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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

    À interdire absolument et immédiatement...

    ...cette invasion "à bas bruit", qui s'installe insidieusement, doucement, d'abord; puis, peu à peu, l'anormal devient l'habituel banal...

    C'est le Système, la République idéologique qui a installé chez nous ces masses venues d'Afrique, largement musulmanes, leur livrant ainsi notre Pays, le Pays de nos Pères, la France, par simple haine de tout ce qui est constitutif de cette France bi-millénaire, qui était déjà "France" (en devenir) avant même d'être et de s'appeler France : notre héritage gréco-romain adossé à notre héritage judéo-chrétien. Pour achever la "guerre d'extermination" (le mot est de René Viviani, socialiste) que la Révolution a déclaré au catholicisme, la République idéologique, le Système pense en finir avec lui en faisant appel à l'Islam, ce qui est une erreur monumentale car c'est Chateaubriand a raison : "Otez le Christianisme, vous aurez l'Islam"...

    Pensant achever le Christianisme avec l'aide de l'Islam, le Système serait le premier à être balayé par celui-ci, si d'aventure il devenait majoritaire. Il se séparerait alors des "idiots utiles" qui l'auraient amenés au pouvoir et les jetterait dans "les poubelles de l'Histoire" (le mot est de Trotsky).

    Mais cela n'arrivera pas.

    Dans L'Action française du 6 juillet 1912 (article "L'Hospitalité"), Maurras écrit ceci :

    "Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie."

    Cette génération existe, elle est là, elle est prête...

    En attendant, d'accord avec Gilbert Collard :

    "À la Rose, comme dans tous les quartiers nord de #Marseille, les habitants ont été réveillés dès six heures du matin par l'appel à la prière pour l'#Aïdelkebir : tout va bien dans le pays où les laïcards veulent interdire les crèches et les cloches !"

    (extrait vidéo 0'23)

    https://twitter.com/GilbertCollard/status/1545818204282421248?s=20&t=1rcSB3tU-Ym1e77Iv9POOA

     

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    Macron a voulu d'UBE(u)R et de l'argent d'UBE(u)R !

    Encore un scandale pour Macron, mais cette fois c'est le scandale de trop, un scandale d'État : il est avéré que Macron, Ministre de l'Économie et des Finances en 2015, a favorisé Uber, ses intérêts et son implantation en France, au détriment du modèle économique et social français. Il s'est fait le laquais d'Uber, sa carpette, son petit télégraphiste, se couchant - et forçant ainsi la France à se coucher - devant les intérêts économiques d'un groupe étranger. Parfaite allégorie et illustration du Système républicain idéologique : l'État se couche devant la finance internationale, "la fortune anonyme et vagabonde", parce qu'il est lui-même - l'État - aux mains de l'Argent, de l'Argent-roi, qui le "tient" parce que c'est lui qui paye les élections et les élus, qui doivent le "rembourser", après, bien évidemment.

    Et nous, royalistes, sommes révolutionnaires de cet état de fait, de cet État-là, soumis à l'Argent-roi et à toute sorte de puissances, qui n'ont pas en vue l'intérêt national, le Bien commun, mais leur intérêt bassement matériel à elles.

    Nous voulons remettre l'argent à sa place et dans son rôle, qui est de servir, et c'est tout. Et nous voulons remettre le Roi à sa place : Chef de l'État, un État libéré de l'Argent, des groupes de pression, de l'étranger, des partis et factions... et qui n'aura en vue, lui qui sera pleinement et absolument libre de toute influence, que l'intérêt national et le Bien commun...

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    1. Goldnadel sans complexe, contre l'extrême-gauche dangereuse, toute ! :

    "Je suis engagé clairement et depuis toujours contre l’extrême gauche. Je considère que cette extrême gauche-là est particulièrement virulente et dangereuse, et pas seulement sur le plan politique..."

    (extrait vidéo 0'33)

    https://twitter.com/Je_Puig/status/1545861521016000512?s=20&t=9rV2g8gwWlK87eMai0Px1A

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    2. François-Xavier Bellamy a raison, mais c'est quand même trop facile de toujours dénoncer "les conséquences", sans jamais vouloir remonter aux "causes"; pire : en s'interdisant de le faire, par vénération superstitieuse de l'idole "république". Bossuet a raison : "Dieu se rit des hommes qui maudissent les conséquences dont ils chérissent les causes !"

    Bellamy dit (et nous ne pouvons qu'être d'accord) :

    "La France devient une addition de communautés qui ne se savent plus liées par une culture commune, pour des raisons connues, comme le phénomène migratoire, mais aussi du fait d'un échec éducatif très grave et maintenant bien documenté..."

    Mais, la vraie question, c'est : pourquoi ?

    On attend avec impatience la réponse à ce "pourquoi ?" de tous ceux qui constituent "l'Intelligence" française - au sens où Maurras prenait ce mot dans son "immense petit livre" (le mot est de Pierre Boutang) : L'avenir de l'Intelligence" 

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    3. Oui, le Système est devenu fou, il est "en folie" : deux preuves, par l'actualité toute simple... :

    Une infirmière de l’hôpital d’Avignon, malade du COVID, est contrainte de travailler alors que le gouvernement refuse, scandaleusement et d'une façon inhumaine,  de réintégrer les 15.000 soignants "virés sans rien" (ni indemnités, ni chômage...)
    Une personne de plus de 60 ans est considérée comme fragile et doit recevoir une 4eme dose (on sait les liens qui unissent le gouverne-ment et les Laborotoires...). Mais la même personne de plus de 60 ans est considérée comme en pleine forme pour travailler jusqu'à 65 ans...

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    Très bonne "Une", mais c'est "la République", et pas "la France", qu'il fallait mettre...

     

    4. Il n'y a pas que le Système qui soit "en folie". Une bonne part du "Pays légal catholique" aussi : tel le "Diocèse de Bayeux et Lisieux", qui ose poster ceci :

    @DiocesedeBayeux

    "A nos amis #musulmans des différentes communautés du #Calvados, très belle fête à vous !"

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    Le diocèse de Bayeux et Lisieux nous ferait-il un "syndrome de Stockholm" ?

     

    5. D'accord, évidemment avec Pierre Gentillet, qui redit ce que nous avons écrit ici assez souvent :

    "Il y a un lien d’évidence et de statistiques entre l’immigration et la délinquance. Selon le Ministère de l’Intérieur, en 2021, 23,5% des détenus sont de nationalité étrangère..."

    (extrait vidéo 0'37)

    https://twitter.com/Pierre_GTIL/status/1545522116950368262?s=20&t=9rV2g8gwWlK87eMai0Px1A

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    5 BIS. Et d'accord aussi avec Jean Messiha, face à un "aveugle volontaire" de LFI :

    "...Comme il s’agit d’un immigré, en situation irrégulière qui plus est, pour LFI c’est une éternelle victime. Ce type a agressé des policiers. On se demande si la Justice rend encore la justice au nom du peuple français..."

    (extrait vidéo 1'23)

    https://twitter.com/ReconqueteRUN/status/1545986474084007936?s=20&t=9rV2g8gwWlK87eMai0Px1A

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    7.                                           SACCAGE PARIS

     

    Sur le compte tweeter de Dominique Dupré-Henry :

    "Les nouveaux quartiers aménagés par la Ville, souvent sur d’anciennes friches ferroviaires, cumulent tous les handicaps face au #RéchauffementClimatique. Extrait de notre tribune, publiée par @Le_Figaro, pour alerter: #Paris doit changer de politique urbaine, il y a urgence !"

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    Vous pouvez cliquer sur l'image, pour l'agrandir, et, ensuite, utiliser le zoom...

     

     

    À DEMAIN !

  • À la découverte du fonds lafautearousseau (48) : sur Balzac...

    lafautearousseau, c'est plus de 28.000 Notes ou articles (et autant de "commentaires" !), 21 Albums, 49 Grands Textes, 33 PDF, 16 Pages, 366 Éphémérides...

     

    Il est naturel que nos nouveaux lecteurs, et même certains plus anciens, se perdent un peu dans cette masse de documents, comme dans une grande bibliothèque, et passent ainsi à côté de choses qui pourraient les intéresser...

    Aussi avons-nous résolu de "sortir", assez régulièrement, tel ou tel de ces documents, afin d'inciter chacun à se plonger, sans modération, dans ce riche Fonds, sans cesse augmenté depuis la création de lafautearousseau, le 28 février 2007...

    Aujourd'hui : Sur Balzac...

    (tiré de notre Éphéméride du 20 mai)

    (retrouvez l'ensemble de ces "incitations" dans notre Catégorie :

    À la découverte du "Fonds lafautearousseau")

     

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    1799 : Naissance de Balzac

     

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     • Site de la Maison de Balzac : http://maisondebalzac.paris.fr/

     

     •Site du Château de Saché, dans l'Indre, haut-lieu Balzacien s'il en est (ci dessous) : http://www.lysdanslavallee.fr/fr/contenu/musee-balzac#.VxXTiUeVdk8

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    "J'écris à la lueur de deux vérités éternelles : la Religion, la Monarchie, deux nécessités que les évènements contemporains proclament." Voilà ce que l'on peut lire dans l'Avant-propos de La Comédie Humaine (La Pléiade). "La Royauté est plus qu'un principe : elle est une nécessité !" écrit aussi Balzac dans son peu connu Catéchisme social, essai inachevé, qui ne sera publié qu'en 1933...

     

    Jacques de Guillebon, qui lui consacre dans Le Livre noir de la Révolution française une excellente étude, intitulée Balzac, critique organique de la Révolution française, commence néanmoins son essai par cet avertissement :

    "Balzac est fondamentalement non politique, dans le sens de l'imagination moderne de ce terme, et ce serait une grande erreur que de vouloir lire dans sa gigantesque comédie le reflet ou l'élaboration d'une cité des hommes proprement rationnelle." 

    Après le titre de son essai, et ce premier avertissement, Guillebon donne une troisième clé pour connaître et comprendre Balzac: avant d'écrire sa Comédie, il s'est exercé à philosopher. Mais, s'il s'intéressera toute sa vie à la spéculation pure, "il ne saura jamais très bien à quoi s'en tenir pour sa vision de la métaphysique".

    Et, poursuit Guillebon, "c'est pourquoi, en réalité, son rapport à la France, à ses institutions et à ses successifs régimes politiques est entièrement charnel".

    On a pu parler, à propos de Balzac, d'un "tournant de 1830", époque à laquelle se nouent réellement et définitivement ses convictions politiques : François Taillandier écrit que cette année-là "devant les témoignages d'intérêt et d'estime que ses amis lui prodiguent, il se sent devenir à toute allure monarchiste et catholique".

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    "Mais - reprend Guillebon - ce sont surtout les périls induits par le triomphe des idées nouvelles issues du XVIIIème siècle qu'il s'essaie à mettre en évidence : Balzac a beaucoup réfléchi à ce phénomène qui, au XVIIIème et au XIXème siècle se présentait tantôt sous le vocable d'humanitarisme, tantôt sous celui d'une philanthropie issue de la philosophie des Lumières, et ce qu'il en dit, en maints endroits de La Comédie Humaine est souvent surprenant par sa modernité : du masque de la fausse compassion individuelle à celui d'une pseudo-générosité collective d'idéologies couvrant des visées totalitaires, à moins qu'elles en dissimulent les tares d'un développement débridé de l'individualisme...".

    Il est intéressant, à ce stade, de se souvenir que Karl Marx disait de Balzac qu'il avait "l'intelligence du mouvement historique"...

    Et Guillebon termine son essai en citant ce passage de Balzac, dans Le Départ, où il raconte comment il a salué Charles X partant pour l'exil:

    "Dans quelques mois, vous saurez que, même méprisant les rois, nous devons mourir sur le seuil de leurs palais, en les protégeant, parce qu'un roi, c'est nous-mêmes; un roi, c'est la patrie incarnée; un roi héréditaire est le sceau de la propriété, le contrat vivant qui lie entre eux tous ceux qui possèdent contre ceux qui ne possèdent pas.

    Un roi est la clé de voûte sociale; un roi, vraiment roi, est la force, le principe, la pensée de l'Etat, et les rois sont des conditions essentielles à la vie de cette vieille Europe, qui ne peut maintenir sa suprématie sur le monde, que par le luxe, les arts et la pensée. Tout cela ne vit, ne naît et ne prospère que sous un immense pouvoir..."

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     Ci dessus, sa cafetière, et des manuscrits corrigés...

     

    En 1837, une des plus glorieuses années de Balzac - où il publie Histoire de la grandeur et décadence de César Birotteau - Balzac publiera un court ouvrage, Rois de France, consacré aux six Louis qui se succèderont, de Louis XIII à Louis XVIII. Devenu introuvable, ce petit ouvrage, fort intéressant, sera réédité en 2017 par notre ami Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, qui le fera suivre de pages fort intéressantes également sur Napoléon 1er, tirées d'un ouvrage précédent (1833) : Le médecin de campagne.

    Péroncel-Hugoz dédiera cette "édition marocaine de Rois de France" à :

    "Son Altesse royale l'émir Moulay-Hassan, prince héritier du Maroc (né en 2003).

    Et à son Altesse royale le prince Gaston de France (né en 2009), espoir des royalistes français."

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    lafautearousseau a donné quatre extraits de ce petit ouvrage, sous forme de "bonnes feuilles" :

     • 1er extrait : La « secte » des Encyclopédistes, la décomposition morale - élites et société - au XVIIIe siècle (pages 75 à 79)

    • 2ème extrait : Les erreurs de Louis XVI face à la Révolution (chapitre complet)

     • 3ème extrait : l'infanticide perpétré contre le petit roi Louis XVII (pages 96 à 99)

     • 4ème extrait : Louis XVIII (pages 102 à 105)

     

     Le 45ème de nos Grands Textes est, justement, de Balzac.

    Le 16 août 1830, Balzac est à Cherbourg pour apercevoir et saluer le Roi, Charles X, qui quitte la France, pour toujours. Un peu plus d'un an après, il écrit un très court texte, Le départ, dans lequel il définit son royalisme.

    Dans un autre de ses textes peu connus, paru dans les Contes bruns, il écrit : "Le plus beau pouvoir connu… Tout arbitraire et tout justice; le vrai roi !…"

    Sa doctrine est loin d’être celle des grands théoriciens traditionalistes de l’époque comme Maistre, Bonald, Ballanche ou le premier Lamennais; loin aussi de ce que sera le royalisme que Maurras voudra logiquement démontrer, prouver...

    Balzac n’invoque pas comme les premiers les justifications morales, juridiques ou métaphysiques du principe de légitimité; ni, comme le second, le fameux "la raison le veut".

    Il met en quelque sorte tout cela au second plan, puisqu’il va jusqu’à identifier légitimisme et absolutisme. Mais, bien sûr, au sens vrai de ce mot, que reprend François Bluche dans son magistral Louis XIV, et qui forme d'ailleurs, lui, notre 36ème Grand Texte : 

    La "Monarchie absolue", c'est la monarchie parfaite, par François Bluche

    Le "système" de Balzac, son royalisme, la Royauté qu'il défend et le Roi qu'il respecte, c'est un système de défense de la société. 1830 rappelait brutalement 1789, et, qui sait, pouvait rapidement se transformer en 1793...

