout le monde aura le droit de « supprimer un fœtus », d’acheter un enfant ou de louer un ventre. Mais si l’enfant acquis dans le cadre de ce nouveau « droit » ne répond pas aux attentes (au cahier des charges initial) ou s’il cesse de plaire à l’acquéreur, il faudra bien organiser un « marché de l’occasion »… sinon ces « déchets » humains, pour reprendre l’expression mise en avant par le pape François mais déjà utilisée par son prédécesseur, seront abandonnés.

    Les élections présidentielles

    Le 17 juin, le journal italien Il Populista a annoncé que, pour son élection, le président Macron aurait bénéficié de divers prêts venus de la part de personnes qui ne sont pas réputées pour leur désintéressement le plus total (Crédit Agricole, David de Rothschild, George Soros et Goldman-Sachs). Au moment où ces lignes sont écrites, l’information n’est encore pas vérifiée. Mais, une plainte a été déposée contre l’ancien maire de Lyon pour avoir fait bénéficier le candidat Macron de finances obtenues auprès des citoyens pour un tout autre objectif. Et cela vient après la révélation des rabais obtenus par le même candidat pour la location de certaines salles de réunion. Quoi qu’il en soit de la réalité profonde de ces accusations, le fait même qu’il y soit fait référence et que les médias officiels y donnent un certain écho, montre bien que les démocrates français vivent avec l’idée que leurs voix peuvent être vendues et donc achetées.

    Une société de spéculation

    Ces quelques exemples, mais la liste est loin d’être exhaustive, montrent qu’aujourd’hui tout se vend car tout s’achète. Hélas, là où un gouvernement devrait exercer ses fonctions régaliennes pour protéger l’ordre public et promouvoir le bien commun, où il devrait respecter les difficultés de ses partenaires européens et s’en montrer solidaire, où il devrait, avec prudence, aider ceux qui en ont besoin et dont le premier droit est celui de pouvoir vivre dignement chez eux, où il devrait se préoccuper du droit des enfants à vivre normalement et être éduqués et aimés par un père et une mère, on constate qu’il introduit partout la spéculation. On spécule sur l’économie du pays, sur les créances internationales, sur la misère des peuples, sur la détresse affective des populations, sur les résultats des élections. Les marchandises d’aujourd’hui ne sont plus des biens de première nécessité que recherchaient les Anciens mais des personnes morales ou, pire, des personnes physiques. Les réfugiés, les enfants, les femmes sont les nouveaux produits que l’on trouve sur ces marchés « réformés » par ceux que saint Augustin désignaient comme appartenant à une « bande de brigands ».   

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    Tout se vend et s’achète, même les gosses. Ô démocratie !

     
    François Reloujac
  • Rapport Stora (4), par Jean Monneret

    Pan­théo­ni­sa­tion du ter­ro­risme : un mes­sage clair pour les quar­tiers « sensibles »

    Une des plus grandes injus­tices nées de ce qui se dit ou s’écrit sur la guerre d’Algérie est l’oubli des 25.000 jeunes Fran­çais qui tom­bèrent dans les com­bats. Certes, le Quai Bran­ly a accueilli un monu­ment des­ti­né à les hono­rer.

    6.jpgCeci n’est pas négli­geable, mais qui pense à eux par­mi ceux que concernent les ques­tions mémorielles ?

    Plus rares encore sont ceux qui se sou­cièrent des mili­taires por­tés dis­pa­rus. C’est le mérite per­son­nel du Géné­ral Four­nier d’avoir tenu à les recher­cher et à récon­for­ter leurs familles. L’Administration, quant à elle, igno­rait jusqu’à leur nombre. Le Géné­ral a consa­cré plu­sieurs années à cette tâche. Ils doivent être recher­chés et leurs restes recueillis. Nous réaf­fir­mons ici que ces morts ou por­tés dis­pa­rus n’ont pas com­bat­tu en vain. Ils ont péri dans la lutte contre le ter­ro­risme, donc pour la Liber­té. Dans cer­tains milieux, on est aux anti­podes de tout cela. Ce sont les vic­times de l’Armée fran­çaise, exclu­si­ve­ment, qui retiennent l’attention. 

    Le pon­dé­reux rap­port Sto­ra est long et fas­ti­dieux. S’y alignent d’interminables consi­dé­ra­tions sen­ten­cieuses où le sim­plisme le dis­pute à l’insignifiance. Sto­ra semble ain­si accor­der de l’importance au dépôt d’une plaque par M. Dela­noë, évo­quant les mani­fes­ta­tions du 17 Octobre 1961. Nous n’oublions pas, quant à nous, que toute l’opération fut basée sur les « recherches » d’un « his­to­rien maoïste », alors que les tra­vaux d’un authen­tique uni­ver­si­taire furent soi­gneu­se­ment négligés.

    Un autre his­to­rien authen­tique, Moham­med Har­bi pense que ne pas étu­dier le pas­sé colo­nial ferait le lit de l’islamisme. Peut-être. Mais l’étudier n’importe com­ment et le faire dans un esprit vic­ti­maire est bien pire. Or, c’est exac­te­ment ce qui se passe depuis trente ans.

    Une masse de films, télé­films et docu­men­taires s’est déver­sée sur nos écrans petits et grands. Une vaste majo­ri­té en était ins­pi­rée par une idéo­lo­gie anti­co­lo­niale aus­si som­maire qu’antifrançaise. A‑t-on réflé­chi aux consé­quences de cette mise en accu­sa­tion sans limites et uni­que­ment à charge a pu avoir dans nos ban­lieues ron­gées par l’islamisme ? Le ter­reau du ter­ro­risme s’est gor­gé de ces émis­sions, si peu sou­cieuses de véri­té historique. *

    L’Université, long­temps dis­crète est entrée dans la danse. Hélas, ce fut sou­vent pour y nour­rir d’épaisses cohortes d’anticoloniaux « dés­in­hi­bés » (com­prendre enga­gés). L’Université s’est mon­trée plus à la remorque des media que sou­cieuse de les gui­der ou de les rectifier.

    Qui s’étonnera si après avoir pas­sé en revue les 3 décen­nies écou­lées, M. Sto­ra abou­tit à cette conclu­sion aus­si sur­pre­nante qu’inattendue : « Pour un grand nombre d’historiens fran­çais, la res­pon­sa­bil­té pre­mière du conflit se com­prend par l’établissement d’un sys­tème colo­nial, très ferme, inter­di­sant, pen­dant plus d’un siècle, la pro­gres­sion des droits pour les « indi­gènes musul­mans » (Page 132.) Alors là cha­peau ! Ca c’est fort ; bra­vo l’artiste ! La guerre colo­niale vient du sys­tème colo­nial. Il fal­lait y pen­ser. On songe irré­sis­ti­ble­ment à la ver­tu dor­mi­tive de l’opium chez les méde­cins de Molière. (Vous savez : l’opium fait dor­mir car il contient une ver­tu dor­mi­tive).

    Nous ter­mi­ne­rons par le final, comme il se doit. Sto­ra sug­gère que la dépouille de Mme Gisèle Hali­mi soit dépo­sée au Pan­théon. Là, on atteint les hau­teurs. Que Mme Hali­mi fut une bonne avo­cate, exact. Mais flan­quée de Simone de Beau­voir, elle a por­té très loin la cri­tique de l’Armée Française.

     Alors que vou­lez –vous ? Entre la poi­gnée de mains aux ter­ro­ristes et la Pan­théo­ni­sa­tion de leurs avo­cats ! A l’heure où le ter­ro­risme est deve­nu un fléau pla­né­taire ! Cer­tains auront du mal à suivre. Por­ter Me Hali­mi au Pan­théon serait un geste « fort » nous dit Sto­ra. Si fort qu’il ébran­le­rait la Nation.

    Pour­ra-t-on encore deman­der à des jeunes de ver­ser leur sang pour la Patrie, si demain, tel ou tel obnu­bi­lé de l’isme en vogue, pour­ra les stig­ma­ti­ser au nom d’une idéo­lo­gie ou d’une autre, por­tée par les cir­cons­tances, l’opportunité du moment, ou la pleutrerie.

    ____________.

    *___Que dire de la poi­gnée de main de Jacques Chi­rac aux poseurs de bombes Dja­mi­la Bou­hi­red et Yacef Saa­di lors de son voyage de 2002 en Algé­rie ? Là encore on ima­gine les effets dans les quar­tiers sensibles.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Passe sanitaire: «Il faut s'inquiéter du monde qui vient», par Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont.

    «Il est spectaculaire et, hélas, significatif que l'État puisse se doter d'un instrument de traçage numérique de la population française si facilement.» AFP

    Le 12 juillet, Emmanuel Macron a annoncé l'extension du passe sanitaire aux espaces de loisir, où il faudra bientôt présenter un QR code. Cette décision s'inscrit dans une dynamique de traçage numérique et de privation de libertés, déplorent Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont.

    Il est des dates qui font époque. Le 12 juillet 2021 sera de celles-là. En annonçant son extension à de très nombreux lieux qu'habite notre vie courante et en affirmant si brutalement qu'il entend «faire porter les restrictions sur les non-vaccinés plutôt que sur tous», Emmanuel Macron fait du passe sanitaire la condition nécessaire à l'exercice de nos libertés d'aller et venir, de travailler et de nous réunir.

    Au nom de l'impératif sanitaire, il met la santé publique et les libertés fondamentales dans la balance et privilégie sans grand débat la première. Adoptant la posture du chef qui montre le chemin, il récuse toute expression du doute et de la nuance. Il ignore superbement le sage conseil de Montesquieu qui invitait les gouvernants à ne toucher la loi «que d'une main tremblante». Les contre-pouvoirs sont aux abonnés absents, le Parlement une nouvelle fois humilié.

    Il est spectaculaire et, hélas, significatif que l'État puisse se doter d'un instrument de traçage numérique de la population française si facilement. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Nous voulons nous adresser ici à tous ceux qui croient ou prétendent que «ce n'est pas si grave», que le passe sanitaire ne durera que «le temps d'un été», qu'il est «respectueux de nos données personnelles». En rétablissant quelques données factuelles et en rappelant dans quelle dynamique de restriction des libertés fondamentales nous sommes engagés en France comme en Europe, nous espérons les convaincre de la gravité de la décision du président de la République.

     

    On peut donc difficilement nier que l'État s'est bel et bien doté d'un outil lui permettant de connaître les allées et venues et la position géographique des citoyens.

    Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont

     

    Quelques éléments techniques sur le fonctionnement du passe sanitaire tout d'abord. Le gouvernement répète que l'application «TousAntiCovid » est respectueuse de la vie privée des utilisateurs puisqu'elle «ne stocke que l'historique de proximité d'un téléphone mobile et aucune autre donnée». Cette présentation – qui a reçu l'aval du Conseil d'État au motif que les données sont stockées localement et que l'utilisation de l'application est facultative – est factuellement fausse. Car, si le QR code est effectivement stocké en local sur un smartphone (ou sur une feuille de papier), il devient actif dès qu'il est scanné. C'est sa vocation même ! Une application de tracking et de back tracking (identification des relations interpersonnelles) ne fonctionne pas autrement et les informations recueillies sont alors stockées dans des bases de données distantes.

    Pour pénétrer plus avant dans le QR code, il convient d'ajouter qu'il peut contenir jusqu'à 177x177 éléments (soit 4 296 caractères alphanumériques, une demi-page de texte A4 environ) ou 7 089 chiffres décimaux. Mais surtout il est possible de lui faire générer plusieurs liens html qui, une fois activés par un smartphone, sont autant de traceurs potentiels de l'activité de son utilisateur. On peut donc difficilement nier que l'État s'est bel et bien doté d'un outil lui permettant de connaître les allées et venues et la position géographique des citoyens. C'est un fait. Selon les chiffres des autorités, on comptait 17,5 millions d'activations de l'application «TousAntiCovid»au 2 juin dernier.

    Mais peut-être plus important encore, il convient de prendre la mesure de la dynamique dans laquelle le passe sanitaire s'inscrit. En effet, la crise sanitaire que nous vivons, si grave soit-elle, n'explique pas à elle seule le développement accéléré des outils de surveillance numérique auquel nous assistons passivement. Nous vivons, depuis les années 1990, un insidieux mais permanent grignotage des libertés publiques et de nos droits fondamentaux, avec le renforcement constant de «politiques sécuritaires» en tous genres, toujours plus restrictives des libertés fondamentales (mais rarement efficaces au regard de l'objectif affiché). Les lois, ordonnances, décrets contre l'insécurité, le terrorisme, l'immigration de masse, le blanchiment d'argent, la fraude fiscale ou plus récemment les fake news et les «contenus haineux» sur Internet se comptent par dizaines depuis trente ans. François Sureau a magistralement, et tristement, dénoncé ce mouvement continu.

     

    Cette tendance lourde s'inscrit dans un contexte européen hélas convergent.

    Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont

     

    Rappelons que la France a vécu pendant deux ans (du 14 novembre 2015 au 1er novembre 2017) sous le régime de l'état d'urgence et ensuite sous le régime de l'état d'urgence sanitaire du 17 octobre 2020 au 1er juin 2021, rendant possible la mise en sommeil «prolongé» de nombreuses libertés publiques.

    Ce contexte a rendu possible, sans susciter une grande émotion, l'adoption en février 2020 du fichier «GendNotes» qui permet à la gendarmerie nationale de saisir, conserver et traiter des données «relatives à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l'appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l'orientation sexuelle». Ainsi que les trois décrets le 2 décembre 2020 permettant aux services de police et de gendarmerie de recueillir de nouvelles données personnelles concernant des individus considérés comme dangereux pour la «sécurité publique». Parmi ces nouvelles données personnelles collectées, chose totalement inenvisageable dans notre pays il y a peu, on trouve les «opinions politiques», les «convictions philosophiques ou religieuses», «l'appartenance syndicale» et certaines données de santé.

