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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    La "Section des piques" des "revenants de 1793" est prête à descendre dans la rue pour y faire re-régner la Terreur, "sa" Terreur...

    D'accord avec Julien Rochedy :

    "Ne jamais oublier que ces gens ont inspiré les khmers rouges qui ont massacré leur propre peuple. C’est dans leurs gènes."
     
    Au Rwanda, on a tenu ce genre de propos à Radio Mille collines...
     
    Entre parenthèse, la reconnaissance du Génocide vendéen, c'est pour quand ?...
     
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    FRONT POPU QUI PUE !

    LES DERNIÈRES NOUVELLES DU FRONT :

    LA GUERRE CIVILE CONTINUE, À L'INTÉRIEUR DE LA FRANCE ISLAMISTE ET ENTRE LA FRANCE ISLAMISTE ET...

    LES AUTRES !

    •  Le leader antifa ultra-violent Raphaël Arnault (Jeune Garde, ci-dessous, accessoirement "fiché S") parachuté à Avignon par LFI. Les socialistes locaux déposent un recours...

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    • billet doux et mot d'amour de Raquel (Garrido) à Jean-Luc (Méluche) :

    "Honte sur toi Jean-Luc Mélenchon. Je découvre à l’instant que LFI a décidé de ne pas m’accorder l’investiture..."

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    • Clémentine Autain s'y met aussi (en écriture inclusive, s'il-vous plaît !) : 

    "Les député.e.s insoumis sortants, apprennent ce soir, sans même un coup de fil, qu’ils ne sont pas investis par LFI. À la France Insoumise, il vaut mieux avoir été condamné pour violences conjugales que d’avoir défendu la démocratie, manifesté contre l’antisémitisme après le 7 octobre et plaidé pour l’union des gauches et des écologistes... LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement."

     

    AMBIANCE !!!!!

     

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    1. Cette fois, c'est Henri Proglio, ancien PDG d'EDF, qui le confirme :

    "Il n'y a aucune raison pour expliquer que le prix de l'électricité ait augmenté au cours des dix dernières années...

    ...Les Allemands  ayant explosé leur système électrique, il leur était insupportable d'avoir à leur frontière une France  qui détenait un atout compétitif, il fallait détruire EDF et l'Europe l'a fait avec la complicité du gvt français (Hollande) et aujourd'hui le prix a grimpé pour les français..."

    (extrait vidéo 1'45)

    https://x.com/CNEWS/status/1801530972447314335

     

    CONCLUSION ?

     

    CE GOUVERNE-MENT,

     

    CE SYSTÈME

     

    NOUS VOLE,

     

    TOUT SIMPLEMENT !

     

     

    2. L'un des nombreux "côtés farce" des prochaines élections (la suite dans nos prochains numéros !...) : Aurélien Rousseau - l’homme qui a porté la réforme des retraites de Macron - est désormais candidat du Nouveau Front populaire, pour l’abroger !

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    SYSTÈME EN FOLIE !

     

    SYSTÈME POURRI !

     

    3. Devinez qui soutient le "font popu/front qui pue" ? Elle est pas belle, cette photo ? Elle nous semble illustrer tout, parfaitement !... :

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    4. Tract du "front popu/front qui pue" à Libourne. C'est où, Libourne ? Entre La Mecque et Médine ? Des claques, des baffes ! : qu'on vire tout ça, vite fait/bien fait !...

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    5. Il est fort, ce Ciotti ! À lui tout seul il a asséché un marigot rempli de caïmans et caïmanes ! Et les a fait déguerpir, "genre, caltez volaille", comme dirait Audiard... Chapeau, l'artiste !!!!!

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    6. Lu sur Opex News (de @COM_ALAT) :

    "On ne peut pas ignorer le drone et les dégâts qu'il fait. L'ALAT est l'acteur de la profondeur, nous resterons un élément-clé sur la palette des outils d'un chef des opérations, mais dans la profondeur, et pas sur la ligne de contact...
    L'espoir du @COM_ALAT est de pouvoir retrouver, au plus tard en 2035, une cible de 115 hélicoptères de manœuvre. En 2030, il est prévu que nous passions à 105 (contre 113 actuellement) donc il nous en manque dix." 
     
     
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    7. Dans L'Usine nouvelle : Pour les JO, Safran déploiera un brouilleur GPS ultra sophistiqué contre les attaques de drones... Des essais conduits sur des bâtiments de la Marine Nationale se sont révélés particulièrement concluants et confirment l’intérêt de Skyjacker pour protéger de façon efficace et à coût maîtrisé des bâtiments de premiers rangs contre des drones... :
     
     
     
     
     
     
     
    À DEMAIN !

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    Situation explosive au sein de la France insoumise ce soir, Clémentine Autain charge LFI et déclare : « Les député.e.s insoumis sortants, apprennent ce soir, sans même un coup de fil, qu’ils ne sont pas investis par LFI. À la France Insoumise, il vaut mieux avoir été condamné pour violences conjugales que d’avoir défendu la démocratie, manifesté contre l’antisémitisme après le 7 octobre et plaidé pour l’union des gauches et des écologistes. [...] LFI décide de fracturer notre mouvement et d’affaiblir le rassemblement. »

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

     En 2022, Le Caire a fait connaître à Paris et à NavalGroup son intention d'acquérir 4 à 6 sous-marins Barracuda à propulsion conventionnelle. Pour l'heure, l'Égypte n'aurait pas les moyens de s'offrir de tels bateaux mais peut-être en 2026...

    Le groupe naval français participe actuellement à 13 campagnes actives à l'exportation dans le domaine des sous-marins. Et il a déjà été sélectionné par l'Inde, l'Indonésie et les Pays-Bas.

    Pologne, Roumanie, Maroc, Égypte, Philippines, Brésil, Argentine, Pérou, Colombie, Chili : ce sont donc bien 13 campagnes à l'exportation pour Naval Group dans le domaine des sous-marins. Treize campagnes qui sont bien sûr à des stades de maturité très différents et où la concurrence sera très rude dans certains pays, comme la Pologne.

    Et on se souvient du coup tordu de nos excellents ennemis anglo-saxons dans "l'affaire des sous marins australiens"...

    Mais ce nombre de piste sérieuses est complètement inédit dans l'histoire du groupe naval français, qui a d'ailleurs décidé d'investir dans de nouvelles capacités industrielles dédiées à ces marchés export. Il va construire à Cherbourg deux nouvelles nefs, qui sont des halls consacrés à l'assemblage final de ces sous-marins à propulsion conventionnelle...

    Disposer d'une flotte de sous-marins crée pour l'ennemi potentiel une incertitude sur le positionnement de ce système d'armes invisible et capable de protéger de vastes zones.

     

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    1. À Hambourg, "ils" réclament un califat islamique : l'avertissement d'Alexandre del Valle (sur CNews, 13'57") :

    "...Il faut savoir que nous accueillons en #Occident des mouvements islamistes extrêmement dangereux (qui se disent pacifiques en #Europe pour l’image mais #djihadistes au Moyen Orient) comme #MuslimInteraktiv, qui sont interdits en #Egypte, en #ArabieSaoudite, et même au #Qatar ou à #Gaza… C’est par ailleurs à #Hambourg que se sont organisées les 19 personnes du commando du #11septembre…»

     

    2. La présentatrice de France Inter et de "Arrêt sur images", Nassira El Moaddem, affirme sur les réseaux sociaux que la France est un "Pays de racistes dégénérés : "Il n’y a pas d’autres mots. La honte." Mais, si ce qu'elle dit est vrai, que fait-elle chez nous ? Et pourquoi travaille-t-elle dans notre Radio de Sévice public ? Elle est là, la honte, et elle est pour elle, cette pauvre foLDingue...

    https://www.jeanmarcmorandini.com/article-570458-la-presentatrice-de-france-inter-et-de-arret-sur-images-nassira-el-moaddem-affirme-sur-les-reseaux-sociaux-que-la-france-est-un-pays-de-racistes-degeneres-il-n-y-a-pas-d-autres-mots-la-honte-video.html

     

    3. Sur OpexNews : Parade ? Peut mieux faire...

    L'exercice Coubertin LAD 2, organisé en mars, a permis à l'armée de l'air de simuler plusieurs exercices en vue des Jeux olympiques 2024. LP/Jean-Baptiste Quentin

    L'exercice Coubertin LAD 2, organisé en mars, a permis à l'armée de l'air de simuler plusieurs exercices en vue des Jeux olympiques 2024...