    GRANDS TEXTES (45) : Le départ, par Honoré de Balzac

  • Grandes ”Une” de L'Action française : mort de Philippe VIII, le grand roi qui a manqué à la France...

    À cause de l'inique Loi d'exil, alors en vigueur, c'est à l'étranger que s'est éteint le Roi, le dimanche 28 mars 1926. Voici donc la "Une" du lendemain, lundi 29 mars :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k762633f

    En France, le Roi ne meurt pas; et donc, sitôt la triste nouvelle annoncée, retentit le cri joyeux, que reprend ici la manchette du quotidien :

    LE ROI EST MORT, VIVE LE ROI !

    C'est Charles Maurras qui rédige le long article d'hommage - "Monseigneur le duc d'Orléans" -  qui annonce le "passage" du flambeau au Duc de Guise, Jean III, dont la photo orne la "Une", comme celle de son prédécesseur. Son règne, s'il eût régné ? Lisons Maurras :

    "...Quelle révélation pour le pays si le sort l'eût voulu ! Je ne donnais pas à la France quinze jours pour en délirer... Pour nous qui conservons du moins le riche et puissant écrin de nos souvenirs, ce que nous perdons est encore peu de choses en comparaison de ce que la France perd : un chef-né, un chef de droit et de raison qui eût été le chef aimé. Il y a peu d'exemple d'une méconnaissance plus complète et plus douloureuse, ni de plus lamentable dilapidation d'un si beau trésor..."

    Léon Daudet (voir plus bas) a relaté "le service funèbre pour l'âme de Monseigneur le duc d'Orléans, enlevé brusquement à nos espérances, loin de cette terre de France d'où la barbarie républicaine, depuis 1886, le tenait exilé."

    Les articles sur le défunt occupent également une partie des pages deux et trois :

    • "La vie d'exil de Monseigneur le duc d'Orléans", en page deux, où se trouve également le court mais excellent article de "JB" : "Les progrès du rattachement de l'Autriche à l'Allemagne"; lucide, prémonitoire... comme d'habitude...

    • "Le duc d'Orléans pendant la guerre", en page trois;

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

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    1. Le long article de Maurras (sur les trois colonnes de gauche et le tiers supérieur de la quatrième) :

    (intégralité de la première colonne)

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    (Colonnes deux et trois; cliquez sur les images pour les agrandir...)

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    (fin de l'article, tiers supérieur de la quatrième colonne)

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    2. Juste en-dessous de l'article de Maurras, une courte note, "La mort du Prince", et le bref récapitulatif suivant :

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    3. Et enfin, sur plus des deux tiers de la cinquième et dernière colonne de cette "Une", présentation rapide du nouveau Roi : Jean de France, Duc de Guise (cliquez sur les images pour les agrandir un peu...) :

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    4. En page deux, l'article de Jacques Bainville :

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    (cliquez pour agrandir...)

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    (tiré de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet (321 photos), photo "la Reine de France" aux obsèques de Philippe VIII")

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    Nous sommes en 1926. Le duc d'Orléans, Philippe VIII, vient de mourir, en terre étrangère, "interdit de France" par l'inique loi d'exil.
    Celle-ci datait du 26 juin 1886, et ne fut abolie que le 24 juin 1950, sur proposition du député MRP du Morbihan, Paul Hutin-Desgrées.
    Cette loi interdisait l’accès et le séjour sur le sol français aux chefs des familles royale (et impériale) ayant régné sur la France, ainsi qu’à leur fils aîné. Elle interdisait également à tous les hommes de ces familles de servir dans l’armée française.
    Mais, à la différence des précédentes, cette loi ne concernait que les "prétendants" (Orléans et Bonaparte) ainsi que leurs fils aînés, et pas les autres membres de la famille.
    A Notre-Dame de Paris a lieu un service funèbre : Léon Daudet, qui y assiste avec Maurras, raconte...

    De "Paris vécu", pages 271 à 273 (fin de l'ouvrage) :

    "...Voici maintenant, à Notre-Dame de Paris, le service funèbre pour l'âme de Monseigneur le duc d'Orléans, enlevé brusquement à nos espérances, loin de cette terre de France d'où la barbarie républicaine, depuis 1886, le tenait exilé.
    A ce grand Prince qui, s'il eût régné, eût écarté le fléau sanglant de 1914, fils de l'incurie effroyable du régime autant et plus que de la mégalomanie allemande, à ce souverain de Shakespeare, fait pour le pouvoir suprême et dont la vie ne fut qu'un long supplice, succédait, dans le Droit et dans l'Exil, un autre magnanime Héritier : Monseigneur le duc de Guise. Rien de plus beau qu'une telle acceptation, et si simple, d'un si haut devoir.
    Mêlées au sentiment d'admiration, de regret, de douleur, de deuil, la ferveur royaliste et la certitude animaient cette foule compacte, serrée, silencieuse, mais brûlante, d'hommes, de femmes, de tout âge et de toute condition, de jeunes gens aux regards fiers, de belles jeunes filles, toutes et tous marqués du signe du dévouement.
    Cette foule, cette armée, je la connais bien. Depuis vingt ans, elle s'est rassemblée autour de notre Action Française, rassemblée elle-même autour de Maurras. Nombreux sont les absents morts à la guerre, au premier rang, ou tombés ici dans les luttes politiques sans merci, pour avoir voulu arracher la Patrie à son bourreau, au régime infâme. Mais absents de corps, ils sont présents par l'âme. Marius Plateau, Ernest Berger, mon fils Philippe sont auprès de nous, parmi nous, au-dessus de nous. Je distingue le délicieux sourire de mon petit garçon, son doux visage attentif, un peu penché.
    La portail s'ouvre à deux battants... c'est le jour limpide et franc, le jour léger, à peine bleuté de Paris, qui délivre et délie l'angoisse de la grande ville.
    Avec lui une forme est entrée, une forme féminine, vêtue de noir; aussi belle et sûre que sculptée par Phidias, glissant avec lenteur plus qu'elle ne marche.
    Droite sans rigidité, elle s'avance à travers le respect sans un souffle de ces milliers de figures passionnées, tournées vers Elle.
    On distingue maintenant un regard pur et grave, étonnamment jeune, irradiant, évoquant la plus haute poésie et les plus gracieuses héroïnes de notre histoire, suave et comme dessiné par le grand Florentin.
    C'est Elle.
    C'est la reine de France.
    Un frisson d'orgueil et de confiance
    impossible à réprimer, rédempteur, a passé à travers la multitude attentive. Cet unanime silence crie et acclame sous les voûtes solennelles, dans l'espace muet et blanc.
    Cependant, Madame n'a cessé de progresser, impalpablement, telle une fée, comme si ses pas déliés frôlaient l'eau et la brume, dans la campagne matinale de chez nous.
    La nef est parcourue.
    La voici au niveau de Maurras. Elle s'arrête un instant, un dixième d'instant, et fixe son regard, diamant irrisé de vert, sur ses yeux et son front de lion.
    Déjà, Elle a a franchi notre chef aimé, celui que nous mettons, sachant pourquoi, à quelques centaines de lieues en avant de tous nos meilleurs contemporains.
    Je me suis penché vers Maurras et je lui ai dit : "Vous êtes payé."
    Cependant que cet évènement, chargé de promesses et de latences incommensurables, s'accomplissait, un Prince auguste et son fils, quintessence de notre race, dans un manoir de la banlieue de Bruxelles, de l'accueillante et douce Bruxelles, sortie des tortures de l'occupation allemande, étaient en communion de pensée avec Celle qu'acclamaient nos coeurs, les coeurs de milliers de Parisiennes et de Parisiens.
    Le dur exil un instant se fendait, leur laissant voir, deviner comme un mirage, ce spectacle unique et qui imprimait à tous les assistants ce que les Bretons appellent l'intersigne heureux : une transe, accompagnée d'un présage d'or."



    Illustration : ouvrage offert au Prince en 1895. Reliure signée de PETIT, à son chiffre "P" couronné.

     

     

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    Pour lire les articles...

    Cliquez sur le lien qui suit ces quelques explications; vous tomberez sur la Une du lundi 29 mars 1926. En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k762633f#

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  • Éphéméride du 22 octobre

    741 : Mort de Charles Martel

    Exterminateur des envahisseurs musulmans, il fut le véritable fondateur de la deuxième dynastie, celle des Carolingiens (il est le grand-père de Charlemagne)... 

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    Charles donna, "chez nous", à Poitiers, le coup d'arrêt définitif à une expansion guerrière qui, jusqu'à lui n'avait pas été stoppée (voir l'Éphéméride du 25 octobre) : en 711, des tribus guerrières musulmanes, venues de l'actuel Maroc et de l'actuelle Mauritanie étaient entrées en Espagne par Gibraltar ("Djebel al Tarik", "la montagne de Tarik", du nom du chef de ces tribus) puis avaient conquis toute la péninsule, à l'exception du Pays Basque, occasionnant la chute complète de la monarchie wisigothique, refoulée de Gaule par Clovis après sa victoire de Vouillé (voir l'Éphéméride du 25 mars...). Puis, franchissant les Pyrénées, ces tribus s'étaient aventurées dans les terres franques, au sud-est jusqu'à la Provence et, vers le nord, remontant jusqu'à Poitiers...

    En langue d'oc, Martel ou Martéu signifie "marteau", et par ailleurs, le "marteau d'armes" était aussi, à l'époque, une arme de combat : le surnom de "Martel" vient donc probablement de là, pour celui qui a écrasé, tel un marteau, et avec son marteau, les troupes musulmanes.

     

    http://www.universalis.fr/encyclopedie/charles-martel/ 

    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre II, L'essai mérovingien :  

    "...Cet héritier, c'est Charles Martel. Les d'Héristal sont décidément une race douée. Charles a du caractère, du talent. Les circonstances le serviront, et il excelle à saisir les circonstances. Comment s'impose-t-on à un peuple ? Toujours de la même manière : par les services rendus. Charles représentera l'ordre et la sécurité. Il a déjà battu les agitateurs neustriens : la légalité est rétablie. Il dompte encore les Saxons, toujours prêts à se remuer et à envahir.

    Mais une occasion plus belle et plus grande que les autres vient s'offrir : une invasion nouvelle, l'invasion des Arabes. Ce n'est pas seulement une race, c'est une religion, c'est un monde ennemi qui apparaît avec eux. Sorti du fond de l'Arabie, l'Islam avance vers l'Occident. Il a réduit à rien l'Empire de Constantinople, conquis l'Afrique du Nord, l'Espagne, franchi les Pyrénées, pénétré dans les vallées de la Garonne et du Rhône.

    Cette menace refait l'union des Gaules. L'Aquitaine, toujours jalouse de son indépendance, même sous les plus puissants des Mérovingiens, s'alarme, tourne les yeux vers le grand chef militaire du Nord. On a besoin d'un sauveur et il n'y en a d'autre que le duc d'Austrasie. Charles se fit-il désirer, ou bien, pour intervenir, pour entraîner ses troupes, fallut-il que le danger se rapprochât ? Il ne se mit en campagne qu'après la prise de Bordeaux par les Arabes. Abdérame montait toujours. Charles, qui reçut ce jour-là le nom de Martel, le rencontra et le mit en fuite près de Poitiers (732).

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    L'Austrasien avait délivré le pays et il continua, au Sud, à le nettoyer des Arabes. Après un pareil service rendu à la nation, les d'Héristal apparaissaient comme des sauveurs. Vainqueur des "infidèles", Charles était à la fois un héros national et un héros chrétien. Le pape Grégoire III sollicitait le secours de son bras et Charles répondait avec empressement : ce bienfait ne devait pas être perdu. Qui l'eût dès lors empêché d'être roi ? Il ne voulut rien gâter par la précipitation. Il s'était borné à ne pas remplacer un obscur Mérovingien, Thierry IV, mort en 737.

    Charles était si bien souverain, sans en avoir le titre, qu'il retomba dans l'usage des Francs, dans la faute de Clovis : avant de mourir, il partagea ses États entre ses deux fils, Carloman et Pépin. Mais tout devait réussir aux d'Héristal. Pépin et Carloman, par miracle, furent d'accord. Les vieux partis avaient relevé la tête, des troubles avaient éclaté. Les deux frères tirèrent d'un cloître le dernier rejeton des Mérovingiens pour se couvrir de la légitimité. Ils soumirent les rebelles. Cela fait, Carloman eut le bon esprit d'abdiquer et de laisser le pouvoir à son frère, l'énergique Pépin.

    Les derniers obstacles étaient franchis : la dynastie carolingienne n'avait plus qu'à succéder à l'ombre mérovingienne. L'état de fait fut consacré, non seulement par le consentement des grands et de la nation, mais par une consultation du pape qui fut d'avis que le vrai roi était celui qui exerçait le pouvoir : Zacharie récompensait le service rendu à Grégoire III par le père de Pépin.

    Le changement de dynastie se fit sans secousses (752). Il avait été admirablement amené. Toutes les précautions avaient été prises. Le dernier Mérovingien avait disparu, l'opinion publique approuvait. La consécration du Saint-Siège, le "sacre", rendait la nouvelle dynastie indiscutable et créait une autre légitimité. La substitution fut si naturelle qu'elle passa presque inaperçue. Le maire du palais était devenu roi. L'autorité était rétablie, le pouvoir puissant. Une ère nouvelle s'était ouverte, celle des descendants de Charles Martel, les Carolingiens."

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    Tombeau, Saint Denis
     
    Le fils de Charles Martel, Pépin le Bref, père de Charlemagne, sera le premier "roi sacré" de la France : voir l'Éphéméride du 27 juillet...
     
     
     

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    1784 : Le jeune Bonaparte reçoit son brevet de "Cadet gentilhomme"

     

    De Jacques Bainville, Napoléon (pages 23/24):

    22 octobre,cézanne,afp,havas,parachute,charles martel,chaunu,sainte victoire"...Il n'est pas sûr que l'élève de Brienne ait eu une idée arrêtée sur l'arme à laquelle il se destinerait, lorsque Reynaud de Monts le désigna avec la mention "artilleur" pour passer au corps des cadets-gentilshommes à la grande École militaire de Paris. Ses bonnes notes en mathématiques lui avaient valu ce choix. Sa qualité de Corse ne lui avait pas nui. L'inspecteur ne s'était arrêté qu'aux aptitudes et aux mérites... Sous le règne de Louis XVI, l'artillerie était depuis plusieurs siècles l'arme savante (ci contre, le "Gribeauval" des armées de Louis XVI, ndlr). Ne l'était-elle pas avant l'invention de la poudre à canon ? Les "cataphractes" formaient déjà un corps de combattants scientifiques chez les Romains.

    À la veille de la Révolution, l'artillerie française, de l'avis général, était la meilleure de l'Europe. Sous la direction de Gribeauval (voir l'Éphéméride du 9 mai), elle avait encore accompli des progrès. Napoléon aurait d'excellents maîtres pour apprendre le métier d'artilleur. Il ne faut pas oublier plus qu'il ne l'avait oublié lui-même qu'en somme il sortait de l'armée royale et qu'il lui devait ce qu'il savait. C'était le maréchal de Ségur, ministre de la Guerre, qui, le 22 octobre 1784, avait signé son brevet de cadet-gentilhomme. Seize ans plus tard, le premier Consul donnait une pension au vieux soldat de la monarchie, et, le recevant aux Tuileries, lui faisait rendre les honneurs par la garde consulaire. C'était comme un salut à la vieille armée..."

