UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : radio ville marie

  • De 1453 à 2009, la Turquie en deux chiffres : 100%, 0%.....

                Il y a maintenant plusieurs mois, nous recevions un message furibard, à propos d'une de nos notes sur la Turquie, dans lequel NAG (qui selon toutes les apparence devait représenter un groupe, puisqu'il y avait des "s" partout, mais lequel ?...) se déclarait "scandalisés" par nos "raccourcis et approximations", et terminait en disant que la France avait commis un "génocide en Algérie".

                Tout cela en moins de dix lignes ! Nous avions répondu à ce message, et pensions que le débat était clos. Un nouveau correspondant, seul cette fois, nous envoie sur maisaquilafaute un nouveau billet, du même tonneau, et reprenant, pour l'essentiel, les thèses du précédent Nag. Nous avons laissé passer un peu de temps, hésitant à parler de nouveau de ce sujet, que nous avons déjà traité plusieurs fois. Et puis, nous nous sommes dit qu'il fallait être logiques, et que si nous mettions une possibilité de "nous contacter" sans répondre aux contradicteurs, ce n'était pas très cohérent..

                Allons-y donc, de nouveau, sur la Turquie....

    sainte sophie.jpg
    Sainte Sophie, transformée en mosquée....

               Soyons sérieux. Est-ce notre faute, à nous, s'il n'y a plus de chrétiens à Constantinople aujourd'hui, alors que les chrétiens représentaient 100% de la population lors de la conquête musulmane en 1453 ? Nous ne demanderions pas mieux que d'avoir une vision positive et amicale de la Turquie, comme nous y invite notre nouveau contradicteur, après Nag. Il faudrait simplement que les Turcs y mettent un peu du leur. Nous sommes justes un peu étonnés (c'est de l'humour...) et franchement inquiets quand nous voyons le sort des non musulmans en Turquie, c'est tout. Si, entre chrétiens et musulmans, il y avait, disons, 50/50, on pourrait trouver que c'est normal, et cela plaiderait pour les conquérants. Ils ont conquis la ville, il est donc naturel qu'ils s'y trouvent, à hauteur de 50% de la population, mais vous voyez, les chrétiens sont toujours là, ils vivent librement etc.. etc... Là, on pourrait les croire les Turcs, quand ils parlent de leur ouverture et de leur tolérance etc... etc....

                Mais à 1OO% contre O%, on est désolés, mais on n'y croit pas, à ce modèle, c'est tout. Ce n'est pas la peine de nous traiter de tous les noms d'oiseaux, cela n'y changera rien.

                Quant à l'Algérie, là aussi, soyons sérieux, soyez sérieux. Et redisons à notre nouveau contradicteur ce que nous disions déjà à Nag. Il y avait là-bas un million d'habitants à l'arrivée des français, dix millions à leur départ, trente aujourd'hui. Et vous appelez ça un génocide ? C'est, précisément, exactement le contraire de ce qu'ont fait les Turcs à Constantinople et en Turquie vis à vis des autochtones !...

                 Non, désolés, mais nous persistons et nous signons. Là où les nazis, qui ont voulu une Allemagne sans juifs, ont échoué, les Turcs, qui ont voulu une Constantinople et une Turquie sans chrétiens, ont réussi....  D'où notre raccourci, un peu provocateur, c'est vrai, et que nous avons écrit aussi -reconnaissons-le- pour nous faire plaisir : les Turcs sont des nazis qui ont réussi....

    P.S.: Rappelons aussi à notre honorable correspondant que, tout récemment, la Turquie a célébré, en grande pompe, l'invasion par ses troupes de Chypre. Elle demande donc à entrer dans un Club dont elle occupe militairement le territoire d'un des membres.

    CHYPRE.jpg

            La soi disant République turque de Chypre nord est en réalité un Etat bidon créé, colonisé et maintenu par la Turquie. Elle sert de paravent à la colonisation du Nord de l’île de Chypre par la Turquie. Elle n’a pas de reconnaissance internationale. Cette partie de Chypre était majoritairement peuplée de Chypriotes grecs, chassés en 1974-1975. " Chypre Nord " est un exemple de purification ethnique réussie : elle est occupée par 35.000 soldats turcs. Elle est peuplée de 105.000 colons installés par la Turquie et de 95.000 Chypriotes turcs (issus d’immigrés turcs présents depuis la fin du 16è siècle, date de la conquête ottomane).

           Normalement presque tous les noms des villes et villages de cette région sont grecs. La Turquie a mis au point une commission qui a modifié tous les noms pour turquiser la région. Les églises grecques ont été transformées en urinoirs, en mosquées, en étables ou en boîtes de nuit. La Turquie refuse toujours à 211.000 réfugiés Chypriotes grecs et à leurs familles de revenir sur leur terre.

  • Humeur : Augustin Legrand ou la ”mal-charité” et les ”mal-généreux”..... (1/2)

                    Revoilà Augustin Legrand, qui a promis de remonter bientôt non pas quelques campements épars, mais "des dizaines de milliers de tentes" dans tout le pays. "On ne fera pas un mais des campements... on a maillé le territoire, on a demandé aux gens de s'inscrire sur notre site Internet. On fera des campements virtuels en amont, c'est-à-dire que les gens vont s'inscrire sur notre site pour s'engager à venir camper. On s'installera partout à l'extérieur des villes, pour ne pas être dégagés par des CRS, on filmera tout ça, et on finira par une marche vers le centre des villes....".

                    On est prévenus !  

    AUGUSTIN LEGRAND 1.jpg

               On connaissait la "mal-bouffe", la "mal-traitance", les "mal-logés" et quelques autres "mal" du même tonneau: il semble donc qu'avec ces Enfants de Don Quichotte il faille s'habituer à parler, maintenant, de la "mal-charité" et de ces "mal-généreux" qui, pour dire les choses franchement et comme nous les sentons, nous fatiguent.....

     

              Au début, avec Augustin Legrand on avait été surpris, parce que c'était nouveau. Toutes ces tentes sur le Canal Saint Martin (ci dessous), on avait été plutôt inquiets d'abord, puis franchement pas rassurés du tout quand on a vu que cela se mettait à durer. Mais comme c'était la première fois, et que ça avait fini par finir, on lui avait presque pardonné, à l'Augustin. Il avait fait une folie, qui avait très vite tourné au drame pour les riverains et les commerçants dudit canal Saint Martin. Et accessoirement aussi pour ceux qui étaient sous les tentes, car l'Augustin avait beau dire, ils n'étaient pas à la fête. Une folie qui n'avait donc pas été un franc succés (c'est peu dire !...) pour les sans-logis ou mal-logés...

    AUGUSTIN LEGRAND.jpg

     

              Legrand avait remué beaucoup de vent et brassé beaucoup d'air, mais "sa" fameuse loi sur le logement opposable s'était vite révélée être ce qu'elle est vraiment: pour l'essentiel, du pipeau ! Mais on lui avait pardonné, au fond, parce que c'était la première fois; et parce que c'était fini; et parceque, au fin fond de soi-même, chacun se disait que c'était maintenant derrière nous....

     

             Maintenant il remet ça, régulièrement, et là cela devient franchement exaspérant, et on n'a plus du tout envie d'être gentil avec lui, ni de l'épargner ! Il y a beaucoup, de gens généreux en France, et l'Augustin devrait se rappeler de temps en temps qu'il n'est pas seul à l'être. On avait déjà eu la demi-folle de Lelouch, l'allumée de la secte à Breteau, qui nous avait déjà engueulé en direct à la télé, nous expliquant par "a + b" que comme personne (sous-entendu nous, c'est sympa !...) ne faisait rien, elle au moins elle agissait. Résultat des courses, on apprenait très vite qu'il s'agissait en fait de trafics d'êtres humains et de traite des noirs ! Chapeau, l'artiste !....

     

              Et maintenant on se re-fait engueuler en direct à la télé, et régulièrement cette fois ! Et l'Augustin vient nous re-servir son bouillon indigeste et pleurnichard sur les mal logés et gna-gna-gna ! Et re, on essaye de nous re-donner mauvaise conscience: on va apprendre quoi, dans quelques temps sur l'assoce de l'Augustin ?.....Ils ne pourraient pas nous oublier un peu, et nous lâcher les basketts de temps en temps, ces pseudo gourous de la charité mal comprise, de la générosité mal vécue, de la solidarité mal partagée ?.....

     

              Bien sûr qu'il y a des mal-logés, et qu'il faut les aider. Mais il y a en France des milliers, et des dizaines de milliers, de personnes qui ont eu la sagesse et l'intelligence de comprendre qu'elles ne pouvaient rien faire directement pour eux, en particulier, et pour les pauvres, en général: parce qu'elles n'avaient pas les compétences pratiques (et il en faut, de tous ordre, des compétences, diverses et variées....); et parce qu'elles ne disposaient pas de la durée nécéssaire pour qu'une quelconque action de ce genre débouche sur des résultats concrets.

     

              Qu'ont-elles donc fait, et que continuent-elles donc à faire, toutes ces personnes, aussi généreuses et mieux généreuses que les donneurs de leçons, du genre de Legrand ? D'abord, elles ont commençé par ne pas faire tout le tra-la-la de mauvais goût, et finalement pas efficace du tout, du père Augustin, vrai barbu mais faux prophète.... (à suivre....)

  • ”Les expulser, oui, mais pour où ?...(5/6) : Les rapports Islam/Europe depuis treize siècles...

    Voyons maintenant la deuxième invasion militaire d'une partie de l'Europe par l'Islam. Il ne s'agit plus là de Berbères d'Afrique du Nord, mais de Turcs, venus d'Asie centrale; et l'attaque n'est plus par le sud-ouest, mais par le sud-est. 

    Dès 1353, la dynastie turque des Ottomans, fondée par Osman 1er, prit pied en Europe: c'est en effet cette année-là que, follement appelé à l'aide par l'usurpateur Jean Cantacuzène, et jouant pleinement des dissensions suicidaires des chrétiens de l'Empire byzantin, le successeur d'Osman fonda à Gallipoli le premier établissement turc en Europe.

    empire turc en europe 1.JPG
    Drapeau de la dynastie Ottomane (ci dessus) et de la flotte turque (ci dessous)
     
    empire turc en europe 2.JPG

    Avec Mourad 1er commença la conquête des Balkans, dès 1360. Maître d'Andrinople et de la Thrace, les Ottomans mirent en déroute sur la Maritsa la croisade de Louis 1er de Hongrie, en 1363, puis entreprirent la conquête de la Serbie. La victoire turque de Kosovo (juin 1389) fit passer les Serbes, après les Bulgares, sous le joug Ottoman. Ensuite eut lieu la conquête de la Thessalie, et les premières entreprises devant Constantinople elle-même. Un temps freiné dans leur expansion par l'arrivée sur leurs arrières de Tamerlan et de ses mongols, les Ottomans reprirent leur marche en avant, après le départ de Tamerlan, et conquirent Thessalonique en 1430. De l'Empire Romain d'Orient, il ne restait plus que Constantinople et sa banlieue : Mehmet II s'en empara en 1453, malgré l'héroïque résistance des défenseurs de la ville.   