    Moralité : il va encore falloir passer beaucoup de temps, d'argent et de "matière grise" pour remonter la pente, dans tous les domaines qui touchent à la Défense : nous en sommes parfaitement capables, c'est uniquement une question d'argent et de volonté politique; et de rattrapage de ces trente dernières années où l'on s'est endormi - militairement parlant - se contentant d'avoir une armée aux matériels remarquables, mais échantillonaires...

     

    4. GPA : à dire et à redire sans cesse, à temps et à contre-temps... D'accord avec Ludivine de La Rochère :

    (extrait vidéo 1'21)

    https://x.com/SyndicatFamille/status/1785917134314311897

    Les anti-GPA dénoncent une «propagande» pour la légalisation des mères  porteuses

    Ludovine de La Rochère : "La dignité de la femme fait qu'on ne peut pas l'utiliser. La #GPA est une aliénation de la femme et de l'enfant qui a conduit à un trafic international d'êtres humains, avec des flux dans le monde. Ce marché représente 14 milliards de dollars."

     

    5. Avec Thibault de Montbrial :

    "Soutien à Isabelle Surply, conseillère municipale de Saint Chamond, menacée de mort pour s’être opposée à une mosquée du mouvement #turc  #MiliGorus qui est notoirement tout à la fois islamiste et un vecteur de l’entrisme d’#Erdogan en Europe et en particulier en France. C’est insupportable, et l’Etat ne peut pas le tolérer!  Ne rien céder à l’islamisme et protéger ceux qui le combattent."
     
    (extrait vidéo 2'56)
     
     
    «Je suis une femme, une élue, une mère de famille et je me sens totalement  abandonnée», témoigne cette conseillère municipale menacée de mort à  Saint-Chamond
    "Je suis une femme, une élue, une mère de famille et je me sens totalement abandonnée", témoigne Isabelle Surply, conseillère municipale menacée de mort à Saint-Chamond...
    Et si on "les" mettait hors d'état de nuire, avant, au lieu d'attendre et de laisser, peut-être, l'interminable liste des assassiné(e) s'allonger encore ?

     

    6. On en a déjà parlé ici, mais le sujet étant hautement symbolique, on peut en reparler aussi souvent que l'on voudra !... Aujourd'hui c'est avec cette courte vidéo d'Aleteia (1'09) :

    "Après plusieurs tentatives, la basilique de Saint-Denis devrait retrouver la flèche de sa tour nord d'ici à 2029."
     
     
    La flèche gothique disparue de la basilique de Saint-Denis se refera pour  de bon! | Bilan
    Quinze mille pierres de la basilique de Saint-Denis cherchent des parrains et des marraines. En 1847, l’une des deux flèches de l’édifice religieux a été démontée après des intempéries qui l’avaient fragilisée. Et cet automne, les travaux pour la restaurer et la « remonter pierre après pierre » vont débuter...

     

  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Un sacré "pan sur le bec", qui est une vraie première : Patrick Cohen et son sectarisme totalitaire épinglé (et sa suffisance si déplaisante...) ! Et par l'Arcom, s'il-vous-plaît !...

    C'est Eugénie Bastié qui en parle (sur tweeter) :

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    Il est vrai que cela fait des années et des années que Patrick Cohen ne fait pas "du journalisme" mais "de la politique" (de gauche, évidemment) et déverse sa propagande orientée à longueurs d’ondes tv et radios du "Sévice public" (expression de Goldnadel).

    Alors, comme des dizaines de commentateurs l'ont écrit, sur tweeter, un tout petit rappel à l’ordre, pour des milliers d’heures de propagande, c’est vraiment "pas cher payé". 

    Il n'empêche : c'est la première fois, et on s'en réjouit quand même...

     

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    Et un autre "pan sur le bec", à Libé cette fois, de Goldnadel :

    "49 ans , jour pour jour. Et Libération toujours le verbe haut plutôt que la tête basse. Le privilège rouge donne le droit à l’oubli au soutien aux khmers rouges."

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    1. Sur une autre affaire, mais toujours concernant France inter, là aussi rappelé à l'ordre par l'Arcom, le commentaire de Goldnadel :

    "L’Arcom m’a donné raison selon le principe de l’honnêteté et dans le cadre du conflit israélo arabe. Il demande fermement à France Inter d’être prudent. Ou bien il faut sourcer ou bien lorsqu’il cite le Hamas mouvement terroriste, ils doivent prendre de la distance et indiquer que ça n’est pas sûr.."

    (extrait vidéo 1'06)

    https://x.com/GWGoldnadel/status/1780321720668233932

    FRANCE INTER RAPPELÉ À L’ORDRE PAR L’ARCOM, «L’Arcom m’a donné raison selon  le principe de l’honnêteté et dans le cadre du conflit israélo arabe,  l’Arcom demande fermement à France Inter d’être ...

     

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    LA "REUNION BRUXELLOISE" SCANDALEUSMENT INTERDITE PAR UN BOURGMESTRE OUTREPASSANT SES DROITS A, FINALEMENT, ÉTÉ AUTORISÉE PAR DES AUTORITÉS PLUS RAIONNABLES ET PLUS RESPECTUEUSES DU DROIT QU'UN SINISTRE AGENT DU SULTAN ERDOGAN...

    NOUS MAINTENONS CEPENDANT, CI-DESSOUS, CE QUE NOUS AVIONS PRÉPARÉ, HIER, POUR PROTESTER CONTRE CETTE INTERDICTION CAR LES TROIS RÉACTIONS QU'ON VA LIRE DE ZEMMOUR, LE BRET ET BOCK-CÔTÉ GARDENT TOUTE LEUR PERTINENCE ET RESTENT UNE RÉPONSE À TOUS CEUX QUI, PAR TOUS LES MOYENS, ESSAYENT D'INTERDIRE TOUTE VOIX S'OPPOSANT FRONTALEMENT À LA TYRANNIE DES TENANTS DE L'IDÉOLOGIE OFFICIELLE :

    2. Éric Zemmour interdit de réunion publique à Bruxelles !

    "En ce moment même, le bourgmestre socialiste Émir Kir, proche des islamistes turcs, utilise la police comme une milice privée pour interdire la conférence bruxelloise dont je suis l’invité avec Viktor Orban et Nigel Farage."
     
    (extrait vidéo 1'05)
     
     
    Éric Zemmour sur la réunion de droite nationaliste interdite à Bruxelles:  "Je suis très triste de ce qu'est devenue la Belgique, je m'inquiète pour  tout le continent européen"
     
    "Je suis très triste de ce qu'est devenue la Belgique, je m'inquiète pour tout le continent européen..."
     