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     L'École militaire de Brienne...

    http://napoleonbonaparte.wordpress.com/2007/09/09/bonaparte-eleve-au-college-dautun-a-lecole-de-brienne-a-lecole-militaire-de-paris/

     

     Dans notre Album Drapeaux des Régiments de France, voir les douze photos de la partie II (Après les vieux corps et les petits vieux), consacrée à l'apparition des Régiments d'artillerie, notamment celle-ci ("Bonaparte au Régiment de La Fère") :

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    1797 : Le premier saut en parachute

     

    Il est effectué par Jacques Garnerin, qui ne déposera le brevet de son invention qu'en 1802, mais qui réalise son premier saut en 1797, en s'élançant d'une montgolfière au-dessus du Parc Monceau.

    Son ballon étant parvenu à 915 mètres d'altitude, il coupe la corde reliant le ballon à la nacelle. Celle-ci redescend, conformément à ses prévisions, suspendue à un parachute...

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    1835 : Création de l'AFP

     

    Charles-Louis Havas crée la première agence d'information mondiale, sous le nom "Agence des feuilles politiques, correspondance générale".

    Les nouvelles en provenance des journaux étrangers sont envoyées par pigeon voyageur, et traduites dès leur arrivée à Paris...

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    1906 : Mort de Paul Cézanne

     

    Ci dessous, une des très nombreuses représentations qu'il a faites de la montagne de la Sainte Victoire :

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    On aura d'intéressants renseignements sur les lieux qui ont marqué le peintre en cliquant sur le lien suivant :

    http://www.atelier-cezanne.com/

     

     

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    1973 : Création du Parc naturel régional du Haut Languedoc

     

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     Dolmen de la Gante  
     
     
     
     

  • Le sort des chrétiens en Turquie, par Annie Laurent

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    LE SORT DES CHRÉTIENS EN TURQUIE

     

    Il y a une volonté politique d’éradiquer les chrétiens de Turquie présents pourtant bien avant les Turcs, cette région étant l’un des berceaux du christianisme. Encore aujourd’hui, ils subissent dans ce pays persécutions et humiliations dans une large indifférence internationale.

    Annie_Laurent.jpgLorsqu’on sillonne la Turquie avec le Nouveau Testament en mains, une réalité s’impose : cet immense territoire, autrefois appelé Asie Mineure,conquis progressivement par les Turkmènes venus d’Asie centrale à partir du XIème siècle, est l’un des principaux berceaux du christianisme. En témoignent la multitude de sites archéologiques et d’édifices religieux : Antioche-sur-l’Oronte, premier siège apostolique établi par saint Pierre ; Tarse, ville natale de saint Paul ; Éphèse, où séjourna la Vierge Marie après la Pentecôte et où se déroula en 431 letroisième concile œcuménique, au cours duquel elle fut proclamée Theotokos (« Mère de Dieu » en grec). Le territoire actuel de la Turquie en accueillit d’ailleurs six en tout, les premiersde l’histoire de l’Église : Nicée (325 et 787), Constantinople (381 et 680) et Chalcédoine (451). Là furent fixées les premières définitions dogmatiques, en particulier celles qui concernent la Trinité et la christologie. D’Asie Mineure sont aussi originaires des Pères et docteurs de l’Église (les saints Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Irénée) ; saint Basile de Césarée y organisa un monachisme florissant, notamment en Cappadoce ; des martyrs, tel saint Polycarpe, évêque de Smyrne, y offrirent leur vie par fidélité à Jésus-Christ. Enfin, les sept Églises du livre de l’Apocalypse sont situées en Anatolie.

    Il est donc indéniable que l’Asie Mineure joua un rôle décisif dans la consolidation du christianisme oriental et dans son rayonnement universel. Mais que reste-t-il aujourd’hui de ce passé florissant ? Les chiffres sont éloquents. Selon le chercheur Joseph Yacoub, la présence des chrétiens en Turquie, estimée à environ 20 % au début du XXème siècle, ne constitue plus aujourd’hui que moins de 0, 2 %, soit 100 000 sur 84 millions d’habitants (1).

    Le statut des communautés chrétiennes est généralement présenté comme fixé par le traité de Lausanne (24 juillet 1923), acte international de reconnaissance de la Turquie post-ottomane. Ce document comporte des dispositions relatives aux droits des minorités « non-musulmanes » qualifiées de « protégées ». Il leur garantit « l’égalité devant la loi et le même traitement que celui qui s’applique aux ressortissants musulmans en matières de droits civils, politiques, culturels et religieux » ; recommande « laprotection aux églises, synagogues, cimetières et autres établissements religieux des minorités non-musulmanes » ; et assure que « toutes facilités et autorisations seront données aux fondations pieuses et aux établissements religieux et charitables des minorités » (art. 37 à 44).

    Mais ces minorités n’étant pas nommément désignées dans le texte, l’État turc a décidé unilatéralement de n’en conférer le bénéfice qu’aux Arméniens apostoliques (non catholiques)et aux Grecs du patriarcat œcuménique (2). Les premiers sont sous l’autorité du patriarche Sahak II Machalian, les seconds sous celle de Bartholomée 1er, tous deux résidant à Istamboul. En 1923, les populations arméniennes et grecques, bien que décimées par le génocide et les massacres commis par les troupes kémalistes durant la guerre d’indépendance, étaient encore assez conséquentes, mais aujourd’hui les Arméniens comptent 60 000 fidèles ; quant aux Grecs, il n’en reste que 2 000 !

    A leur égard, les autorités turques adoptent une interprétation restrictive des dispositions du traité de Lausanne. Leurs institutions sont soumises à une loi de 1935 qui demandait aux Églises concernées de dresser l’inventaire de leurs biens et de le déclarer, ce qu’elles ont fait. Mais, en l’absence de décrets d’application, l’État applique à leur égard de sérieuses discriminations ou spoliations, recourant pour cela à des ordonnances de police. Ainsi, en 1970, le séminairesarménien Sainte-Croix (Istamboul)a été fermé arbitrairement ; l’année suivante, une mesure semblable visaitl’institut de théologie du Patriarcat orthodoxe situé sur l’île de Halki, en mer de Marmara. Aucun des deux n’a été rendu à leurs propriétaires. Ces fermetures empêchent d’assurer la relève du clergé local et pourraient entraîner à terme la disparition des deux patriarcats. En effet, selon une règle fixée par l’État, leurs titulaires doivent être turcs et élus par des métropolites (évêques) de nationalité turque.

    Malgré la primauté – d’honneur et/ou de juridiction – du patriarche orthodoxe sur quelque 250 millions de fidèles dans le monde, Ankara ne lui reconnaît pas son titre œcuménique ; pour lui, il n’est que le gérant d’un culte local. En 1994, l’établissement d’une représentation officielle du Patriarcat auprès des institutions européennes de Bruxellesa suscité une protestation du gouvernement au motif que « le patriarcat n’a pas d’existence légale » (3). En fait, aucune des Constitutions dont s’est dotée la République turque (de 1928 à 2016) ne mentionne la reconnaissance de ces Églises.

    Même leurs œuvres caritatives sont entravées dans leur action puisqu’elles sont assujetties à l’impôt sur les sociétés. En 1974, une décision de la Cour de cassation a interdit la vente de propriétés immobilières aux minorités chrétiennes, sous prétexte que cela nuirait à l’intérêt national. Elle exigea aussi la saisie de certains de leurs orphelinats, hôpitaux et écoles au motif qu’elles en étaient devenues propriétaires après 1936. Maigre consolation : le 16 décembre 2019, le président Erdogan a signé un décret autorisant le patriarche arménien à porter son habit religieux hors de ses lieux de culte (4). Au nom de la laïcité, Atatürk avait en effet supprimé les tenues religieuses de tous les rites. 

    Parmi les autres confessions chrétiennesprésentes sur le territoire turc, il faut distinguer deux groupes. Il y a d’abord les Églises de culture syriaque qui se répartissent entre catholiques (chaldéen, syriaque et maronite)ou non (assyrien) – environ 15 000 fidèles en tout. L’État turc a toujours refusé d’appliquer à ces « Orientaux » les clauses du traité de Lausanne relatives aux minorités dont ils remplissent pourtant les critères puisqu’ils disposent dans le pays de structures ecclésiales, notamment des diocèses et des paroisses. Mais seuls les individus sont pris en compte et à ce titre leur est concédée une certaine tolérance pour la pratique du culte. Leurs Églises ne bénéficient d’aucune personnalité juridique et ne peuvent donc ni posséder et gérer des institutions scolaires et sociales propres ou des séminaires, ni construire des églises. Cette interdiction s’applique aussi à la transmission de leur langue et de leur culture. L’Église grecque-catholique, de rite byzantin, est soumise au même traitement.

    Quant aux « Occidentaux » (latins et protestants, 25 000 en tout), ils ne peuvent justifier la légitimité de leur présence dans le pays que sur les lettres que le gouvernement turc adressa aux autorités françaises, italiennes et britanniques en marge du traité de Lausanne, garantissant le maintien sur place de leurs œuvres éducatives et hospitalières fondées plusieurs siècles auparavant par des missionnaires européens. Mais, privés de toute personnalité juridique,ils n’en sont plus que les gérantset ne peuvent acquérir des biens immobiliers, par achat ou héritage, employer du personnel, ester en justice, etc. Pour ces actes, il leur faut recourir à des fidèles laïcs qui agissent en leur nom propre.

    C’est en 1906, sous le règne du sultan-calife Abdulhamid II, qu’a eu lieu la dernière construction d’une église, Saint-Antoine à Istamboul. Il n’y en a d’ailleurs aucune à Ankara, capitale du pays. Dans certains sanctuaires (Saint-Paul à Tarse, la Maison de Marie à Éphèse)transformés en musées payants sous Atatürk, la célébration de messes est soumise à autorisation de l’administration (5). En 2011 et 2013, deux anciennes églises grecques-orthodoxes dédiées à sainte Sophie, l’une à Trébizonde, l’autre à Nicée, qui avaient été converties en mosquées sous les Ottomans puis en musées sous Atatürk, ont été rouvertes au culte musulman.

    « Nous existons et en même temps nous n’existons pas », constatait Mgr Luigi Padovese, vicaire apostolique d’Alexandrette, en 2010 peu avant son assassinat (6). Aucune des démarches entreprises par les papes depuis l’établissement de relations diplomatiques entre le Saint-Siège et la Turquie (1960) n’ont permis de réparer ces injustices.Dans un contexte où l’islamisme se conjugue avec le nationalisme exacerbé, comment s’étonner du développement d’un climat anti-chrétien qui s’est exprimé par une série d’humiliations, de pillages, d’agressions et d’assassinats, y compris contre des prêtres et des pasteurs, durant la première décennie du XXIème siècle ? (7).

     

     

                                                               Annie Laurent

     

     

    _____

    • FigaroVox/Tribune, 20 novembre 2020.
    • Les Juifs font aussi partie des « minorités protégées ».
    • Eglises du monde, n° 92, 1996, p. 91.
    • AgenceFides, 10 février 2020.
    • Ce fut le cas en 1998 lors de la visite de Mgr Henri Brincard, évêque du Puy-en-Velay, pour jumeler son diocèse avec celui de Smyrne dont dépend Ephèse.
    • Cité par A. Laurent, Les chrétiens d’Orient vont-ilsdisparaître ?, Salvator, 2017, p. 116.
    • Ibid., p. 117-121.
    •  

    Article paru dans La Nef n° 348 – Juin 2022

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse de lafautearousseau...

     

    On n'est pas obligé - surtout dans les termes employés - de partager en totalité l'analyse de Syndicat France Police - Policiers en colère, mais on ferait bien de s'alarmer un peu plus, ici en Métropole, de ce qui se passe, là-bas, à Mayotte, et - au moins - d'entendre l'avertissement :

    "La guerre civile à #Mayotte est un avant goût de ce qui va se passer en Métropole. Les #migrants attaquent les forces de l'ordre et veulent prendre le pouvoir pour fonder un Califat. C'est la conséquence directe de la politique laxiste de la France vis-à-vis des #clandestins"

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    "Surtout dans les termes", disons-nous. Mais, qu'est-ce que cela signifie ? "C'est par les mots qu'on désigne les idées, et c'est sur les idées qu'on s'entend", disait notre grand Jacques Bainville. Or :

    1. On a tort de parler de "migrants" et de "clandestins", car il n'y a ni "migrants" ni "clandestins", c'est employer le vocabulaire de l'ennemi que de parler ainsi, et on a perdu d'avance si on le fait. Il n'y a que des des envahisseurs :

    • qui ne viennent nullement chez nous pour accepter et recevoir avec joie "l'héritage France" et pour prolonger "l'aventure France" pendant encore des siècles; mais, bien au contraire, pour remplacer notre Culture, notre Civilisation, nos Moeurs, Coutumes et Traditions par les leurs - qu'ils fuient, justement, dans les pays dont ils sont originaires et où elles règnent en maîtresses absolues...

    • et qui veulent tout simplement, au passage, profiter en s'en accaparant du fabuleux héritage matériel que nous ont légué nos deux millénaires de labeur, illuminés par notre filiation gréco-romaine et judéo-chrétienne...

    2. Il faudra donc "faire partir" ces envahisseurs que le Système, la République idéologique a volontairement "fait entrer", en masse, dans le but de diluer, dissoudre et faire disparaître ce que les révolutionnaires au pouvoir considèrent comme un "maudit peuple français", qui, malgré un siècle et demi de bourrage de crâne et de mensonge officiel, malgré l'état mental, moral et spirituel inquiétant et très dégradé dans lequel il se trouve, persiste à exister encore, même très affaibli et très pâle, persiste à être toujours là. Et, cela, ce "faire partir" les envahisseurs, ce ne sera pas une "guerre civile" mais bien une "guerre de libération nationale".

    3. Il reste bien entendu que ne sont pas visés par l'expulsion nécessaire une bonne part des étrangers entrés en France depuis les années Chirac (années 1975/76, début de l'immigration/invasion de masse imposée à la France, qui ne demandait rien...). Tous ceux qui ont une attitude correcte et positive (et ils sont légion...) depuis leur entrée sur le territoire sont maintenant "français de souche par naturalisation", pour reprendre la belle formule de notre ami Jean Messiha. Ils sont nos amis, nos frères, nos compatriotes et "ils" ou "elles" enrichissent la France, c'est une affaire entendue, mais, comme on le sait, ce qui va sans dire va encore mieux en le disant...

    Donc, en conclusion, cette "guerre de libération nationale" qui vient, qui va s'imposer d'elle-même, par le fait même de la conduite des envahisseurs brutaux et tyranniques, seule la révolution royale pourra la mener, puisque c'est le Système, la République idéologique, qui a livré la France aux envahisseurs; et qui continue et accélère même le processus de dépossession des Français de leur France...

    Elle nécessitera très probablement une insurrection des citoyens mais aussi le recours à l'armée, vu la puissance numérique, matérielle et financière des forces d'invasion : heureusement que Louis-Philippe a créé la Légion étrangère !