    CONSTANTINOPLE.jpg
     
     
    Ecoutons Michel Mourre : "Jusque vers 1700, les Turcs devaient rester un danger permanent pour l'Europe chrétienne. Sous Mehmet II, ils poursuivirent leur avance dans toutes les directions. Vers l'Ouest, en s'emparant de la Bosnie (1463) et de l'Albanie, où Skanderberg leur avait opposé une longue résistance; du côté de la mer Noire, en enlevant la Crimée aux Génois (1475); du côté de l'Arménie, en liquidant l'Etat grec de Trébizonde (1461). L'une après l'autre, les places génoises et vénitiennes de la mer Egée et de la Morée (Péloponnèse, ndlr) passaient aux mains des Ottomans, qui commençaient à mener la guerre à la fois sur mer et sur terre et s'installaient même à Otrante, en Italie du Sud (1480)..."

    L'empire turc atteignit son apogée sous Soliman II le Magnifique, qui s'empara de Belgrade (1521), de Rhodes (1522) et fit passer presque toute la Hongrie sous son protectorat après la victoire de Mohacs (1526) et assiégea Vienne, pour la première fois, en 1529. "Au milieu du XVI° siècle -dit encore Michel Mourre- la Turquie était devenue la première puissance de l'Europe et de la Méditerranée". Elle contrôlait, en Europe, toute la péninsule balkanique et la Grèce, les provinces danubiennes, la Transylvanie, la Hongrie orientale.

     

    empire turc en europe.jpg

    Ce n'est qu'à partir de 1571 - avec la victoire de Lépante (ci dessous) - que l'on assiste au premier véritable coup d'arrêt donné au déferlement de cette puissance ottomane, qui semblait jusque là irrésistible. A cette occasion, une coalition formée par le pape, et regroupant l'Espagne, Venise et les Chevaliers de Malte, sous le commandement de Don Juan d'Autriche, détruisit la flotte ottomane, qui ne se releva jamais de ce désastre. 1571 marque donc, d'une certaine façon, le réveil européen, et si cette victoire resta sans lendemain, et ne fut pas exploitée militairement, son retentissement moral fut considérable : elle "rendit courage à l'Europe chrétienne" (Michel Mourre). Et pourtant, pendant plus d'un siècle encore, les Turcs restèrent menaçants: ils enlevèrent encore la Crète et la Podolie (sud-ouest de l'Ukraine) et menacèrent Vienne jusqu'en 1683, date à laquelle ils furent contraints d'en lever le siège : la ville ne fut en effet définitivement libérée du danger musulman que cette année-là, grâce aux troupes polono-allemandes commandées par Jean Sobieski.

     

    Lepante1.jpg

     7 octobre 1571, Lépante ( http://www.publius-historicus.com/lepante.html )

    213 galères espagnoles et vénitiennes et quelques 300 vaisseaux turcs. Cent mille hommes combattent dans chaque camp. Les chrétiens remportent une victoire complète. Presque toutes les galères ennemies sont prises. L'amiral turc est fait prisonnier et décapité et 15.000 captifs chrétiens sont libérés.

     

    A partir de là commença le lente reconquête par les européens de la partie de leur Europe envahie par les musulmans. Exactement comme l'avaient fait les espagnols près de mille ans auparavant. En septembre 1686, Buda est libérée, et la paix de Karlowitz restitua à l'Autriche, la Hongrie (sauf le Banat) et la Transylvanie; à la Pologne, la Podolie; à Venise, la Morée et la Dalmatie. Le Traité de Passarowitz (1718) restitua à l'Autriche le nord de la Bosnie et de la Serbie (avec Belgrade) ainsi que la Valachie occidentale (sud de la Roumanie).

  • Le cri de désespoir de la maire communiste de Saint Ouen: il y a de la Mafia aux portes de Paris ! Mais qui a créé les c

               Après une énième fusillade entre bandes, deux "jeunes" sont morts à Saint-Ouen. Selon une source policière, la fusillade a éclaté cité Arago, où se mêlent immeubles d'habitation, friches industrielles et buildings de bureaux fraîchement sortis de terre. Des sources policières croient à un "règlement de compte lié au marché de la drogue".

                La maire (PCF) de Saint-Ouen également: Jacqueline Rouillon (ci-dessous) a évoqué auprès de l'AFP "la pratique mafieuse pour le contrôle des stupéfiants sur la ville", dressant un parallèle entre "l'installation et la profondeur du trafic de drogue" autour de la gare de Saint-Denis, toute proche, et "l'augmentation du trafic" à Saint-Ouen, vieille ville ouvrière frappée par la désindustrialisation.

               "Bouleversée par cette fusillade", elle a réclamé que "la police et l'Etat soient présents dans ces quartiers pour rétablir l'ordre".

    violence saint ouen maire pcf.jpg

               Et tout le Pays légal de Seine-Saint-Denis de surenchérir : élus de gauche et de droite ont lancé un cri d'alarme commun contre la poussée de la violence:

               "Nous n'acceptons pas que des jeunes soient tués dans ce département",a déclaré Eliane Assassi (ci dessous), la sénatrice PCF de Seine-Saint-Denis lors d'une conférence de presse commune. "C'est un moment d'union sacrée. La sécurité n'est pas un problème de droite ou de gauche. En organisant cette rencontre, le conseil général (de gauche) a montré qu'il n'était pas naïf sur la délinquance",a acquiescé Eric Raoult, député maire UMP du Raincy. "Qu'on soit de gauche ou de droite le constat est identique : la situation est en train de se tendre dans le département, ça ne va pas, ça ne peut plus durer"(1), a ajouté Claude Bartolone, président PS du conseil général.

    ASSASSI.jpg

                Coups de mentons, donc, attitudes martiales et déclarations qui ne le sont pas moins (martiales): on va voir ce qu'on va voir !

                Mais qu'est-ce qu'ils veulent qu'on voie, ces représentants du Pays légal qui sont, solidairement et conjointement, tous responsables et tous coupables du désastre actuel qui, selon leur propre mot "ne va pas, ne peut plus durer" ? Ils sont les premiers à refuser de voir que l'on est tout simplement en présence des conséquences logiques -et en tout cas fort prévisibles...- de la folle et suicidaire politique d'immigration insensée menée depuis trente ans. Une politique qu'ils ont tous acceptée, approuvée et menée, même si c'est à des degrés divers et avec des nuances diverses.

                Pensaient-ils sincèrement que l'on pouvait impunément faire entrer quinze millions de personnes en France en trente ans, sans quasiment prendre les moindres précautions, les précautions les plus élémentaires, et que cela n'aurait aucune incidence sur l'économie, d'une part, et la stabilité de la société, d'autre part ? Des personnes dont, en réalité, le pays n'avait pas un vrai besoin -ni pour son économie, ni pour quoi que ce soit d'autre; des personnes pour lesquelles les structures d'accueil adéquates n'ont été ni pensées, ni préparées; des personnes à qui, de toutes façons, il était impossible de fournir un travail décent (ni dans leur totalité, ni même pour la majorité d'entre elles); et qui ont fini, pour une très grande part, parquée dans des banlieues-ghettos inhumaines, où, de toutes façons, le travail est rare.

                 Et, dès maintenant, on a les conséquences. Dans ces banlieues sordides, au taux de chômage parfois hallucinant, dès qu'ils ont dix, douze ou quatorze ans, des pré-adolescents voient que leurs aînés peuvent se faire jusqu'à 3000 euros par jour en vendant de la drogue. Ont-ils pu croire un seul instant, ces représentants du Pays légal, que ces pré-ados allaient rester à travailler bien sagement, à l'école, puis se lever tôt et rentrer tard, devenus adultes, pour un salaire mensuel de 1000 euros, voire un peu moins, ou à peine plus ?

    violence saint ouen 1.jpg
    La police sur le lieu d'une fusillade à Saint-Ouen, dans le quartier Arago (26 septembre 2009)

                  La vérité est que, quand ces représentants du Pays légal viennent faire les pitres devant les caméras, en alignant leurs stupides déclarations martiales, ils ne font que mettre en évidence leur propre irresponsabilité, leur(s) propre(s) insuffisance(s), leur(s) propres(s) incapacité(s).

                   Ce sont eux tous, solidairement et collectivement, qui ont implanté en France cette bombe a retardement qui s'appelle immigration de masse, et qui ont donc créé cette situation explosive dont ils viennent, justement, nous dire, aujourd'hui, qu'elle "ne va pas, ne peut plus durer". Si la Mafia existe aux portes de Paris, chose que dénonce avec raison Jacqueline Rouillon, relayée par Eliane Assassi, elles oublient juste de nous dire que ce sont elles -avec leurs compères de la classe politique- qui ont volontairement et délibérement, méticuleusement et consciencieusement préparé le terreau sur lequel cette Mafia a pu propspérer et grandir. Jusqu'à bientôt tout emporter.....

                   "Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes". Elle ne leur va pas comme un gant, cette pensée de Bossuet, à toute ces responsables irresponsables, "aussi suffisants qu'insuffisants", pour reprendre le mot de Talleyrand ?...

    (1) : Selon l'Observatoire national de la délinquance, les vols avec violences ont augmenté de 14% en Seine-Saint-Denis, en juin, juillet et août 2009, par rapport aux mêmes mois en 2008.

  • Humeur: Clochemerle à Toulouse : Il faudrait savoir ! : On est laïque, ou quoi ?.....

             Petit retour en arrière sur un mini psychodrame tragi-comique dont nous n'avons pas encore eu le temps de parler (l'abondance de l'actualité...) mais qui mérite malgré tout que l'on s'y arrête quelques instants. Car il est révélateur d'un drôle d'esprit, et pour tout dire d'un mauvais esprit certain.....

            Eh oui, cet été Clochemerle a déménagé ! Et s’est installé en plein cœur de Toulouse ! Ou alors c’est le nouveau maire de la ville rose qui a eu un coup de sang, ou quelque chose qui y ressemble, mais on ne sait pas trop quoi….. Quoi qu’il en soit, la vraie question que pose cette tempête dans un verre d’eau, ridicule et abracadabrantesque guéguerre aux relents pichrocholiniens est : mais de quoi est donc allé se mêler  le maire de Toulouse ?

              Les faits, d’abord et rapidement : L’abbé Franck Touzet, membre de l’Opus Dei, a été nommé curé de la Dalbade, l’une des églises les plus importantes de Toulouse, par Mgr Robert Le Gall, l’archevêque du diocèse. C'est tout, et c'est fini. A priori il semblerait qu'il n'y ait pas de quoi en faire un plat, comme on dit (très) familièrement ? Eh bien, non !

              Aussi sec Pierre Cohen, maire PS de Toulouse, a éructé : "Nous nous serions bien passés de cette première. Je suis indigné ( sic ! ) par la nomination dans l’une des principales paroisses de la ville d’un membre de l’Opus Dei, une des organisations les plus dures de l’Eglise, connu pour ses rapprochements scandaleux dans le passé avec l’extrême droite espagnole." Indigné ? Bigre ! Et pas par n'importe quoi: par "l'extrême droite", excusez du peu ! "Alerte générale !" (on se croirait dans Taxi : cela ne vous rappelle pas quelqu'un ?...) C'est du sérieux !