    2 BIS. Sur CNews, l'édito de Gauthier Le Bret : "Bruxelles : Eric Zemmour et Viktor Orban censurés..."

    (extrait vidéo 3'35)

    https://x.com/CNEWS/status/1780461587104489818

    Zemmour, Orban, Farage: la conférence contrariée des nationalistes  européens - l'Opinion

     

    2 TER. Et la réaction de Mathieu Bock-Côté : Vers l'Europe de la censure ?

    (extrait vidéo 5'23, première partie)

    https://x.com/CNEWS/status/1780312430083502562

    (extrait vidéo 9'06, deuxième partie)

    https://x.com/CNEWS/status/1780313571798229458

    @CNEWS's video Tweet
     

    5. (Sur OpexNews) Ré-armement en cours (mieux vaut tard que jamais !...) :

    https://www.defense.gouv.fr/dmae/actualites/nouveau-marche-fourniture-fins-renseignement-drones-prestations-soutien

     

    6. (Dans Aleteia) Le pèlerinage de Chartres s’attend à une affluence record : près de 17.000 l'an passé, les pèlerins ne seront pas loin des 20.000 cette année !

    https://fr.aleteia.org/2024/04/16/le-pelerinage-de-chartres-sattend-a-une-affluence-record/

     

    7. Le Puy du Fou communique :

    "Découvrez le parcours du relais de la Flamme au Puy du Fou !​ Partie ce matin d'#Olympie, la Flamme olympique de @Paris2024 franchira les portes du temps le 4 juin 2024 !​ ​Un parcours de 45 mn à travers les allées du Puy du Fou ​: 1000 acteurs en costumes accompagneront les porteurs de la Flamme. Les visiteurs munis d'un billet le 4 juin pourront assister au passage de la Flamme ."

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    À DEMAIN !

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  • Voyages • Vienne, un héritage impérial vivant

     

    par Jean Sévillia 

    EN IMAGES - Vienne fête le centième anniversaire de la mort de François-Joseph. La capitale autrichienne, aujourd'hui, bénéficie d'une qualité de vie qui tient aussi au cadre majestueux légué par les grands travaux d'urbanisme de cet empereur. Jean Sévillia nous fait visiter cette capitale européenne [Figarovox 24.06] à laquelle la France est liée par de nombreux liens de mémoire et autres, contemporains.  LFAR

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgA Vienne, dans les magasins pour touristes, François-Joseph et l'impératrice Elisabeth tournent ensemble sur les présentoirs de cartes postales, pendant que leur effigie figure sur des boîtes de chocolats, des puzzles, des porte-clés, des tee-shirts et des statuettes, sans oublier les boules de verre avec de la fausse neige. Si le kitsch Habsbourg fait marcher le commerce, il y a, Dieu merci, plus sérieux pour célébrer le centième anniversaire de la mort de François-Joseph, disparu en 1916, au mitan de la Première Guerre mondiale. Dans la capitale autrichienne, les librairies proposent des piles de biographies, d'albums et de magazines historiques qui lui sont consacrés, tandis que se tiennent quatre expositions, une cinquième étant proposée dans le château de Niederweiden, à 50 kilomètres à l'est de la ville (lire notre carnet de voyage,p. 79). Impossible, en ce moment, de se rendre à Vienne et d'ignorer que 2016 est une année François-Joseph. Mais, à part ses favoris immaculés et le surnom de son épouse (Sissi), qu'est-ce que le visiteur connaît de lui? Et mesure-t-on bien tout ce que le visage actuel de Vienne doit à cet empereur?

    Né en 1830, François-Joseph est le petit-fils de François Ier, l'adversaire malheureux de Napoléon. C'est en 1848 qu'il accède au trône, à la faveur de l'abdication de son oncle Ferdinand Ier, chassé par la révolution. Par la force des armes, le jeune souverain rétablit la puissance autrichienne en Lombardie et en Hongrie, où l'insurrection est matée avec l'appui des Russes. Cette première partie du règne impose un régime autoritaire, opposé aux aspirations libérales ou nationales. A Solferino, en 1859, François-Joseph perd la guerre contre Napoléon III, et doit céder la Lombardie au royaume de Piémont. Une déroute qui le contraint, à l'intérieur, à l'ouverture vers le fédéralisme. En Allemagne, l'empereur doit composer avec la prépondérance de Berlin, rivalité qui débouche sur un conflit clos par la défaite autrichienne devant les troupes prussiennes, à Sadowa, en 1866. Un nouveau revers qui pousse François-Joseph à un nouveau changement manifesté par des concessions aux Magyars. Entichée de la Hongrie, l'impératrice Elisabeth contribue à cette politique. En 1867, le compromis austro-hongrois place l'empire d'Autriche et le royaume de Hongrie sur un pied d'égalité, l' empereur et roi gouvernant la double monarchie avec trois ministres communs.

     

    L'hôtel de ville de Vienne a été construit de 1872 à 1883 dans le style néogothique des communes flamandes. Haute de 100 m, la tour est surmontée d'un chevalier en cuivre.

    L'hôtel de ville de Vienne a été construit de 1872 à 1883 dans le style néogothique des communes flamandes. Haute de 100 m, la tour est surmontée d'un chevalier en cuivre. - Crédits photos  : © Arnaud Robin / Figaro magazin

    Arnaud RobinSuivront quarante années de paix: l'apogée du règne. Un temps néanmoins traversé de tensions intérieures et de drames familiaux: l'exécution du frère de François-Joseph, Maximilien, au Mexique (1867) ; le suicide de son fils unique Rodolphe à Mayerling (1889) ; l'assassinat de l'impératrice Elisabeth par un anarchiste italien à Genève (1898). Et, pour finir, l'assassinat de son neveu François-Ferdinand par un révolutionnaire serbe, à Sarajevo, en 1914. Cet attentat obligera l'Autriche à réclamer réparation à la Serbie, déclenchant, par le jeu des alliances, la Première Guerre mondiale. Lorsqu'il meurt, en 1916 - laissant la couronne à son petit-neveu, Charles Ier, qui régnera jusqu'en 1918 - François-Joseph est âgé de 86 ans. Il a été empereur pendant soixante-huit ans et a vu 150 autres souverains régner en Europe, puis disparaître.

    François-Joseph incarne un pan de l'histoire de l'Europe, de l'histoire de l'Autriche et de l'histoire de Vienne. Son nom est un mythe, un mythe historique, culturel, littéraire et cinématographique. Ce mythe existait du vivant du souverain dont le portrait ornait chaque bâtiment officiel, chaque maison, chaque auberge. Après l'effondrement de l'empire, l'Autriche, paradoxalement, était un pays neuf. Non seulement en raison de la forme républicaine de l'Etat, mais parce que le territoire délimité par les frontières de 1919 n'avait jamais existé comme un pays indépendant, l'Autriche étant jusqu'alors le berceau de l'empire d'Autriche auquel elle avait donné son nom. Aussi ceux des Autrichiens qui doutaient de la solidité de leur nouveau pays et de sa capacité à résister au voisin allemand, surtout après 1933, se raccrochaient-ils au mythe François-Joseph. Sans être lié nécessairement à une nostalgie monarchique, le souvenir du vieux souverain ramenait l'image rassurante d'une Autriche forte, prospère et sûre, contrastant avec les menaces du moment. Chez Franz Werfel, Robert Musil, Joseph Roth ou Stefan Zweig, la littérature autrichienne d'alors abonde en livres ressuscitant «le monde d'hier».

     

    La statue de François-Joseph dans le Burggarten, qui était autrefois le jardin privé de l'empereur. C'est aujourd'hui un lieu d'agrément très prisé.

    La statue de François-Joseph dans le Burggarten, qui était autrefois le jardin privé de l'empereur. C'est aujourd'hui un lieu d'agrément très prisé. 