     

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    1. De Jean-Christophe Buisson :

    "Dans @Le_Figaro, encore un excellent reportage de @zazpierson en #Armenie, où elle a rencontré le fondateur et quelques uns des 4.000 citoyens-soldats du groupe VOMA qui se forment pour résister les armes à la main à la prochaine attaque militaire des Azéris."
    (que l'on préfère, à lafautearousseau, appeler "nazéris", ndlr)
     
    "Réservé aux abonnés", voici l'entame de cet article :
     

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    2. D'accord avec Philippe de Villiers, au cas où cette idée baroque, absurde, folle se concrétiserait :

    "Le Parlement s’apprête à mettre l’avortement des enfants à naître dans la #Constitution au moment même où il débat de l’interdiction de la #corrida. Il vaut mieux aujourd’hui être un taurillon qu’un embryon humain. L’Histoire jugera sévèrement ce suicide collectif. #IVG"

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    3. La France de Macron et, plus généralement, du Système : nous sommes le pays le plus taxé au monde, le plus "tondu", nous ne payons plus des impôts, il n'y a plus de "consentement à l'impôt", mais nous sommes victimes de rackett légalisé, d'une immense extorsion de fonds "en bande organisée" et tout ça pour quoi ? Plus on paye, moins on a...

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    4. Michel Onfray parle de la Nupes, des négriers : à l'exception du mot "migrant", qu'il a tort d'employer -comme tout le monde - il a raison sur tout...

    "Ce bateau de migrants, c’est l’arbre qui cache la forêt. Mélenchon est un négrier, la NUPES est négrière. Quand vous allez chercher des gens dans leurs villages pour les faire traverser en échange d’argent, vous êtes un négrier..."

    (extrait vidéo )

    https://twitter.com/Omerta_officiel/status/1595467939884716034?s=20&t=fT6ZxqjXQiw27n5_41MJng

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    5. D'accord avec Geoffroy Lejeune, sur l'escroquerie, "l'hypocrisie sans nom" d'Aymeric Caron, l'imposteur, qui veut se refaire une virginité en prétendant défendre la cause animale, lutter contre la souffrance animale et, pour cela, demande l'interdiction de la Corrida. Sauf que, dans son hypocrisie sans nom, il oublie, évidemment la barbarie sans nom, l'ignominie affreuse de l'abattage rituel : évidemment, 70% des musulmans de France votent LFI... :

    "L'abattage rituel est une vraie souffrance animale délibérée pour motif religieux en l'occurrence islamique, et Aymeric Caron s'en fiche éperdument"

    https://twitter.com/CNEWS/status/1595462595309355013?s=20&t=YegkqS7y0NZIkMvl0GkNvw

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    À lafautearousseau, nous l'avons dit, personne n'aime la Corrida. Mais on essaie d'être logiques et, comme on souhaite mettre fin, autant que possible, à "la souffrance animale", on n'oublie pas, par exemple, les horribles combats de coq et, surtout, le monstrueux abattage rituel...

    Bref, on n'est pas, mais alors pas du tout, comme ce Tartufe d'Aymeric Caron !

     

    6. Dans Aleteia.org : Ces pays où les chrétiens pourraient totalement disparaître...

    https://fr.aleteia.org/2022/11/23/ces-pays-ou-les-chretiens-pourraient-disparaitre/

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    7. vosgeshorizondurable communique :

    "ÉOLIEN - BAS-RHIN, VOSGES - CENTRALE ÉOLIENNE DE BELFAYS ET SEM ÉNERGIES DE BELFAYS. « L’AFFAIRE DE BELFAYS EN MARCHE VERS LA TRANSPARENCE… » À suivre…"
     

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    Cliquez sur l'image pour l'agrandir, puis utilisez le zoom... comme pour le document ci-dessous.

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    Le maire de Saâles, Bas Rhin, porte plainte pour escroquerie et majoration frauduleuse d’actifs auprès du Procureur de Saverne contre les promoteurs du projet éolien implanté sur sa commune, la municipalité se portant partie civile.

     

     

     

    À DEMAIN !

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  • Éphéméride du 21 octobre

    1680 : Fondation de la Comédie Française
     
     
     
     
     
     
     
     
    1520 : Découverte de Saint Pierre et Miquelon 
     
    L'archipel était en réalité déjà connu des pêcheurs basques et bretons dès la fin du XVème siècle, mais ceux-ci gardaient jalousement le secret sur ces eaux où abonde le poisson.
     
    C'est le portugais Joao Alvarez Fagundes qui dévoile l'existence de cet archipel de huit îles et îlots, qu'il baptise "îles des onze mille vierges".
     
    Jacques Cartier en prendra possession en 1536, au nom du Roi de France (ci-dessous, vue satellite). 
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    1650 : Naissance de Jean Bart 
     
     
    "25 ans au service de Sa Majesté", comme on peut le lire sur l'épitaphe de sa tombe (ci-dessous).
     
    Plus de 27 navires de la Marine Française portèrent son nom ! Et Louis XIV l'invita à Versailles, afin de l'honorer personnellement...
     
    250px-Tombe_de_Jean_Bart.jpg 
       
     
    En 1694, le blocus de la Ligue d'Augsbourg fait monter le prix du grain, les négociants spéculent, la France est affamée. Louis XIV achète alors plus de cent navires de blé norvégien. Cette flotte ayant été capturée par les Anglo-hollandais, Jean Bart est chargé par le roi de la récupérer. Au large de l'île hollandaise de Texel, le 29 juin 1694, le Dunkerquois réussit à s'emparer des navires : apercevant à l’horizon le convoi français d’une centaine de voiles qui venait d’être capturé par les Provinces-Unies, et bien qu’inférieurs en nombre, Jean Bart et sa flotte hissent successivement le pavillon rouge (à l’attaque !) et le pavillon bleu (à l’abordage !). Le résultat est sans équivoque : 16 morts chez les Français contre plus de 300 chez les Hollandais.
    La nouvelle de cette capture fait chuter les prix et met fin à toute spéculation...
     
    Ainsi Jean Bart  "…sauva la France en lui donnant du pain" (Cantate à Jean Bart).
     
    Pour cet exploit, il reçoit des mains de Louis XIV la Croix de Chevalier de l'Ordre de Saint Louis, puis il est anobli par le même Louis XIV, qui l'autorise à porter une fleur de lys d'or dans ses armes, déclarant que  "De tous les officiers qui ont mérité l'honneur d'être anoblis, il n'en trouve pas qui s'en soit rendu plus digne que son cher et bien-aimé Jean Bart". 
     

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    D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules...

     
     
    Deux ans plus tard, la 17 juin 1696, il s'empare - à l'abordage... - sur le Dogger Bank de 5 vaisseaux de grains hollandais, et capture 45 vaisseaux de commerce !...
     
    Le 7 septembre 1847, sa ville de Dunkerque inaugura sa statue, œuvre de David d'Angers et, depuis, chaque année, au moment du Carnaval, les Dunkerquois y chantent à genou la Cantate à Jean Bart :
     
     
    "... Et la cité qui te donna la vie, érigera ta statue en autel..."
     

      http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/portraits-de-l-ete-jean-bart-roi-des-corsaires

     

     

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    1680 : Fondation de la Comédie Française

     

    Par décret, Louis XIV décide de regrouper la troupe de l'Hôtel de Bourgogne (la plus ancienne de Paris) avec la Troupe du Théâtre du Guénégaud (née de la fusion de l'Illustre théâtre, de Molière, avec la Troupe du Marais (sur L'Illustre Théâtre, voir l'Éphéméride du 13 juin).

    Comedie-francaise.jpg

     https://www.herodote.net/21_octobre_1680-evenement-16801021.php

     

     

     

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    1805 : Désastre de Trafalgar

     

    Le simple rapprochement de deux faits historiques, couvrant à peine une vingtaine d'années, donne la mesure de la catastrophe incommensurable que fut la Révolution pour la France, sa puissance et sa grandeur...

    21 octobre,chateaubriand,grotte cosquer,jean bart,trafalgar,comedie francaise,saint pierre et miquelon,lamartine,charles vi,theophile gautier,dunkerque,david d'angers,aboukirÀ la veille de la Révolution, la flotte de Louis XVI est la reine des mers (ci contre, à la bataille de la Chesapeake): face à des Anglais aussi impuissants que leur Navy à l'arrêter, la flotte française transporte, au nez et à la barbe des "habits rouges" (surnom des soldats anglais) tout un corps expéditionnaire français, qui écrasera les troupes britanniques aux Amériques, puis s'en reviendra en France, aussi tranquillement qu'elle était partie aider les Insurgents. Le voyage aller-retour représentant, évidemment, plusieurs milliers de kilomètres (voir l'Éphéméride du 19 octobre)...

    À peine plus de vingt ans après, Napoléon sera incapable de faire traverser à son armée, réunie à Boulogne, les malheureux trente petits kilomètres séparant Calais de Douvres !

    Que s'était-il donc passé, qui expliquât ce prodigieux - et catastrophique, pour nous... - retournement complet de situation ? La réponse est très simple : la Révolution !...

    Dans l'anarchie totale et l'incompétence à tous les niveaux qui suivirent cette funeste Révolution, la flotte française - répétons-le, la première du monde... - avait déjà été amputée à Aboukir de ses meilleurs vaisseaux (certains étant tout simplement recyclés dans la Royal Navy !... voir l'Éphéméride du 1er août). Trafalgar lui portera le coup de grâce. Nelson y trouvera la mort, et Villeneuve se suicidera en 1806...

    A partir de là, il faudra renoncer à l'invasion de l'Angleterre, seul moyen de l'abattre. Et s'épuiser sur le continent, dans des succès sans fin, contre des coalitions sans cesse renaissantes dont, précisément, l'Angleterre était l'âme permanente...

     

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    Horatio Nelson, le vainqueur, mourra dans la bataille...
      
     
    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XVII, Le Consulat et l'Empire :
     

    "...Notre marine avait été ruinée par la Révolution. À peine avait-elle commencé de se relever lorsqu'elle avait été blessée à Aboukir. Napoléon, aidé de Decrès, avait entrepris de la restaurer. Mais la marine est une œuvre qui ne s'improvise pas. Malgré les délais que laissa la coalition, lente à se former tant les craintes que la France inspirait étaient vives, il fallut agir contre elle avant que nos escadres fussent prêtes, se retourner vers l'Allemagne sans avoir même ébranlé l'Angleterre. L'échec du plan de Boulogne allait changer toute la fortune de l'Empire.

    Ce plan était simple et hardi. La France avait deux flottes peu importait que l'une fût détruite si l'autre, libre de ses mouvements, pouvait entrer dans la Manche et protéger, pendant vingt-quatre heures seulement, le transport de l'armée de Boulogne.

    C'est sur ce coup de dés que se jouait cette immense partie, et elle fut perdue. Pas plus qu'à Waterloo Napoléon ne verra venir Grouchy, il ne vit, à Boulogne, venir Villeneuve.

    Mais cet amiral doutait de l'instrument qu'il avait entre les mains, de son matériel imparfait, de ses officiers et de ses équipages inexpérimentés. La flotte de l'Espagne, notre alliée, avait été très éprouvée et ne valait guère mieux que la nôtre. Villeneuve redoutait un désastre, et la suite des événements ne lui donna pas tort. Le ministre de la marine Decrès partageait ses craintes. "Il est malheureux pour moi de connaître le métier de la mer, osait-il dire à l'empereur, puisque cette connaissance ne produit aucun résultat dans les combinaisons de Votre Majesté."

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  • Éphéméride du 26 octobre

    1562 : Date possible du départ de France de Jean Goujon (ici, sa Fontaine des Innocents, à Paris)

     

     

     

     

     

    1396 : Mort de Jean de Beaumetz 

     

    Il est à la fois l'un des plus talentueux et des derniers représentants de ce gothique tardif des XIVème et XVème siècles (que l'on appellera, en architecture, "flamboyant") qui sera, peu de temps après, remplacé par l'art nouveau : celui de la Renaissance...

    Après avoir travaillé en Artois, puis à Paris, Jean de Beaumetz devint, de 1375 à sa mort, peintre en titre de Philippe le Hardi à Dijon.

    Il décora les châteaux ducaux et l'église de la Chartreuse de Champmol, y peignant des retables et 26 tableaux pour les cellules des chartreux. La Révolution ayant totalement démantelé la Chartreuse, et dispersé la totalité des ouvres d'art qui s'y trouvaient, Beaumetz n'est plus connu que par deux de ces tableaux, deux Calvaires avec un donateur chartreux (l'un au Louvre et l'autre au Musée de Cleveland).  

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    Calvaire avec un moine chartreux, Musée du Louvre

     

    http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1024 

     

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    1289 : Bulle papale Quia Sapientia par laquelle Nicolas IV fonde l'Université de Montpellier

     

    Bien avant la Bulle papale, et "... dès la fin du XIIème siècle, Montpellier possédait de célèbres écoles de médecine, de droit, d'arts libéraux; elles furent réunies en 1289 pour former l'université, qui devait compter parmi ses maîtres : au XIVème siècle, le médecin et alchimiste Arnaud de Villeneuve; au XVIème siècle, les médecins Rabelais et Rondelet, ainsi que l'helléniste Casaubon. C'est à Montpellier que fut fondé le plus ancien jardin botanique de France (1593) et que se formèrent de grands savants tels que Lobel, Clusius, Tournefort, Jussieu, Candolle..." (Michel Mourre).

    Stratégiquement bien situé, entre l'Italie et l'Espagne, tout près de la Voie Domitienne et du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, Montpellier s'imposa très vite comme une ville marchande et d'affaires, et comme un pôle très favorable au commerce...

    "L'afflux des pèlerins provoqua également la naissance et l'extension d'institutions charitables et hospitalières. Des médecins juifs et arabes chassés d'Espagne vinrent faciliter la gestation de la future Ecole de Médecine dont la renommée était déjà internationale dès la fin du XIIIème siècle" écrit le chroniqueur Jacques Fabre de Morlhon. 

     

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    1562 : Date possible du départ définitif de France de Jean Goujon

     

    Il est vraisemblable que Jean Goujon quitte la France à la fin de l’année 1562, pour des raisons religieuses. Sa présence est attestée à Bologne fin 1563 et début 1564, où il habite place San Michele près de San Mamolo.

    On perd al26 octobre,notre-dame de paris,terreur,revolution,rois de judas,musee de cluny,anatole france,convention,viollet le duc,boutangors sa trace et l’on suppose que l’artiste disparaît entre 1564 et 1569...

    Alors qu'il était, avec Germain Pilon, le plus grand sculpteur de son temps - on l'appelait "le Phidias français" !... - il est très surprenant que l'on sache aussi peu de choses sur sa vie personnelle (comme pour Germain Pilon, d'ailleurs), à l'exception de sa collaboration - toujours très fructueuse - avec le grand Pierre Lescot (voir l'Éphéméride du 10 septembre, jour de la mort de ce dernier).

    Voici donc une rapide évocation de son talent, à travers une brève rétrospective de son oeuvre...

     

    On l'appelle couramment le Phidias français ou le Corrège de la sculpture.