              Sérieux ? Et si il le redevenait un peu, sérieux, Monsieur Cohen ?

              Franchement, il n’a rien d’autre à faire, le maire de Toulouse, que de « s’occuper » de l’Opus Dei ? Alors c’est qu’il est un homme heureux, très heureux même, et pas vraiment harassé par sa tâche : pas de problèmes plus urgents et plus angoissants de chômage, de violence, de délinquance, de pollution ? rien d’autre à faire, en tout cas rien de plus pressé, de plus prenant ou absorbant que de fouiner dans les bénitiers et de regarder derrière les portes des sacristies ? C'est que ça en laisse, alors, du temps libre le boulot de maire de Toulouse ! Du moins à ce qu'il semble ! Depuis le petit père Combes, on a connu des « gens de gauche » plus indifférents aux affaires religieuses….

              Il semblerait qu'il faille suggérer à Monsieur Cohen d'opérer un rapidissime retour à la saine laïcité la plus élémentaire. Elle siérait mieux à sa fonction que cette prétention intempestive -et injustifiée....- à s'immiscer dans les affaires internes de l'Archevêché. En renonçant à un sectarisme désuet, obsolète et d'un autre âge, il éviterait de faire ressembler sa mairie et sa gestion municipale à une annexe des grandes galeries de Paléontologie que l'on voit dans les Muséums d'Histoire Naturelle......

              Monsieur Cohen devrait aussi arrêter de jouer à se faire peur, l'oeil vissé dans son rétroviseur. Si sa montre s'est arrêtée il y a cinquante ans, qu'il en change ! : nous sommes en 2008 !..... 

              Le mot de la fin de cette histoire abracadabrantesque - qui n'aurait jamais dû avoir de début...- semble être le calme bon sens avec lequel Mgr Le Gall a répondu aux critiques, et a clôt une « querelle » qui n’aurait jamais dû être ouverte :

              « Je crois que si l'on regarde l'Église avec une vision politique ou sociologique, on ne peut pas la comprendre....La réalité est qu'ils (l’Opus Dei, ndlr) suivent l'enseignement de l'Église, ni plus ni moins. Allez les voir, connaissez-les, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Leurs portes sont grandes ouvertes, ici à Toulouse et en France......"

  • LIVRES • Un Déon pour l’été ... On réédite Les gens de la nuit

     

    Une remarquable chronique de Jérôme Leroy, écrivain et rédacteur en chef culture de Causeur.  

     

    Jerome_Leroy0.jpgOn réédite un Michel Déon pour l’été. C’est toujours une bonne idée de rééditer un Déon, surtout avec un joli bandeau de Loustal. Déon nous rappelle l’époque, pas si lointaine, où le succès public n’était pas forcément contradictoire avec la qualité littéraire. Et comme tout allait ensemble, cela donnait de très bons films quand on adaptait au cinéma un  roman de Déon: Un taxi mauve de Boisset avec Noiret, Rampling, Fred Astaire et l’Irlande dans le rôle principal, vous vous souvenez? En plus, il y avait quelque chose de plaisant à voir un cinéaste de gauche adapter un écrivain de droite. Si vous voulez trouver l’équivalent aujourd’hui, vous pouvez toujours chercher. Le goût vécu comme manière de dépasser les clivages politiques, c’est une idée qui a dû mourir à l’orée des années 80, la décennie où tout le monde est devenu très moral tout en choisissant le  pognon et la réussite comme valeurs cardinales.

    Les gens de la nuit, à l’origine, est un roman de 1958. Longtemps, sa première phrase nous a hantés, nous qui sommes insomniaques comme pas deux: «Cette année-là, je cessai de dormir. » C’est ce qui donne ce caractère d’hallucination précise au livre qui se déroule pour l’essentiel entre le coucher du soleil et l’aube ; dans le périmètre de Saint-Germain-des-Prés, celui que continuent à rechercher les touristes des années 2010 alors qu’il est devenu un continent disparu aussi improbable que l’Atlantide.

    Le narrateur des Gens de la Nuit a trente ans. c’est un fils de bonne famille: la preuve, son père va être élu à l’Académie Française. Cela fait un peu ricaner le fils. Michel Déon, dans la préface qu’il donne pour l’occasion, se moque gentiment de son propre revirement sous l’habit vert.

    Le fils sort de trois ans de Légion et pour s’occuper fait un métier tout neuf. Avec deux amis, il a monté ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui une agence de com’. Dans les années 50, on disait relations publiques. Son activité consiste surtout à promener des clients étrangers dans le « gay paris ». C’est ennuyeux mais ça le distrait d’un chagrin d’amour, un vrai chagrin d’amour, celui qui vous dévaste et vous transforme en fantôme de vous-même.

    Comme chez tous les gens pudiques, le narrateur en souffre d’autant plus qu’il en parle peu et seulement à lui-même. On retrouve là, si vous voulez, cette esthétique éminemment française de la retenue qui commence avec Madame de Lafayette et s’arrête avec les Hussards dont Michel Déon fut un éminent représentant. Depuis, on hurle, on pleure, on éructe, on se lamente, dans le roman comme ailleurs, ce qui est encore plus fatigant, à la longue, que de passer ses nuits de bar en bar et de manger des pieds de porcs à l’aube du côté des Halles.

    Pour s’occuper le narrateur fait des rencontres dans les caves de jazz et les bistrots ouverts très tard. Il a une liaison avec Gisèle qui est comme lui un oiseau de nuit, mais du genre bohème. Elle vit à l’hôtel avec Maggy, elle porte des pantalons fuseaux, elle aime faire l’amour et à l’occasion, quand elle n’a pas de papier pour prendre une adresse, elle remonte son chandail pour qu’on écrive sur sa peau nue.

    On n’est pas très loin de l’Occupation, non plus. Le narrateur devient l’ami d’un peintre très doué qui ne veut plus peindre et qui est un ancien de la Légion Charlemagne puis il sauve de la bastonnade une étudiante communiste, Noire de surcroît. Il se débarrasse avec l’aide du peintre du buste de son aïeul qu’il trouve aussi pompeux que son père dans le bois de Boulogne et il découvre que le peintre  et l’étudiante sont amants.

    Bref, il fait un peu n’importe quoi, ses amis aussi, mais ce n’importe quoi enchante. Extrait d’un dialogue avec l’étudiante communiste:

    «  - C’est merveilleux, dit-elle, je ne pensais pas que nous étions si bien organisés. Il y a longtemps que tu surveilles le coin?

    - J’y arrivais à la minute. Et pourquoi me tutoyez vous?

     - Tu n’es pas un camarade?

    Elle s’était rejetée contre la portière, le regard soudain dur.

    - Non.

    - Alors pourquoi m’avoir tirée de là?

    - Pour rien. Pour le plaisir. Pour l’honneur. »

    La dernière réplique pourrait faire une belle devise, comme celle du Prince de Ligne

    qui avait répondu, quand on lui demandait les raisons de son exil au moment de  l’Empire: « L’honneur. L’humeur. L’horreur. »

    Ce qui est amusant, en plus, avec le recul, c’est que l’on s’aperçoit que dans ces années-là, et dans les mêmes parages bistrotiers,  les personnages des Gens de la Nuit auraient pu croiser la bande de Debord et des premiers situs qui dérivaient sur le mode « psychogéographique » afin de réenchanter la ville. Ainsi, cette scène où le peintre fait découvrir au narrateur à l’aube le ballet purement gratuit des arroseuses municipales devant l’Hôtel de Ville avant qu’elles ne se mettent au travail.

    Pour le reste, est-il utile de savoir que le narrateur guérira de son chagrin d’amour un peu à la manière de Swann ou de Frédéric Moreau, que le comportement erratique et angoissé de nombre de personnages est dû à la « poudre » qui fait son apparition dans Paris et qu’il y a du roman noir dans Les gens de la nuit ?

    Sans doute, mais le plaisir donné par ce roman est ailleurs, dans quelque chose qui ne vieillit pas, qui ne vieillira jamais et qui s’appelle la mélancolie : « Nous ne sommes pas nombreux à connaître ses secrets, pas nombreux mais inguérissables. »

    Les gens de la nuit de Michel Déon (édition revue et corrigée, La Table Ronde) 5,93 €

    Jérôme Leroy

     

  • MEDIAS • El Khomri contre Bourdin : La benjamine du gouvernement n’a pas peur du « bad buzz »

     

    Le point de vue - dans Causeur - de Manuel Moreau, journaliste et syndicaliste

    Un point de vue, selon nous, juste, équitable et équilibré. Sur une affaire où l'on ne sait plus très bien ce qui est le plus à blâmer de l'incompétence (excusable ?) de la jeune ministre ou des méthodes brutales, piégeuses et inquisitoriales de Bourdin ? Sans doute le tout, bien-sûr. LFAR

    mmoreau.jpgC’est la bourde du jour. Celle que tous les médias aiment relayer. L’info est juteuse, elle fait cliquer les internautes. Comme vous. Alors allons-y, dégainons la scandaleuse, l’outrageuse, la révoltante erreur de Myriam El Khomri, récemment nommée ministre du Travail suite au départ de François Rebsamen le 2 septembre dernier, après près d’un an et demi de bons et loyaux services.

    El Khomri est jeune. A 37 ans, c’est même la benjamine du gouvernement. Dès sa nomination, la presse et l’opposition s’interrogent sur son expérience. Diplômée en droit public, elle obtient un stage à la délégation interministérielle à la ville, alors présidé par Claude Bartolone. Une expérience qui lui permettra d’accéder en août 2014 au secrétariat d’Etat à la politique de la ville. En septembre dernier, à la surprise générale, elle est promue Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Là encore, on lui reproche son manque d’expérience. Et ses hésitations de ce jeudi apportent enfin la preuve, pour ses détracteurs, qu’ils avaient raison. La voilà ! La bourde, la gêne. Le gros couac qui tâche :

    « Combien de fois peut être renouvelé un CDD ? », interroge un Jean-Jacques Bourdin, piégeur, ce jeudi matin au micro de RMC et BFMTV. « Trois fois, jusqu’à trois ans », commence-t-elle par répondre, l’air mal assurée.

    Relancée par le journaliste, elle bafouille : « Non, ce que je veux dire… Un CDI peut être requal… Un CDD peut être requalifié en CD… Un CD… Pardon… Un CDD peut être requalifié en CDI quand, justement, le cadre du recours au CDD n’a pas été… » La ministre s’emmêle les pinceaux.

    Bourdin, lui, ne la lâche plus. « Mais dites-moi, coupe le journaliste, il peut être renouvelé combien de fois le CDD ? » « Plusieurs fois » répond-elle. Belle tentative. Mais c’est peu connaître le pitbull Bourdin. « Combien de fois ? » lui demande-t-il une dernière fois.

    Elle finit par prononcer elle-même la condamnation à mort de sa potentielle crédibilité future : « Je ne pourrai pas vous le dire. »

    C’est dit. La ministre du Travail n’a pas connaissance des effets d’une réforme entreprise par son propre gouvernement… le 23 juillet dernier seulement. Mais où étiez-vous donc Madame El Khomri ? Sur les plages bretonnes ? Sous le soleil exactement ?