    Après la Seconde Guerre mondiale, le mythe est réactivé car il permet d'évacuer l'épisode trouble vécu par l'Autriche sous la botte nazie. Au cinéma, la célébrissime trilogie du réalisateur autrichien Ernst Marischka - Sissi (1955), Sissi impératrice (1956) et Sissi face à son destin (1957) - met en scène l'impératrice sous les traits de la jeune Romy Schneider, François-Joseph étant joué par le séduisant Karlheinz Böhm. Ces films ont fixé dans le public, jusqu'à nos jours, une image historiquement fausse du couple impérial. Ils ont cependant contribué à la popularité mondiale du mythe François-Joseph et Sissi, et auront suscité, dans les années 1950 et 1960, l'envie d'aller découvrir les palais viennois et les lacs alpins, avantage non négligeable pour un pays qui, ayant recouvré sa souveraineté en 1955, ne demandait qu'à s'ouvrir au tourisme. Il ne faut pas croire, pour autant, que François-Joseph a toujours été l'objet de panégyriques. Dès 1919, Ernest von Koerber, qui avait été chef du gouvernement autrichien sous la monarchie, considérait que cet empereur avait nui deux fois au pays, au début par sa jeunesse, à la fin par son trop grand âge. De nos jours, l'absolutisme des débuts du règne ou l'évaluation de la responsabilité de l'empereur dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale suscite des débats. Karl Vocelka, auteur d'une biographie de François-Joseph parue l'an dernier et commissaire de l'exposition qui se tient actuellement à Schönbrunn, déplore ainsi longuement la répression de la révolution hongroise de 1848 ou le fait que de nombreux problèmes nationaux et sociaux soient restés sans réponse avant 1914. L'historien reconnaît toutefois les acquis économiques et culturels de cette époque, tout en hésitant à les attribuer à l'action personnelle du souverain. 

     
     
    Un fiacre traversant la Hofburg, immense palais qui est une ville dans la ville. Vienne possède près de 150 fiacres, dont les conducteurs portent une tenue traditionnelle. Ces voitures et leurs chevaux font partie du paysage viennois

    Un fiacre traversant la Hofburg, immense palais qui est une ville dans la ville. Vienne possède près de 150 fiacres, dont les conducteurs portent une tenue traditionnelle. Ces voitures et leurs chevaux font partie du paysage viennois.  

    L'historien tchèque Palacky, dès 1848, disait que si l'Autriche n'existait pas, il faudrait l'inventer. On peut trouver mille défauts à François-Joseph, mais sa vertu principale, le service qu'il a rendu aux peuples danubiens et par-là à l'Europe entière, c'est d'avoir su durer - or durer, en politique, est un art - et d'avoir su réunir sous ses deux couronnes une douzaine de peuples qui parlaient autant de langues et pratiquaient toutes les religions. Au siècle des nationalités, la mosaïque ethnique et culturelle du bassin danubien aurait pu être le théâtre d'atroces guerres intestines. Cette catastrophe a été évitée à l'Europe centrale grâce à l'Autriche-Hongrie, foyer de civilisation. La cour de François-Joseph, avec son étiquette, ses uniformes et ses titulatures, pouvait laisser l'impression d'un univers figé. Ce n'était que la surface des choses. En réalité, à cette époque, l'Autriche s'était transformée en une puissance moderne, un Etat de droit où la Constitution de 1867 garantissait les droits du citoyen, où le suffrage universel attendrait 1907, mais où la législation sociale, dès la seconde moitié du XIXe siècle, était sur de nombreux points (assurance-maladie, congés payés) plus avancée qu'en France ou en Angleterre. L'Autriche-Hongrie, dans ces années-là, était devenue une force industrielle, la quatrième d'Europe après l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Et c'est sous le long règne de François-Joseph que la capitale autrichienne avait revêtu ce visage qui lui vaut de nos jours d'attirer les visiteurs du monde entier.

     

    Au centre de Vienne, la Hofburg, ancienne résidence des Habsbourg, se compose de plusieurs ailes dont la construction s'étale du XIIIe siècle au début du XXe siècle. Ici, le bureau de l'impératrice Elisabeth, dite Sissi, l'épouse de François-Joseph, assassinée en 1898.

    Au centre de Vienne, la Hofburg, ancienne résidence des Habsbourg, se compose de plusieurs ailes dont la construction s'étale du XIIIe siècle au début du XXe siècle. Ici, le bureau de l'impératrice Elisabeth, dite Sissi, l'épouse de François-Joseph, assassinée en 1898. 

    En 1857, une ordonnance impériale commande la destruction de la vieille enceinte qui, en 1529 et en 1683, avait repoussé les Ottomans mais qui, désormais inutile, étouffe la ville comme un corset. François-Joseph impose cette décision aux militaires, qui craignent que cette mesure ne profite aux révolutionnaires. Dans son esprit, il s'agit de faire de Vienne la capitale d'un vaste empire dynamique, ce qui suppose un plan de rénovation urbaine à l'instar de celui lancé par le baron Haussmann à Paris. Les meilleurs architectes sont mobilisés - l'Autrichien Heinrich von Ferstel, l'Allemand Gottfried Semper, le Danois Theophil Hansen - et chargés d'organiser l'espace situé à l'emplacement des anciennes murailles. Le choix a été fait d'entourer la vieille ville par un boulevard circulaire de 5,3 kilomètres de longueur. Sur cette artère de prestige, la Ringstrasse, en abrégé le Ring, s'édifieront des bâtiments publics, des institutions culturelles, des hôtels de luxe, des immeubles de bureaux et d'habitation. Inauguré en 1865, le Ring restera en chantier pendant plus de vingt ans.

    Entre 1860 et 1890 sont ainsi bâtis la Votivkirche (l'église du Vœu, commencée avant la démolition des remparts et construite en action de grâce pour la tentative d'assassinat à laquelle François-Joseph a échappé en 1853), l'Opéra, la chambre de commerce, la Maison des artistes, le musée des Arts appliqués, la salle de concert du Musikverein, la Bourse, le musée d'Histoire naturelle, le musée d'Histoire de l'art (Kunsthistorisches Museum), l'Académie des beaux-arts, le nouvel hôtel de ville, le Parlement, le Burgtheater, l'aile nouvelle du palais de la Hofburg et l'université. Le goût étant à l'historicisme, le Parlement a été conçu dans le style grec, l'hôtel de ville dans le style néogothique et l'Université dans le style néo-Renaissance. Ces monuments, en 2016, conservent à Vienne son air de capitale impériale. Si plusieurs d'entre eux, bombardés en 1944-1945, ont été reconstruits à l'identique, ils remplissent la même fonction depuis l'origine. 

     

    Les cafés, à Vienne, sont une institution. On peut y prendre un repas ou une consommation, et lire les journaux qui sont à la disposition des clients. Des portraits de François-Joseph et de l'impératrice Elisabeth ornent la grande salle du Café central.

    Les cafés, à Vienne, sont une institution. On peut y prendre un repas ou une consommation, et lire les journaux qui sont à la disposition des clients. Des portraits de François-Joseph et de l'impératrice Elisabeth ornent la grande salle du Café central. 

    Sur le Ring s'étaient également édifiés des immeubles habités par des aristocrates, mais plus souvent par des familles bourgeoises dont l'ascension accompagnait les progrès économiques de l'Autriche. Les Juifs étaient nombreux dans ce milieu, encouragés par l'abolition, en 1867, des ultimes interdits qui les frappaient. Rothschild, Epstein, Ephrussi ou Todesco se faisaient bâtir des palais dont l'architecture, la décoration des façades et la richesse des intérieurs proclamaient la réussite. Forte de cet essor, Vienne organisait en 1873 une Exposition universelle ambitieuse qui venait après celles de Londres et Paris. De 430 000 habitants en 1857, la population passait à 820 000 personnes en 1890, et atteindra les 2 millions en 1910. Autrichiens, Italiens, Polonais, Hongrois, Tchèques, Slovaques, Slovènes, Juifs de l'Est, tous les peuples de l'empire étaient représentés à Vienne. La ville était la cinquième métropole occidentale, derrière Londres, New York, Paris et Berlin.