    N'est-il pas étrange, dans ces conditions, que l'on sache si peu de choses sur lui ? Ni la date exacte de sa naissance (en 1510, en Normandie) ni celle de sa mort ne nous sont connues (on pense parfois qu'il a été tué lors de la Saint Barthélemy...); et l'on ne dispose d'aucun portrait sûr de lui.  

    Il fut pourtant l'une des figures majeures de la Renaissance française.

    C'est surtout au Louvre et au Musée Carnavalet que l'on pourra voir l'essentiel de ses oeuvres, saisir combien il dominait son sujet, et mesurer à quel point il maîtrisait son art. C'est-à-dire, au fond, mesurer l'étendue de son génie, tout simplement...

    • Au Louvre, voici d'abord les Cariatides pour la plate-forme des musiciens, dans la Salle de bal du Louvre (sculptées à partir de 1550)... :

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    ...et ce Bas-relief funéraire pour André Blondel de Rocquencourt (bronze, 1560)...

     

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    ...ou ces sculptures dans la Cour carrée :

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    Et enfin Les Nymphes, pour lesquelles le Musée propose ces commentaires :

     

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    "Jean Goujon introduit une conception nouvelle du bas-relief : ses figures s'adaptent au cadre et se suffisent à elles-mêmes. Il parvient ainsi à créer l’illusion d’espace dans la faible épaisseur de la pierre. Les nymphes de Goujon révèlent une affinité avec l’Antiquité sans précédent en France.
    Ces figures nues et allongées de néréides s’inspirent des triomphes marins sculptés sur les sarcophages antiques.
    Goujon s’est également inspiré des artistes italiens appelés par François Ier pour travailler au château de Fontainebleau, à l’exemple de Rosso (1495-1540) et Primatice (1504-1570) qui dirigèrent successivement le chantier. Mais il s’inspira aussi de Benvenuto Cellini...

    Goujon introduit pourtant une fluidité qui lui est propre : l’ondulation des draperies joue avec les lignes souples et spiralées des figures et avec les volutes des coquillages et des queues des animaux marins. Ces courbes souplement entrelacées rythment la composition. Le traitement décoratif de la surface (coquillages, vaguelettes, écailles) et l’expression espiègle des Amours animent l’œuvre d’une gaieté insouciante. L’élégance et la sveltesse des formes, la pureté des contours (une ligne cerne les corps), le modelé souple des chairs confèrent au bas-relief une grâce éminemment personnelle : Goujon semble avoir retrouvé le secret hellénique de la beauté idéale…"

     

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    • Le musée Carnavalet, lui, renferme Les quatre saisons (sculptées primitivement pour l'hôtel de Jacques de Ligeris (ci dessous).

     

    300px-Carnavalet_Jahreszeiten.jpg
     

         

    Terminons cette évocation du Phidias français, ce génie dont on sait si peu de choses, par là où nous l’avons commencée : la Fontaine des Innocents, édifiée à l’occasion de l’entrée du roi Henri II à Paris, le 16 juin 1549 (c’est l’une des rares dates sûres dont on dispose concernant cet artiste…)

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     La Fontaine des Innocents, sculptée par Jean Goujon entre 1547 et 1549...

     

    Située dans le quartier des Halles, cette fontaine formait une sorte de portique surélevé, dont deux arcades se dressaient sur la rue Saint-Denis, lieu de passage du cortège royal, et une seule en retour. Les reliefs en longueur se situaient sous les arcades.

    C’était à l’origine une loggia bâtie à l’angle de deux rues, avec deux arcades sur une rue et une seule sur l’autre. Jean Goujon l’orna de reliefs légers qui évoquaient les nymphes des eaux, renouant ainsi avec la tradition antique du nymphée.

    L’ondoiement de ce monde marin compensait le faible débit d’eau qui coulait des robinets. En 1787, la fontaine fut remontée sous forme d’édicule cubique sur la nouvelle place aménagée sur le site du cimetière des Innocents, désaffecté pour raisons d’hygiène. Sous l’Empire, l’amélioration de l’alimentation en eau permit de faire jaillir le flot en cascades ; c’est pourquoi, en 1810, on retira les bas-reliefs des soubassements pour les préserver du ruissellement avant de les faire entrer au musée du Louvre en 1824.

     

     http://www.cosmovisions.com/Goujon.htm

     

    Jean Goujon au Louvre : 

    http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/nymphes

     

    La Fontaine des Innocents :

    http://paris1900.lartnouveau.com/paris01/fontaine_des_innocents.htm

     

     

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    2010 : Ouverture de l'Exposition "Sciences et Curiosités à la Cour de Versailles"...

     

    Étant donné la qualité et surtout l'importance de cette Exposition, d'un triple point de vue : historique, scientifique et politique, on ne s'étonnera pas que nous lui ayons consacré l'une de nos Pages :

    L'Exposition de Versailles dit l'Histoire, mais la vraie...

  • Argent, qui t’a fait roi ?.....

                   (suite et fin de la réflexion engagée hier à partir du livre d'Hélène et Jean Bastaire, Pour un Christ vert)

                  

    On peut employer les mots que l’on voudra, et les formules les plus diverses. On peut parler, comme Boutang, de "Reprendre" l’État ; ou de le "séquestrer", comme le disait Renan (on va voir ci-après de quoi il s’agit….) ; ou encore de le "libérer", comme le disait Maurras.

    Léon Daudet, pour sa part, parlait de "nationaliser l'État, par la Royauté"...

    Mais peu importent les mots : quelles que soient les formules que l’on choisit, l’important est bien, au bout du compte, de remettre l’Argent à sa place, et de bien comprendre comment et pourquoi, à quelle occasion historique, il a pu ainsi s’affranchir de toute contrainte, jusqu’à remplir tout l’espace et acquérir une puissance inédite chez nous : c’est en abattant la Royauté que ceux qui ont fait la révolution, et dont certains étaient peut-être sincères, ont en réalité ouvert la route à l’Argent, le pouvoir royal traditionnel, qui le maintenait à sa place, ayant disparu.

    Tels des apprentis sorciers -et même si, bien sûr, on pourra toujours dire: Mais ils n'ont pas voulu cela !...- ils ont déclenché des forces immenses que leurs nuées abstraites ont été bien incapables de maîtriser, et devant lesquelles elles ont pesé d'un bien faible poids. 

    Ils raisonnaient dans l'une des sociétés les plus raffinées, les plus policées, les plus civilisées dont l'Histoire gardera la mémoire, et que l'on peut, à bien des égards, appeler un Âge d'Or. Mais ils ont obtenu le résultat inverse de celui qu'ils espéraient, et ils n'ont fait qu'initier le processus qui, implacablement et inexorablement, une fois qu'il s'est mis en route, a abouti au désastre actuel de notre Âge de Fer, barbare et asservi aux forces matérielles, où seul l'Argent est roi; où l'Argent est le seul roi....

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    Voici un texte lumineux de Charles Maurras, paru dans L’Action Française du 1er Août 1921 (mais on peut aussi, dans l'Ephéméride du 20 avril - jour de la naissance de Maurras - trouver un rapide résumé de l'Avenir de l'intelligence).

    Il est bon de le relire : nous parlerons donc bientôt – et très longuement, car il s’agit de quelque chose de fondamental… - de ce Maurras fulgurant de L’Avenir de l’Intelligence, qui avait – dès le début du siècle dernier - parfaitement  compris et analysé la société dans laquelle nous allions vivre ; et dans laquelle, pour le coup, nous vivons maintenant : une société dans laquelle les puissances de l’Argent, après avoir éliminé le pouvoir politique traditionnel et fort incarné par la royauté, éliminerait toute autre forme de pouvoir, notamment celui des intellectuels et de la pensée, et finirait par rester seul maître d’une société à laquelle le nom d’ "âge de fer" conviendrait parfaitement. 

    Nous y sommes, hélas…  Mais nous verrons aussi que Maurras commençait les dernières pages de l’Avenir de l’Intelligence par "À moins que…"…

    "...L’Argent, en tant qu’argent, celui qui remplit sa fonction, honnête ou neutre, de simple Argent, ne m’inspire aucun sentiment d’hostilité, non plus que d’amitié ni d’envie. Je le voudrais bien à sa place. Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut (1). Le vertige démocratique le condamne à l’usurpation, parce qu’il ne peut trouver de contrepoids en démocratie. Cela est réglé, cela est vécu.

    Ne croyez pas que les argentiers eux-mêmes aient lieu de s’en réjouir ! Ce qu’ils achètent indûment s’avilit et les avilit, voilà tout. Ils y perdent deux choses : ce qu’ils y croient gagner et eux-mêmes.

    Pour savoir quels étaient les rapports de l’Argent et de l’État quand notre organisation naturelle et historique fonctionnait, lisons cette page de Bonald :

    "Assurément, on ne pouvait se plaindre en France que de l’excessive facilité de l’anoblissement et, tandis qu’un meunier hollandais, ou un aubergiste suisse sans activité, comme sans désir, bornés à servir l’homme pour de l’argent, ne voyaient dans l’avenir, pour eux et leur postérité, que le moulin et l’enseigne de leurs aïeux, un négociant français, riche de deux cents mile écus, entrait au service de l’État, achetait une charge et une terre, plaçait son fils dans la robe et un autre dans l’épée, voyait déjà en perspective la place de président à mortier et celle de maréchal de France, et fondait une famille politique qui prenait l’esprit de l’ordre à la première génération, et les manières à la seconde. C’est, dit Montesquieu, une politique très sage en France, que les négociants n’y soient pas nobles, mais qu’ils puissent le devenir". (2)

    On voit à quoi servait l’Argent dans cette économie; il servait à servir. Il servait à entrer dans les services de l’État, services où il était discipliné et traité suivant ses œuvres nouvelles. L’Argent devenait chose morale et sociale, il se chargeait de responsabilités définies qui l’introduisaient et le maintenaient sur un plan différent du sien. C’est que l’État était alors constitué en dehors et au dessus de l’Argent. L’État pouvait donner splendeurs, honneurs, influences, vastes espoirs dans toutes les directions de l’élévation politique et morale. En même temps, il imposait son esprit. Il gardait le gouvernement. C’est que, le Chef de l’État n’étant pas élu, la corruption essentielle n’était pas possible (3) : il n’était ni or ni argent qui pût faire de la souveraineté politique un objet de vente et d’achat.

    Le souverain héréditaire n’était pas engendré par l’argent comme peut l’être un souverain élu : il pouvait donc offrir un patronage sûr aux forces que l’Argent tentait d’opprimer. Par ce mécanisme qui, selon le mot de Renan, "séquestrait" le pouvoir suprême, au-dessus des brigues et des trocs, un certain ordre d’injustice criante et de basse immoralité se voyait interdire la vie sociale. Depuis que le séquestre royal est supprimé, et que tout est livré au choix précaire et vacillant des volontés humaines, leur fragilité, leur faiblesse leur assignent l’Argent pour maître absolu : nul obstacle ne retient plus l’État français de rouler sur la pente où l’empire est mis à l’encan."

    Ceux qui s'obstinent à ne voir en Maurras qu'un penseur conservateur trouveront tout au contraire dans ce texte une analyse qui conteste le fondement même de la société subvertie dans laquelle nous vivons, c'est-à-dire la toute puissance de l'Argent.

    Il faut en conclure que le printemps de l'Action Française a duré plus longtemps que ne le dit Paugham. Boutang l'a bien montré : Maurras est un grand contestataire, et il ne serait pas sérieux de prétendre aujourd'hui faire l'économie de son analyse.

    Tout simplement parce que nous sommes en plein dans la réalité de cet Âge de fer dont il avait prévu la survenue.   

             

    (1) : voyez, dans notre actualité la plus immédiate, quelle prodigieuse leçon on peut tirer de l’élection de Barack Obama (comme nous l’avions signalé dans notre note "France, États-Unis : deux républiques, et pourtant si différentes !..." du 6 novembre 2008 : l’élection du Président, aux USA, s’achète, tout simplement; le pouvoir politique suprême s’achète : c’est aussi, et peut-être surtout, parce qu’il avait réuni un trésor de guerre bien plus important que Mac Cain qu’Obama a pu lancer son rouleau-compresseur…  Maurras n’est-il pas justifié , là, lorsqu’il écrit cette phrase "Je sais que, en démocratie, forcément, il monte trop haut" ?...

    (2) : on parle toujours du "rêve américain" ; n’y avait-il pas, de ce point de vue, un "rêve français" à cette époque évoquée ici par Bonald ? La possibilité que tout un chacun, quelle que soit son origine, puisse "monter" et "réussir"…

    (3) : notre proposition est précisément d’instaurer au sommet de l’État un espace a-démocratique, mais éminemment politique qui garantirait et pacifierait la vie politique ; qui ordonnerait et rendrait féconde et utile la vie politique, au lieu du cirque lamentable et du champ clos d’ambitions effrénées à quoi elle se résume actuellement.

  • NOS DÉMOCRATIES ? DES OLIGARCHIES INCOMPÉTENTES : MACRON (2/3) par Christian Vanneste

    Lorsqu’on s’interroge sur la manière de qualifier nos dirigeants et leur figure de proue, M. Macron, qui pousse jusqu’à la caricature les défauts qu’on peut légitimement leur reprocher, on a le choix entre trois possibilités hiérarchisées. L’intéressé s’était dit fier pour ses amis comme pour lui-même d’être des amateurs. Cet aveu provocateur adoucissait en fait le réquisitoire facile à dresser contre l’impéritie du personnage et de son entourage.

    Cela d’autant plus que son élection et sa réélection ne s’expliquent que par une prétendue compétence déniée à ses concurrents. Enarque brillant, Mozart de la finance pour avoir fait un bref passage très rémunérateur chez Rothschild, entouré par un cercle de flagorneurs qui appartiennent à la même caste que lui et n’ont guère fait plus que lui preuve de leur virtuosité, celui qui depuis 2017 a accumulé les erreurs et les fautes, édulcorées par une presse complice, est d’abord la preuve vivante de la déchéance intellectuelle et morale de nos prétendues élites.

    Enfin, pour reprendre le mot employé par Rioufol, les décisions prises par cette oligarchie décadente sont à ce point contraires à l’intérêt, au bien commun du peuple qu’elle veut diriger, qu’on peut parler de trahison. Amateur, oligarque décadent, traître : en un mot, illégitime !

     

    vanneste-christian.jpgLa politique n’est pas une science. Les “grandes” écoles, les concours et les diplômes, à commencer par ceux distribués par les écoles prétendues de “sciences politiques”, ne garantissent nullement un quelconque savoir-faire pour la conduite d’un Etat. Tout au plus est-on enclin à penser que ces formations facilitent un talent pour la communication, en raison de la maîtrise de la langue, notamment aujourd’hui de l’anglais, qui n’est d’ailleurs pas la nôtre, et de la connivence du microcosme des pouvoirs, politique, médiatique, économique et administratif issu de la même filière. L’homme politique, et l’homme d’Etat en particulier a, certes, besoin d’une culture générale, comme le soulignait le Général de Gaulle, mais il lui faut d’abord posséder un solide bon sens, une capacité de distinguer les bonnes solutions et une expérience suffisante pour l’avoir mise à l’épreuve et consolidée. Ce coup d’oeil aiguisé ne sert à rien s’il n’est pas au service d’un caractère, d’une force de caractère, la “virtu” dont parle Machiavel.