    Nous avons vérifié ! Car à défaut d’être informée de l’actualité de votre gouvernement, vous communiquez votre agenda. Et Dieu que vous êtes active ! Au moins deux rendez-vous chaque jour à cette période. Le CDD, décidément, vous n’aviez pas la tête à ça.

    Le 23 juillet, et le 24 juillet (date à laquelle la presse écrite a relayé le vote de l’Assemblée) Myriam El Khomri n’était pas en vacances. « Jeudi 23 juillet : 11 heures, réunion des ministres à Matignon ». Mais de quoi ont-ils parlé ? « 15 h 30 : Visite des écuries d’été de l’association “Réussir aujourd’hui” et échange avec 35 nouveaux bacheliers – Ecole polytechnique, route de Saclay, 91128 Palaiseau. » C’est précis.

    Mais laissons à la ministre 24 heures pour s’informer. « Vendredi 24 juillet : 11h15 Entretien avec Martin MALTE, graphiste, qui présentera son projet de résidences artistiques autour du social design – Hôtel Le Play, 40 rue du bac Paris 7ème ». « 12h : Entretien avec Victorin LUREL, député et président de la région Guadeloupe – Hôtel Le Play ». Overbookée ! Pas une minute pour s’enquérir de la législation sur le CDD. Depuis ? Mystère. Entre juillet et octobre, madame El Kohmri n’a vraisemblablement pas trouvé le temps de potasser son code du travail.

    Mais, prise en flag, la ministre n’a pas perdu son sang-froid pour autant. Elle a même tenté une jolie pirouette. Chacun jugera librement de sa sincérité… En fin de matinée, la ministre a déclaré au micro de BFMTV, à la sortie du Conseil des ministres : « J’ai répondu trois parce que, pour moi, c’est trois contrats. Donc voilà, (…) ce n’était pas exact par rapport à la question du renouvellement, mais ça fait trois contrats quand on peut renouveler deux fois. » « La vérité, c’est que pour répondre à cette question, il y a autant de formes de CDD possibles qu’il y a de dérogations possibles, et si, justement, nous menons cette réforme du droit du travail, si nous apportons ces clarifications, c’est bien, en effet, parce que c’est complexe », a-t-elle poursuivi. Et quand c’est flou, il y a un loup, lui répondrait Martine Aubry.

    Autant dire que le Conseil des Ministres a dû être le théâtre d’un recadrage en règle. Car François Hollande a fait de la baisse du chômage rien de moins que la condition de sa candidature à la présidentielle 2017. Alors une ministre du Travail en dilettante…

    On peut reconnaître à la benjamine du gouvernement une assurance peu commune dans une telle situation : « Jean-Jacques Bourdin avait préparé son coup, il voulait son buzz, il a eu son buzz, je ne suis pas la première, je ne serai pas la dernière », a ajouté la ministre, tout en estimant que ce n’était « pas (son) rôle » d’aller « réciter l’intégralité des articles du Code du travail (dans) l’émission de Jean-Jacques Bourdin ».

    Bien vu Myriam, parce que contrairement à nos éminents confrères qui ont passé la journée à se payer sa tête, il nous faut bien avouer ici que pour notre part, nous n’avons pas une connaissance exhaustive des 3689 pages que compte notre monstrueux Code du Travail. 

    Manuel Moreau
     

  • Christophe Guilluy, l’impertinent auteur de La France périphérique ♦ Par Bruno Stéphane-Chambon

    Guilluy

     

    Le prix des Impertinents 2014 a été remis, le 3 novembre 2014, à Christophe Guilluy pour son livre La France périphérique, paru aux éditions Flammarion. Selon les organisateurs, « le jury a tenu à distinguer le travail de ce géographie indépendant, homme de gauche mais esprit inclassable, qui ose, comme il l’avait fait dans son essai Fractures françaises (Bourin, 2010), mettre le doigt là où les plaies de la société française font mal » .

    On peut trouver, dans différents dictionnaires, les définitions de l’impertinent ou les synonymes de ce vocable utilisé comme nom ou comme adjectif.

    Or, il s’avère que les synonymes sont éloquents mais souvent péjoratifs : arrogant, blessant, culotté, désinvolte, effronté, impoli, insolent, irrévérencieux, outrecuidant, sans-gêne, discourtois, irrespectueux et grossier. Mais il y a aussi d’autres traductions comme audacieux et hardi !

    Nous nous permettrons donc de proposer la définition suivante : « un impertinent est une personne audacieuse et hardie qui utilise l’humour et un ton désinvolte, parfois irrespectueux, pour mettre le doigt sur une blessure que la doxa tente de cacher. » En cela le Prix des Impertinents est bien une récompense pour un essai « s’inscrivant à contre-courant de la pensée unique. »

    Le premier prix des Impertinents a été décerné en 2009 à Claire Brière-Blanchet pour son ouvrage Voyage au bout de la Révolution, de Pékin à Sochaux, parcours militant d’une ancienne gauchiste. En 2010 ce fut au tour de Michèle Tribalat, pour un livre sur l’immigration intitulé Les Yeux grands fermés. En 2011, Richard Millet triomphe avec son essai Fatigue du sens. L’inénarrable Denis Tillinac reçoit le Prix en 2012 pour ses Considérations Inactuelles, écrites avec sa faconde habituelle et, en 2013, Shmuel Trigano est le lauréat avec La nouvelle idéologie dominante. Un titre qui qualifie bien l’essence même de ce concours, destiné à pourfendre les cuistres qui veulent gouverner sans partage le monde des Lettres et des Idées.

    On retiendra qu’aucune influence de la part des éditeurs n’est à relever et que le critère de l’impertinence dépasse largement les clivages politiques. En cela le Prix des Impertinents n’est pas réservé à une clique ou un parti, mais plutôt à des plumes élégantes, armées d’épées acérées et courageuses. Présidé Jean Sévillia, il réunit les écrivains, essayistes et journalistes, Christian Authier, Jean-Marc Bastière, Bruno de Cessole, Jean Clair, de l’Académie française, Gabrielle Cluzel, Louis Daufresne, Chantal Delsol, de l’Institut, Paul-François Paoli, Rémi Soulié (secrétaire général du jury), François Taillandier et… Éric Zemmour !

    C’est au restaurant Montparnasse 1900, place conviviale et réputée, que le jury se réunit chaque automne*. Cette année, sans trahir la confidentialité des propos qui se sont tenus, nous pouvons seulement révéler que la lutte fut rude, chaque candidat retenu ayant ses partisans.

    Trois gladiateurs étaient en lice. Le jeune philosophe François-Xavier Bellamy, avec son essai sur la transmission du savoir : Les Déshérités. Denis Moreau, grand lecteur de l’Évangile et professeur de philosophie à l’Université de Nantes concourrait lui aussi avec un essai : Pour la vie ? Court traité du mariage et des séparations. Il y analyse la longue dérive de la vie du couple qui se défait et propose de revenir à un mariage non comme un devoir ou vieille institution, mais comme un accès à la plénitude de la vie. Enfin, Christophe Guilluy (voir ci-dessous), qui a publié La France périphérique.

    Ce fut le troisième Horace qui fut vainqueur.  ♦

    Un mot sur le lauréat

    Christophe Guilluy, âgé d’une cinquantaine d’années, est diplômé de géographie urbaine de l’université de Paris I. Il travaille à l’élaboration d’une nouvelle géographie sociale, en prenant en compte la fracture sociale et politique de notre pays qui se traduit par une nouvelle répartition de l’habitat. Les nouvelles classes populaires, les retraités sans grande ressources se retrouvent confinés dans les périphéries des grandes, moyennes et petites villes, parfois dans des espaces ruraux. Ils représentent plus de 60 % de la population à vivre dans cette « France périphérique ». Cette France invisible vit à l’écart des centres des villes où bourgeoisie, hauts fonctionnaires, agents et directeurs d’opinion eux, résident.
    Ces habitants des zones périurbaines sont les premières victimes du chômage et des tensions entre les communautés. Vivant de façon précaire, ils se sentant abandonnés par des élites qui semblent ignorer l’insécurité, l’ouverture des frontières aux marchandises et à l’immigration. Naturellement taxé de populisme par certains nantis, dont le fond de commerce est l’anti racisme et la glorification du mondialisme, Christophe Guilluy, praticien renommé, nous livre un diagnostic imparable et demande une opération chirurgicale sérieuse qui sera, certes, douloureuse.

    Il faut ajouter que, si l’auteur est connu pour ses positions progressistes, il reste sans concessions face au lobby socialiste… et ne semble pas être très apprécié du think-tank Terra Nova. Bienvenu, donc, à ce nouveau mousquetaire, venant d’autres horizons. Le Prix des Impertinents est bien une récompense qui relève de l’universel des lucides.

    La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, de Christophe Guilluy, Flammarion – Documents Sciences Humaines, 192 p., 18 €

    A lire aussi :

    Les déshérités de François-Xavier Bellamy, Plon, 240 p., 17 €

    Pour la vie ? : Court traité du mariage et des séparations de Denis Moreau, édition du Seuil, 256 p., 17 €


    * Restaurant Montparnasse 1900
    59, boulevard du Montparnasse, Paris 6ème
    Tél : 01 45 49 19 00
    restaurant@montparnasse-1900.com
    Ouvert 7/7 j, de midi à 15h et de 19h à minuit.
    Terrasse et salons privatifs. Spécialités de Viandes
    Restaurant créé en 1858, ayant appartenu par la suite à Édouard Chartier.
    Somptueux décor de type Art Nouveau de la Belle Époque
    Inscrit aux répertoires des Monuments Historiques le 16 juillet 1984.

     

    Source : Politique magazine -  

  • HISTOIRE & ACTUALITE • Retour sur « Mannesmann »… Ou : un « Maroc allemand » a-t-il existé ? Par Péroncel-Hugoz *

    Reinhard et  Max Mannesmann

     

    Une grande marque de fabrique allemande, qui brilla sur le Maroc d’avant le Protectorat franco-espagnol, est de retour dans l’ancienne Fédala *. Commentaires.

    peroncel-hugoz 2.jpg« MANNESMANN » : le nom s’étale en caractères d'imprimerie sur des panneaux publicitaires posés depuis peu dans les avenues de Mohammédia et nous ramènent plus d’un siècle en arrière lorsque les ambitions marocaines de l’empereur d’Allemagne concurrençaient fortement celles de la République française. C’est vrai que depuis la nomination au Maroc du général Lyautey, en 1912, comme résident général de France près Sa Majesté chérifienne, alors le sultan Moulay-Hafid, le mot « Mannesmann » avait vite disparu de Fédala et du reste de la Chérifie, tout en se maintenant, il est vrai, sous la forme populaire, simplifiée, quand on l’écrivait en arabe ou en français, dans le terme « MANESMAN ». Il y eut donc la « plage Manesman », et « l’îlot Manesman » pas très loin de la corniche et du port. Les pubs de 2015 ont remis en selle la version longue et compliquée de ce patronyme allemand, celui d’une lignée industrielle aussi fameuse alors que celle des Krupp.