    Vienne fin de siècle ? Rien de plus trompeur que cette formule. Contrairement à une idée reçue, nul sentiment de décadence, ou de fin du monde, n'étreignait cette société où personne ne pressentait la fin de la monarchie. C'est encore sous le règne de François-Joseph que s'épanouirait, laboratoire de la modernité, la Vienne du Jugendstil et de la Sécession, avec des architectes comme Otto Wagner et Adolf Loos, des peintres comme Gustav Klimt, Egon Schiele et Oscar Kokoschka, des musiciens comme Gustav Mahler, Arnold Schönberg et Alban Berg, et des médecins lauréats du p

  • Tout ce qui est Racines est bon... : Vauban classé au Patrimoine mondial de l'Humanité

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              On en a beaucoup parlé, à juste titre, et un peu partout : le réseau des sites majeurs de l'architecte militaire de Louis XIV  a été ajouté à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.     

                  Du moins douze des quatorze sites conçus en France par Vauban et candidats au titre de Patrimoine mondial de l'humanité ont été classés par l'Unesco : «Bazoches n'a pas été retenu, car il ne s'agit que de l'aménagement d'un château du XIIe siècle et Belle-Ile non plus, car sa citadelle a été atteinte dans son intégrité par un hôtel. Dommage car ce sont tous deux des sites privés», note Jean-Louis Fousseret, président du réseau des sites majeurs de Vauban, maire de Besançon, et initiateur du projet. Quoi qu'il en soit, c'est une belle victoire posthume pour Vauban, qui se voit ainsi consacré au plus haut niveau juste après qu'on ait dignement célébré son tricentenaire en 2007 (1). 

                  Durant sa vie, Vauban a bâti quelque 250 ouvrages militaires, du petit fortin à la ville fortifiée, dans les limites actuelles de la France mais aussi au-delà, car les frontières fluctuèrent au gré des guerres. Il s'illustra autant dans le plan d'ensemble (la fameuse «ceinture de fer», protégeant le «pré carré» de Louis XIV) que dans le détail : par exemple tandis qu'il sanctuarisait le littoral Ouest en utilisant chaque rocher et chaque relief, il faisait aussi remplacer les fusils à mèche des soldats, trop visibles de nuit, par des fusils à silex, évidemment plus discrets.            

                  On trouvera une foule d’explications et de renseignements très utiles sur l’excellent site dédié à Vauban et à son œuvre : http://www.sites-vauban.org/rubrique.php3?id_rubrique=41 ; et de très belles photos aériennes sur le site : http://www.linternaute.com/sortir/les-citadelles-vauban-vues-du-ciel/2007-l-annee-vauban.shtml

                 Mais pourquoi, au fait, s’intéresser et se réjouir de cette consécration universelle que reçoit aujourd’hui celui qu’il n’est nullement exagéré d’appeler un génial bâtisseur ?

                 Par simple gloriole, pour une certaine image de la France ? Oui, bien sûr, il est toujours agréable de recevoir une telle récompense, mais –comme dirait l’autre…- « C’est un peu court, jeune homme !.... ».

                 Pour les retombées économiques que cette distinction ne manquera pas d’avoir, par le biais du tourisme, sur les économies locales ? Là non plus, on ne va pas bouder son plaisir, et si ce classement apporte un surcroît d’activité, tant mieux ! Mais ce serait franchement mesquin de ne voir que ce côté des choses ; et les considérer seulement, ou surtout, sous cet aspect économique et mercantile, ce serait assurément, là aussi, prendre le problème du mauvais bout de la lorgnette.

                 En réalité, il y a au moins trois bonnes raisons de se réjouir de cette reconnaissance.

      

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               D’abord, Vauban est un excellent exemple de ce que peut être et de ce que peut faire une véritable écologie, dans le respect de la Nature, de la Création. Il a en effet toujours oeuvré dans le sens de l'intelligence des environnements –toujours différents- où il était appelé à travailler, avec amour et respect  pour tous les pays, tous les terroirs, appliquant le grand principe de Bacon « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ». Et la Nature le lui a bien rendu : il suffit de voir la saisissante beauté de ces forteresses dont il a parsemé la France, (et qui apparaît plus nettement encore aujourd’hui avec les vues aériennes dont, bien sûr, à l’époque nul ne disposait…) ; il n'est que d'admirer les époustouflants paysages de montagne, réellement à couper le souffle, qu’il a su composer dans sa volonté tenace de rester toujours en harmonie avec les données de la géographie…..

                Ensuite, non content de respecter la Nature, Vauban a respecté l’Homme, et dans tout ce qu’il a fait il a toujours privilégié l’économie de vies humaines. Saint Simon –qui avait pourtant la dent dure…- disait de lui qu’il était « …le plus avare ménager de la vie des hommes » : beau compliment ! Qu'il s'agisse de défendre une ville (et donc de soutenir un siège) ou d'en attaquer une (et donc de mener un siège, en terme savant, la "poliorcétique") Vauban a innové, ou amélioré, en le systématisant, tout ce qui pouvait permettre d'écourter un siège, donc d'économiser des vies.

              S'agissait-il d'attaquer ? Il codifie la technique d'approche en faisant creuser trois tranchées parallèles très fortifiées reliées entre elles par des tranchées de communications en ligne brisée pour éviter les tirs défensifs en enfilade. S'agissait-il de défendre (ce qui nous intéresse ici, avec ses citadelles) ? Plus rien ne "tient", depuis son invention, face à l'artillerie. Vauban n'a donc pas eu pas l'ambition insensée de construire des forteresses inexpugnables. Il a plutôt cherché à gagner du temps, en obligeant l'assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l'assiégé. Et en le fixant suffisamment longtemps pour qu'une armée de secours vienne le prendre à revers, l'obligeant donc à lever le siège....  L'idée centrale étant de briser l'assaut ennemi en le fragmentant, afin de casser la vague assaillante, donc la rendre moins puissante, et pouvoir la disperser plus rapidement.

              Certes, comme l'oeuf de Colomb, c'est facile à dire; mais lui  l'a fait. En les améliorant à l'extrême, et en les portant pour ainsi dire à toute la perfection possible, il a ainsi définitivement imposé la fortification "en étoile"; il a systématisé l'abaissement des murs, offrant donc moins de prise à l'artillerie et a ses ravages (les "ouvrages rasants"); et systématisé aussi la protection des soldats derièrre d'épais remblais de terre, destinés justement à arrêter la course des boulets; et surtout il a multiplié les "forts détachés"... Ne disait-on pas, devant tant d'ingéniosité et de rationnalisation, à ce point systématisées: "Ville attaquée par Vauban, ville prise. Villé défendue par Vauban, ville imprenable..." ?

                 Cette humanité profonde, qui touche à l’Humanisme -comme son respect de la Nature est un respect de la Création, et donc du Créateur...- est un essai vigoureux pour adoucir, autant qu’il était possible, les rigueurs et les atrocités des conflits. Quelle différence avec la barbarie qui devait naître avec la levée en masse révolutionnaire, occasionnant par contre-coup les levées en masse des autres pays, et jetant toute l’Europe, masses contre masses, dans d’épouvantables boucheries !.....

                 Enfin Vauban c’est aussi et surtout Dieu et le Roi.  Quelle noblesse dans cette sorte de profession de foi, lorsqu’il écrit : "…Le Roi me tenant lieu de toutes choses, après Dieu, j'exécuterai toujours avec joie tout ce qu'il lui plaira de m'ordonner, quand je saurai même y devoir perdre la vie." Il a porté au plus haut point les vertus propres à notre Histoire et à ce vieux peuple, façonné par deux millénaires d’un héritage gréco-romain et chrétien fécond et vivifiant

                Louis XIV l'a bien jugé quand, à l'annonce de sa mort, il a sobrement déclaré qu'il avait été un « bon Français », parlant de lui avec beaucoup d’estime et d’amitié : " Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’État ".....