    Puisque la disparition d’Elisabeth II met le Royaume-Uni en tête de l’actualité, c’est Churchill qui vient immédiatement à l’esprit pour figurer l’Homme d’Etat. Membre du Parlement durant soixante-quatre ans, ministre dès 1910, après avoir alternativement comme journaliste ou comme militaire participé à plusieurs conflits, parfois avec héroïsme, il reste pour chacun celui qui a été clairvoyant et déterminé face à Hitler. Mais cela n’empêche pas qu’il n’ait acquis ce “coup d’oeil” qu’après bien des erreurs, comme l’échec des Dardanelles qu’on lui a reproché comme Premier Lord de l’Amirauté. Il est angoissant de penser que les Français ont confié la présidence de la République et donc le commandement des armées à un homme qui a soigneusement évité le service militaire, et qui, après un passage dans une banque d’affaires, précédé du rôle de rapporteur adjoint d’un comité Théodule présidé par Attali et mis en place par Sarkozy, s’est retrouvé secrétaire général adjoint de Hollande, puis son ministre de l’économie. Ses atouts : un carnet d’adresses, le trio Attali, Jouyet, Minc pour parrainage et une appartenance au PS, tendance caviar. Si on met à part son souci apparent de la compétitivité et les rares mesures prises en ce sens sous sa direction, le reste est confondant d’ignorance et de maladresse.

    Dans le domaine de l’énergie, M. Macron a fait preuve d’un amateurisme qui révèle son mépris du long terme et sa préférence pour les solutions liées au climat politique plus qu’au changement climatique. Il est aux côtés de François Hollande lorsque celui-ci annonce la fin du nucléaire et il fixe le calendrier de la fermeture des centrales dès son arrivée à l’Elysée en 2017. Ce n’est qu’à la fin de son mandat, et en vue des élections, qu’il comprend enfin que le nucléaire ne participe pas au prétendu changement climatique d’origine humaine, qu’il limite les rejets de CO2, alors qu’au contraire les énergies intermittentes du vent et du soleil vont exiger des centrales d’appoint au gaz voire au charbon. Le désir de séduire les écolos a été plus fort que l’intérêt du pays, que sa compétitivité avec une énergie peu chère, et que son indépendance. Il pouvait parfaitement ne pas fermer Fessenheim et ne pas assécher le savoir-faire acquis par EDF condamnée par lui à voir s’éteindre la filière. Sa volte-face tardive témoigne de sa méconnaissance du dossier et il a aujourd’hui le toupet d’accuser EDF d’être nue, alors qu’il l’a déshabillée. Le résultat est calamiteux : l’entreprise n’a pas préparé la relève puisque celle-ci devenait inutile. Faute de spécialistes, elle ne parvient plus à assurer la maintenance, et la moitié des réacteurs est à l’arrêt. La France exportatrice d’électricité va devoir en acheter à l’Allemagne qui la produira avec des centrales au gaz, gaz que la France va lui fournir en provenance de démocraties exemplaires comme le Qatar ou à partir du gaz de schiste américain liquéfié transporté par bateaux : un désastre économique et écologique que notre illusionniste élyséen tente de présenter comme un exemple de solidarité européenne. C’est une habitude chez lui que de botter en touche européenne. Dans ce cas, c’est l’addition des erreurs française et allemande, non l’application d’une complémentarité positive. Un contrat de shadoks où l’on a inversé les rôles : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

    Cette imprévoyance fondée sur une méconnaissance du sujet s’inscrit en aval d’une politique internationale chaotique et en amont d’un déclassement économique français mais aussi européen. Cela avait commencé par la mise en scène de Jupiter accueillant les grands de ce monde dans les hauts lieux de notre histoire. Cela se termine  par un “président” de l’Europe incapable de freiner la stratégie américaine contre la Russie en Ukraine, et jouant comme un Maître Jacques chez Molière les entremetteurs superflus et maladroits. Il ne veut pas humilier la Russie, mais ce disant, il l’humilie. Il parle à Poutine mais c’est pour redorer son image en France, en révélant le contenu des échanges, au mépris des règles diplomatiques qu’il est indispensable de respecter si l’on veut être efficace. Et, tout ceci, sans le moindre résultat concret. Il fournit des armes à l’Ukraine sans être sûr de leur destination dans un pays gangrené par la corruption. Or, ces armes, nous n’en avons pas suffisamment pour nous, en raison de la légèreté avec laquelle nos gouvernants ont cru à la paix lors de l’avènement de l’unilatéralisme américain après l’effondrement de l’URSS en 1991. Nous armons un pays pour le doter d’une armée alors que la nôtre crie famine. L’alignement sur Washington fait de l’Europe une vassale indigne, acculée à se priver de son meilleur fournisseur pour répondre à la volonté américaine de briser la Russie. Certains ont cru voir dans cette union sous la bannière otanienne, c’est-à-dire américaine, une divine surprise en faveur de l’unité européenne. Non seulement cette unité de surface au nom de la croisade démocratique, au profit d’un régime né d’un coup d’Etat, est stérile puisque contraire aux intérêts mêmes de l’Europe, comme le recul de l’Euro le montre, mais elle ne sera que momentanée car les conséquences économiques des sanctions imposées à la Russie vont surtout atteindre l’Europe, participant à une crise que les peuples européens ne vont pas pouvoir supporter. Ecrasée par les Etats-Unis dans l’affaire des sous-marins australiens, bravée par la Turquie, méprisée par l’Algérie, bousculée en Afrique par la Russie, la France de Macron descend les marches du podium des nations. Sa manie de la repentance ne peut que conforter le sentiment des puissants que l’on peut impunément s’en prendre à elle.

    (à suivre)

  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (21)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : la désastreuse Campagne de Russie...

    1. 22 Juin 1812 : Napoléon déclare la guerre à la Russie

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     Il ordonne le franchissement du Niemen : nul ne le sait - ou ne le croit... - encore, mais c'est, en réalité, le coup de trop, et le commencement de la fin... Ci-dessus, le Niemen près de Kaunas, en Lituanie, d'où tant de jeunes français ne reviendront pas, tombant sur des terres gelées, où ce qu'il reste de leurs dépouilles demeure enseveli, à jamais...

     

    "Lorsque Bonaparte franchit le Niémen, quatre vingt cinq millions cinq cent mille âmes reconnaissaient sa domination ou celle de sa famille; la moitié de la population de la chrétienté lui obéissait; ses ordres étaient exécutés dans un espace qui comprenait dix-neuf degrés de latitude et trente degrés de longitude. Jamais expédition plus gigantesque ne s'était vu, ne se reverra.

    Le 22 juin, à son quartier général de Wilkowiski, Napoléon proclame le guerre : "Soldats, la seconde guerre de Pologne est commencée; la première s'est terminée à Tilsitt; la Russie est entraînée par la fatalité : ses destins doivent s'accomplir."

    Moscou répond à cette voix jeune encore par la bouche de son métropolitain, âgé de cent-dix ans : "La ville de Moscou reçoit Alexandre, son Christ, comme une mère dans les bras de ses fils zélés, et chante Hosanna ! Béni soit celui qui arrive !" Bonaparte s'adressait au destin, Alexandre à la Providence..." (Mémoires d'Outre-Tombe, pages 787/788)

     

    2. La bataille de la Moskowa (le 7 septembre), que les Russes appellent "de Borodino...

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    "...Arrivé sur les hauteurs de Borodino, Bonaparte voit enfin l’armée russe arrêtée et formidablement retranchée. Elle comptait cent vingt mille hommes et six cents pièces de canon ; du côté des Français, égale force. La gauche des Russes examinée, le maréchal Davout propose à Napoléon de tourner l’ennemi : "Cela me ferait perdre trop de temps", répond l’empereur. Davout insiste; il s’engage à avoir accompli sa manœuvre avant six heures du matin; Napoléon l’interrompt brusquement : "Ah ! vous êtes toujours pour tourner l’ennemi."

    On avait remarqué un grand mouvement dans le camp moscovite : les troupes étaient sous les armes; Kutuzof, entouré des popes et des archimandrites, précédé des emblèmes de la religion et d’une image sacrée sauvée des ruines de Smolensk, parle à ses soldats du ciel et de la patrie : il nomme Napoléon le despote universel.

    Au milieu de ces chants de guerre, de ces chœurs de triomphe mêlés à des cris de douleur, on entend aussi dans le camp français une voix chrétienne; elle se distingue de toutes les autres; c’est l’hymne saint qui monte seul sous les voûtes du temple. Le soldat dont la voix tranquille, et pourtant émue, retentit la dernière, est l’aide de camp du maréchal qui commandait la cavalerie de la garde. Cet aide de camp s’est mêlé à tous les combats de la campagne de Russie; il parle de Napoléon comme ses plus grands admirateurs; mais il lui reconnaît des infirmités; il redresse des récits menteurs et déclare que les fautes commises sont venues de l’orgueil du chef et de l’oubli de Dieu dans les capitaines. "Dans le camp russe", dit le lieutenant-colonel de Baudus, "on sanctifia cette vigile d’un jour qui devait être le dernier pour tant de braves. Le spectacle offert à mes yeux par la piété de l’ennemi, ainsi que les plaisanteries qu’il dicta à un trop grand nombre d’officiers placés dans nos rangs, me rappela que le plus grand de nos rois, Charlemagne, se disposa, lui aussi à commencer la plus périlleuse de ses entreprises par des cérémonies religieuses."
    Ah ! sans doute, parmi ces chrétiens égarés, il s’en trouva un grand nombre dont la bonne foi sanctifia les prières; car si les Russes furent vaincus à la Moskowa, notre entier anéantissement, dont ils ne peuvent se glorifier en aucune façon, puisqu’il fut l’œuvre manifeste de la Providence, vint prouver quelques mois plus tard que leur demande n’avait été que trop favorablement écoutée..." (Mémoires d'Outre-Tombe, Garnier,  (Tome 3, pages 255-386)

     

    3. l'entrée dans la capitale des Tsars, l'incendie de Moscou...

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    15 septembre 1812 : l'incendie de Moscou

    "...L'incendie de Moscou restera une résolution héroïque qui sauva l'indépendance d'un peuple et contribua à la délivrance de plusieurs autres... Où en seraient les nations si Bonaparte, du haut du Kremlin, eût couvert le monde de son despotisme comme d'un drap mortuaire ?...
    ...La nuit descend : des émissaires vont frapper mystérieusement aux portes, annoncent qu'il faut partir et que Ninive est condamnée. Des matières inflammables sont introduites dans les édifices publics et les bazars, dans les boutiques et les maisons particulières; les pompes sont enlevées. Alors Rostotpchine ordonne d'ouvrir les prisons... les autres malfaiteurs relâchés reçoivent, avec leur grâce, les instructions pour procéder à l'incendie, quand le moment sera venu. Rostopchine sort le dernier de Moscou, comme un capitaine de vaisseau quitte le dernier son bord dans un naufrage...
    Lorsque la ville était encore debout, Napoléon en marchant vers elle s'écriait : "La voilà donc cette ville fameuse !" et il regardait : Moscou délaissée ressemblait à la cité pleurée dans les Lamentations. Déjà Eugène et Poniatowski ont débordé les murailles; quelques uns de nos officiers pénètrent dans la ville; ils reviennent et disent à Napoléon : "Moscou est déserte ! - Moscou est déserte ? c'est invraisemblable. Qu'on m'amène les boyards." Point de boyards, il n'est resté que des pauvres qui se cachent. Rues abandonnées, fenêtres fermées : aucune fumée ne s'élève des foyers d'où s'en échapperont bientôt des torrents. Pas le plus léger bruit. Bonaparte hausse les épaules...
    Bonaparte apprit bientôt avec certitude que la ville était menacée de quelque évènement. À deux heures du matin on lui vient dire que le feu commence. Le vainqueur quitte le faubourg de Dorogomilow et vient s'abriter au Kremlin. C'était dans la matinée du 15. Il éprouva un moment de joie en pénétrant dans le palais de Pierre le Grand; son orgueil satisfait écrivit quelques mots à Alexandre, à la réverbération du bazar qui commençait à brûler, comme autrefois Alexandre vaincu lui écrivait un billet du champ d'Austerlitz.
    Dans le bazar, on voyait de longues rangées de boutiques toutes fermées. On contient d'abord l'incendie; mais dans la seconde nuit il éclate de toutes parts; des globes lancés par des artifices crèvent, retombent en gerbes lumineuses sur les palais et les églises. Une bise violente pousse les étincelles et lance les flammèches sur le Kremlin : il renfermait un magasin à poudre; un parc d'artillerie avait été laissé sous les fenêtres mêmes de Bonaparte. De quartier en quartier nos soldats sont chassés par les effluves du volcan. Des Gorgones et des Méduses, la torche à la main, parcourent les carrefours livides de cet enfer; d'autres attisent le feu avec des lances de bois goudronné. Bonaparte, dans les salles du nouveau Pergame, se précipite aux croisées, s'écrie : "Quelle résolution extraordinaire ! quels hommes ! ce sont des scythes !"
    Le bruit se répand que le Kremlin est miné : des serviteurs se trouvent mal, des militaires se résignent. Les bouches des divers brasiers en dehors s'élargissent, se rapprochent, se touchent : la tour de l'Arsenal, comme un haut cierge, brûle au milieu d'un sanctuaire embrasé. Le Kremlin n'est plus qu'une île noire contre laquelle se brise une mer ondoyante de feu. Le ciel, reflétant l'illumination, est comme traversé des clartés mobiles d'une aurore boréale.
    La troisième nuit descendait; on respirait à peine dans une vapeur suffocante : deux fois des mèches ont été attachées au bâtiment qu'occupait Napoléon. Comment fuir ? les flammes attroupées bloquent les portes de la citadelle. En cherchant de tous les côtés, on découvre une poterne, qui donnait sur la Moscowa. Le vainqueur avec sa garde se dérobe par ce guichet de salut. Autour de lui dans la ville, des voûtes se fondent en mugissant, des clochers d'où découlaient des torrents de métal liquéfié se penchent, se détachent et tombent. Des charpentes, des poutres, des toits craquant, pétillant, croulant, s'abiment dans un Phlégéton dont ils font rejaillir la flamme ardente et des millions de paillettes d'or. Bonaparte ne s'échappe que sur les charbons refroidis d'un quartier déjà réduit en cendres : il gagne Petrovski, ville du czar...
    Du rivage de Sainte-Hélène, Napoléon revoyait brûler la ville des scythes : "Jamais" dit-il, "en dépit de la poésie, toutes les fictions de l'incendie de Troie n'égaleront la réalité de celui de Moscou." (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome I, pages 802 à 807)

    Le 19 octobre, Napoléon ordonne la retraite. Dans très peu de jours ce sera, à tous les sens du terme, "la Bérésina" !...

  • Éphéméride du 3 octobre

    1985 : Création du RAID

     

     

     

     

    1468 : Arrestation de Louis XI à Péronne par le duc de Bourgogne 

     

    Ce jour-là, la royauté connut la plus effroyable des humiliations (l'arrestation du Roi est racontée en détail dans l'Éphéméride du 11 février). Il n'y en aura pas de pire jusqu'à la Révolution.