    Mais il faut aller plus loin encore. Cette tendance lourde s'inscrit dans un contexte européen hélas convergent. Le 16 avril 2019, le Parlement européen a adopté sur proposition de la Commission le Common Identity Repository qui sera accessible à l'ensemble des services de douane et de police des pays membres de l'Union européenne et qui comportera les données d'identité biométriques d'environ 400 millions de citoyens, européens comme non-européens. Rappelons encore qu'en mars 2020, le Comité européen de la protection des données (CEPD) a levé l'interdiction sur l'échange et le traitement des informations personnelles des citoyens membres de l'Union européenne dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, rendant de facto caduc le RGPD en matière de santé.

     

    Dans un contexte déjà sombre pour les libertés fondamentales, Emmanuel Macron fait un choix net et significatif pour le monde qui vient.

    Jean-Thomas Lesueur et Cyrille Dalmont

     

    La Commission européenne a également souhaité rendre interopérable toutes les applications de traçage numérique misent en place par les différents États membres pour arriver à l'émergence d'un passeport vaccinale numérique européen. Gageons que le «passe sanitaire européen» viendra bientôt se superposer au Common Identity Repository, créant ainsi un passeport biométrique européen.

    Ces précisions et ces rappels permettent de prendre la mesure de ce qui se joue avec l'extension du passe sanitaire. La recherche de l'équilibre entre sécurité et libertés est bien sûr un art difficile – mais telle est la charge des gouvernants. Dans un contexte déjà sombre pour les libertés fondamentales, Emmanuel Macron fait un choix net et significatif pour le monde qui vient. Le 12 juillet 2021 est un jour sombre pour ceux qui, à l'imitation d'Albert Camus, ont encore le «souci» de la liberté.

     

    8.jpgJean-Thomas Lesueur est délégué général de l'Institut Thomas More

     

     

     

    9.pngCyrille Dalmont est chercheur associé numérique à l'Institut Thomas More.

     

     

     

     

    Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

  • ARMÉE EUROPÉENNE ? POLITIQUE D’ABORD !

    Par Georges-Henri Soutou

    Europe. Le rêve d'une armée européenne est aussi ancien que la Communauté européenne du charbon et de l'acier. De Gaulle avait échoué à ranger l’Allemagne sous la tutelle française. Macron poursuit une chimère insaisissable. 

    4095725311.jpgDevant le Bundestag, le président de la République a récemment proclamé la nécessité de créer une « Armée européenne », expression qui va beaucoup plus loin que les formules plus fréquentes de « défense européenne » ou de « personnalité européenne de sécurité et de défense ». Car là il ne s’agit plus de simplement coordonner, mais d’ « intégrer » et même d’unifier. Mme Merkel a repris l’expression devant le Parlement européen. Cela nous ramène aux années 1950, quand on désignait par le raccourci d’« Armée européenne » ce qui était en fait le projet de Communauté européenne de défense (CED) imaginé par la France pour contrôler le réarmement allemand, que souhaitait Washington ; et que Paris pensait bien diriger. Quand il devint évident que ce ne serait pas le cas, et qu’en outre la France perdrait une large partie de sa souveraineté pour la politique extérieure et la défense, le traité de la CED échoua devant le parlement français (30 août 1954).

    L’idée cependant d’une « défense européenne » à côté de l’Alliance atlantique (mais sans l’intégration et la supranationalité prévues par la CED) ne disparut pas. Elle était présente dans l’esprit du général de Gaulle quand il conclut avec la RFA le traité de l’Élysée en janvier 1963 : celui-ci était bilatéral mais il était aussi une pierre d’attente pour reprendre le projet d’union politique interétatique à six (couramment appelé « Plan Fouchet ») que nos partenaires avaient finalement repoussé en 1961. Rappelons ce que le Général avait dit à la Führungsakademie de Hambourg le 7 septembre 1962 : « La coopération organique de nos armées en vue d’une seule et même défense est donc essentielle à l’union de nos deux pays ».

    Le traité de l’Élysée prévoyait, outre les réunions régulières des principaux responsables politiques et des chefs d’état-major, une coopération étendue en matière de politique extérieure, « en vue de parvenir, autant que possible, à une position analogue » sur tous les problèmes d’intérêt commun. Le traité comportait en matière de défense un volet important. Le préambule constatait « la solidarité qui unit les deux peuples […] au point de vue de leur sécurité ». L’objectif était ambitieux. Outre des échanges de personnels et un travail en commun en matière d’armements dès le stade d’élaboration des projets, il prévoyait que « sur le plan de la stratégie et de la structure, les autorités compétentes des deux pays s’attacheront à rapprocher leurs doctrines en vue d’aboutir à des conceptions communes. Des instituts franco-allemands de recherche opérationnelle seront créés. »

    Tout cela allait loin, et nous verrons plus loin qu’Emmanuel Macron a repris ces objectifs. Mais tout cela était d’abord politique, et reposait sur un accord géopolitique fondamental entre de Gaulle et le chancelier Adenauer : la crise de Cuba à l’automne précédent avait prouvé la nécessité pour les Européens de reprendre en mains leur sécurité, car en cas de crise les Américains penseraient d’abord à eux. En outre de Gaulle comme Adenauer pensaient tous deux que la nouvelle stratégie américaine de « riposte flexible » rendait la garantie nucléaire de Washington beaucoup moins crédible. Il existait entre les deux hommes un profond accord politico-stratégique.

    L’Allemagne choisit la souplesse et la modestie

    Mais le Bundestag et les élites politiques allemandes dans leur majorité ne partageaient pas l’analyse du chancelier Adenauer et ils firent précéder le traité, lors du débat de ratification, d’un Préambule qui réaffirmait le rôle primordial de l’Alliance atlantique. Et ce non seulement parce que Washington, effectivement, avait procédé à Bonn à une reprise en mains, mais aussi parce qu’une majorité de responsables allemands n’avaient nulle envie d’être les brillants seconds de Paris.

    Or nous sommes en train de rejouer la même séquence. En septembre et octobre 2017 Paris a fait une série de propositions pour relancer la « Politique de sécurité et de défense commune » évoquée par le traité de Lisbonne : établissement d’une « coopération structurée permanente » entre pays volontaires ; création d’un Fonds européen de défense ; « initiative européenne d’intervention » pour les opérations extérieures ; et appel à une « culture stratégique partagée », par des échanges d’officiers dans les états-majors et les écoles de Guerre, ce qui rappelle 1963. Mais Berlin n’accepta pas la création d’un « Quartier Général européen commun », annoncé dans le programme électoral d’Emmanuel Macron. Ce point ne fut donc pas finalement repris dans le discours du président de la République à la Sorbonne le 26 septembre. Or il est essentiel : l’Union européenne ne dispose que d’un petit état-major de planification, les opérations importantes relèvent toujours des états-majors de l’OTAN (les accords de 1996 qui devraient permettre à l’OTAN de mettre des moyens à disposition de l’Union européenne ont toujours été bloqués par la Turquie).

    Certes, Paris et Berlin sont d’accord pour penser que la résurgence de la Russie et les incertitudes et la brutalité américaines doivent pousser les Européens à s’unir davantage en matière de défense. Mais l’accord s’arrête là : « la coopération structurée » a été signée par 23 pays sur 28, beaucoup plus que ne le souhaitait Paris, qui voulait un petit groupe très structuré pour des opérations « dures », alors que Berlin préférait un grand ensemble souple pour des opérations plus modestes. Avec un souci qui se comprend : ne pas paraître, aux yeux des autres partenaires, vouloir tout régenter à partir de Paris et Berlin. Mais ainsi conçue, et sans quartier général commun, l’« armée européenne » n’aurait aucune substance.

    Sans même parler du siège de la France au Conseil de Sécurité de l’ONU, que l’Allemagne nous réclame ! et sans évoquer tous les problèmes que poserait une véritable armée commune (quel recrutement ? quelle organisation ? quel degré d’acceptation par les peuples?), bien des problèmes politico-stratégiques non résolus se posent. Que faire de la dissuasion nucléaire française ? Peut-on raisonnablement la partager (et plus seulement laisser entendre qu’elle peut être « étendue » à nos voisins, comme il est dit depuis le Livre blanc de 1972) ? Et peut-être, surtout : d’où vient la principale menace, de l’Est ou du Sud, sachant que Berlin est peu convaincu de la pertinence de notre politique africaine ?

    D’autre part, si l’Armée fait partie des organismes de l’Union européenne elle relèvera de la juridiction de la Cour de Justice européenne de Luxembourg. Cela compliquera beaucoup la gestion d’éventuelles opérations extérieures. À l’heure actuelle, force est de constater que les avancées les plus concrètes ont lieu dans le domaine des armements, avec des programmes multinationaux et la création d’un Fonds européen de Défense qui va financer des recherches et des fabrications et qui est doté d’un important budget (13 milliards d’euros). C’est certes indispensable, mais cela correspond à l’approche et à la méthode de la construction européenne depuis la Communauté europénne du charbon et de l’acier en 1950 : la création de structures économiques et techniques communes supposée conduire à l’émergence d’un sentiment d’appartenance et d’une volonté politique partagés.

    Or les armements ne peuvent jamais être compris en dehors de leur contexte politique, intérieur et extérieur, de leur environnement économique, social, voire culturel.

    Faute de volonté politique commune, faute de conceptions stratégiques communes, il ne peut y avoir de Défense européenne. Et même les programmes d’armements communs trouveront vite leurs limites dans la multiplication des versions « nationales » et les hésitations doctrinales. On en a eu de nombreux exemples par le passé…  

    Georges-Henri Soutou
    Historien, membre de l'Institut
  • Éphéméride du 20 septembre

    2014 : Millénaire de la Cathédrale de Strasbourg

     

     

     

     

     

    2 Avant Jésus-Christ : L'armée de secours gauloise échoue devant Alésia 

     

    Vercingétorix capitulera sept jours plus tard...

    Ci-dessous, l'oppidum vu d'avion :

             

    alesia.jpg

     http://historyweb.fr/vercingetorix/ 

     

    Et, dans notre album L'aventure France racontée par les cartes, voir les trois photos "Campagnes de César", "I : La Gaule et la conquête de César", et "II : Alésia, conséquences heureuses d'une défaite"

    ALESIA 1.jpg

              

     

    Voici la transcription des trois petits textes explicatifs - assez difficilement lisibles - de cette très bonne illustration du siège d'Alésia :    

         

    • l'oppidum, place-forte naturelle : Construite sur un lieu sur-élevé, protégée par un mur d'enceinte, la ville des Mandubiens est un site exceptionnel par son importance stratégique, mais aussi politique et religieuse. Vercingétorix et ses 80.000 fantassins, contraints de s'y réfugier début août 52, ont de quoi tenir trente jours. 

    • le dispositif de César : Il érige une double ligne de siège avec pièges et redoutes : la contrevallation pour empêcher les assiégés de sortir, et la circonvallation pur protéger ses arrières. Ses troupes représentent 70.000 fantassins.

    • l'armée de secours : Pas moins de 240.000 fantassins et 8.000 cavaliers.

    Mais elle arrive après soixante jours de siège. Dans un premier combat de cavalerie, les Germains font pencher la victoire du côté de César. Une tentative de nuit pour percer les défenses romaines se solde par un échec.

    Baroud d'honneur : la grande bataille rangée, qui se termine par un massacre...  

     

    Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l'influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos Éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l'Antiquité : voici le rappel des plus importantes d'entre elles, étant bien entendu qu'un grand nombre d'autres Éphémérides traitent d'autres personnalités, évènements, monuments etc... de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s'appelle : la France...

     

    En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que "le divin Jules" avait été appelé à l'aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s'opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes - en 58 avant J.C - pour s'établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (voir l'Éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d'Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (voir l'Éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l'avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome... Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l'actuelle Orléans), en 52 (voir l'Éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (voir l'Éphéméride du 28 novembre); mais, moins d'un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l'échec de l'armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (voir l'Éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (voir l'Éphéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (voir l'Éphéméride du 26 septembre)...

     

    Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n'eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s'opposa également à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (voir nos trois Éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet)...

     

      Enfin, pour être tout à fait complet avec le rappel de ce que l'on peut trouver dans nos Éphémérides sur ces pages de notre Antiquité, mentionnons également nos trois Éphémérides traitant de :

    la victoire sur les Cimbres et les Teutons, remportée par Caius Marius, oncle par alliance de Jules César en 86 (il avait épousé sa tante, Julie, et mourut en 86 : voir l'Éphéméride du 17 janvier);

    l'assassinat de Jules César en 44 Avant J-C (voir l'Éphéméride du 15 mars);

    notre évocation de Massalia, sa puissance et son rôle à l'époque (voir l'Éphéméride du 11 avril)...

     

     

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     1715 : La France colonise l'île Maurice

     

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    Comme l'Île Bourbon, l'Île Maurice avait déjà été découverte avant l'arrivée des Français, et, même, les Hollandais y avaient installé des établissements.

    En septembre 1715, la France, déjà bien établie depuis 1665 dans l'Île Bourbon, voir l'Éphéméride du 9 juillet, et dont le commerce avec les Indes était harcelé par la piraterie, envoya un bateau de guerre stationner à Maurice et en prendre le contrôle, les Hollandais ayant presque totalement quitté l’île en 1710.

    Le malouin Guillaume Dufresne d'Arsel fut chargé de cette mission par le Secrétaire d'État à la Marine, Jérôme Phélypeaux de Pontchartrain, et prit possession de l'île au nom de Louis XIV, le 20 septembre. Dès lors, Maurice fut rebaptisé "l’Ile de France".

    Il ne s’agissait pas pour la France de faire de l’île une colonie de peuplement mais de disposer d’une base arrière afin de sécuriser les transports commerciaux avec l’Inde. En 1721, l’administration de Maurice fut confiée à la Compagnie française des Indes orientales - fondée en 1644, voir l'Éphéméride du 27 août - qui prit possession de l’île dans le but de la coloniser...

    Mais il fallut attendre l’arrivée d’un nouveau gouverneur, le comte Mahé de La Bourdonnais, pour que la nouvelle colonie commençât à prospérer. Son arrivée en 1735 marque le début de la période de suprématie française dans l’océan Indien...

     

    http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/maurice.htm

     

     

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    1898 : Le premier vol dirigé relie Saint-Cloud à Paris

     

    L'ingénieur et aéronaute brésilien Albert Santos-Dumont réussit à faire voler son dirigeable équipé d'un moteur à explosion de Saint-Cloud, sur le terrain du siège de l'aéro-club français, jusqu'à Paris, aller-retour.