    Les panneaux de ce printemps ne nous annoncent pas une ressurection au Maroc, un retour de la firme géante germanique mais une opération immobilière sur la portion du littoral océanique ayant appartenu il y a plus de 100 ans, aux maîtres de l’acier rhénan. Soutenu par la Banque BNP-Paribas, l’Atelier d’architectes Mohamed Lamnaouar va «restructurer» les installations actuelles, surtout des pavillons de plages légers et lancer un «lotissement pieds dans l’eau», comme la côte entre Casablanca et Rabat en compte déjà plusieurs dizaines – hélas ! la plupart du temps sans laisser quelques petits morceaux de maquis ou de forêts pour les promeneurs, les lapins et les tortues terrestres … L’autre plaie de ces résidences balnéaires, ce sont les dépôts «sauvages» de gravats et autres déchets que certains entrepreneurs se font un devoir, si possible la nuit, d’aller déposer sur le terrain du concurrent … Du côté des plages Dahomey ou David, vers Bouznika, les dernières pinèdes, les derniers troupeaux de bovins ou ovins doivent s’accommoder maintenant des débris de matériaux de construction déversés en énormes tas au bord des pistes ou au beau milieu des pâturages … 

    Les frères Mannesmann, jadis, avaient hérité en Allemagne d’une fortune bâtie d’abord dans la fabrication des couteaux et qui prit un essor gigantesque vers 1885. Les six frères allemand propriétaires de ce patrimoine économique profitèrent de l’accord euro-chérifien d’Algéciras, en 1906, en Espagne, pour proposer leurs services au sultan Abdelaziz puis à son frère et successeur Abdelhafid.  Ces ambitions industrielles notamment minières, s’accompagnèrent d’un véritable coup de foudre collectif pour les beautés naturelles du Maroc, particulièrement en cette Chaouïa côtière ou intérieure, alors peu peuplée et donc souvent en friche. Les six frères obtinrent du Makhzen à Fédala et alentour, huit concessions agricoles totalisant, dit-on, 50 000 hectares dont une partie fut aussitôt défrichée de ses doums, en association avec des paysans du cru. 

    Reinhard Mannesmann, l’aîné, vint avec sa jeune épouse Ruthilde pour un long, très long voyage de noces, ambulant, au Maroc, circulant avec une véritable smala de gardes, serviteurs, cavaliers, chevaux, mulets, etc. A ses heures libres, le nouveau marié se livrait à la prospection minière, comptabilisant, assure-t-on, plusieurs centaines de gisements divers. Ses cinq frères plus jeunes visitaient le pays avec l’accord du Palais. Robert devait mourir à Safi tandis qu’Otto, irait rendre l’âme en Libye où, pour se changer les idées, il s’était fait nommer consul un temps par le Kaiser de Berlin. Tous ces voyages, ces projets, ces concessions de la sextuple fratrie volèrent en éclats avec l’arrivée du germophobe Lyautey et surtout la guerre franco-allemande, déclenchée en 1914 et qui allait permettre à Paris de récupérer l’Alsace-Lorraine conquise par l’Empire allemand en 1870. Lyautey fit même fusiller pour « espionnage » un ami des Mannesmann qui avait eu l’imprudence ( et l’impudence ?) de rester dans l’Empire chérifien après l’installation des Français … 

    Le « Maroc allemand » n’a pas existé mais, outre la fratrie industrielle, de nombreux autres sujets du Kaiser marquèrent alors l’Histoire du Maroc, du journaliste Siegried Genthe au navigateur Leonard Karow, qui commanda le « Turki », bateau du sultan, au frappeur de monnaie Gustave Franck via le lieutenant Walter Rottenburg, bâtisseur à Rabat, au quartier de l’Océan, d’un fortin sultanien, etc. etc. Nous reparlerons peut-être de ces Germains de Chérifie, surtout si des historiens marocains actuels commencent à s’intéresser à cette « période allemande » du Maroc que le retour du nom de MANNESMANN est en train de nous rappeler.  •


    LIRE.  « L’héritage colonial du Maroc », sous la direction d’Herbet Popp et Mohamed Ait-Hawza, est un ouvrage collectif richement illustré, fruit d’une collaboration exclusivement marocco-allemande et qe l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) de Rabat, a eu la bonne idée d’éditer en français, sur la base des résultats du VIIIe  colloque germano-marocain de Bayreuth (Bavière) en 2011. Ce travail renouvelle en grande partie la vision qu’on a du Protectorat français (1912-1956). 


    * L’origine du toponyme berbère « Fédala » reste obscure et se perd dans la nuit des temps comme « Mogador » ou « Mazagan ». Les Européens écrivirent d’abord «Fédhala» puis les Marocains débaptisèrent cette ville en l’honneur de Mohamed V et orthographièrent le nouveau toponyme « Mohamédia » car le monarque de l’époque ne redoublait pas en français le second « m » de son prénom. Avec le roi Mohammed VI qui l’a fait, le nom de la ville s’est du coup orthographié « Mohammedia ». Comme le constatait le romancier et grand voyageur Paul Morand, longtemps résident à Tanger, « Chaque époque se reflète dans ses orthographes »…

    Péroncel-Hugoz - Le 360

     

  • CULTURE • Didier Rykner : « La classe politique est devenue inculte ! »

     

    par Raphaël de Gislain

     

    Depuis une dizaine d’années, le site Internet La Tribune de l’art passe au crible le monde de la culture et des musées, prenant le parti du patrimoine et des œuvres, souvent à rebours de l’idéologie dominante. Rencontre avec Didier Rykner, son bouillonnant fondateur…

    Rykner-600x401.jpgPourquoi avoir créé La Tribune de l’art et dans quel contexte l’avez-vous fait ?

    J’ai créé La Tribune de l’art en 2003, parce que je souhaitais lire un journal que je ne trouvais pas, qui n’existait pas, c’est-à-dire un journal d’art ou l’on parle d’expositions que l’on a vues – la plupart des revues d’art commentent des évènements qu’elles n’ont pas vues –, de livres que l’on a lus, etc. J’ai créé ce que je souhaitais avoir en quelque sorte. Après une formation d’ingénieur agronome, je suis passé par Sciences Po et l’école du Louvre mais je ne suis pas devenu conservateur. Le devoir de réserve n’a jamais été tellement mon style… Mon idée était de faire du journalisme sans langue de bois, comme un historien de l’art, en considérant le patrimoine et en prenant le parti de le défendre. Dans ce milieu, cela n’a rien d’une évidence. Pour cela il fallait un média libre et indépendant comme La Tribune de l’art. Culturellement, le contexte était alors meilleur qu’aujourd’hui…

    Existe-t-il encore une véritable critique d’art en France ?

    Il existe encore des critiques d’art, bien sûr, mais le problème est global. De plus en plus de journaux dépendent de groupes puissants comme Arnault, Lagardère, Bouygues, qui ont des intérêts énormes dans diverses activités, dans l’industrie ou le bâtiment, et qui tiennent les deux bouts de la chaîne. Par exemple, Arnault détruit des immeubles de l’ancienne Samaritaine. Comment voulez-vous que les journaux qui lui appartiennent soient critiques ? Dans ce contexte, il n’est alors plus question de défendre l’intérêt du patrimoine… Le phénomène est le même avec les expositions : lorsque les journaux sont partenaires, il ne faut pas attendre qu’ils en livrent une analyse objective… à cela, il faut aussi ajouter le copinage et les renvois d’ascenseurs, plutôt fréquents dans le milieu. Les critiques d’art sont donc de moins en moins nombreux à être indépendants et à pouvoir s’exprimer. Pour ma part, j’ai été boycotté surtout au début, du temps où Donnedieu de Vabres était au ministère de la Culture et Henri Loyrette au Louvre. Actuellement (cela a commencé d’ailleurs du temps d’Henri Loyrette lui même, il faut le reconnaître) je ne suis plus tenu à l’écart, même lorsque je combats les réserves du Louvre à Lens. On met même un point d’honneur à m’inviter…

    Comment voyez-vous évoluer l’articulation entre le monde politique et le monde culturel ? On a l’impression que le premier a totalement asservi le second…

    Il apparaît avec évidence que la classe politique est devenue complètement inculte. Même si une minorité échappe à la règle, les gens qui nous gouvernent, à droite comme à gauche, ne connaissent rien et s’en fichent. Par voie de conséquence, la politique se désintéresse de plus en plus du patrimoine et des musées. Il n’y a qu’à voir l’actuel projet de loi sur le patrimoine. Le ministère donne l’impression de vouloir se débarrasser de biens qui l’encombrent, en transférant la responsabilité aux villes, ce qui va être une catastrophe puisque les maires n’ont eux-mêmes souvent que peu d’intérêt ou peu de compétences pour la sauvegarde de leurs bâtiments… Le problème est donc lié à des hommes politiques a-cculturés qui considèrent que l’histoire de l’art est superflue, alors qu’il s’agit d’une des richesses principales de la France, qui plus est, source de revenus énormes… La culture n’est regardée que pour ces postes prestigieux et les nominations abracadabrantes continuent : on parle de nommer Muriel Mayette, l’ancienne administratrice de la Comédie Française, à la tête de la Villa Médicis, sans aucune légitimité… Regardez avec quelle vitesse le Louvre est actuellement entraîné dans une vertigineuse dérive intellectuelle. Il y aura l’année prochaine au Louvre-Lens une exposition sur le Racing club de Lens – il fallait quand même l’imaginer –, et à Paris dès septembre, trois autres expositions : Les mythes fondateurs d’Hercule à Dark Vador, – qui peut sérieusement penser que Dark Vador incarne « un mythe fondateur » ? –, Une brève histoire de l’avenir, d’après le livre de Jacques Attali, qui n’est tout de même pas connu pour ses compétences en matière d’histoire de l’art et dont on peut déjà craindre le verbiage, et des installations de Claude Lévêque, artiste contemporain qui n’a rien à faire au Louvre. Parallèlement, les rétrospectives Le Nain et Charles Le Brun auront lieu non pas à Paris mais à Lens, sans que l’on se demande s’il y avait là-bas un public pour des rétrospectives nécessairement pointues… Heureusement, à côté, certains musées de province s’en sortent à la force du poignet, avec des moyens parfois réduits. On peut citer le musée de Lyon, le musée de Montpellier, de Rennes, ou encore de Roubaix, qui est à sa façon un exemple, situé dans la ville la plus pauvre de France. Il est la preuve que tout n’est pas une question de budget. Mais la tâche est de plus en plus difficile pour eux.

    On observe des collusions de plus en plus fréquentes, via l’art contemporain, entre le marché de l’art et les institutions publiques, comme Versailles ; est-ce un phénomène général ?

    Il est clair qu’il y a un certain nombre d’artistes, toujours les mêmes, comme Lévêque ou Buren, que l’on retrouve partout y compris dans des lieux dévolus à l’art ancien. Le Louvre et Versailles ont ainsi de véritables politiques d’art contemporain, ce qui n’est absolument pas dans leur rôle. Cela a certainement un impact sur la cote des artistes, même si l’on constate qu’elles se dirigent le plus souvent vers des artistes connus, dont la cote est déjà solidement établie. Koons en est un bon exemple.