    Certains l'ignorent, d'autres l'oublient : il n'était pas obligatoire que la France existât. Du moins telle que nous la connaissons aujourd'hui. Les territoires qui la composent, ces Provinces qui font son extraordinaire richesse grâce à leur infinie diversité, auraient très bien pu aller les unes à telle puissance étrangère, les autres à telle autre.

    Ou alors, d'autres centres que Paris auraient pu fédérer une autre entité :

    les Wisigoths, d'abord, qui possédaient presque toute l'Espagne et quasiment toute l'actuelle France méridionale : mais ils furent écrasés à Vouillé par Clovis (voir l'Éphéméride du 10 novembre) et refoulés en Espagne;

    ou bien les Comtes de Toulouse, à partir précisément de leur capitale éponyme, mais qui manquait d'un poids démographique suffisant pour s'imposer;

    ou bien les Plantagenêts, d'origine française mais devenus rois d'Angleterre, et qui possédèrent, à un moment, bien plus de territoires de l'actuelle France que le roi de France lui-même.

    ou bien encore les ducs de Bourgogne, les Grands Ducs d'Occident, qui, eux, ne manquaient ni de population ni de richesses mais qui, pour leur malheur - et notre bonheur ! - sont "tombés" sur... Louis XI (ci dessous) ! 

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    Bien qu'un peu touffue, et assez peu lisible, la carte ci dessous montre la tenaille presque parfaite, et donc mortelle, dans laquelle les possessions bourguignonnes de Charles le Téméraire (en jaune) enserraient en grande partie, et presque totalement, une portion des terres du Roi de France, au Nord et au Centre-Est :
     
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    Si l'on tient compte du fait que plusieurs autres facteurs militaient en faveur du Grand Duc d'Occident (richesse économique, dynamisme culturel, poids démographique...) on voit bien, dans cette lutte titanesque entre la Maison de France et la Maison de Bourgogne, qui était le chêne (du moins en apparence) et qui était le roseau...
     
    De Jacques Bainville (Histoire de France, chapitre VII, Louis XI : l'unité sauvée, l'ordre rétabli, la France reprend sa marche en avant :
     
    "...Charles le Téméraire, qui venait de succéder à son père, nourrissait de vastes et dangereux desseins. Il voulait fondre en un bloc ses domaines faits de pièces et de morceaux, relier la Bourgogne aux Pays-Bas, soit par la Champagne, soit par la Lorraine, gouverner sans avoir à rendre hommage au roi de France ni à respecter les coutumes flamandes..."
     
    "...Et quand celui-ci (Louis XI, ndlr) fut roi, il continua l'œuvre de son père. Si la grande féodalité comptait sur le nouveau règne, elle se trompait. Seulement, Louis XI, esprit réaliste, avait bien jugé qu'il n'était pas assez fort pour la combattre en face. Il avait, à juste titre, le "cauchemar des coalitions". Il eut recours aux armes quand il ne pouvait s'en dispenser, mais sa préférence était pour d'autres moyens, l'argent surtout : il payait ce qu'il ne pouvait conquérir. Avaricieux pour lui-même, encore plus modeste dans ses habits que son père, il trouvait quatre cent mille écus pour acheter une province.

    La ruse, l'absence de scrupules étaient sans doute dans son caractère. Elles étaient aussi des nécessités de la situation. Diviser ses ennemis, abattre les plus faibles, s'humilier au besoin devant les autres, sacrifier ses alliés en cas de nécessité, inspirer la crainte quand il était le plus fort, subir des affronts et attendre l'heure de la vengeance : ce n'étaient pas des procédés de paladin. Charles le Téméraire, le "grand duc d'Occident" (ci dessous) avait une autre allure. À la fin, comme dans la fable, le roseau l'emporte à force de plier..."

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    "...Vis-à-vis de son grand adversaire, le roi avait adopté pour tactique la prudence. Il le voyait s'engager dans des entreprises de plus en plus hasardeuses, affronter la Lorraine, l'Alsace, l'Allemagne, la Suisse. Louis XI le sentit perdu. Désormais il se garda d'intervenir autrement qu'en lui suscitant des ennemis. Il fit confiance au temps, attendit son heure. Il donna même Saint-Quentin pour que le duc de Bourgogne se tournât d'un autre côté. Ce côté, c'était celui de Granson et de Morat où les cantons suisses infligèrent deux graves défaites au puissant duc. Il ne s'en remit pas. Rien ne lui réussit plus. Devant Nancy, dont il voulait faire la capitale de son État, la tête d'une Lotharingie nouvelle, il trouva une mort misérable (1477).

    Plus grand bonheur ne pouvait arriver à la France. Sans effort de notre part, un ennemi dangereux était abattu. Et puis, Charles n'avait pas de fils : ses apanages retourneraient donc à la couronne..."

     

    • Sur les causes profondes de cette guerre entre la France de Louis XI et la Maison de Bourgogne, on pourra consulter l'Éphéméride du 24 juin et l'Éphéméride du 3 octobre.

    Ainsi que, dans notre Album "L'aventure France racontée par les cartes", la photo "La France face à la maison de Bourgogne"

     

    • Morts à l'étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos Éphémérides :

    • pour les rois morts à l'étranger, voir l'Éphéméride du 8 avril;

    • pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, voir l'Éphéméride du 11 février;

    • pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d'y revenir après avoir dompté les rebelles, voir l'Éphéméride du 21 mars;

    • pour les rois assassinés, voir l'Éphéméride du 30 juillet...

     

     

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    1634 : Louis XIII se proclame Capitaine des Mousquetaires...

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    C'est un peu plus de dix ans auparavant, en 1622, que le Roi avait créé le corps des Mousquetaires : en réalité, il ne fit que transformer l'armement de la garde personnelle, créée par son père, Henri IV, qui portait le nom de "Carabins" car elle était armée de carabines.

    Louis XIII fit remplacer ces dernières par des mousquets, d'où le nouveau nom de "Mousquetaires"... 

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    Dans la Maison militaire du Roi, les mousquetaires formaient deux compagnies, chacune de deux cents cavaliers.

    Ils portaient habit écarlate, soubrevestes bleues et galonnées sans manches, avec deux croix de velours blanc, l'une devant, l'autre derrière. La première compagnie avait des galons d'or et des flammes rouges aux angles des croix, tandis que la deuxième avait des galons d'argent et des flammes feuille-morte.

    Les mousquetaires de la première avaient des chevaux gris ceux de la deuxième, des chevaux noirs. De là, leur nom de Mousquetaires gris et de Mousquetaires noirs.

    Leurs drapeaux étaient blancs :

    sur celui de la première compagnie se voyait une bombe enflammée tombant sur une ville, avec la devise Quo ruit et lethum (Partout où elle s'élance, elle porte la mort), allusion à l'impétuosité des mousquetaires;

    sur celui de la deuxième, il y avait un faisceau de douze flèches empennées et l'inscription Amenas Jovis altera tela (Nouvelles armes d'un nouveau Jupiter).

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    Les mousquetaires ont joué un rôle particulièrement brillant et glorieux :

    "Ils donnèrent des preuves d'une valeur extrême; on n'en vit jamais reculer un seul, et il en fut tué un grand nombre" (Pelisson).

     

    Ce fut le grand Lully qui composa les deux marches des Mousquetaires, Gris et noirs, dont d'Artagnan reste le symbole le plus fort, tant de siècles après :

     

    Lully Marche MOUSQUETAIRES GRIS.mp3

    Lully Marche MOUSQUETAIRES NOIRS.mp3

     

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     Dans notre Album Drapeaux des Régiments du Royaume de France, voir la photo des Mousquetaires de la garde, et les trois suivantes...

     

    http://www.lemondededartagnan.fr/SITE/FRA/mousquetaires_chap01.htm

     

     

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    1886 : Naissance d'Alain Fournier

     

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    1914 : Mort de Joseph Dechelette

     

  • Lire Jacques Bainville...(XIII) : Installer un Bourbon sur le trône d'Espagne, le ”bon choix”, la décision heureuse de L

    1. Histoire de France, chapitre XIII, Louis XIV :

    "...L’événement prévu depuis les débuts du règne, depuis le mariage avec Marie-Thérèse, approchait. Le roi d’Espagne Charles II, beau-frère de Louis XIV et de l’empereur Léopold, allait mourir sans enfant. Selon que Charles II laisserait sa succession à l’un ou à l’autre de ses neveux, le sort de l’Europe serait changé. Le danger, pour nous, c’était que l’héritage revînt aux Habsbourg de Vienne, ce qui eût reconstitué l’empire de guillaume d'orange.jpgCharles Quint. D’autre part Charles II ne se décidait pas. D’innombrables intrigues se croisaient autour de son testament. Louis XIV pensait aussi, et avec raison, que si un Bourbon était désigné, ce ne serait pas sans peine et peut-être sans guerre qu’il recueillerait le magnifique héritage : Espagne, Flandre belge, une grande partie de l’Italie, le Mexique et presque toute l’Amérique du Sud. Pour un homme aussi sensé, c’était trop beau. Il savait maintenant que, dans tous ses projets, il devait compter avec les puissances maritimes. En outre, il était clair que l’Angleterre convoitait les colonies de l’Espagne. Louis XIV préféra donc négocier un traité de partage de la succession espagnole et, pendant près de trois ans, la carte de l’Europe fut maniée et remaniée de façon à donner satisfaction à tous les compétiteurs, Habsbourg et Bourbon, Bavière et Savoie. Les plans de Louis XIV étaient toujours dirigés par le principe des frontières et c’était en Lorraine, dans les Alpes, à Nice, qu’il cherchait des compensations à ses abandons de l’héritage espagnol. La mauvaise foi de Guillaume d’Orange (ci-dessus), au cours de ces pourparlers, est certaine, car seule l’Angleterre, dans ces projets, ne recevait rien.

    Un premier partage fut annulé par la mort du prince électoral de Bavière auquel l’Espagne, pour n’inquiéter personne, avait été attribuée. Tout fut à recommencer. La bonne volonté de Guillaume d’Orange manquait parce qu’une solution pacifique enlevait à l’Angleterre l’espérance de s’enrichir des dépouilles de l’Espagne dans les pays d’outre-mer. Ce qui manquait encore, c’était le consentement de l’empereur Léopold qui travaillait pour que le testament fût en faveur de sa famille. C’était le consentement des Espagnols eux-mêmes qui ne voulaient pas que leur État fût démembré. Le testament de Charles II, toujours hésitant et qui n’aimait pas à prévoir sa mort, lui fut enfin imposé par les patriotes espagols qtui désignèrent le second des petits-fils de Louis XIV, le duc d’Anjou, un prince de la puissante maison de Bourbon leur paraissant plus capable qu’un autre de maintenir l’indépendance et l’intégrité de l’Espagne.

    Peu de délibérations furent plus graves que celles où Louis XIV, en son conseil, pesa les raisons pour lesquelles il convenait d’accepter ou de repousser le testament de Charles II, qui mourut en 1700. Accepter, c’était courir les risques d’une guerre, au moins avec l’empereur, très probablement avec l’Angleterre dont le gouvernement n’attendait que le prétexte et l’occasion d’un conflit pour s’attribuer la part coloniale de l’héritage espagnol. Ainsi, l’acceptation, quelques précautions que l’on prît, c’était la guerre. Mais PHILIPPE V.jpgs’en tenir au traité de partage, c’était ouvrir à l’empereur le droit de revendiquer l’héritage entier, car tout partage était exclu par le testament. Alors, et selon l’expression du chancelier Pontchartrain que rapporte Saint-Simon, "il était au choix du roi de laisser brancher (c’est-à-dire élever) une seconde fois la maison d’Autriche à fort peu de puissance près de ce qu’elle avait été depuis Philippe II". C’était la considération capitale. Elle emporta l’acceptation. Un des ministres présents fut pourtant d’avis que nous ne gagnerions pas grand-chose à installer à Madrid un Bourbon, "dont tout au plus loin la première postérité, devenue espagnole par son intérêt, se montrerait aussi jalouse de la puissance de la France que les rois d’Espagne autrichiens". Et il est vrai que le duc d’Anjou (ci-contre) devint très vite Espagnol. Mais le grand point gagné, ce n’était pas seulement qu’il y eût à Madrid une dynastie d’origine française. C’était qu’il n’y eût plus de lien entre l’Espagne et l’Empire germanique et que la France ne fût plus jamais prise à revers : soulagement, sécurité pour nous. Le mot célèbre et arrangé, "il n’y a plus de Pyrénées", traduisait ce grand résultat, la fin d’une inquiétude et d’un péril qui avaient si longtemps pesé sur la France.

    Ainsi, refuser le testament, c’était laisser l’Espagne à la maison d’Autriche, malgré la nation espagnole qui appelait le duc dAnjou. L’accepter, c’était, en revanche, renoncer aux acquisitions que le traité de partage nous promettait. Il fallait opter. Un intérêt politique supérieur, la considération de l’avenir l’emportèrent. À distance, les raisons qui déterminèrent le choix paraissent encore les meilleures et les plus fortes. Par la suite, nous nous sommes félicités en vingt occasions d’avoir soustrait l’Espagne à l’influence allemande..."

     

    2. Journal, Tome III, 1927/1935, extrait de la Note du 10 janvier 1931, pages 120/121 :

    "...La Troisième République a eu le rare bonheur, qui n'était échu à aucun régime avant elle, d'être affranchie de soucis du côté des Pyrénées. Parmi les grandes guerres européennes, celle de 1914 est bien la seule que ne soit pas venue compliquer l'élément espagnol. La restauration de la monarchie bourbonienne à Madrid, en 1875, avait coïncidé avec l'établissement de la République en France, et ceci a profité de cela. Notre démocratie a joui sur cette frontière d'un bienfait que lui avait valu louis XIV, comme elle a joui sur la frontière belge du bienfait de Louis-Philippe. 

    On a souvent dit que l'accord franco-italien nous avait permis en 1914 de dégarnir la frontière des Alpes. Personne ne pense que nous aurions pu avoir à garnir aussi les Pyrénées. Cependant, c'est un front comme un autre, et qui peut, dans certaines hypothèses, appeler autant de soins qu'un autre. Sans compter, au Maroc, la communauté des intérêts franco-espagnols et l'utilité d'une collaboration qui a fait ses preuves au moment de l'affaire du Rif.

    Rien ne paraît plus naturel que de n'avoir mal ni à la tête, ni au bras, ni au pied. Il faut sentir douleur ou gêne pour apprécier ce bonheur. La France ne commencerait à se rendre compte des avantages de la longue tranquillité qu'elle a eue du côté du sud-ouest que le jour où elle l'aurait perdue, ce qui pourrait fort bien arriver si l'Espagne tombait en anarchie, sans même tomber entre des mains hostiles à la France..."       

    FRANCE CONTRE charles quint.jpg

    La simple consultation d'une carte suffit à comprendre "la lutte nationale contre la Maison d'Autriche", qui dura près de deux siècles; avec les héritages de Charles Quint, "la monstrueuse puissance était constituée, l'Espagne et l'Allemagne accouplées....." et la France prise dans une tenaille mortelle...