    Connu pour sa personnalité excentrique, Santos-Dumont se rendait en dirigeable à des rendez-vous mondains sur les Champs-Élysées et accrochait son véhicule volant aux lampadaires.         

    Ci dessous, la reconstitution de son prototype, le 14 Bis :

    avion_14bis_santos_dumont_brasilia_en_vol_agbr_pt.jpg
     
     
     

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    1910 : Aux origines de l'assurance-chômage

  • Vers le krach du siècle suite à l’impuissance des banques centrales, par Marc Rousset

    Le Dow Jones vient de céder 2,9 % la semaine dernière, soit sa huitième semaine de baisse consécutive, une première depuis 1932, tandis que le Nasdaq qui représente les valeurs technologiques et de croissance a reculé de 3,82 %, soit une septième semaine de baisse consécutive, une première également depuis 2001.

    Arrêt des achats de titres obligataires par les banques centrales, hausse des taux d’intérêt partout dans le monde occidental, les masses monétaires émises d’une façon inconsidérée commençant à se stabiliser et parfois à décroître, une guerre en Ukraine conduisant à des pénuries et à la hausse des matières premières, énergétiques, et des produits agricoles, des difficultés d’approvisionnement en provenance de Chine, suite à la crise du Covid , tout cela contribue à déclencher des poussées inflationnistes en Europe tandis que les cryptomonnaies se sont effondrées. Une bulle s’est constituée pour la plupart des actifs ; un krach retentissant apparaît de plus en plus vraisemblable.

    MARC ROUSSET.jpgLa Fed américaine va bientôt diminuer sa demande d’obligations du Trésor et d’obligations gagées sur des créances immobilières tandis que le taux des emprunt d’État à deux ans qui était de 0,5 % au 1er janvier 2022 se rapproche des 3 %. Le ratio prix/bénéfice courant à Wall Street qui était de 35 en janvier est aujourd’hui de l’ordre de 20. Tesla est valorisé à environ 100 fois ses bénéfices contre 9 pour Toyota. Quant au bitcoin, il a déjà perdu la moitié de sa valeur depuis novembre 2021.

    Le Nasdaq a perdu plus de 25 % depuis le 1er janvier et le Standard & Poor’s 500, l’indice américain le plus représentatif, a cédé plus de 18 %. En France et en Allemagne, le CAC 40 et le Dax chutent d’environ 12 % depuis le 1er janvier. Quant à l’indice de référence des marchés obligataires européens, il a perdu 9 %. En fait les marchés obligataires connaissent déjà un krach, mais si la hausse des taux continue, les marchés obligataires vont dévisser encore davantage. Les banques centrales qui souhaitent préserver l’activité économique sont cependant obligées d’augmenter les taux, de ne plus intervenir sur les marchés obligataires, comme elles le faisaient, pour faire baisser les taux, car elles sont accusées d’être passives devant l’inflation de plus en plus forte.

    L’économiste Jean-Pierre Robin dans le Figaro remarque que « la BCE sonne la fin du quoi qu’il en coûte ». La BCE va prendre un tournant radical en augmentant les taux et en ne faisant plus fonctionner la planche à billets. La BCE va annoncer le 9 juin 2022 lors d’une réunion du conseil des gouverneurs à Amsterdam qu’elle met fin à ses achats nets des titres de dettes publiques. Il n’y aura donc plus d’augmentation de la masse monétaire inflationniste dans la zone euro, mais cette dernière ne sera pas diminuée pour autant car la BCE réinvestira en titres publics les montants des titres arrivant à échéance dans son bilan.

    La dette publique française avec le socialiste François Hollande et le technocrate Macron est passée de 2012,1 milliards d’euros au deuxième trimestre 2015  à 2813,1 milliards au quatrième trimestre 2021. Cette augmentation vertigineuse de la dette a été financée entièrement par la BCE, en fait sur le plan technique à hauteur de 671 milliards par la Banque de France et de 70 milliards par la BCE ainsi que les autres banques centrales de la zone euro. L’augmentation de la dette publique, avec François Hollande et surtout Macron, a donc été financée entièrement par la planche à billets de la BCE et de la Banque de France ! Demain on rase gratis !

    En fait, le tabou que Mario Draghi, l’ancien président de la BCE, a fait sauter pour éviter l’explosion de la zone euro en 2012, en acceptant d’acheter sans limites (« whatever it takes ») les titres publics des États en faillite tels que la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et Chypre, ou quasi-faillite tels que la France et l’Italie, devrait être rétabli d’une façon officielle le 9 juin 2022 à Amsterdam. Ce sont donc bien les corbeaux tels que Charles Gave, Marc Touati et l’auteur de cette chronique, à qui l’on reprochait avec sarcasmes et ironie leur pessimisme et leurs prédictions de malheur, qui avaient 100 % raison ! Leurs prédictions de krach ne se réalisaient pas parce que tout simplement le Système ne faisait que repousser les échéances de faillite et de l’explosion à venir, tout en l’aggravant, en augmentant d’une façon démesurée les liquidités avec des mesures dites anti-conventionnelles !
    Tout a été fait non pas pour sauver l’euro et les États de la faillite inéluctable, car il fallait sinon prendre le taureau par les cornes et diminuer immédiatement les dépenses publiques réelles, mais seulement pour amuser la galerie, flatter les imbéciles et les naïfs, en repoussant la date de l’échéance fatale !

    Tout a été fait donc non pas pour empêcher la faillite des pays menacés et sauver l’euro, mais pour aggraver la situation en faisant tourner la planche à billets et en augmentant la dette publique dans de nombreux pays, plus particulièrement en France et en Italie ! L’heure est maintenant bientôt venue, pour Macron, Le Maire, tous les hypocrites et bénéficiaires du Système ainsi que pour les menteurs de la pensée unique, de faire payer aux Français la note de la dette publique pharaonique avec des taux d’intérêt élevés !

    Ce qui se passe actuellement avec les cryptomonnaies est un cygne noir annonciateur de l’explosion à venir du système occidental, de la zone euro et de la faillite prochaine de la France ainsi que de l’Italie ! Pendant la semaine du lundi 9 mai 2022, la panique a ramené à zéro la valeur des « stable coins Terra USD », soit 45 milliards de dollars partis en fumée, et a diminué en une seule journée la valeur des cryptomonnaies de 200 milliards de dollars. Le jeton Luna complémentaire du « stable coin Terra USD » est passé en quelques jours de 100 à 0 dollar, alors que le fondateur coréen Do Kwon vantait la stabilité du produit. Le bitcoin évolue aujourd’hui autour de 30 000 dollars, soit moitié moins de ce qu’il valait à l’automne 2021.

    Do Kwon a tout simplement formé la bulle d’une pyramide de Ponzi en s’inspirant des méthodes de Bernard Madoff pour faire rêver ses très souvent jeunes clients naïfs I Do Kwon garantissait 10 % de rendement par an et 20 % pour le « stable coin Terra USD ». Cet engagement ne pouvait être en réalité honoré qu’avec l’argent provenant des derniers acheteurs. C’était donc de l’escroquerie style Madoff et en aucune façon le pouvoir magique mystérieux des cryptomonnaies !

    Les cryptomonnaies ont une volatilité inouïe. Elles ne sont qu’un instrument de spéculation sur un objet dont la valeur intrinsèque est nulle. Elles attirent le plus souvent de jeunes spéculateurs pauvres et précaires qui n’ont pas les moyens financiers, ni la formation pour faire des placements en Bourse ou dans l’immobilier. De plus, les cryptomonnaies ne deviendront jamais un moyen de paiement à cause de leur volatilité, et de leur coût environnemental phénoménal en énergie pour les créer. Leur seul intérêt réside dans la technologie du « blockchain » aux multiples applications, qui, comme internet en 2000, est une technologie d’avenir.
    La seule façon d’éviter le krach boursier, ce serait donc de faire l’inverse de ce que sont obligées de faire, dans l’immédiat, toutes les banques centrales du monde, en baissant de nouveau les taux d’intérêt, en reprenant la politique d’achat de titres obligataires de la dette publique par les banques centrales, pour créer des liquidités nouvelles. On éviterait alors, momentanément, effectivement le krach prochain à venir, mais ce serait alors pour se retrouver à terme dans une situation analogue à celle de l’Allemagne en 1923 avec une hyper-inflation ravageuse qui finirait par détruire et faire exploser aussi tout le système !

    L’erreur a été commise en 2008 avec la crise des « subprimes » lorsque l’Occident avait encore la possibilité d’assainir la situation et d’éviter à terme l’explosion du système, tout en connaissant alors une crise douloureuse analogue à celle de 1929 qui a été effectivement évitée ! Le système a préféré depuis 2008 la fuite en avant : « encore un petit moment Monsieur le bourreau ! ». Nous en sommes là, avec la possibilité théorique de reculer encore l’échéance fatale, ce que semblent refuser cette fois-ci les banques centrales le dos au mur, face leur impuissance, à une contradiction qui relève de la quadrature du cercle et d’un dilemme maintenant impossible à résoudre !

    Macron connaîtra la faillite de la France et l’explosion de la zone euro avec des Gilets jaunes encore plus excités dans les rues ! Ce jour-là la France ne l’aura pas volé pour avoir choisi depuis mai 68 la voie de la gauche, de l’individualisme jouisseur, de la calamiteuse, honteuse et suicidaire immigration extra-européenne, de la paresse, de la facilité, des 35 heures, de la retraite à 60 ans, des nouvelles valeurs sociétales décadentes, des loisirs en lieu et place des valeurs traditionnelles : Patrie, famille, travail ! La France a « bouffé » de plus tout l’héritage des Trente Glorieuses, de De Gaulle et de Pompidou (dette publique très basse, croissance, industrie compétitive et exportatrice, budget des armées au-dessus de 3 % du PIB) avec les socialistes Mitterrand et Hollande et les fédéralistes européens du style Macron traîtres à leur pays (valeurs sociétales décadentes, invasion migratoire accélérée, inéducation nationale et vente des fleurons de notre industrie à l’Amérique) !

    Le malheur veut que l’on ait parlé de tout pendant la Présidentielle, sauf des deux vrais problèmes : les dépenses publiques stratosphériques et le Grand Remplacement en cours qui sont à l’origine de la dette publique française démentielle et de la faillite à venir ! Honte aux deux tiers des Français qui n’ont pas voté pendant les Présidentielles pour des partis patriotes ! Le krach à venir du Siècle des Siècles, la faillite de la France et l’explosion de la zone euro seront la vengeance des réalités et des patriotes qui auront sonné en vain le tocsin pendant des années !

  • Éphéméride du 24 septembre

    1715 : Mort de Dom Perignon

     

     

     

     

     

    1435 : Mort d'Isabeau de Bavière 

     

    Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, tuteur de Charles VI, lui donna pour épouse la fille du duc de Bavière, Élisabeth de Bavière, dite Isabeau par ses sujets français.

    La folie du roi - folie "épisodique" - qui se déclara en 1392, fera d'elle la régente du royaume. Elle se trouva alors au centre de toutes les querelles et intrigues entre Armagnacs et Bourguignons. Exilée à Tours par les Armagnacs, elle se lia alors avec le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, qui la délivra.

    À la fin de 1417, elle organisa à Troyes un gouvernement étroitement contrôlé par les Bourguignons : Isabeau et Philippe le bon, duc de Bourgogne, signèrent le désastreux Traité de Troyes, qu'Isabeau fit accepter au pauvre roi - on l'a dit, "privé de raison" par intermittence - Charles VI : Henri V devenait héritier du trône de France, Charles était déshérité : il se réfugia à Bourges - d'où son son surnom de roi de Bourges.

    En 1420, pour sceller le traité, Isabeau maria sa fille Catherine à Henri V.

    Considérée comme une traîtresse, elle se réfugiera dans son hôtel de Saint-Pol ou elle mourra en 1435, seule et honnie de tous.

    Sans excuser en rien ses agissements, il faut cependant bien reconnaître que, mariée à quatorze ans à un prince qui devint fou, même si c'était "seulement" par intermittence, sept ans plus tard, et, de plus, seule et sans pouvoir dans un royaume en proie à la guerre étrangère et à la guerre civile, la situation, pour elle n'était pas facile...

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    Isabeau de Bavière  - Cire peinte, Musée d'Orsay

    http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/article-14126954.html 

     

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    1715 : Mort de Dom Pérignon

     

    C'est en 1668, alors âgé de trente ans, qu'il avait rejoint l'abbaye Saint-Pierre d'Hautvillers. Jusqu'à sa mort en 1715 il y avait tenu la charge de cellérier-intendant, qui lui donnait la haute main sur les vignes et les pressoirs de l'abbaye.

    Attestée dès 1668, sa première innovation consista à assortir systématiquement, avant de les pressurer, les raisins de diverses origines.

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    Dom Pérignon eut, de plus, l'idée de remplacer les chevilles de bois garnies d'étoupe imbibée d'huile (les "bouchons" de l'époque !) en coulant de la cire d'abeille dans le goulot des bouteilles, leur assurant ainsi une parfaite herméticité. Au bout de quelques semaines, la plupart des bouteilles explosèrent : il comprit vite que le sucre contenu dans la cire d'abeille avait provoqué, en tombant dans le vin, une seconde fermentation, entraînant une soudaine effervescence...

    Un heureux hasard lui avait permis de découvrir la fermentation en bouteille.

    La  "méthode champenoise" ou, plus simplement, "le champagne" venait de naître...   

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    1724 : Établissement de la Bourse de Paris

     

    L'arrêt du Conseil d’État du Roi qui l'institue l'installe alors à l’Hôtel de Nevers.

    Le roi espère ainsi rétablir un semblant d'ordre au sein de l'économie française, bouleversée par la banqueroute de Law, et la Bourse est ainsi soumise à une stricte réglementation, qui stipule, entre autre, qu'aucune femme ne peut y accéder.

    En 1808, Napoléon 1er pose la première pierre du Palais Brongniart, la Bourse de Paris, qui a été construite par les architectes français A.-T. Brongniart et E. Labarre (ci dessous).