    Les expositions représentent aujourd’hui un véritable marché destiné aux masses. Les historiens de l’art ne jouent-ils pas un jeu dangereux en y participant et en cautionnant le mythe de l’art pour tous ?
    Il est heureux que les historiens de l’art participent aux grandes expositions ; ainsi, certaines ont-elles de réelles qualités scientifiques. Il est certain que l’on veut aujourd’hui que tout le monde aille au musée, y compris les gens qui ne s’y intéressent pas. On les attire donc avec des choses qui ne sont pas muséales pour les faire venir, ce qui est absurde. C’est par exemple ce que vient de faire le musées des beaux-arts de Lille, cet été, avec une exposition sur Donald et les canards… Le niveau baisse donc et on accompagne cette baisse… Vouloir faire des blockbusters avec des grands noms pour que défilent des centaines de milliers de visiteurs aboutit à un non-sens dans la mesure où plus personne ne profite des œuvres. L’idéologie ambiante est que tout se vaut, que Dark Vador est aussi légitime au Louvre qu’Hercule, qu’il n’y a pas de hiérarchie dans la culture. Il faut toujours un prétexte contemporain et populaire pour prétendument faire aimer l’art ancien. Rabaissé de la sorte, l’art ancien n’est quasiment plus considéré pour ce qu’il est. 

     

     - Politique magazine

  • Aymeric Patricot : « Le communautarisme est inéluctable » par Grégoire Arnould

     

    1943113734.jpgAymeric Patricot a été professeur dans une banlieue dite « difficile ». Dans Les petits Blancs (éd. Plein jour, 2013), il mène l’enquête dans cette « France d’en-bas » où le fait d’être désigné ou de se ressentir comme blanc est une réalité plus ou moins bien vécue. Un sujet tabou à la mesure de la fracture identitaire qui ne cesse de s’élargir dans notre pays.

    Qu’est-ce qu’un « petit Blanc » ?

    à l’instar du « white trash », son épigone américain, le « petit Blanc » se caractérise socialement par sa pauvreté et ethniquement par la blancheur de sa peau. Il habite généralement un quartier défavorisé où il est minoritaire en tant que Blanc. Ce sont les autres qui le renvoient à sa condition. Une condition – il faudrait dire une différence –, qu’il vit plus ou moins bien car il a conscience de faire partie d’une minorité au sein d’une majorité multiethnique. Racisme ou haine de soi et du monde sont des tentations auxquelles il peut s’abandonner. Sans horizon, il lui faut en plus apprendre à vivre avec l’image méprisable que lui renvoie la société médiatique pour qui le « petit Blanc », c’est Dupont-Lajoie : un « beauf » inculte et xénophobe.

    N’est-ce pas alors une condition lourde à porter ?

    J’ai rencontré beaucoup de « petits Blancs », homme ou femme, pour écrire mon livre. S’il y a une chose dont je me suis aperçu c’est que l’éventail des sentiments, quant à la façon dont on se perçoit soi-même en tant que « petit Blanc », est très large. Je pense, par exemple, à cette ancienne femme battue qui a conscience d’être une « petite Blanche ». Mais cela ne lui pose aucun problème, car sa vie de « cabossée », dit-elle, l’a rendue plus proche de « l’autre ».
    à l’inverse, j’ai rencontré un professeur vacataire d’anglais qui m’a raconté les difficultés de sa vie en HLM où, je cite, « les Arabes nous insultent, nous crachent au visage [...] nous traitent de porcs… ». Cette jeune femme a nourri une véritable rancœur contre ceux qui la renvoyait ainsi violemment à sa condition de « petite Blanche » minoritaire. Elle a fini par rejoindre des groupuscules d’extrême-droite, avant de s’en éloigner. Aujourd’hui, elle ne rêve que d’une chose : quitter le pays.

    Du coup, peut-on parler de fracture identitaire ?

    Une « question blanche » se pose indéniablement dans notre pays mais, au prétexte de ne pas faire le jeu du racisme, elle est mise sous le boisseau par nos élites politiques et médiatiques. Pour elles, l’expression « Français de souche » serait ainsi une injure faite à nos compatriotes d’origine étrangère. Les mêmes qui nient l’altérité, expliquent pourtant à quel point il est formidable de vivre dans une société multiethnique ! Nier la réalité n’a jamais été la meilleure façon de résoudre les problèmes. Ces gens devraient aller faire un tour dans ces « territoires perdus de la République » où ils ne vont jamais : ils verraient combien la question ethnique y est prégnante et problématique.

    En fait, personne ne semble se soucier du sort du « petit Blanc »…

    C’est bien le problème ! Le « petit Blanc » n’intéresse en effet personne. Il est trop blanc pour la gauche et trop pauvre pour la droite. On sait que le PS a délibérément abandonné son ancien électorat ouvrier pour celui des minorités ethniques. Quant à l’UMP, elle n’a rien à lui proposer. La nature ayant horreur du vide, c’est désormais le FN qui s’adresse le mieux à cette catégorie de la population. Le programme protectionniste du parti de Marine Le Pen la vise directement.

    La stratégie du PS semble risquée, non ?

    Un des grands paradoxes auquel doit faire face le Parti socialiste, est le comportement électoral des musulmans. à 90 %, ces derniers votent pour le PS en raison de son discours traditionnellement favorable à l’immigration. Mais la communauté musulmane est fondamentalement conservatrice, par exemple sur les sujets du mariage homosexuel ou du voile. à terme, et c’est le coup de génie de Houellebecq dans son dernier roman (Soumission), le PS peut tout perdre ! Si on se laisse aller à la politique-fiction, il pourrait y avoir, d’ici quelques années, un vote ethnique, en tout cas chez les minorités, pour des candidats qui en seront issus. Les Blancs, eux, seront partagés. Ceux qui veulent garder « bonne conscience » voteront à gauche, les autres à droite.

    La société française est-elle destinée à la communautarisation ?

    C’est déjà le cas dans de nombreux quartiers de villes françaises ! Pour une raison qui relève de la simple logique : plus des personnes d’appartenances ethniques différentes cohabitent sur un même territoire, plus les individus se regroupent en fonction de cette appartenance. Il faut se garder des préjugés : qu’on le veuille ou non, les couleurs de peau existent et les ressentiments qui y sont liés également.

    Est-ce le grand sujet de société de demain en France ?

    Tout dépend des territoires. En Normandie, par exemple, où la population est homogène, les gens ne sont pas encore sensibles à cette question. En revanche, la fracture identitaire et/ou ethnique est béante à Marseille ou dans certains quartiers d’une ville comme Grenoble. En somme, là où le communautarisme existe déjà. L’histoire nous enseigne que chaque génération doit affronter une question sociétale d’envergure. Nos grands-parents ont affronté la guerre et ses conséquences. Nos parents ont vécu la décolonisation. La fracture identitaire est celle de notre génération : il faudra bien arriver, d’une façon ou d’une autre, à la surmonter… 

    A lire : Les petits blancs, éditions Plein jour, 168 p., 17 euros.

    Politique magazine

  • Face à la crise agricole, le point de vue de Jean-Philippe Chauvin

     

    Comme nous l'avons fait nous-mêmes ces jours derniers, Philippe Chauvin ne se contente pas de demander pour nos agriculteurs et éleveurs quelques mesures immédiates de sauvetage. Le monde agricole français se meurt de cette succession d'aides étatiques ou européennes dont il est comme drogué. Comme nous, Philippe Chauvin veut que l'on aille au fond des choses. Et le fond des choses, c'est la remise en cause d'un certain nombre de fondements idéologiques de l'économie contemporaine : le libre-échangisme systématique, la concurrence par le binôme infernal baisse des prix / baisse de la qualité, concurrence par le bas qui appauvrit, massifie, disqualifie, et encore le consumérisme, la financiarisation, de la filière agro-alimentaire notamment. Or la critique est particulièrement fondée en matière alimentaire et agricole qui touche à l'existence même de la France charnelle. Aussi bien, d'ailleurs, que d'autres pays, notamment européens. Refaire une agriculture française, reconstituer une population agricole nombreuse, productive - avant tout de qualité - et aisée : cela suppose que cette critique de fond soit menée.  LFAR  

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe monde agricole est à nouveau en crise : en fait, il n'a jamais cessé de l'être depuis ces dernières décennies, et la baisse régulière, dramatique en fait mais révélatrice, du nombre d'exploitations agricoles en France (comme en Europe), en administre la preuve la plus visible tout comme la disparition de la présence paysanne dans les campagnes, de plus en plus désertifiées dans celles qui, néanmoins, gardent une vocation d'abord agricole. En même temps, le chômage qui touche les zones rurales entraîne le départ des populations les plus jeunes vers les villes ou leurs périphéries, ce qui accentue encore ce mouvement de désertification. 

    Aujourd'hui, c'est la question des prix de la viande et du lait qui jette les éleveurs dans la rue, ou plutôt sur les routes. Mais, au-delà, c'est ce sombre désespoir et cette peur de mourir qui animent la colère des éleveurs, victimes d'un système absurde et mortifère pour les plus faibles, ce système agroalimentaire mondialisé et libéralisé qui privilégie l'argent et la manipulation des cours et des prix plutôt que le labeur et la peine des hommes : est-il normal que des agriculteurs qui travaillent parfois plus de 70 heures par semaine soient réduits à mendier des subventions et ne puissent pas vivre des produits de leur ferme ? 

    Surprise par la vivacité d'un mouvement qui embrase tout l'Ouest et bien au-delà, le gouvernement de la République cherche d'abord à éteindre l'incendie mais il avoue vite son impuissance devant des règles économiques qui le dépassent et dont il ne peut pas se déprendre, prisonnier d'une Union européenne trop libérale pour être favorable aux travailleurs de la ferme et d'une société de consommation qui privilégie toujours le bas coût et le court terme à la qualité, autant des produits que de la vie des campagnes et de ses bras. La grande distribution n'a guère de sentiment quand il s'agit de faire des affaires (à quelques exceptions près, certains directeurs de magasins privilégiant des produits locaux et des producteurs proches), et elle favorise des méthodes de production indignes de notre civilisation et du nécessaire respect autant de la nature que des hommes ! 

    Quand j'entends un éditorialiste télévisuel déclarer qu'il faut « moderniser l'agriculture française », je bondis ! Car, après tout, n'est-ce pas ce que l'on a fait depuis les années 1950, pour le meilleur mais aussi (et au final, surtout...) pour le pire ? Et il faudrait continuer sur cette voie d'une agriculture qui, désormais, sacrifie les agriculteurs aux profits de quelques grandes sociétés, et qui ne voit la nature que comme une source de revenus financiers alors qu'elle est d'abord nourricière, vivante mais aussi fragile et digne d'être respectée, aimée et non violée ! 