  • Mai 68 : Ce menaçant Monsieur Cassin [1]

    « Reçu à l’Elysée avec les membres du Conseil constitutionnel au début de l’année 1968, il aurait déclaré au Général de Gaulle : je considère que la position que vous avez prise, les propos que vous avez tenus au sujet du conflit israélo-arabe, ne sont pas acceptables de la part du Chef de l’État. Je vous le dis respectueusement mais fermement. […] Monsieur le Président, je suis inquiet, très inquiet pour l’avenir. En réalité, l’ancien " ami fidèleʼʼ, était devenu un opposant, qui écrivait après le discours prononcé par Charles de Gaulle à Montréal le 24 juillet 1967 : ʽʽIl n’appartient pas à des Français de peser sur les décisions d’une population qui a, sans notre concours, prouvé sa capacité de vivre et qui est très à même de savoir disposer de son sortʼʼ. » 

    Daniel Amson, De Gaulle et Israël, Paris, PUF, 1991, p. 53-54. 

     

    Cet épisode, où René Cassin avertit d’une façon véhémente le général de Gaulle qu’il est inquiet pour son avenir, est jusqu’ici passé inaperçu parmi ceux qui, historiens ou sociologues, se sont essayés à identifier les causes profondes de l’irruption de Mai 68. Cassin signale à de Gaulle qu’il a largement franchi la ligne rouge et qu’il va bien assez tôt en payer le prix, ce qui suggère que ce personnage a pu être l’un des instigateurs occultes du mouvement de mai-juin 1968.

    Dans la famille des élites globales mobiles, Cassin est le juriste. Expert ès droits de l’homme, spécialiste du droit international, il fut chargé par elles de rédiger la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DUDH), proclamée le 10 décembre 1948 à Paris par la toute jeune Organisation des nations unies (ONU). 

    Les origines 

    René Cassin voit le jour à Nice le 5 octobre 1887. Il naît dans « une famille de classe moyenne juive prospère qui avait fait fortune au milieu du XIXe siècle »[1]. Sa famille est typique de ce qu’on appelait alors les « israélites français », ces juifs assimilés à culture républicaine. Cela faisait longtemps qu’elle vivait sur le sol hexagonal : « Les Cassin étaient venus à Nice entre 1840 et 1860, mais leurs ancêtres vivaient dans le sud de la France depuis des générations. »[2] Les Cassin sont au fond des juifs libéraux, soucieux de conserver leurs racines religieuses tout en se montrant résolus à se fondre dans le moule républicain. « Comme son père, René accomplit les rites juifs de passage à la responsabilité personnelle, la bar-mitzvah. Son oncle Honel Meiss lui apprit à lire les passages des prophètes et de la Torah »[3]. René, en outre « républicain et libre penseur comme son père, […] est assez détaché de la tradition pour faire sa vie avec une femme qui n’est pas juive. »[4]           

    Très bon élève, il obtient son baccalauréat à 17 ans. En 1904 il s’inscrit en droit et en histoire à la faculté d’Aix-en-Provence. C’est un étudiant brillant : en 1908 il « monte » à Paris pour achever ses études de droit qu’il finance en travaillant pour le Recueil des lois et décrets. En 1914 il termine ses études titulaire d’un doctorat de droit civil. Sa thèse porte sur la théorie des obligations. 

    Parcours politique et professionnel 

    Politiquement, René Cassin se situe à gauche. Il fut d’ailleurs l’ « un des rares notables de gauche à rallier de Gaulle »[5]. À la manière d’un Pierre Mendès-France ou d’un Romain Gary, il n’a « jamais adhéré au gaullisme partisan »[6]. Son meilleur ami est Paul Ramadier, qui est un militant socialiste et un journaliste à LʼHumanité. Lui penche pour le radicalisme. Mais son engagement politique est plutôt tardif. En 1931 il s’inscrit à la section du Ve arrondissement de Paris du parti radical. « Cassin ne fit pas seulement acte de loyauté envers le parti radical-socialiste, mais aussi envers son président, Édouard Herriot, qui l’avait nommé huit ans plus tôt à la délégation française à la SDN. »[7], c’est-à-dire la Société des nations, ancêtre de l’ONU. 

    C’est d’abord son parcours de juriste qui prime, notamment tout ce qui touche au droit international, qu’il voit comme le meilleur outil pour œuvrer à la paix. Incontestablement, l’épreuve de la Grande guerre a compté dans son soutien en faveur d’une instance internationale de délibération et de règlement des litiges. Mobilisé le 1er août 1914, il est blessé suffisamment tôt pour ne connaître « ni Verdun, ni la Somme, ni les gaz, ni le pilonnage des tranchées. »[8] Réformé, sa carrière de professeur de droit peut commencer. De 1916 à 1919 il est chargé de cours de droit civil et pénal à l’université d’Aix. Il est reçu en 1920 à l’agrégation de droit privé et de droit criminel. Il est d’abord affecté à la faculté de Lille, jusqu’en 1929, puis celle de Paris. 

    L’entre-deux-guerres et la SDN 

    L’expérience vécue par René Cassin durant la Première Guerre mondiale l’amène à prendre à bras le corps la cause des anciens combattants et des mutilés de guerre. Dans les années 1920 il lance un mouvement international des anciens combattants dont le siège se trouve à Genève. À partir de 1924 il devient également membre de la délégation française à la SDN, jusqu’aux accords de Munich (1938) qui signent l’échec du projet. Au sein de la SDN, Cassin intègre « un groupe d’hommes qui développaient des perspectives internationalistes, de formation juridique pour la plupart »[9] et formaient ainsi une coterie d’élites globales mobiles favorables à une gouvernance mondiale guidée par les principes humanistes de la république universelle, ou éthique des droits de l’homme. 

    « Dès le début, Cassin est un partisan de la Société des Nations. […] [I]l avait l’inébranlable conviction que la seule façon d’empêcher le retour de la guerre était de forger un ordre international qui proscrirait le recours aux armes quand grandiraient les tensions internationales. Il partageait le point de vue de lord Grey, ministre britannique des Affaires étrangères, qui répétait que si seulement il y avait eu, dans l’été 1914, un lieu, une institution où les grandes puissances auraient pu exposer leurs griefs, la guerre n’aurait jamais éclaté. C’est cette même conviction qui fait que, après 1918, Cassin et beaucoup d’autres anciens combattants se tournent vers Genève et la jeune SDN. »[10] Mais la SDN disparaît vite et l’ascension d’Hitler menace la paix. Pour René Cassin, quand la Seconde Guerre mondiale éclate, les Alliés sont engagés dans une « croisade des droits de lʼHomme »[11], suggérant implicitement que ce conflit avait une nature religieuse. (A suivre).   

    [1]  Antoine Prost, Jay Winter, René Cassin et les droits de lʼhomme : le projet dʼune génération, Fayard, Paris, 2011, p. 25.

    [2]  Ibid., p. 26.

    [3]  Ibid., p. 33.

    [4]  Ibid., p. 41.

    [5]  Serge Berstein, Pierre Birnbaum (dir.), De Gaulle et les élites, Paris, La Découverte, 2008, p. 39.

    [6]  Ibid., p. 68.

    [7]  Antoine Prost, Jay Winter, op. cit., p. 108.

    [8]  Ibid., p. 43.

    [9]  Ibid., p. 94.

    [10]  Ibid., p. 81-82.

    [11]  Ibid., p. 137.

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    Dossier spécial Mai 68

  • Mai 68 • L’« avant-garde chien de garde » du Capital [2]

    La rivalité entre ashkénazes et séfarade 

    À gauche comme à droite, beaucoup partagent le même diagnostic : le « procès[1] historique du capitalisme » illusionna les gauchistes. Serge Audier, qui s’est intéressé aux discours de ceux qui jugent que Mai 68 fut globalement une négativité, constate que « l’une des thèses les plus en vogue est que mai 1968 n’a été que l’accoucheur de la société libérale capitaliste : les soixante-huitards se réclamaient de Mao et de Trotski, ils dénonçaient la société de consommation, alors qu’ils étaient à leur insu, en réalité, les meilleurs agents historiques de la société marchande et de consommation. »[2] Ainsi un sous-groupe se détache à l’intérieur de la bande des meneurs de Mai, dont les motivations ont pu en réalité être distinctes de celles des piétons qu’ils entraînèrent derrière eux.

    L’avant-garde étudiante a su déclencher une émeute dans le Quartier latin qui a progressivement embrasé l’ensemble du pays. Un phénomène en fait ni nouveau ni spécifique à la France, comme en atteste le commentaire de V. Choulgine sur les manifestations d’étudiants en 1889 à Saint-Pétersbourg : « Les longs couloirs de l’université grouillaient d’une foule de jeunes en effervescence. Je fus frappé de voir prédominer les Juifs. Étaient-ils plus ou moins nombreux que les Russes, je ne saurais le dire, mais ils prédominaient incontestablement, car c’est eux étaient aux commandes de cette mêlée tumultueuse en blousons. »[3] 

    Annie Kriegel précise que les ashkénazes étaient plus nombreux par rapport aux séfarades dans les instances dirigeantes des groupuscules gauchistes pour deux raisons. La tradition socialiste y était plus développée, et ce depuis plusieurs décennies. Le Bund, un mouvement socialiste spécifiquement juif qui s’étendait sur la Pologne, la Lituanie et la Russie avait été créé en 1897 à Vilnius. Un an plus tard il adhérait au Parti social-démocrate russe (PSDR) de Lénine. Mais en 1903, lors du IIème Congrès du PSDR, à Bruxelles, le Bund décidait de reprendre sa liberté en quittant le parti de Lénine.

    Beaucoup d’ashkénazes, qui arrivèrent en France essentiellement dans les années 1930, avaient été influencés, directement ou indirectement, par ce mouvement. La violente répression nazie et la guerre opposant l’Allemagne hitlérienne et l’Union Soviétique de Staline avaient renforcé leur inclination communiste. En revanche, toute cette histoire était étrangère aux séfarades, qui dans leur grande masse venaient d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Leur passé récent, marqué par le déchirement de l’exil dû à la décolonisation, ne les portait pas tellement à embrasser la cause communiste. Tel est notamment le cas du pied-noir Jean-Marc Salmon, qui dans sa prime jeunesse était plus Algérie française, c’est-à-dire bien à droite, que porté vers le gauchisme militant. C’est un « juif italien par son père, hispano-kabyle par sa mère, et rapatrié d’Algérie en 1961. […] Seul l’antisémitisme de ses copains de l’OAS l’a empêché de les rejoindre. Son virage à gauche, il l’a pris plus tard, préparant HEC dans la bonne ville de Nice »[4]

    À l’intérieur des instances de direction des groupuscules des révolutionnaires professionnels, la rivalité entre ashkenazim et sepharadim est palpable.

    Mais pas seulement : au sein de l’UNEF aussi, le principal syndicat étudiant, au milieu des années 1960, entre le sépharade Jean-Marc Salmon, qui en 1964, arrivé à Paris, en devient un cadre important, et l’ashkénaze Marc Kravetz, le premier représentant le courant des « statutaires », le second celui des « structuristes » : « Au cours d’interminables assemblées générales, les partisans des deux thèses dissertent, gagnent, perdent, regagnent. ʽʽQuel rabbin, ce Salmon ! ʼʼ, murmure un soir Kravetz, excédé par les arguties de son adversaire. Même là, l’éternelle rivalité entre les ashkénazes et les sépharades trouve son expression. »[5]

    Le 14 juin 1967, les « maos » sont réunis dans la salle V de l’école normale supérieure de la rue d’Ulm, le quartier général. Le séfarade Tiennot Grumbach « est sur la sellette »[6]. Il lui est reproché par Robert Linhart l’ashkénaze son rapprochement avec les concurrents du CMLF (Cercles marxistes-léninistes de France), en particulier pour l’organisation d’une manifestation contre Israël pendant la guerre des Six-Jours. « Tiennot aime Robert. Il lui voue une intense admiration – pour son brio, sa clairvoyance intellectuelle, son aptitude à rebondir au détour d’un rapport. Et il aime aussi l’homme privé, sa sincérité, sa passion, la qualité du rêve qui l’habite et le meut. […] Blessé, pâle, le camarade Grumbach empoigne à son tour le fouet :

    – Allons-nous supporter longtemps, crache-t-il d’une voix blanche, le style grand seigneur du camarade Linhart ? Ses coquetteries vestimentaires ? Son dandysme nonchalant qui ne l’empêche pas de distribuer, autour de lui, les consignes et les mauvais points ? Son mépris pour l’élaboration collective ?

    Tiennot défie l’assistance, monte d’un cran, apostrophe son ami les yeux dans les yeux :

    – Tu as de beaux costards, Robert, tu préfères le velours bien coupé. Tu ne te rases pas le matin pour ajouter une touche de négligence à ton élégance soignée. […]

    Tiennot, dans son emportement, a violé un tabou, déchiré le paravent d’une zone obscure. Et les autres s’engouffrent par la brèche. Haro sur la souffrance du camarade Linhart, sur sa hauteur, sur sa morgue ! Benny, un éclat d’ironie socratique dans l’œil, se garde d’enchérir, lui qui vit mal l’ascendant du Polack ashkénaze. »[7]

    Linhart, à ses yeux, « paraît moins étranger que distant – une distance dérangeante, provocante, lourde de sens, d’émulation. Un ashkénaze polonais (comme Jacques-Alain Miller) volontiers méprisant, dont les gestes et les mots trahissent une arrogance retenue. Le séfarade égyptien confie à son ami Broyelle, garanti goy, et, en la matière, témoin impartial, que Robert « a un côté polak. […] L’ ‘’ étudiant pauvreʼʼ méditerranéen se sent gauche, un peu emprunté, à côté du Parisien si parisien, juif comme lui et juif autrement que lui. »[8]

    Ce qui est corroboré par ailleurs, dans un livre du journaliste Maurice Szafran : « Le juif égyptien, pauvre et apatride, est en concurrence avec le dandy juif, parfaitement intégré à la société, personnage du Tout-Paris, si civilisé et si européen. »[9] 

    Si une telle thèse est quelque peu caricaturale elle repose sur un fond de vérité. Elle traduit une réalité que certains pourraient relever à des fins polémiques. Mais ce fait est indiscutable, corroboré par une grande variété de sources. Nous nous abstiendrons de les citer toutes, tellement elles sont nombreuses. Ce sont surtout des publications internes aux milieux juifs, très enclines à un nombrilisme que l’on ne saurait leur reprocher, qui ont insisté sur la « forte présence juive à la tête des organisations d’extrême gauche en France. »[10]   (Dossier à suivre)  

    [1]  Au sens de processus.

    [2]  Serge Audier, La pensée anti-68. Essai sur les origines d’une restauration intellectuelle, La Découverte, Paris, 2008, p. 14.

    [3]  Alexandre Soljenitsyne, Deux siècles ensemble (1795-1995), I, Paris, Fayard, 2002, p. 265.

    [4]  Hervé Hamon, Patrick Rotman, Génération. Les années de rêve, Paris, Seuil, 1987, p. 295.

    [5]  Ibid., p. 296.

    [6]  Ibid., p. 339.

    [7]  Ibid., p. 339-340.

    [8]  Ibid., p. 276.

    [9]  Maurice Szafran, Les juifs dans la politique française de 1945 à nos jours, Paris, Flammarion, 1990, p. 180.

    [10]  Yaël Auron, Les juifs d’extrême gauche en mai 68, Paris, Albin Michel, 1998, p. 146.

     

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