    Le bâtiment sera finalement inauguré sous la Restauration, le 4 novembre 1826.

     

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    1790 : En Martinique, début de la bataille de l'Acajou, remportée par les royalistes sur les républicains...

     

    À l'époque, on vit heureux dans la France d'Outre-Mer - comme dans la France métropolitaine, qui - malgré les difficultés de l'existence, très largement pires ailleurs... - semble ne plus connaître son bonheur, et pour qui celui-ci semble aller de soi : "Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789, ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre", disait Talleyrand.

    Les idéologues révolutionnaires, terroristes et fanatiques, vont se charger de changer tout cela... À la "douceur de vivre" vont succéder l'échafaud et le Génocide, les prétendues "Lumières" sur lesquelles se fonde la Révolution et la jeune République faisant très vite naufrage dans la Terreur et le Totalitarisme...

    24 septembre,champagne,dom perignon,nouvelle caledonie,neptune,pepin le bref,georges claudeDans les îles, lointaines, les évènements de métropole sont, évidemment, connus avec retard. Ils n'y provoquent cependant pas moins la même cruauté, la même folie et la même guerre civile. Donatien Rochambeau - le fils du grand soldat à qui Louis XVI avait confié l'armée qui écrasa les Anglais et donna leur indépendance aux Insurgents - fut l'homme des "coupeurs de têtes" de la Terreur et de la Révolution. Face à lui se levèrent ceux qui, là-bas aussi, sauvèrent l'honneur, par leur résistance au Totalitarisme : Bernard Percin, dit Percin-canon, appelé "le Charette de la Martinique", chef de cette Vendée créole, mais aussi Dubuc de Marcoussy ou Montlouis Jaham, et surtout leurs compagnies d'hommes de couleur, blancs, mulâtres et noirs unis dans une même résistance à la barbarie révolutionnaire (ci contre, localisation de l'Acajou, l'un des quartier du Lamentin).

    C'est leur combat, et leur victoire totale - le 22 mars 1794 - contre Donatien de Rochambeau, incarnation d'une république sanguinaire honnie qui a été racontée par Odile de Lacoste Lareymondie (descendante de Percin-canon)...

    Le moment le plus intense de cette révolte - et de cette victoire... - contre les terroristes envoyés sur l'île par les révolutionnaires de Paris fut cette Bataille de l'Acajou, qui s'étendit sur deux jours, et durant laquelle Bernard Percin, chef des royalistes ("habitants - c'est-à-dire créoles, ndlr - et hommes de couleurs") acquit son surnom :

    "...Bernard décharge ses deux pistolets à la fois sur tout ce qui bouge, il brise son épée en combattant puis se lance à la cravache sur les canons : corps à corps, les artilleurs défendent leurs pièces, Lacoste saute sur un soldat, Percin prend l'autre et lui casse la tête à coup de crosse de son pistolet puis s24 septembre,champagne,dom perignon,nouvelle caledonie,neptune,pepin le bref,georges claude'empare du canon. Il le pointe contre l'ennemi et en abat 22...

    ...Le gouverneur en les voyant arriver avec leur trophée s'adresse à Bernard :

    - Bernard, vous êtes le plus remarquable des chefs du parti de la campagne, grâce à votre courage, vous avez pris un canon, seul, à la cravache. Nous vous devons la victoire. Cette bataille de l'Acajou va galvaniser nos troupes.

    - Vive Percin, vive Percin-canon, crie la foule des femmes et des enfants..."

     

    (Ci dessus, le blason des Percin :  Parti : 1) d'azur au cygne d'argent nageant sur des ondes du même, accompagné en chef de 3 molettes d'or - 2) d'or au lion de gueules.

    Devise : Candore et fortitudine, pureté et courage).  

     

    (voir notre brève relation du livre d'Odile de Lacoste-Lareymondie dans notre note Martinique, "Vendée créole" : la victoire des royalistes sur les républicains en 1794...

     

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    Et, dans notre Album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, "Guerre de Géants"... voir la photo Antilles : la Vendée créole de Bernard de Percin

     

     

     

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    1853 : La Nouvelle Calédonie devient française

     

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    Au nom de Napoléon III, le contre-amiral Febvrier-Despointes prend officiellement possession de l'archipel, découvert par l'anglais James Cook en 1774 :

  • Tribune libre : Le chantage écolo n’a pas marché. Et c’est tant mieux. (envoyé par A.L.)

    ecologie.jpgHorreur et abomination. Le gentil fantassin du changement, François Hollande, n’instaurera pas de taxe sur le diesel en 2014 comme le réclament les Verts. Dans les rangs du parti écolotaxatoire, ce fut la consternation pendant les premières minutes et, une fois le coup encaissé, la rage, la colère, l’explosion.

    Il faut dire que le fier pédaloflanbiste n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en argent puisque lors de son allocution somnifère du dimanche 15 septembre, à laquelle il avait convié une sémillante Claire Chazal du service de télé privé sans déclencher la moindre bronca de la part des zélés thuriféraires de la neutralité médiatique, il aura déclaré, avec une dose minimale d’hésitation :

    « Il ne faut pas réduire l’écologie à l’impôt ».

    Et il a raison puisque l’impôt n’est qu’une mamelle de l’écologie en France, l’autre étant la subvention (Ok, soit, il y aussi la destruction du patrimoine ou des paysages, comme ici, mais c’est plus une excroissance qu’une mamelle, disons). Pas étonnant que les écolos se soient ensuite fâchés tout vert lorsque le président a précisé que la contribution « Climat-Énergie » sera correctement fourrée à la taxe, mais pas l’année prochaine. Saperlipopette ! Rien l’année prochaine ? Mais, c’est parfaitement scandaleux, ça, monsieur !

    Et c’est d’autant plus scandaleux que, on se le rappelle, les écolos avaient clairement posé un bel ultimatum à Hollande, à la suite d’une semaine fort agitée où le gouvernement et les deux partis socialistes (le canal officiel et le canal naturophile) s’étaient chamaillés pour savoir s’il faudrait sur-cogner le diesel ou se contenter de la bastonnade habituelle : Pascal Durand, le secrétaire national de Europe-Écologie-Les-Vers-Et-Les-Tirets, avait ainsi déclaré

    « Hollande a six jours pour nous dire ce que va vraiment être la transition énergétique. »

    Il manquait cruellement le « ou sinon » traditionnel qui accompagne ce genre de sorties bravaches, mais le principe était clair (et le sous-entendu tout autant) : le président accepte le principe d’une nouvelle taxation du diesel, ou sinon… Ou sinon on peut supposer que les socialistes-écolos refuseraient de s’allier aux socialistes-qui-aiment-le-changement-maintenant aux prochaines élections municipales. Autrement dit : « tu taxes ou tu perds », qui n’est pas sans rappeler « la bourse ou la vie » et qui permet de mesurer de façon assez précise dans quels milieux et avec quelle mentalité les écolos de gouvernement vivent actuellement.

    Bien évidemment, il faudrait être de la plus grande naïveté pour ne pas croire à la réalité de la menace écolo ainsi formulée ; en pratique, le parti socialiste sent de façon très claire que son électorat n’est plus exactement assis sur une base aussi solide qu’il le fut jadis. D’ailleurs, des notes internes des renseignements et des retours du terroir, par le truchement des députés, ne laissent guère de doute au point que des articles filtrent dans la presse montrant que les traditionnels soutiens du Parti officiellement socialiste sont agacés de la situation actuelle. 

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    Mais si l’analyse des Verts est exacte sur la nervosité électorale de leurs copains socialistes sans chlorophylle, ils se trompent quant à leur poids réel dans l’opinion publique. Et si on ne peut guère retenir quoi que ce soit du soporifique courant d’air élyséen de dimanche soir, il surnage tout de même un fait, indiscutable : Hollande a envoyé bouler ad patres l’ultimatum écolo. Tellement vite, d’ailleurs, que le pauvre Mamère s’en est ouvert dans les colonnes de différents journaux avides de sensations molles :

    « Notre ultimatum a fait pschitt. Il n’y a pas eu besoin d’attendre six jours pour savoir que, pour le Président de la République, l’écologie n’est pas une priorité. Il n’a pas mis en œuvre ce sur ce quoi il s’était engagé : une grande réforme fiscale qui inclut la fiscalité écologique. »

    Et le député d’évoquer ouvertement son départ si les deux ministres écolos, Cécile Duflot et Pascal Canfin, ne quittent pas le gouvernement. Difficile de ne pas noter qu’une telle annonce revient encore à une espèce d’ultimatum bis, sur le mode « Ils quittent ou je pars », et prenons quelques secondes pour savourer la jubilation qu’elle provoque : d’un côté, Duflot et Canfin disparaissent du gouvernement, ce qui est une excellente nouvelle. De l’autre, Mamère disparaît d’EELV, ce qui est une aussi bonne nouvelle, puisqu’elle s’accompagnera possiblement d’une explosion en vol d’un parti résolument insupportable d’hypocrisie. Du point de vue du contribuable et de l’électeur, en tout cas, c’est un Epic Win quoi qu’il arrive.

     

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    Tout ce vaudeville montre en tout cas une chose fort intéressante : l’influence de l’écologie au gouvernement est en train de se réduire de façon sensible. Au delà de la petite guerre intestine qui va maintenant se dérouler entre EELV et le PS, on peut noter qu’un tel affichage public de dissensions était purement inenvisageable il y a un an, encore moins avant les élections présidentielles.

    Que s’est-il passé ? Plusieurs choses.

    D’une part, comme je l’ai déjà dit, le tabassage fiscal auquel sont soumis les Français actuellement a nettement réduit la marge de manœuvre du gouvernement en terme de rage taxatoire. En effet, chaque nouvelle taxe rend la suivante plus délicate à faire passer auprès d’une opinion qui, sur le sujet, commence à s’échauffer franchement. Et s’il est déjà difficile de promouvoir dans les médias des ponctions diverses au motif d’une meilleure répartition, d’une plus forte égalité, d’un nécessaire redressement des comptes et autres fadaises solidaires à base de bisous socialo-compatibles, il devient complètement impossible de justifier l’augmentation d’une taxe sur un produit déjà lourdement taxé comme le gasoil, et qui a été, sur les 40 dernières années, assez franchement favorisé par l’État notamment pour des motifs écologiques (foireux, certes, mais écologiques).

    D’autre part, la crise touche maintenant tout le monde, à différent niveaux : les pauvres, c’est évident, dans leur pouvoir d’achat, dans leurs habitudes ou dans leur détresse quotidiennes ; les classes moyennes, par l’avalanche de taxes diverses ; les riches, par leur simple exfiltration de l’enfer fiscal français. Pour rappel, l’oppression fiscale française en un graphique, c’est ça :

     

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     Imposition en France relativement au reste du monde (source : Heritage Foundation, 2012)

     

    L’écologie politique en France, très concrètement, est presqu’exclusivement pilotée par des socialistes, des communistes ou tous les tons pastels de ces tendances collectivistes ; les propositions de ces groupuscules effervescents de l’intervention étatique se traduisent toutes par une augmentation du rôle de l’État, des collectivités ou des administrations par la norme, la régulation ou la fiscalité. Quant au but essentiel de cette écologie politique-là, il est synthétisable en une recherche permanente, puérile et contre-productive, d’apaisement de conscience, une expiation par l’autoflagellation (fiscale ou physique) d’une faute inouïe : celle d’être en vie sur Terre et d’influer sur ce qui nous entoure.

    Et alors qu’en temps de prospérité, l’honnête homme peut consacrer une part de son temps et de ses bénéfices pour apaiser sa conscience (ou faire taire les crins-crins lancinants des écolos médiatiques), il en va bien différemment lorsque la bise est là : le bénéfice n’existe plus, et le temps ou les moyens à consacrer aux salamalecs éco-conscients grèvent rapidement l’essentiel de ce confort qu’on aura chèrement arraché à une Nature qui n’a, en réalité, absolument aucune pitié ni aucune facilité à offrir à l’Homme.

    Dès lors, il devient quasiment impossible de donner une place aux excités de la taxe carbone, de l’isolation thermique obligatoire ou des lampes fluodéprimantes : ils coûtent trop cher fiscalement, et de plus en plus cher électoralement (surtout si l’on se rappelle que les saillies des uns et des autres, régulièrement au panthéon de la crétinerie, accroissent le besoin de les tenir éloignés). Si l’on ajoute le fait que, petit à petit, les citoyens se rendent compte de l’ampleur de la fumisterie écologique du Réchauffement Climatique Anthropique, le crédit des adorateurs de Gaïa s’effondre.

    Je ne me réjouirais pas trop vite : je suis sûr qu’on entendra encore un trop long moment les babils insupportables des cuistres écolos. Il leur reste tant de sujets idiots à développer n’importe comment qu’on peut être sûr qu’ils combattront pied à pied leur perte d’influence.

    Mais la tendance est là, prometteuse.

  • La Syrie et la France (II/III), par Champsaur

    Et depuis Mars 2011 …

    Et donc en Mars 2011, trente mois après l’invitation des Champs Elysées, débute dans le pays même, des violences dirigées contre le pouvoir, et en particulier ce que la presse internationale a immédiatement appelé « le clan Assad ».

    Concomitantes des autres révoltes, la tentation fut grande de rapprocher ces violences des autres évènements de la Tunisie à l’Egypte, en passant par la Libye et le Yémen. Or il n’y a strictement aucune unicité de motivations entre toutes ces révoltes. Chacune a des sources spécifiques, locales, le seul dénominateur commun étant l’utilisation intensive des réseaux dits sociaux. 

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     "...aucune unicité de motivations entre toutes ces révoltes..."

    La première observation est qu’il est vain de tenter des explications avec la grille de lecture de l’intelligentsia française, évacuant l’attachement religieux de chaque communauté dans une mosaïque compliquée.