    (1)   Les choses ne s’arrêteront peut-être pas là. Jean-Louis Fousseret a évoqué, en conclusion de la soutenance du dossier de candidature, le projet de créer dans sa ville, Besançon, un centre international consacré au patrimoine légué ou inspiré par Vauban. «En effet, on retrouve son influence sur tous les continents … à Québec , mais aussi au Mexique, au Maroc (Essaouira), à Saint-Pétersbourg, à Madagascar ou au Japon (Hokkaido).» En somme, il va devenir urgent de s'intéresser aux enfants de Vauban……

  • Esprit d'Arménie, par Michel Onfray.

    Dans nos temps nihilistes, on ne peut plus parler de l’esprit d’un peuple sans passer pour un dangereux personnage d’extrême-droite contrevenant au principe d’un universalisme qui nie la diversité pour n’envisager l’Homme que comme une catégorie conceptuelle pure, une Idée de la raison. 

    Or l’homme n’est pas qu’une idée, c’est aussi la somme d’une multiplicité de façons d’être.

    Pourtant, Kant qui n’est pas suspect d’être un philosophe d’extrême-droite traite abondamment de l’esprit des peuples dans son Anthropologie d’un point de vue pragmatique. Certes, au XVIII°, alors que les hommes se déplacent au pas d’un homme ou d’un cheval, l’esprit d’un peuple signifie plus et mieux qu’aujourd’hui où nous circulons partout sur la planète avec l’aide des moteurs - motos, voiture, train, avion. Le déterminisme géologique, donc géographique, donc historique, donc culturel est moindre depuis ce rétrécissement de la planète avec l’aide des moteurs. Plus personne n’est contraint, en habitant un village de montagne perdu dans une vastitude géographique, de vivre refermé sur sa communauté en préservant son identité acquise par des stratifications millénaires d’habitudes, de transmissions d’usages et de savoir-faire, de visions du monde cristallisées en cultures dites folkloriques - n’oublions pas que l’étymologie de folklore renvoie au peuple… 

    Or le folklore est un objet historique méprisé par les intellectuels des villes perfusés à l’idéologie universaliste depuis la Révolution française. La philosophie des Lumières a créé un «Homme nouveau» que 1789 porte sur les fonts baptismaux avant que 1793 ne le précipite dans les fosses communes. Il se fait que, nonobstant ces fosses communes, cet Homme nouveau ( à l’origine une idée de Saint Paul!) reste pour beaucoup d’intellectuels occidentaux la fiction qui organise leur vision du monde.

    Mais je m’égare…

    Revenons à l’esprit des peuples. 

    En Arménie, il m’a été donné à trois reprises, via trois anecdotes, de saisir quelque chose qui pourrait bien contribuer à la définition de l’esprit du peuple arménien. 

    La première: dans un village près du front, un homme nous montre les ruines de la maison de sa fille. Elle venait d’acheter cette modeste bâtisse quatre jours plus tôt quand une bombe a soufflé ce qui n’a pas eu le temps d’être son domicile mais qui est cependant devenu sa dette pour des années - les banques ne font pas de sentiment, cette jeune Arménienne devra rembourser ce que les Azéris ont détruit. Elle a perdu sa maison mais peut-être aussi, et c’est bien sûr beaucoup plus grave, a-t-elle aussi perdu son frère dont elle est sans nouvelle depuis quelques semaines. Son père en parle, le bord des yeux rougis, sa mère n’en parle pas, elle pleure. Cette famille est restée dans ce village où elle sait que les Azéris s’installeront et probablement avec eux les djihadistes mercenaires venus de Syrie auxquels la Turquie a donné l’autorisation de vassaliser le Karabakh à coup d’épées. 

    Nous suivons le chemin qui conduit à cette maison explosée. Le village est silencieux. Plus d’aboiements autour des niches, plus de caquetages dans les basses-cours, plus de bruits de vie humaine. Rien que le silence d’après les bombardements. Jamais l’expression un silence de mort n’a autant fait sens …  

    Le vieux monsieur s’arrête en cours de chemin, il ouvre la porte d’un jardin dans lequel, au milieu d’herbes hautes, les branches des grenadiers ploient sous le poids de fruits mûrs que personne ne ramasse. Cet homme sans âge qui semble tout droit sorti de l’Ancien Testament, voûté sous le poids de sa peine, déjà en deuil de son fils et en souffrance silencieuse devant sa fille sur le pas de sa maison détruite, cet homme, donc, cueille autant de grenades que nous sommes et il en offre une à chacun…  En Arménie, offrir une grenade est un signe d’amitié, d’affection, de tendresse. C’est là-bas le fruit du paradis - pourquoi pas, car le pomum de la version latine de la Genèse, la Vulgate, signifie en effet fruit et non pas pomme… On dit qu’elle renferme trois cent soixante-cinq grains, autant de jours qu’une année donc. On l’offre aux fêtes, aux mariages, à Noël, et autres occasions de dire son amour.

    Cet ancien aux habits couleurs de ruines n’a plus rien, mais il trouve tout de même quelque chose à donner…

    Ensuite: à Stepanakert où nous arrivons en fin de journée, la ville de cinquante mille habitants est vide, comme ravagée par un souffle gigantesque. La nuit tombe, plus d’éclairages, les rues sont noires. Personne dans les maisons, tous ont fui et craignent l’arrivée et l’installation des Azéris. Le gouvernement turc annonce qu’il va laisser le Karabakh aux mains des djihadistes venus de Syrie; ceux-là décapitent les Arméniens du fait qu’ils sont arméniens, ils le font déjà dans la ville en se faisant passer pour leurs coreligionnaires, en parlant leur langue et en portant les treillis de leur armée, avant de leur trancher la gorge… Des bombardements ont effondré des maisons, soufflé des immeubles, explosé des milliers de vitres et de vitrines, des bandes de chiens abandonnés par leurs maîtres errent dans la ville et cherchent de quoi manger, ils fouillent les poubelles. L’Azerbaïdjan, dont le nom même date de 1918, assimile les Arméniens à des chiens, son président, Aliev, a en effet proclamé après l’écrasement du Karabakh: «J’avais  dit qu’on chasserait les Arméniens de nos (sic) terre comme des chiens et nous l’avons fait.»

    La ville est morte, il faut chercher une âme qui vive comme une aiguille dans une botte de foin. Il existe deux ou trois hôtels. Certains propriétaires en profitent pour ajouter des zéros aux prix de location habituels. Pas de chauffage ici, là pas de wifi bien sûr. Notre chauffeur se souvient d’un hôtel dans lequel il avait conduit des gens il y a une dizaine d’années. Il propose que nous y allions. Nous arrivons dans la nuit d’un quartier sans trace de vie. Le propriétaire nous accepte. Il n’y a pas de chauffage mais il peut en mettre ici ou là dans telle ou telle chambre. Il propose d’abord que nous dormions à plusieurs dans la même carrée. Puis il arrange le tout. Il prend tout le monde. Certains auront du chauffage, d’autres non.

    Mais il nous faut surtout trouver de quoi dîner…

    Dans la suie de cette ville éteinte comme le lendemain d’un feu de cheminée, nous guettons les petites vitrines éclairées tels des lampions un jour de fête sans fête. Nous trouvons un magasin où l’on vend de tout, nourriture comprise. Nous achetons de la charcuterie et des vins, de la vodka et de la bière, des fromages et des gros cornichons, des olives et des légumes cuits, et de quoi faire un dîner froid qui nous réchauffe. Il nous faut sustenter sept ou huit personnes. Les paniers sont pleins. Au moment de payer, nous apprenons qu’on ne peut utiliser nos cartes bleues, ni les euros. Les dollars ne sont pas en assez grande quantité. 