    Alors, quelles solutions à la crise actuelle ? Certes, des mesures conjoncturelles sont nécessaires, tout d'abord, pour éviter le drame d'une faillite massive d'exploitations agricoles en France et, à terme, le déclassement de l'agriculture française : des aides financières, des hausses de prix agricoles et des remises de dettes et de charges, entre autres. Mais il faut surtout repenser rapidement et sûrement l'agriculture en France, pour éviter d'autres crises et redonner à ce secteur du souffle tout en le pérennisant : un néocolbertisme agricole est possible en France, pratiqué par un État qui doit permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier tout en produisant en quantité et de bonne qualité pour de multiples marchés et, d'abord, ceux qui concernent les consommateurs français eux-mêmes. Favoriser au maximum les circuits courts ; aider les producteurs à diversifier leurs sources de revenus en privilégiant, au-delà de leurs grandes spécialités, des formes de polycultures locales ainsi que l'agroforesterie ; mettre en place, avec les producteurs locaux, de véritables aires de production autour des villes, aires qui fournissent les commerces de bouche locaux (y compris de la grande distribution, avec obligation pour celle-ci d'acheter une part significative de la production agricole locale à de bons prix) ; pratiquer une politique de « redéploiement rural » pour accompagner un mouvement plus général de revitalisation agricole et villageoise... Voilà quelques propositions, et c'est une liste bien incomplète assurément (ce ne sont pas les idées qui manquent !), mais rien ne peut se faire de concret et de durable sans une politique d’État qui rappelle celle de Sully quand, au sortir des guerres de religion, il fallait reconstruire l'agriculture en France. Une politique sur le long terme, audacieuse et ferme face aux grands acteurs financiers de la mondialisation, aux multinationales de l'agroalimentaire et aux pressions des partisans d'un Libre marché globalisé qui n'est rien d'autre qu'un vaste champ de bataille de tous contre tous... Un État qui soit actif sans être intrusif, qui soit ferme sans être dictatorial, qui soit fédéral sans être dispersé... 

    Il ne s'agit pas de faire de l'étatisme (qui serait aussi dévastateur et vain que le libéralisme sans limites) mais de promouvoir, de soutenir, d'arbitrer, de protéger l'agriculture française et ses acteurs, tout en leur laissant « libre voie » pour s'organiser eux-mêmes pour mieux s'intégrer (et, cette fois, dans de bonnes et justes conditions) aux circuits économiques contemporains sans en être les esclaves ou les victimes. 

    La République a toujours été ambiguë avec le monde paysan : les amis de Jules Ferry employaient un terme d'origine coloniale, la « cambrousse » pour désigner la campagne, tout en faisant les yeux doux aux agriculteurs électeurs pour gagner les élections... Aujourd'hui, cette même République ne sait comment résoudre la « question agricole », par fatalisme, acceptation totale du libéralisme, ou simple impuissance politique. Là encore, la République n'est pas la mieux placée pour préserver l'agriculture française tout en la rendant à ses fonctions et ses qualités premières : une monarchie qui romprait avec les féodalités financières et l'esprit d'abandon, qui retrouverait le souffle et la pratique d'un Sully et valoriserait l'agriculture « à taille humaine » sans négliger les enjeux de l'économie, serait plus efficace que cette République aux abois qui ne sait que faire des agriculteurs...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Macron accomplira Hollande, la dernière prophétie de Nostradamour

     

    Par Patrick Mandon

    Cette petite merveille d'article qui dit tout sur Macron, en tous cas l'essentiel, est parue sur Causeur, le 4 mars. A la fois très littéraire, fantasmagorique ou féérique, mais aussi très politique, remarquablement écrite et construite, cette sorte de fable ou de conte, plein d'intelligence et d'esprit, met superbement en lumière cette fonction d'ultime liquidateur qu'Emmanuel Macron ambitionne d'accomplir à l'encontre du pays. Il nous semble être, ses chances étant réelles de devenir le prochain président de notre république en voie d'extinction, le danger le plus grave que court la France d'aujourd'hui.  Lafautearousseau 

     

    pmandon.jpgCasanova s’invite

    Les partisans d’Emmanuel Macron ont refermé le couvercle sur un lourd secret révélé par un document exceptionnel, provenant de la bibliothèque du château de Duchcov, en République tchèque. Jadis, cette petite ville baroque s’appelait Dux. Le comte Waldstein, châtelain, confia, par amitié, le soin de sa vaste bibliothèque à Casanova. Le brillant séducteur, alors vieilli, ruiné, fourbu, en était réduit à se remémorer ses bonnes fortunes par une formule mystérieuse, qu’il fredonnait en ritournelle dans les couloirs du château de son bienfaiteur : « Mille e tre, mille e tre ! ». On ne sut que bien plus tard ce qu’elle signifiait. Casanova lui-même connaissait-il l’existence de ce précieux document ? On peut le penser, car, dans le coffre qui le contenait, on trouva également un lot de gravures plus que polissonnes, qui avaient pour cadre la ville de Venise, et d’intrigants objets de forme oblongue de 24 cm exactement, arrondis en leurs deux extrémités, dans un bel acier lisse, qui portaient l’inscription suivante : « Quella di Giacomo era il modello per il piacere delle donne » (« Celle de Giacomo servit de modèle, pour le plaisir des femmes »). On s’interroge sur leur usage.

    La longue marche

    Il s’agit d’un parchemin dans un excellent état de conservation, portant la signature de Nostradamour, le fameux mage, dont la présence dans les parages est attestée en 1560 par de nombreux témoignages. En quelques lignes, il exprime une « prophétie pour France en l’an 2017 », que nous reproduisons ici, car nous y avons eu accès : « Un cavalier viendra, répondant au nom de Makron. Or, sa monture sera soustraite aux regards. Du roi Hôll-le-Navrant, si faible et méprisable, et qui l’aura précédé, procédera son avènement. Par Hôll, certes, s’accomplira cette écriture : il l’appellera à ses côtés, le fera grandir et prospérer, afin qu’il triomphe plus tard des reîtres et des bélîtres. Cet homme sera frêle et ardent, sa figure séduira les femmes et les hommes, endormira leur méfiance, éveillera leur vaillance. Sur son passage, la foule s’écartera et lui fera un cortège d’adoration. Le pouvoir lui fut donné sur la terre, pour effacer la mémoire du pays de France par l’illusion, par l’espérance, par le glaive 2.0, et par les bêtes apprivoisées du monde numérique. ».
    On comprend mieux pourquoi le cercle de ses conseillers a voulu que demeurât caché ce texte prophétique. Par lui, on saisit le dessein d’Emmanuel Macron, tant de fois qualifié d’opaque ou de sibyllin. Le garçon au doux regard, dont les pas n’impriment pas le sable, accomplit une ancienne écriture. Il est roué, calculateur, et dissimulé. Il avance par le biais vers le but, que lui a réservé la prédiction de Nostradamour. Il s’est mis en marche, rien ne l’arrêtera.

    Sa déclaration

    « Je vous aime farouchement, mes amis », (Emmanuel Macron, Lyon, 4 février 2017). M. Macron a des lettres, et il possède un bel « équipement de la pensée ». En cela aussi, il se distingue de tous ses anciens collègues de gouvernement. À Lyon, Emmanuel Macron empruntait sa formule à un texte de René Char, extrait de « Fragment 128 » ( Feuillets d’Hypnos, 1943-1944, Paris, Gallimard, pp. 118-119) vrai et courageux résistant, poète célébré par les autorités, vénéré par les professeurs de morale, mais fui par quelques-uns, qui le regardent comme un écrivain abstrus et pontifiant. Le fringant Emmanuel ignorait-il que cette déclaration, d’une folle audace électoraliste, sonnait aussi comme un écho à celle, désespérée, de Michel Piccoli à Brigitte, non pas Macron mais Bardot, dans le film Le Mépris, de Jean-Luc Godard (1963). B.B. y dresse un adorable inventaire de son anatomie, qu’elle fait suivre toujours de la même question : « Est-ce que tu [les] l’aime », au pluriel ou au singulier, selon que les détails vont par paire ou par unité (mes pieds, mes genoux, mon derrière, mes fesses, mes seins, mon visage, ma bouche etc. …). Comme Piccoli répond à chaque fois par l’affirmative, BB conclut ainsi : « En somme, tu m’aimes totalement », alors, Piccoli : « Je t’aime totalement, tendrement, tragiquement. ». M. Macron nous aime-t-il tragiquement ?

     

    Hamon, candidat de l’Élysée

    À présent, tentons d’éclairer la situation préélectorale en France en l’examinant sous la lampe Macron. Le parti socialiste, hier menacé de disparaître, gardera la tête hors de l’eau, grâce à un vieux-jeune homme de l’appareil, Benoit Hamon. Après avoir promis de généraliser à l’ensemble de la population méritante le droit à un emploi fictif, il put enfiler l’habit de révolutionnaire pour militants en déroute, que des tailleurs, dans la coulisse, avaient raccommodé à la hâte. Depuis, il prépare un cocktail de campagne : quart de jeunes, tiers-état, et demi-mondains. Les socialistes français, bourgeois louis-philippards, se sont une fois de plus offert un petit frisson révolutionnaire en désignant, pour les représenter à l’élection présidentielle, un manipulateur de marionnettes verbales, bien propres à ranimer un théâtre d’ombres engourdies. La manœuvre du couple Hollande-Cambadélis a fonctionné. Voilà pour cette hypothèse, ou encore cette synthèse comme on dit au parti socialiste. Demeurait le cas de François Fillon.

    Le liquidateur

    Un déchaînement médiatique et juridique lui promet un avenir de pénitent, puis de réprouvé. Seul les autorités administratives connaissaient sa situation dans le détail où elle fut (et continue d’être) révélée. Ces autorités sont, principalement, le ministère de l’Économie et des finances. Toute l’affaire ne peut que profiter à Emmanuel Macron : les électeurs du champion déchu de la droite, affolés, colériques, trouveraient une consolation dans les bras du bel Emmanuel, et, en moins grand nombre, dans ceux de Marine Le Pen. Au deuxième tour, le « sursaut républicain » donnerait la victoire au « fils préféré » de François Hollande, qui saurait rappeler à son protégé les bienfaits qu’il lui doit. Le jeune Macron mènera à bien l’entreprise, que l’éternel premier secrétaire du parti socialiste aurait tant souhaité conduire, savoir la liquidation de la vieille France romaine, grecque, judéo-viennoise, catholique, apostolique et païenne, ce bijou préservé d’intelligence et d’égarement, ce pays élu qui distrait Dieu lui-même, ce signe visible de l’œuvre de l’Esprit dans la géographie.

    Notre pays, épuisé, assailli, cherchait des bras pour accueillir son dernier soupir : elle les a trouvés. Le liquidateur, ce sera lui ; il a l’air aimable et la compétence des anesthésistes.

    Nostradamour a dit le vrai : Macron accomplira Hollande.  

    Patrick Mandon
    éditeur et traducteur.

  • VOYAGES • «Voyager, c'est vaincre !...» Par Péroncel-Hugoz

    aéroport                

     

    En reportage dans le Sultanat d’Oman, à la fin du XXe siècle, Péroncel-Hugoz y rencontra un négociant bourlingueur revenu au pays après avoir commercé de Zanzibar à Kinshasa, de Beyrouth au Pakistan. Ce personnage à la Blaise Cendrars apprit à l'auteur de cette chronique un vieux proverbe arabe...