    En l’espèce nous sommes devant un conflit entre des sunnites majoritaires dans le pays et les alaouites à la tête de l’Etat. Lesquels ont résisté dès le début des révoltes chez les voisins, à toute tentative d’islamisation chez eux. Les Alaouites ne se résument pas au clan Assad, contrairement à ce que le matraquage médiatique en Occident tente d’accréditer. L’éventuel départ d’Al-Assad et de sa famille ne changerait rigoureusement rien à la guerre civile qui perdure en réalité en Syrie depuis les années 1980. Un exemple : un commando de Frères musulmans s’est introduit dans l’école des cadets de l’armée de terre d’Alep, a soigneusement fait le tri des élèves officiers sunnites et des alaouites et a massacré 80 cadets alaouites au couteau et au fusil d’assaut en application de la fatwa d’Ibn Taymiyya. Les Frères l’ont payé cher en 1982 à Hama – fief de la confrérie - que l’oncle de l’actuel président a méthodiquement rasée en y faisant entre 10 et 20000 morts. Féroce répression que Mitterrand refusa de condamner estimant que les Frères musulmans étaient plus à craindre que la brutalité des Assad. Mais les violences intercommunautaires n’ont jamais cessé depuis même si le régime a tout fait pour les dissimuler.

    Qui sont ces deux millions d’Alaouites, encore plus résolus à se battre que les Assad eux-mêmes ?

    Issus au Xème siècle, aux frontières de l’empire arabe et de l’empire byzantin d’une lointaine scission du chiisme, ils pratiquent une sorte de syncrétisme mystique compliqué entre des éléments du chiisme, des éléments de panthéisme hellénistique, de mazdéisme persan et de christianisme byzantin. Ils se désignent eux mêmes sous le nom d’Alaouites – c’est à dire de partisans de Ali, le gendre du prophète - quand ils veulent qu’on les prenne pour des Musulmans et sous le nom de Nosaïris – du nom de Ibn Nosaïr, le mystique chiite qui a fondé leur courant – quand ils veulent se distinguer des Musulmans. Et – de fait – ils sont très éloignés de l’Islam des sunnites qui les considèrent comme les pires des apostats. Cela leur a valu au XIVème siècle une fatwa du jurisconsulte salafiste Ibn Taymiyya, l’ancêtre du wahhabisme actuel, prescrivant leur persécution systématique et leur génocide. Bien que Ibn Taymiyyah soit considéré comme un exégète non autorisé, sa fatwa n’a jamais été remise en cause et est toujours d’actualité, notamment chez les salafistes, les wahhabites et les Frères Musulmans. Pourchassés et persécutés, les Alaouites ont dû se réfugier dans les montagnes côtières arides entre le Liban et l’actuelle Turquie tout en donnant à leurs croyances un côté hermétique et ésotérique, s’autorisant la dissimulation et le mensonge pour échapper à leur tortionnaires. Dans les années 1970, Hafez el-Assad, issu d’une des plus modestes familles de la communauté alaouite, devenu chef de l’armée de l’air puis ministre de la défense, s’est emparé du pouvoir par la force pour assurer la revanche et la protection de la minorité à laquelle sa famille appartient et des minorités alliées – chrétiens et druzes - qui l’ont assisté dans sa marche au pouvoir. Il s’est ensuite employé méthodiquement à assurer à ces minorités – et en particulier à la sienne - le contrôle de tous les leviers politiques, économiques et sociaux du pays selon des moyens et méthodes autoritaires.

     

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    Face à la montée du fondamentalisme qui progresse à la faveur de tous les bouleversements actuels du monde arabe, les Alaouites ont été rejoints dans leur résistance par les autres minorités religieuses de Syrie, Druzes, Chi’ites, Ismaéliens et surtout par les Chrétiens de toutes obédiences instruits du sort de leurs frères d’Irak et des Coptes d’Égypte.

    Peu habitué à faire de la communication, le régime s’est rapidement laissé déborder. Même sans une observation très précise, personne n’aura manqué de constater que toutes les informations concernant la situation proviennent d’un « Observatoire syrien des droits de l’homme » (OSDH) ou plus laconiquement « ONG », ce qui revient au même, l’ONG en question étant toujours l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

    Une dénomination qui sonne bien aux oreilles occidentales dont il est devenu la source d’information unique. Emanation de l’Association des Frères Musulmans et il est dirigé par des militants islamistes dont certains ont été autrefois condamnés pour activisme violent, en particulier son fondateur et premier Président, Monsieur Ryadh el-Maleh. L’Osdh s’est installé à la fin des années 80 à Londres sous la houlette bienveillante des services anglo-saxons et fonctionne en quasi-totalité sur fonds séoudiens et maintenant qataris.

    Autre favori des médias et des politiques occidentaux, un Conseil National Syrien, créé en 2011 à Istanbul sur le modèle du CNT libyen et à l’initiative non de l’État turc mais du parti islamiste AKP. Censé fédérer toutes les forces d’opposition au régime, le CNS a rapidement annoncé la couleur. Au sens propre du terme…. Le drapeau national syrien est composé de trois bandes horizontales. L’une de couleur noire qui était la couleur de la dynastie des abbassides qui a régné sur le monde arabe du 9è au 13è siècle. L’autre de couleur blanche pour rappeler la dynastie des Omeyyades qui a régné au 7è et 8è siècle. Enfin, la troisième de couleur rouge censée représenter les aspirations socialisantes du régime. Dès sa création, le CNS a remplacé la bande rouge par la bande verte de l’islamisme comme on peut le constater lors des manifestations contre le régime.

     

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    Drapeau syrien (ci-dessus) et drpeau du CNS (ci-dessous)

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    Néanmoins la place prédominante faite aux Frères Musulmans au sein du CNS par l’AKP turc et le Département d’État américain a fini par exaspérer à peu près tout le monde et a fortement inquiété Israël. La Syrie n’est pas la Libye et les minorités qui représentent un bon quart de la population entendent avoir leur mot à dire, même au sein de l’opposition. Lors d’une visite d’une délégation d’opposants kurdes syriens à Washington en avril dernier, les choses se sont très mal passées. Les Kurdes sont musulmans sunnites mais pas Arabes. Et en tant que non-arabes, ils sont voués à un statut d’infériorité par les Frères. Venus se plaindre auprès du Département d’État de leur marginalisation au sein du CNS, ils se sont entendus répondre qu’ils devaient se soumettre à l’autorité des Frères ou se débrouiller seuls. Rentrés à Istanbul très fâchés, ils se sont joints à d’autres opposants minoritaires  pour démettre le Président du CNS, Bourhan Ghalioun totalement inféodé aux Frères, et le remplacer par un Kurde, Abdelbassett Saïda qui fera ce qu’il pourra – c’est à dire pas grand chose - pour ne perdre ni l’hospitalité des islamistes turcs, ni l’appui politique des néo-conservateurs Américains, ni, surtout, l’appui financier des Saoudiens et des Qataris.

    Tout cela est surtout révélateur de l’orientation que les États islamistes appuyés par les néo-conservateurs américains entendent donner aux mouvements de contestation dans le monde arabe.

    Ce ne sont évidemment pas ces constatations qui vont rassurer les minorités de Syrie et les inciter à la conciliation ou à la retenue. Les minorités de Syrie – en particulier, les Alaouites qui sont en possession des appareils de contrainte de l’État – sont des minorités inquiètes pour leur survie qu’elles défendront par la violence. Faire sortir le Président syrien du jeu peut à la rigueur avoir une portée symbolique mais ne changera rien au problème. Ce n’est pas lui qui est visé, ce n’est pas lui qui est en cause, c’est l’ensemble de sa communauté. Et il faut être particulièrement aveugle pour ne pas voir que la politique de déstabilisation conduite par Washington vise l’Iran dont les Alaouites sont religieusement si proches.

    Puisque l’Arabie et le Qatar – deux monarchies théocratiques se réclamant du wahhabisme – sont théoriquement nos amies et nos alliées, nous aurions pu leur demander d’annuler la fatwa d’Ibn Taymiyyah... Il n’en a rien été. À ces minorités syriennes menacées, l’Occident, France en tête, n’a opposé que la condamnation sans appel et l’anathème parfois hystérique tout en provoquant partout – politiquement et parfois militairement – l’accession des intégristes islamistes au pouvoir et la suprématie des États théocratiques soutenant le salafisme politique. Il n’est objectivement plus possible de parler de la politique arabe de la France.

    Débarrassés des ténors du nationalisme arabe, de Saddam Hussein, de Ben Ali, de Moubarak, de Kadhafi, à l’abri des critiques de l’Irak, de l’Algérie et de la Syrie englués dans leurs conflits internes, les théocraties pétrolières n’ont eu aucun mal à prendre avec leurs pétrodollars le contrôle de la Ligue Arabe et d’en faire un instrument de pression sur la communauté internationale et l’ONU en faveur des mouvements politiques fondamentalistes qui confortent leur légitimité.

    Etrange apparaît en revanche l’empressement des Occidentaux à favoriser partout les entreprises intégristes encore moins démocratiques que les dictatures auxquelles elles se substituent et à vouer aux gémonies ceux qui leur résistent.

    Champsaur (à suivre...)

  • Les vrais amis de l'Afrique et des Africains : Carmes de Kaolack, Sénégal...(3/3)

    Développement durable au Sénégal.

     

    L'eau vive des Carmes, par Sophie Le Pivain (2/2).

     

                           (Pour accéder au site: http://www.carmel.asso.fr/Couvent-de-Kaolack.html ou http://www.lescarmesausenegal.org/ ).

     

     

    Franche coopération avec les chefs de village et amitié avec les habitants.

     

              En attendant, le Carmel de l'Enfant-Jésus, qui abrite la petite communauté -quatre Frères français, un novice venu de Guinée, et un jeune "regardant" Sénégalais-, s'est installé dans une maison de location dans la ville de Kaolack, a quinze kilomètres de leur terrain. Frère Luc-Marie, parfois accompagné ou relayé par ses Frères, se rend là-bas régulièrement pour s'occuper du projet. Il est devenu persona grata dans les villages.

     

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              Lorsqu'ils aperçoivent son 4x4 Pajero, des grappes d'enfants rieurs courent au-devant de lui en criant: "Luc! Luc!". L'un d'eux, né depuis son arrivée, porte même son prénom. Quant aux chefs de village, ils lui donnent une franche poignée de main et devisent sérieusement avec lui. Il confie même avoir noué des liens d'amitié avec certains, comme Amadou, un jeune homme solide à la mince silhouette et aux traits fins.

     

              Grâce à lui, entre autres, il a découvert la "Teranga" sénégalaise. Pour le prieur, "au Sénégal, la fraternité, l'entraide, la solidarité sont quelque chose de particulièrement sacré. On appelle cela la Teranga, qui signifie "accueil" en wolof. Parmi les grandes richesses de l'âme africaine, la plus belle est, sans doute, ce sens de l'amitié".

              Aujourd'hui Amadou, ce tout jeune père de famille de Keur Gallo, le village le plus proche, a l'un des premiers CDI locaux que le projet ne manquera pas d'engendrer. Depuis l'avancée des travaux, il est le gardien du terrain, où il a même sa case. Il peut ainsi surveiller la croissance des jeunes arbres de trente espèces locales que les Frères ont plantés l'année dernière, dans un programme de reboisement, et qui prospèrent grâce à un ingénieux système de goutte-à-goutte pompé dans le forage.

     

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    Réseau d'irrigation pour le reboisement

     

    L'aventure est loin d'être terminée.

     

              Avec l'acheminement de l'eau, beaucoup de perspectives sont ouvertes: la communauté espère améliorer la condition des femmes, qui disposeront de plus de temps, l'éducation des enfants, la formation professionnelle des jeunes, et l'activité économique. Les habitants ne s'y sont pas trompés, eux qui ont fait cadeau du terrain au diocèse. Lorsqu'un projet de monastère a été évoqué, ils ont envoyé quelques uns des leurs au monastère bénédictin de Keur Moussa, fondé par l'abbaye de Solesmes en 1961. pour voir ce dont il s'agissait. De retour, ils étaient unanimes: "Si c'est cela, ça vaut le coup !".

              C'est aussi ce qui a séduit la Coopération française, qui a financé 75% des 16.000 euros nécessaires au forage, après avoir vérifié qu'il correspondait bien aux critères sévères qu'elle impose. L'une des plus grosses subventions accordées la même année.

              Si les travaux se passent comme prévu, le château d'eau sera solennellement inauguré en mai, en présence de l'évêque, de l'ambassadeur de France, et d'autres personnalités civiles et religieuses locales.

              Mais l'aventure est loin d'être terminée. Car si l'eau du forage est bactériologiquement pure, elle affiche un taux de fluor excessif: 4,5 mg par litre, trois fois plus que les recommandations de l'OMS pour l'eau de boisson, avec des conséquences désastreuses pour les enfants: elle teinte les dents en noir, et fragilise les os pouvant entraîner arthrose, rhumatismes articulaires, rachitisme, et parfois handicaps moteurs ou débilité mentale. Jusqu'à présent, aucun système de traitement de l'eau fluorée n'a jamais été mis en place dans les huit cents forages sénégalais concernés. Faute d'investigation technologique, faute de moyens, faute aussi, de l'aveu même d'un acteur local, de savoir regarder loin vers l'avenir.

     

    Un projet qui pourrait faire boule de neige.

     

              Les religieux, eux, ont l'éternité pour seule perspective, et ne comptent pas leurs efforts. "La santé des populations doit être une priorité absolue, quels que soient les efforts que cela suppose", estime Frère Luc-Marie. Grâce à son carnet d'adresses devenu épais depuis son arrivée au Sénégal, le prieur a franchi un pas de plus dans l'initiative technologique, jusqu'à rentrer en contact (ci dessous) avec Courfia Diawara, scientifique sénégalais, maître de conférence à l'université de Dakar, et spécialiste d'une technique de traitement des eaux.

    KAOLACK 1.jpg

     

              Le projet des Frères pourrait bien donner corps au rêve que le scientifique caresse depuis plusieurs années: prouver que la nanofiltration, déjà utilisée partout dans le monde pour le traitement des eaux, l'électricité, l'industrie automobile, peut remédier au problème du fluor. Dès leur rencontre, Courfia, que Frère Luc-Marie appelle amicalement par son prénom, a organisé au Sénégal un grand colloque sur l'application au fluor de cette technique de pointe. Touchée par le projet des religieux, l'entreprise leader mondiale de la nanofiltration a proposé de financer la machine de filtration, avouant toutefois son scepticisme. Qu'à cela ne tienne ! Avec l'aide d'une compagnie aérienne amie, les Frères ont envoyé par avion un échantillon  de leur eau. A l'examen, en présence de Courfia, les résultats ont dépassé les espérances.....