    Que faire?

    Aussi incroyable que cela puisse paraître, le caissier nous dit: «Prenez, partez, mangez. Vous reviendrez me payer demain»! Nous avons trouvé une solution, nous avons payés, nous sommes partis, nous avons mangé. Mais dans quel pays du monde laisse-t-on partir des gens sans payer juste en les invitant à être honnête donc à repasser honorer leur dette le lendemain alors que rien, sauf l’honneur et le respect de la parole donnée, ne les y obligerait? Sûrement pas en France…  

    Enfin, troisième histoire édifiante: j’aime les tapis autant que les œuvres d’art africaines. Je ne sais pourquoi les raisons de ces deux tropismes si ce n’est mon goût pour la sagesse et l’identité de peuples qui s’exprime ailleurs que dans le verbe ou le texte. Entre une matinée consacrée à une conférence de presse et l’après-midi du dernier jour destiné aux derniers enregistrements du film que nous préparons, en sortant du restaurant où nous avons déjeuné dans la cour dans le plein air de novembre, j’avise dans la rue un magasin d’antiquités et de tapis.

    Il y a là des pièces magnifiques! Notamment des tapis du XIX° siècle. Je tombe en arrêt devant l’un d’entre eux, extraordinaire, sur lequel figurent des signes que j’assimile à un genre d’alphabet. Le vendeur me dit que non: il s’agirait d’églises vues du ciel! Ce mélange sur fond d’un vieux rouge de l’alphabet d’une langue inconnue et d’une architecture signifiée du point de vue de Dieu ou des anges me va tout à fait. J’achète.

    La question du paiement se pose à nouveau. Pas de carte bleue possible. Pas de somme liquide équivalente à disposition dans nos portefeuilles. Je propose un virement de France. Le vendeur y consent. Je téléphone à mon épouse, Dorothée, qui assure les transactions en quelques minutes. Dans le quart d’heure, le tapis est enveloppé. Nous sommes sortis. 

    Astrig qui nous accompagne m’apprend ce que j’ignorais des tapis arméniens: le tapis oriental islamique leur est franchement postérieur. Le tapis dit d’Orient n’est pas d’origine nomade en Asie mais voit le jour sur les hauts plateaux arméniens bien avant la naissance de la religion musulmane. Cette origine chrétienne du tapis oriental est une thèse d’histoire de l’art qui s’avère, on s’en doute, éminemment politique. On la doit à Volkmar Gantzhorn, un homme formé à l’histoire de l’art et à l’esthétique, à la philosophie et à la psychologie, à la peinture et à la sculpture, à l’art graphique et à la géographie. Je vais me renseigner sur cet homme et son travail. 

    Alors que nous avons quitté le magasin, Dorothée m’appelle. Je suis dans la rue.  Elle m’avise que les vendeurs n’ont pas fourni les données qui leur permettraient d’être payés. Mes amis et moi avions acheté trois tapis. Si nous avions été malhonnêtes, il nous suffisait de faire le mort: nous avions les tapis, ils les avaient perdus et n’auraient jamais eu leur argent. Nous sommes revenus sur place et nous avons fourni les données manquantes. Le virement a pu être fait.

    Peuple de commerçants les Arméniens? Ou peuple qui commerce mais dont l’essentiel dans la vie n’est pas le commerce? Je souscris, on s’en doute, à la seconde hypothèse… 

    Quels sont les enseignements de ces trois anecdotes vécues en Arménie, avec des Arméniens? Ce sont trois leçons de morale qui portent trois vertus: la générosité, la parole donnée, la confiance. Quand on n’a rien et qu’on a tout perdu, on peut encore donner; quand on est démuni et qu’on vit dans les décombres, on peut toujours souscrire à la grandeur et la puissance de la parole donnée; quand on fait métier du commerce, on peut aussi en faire un art noble sans faire de l’acheteur une vache à lait... 

    De retour en France, me souvenant de ces trois histoires édifiantes, il m’est resté en tête les visages des acteurs de ces belles fables édifiantes dans le genre d’Ésope ou de Phèdre. Ils avaient en commun de porter des siècles de burinage éthique et de tannage moral. Quelque chose qui ne peut pas ne pas entretenir de relations avec le christianisme des premiers siècles devenu avec le temps un genre de sainteté laïque mâtinée de sagesse païenne romaine. 

    Source : https://michelonfray.com/

  • Trois Verts, bonjour les dégâts! Bordeaux, Lyon, Grenoble, par Elisabeth Lévy.

    Eric Piolle, au lendemain de sa réélection à la mairie de Grenoble, 30 juin 2020 © ALLILI MOURAD/SIPA

    Les nouveaux maires écolos veulent faire de leurs villes des fabriques de l’homme nouveau. Conjuguant mépris du populo et détestation de la France, ils sont aussi sensibles au malheur des bêtes qu’ils sont insensibles au bonheur des hommes.

    9.jpegLeur rêve est notre cauchemar. Et il est en train de devenir réalité. Les écolos qui, lors des municipales de mars et juin, ont ravi au socialisme bourgeois les métropoles les plus riches de France – à l’exception de Paris, mais c’est tout comme – n’en font pas mystère. Nos grands maires ne font pas que du vélo. Les villes sont leurs laboratoires, le chaudron où ils inventent le monde magique de demain. Et bien sûr, nous sommes, au choix, les papillons ou les grenouilles sur lesquels ces savants fous testent leurs diaboliques inventions. De notre alimentation à nos déplacements (on dit mobilité), du bureau à la chambre à coucher, ils s’évertuent donc à placer toute l’existence sous surveillance.

    C’est nous qu’il s’agit de régénérer, reprogrammer, recalibrer, afin que nous devenions de dignes enfants du Progrès.

    Mais il ne leur suffit pas de changer la vie et la ville, ce qui signifie d’abord pourrir l’une et l’autre en transformant tout itinéraire urbain en parcours d’obstacles, et cela que l’on soit automobiliste, piéton ou même cycliste. C’est nous qu’il s’agit de régénérer, reprogrammer, recalibrer, afin que nous devenions de dignes enfants du Progrès. Pas besoin de manipulation génétique : sous prétexte de sauver la planète, les savants fous que nous avons élus (enfin, que la minorité d’électeurs qui s’est déplacée a élus, mais tant pis pour les autres) sont engagés dans une démentielle manipulation anthropologique de l’espèce. Et ils en sont fiers. Insensibles au réel et sourds à la logique, ils prétendent préserver en éradiquant, humaniser en ensauvageant, convaincre en interdisant, revenir au local en rompant tout ancrage, faire de la démocratie participative à coups de sanctions. Les Verts, c’est la révolution de l’oxymore. Ils réinventent la roue. En carré.

    Ils parlent une langue inconnue, truffée de jargon citoyenniste – co-construction, co-décision, interpellation, pétition – et de résilience, mise à toutes les sauces, notamment dans les intitulés des postes d’adjoint – « à la ville résiliente », « à la résilience alimentaire », « à l’urbanisme résilient ». Tout est « résilient », à l’exception bien sûr des charpentes symboliques et langagières qui soutiennent les sociétés humaines. Tout doit être durable et tout doit disparaître.