    Au cours de mes périples à travers les continents, je pensai souvent à cet adage arabe que je plaçai même en exergue d’un de mes livres de voyages, « Villes du Sud »*. J’y pensais, encore tout récemment à l’aéroport Mohamed-V, en attendant debout dans les courants d’air, entre les cris d’enfants énervés et les mines exténuées de touristes étrangers du troisième ou quatrième âge… Sur la dizaine de guichets pour le contrôle des passeports, six seulement étaient pourvus de fonctionnaires… Ajoutons que le nouveau mur de publicités devant lequel nous attendîmes plus d’une demi-heure est entièrement rédigé en anglo-américain, alors que les langues majoritairement utilisées, et de loin, dans cet aéroport, sont l’arabe et le français… Passons. Le contrôle enfin franchi, je dus descendre dans un lointain sous-sol (avec escalier roulant en panne…) où tous les sièges étaient déjà occupés.

    Quelques minutes avant l’heure d’embarquement, une bouillie verbale, en deux ou trois idiomes, jaillit soudain d’un haut-parleur mal réglé (j’avais constaté les mêmes grésillements, il y a trois mois, et apparemment aucun remède n’avait été apporté entretemps à cette exécrable sonorisation… Passons encore), pour nous prier de gagner une autre porte, à l’opposé de celle où nous étions… Aussitôt galopade affolée des passagers avec nourrissons, bagages à main excédentaires, parapluies, boîtes de gâteaux, etc. (mais que font les agents à l’enregistrement des bagages ?) vers la bonne porte, et ainsi de suite jusqu’à l’affalement dans un fauteuil de l’avion pour enfin se reposer un peu. Mais non, car aussitôt se déclenche la même insupportable musiquette que dans l’aéroport… Et ça, pour moi, ça ne passe pas… Rien de pire qu’une musique non-choisie, imposée, comme dans les supermarchés où les parc-autos souterrains… Bref, à l’américaine !

    Je ne caricature pas, ô que non, et les témoignages d’utilisateurs plus fréquents que moi de Mohamed-V m’ont conté des péripéties allant presque toutes dans le mauvais sens. L’éditeur Guillaume Jobin, installé au Maroc où il est marié avec la fameuse styliste salétine Fadila El Gadi, me disait : « Le pire c’est la crasse des toilettes, et en plus, depuis sept ans je subis dans cet aéroport une fouille systématique de mes bagages, sans d’ailleurs qu’on y trouve jamais rien de répréhensible… » Ca, mon cher Jobin, je l’ai connu moi aussi mais à l’aéroport d’Alger sans parler de ceux de Khartoum, Dakar ou Hanoï, autour des années 2000.

    Oui, mais ces obscurs aéroports n’ont pas l’ambition affichée, comme Casablanca, de devenir un « hub » international – un «pivot » en bon français, si vous préférez – quand le Maroc aura réussi son légitime pari de recevoir dix puis vingt millions de touristes par an ; lorsque Casa parlera d’égal à égal avec Johannesbourg ou Singapour comme centre d’affaires. Alors il ne faudra pas égarer les bagages de telle ou telle personnalité de haut rang, comme en 2014, à Mohamed-V, les valises du président ivoirien et de la très difficile Madame Ouattara… Quelqu’un me souffle que, sur ce chapitre, l’aéroport de Marrakech ne vaut guère mieux, avec la disparition de la malle d’un invité d’honneur, le célébrissime (en Asie) acteur indien Abhichek Bachham, au Festival du cinéma de 2014… Ca a fait un très médiocre effet, du Sénégal à Bombay ou Calcutta…

    Début novembre 2014, Si Najib Boulif, ministre délégué, chargé des Transports a rompu quelques timides lances en faveur de l’aéroport de Casa, y attribuant pagaïe et retards aux surcroît de passagers « durant la période estivale en saison d’Omra (« petit pèlerinage ») et en Ramadan… ». C’est-à-dire, M. le ministre, pratiquement la moitié de l’année ?…

    En contrepoint de ce tableau aéronautique, somme toute pas très engageant, relevons quant même que la Royal Air Maroc, donnée il y a peu d’années encore pour moribonde, vole de nouveau de ses propres ailes, si j’ose dire, avec un bénéfice net de 15 millions d’euros en 2013 et des attentes prometteuses pour 2014. Bravo donc au patron de la RAM, tandis que l’ancien responsable en chef de l’aéroport Mohamed-V va, lui, être jugé pour divers graves dysfonctionnements financiers ! … J’ai quand même un petit reproche à formuler envers la RAM ; à deux reprises, en 2014, la feuille informative relative à mon billet électronique, m’invitait à me présenter au terminal 1 alors que l’enregistrement était en fait prévu au terminal 2… Avec la longueur et l’encombrement des couloirs entre les deux terminaux, ce ne fut pas une partie de plaisir, non plus…

    Mais « Voyager, c’est vaincre ! », n’est-ce pas ? 

     

    * Villes du Sud, Balland, Paris, 1990, 404 p. avec 50 photos de divers auteurs. Réédition : Payot, coll. « Petite bibliothèque voyageurs », Paris, 1992, 404 p. Nouvelle édition : Éditions Payot et Rivages, coll. « Petite bibliothèque voyageurs », Paris, 2001, 454 p.  

    peroncel-hugoz.jpg

    Le360 - Péroncel-Hugoz

  • Société • Hidalgo, les naturistes et les prophéties de Philippe Muray

     

    Par Vincent Trémolet de Villers
     
    Bruno Julliard, maire-adjoint de Paris a défendu l'idée d'un camp de naturistes dans la capitale. Avec finesse et humour, Vincent Trémolet de Villers dépeint ici Anne Hidalgo comme le personnage le plus abouti de l'écrivain Philippe Muray [Figarovox - 26.09]. A vrai dire, nous avons aimé cette analyse qui tourne en dérision, en ridicule achevé, une certaine modernité indéfendable. Vincent Trémolet de Villers évoque aussi Christophe Guilluy qui constate Le Crépuscule de la France d'en haut. Viendrait-elle à s'effondrer, disparaître, céder la place, que, selon l'expression de Houellebecq à la toute fin de Soumission, nous n'aurions vraiment « rien à regretter ».   Lafautearousseau
     
     
    figarovox-tremolet-villers-devecchio.jpg« Le réel est reporté à une date ultérieure », écrivait Philippe Muray. C'était il y a quatorze ans. Cette formule ferait un beau slogan pour la campagne perpétuelle d'Anne Hidalgo. C'est un monde enchanté qu'elle promeut, une éternelle île aux enfants.

    Dernier cadeau ? Bruno Julliard a défendu ce lundi la création d'« une zone naturiste dans la capitale »: « Paris capitale, mais Paris à poil ! », aurait-il pu ajouter. « Ça ne fait de mal à personne », a poursuivi l'adjoint au maire de Paris et c'est une revendication du groupe écologiste. Bigre ! David Belliard, coprésident de ce groupe défenseur de la planète, est encore plus précis : « On souhaite expérimenter un espace récréatif dans lequel les naturistes puissent se dénuder librement. » Ce pourrait être dans un parc, un jardin public, si l'on a bien compris. Proposons ici aux élus de Paris d'attribuer à ces braves gens une partie des voies sur berge de la rive droite. Une zone sans voiture, sans chemise et sans pantalon. À pied, en trottinette ou en Vélib, on y déambulera nu comme des vers. L'outrage aux bonnes mœurs s'arrêtera à cette nouvelle frontière et le mooning (coutume britannique qui consiste à montrer son arrière-train), laissera le passant indifférent. Il y aura inauguration (tenue de ville ?), campagne électorale sur zone où l'on pourra mesurer le degré d'implication des candidats. C'est magique et tragique : un mélange de Houellebecq et de Philippe Muray.

    « Le réel ne passera pas », poursuivait ce dernier. Le réel, il faut dire, est triste comme un monospace, ennuyeux comme un lotissement, vulgaire comme un embouteillage. Plus encore, avec sa cohorte de chômeurs, de commerciaux qui roulent en diesel, de prolos qui ont la même bagnole depuis 1998 !, de banlieusards qui n'habitent pas une surface atypique en plein cœur de Paris, de « pass Navigo » qui ne goûtent pas à la poésie des « défaillances techniques » et des « incidents voyageurs » dans le RER E, le réel est dégoûtant. « Salauds de pauvres ! », lançait Jean Gabin dans La Traversée de Paris.

    On préfère une vie de coulées vertes et de potagers urbains (bio), de plages estivales et de Nuit debout, de marchands de légumes oubliés et de lieux de mémoire, de restaurants végans et de galeries vides, de squares sans tabac et de salles de shoot, de burkinis et de naturistes, de barbiers « à l'ancienne » et de hipsters. Puisqu'il est impossible de remplacer l'asphalte des rues parisiennes par les surfaces souples des écoles maternelles, la mairie, heureusement, ne lésine pas sur les « alertes nécessaires ainsi que les informations et les recommandations en direction des usagers sur ce qu'il faut faire et ce qu'il vaut mieux éviter » (Muray encore). On oubliera donc ni casque ni genouillère, et « la police du plaisir sain », bras croisés et bottes de cuir, veillera au grain dans les rues de Paris. Rollers et matraque : le bonheur, c'est fluide comme une circulaire municipale.

    On nous dira que le monde rêvé d'Anne Hidalgo a la plus belle ambition qui soit : découvrir « l'Autre » (ce qui déshabillé n'est pas sans risque). Tous ces efforts, cependant, créent de plus en plus de barrières : c'est aux socialistes que nous devons la restauration des octrois à l'entrée de Paris. De départ des familles en gentrification des quartiers populaires : « l'Autre » est renvoyé en banlieue quand ce n'est pas au-delà et c'est le « Même » finalement qui profite de la piétonisation des voies sur berge. Ce que dit Christophe Guilluy, dans son dernier essai, Le Crépuscule de la France d'en haut (Flammarion) : « Si les élites et les classes supérieures vantent l'ouverture au monde et aux autres, elles érigent dans le même temps des frontières invisibles qui accentuent les inégalités spatiales et culturelles pour donner naissance à la “ville ségrégée”. Proches de l'immigré mais pas trop. »

    Pour Anne Hidalgo, pourtant, les mots sont performatifs. Il suffit de les dire pour que les choses existent. « L'ennui c'est que Paris-Plage n'existe pas, écrivait déjà Philippe Muray il y a dix ans, il faut le rappeler une fois encore, sans la moindre agressivité et fermement. C'est un concept, un schéma, une idée générale, tout ce que l'on voudra ; mais pas une plage. Au mieux, une sorte de mythe urbain, une chimère, un mensonge cousu de sable blanc. »

    Muray avait tout vu et ses prophéties - les passions distractives et législatives, le festivisme comme religion, « le triangle des bermudas », « la cage aux phobes », « l'adulte infantifié sur son île de rêve », la touriste blonde décapitée sur l'île de Tralala - sont si précises que l'on cherche dans ses essais l'invention d'Anne Hidalgo : présente partout, visible nulle part…

    Muray avait tout vu. Tout sauf les nudistes de Paris. Il aurait sans doute modifié sa superbe formule : « Le réel est reporté à une date… postérieure. »   

     
    Rdacteur en chef des pages Débats/Opinions du Figaro et du FigaroVox