              Assis dans son bureau de l'université qui jouxte le laboratoire, le scientifique jubile, sous son air grave, à l'idée que son pays pourrait ainsi venir à bout de la fatalité à laquelle semble s'être résolu décideurs politiques et entrepreneurs. "Nous ne sommes jamais allés aussi loin. Plus qu'une victoire, ce serait le début d'une grande aventure pour le Sénégal, explique-t-il. Si nous menons le projet à terme, il y a de fortes chances pour que cela produise un effet boule de neige." Sa plus grande fierté, s'il éradiquait ce problème de santé publique, serait de rendre service à son pays, ce qu'il a investi dans son éducation.

     

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    Filtration de l'eau
     
     

              Mais voilà, une fois filtrée, l'eau coûtera plus cher. Jamais à court d'idées, le religieux ont fait appel a Lamine Ndiaye, à la tête d'une entreprise d'installation d'éoliennes, espérant faire baisser le coût énergétique. Celui-ci a installé à un prix concurrentiel des anémomètres pour évaluer, selon la puissance du vent, l'intérêt de cette énergie renouvelable sur le terrain des Frères. Verdict dans un an. Dans sa djellaba blanche, le Sénégalais à la carrure imposante sait la raison de son geste envers les Frères de Kaolack:

     

              "J'ai été touché par l'aspect religieux du projet. Pendant que les musulmans offrent des sacrifices, les congrégations catholiques installées depuis longtemps au Sénégal œuvrent toujours beaucoup pour le développement durable. Je vous le dis en tant que musulman". (fin).

  • Michel Onfray et la longue marche vers la diabolisation, par Jules Torres.

    Source : https://www.valeursactuelles.com/

    Quelques semaines après avoir lancé sa revue Front populaire, de nombreux contributeurs sont venus apporter leur soutien à Michel Onfray. Pour le journal Le Monde, dans ces soutiens figurent des individus proches de l’extrême-droite, ce qui ferait de Michel Onfray une personnalité d’extrême-droite. Une stratégie de diabolisation qui dure pourtant depuis des années.

    « C’est dans l’inconcevable conviction d’incarner la guerre contre le Mal que s’est constituée la gauche d’aujourd’hui », disait Philippe Muray. Depuis quelques jours, certains médias mainstream mènent une campagne de diabolisation à l’égard de la nouvelle revue - pas encore sortie - Front populaire, et plus particulièrement son fondateur Michel Onfray, coupable d’errer dans les méandres de l’extrême droite. 

    C’est notamment le cas du Monde, qui publie un papier titré « Avec sa nouvelle revue « Front populaire », Michel Onfray séduit les milieux d’extrême droite ». Une analogie saisissante qui montre une fois de plus la stratégie sectaire de la gauche bien-pensante. De plus, Le Monde fait étalage dans son papier de plusieurs personnalités plus ou moins proches de l’extrême-droite. Mais les personnes citées ne sont que des contributeurs et non des auteurs. Stéphane Simon, le producteur de la revue Front populaire, dénonce un « papier abject et malhonnête. Ce n’est pas du journalisme mais de la police politique ». Le journaliste et écrivain André Bercoff tire lui aussi à boulets rouges sur le quotidien : « Le Monde il y a quarante ans était un journal de référence, ensuite il est devenu un journal de déférence et aujourd’hui c’est une feuille d’indifférence, à quelques talentueuses exceptions près ».

    « Débattre du souverainisme en 2020 avec Jean-Pierre Chevènement et Philippe de Villiers. L’affiche poussiéreuse pourrait presque faire sourire », lit-on dans le quotidien du soir. Il est vrai que publier des tribunes anti-consumériste signés par les représentants de ce même consumérisme, ça n’est pas « poussiéreux », mais ça fait sourire. « Le Monde juge le journal non pas sur son contenu mais sur ses abonnés, souligne Stéphane Simon. C’est une vraie chasse aux sorcières ». A croire qu’être souverainiste est devenu un gros mot. Julien Aubert, député souverainiste Les Républicains fustige ces méthodes : « On peut vouloir être indépendant et maître de sa destinée sans être fasciste. Cette caricature, qui aurait fait de Charles Pasqua ou Philippe Seguin de dangereux extrémistes, profite à tous les adversaires de la Nation ».

    Jamais avare de grandes homélies bien-pensantes, Laurent Joffrin n’a pas tardé à réagir, dans une énième tribune à l’encontre de Michel Onfray. Le directeur de la publication de Libération dit avoir « naguère rompu les lances » avec Onfray « qui tenait déjà des propos proches des thèses du RN ». Cette diabolisation, caricaturale soit dit en passant, ne date pas d’aujourd’hui et montre les lacunes du système idéologique dominant depuis le début de XXIe siècle. « La petite coterie médiatique croit qu'en affaiblissant la Nation elle est dans le camp du Bien », analyse le député Les Républicains Julien Aubert. De son côté, Jean Messiha, membre du bureau national du RN, tance ce système qui « vise à excommunier et ostraciser les gens »

    La longue marche vers la diabolisation

    En 2010, le philosophe publiait Le Crépuscule d'une idole, livre dans lequel il s’attaquait à Freud, et notamment à sa manière de faire de la science. Dans une tribune dans Le Monde (déjà), la psychanalyste Elisabeth Roudinesco avait accusé Michel Onfray de réhabiliter « un discours d’extrême-droite ». Après cette tribune, Michel Onfray fut même qualifié d’antisémite. Modèle d’« hitlerisation de l’adversaire », comme l’expliquait Murat, dans lequel on décrédibilise quelqu’un car il “pense mal”. Pourtant, le livre d’Onfray avait été salué par bons nombres de psychanalystes. 

    Ce pamphlet contre Freud n’avait pas plu à certains. Gérard Miller, psychanalyste médiatique, n’a sans doute pas digéré cette remise en cause du « père de la psychanalyse ». Dans un tweet posté il y a quelques jours, il a fustigé Michel Onfray, ce « Zemmour de gauche » devenu la « coqueluche de l’extrême-droite ». En bref, la gauche bien-pensante persiste à distribuer les étiquettes de bons et mauvais élèves. A croire que s’interroger sur l’islam et l’immigration fait de vous un partisan du RN. Onfray en est pourtant bien éloigné, lui qui a créé l’université populaire de Caen après le “choc” du 21 avril 2002.

    Quand les politiques se mettent à diaboliser

    En mars 2015, Michel Onfray est une nouvelle fois victime du sectarisme de la gauche, et est accusé de “faire le jeu” du Front national par le Premier ministre Manuel Valls. Le philosophe avait déclaré dans un entretien au Point qu’il préférait une « idée juste d’Alain de Benoist à une idée fausse de Bernard Henri Levy ». Coupable des “pires horreurs” en faisant appel à celui qui a façonné la “Nouvelle droite”, Manuel Valls l’avait accusé de « perdre les repères ». Une facheuse manie que les politiques ont à décrédibiliser ceux qui ne pensent pas comme eux. Comme le disait justement Michel Onfray, « on ne lutte pas contre le FN en disant que c’est le diable mais en le déconstruisant »

    Cette diabolisation par les politiques a gagné en intensité, qui plus est quand les médias se sont fait les porte-paroles des adversaires d’Onfray. Dans ce fameux article du Monde, un seul homme politique est interrogé, Alexis Corbière. Pour le député de la France insoumise, Michel Onfray « est devenu l’idiot utile d’une pensée réactionnaire qui a pour point de jonction une obsession anti-islam ». Et d’ajouter : « Il manque de rigueur. Il participe à une entreprise de démolition de la Révolution française. Il a une logique vendéenne ». Des propos balayés par Jean Messiha, cadre du RN, qui soutien le philosophe tout en le pensant toujours loin de ses idées : « Michel Onfray n’a pas encore franchi le Rubicond de l’identité ».

    L'industrialisation de la caricature

    Libération a depuis des années augmenté son mantra progressiste. En 2015, Michel Onfray s’interroge sur le traitement médiatique de la crise des migrants. Alerte générale dans les rédactions de la gauche morale. On pourrait même penser qu’une cellule de crise a été créé à la moindre prononciation de “migrant”, “immigration” ou encore “islam”. Quelques jours plus tard, Michel Onfray se retrouve en Une de Libération. Le quotidien créé par Jean-Paul Sartre — qu’Onfray a également déconstruit — affirme que le philosophe « défend des thèses qui alimentent la propagande d’extrême-droite ». Déjà à l’époque, remettre en cause une notion phare du progressisme amenait les plus zélés à la potence. 

    Mais cette technique de caricature et de décrédibilisation n’affecte pas seulement Michel Onfray. Eric Zemmour en est largement victime. Michel Houellebecq, avec son livre Soumission, a été vilipendé par les antiracistes. Alain Finkielkraut ne peut plus passer dans un plateau télé sans être caricaturé par les féministes à coup de montages vidéo. Bref, une seule mention du mot immigration ou islam fait de vous un nazi, un fasciste, un “néoréac”. Stéphane Simon, associé à Michèle Onfray pour créer Front Populaire, pense que le « système médiatique agit en petit kapo » et souligne un « réflexe de défense de l’élite bourgeoise ». Quant à Julien Aubert, il ne « supporte plus cette pensée du "reductio ad hitlerum" : Onfray est lu par des fachos donc Onfray est facho. La petite coterie médiatique croit qu'en affaiblissant la Nation elle est dans le camp du Bien ».

    Les Français seraient donc des nazis ? Les livres de tous ces “polémistes” se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires. Dire sa pensée est devenu périlleux dans ce conformisme ambiant. La situation actuelle de Michel Onfray montre une fois de plus la déconnexion entre les médias et le peuple. Si vous pensez mal ne dites rien, il ne faudrait pas « faire le jeu de l’extrême-droite ». André Bercoff, lui aussi régulièrement accusé de mal penser, parle lui de diabolisation à coup de “reductio ad lepenum”, qui ressemble à la « technique des staliniens dans les années 1950 ».

    Julien Aubert fustige également ces méthodes : « La diabolisation d'Onfray est ridicule. Avec le temps, s'est créé un gloubi-boulga idéologique où l'extrême-droite est confondue avec le nationalisme ou le patriotisme, voire le souverainisme. » « Si aujourd’hui même le fait d’être souverainisme vous vaut le même traitement qu’on lui réserve, c’est mauvais signe pour la démocratie », conclu Jean Messiha. L’exemple Onfray n’est qu’un cas de plus dans les intellectuels condamnés pour avoir mal pensé.

  • Ce cynique libéralisme des affaires, soutien de la Chine communiste, par Jean-Philippe Chauvin.

    1A.jpgLe libéralisme économique n’est pas forcément corrélé au libéralisme politique compris dans son acception démocratique, et la liberté des affaires n’est pas, loin de là, la liberté des citoyens ou des travailleurs, selon le domaine considéré : les lois libérales de mars et de juin 1791, celles de d’Allarde et Le Chapelier, vantaient la « liberté du travail » tout en écrasant, concrètement, celles des ouvriers et des corps intermédiaires professionnels, les corporations.

    jean philippe chauvin.jpgMais, aujourd’hui, quelques partisans du libéralisme économique, qui ne jurent que par la liberté des affaires (ou par les affaires tout court), sacrifient purement et simplement l’idée politique de liberté sans que cela ne fasse réagir au-delà de quelques cercles politiques ou humanitaires. Ainsi, David Baverez, dans un article publié ce mercredi 22 juillet dans L’Opinion (journal libéral et européen, et qui s’affiche tel), n’hésite pas à se faire l’allié objectif de la Chine communiste contre les étudiants démocrates de Hong Kong, avec des arguments révélateurs et qui nous renvoient aux pires heures de la Révolution française, pas forcément celles de la Terreur, mais plutôt des lendemains du coup d’État antiroyaliste de Fructidor et de la nouvelle dictature républicaine qui se parait des attributs du plus grand libéralisme économique… (1)

     

    Pour agaçant que puisse paraître le raisonnement de M. Baverez, il mérite d’être reproduit, lu et discuté, voire combattu : « Difficile de bien comprendre la floraison d’avis de décès de Hong Kong parus dans la presse occidentale depuis deux semaines lorsque l’on observe la frénésie habituelle de Nathan Road un samedi après-midi à Kowlon. » Une première remarque vient à l’esprit : la « frénésie » de consommation et de distraction, qui repose sur la tentation permanente et la néophilie consumériste, peut très bien se marier (et sans déjuger la société de consommation elle-même) à la dictature, ici communiste, comme l’a montré, dès le début des années 1930, Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes, qui décrit une société « globalitaire » étrangement ressemblante, à bien y regarder, à l’actuelle République populaire de Chine de Xi Jinping… En fait, Orwell, dans 1984, décrit plutôt l’ancienne Chine maoïste que celle d’aujourd’hui, et c’est aussi sans doute ce qui fait que le globalitarisme contemporain, plus subtil que les tyrannies du XXe siècle, est plus compliqué à combattre et, même, à délégitimer que les anciens totalitarismes abrupts et austères dénoncés par Orwell.

     

    Le libéralisme des affaires n’est pas le libéralisme politique, et Raymond Aron, qui ne voulait pas séparer l’un de l’autre, est aujourd’hui défait par David Baverez : « La réalité est que Hong Kong abandonne partiellement ses libertés politiques pour mieux assurer sa liberté économique. Compromission inacceptable pour l’Occident, compromis nécessaire aux yeux de la communauté d’affaires hongkongaise. » Les affaires valent bien quelques libertés (d’opinion et d’expression en particulier) en moins, semble-t-il, et l’auteur n’a pas un mot, dans toute sa tribune, pour défendre les étudiants et leur combat, ni pour la « démocratie » telle qu’elle existait, héritage colonial britannique, à Hong Kong avant 1997. Le parti-pris, au moins, est clair, et il semble bien que cet avis soit largement partagé dans certains milieux libéraux plus inspirés par Hayek que par Aron ou Tocqueville, ces mêmes milieux qui, hier, soutenaient les dictatures sud-américaines cornaquées par le « Grand frère » de Washington et prônaient un anticommunisme qui n’avait pas que de « bonnes » raisons…  

    En fait, l’idée de Baverez est que le modèle capitaliste de Hong Kong a influencé le Continent chinois (le « Mainland », suivant le vocabulaire de Baverez) dans les années 2000 et a permis à la République populaire de prospérer, et que, après la crise financière de 2008, ce modèle a dérivé vers une spéculation immobilière néfaste pour la jeunesse de Hong Kong et a perdu sa capacité « d’inventer » un nouveau modèle urbain : si la première proposition (pour l’après-crise de 2008) est juste et avérée, la seconde est moins probante, les villes occidentales n’ayant pas, elles-mêmes, su développer un modèle de métropolisation « verte », et l’on voit mal en quoi Hong Kong aurait pu faire exception au système général de la métropolisation et de ses applications concrètes au sein de l’archipel métropolitain… Mais non, non et non, et au contraire de l’idée précédente émise par Baverez, la Chine ne s’est pas écartée de son idéologie communiste ni de la stratégie de Deng Xiao Ping, ce « petit timonier » bien plus intelligent et efficace que son prédécesseur Mao : pour Deng comme pour ses successeurs, il s’agit de réussir, pour la Chine comme pour son système communiste (fût-il « de marché »), là où Lénine, Staline ou les autres dirigeants marxistes ont échoué en se trompant sur l’ordre de la fin et des moyens…

     

    Mais le libéral Baverez ne veut pas en démordre, l’idéologie libérale passant avant la valorisation des libertés humaines et, d’ailleurs, il ne prend même pas de précautions oratoires quand il évoque ces dernières, reléguées bien après les affaires : « Aujourd’hui, c’est donc plutôt en repensant la manière dont elle peut et doit s’inscrire dans le prochain cycle de croissance chinois que Hong Kong défendra au mieux ses libertés restantes. » Cette phrase, apparemment anodine, est terrifiante d’abandon et de cynisme, car elle semble expliquer que, hors de la Chine communiste (et j’insiste sur « communiste »), telle qu’elle est et pourrait néanmoins être (sans aucune assurance autre que la « foi » de l’auteur…), il n’y a pas d’avenir pour Hong Kong et encore moins pour les Hongkongais. Autre remarque : hors de l’économie, ou des affaires, point de salut pour les libertés dites « restantes », selon David Baverez ! Comme si l’économie primait sur tout, et que les hommes ne vivaient que de croissance économique et de « consommation sans fin » (le mot « fin » pouvant ici être compris aux deux sens du terme…) ! En fait, on peut à nouveau reconnaître à l’auteur une grande franchise et cela nous démontre, a contrario, tout l’intérêt de ne pas laisser l’économie ou les seuls intérêts financiers ordonner le monde et nos vies, et toute l’importance de penser les libertés en termes de politique, tout en rendant à l’État (et nous parlons là de la France qui n’a pas vocation à devenir Hong Kong ou à céder aux sirènes du libéralisme sans limites) les moyens de sa politique et ses raisons d’être, celles du service de l’ensemble et des parties de la nation, indépendamment des jeux d’argent et des idéologies anthropophages

     

    Notes : (1) : Le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) a été perpétré par trois des cinq directeurs pour empêcher les royalistes, devenus démocratiquement majoritaires dans les deux Conseils (assemblées) du Directoire, d’accéder au pouvoir et de rétablir légalement la Monarchie royale. Désormais, la République ne peut plus se passer de l’armée pour exister tandis que le Pouvoir du Directoire n’apparaît plus que comme la propriété des nouveaux riches soucieux de conserver leurs acquis issus de la vente des Biens du clergé (dits « Biens nationaux ») au début des années 1790… C’est le triomphe d’une bourgeoisie urbaine et libérale, « révolutionnaire mais pas trop » et conservatrice d’elle-même, ne reculant devant aucune illégalité pour maintenir son train de vie et ses prérogatives…

  • Guerres politiques sur fond de crise, par Hilaire de Crémiers

    (Voici l'Analyse politique d'Hilaire de Crémiérs, parue dans le numéro  de Politique magazine, décembre 2011)

     

    Ce que les gens ne comprennent pas encore, c’est que nous vivons la fin d’un système. Les guerres politiques n’en seront que plus féroces.

     

           Nicolas Sarkozy est entré en campagne ; il a commencé sa guerre, c’est évident. L’astuce du président sortant est de faire comme si ce n’était pas le cas. Il déclare qu’il est tout absorbé par sa charge. Soit, de fait. Ce qui ne l’empêche pas de profiter du moindre espace de parole pour livrer d’insolentes remarques et de multiplier les déplacements en province et sur les lieux de travail les plus divers, surtout ceux où brille l’excellence française. Ainsi au Cnes de Toulouse. Autant d’occasions de lancer contre l’adversaire les flèches redoutables de l’homme sérieux, en fonction de chef, qui sait les choses et qui peut et qui veut. Et de suggérer qu’il est dans la crise,  à la différence de tous les autres, y compris  dans son camp, toujours sur la brèche, et peut-être encore plus sur le plan international que sur le plan national, pour la défense des intérêts de la France et des équilibres du monde. Et d’insinuer qu’il y a par conséquent incongruité, voire inconvenance, sinon presque félonie à le cribler de critiques, d’injures, de coups. Il faut avouer que c’est très bien joué et, d’ailleurs, sa cote de popularité remonte : 32 % au jour d’aujourd’hui. 

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    Campus de l'UMP : les cadres du Parti dans la bataille électorale.... 

            Les ministres, le Premier ministre lui-même ne sont plus chargés que de répéter partout et en toutes circonstances, qu’ils le veuillent ou non, et alors que la candidature n’est pas officialisée, que le seul candidat possible et « crédible », c’est évidemment Nicolas Sarkozy, ce qu’ils font tous très bien, même ceux qui, sans le dire, se verraient mieux à sa place. Et en outre, quand ils agissent, surtout pour rattraper des affaires mal enclenchées ou presque perdues ou difficilement agencées comme la vente des rafales à Abou Dhabi ou comme le déblocage des crédits promis aux collectivités territoriales, de le faire au nom du chef de l’État qui est sur tous les fronts et qui rétablit toutes choses. Le voici donc omniprésent et cependant absent, hors de l’arène où les concurrents s’agitent déjà pour exister ; il excite ainsi – et il le sait fort bien – l’imagination du corps électoral français qui aime ces faux suspenses et que les commentateurs politiques patentés, de toutes obédiences et sur tous les médias, alimentent en réflexions indéfinies que la crédulité populaire pense être de la politique. Lui aussi, d’ailleurs, car il est crédule, sans forcément être dupe, comme naguère François Mitterrand. Ce qui est sûr, c’est qu’il cherchera à tirer bénéfice de cette situation le plus longtemps possible. L’UMP qui est le parti du président, n’est plus désormais qu’un instrument, ce qu’elle a toujours été malgré les apparences, selon cet implacable mécanisme qui est devenu comme la loi institutionnelle fondamentale de la Ve République. Les Centres n’y pourront rien ; les Droites nationale ou populaire non plus. Rien, tant que le mécanisme présidentiel subsistera, n’infléchira la dure réalité du pouvoir. Celui qui tient le parti majoritaire, tient le pouvoir ; ensuite il se présente comme l’homme de la France, et alors il est dit que son succès naît de sa rencontre heureuse avec les Français. La mystagogie républicaine a l’art de couvrir d’un voile pudique les manœuvres de l’ambition.

     

     

    Un système habile de candidature

            Il est toujours possible d’agiter des idées en s’imaginant que la nécessité du rassemblement permettra de les promouvoir ; les naïfs minoritaires pensent de cette façon peser dans la balance. En fait, ces idées seront marginalisées parce qu’elles gênent. Les réformes constitutionnelles et institutionnelle de Sarkozy à tous les niveaux et en tous les domaines ont accentué le phénomène de bipolarisation partisane, y compris dans les syndicats. Ce qui réduit considérablement la possibilité concrète de faire aboutir des idées nouvelles. Les réformes proposées ne sont jamais dans un pareil cadre que des manières de faire durer le système, éventuellement en l’améliorant. Souvent en empirant ses tares.

     

    Ce qu’on appelle le débat politique

            L’UMP élabore donc un programme. Pour la présidentielle, pour les législatives, c’est difficile à affirmer puisque le Président fera comme il le jugera bon au moment opportun, que lui seul déterminera, sachant qu’il a des hommes qui travaillent pour lui. 

            Jean-François Copé qui s’est emparé de l’UMP pour le coup d’après – il l’a expressément signifié –, met toute son ardeur à ramasser quelques idées sur la fiscalité, sur les taxes antidélocalisation, sur la TVA sociale, sur les entreprises et les PME, sur le temps de travail, sur l’enseignement… Tout cela est bien mais il est permis de se demander pourquoi, s’il était si facile de les imaginer, ces si évidentes réformes n’ont pas encore été mises en place… En fait l’UMP est surtout chargée d’éreinter l’adversaire socialiste. Et là il est vrai que Jean-François Copé et ses amis d’aujourd’hui et concurrents de demain excellent. Le triomphe est facile. L’adversaire est tellement ridicule. Les lazzi jaillissent naturellement des lèvres des honnêtes gens. Troquer des centrales nucléaires contre des circonscriptions électorales dans un accord aussi criminel que bouffon n’est certes pas glorieux pour ce malheureux Hollande qui n’est qu’un fils de bourgeois parfaitement niais et inapte à tout gouvernement : il est de plus entouré de cette bande invraisemblable de socialo-bourgeois aux ambitions aussi démesurées que déçues, aux haines et aux rancunes recuites. Éva Joly est une caricature. La Cécile Duflot, quant à elle, tire les marrons du feu.

            Rien de tout ça n’est sérieux. Brocarder le programme d’Hollande ne va pas loin. Sa cote, d’ailleurs, descend. Ce qui est grave, c’est que la politique, en cette heure de crise gravissime, se réduise à ces jeux stériles. Qui le dira ? Qui peut le dire ?

            Nicolas Sarkozy s’engage à sauver l’outil industriel français. Soit. Mais que peut-il faire ? Qu’a-t-il réussi à faire au cours de ces quatre et presque cinq ans ? Marine Le Pen l’interpelle : elle pointe les défaillances. Auprès d’un électorat populaire, elle aura raison. Sa gouaille lui servira. Elle aussi, comme le candidat Sarkozy en 2007, elle fait du bonapartisme. En France, ça prend toujours. S’imaginer qu’il sera possible dans les derniers jours de la campagne de ravir à nouveau ces voix en invoquant sainte Jeanne d’Arc et saint Michel et Péguy et De Gaulle et Barrès et Jaurès et tutti quanti, comme en 2007, c’est une gageure. Elle n’est pas gagnée. Nicolas Sarkozy n’a pas été concrètement assez national. Cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas la France, mais il est rempli, comme tant d’autres de sa génération, d’idées trop européistes, trop mondialistes ; ses modèles de vie ne sont pas assez français. Il faudrait qu’il fasse un retournement spectaculaire en ce sens. En a-t-il vraiment le goût ? Giscard avait perdu en 81, non parce que la France était passée à gauche mais parce que les Français étaient déçus. 

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      Nicolas Sarkozy accueillant le nouveau président du Conseil italien, Mario Monti. Au programme de cette rencontre où Angela Merkel sera présente : tenter d'unifier les politiques économiques des pays de l'Union européenne. 

     

    La terrible conjoncture

            Et puis et surtout, ce que Sarkozy ne devrait pas oublier, c’est précisément qu’il est le plus exposé parce qu’il est en situation de responsabilité effective. Il est à la manœuvre et la tempête, loin de se calmer, est sur le point de se déchaîner. Tout, littéralement tout, se détériore. Et donc tout peut arriver, même qu’il perde ! Y pense-t-il ? Il n’a rien vu venir. Pas plus que les autres ! Il a toujours cru quand il avait passé un obstacle, qu’il avait gagné, alors qu’il ne faisait que courir au-devant du suivant deux fois plus dur. Il n’a pas anticipé. Son entourage trop divers et qu’il choisissait selon les circonstances, l’ancrait dans ses certitudes de victoire. Les financiers l’ont grugé, l’ont mystifié. Il n’a pas vu que la zone euro était travaillée par un mal inexorable ; les remèdes qu’il apportait aggravaient la maladie. Maintenant rien ne va plus. S’il est le candidat d’un système en train de s’effondrer, il s’effondrera avec… et peut- être même avant l’échéance des élections prévues.

            Ce qui s’est passé en Grèce et en Italie peut aussi bien dorénavant se passer en France. La crise emporte tout. La commission de Bruxelles, le FMI et la finance internationale, Goldman Sachs singulièrement, placent leurs hommes aux postes-clefs. Ils sont de plus chrétiens, ce qui leur donne un air de moralistes, mais ils relèvent de cette démocratie-chrétienne qui a été un des agents politiques les plus destructeurs de nos vieilles nations. Lucas Papademos en Grèce, Mario Monti en Italie, Mario Draghi, le nouveau gouverneur de la BCE, sont tout à fait typiques de ces gens qui ont fréquenté les mêmes milieux, les mêmes banques, les mêmes idées. 

            Il n’y a plus d’élections, plus de peuples ; il n’y a plus que des experts chargés de résoudre le problème de la dette ; il est insoluble. Parce que trop, c’est trop. Comme il a été écrit dans ces colonnes, le FESF se révèle totalement insuffisant et sa formule n’est pas fiable. La Commission de Bruxelles avec l’autorité de son président José Barroso et celle de Herman  van Rompuy, le président de l’Union européenne, essaye de créer malgré tout des euro-bons ; il n’y a aucune raison que ces obligations réussissent : les Etats sont tous endettés. Des additions de dettes ne peuvent servir de garanties pour de nouvelles dettes. De toutes façons les Allemands ne veulent pas mutualiser lesdites dettes. 

            D’ailleurs eux-mêmes sont dorénavant en difficulté : ils n’ont pu lever que la moitié des six milliards d’obligations dont ils avaient besoin cette fin d’année. Le signe est clair. Il se dit que les banques allemandes sont aussi malades que les autres. La Belgique est au bord du gouffre sans gouvernement avec une dette à 100 % de son PIB. L’Espagne de Rajoy n’aura de chance de s’en sortir qu’en revenant à un nécessaire patriotisme. En aura t-il le courage ?

            La France de même. L’avenir n’est pas, contrairement à ce que croient Nicolas Sarkozy et son gouvernement, dans un axe Paris-Berlin où ils placent toutes leurs dernières espérances ; il leur faudra accourir aux injonctions de plus en plus rugueuses d’Angela Merkel et de Wolfgang Schäuble. Les rencontres européennes qui se multiplient cette fin novembre et ce début décembre pour sauver l’euro en cherchant à monétiser toutes les dettes, n’augurent rien de bon. Les peuples n’accepteront pas d’être dépouillés de leur souveraineté au nom d’une unité budgétaire qui serait institutionnalisée à la va-vite pour un euro où ils ne se reconnaissent pas et qui ne leur apportent plus rien que des déboires. Transformer par un subterfuge le traité de Lisbonne déjà obtenu par artifice afin de créer une Europe fédérale, ne passera pas. Le temps des technocrates et des politiciens est fini. C’est un système général qui s’effondre. Tout en est affecté ; les États- Unis et leurs banques sont pris au même piège, la Chine et ses banques également. La zone euro ne résistera pas à l’épreuve. La crise sociale viendra inéluctablement, suivie de la crise institutionnelle, dans un monde où plus rien ne tient debout et où ce qu’on appelle le réveil des peuples peut déboucher sur des risques de troubles et de conflits en chaîne.

            Les institutions françaises sont-elles adaptées à de telles circonstances ? C’est aujourd’hui la vraie question. Refaire un Etat national resserré sur l’essentiel de ses fonctions pour mieux sauver la société française, devrait être le noble but de toutes les volontés fortes qui cherchent confusément une issue au-delà du drame qui ne fait que commencer ■

     

    (L'Analyse politique d'Hilaire de Crémiers, parue dans le numéro  de Politique Magazine, décembre 2011)

  • Violences de rue : quand le réel s’impose, par Régis de Castelnau.

    Source : https://www.vududroit.com/

    L’affaire « Augustin » du prénom de ce jeune garçon frappé pour avoir voulu défendre des jeunes filles harcelées a provoqué un débat furieux, à l’occasion duquel les belles âmes ont joué leur rôle habituel, sans mesurer la nouveauté de la situation due à l’irruption d’une violence incontrôlable dans les centres-villes jusqu’alors à peu près épargnés et dans tous les lieux estivaux ou les Français souhaitaient pouvoir récupérer un peu du confinement.

    2.jpgLe problème, c’est que l’affaire Augustin, dans sa banalité a été révélatrice, d’abord d’une rage exaspérée de l’opinion publique face à la réalité de cette explosion violente et à l’incapacité volontaire ou pas de l’État de jouer son rôle de protection de la population. Ensuite, la technique qui consiste fort classiquement à disqualifier le messager pour faire sortir du réel ce qu’il raconte, a été porté à un paroxysme tellement grotesque qu’il ne peut plus marcher. On va quand même rappeler que l’agression physique dont a été victime le jeune homme, aboutissant une fracture de la mâchoire et probablement l’obligation d’une opération des vertèbres cervicales, est intervenue alors qu’il prenait la défense de jeunes filles lourdement harcelées par cinq individus bardés dans leur arrogance et leur sentiment d’impunité. La « bobo-sphère », d’abord un peu sonnée est ensuite montée à l’assaut en faisant état des opinions politiques d’un gamin de 17 ans. Paraît-il royaliste, ce qui permet instantanément de le transformer en pétainiste, antisémite, fasciste et pour finir évidemment nazi. Ce qui avait pour conséquence de prétendre que l’agression et le harcèlement n’avait pas eu lieu. Ou en tout cas, n’était qu’une vague « incivilité » comme le raconte l’actuelle novlangue. Marlène Schiappa et Jacques Toubon nous avaient pourtant expliqué que le harcèlement de rue était quasiment un crime contre l’humanité. Et dans l’affaire Clément Méric les belles âmes avaient acclamé un verdict de condamnation d’Esteban Morillo à 11 ans de réclusion criminelle, alors que celui-ci n’avait porté qu’un seul coup à la malheureuse victime. Fort heureusement, le jeune Augustin n’a pas heurté un trottoir en tombant, il en sera quitte pour une alimentation à la paille pendant quelque temps, mais le féminisme et la non-violence des belles âmes se révèlent une fois de plus drôlement à géométrie variable.

    RT m’a posé quelques questions. Je reproduis l’entretien ci-dessous

    Régis de Castelnau

     

    RT : Rebondissant sur la récente agression du jeune Augustin, amplement commentée dans la presse, l’avocat Régis de Castelnau s’exprime auprès de RT France sur l’«ensauvagement» du pays et le «sentiment d’insécurité» des Français. RT France : On assiste depuis plusieurs semaines à une succession de cas de violences plus ou moins relayés dans les médias. L’agression d’Augustin est-elle un énième fait divers ?

     Régis de Castelnau : Ce que le président de la République, suivi ensuite par son nouveau ministre de l’Intérieur, a qualifié d’incivilités, est la conséquence d’un phénomène particulier qui s’est produit cet été dans notre pays. On connaissait déjà et depuis longtemps, les banlieues abandonnées, territoires perdus de la république et laissés à la gestion commune de la pègre, de l’islamisme et du clientélisme politique le plus cynique. La lecture de la presse vous confronte à une litanie de soi-disant fait divers qui présentent tous les mêmes caractéristiques : émeutes, vols avec violences, agressions en bande, trafic de drogue à ciel ouvert, harcèlements sexistes etc. etc. La nouveauté, c’est que les centres-villes, ainsi que les lieux de loisirs estivaux, et ce dans toute la France, ont eux aussi été abandonnés à une délinquance de rue particulièrement violente. Toute la panoplie de ce qui pourrit la vie des couches populaires déjà secouées par le confinement est au rendez-vous. Et en général, on est confronté à une absence d’intervention policière digne de ce nom, et lorsque les voyous sont interpellés, la justice fait preuve d’une absence de réaction tout à fait stupéfiante. Rappelons-nous cette agression au marteau contre un père de famille, ou celle de ce maire demandant de faire moins de bruit et dont les auteurs pourtant identifiés et arrêtés immédiatement été relâchés dans la nature avant même que les victimes aient été entendues. Cette présentation est malheureusement conforme au réel, dans la mesure où tout ceci ne se déroule plus seulement dans les « quartiers » mais dans les centres-villes de tout le pays, pourtant jusqu’à présent à peu près protégés. L’agression du jeune Augustin n’est donc pas un fait divers, mais relève d’un phénomène de masse sur les causes et les conséquences duquel il conviendrait de travailler sérieusement. Alors il est probable que cette partie délinquante de la jeunesse s’est retrouvée complètement disponible compte tenu de la disparition des occupations estivales et de la possibilité des voyages à l’étranger. Il y a également une autre caractéristique que l’on retrouve dans chacune des agressions, c’est l’incroyable sentiment d’impunité qui habite les voyous, et une arrogance liée à ce qui s’est produit avec l’affaire Traoré et l’importation en France des débats américains après la mort de Georges Floyd. La complaisance initiale d’Emmanuel Macron, demandant à sa ministre de la Justice et à son ministre de l’Intérieur de prendre le parti de la famille Traoré, les interventions d’un certain nombre d’intellectuels indigénistes considérant ces violences comme quasiment justifiées par le passé esclavagiste et colonial de la France. Ce qui s’est produit dans notre pays pendant ces longues semaines est un fait politique extrêmement important, qui a élargi la question de l’insécurité en lui donnant des caractéristiques ethniques qu’il est difficile de nier. Ces questions vont constituer un enjeu considérable dans les débats politiques qui s’amorcent dans la perspective de la prochaine présidentielle.

     RT France : Comment interpréter l’absence de réactions (du moins dans l’immédiat) des membres du gouvernement dans cette affaire ?

    Régis de Castelnau : Cette absence de réaction est liée justement à l’ambiguïté de celle d’Emmanuel Macron au moment de la manifestation du comité Adama Traoré au sortir du confinement. La complaisance qu’il a manifestée validant en quelque sorte le récit pourtant mensonger faisant d’Adama Traoré un martyr de la violence systémique et raciste de la police française. Il a quand même demandé, en pleine procédure judiciaire et en violation de la séparation des pouvoirs, à la garde des Sceaux de recevoir la famille plaignante ! Et ensuite, Christophe Castaner, dont il est difficile de penser qu’il agissait de sa propre initiative, a déclaré officiellement que la loi républicaine était d’application à géométrie variable, et que les interdictions de manifestation pour cause de pandémie et par nécessité de protection de la population, n’étaient pas applicables dès lors qu’il s’agissait de défiler pour Traoré ! Il y a probablement d’autres raisons à la discrétion des membres du gouvernement, avec tout d’abord la terreur qui les habite d’être critiqués par les belles âmes et les peoples. Les opinions d’Omar Sy ou de Virginie Despentes ont beaucoup plus d’importance que celles des couches populaires confrontées à cette violence. Ensuite, chez eux aussi, bien placés pour savoir l’incroyable affaiblissement de l’Etat dans ses fonctions régaliennes, la peur que ces interventions répressives voulues par les Français provoquent un embrasement qui deviendrait incontrôlable. Cela en dit long sur la situation que 30 ans de gabegie ont permis d’installer.

     RT France : La droite a largement réagi à cette agression, en usant notamment du slogan «Justice pour Augustin», tandis que la gauche s’est faite plus discrète. Y a-t-il un risque de récupération politique de cette affaire ?

    Régis de Castelnau : La « récupération politique » est chose normale et souhaitable dans un régime démocratique. Les opinions doivent pouvoir se confronter, et les différents courants doivent pouvoir s’exprimer. Le présenter comme un risque est une manœuvre habile visant à éviter d’en parler pour masquer le réel ou à disqualifier l’événement pour lui retirer ses caractéristiques qui permettent de le rattacher justement à cet « ensauvagement » dénoncé par le nouveau ministre de l’Intérieur sous les clameurs indignées de la police du langage, toujours soucieuse de prendre la pose et d’exhiber ce signe extérieur de richesse qu’est son antiracisme. Exprimé en général depuis ses quartiers où elle voit furtivement les travailleurs issus de l’immigration dès lors qu’ils viennent ramasser ses poubelles, faire la plonge dans ses restaurants, tenir les caisses de leur Carrefour City ou garder leurs enfants. On se moque des opinions politiques du jeune Augustin, la seule question qui est posée : a-t-il été passé à tabac à cinq contre un dans un de ces centres-villes abandonnés à la violence ? Je renvoie à Christophe Guilluy décrivant ce phénomène de façon savoureuse. Alors, dans l’affaire Augustin, avec un peu de retard à l’allumage, la bobosphère a essayé de déconstruire la réalité en pointant la personnalité et les opinions politiques du jeune homme. Et ensuite en relevant que des commentateurs qualifiés « d’extrême droite » s’étaient indignés de l’agression. Méthode tout à fait classique, et d’une malhonnêteté confondante que l’utilisation de cet « ami imaginaire » de la « fachosphère », sorte de doudou confortable sur lequel ces braves gens se précipitent pour pratiquer un de leurs sports favoris : le déni du réel. En mettant pour cela en avant opinions politiques du jeune Augustin, alors que la seule question posée est : a-t-il été passé à tabac à cinq contre un dans un de ces centres-villes abandonnés à la violence, parce qu’il intervenait verbalement pour s’opposer à un harcèlement de rue ? Tout le reste n’est que du bavardage.

    RT France : Assiste-t-on à un « ensauvagement » de la société française, comme l’estiment certains politiques et observateurs ; ou s’agit-il d’un effet de loupe dû à l’accroissement de la circulation de l’information?

    ​Régis de Castelnau : Il me semble que ce que l’on appelle « ensauvagement » est la forme particulière qu’a prise la délinquance violente cet été dans un espace public élargi et sur l’ensemble du territoire. La violence délinquante n’est pas nouvelle, et toutes les sociétés en connaissent. La question de son augmentation, surtout en ce qui concerne la délinquance qui affecte la vie des couches populaires, permet un débat sans fin. Statistiques contre ressenti, ce qui permet de prétendre que cette violence diminue, et que l’insécurité n’existe pas et qu’il s’agit simplement d’un « sentiment d’insécurité ». Le problème, c’est que dans une démocratie, ce qui compte c’est justement le « sentiment d’insécurité ». Et que cette prétention à traiter les gens comme des demeurés incapables de prendre en compte la réalité des chiffres est finalement d’une arrogance sociale assez stupéfiante. Il y a environ 243 000 cambriolages par an en France [de résidences principales, chiffre du ministère de l’Intérieur pour 2016], et les professeurs de maintien vous diront à la publication d’une statistique identifiant une diminution de 10 % par exemple, que c’est bien la preuve de la baisse de l’insécurité. Le problème c’est qu’il va falloir l’expliquer aux 218 000 familles restantes qui ont été cambriolées. On leur souhaite bon courage. Je ne pense pas que l’on puisse prétendre à un effet de loupe des réseaux, qui dans l’information ne font que rééquilibrer l’attitude des médias qui, parfois pour des raisons honorables ont tendance à masquer et à minorer Je ne pense pas que l’on puisse prétendre à un effet de loupe des réseaux, qui dans l’information ne font que rééquilibrer l’attitude des médias qui, parfois pour des raisons honorables, ont tendance à masquer et à minorer. Ce qui est incontestable en revanche c’est que les réseaux sont un espace de débat qui reflète les tensions qui travaillent durement la société française. Et il ne faut pas s’imaginer, comme le faisaient les promoteurs de la loi Avia, que c’est en cassant le thermomètre qu’on fera reculer la maladie. Ce qui compte sur cette question, c’est bien justement «le sentiment d’insécurité» qu’il n’est pas possible de traiter en qualifiant d’imbéciles ceux qui le ressentent. Et c’est lui qui aura des conséquences politiques.

    Et compte tenu de ce qui s’est passé cette année, ce sera un sujet majeur.