    Les maires Verts veulent effacer et détruire le passé

    Pour créer de toute pièce une nouvelle nature humaine, il faut d’abord faire place nette. L’écologie façon Piolle, Doucet ou Hurmic, est d’abord une vaste entreprise d’effacement du passé. En philosophe passionnée par la beauté du monde et l’éternité des choses, Bérénice Levet décrypte  : « La nature leur sert d’alibi pour mieux anéantir la culture, de sorte qu’ils s’autorisent de “l’urgence climatique” pour abolir les modes de vie, les usages, les traditions. » Sans oublier le français, sommé de devenir le véhicule de la propagande LGBTQI et compagnie. Il est significatif que l’une des premières décisions de tous les nouveaux maires ait été d’adopter l’écriture inclusive, qui est, selon l’Académie française, « un péril mortel pour la langue française ».

    Sans se concerter, mais avec le même instinct sûr de destruction, les nouveaux édiles ont dirigé leur fureur vers quelques symboles qu’affectionne la France des bistrots et des clochers, des lotissements et des zones commerciales désertées, en un mot le vieux monde machiste, homophobe, raciste et genré : Tour de France et sapin de Noël, Vœux aux Échevins et delphinarium.

    En clair, ça tombe toujours sur les mêmes. Ceux qui ne font pas de safaris et ne nagent pas dans les mers chaudes et qui pour voir des dauphins ou des tigres ont le choix entre internet et le cirque de passage.

    Les écolos contre les classes populaires

    Pointe avancée du camp du Progrès, les écolos n’aiment pas le populo qui, précisément, veut pouvoir chérir son héritage. Ils vomissent son esprit étroit, ses distractions ringardes et ses activités polluantes. Pour l’élu parisien Jacques Boutault, écolo tendance salafiste, les amoureux du Tour sont des abrutis qui « restent dans leur canapé à rêver à des exploits de types hyper dopés qui ne gagnent que parce qu’ils se font changer leur sang dans des cliniques. » Lesquels évoquent furieusement les ploucs qui « fument des clopes et roulent au diésel », de Benjamin Griveaux. « Mépris de classe », s’énerve Isabelle Saporta, qui ne manque pas une occasion de tirer à boulets rouges sur le parti de son compagnon, Yannick Jadot (pages 60-62). Des « rabat-joie qui détestent tout ce qui fait plaisir aux gens », résume Marlène Schiappa. Avec, en prime, un petit côté ligue de vertu, qui leur vient de leurs alliées néoféministes. Ainsi Éric Piolle, le précurseur grenoblois, qui entame son deuxième mandat, ironise-t-il sur la 5G, qui servirait, selon lui, à regarder du porno dans un ascenseur. Quand bien même, on ne voit pas ce que cela aurait de répréhensible (qu’est-ce qui est le plus grave, le porno ou l’ascenseur ?)

    Les Verts veulent voir des vélos partout, sauf sur la Grande Boucle. Leur truc, c’est le sport mondialisé et conscientisé, pas le sport terroir, avec baisers aux coureurs et spécialités régionales. D’après une excellente enquête de Judith Waintraub, le maire de Rennes a refusé, sous la pression de ses alliés verts, d’accueillir le départ du Tour 2021, une manifestation qui fait pourtant la joie des populations. En revanche, la Cyclonudista naturiste et écologiste aura bien lieu. On respire.

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    [Photo : Le maire de Lyon Grégory Doucet assiste à la cérémonie du podium de la 14ème étape du Tour de France, 12 septembre 2020.© AFP]

    On l’aura compris, ce que les Verts détestent dans le Tour de France, c’est la France. « Ce qu’ils haïssent, de moins en moins secrètement, c’est notre France chaleureuse, celle qui croit en quelque chose, qui s’émerveille naïvement devant un maillot jaune, qui chérit ses statues », s’enflamme le maire de Béziers Robert Ménard, non sans quelque naïveté (pages 58-59). La France, pays des mâles blancs et de l’électricité nucléaire, de Colbert et de Zemmour est vouée à disparaître dans l’empire du bien écologique.

    L’enfer vert est évidemment pavé de bonnes intentions, voire de nobles causes. Qu’il faille se préoccuper de pollution, de réchauffement climatique, de protection des espèces et des paysages, nul n’en disconvient. Le diable est dans la méthode.

    De ce point de vue, l’affaire des animaux de cirque est révélatrice. C’est Barbara Pompili, la sémillante ministre de la Transition écologique passée d’EELV à la Macronie, qui, en plein foutoir sanitaire s’est emparée de ce sujet brûlant, mais la plupart des maires écolos avaient déjà banni tigres, lions et autres éléphants encagés, de même d’ailleurs que 400 villes en France. Nous avons tous pleuré sur le sort cruel de l’éléphant Dumbo. Peut-être les animaux du cirque sont-ils condamnés par notre sensibilité nouvelle au bien-être animal. Alors qu’il en reste 500 se produisant dans une centaine de cirques, on aurait pu s’en remettre à la désaffection croissante du public, faire confiance à l’évolution des mentalités. Mais non, il faut passer en force et trompeter qu’on va en finir avec cette survivance odieuse.

    Les dérives des Verts suscitent le rejet

    De plus, avec les Verts on ne sait jamais où ça s’arrête, ou plutôt, on ne le sait que trop : ça ne s’arrête pas. Pourquoi ne pas interdire l’équitation dans la foulée ? Après tout, il n’est pas naturel, pour un cheval, d’avoir un homme sur le dos. Combien de temps faudra-t-il avant qu’ils ne réclament la fermeture des zoos, ces prisons animales ? Il est tout de même curieux d’être si attentif au malheur des bêtes et si peu soucieux du bonheur des hommes. On a même l’impression fâcheuse que certains maires prennent un plaisir pervers à brutaliser la société, en tout cas la fraction qui résiste à leur ambition démiurgique. Que ces déplorables aillent polluer hors de nos centres-villes.

    Bien sûr la plupart des accusateurs n’ont pas pris la peine d’examiner le corps du délit.

    Cet activisme écolo a au moins une vertu, c’est qu’il devrait, en toute logique, barrer la route de l’Élysée aux plus délirants. Comme le dit Saporta : « Ce n’est pas avec une idée à la con par jour qu’on rassemblera les Français. » À en croire les sondages, ceux-ci n’apprécient guère la créativité de leurs maires, même quand ils ont voté pour eux. Au demeurant, Yannick Jadot semble l’avoir parfaitement compris, lui qui entend réconcilier croissance et écologie, lutte contre le réchauffement climatique et technologie. Dans un entretien paru dans L’Obs, il s’est aussi clairement démarqué de la complaisance envers l’islamisme affichée par Piolle comme de la tendance excusiste de nombre de ses camarades de parti qui pensent que l’insécurité n’existe pas, mais qu’elle est un produit de la domination sociale. Bien qu’il ne soit pas allé jusqu’à parler à Causeur, son pas de côté lui a immédiatement valu des attaques en règle de ses chers camarades. Frédéric Ferney se demande si Jadot, en plus d’un projet raisonnable, possède l’ambition folle qui lui permettrait peut-être de le réaliser (pages 64-65). Il est possible qu’on ne le sache jamais, en tout cas pas en 2022. On peut en effet compter sur le tempérament suicidaire de nos écolos pour leur faire préférer un candidat n’ayant aucune chance d’être élu.

     

    Elisabeth Lévy

     
    Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle fait partie des chroniqueurs de Marc-Olivier Fogiel dans "On refait le monde" (RTL). Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "La gauche contre le réel (Fayard), sorti en 2012.

    Source : https://www.causeur.fr/

  • Interview : Louis XVII par Philippe Delorme, par Frédéric de Natal.

    Source : http://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/

    Philippe Delorme*, vous êtes historien et journaliste. On vous doit notamment la résolution d’un mystère qui a passionné la France depuis 1795. Celui de la mort de l’enfant du Temple, Louis XVII, fils du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette. Le début d’une affaire avec ses multiples rebondissements, ses faux prétendants, le mythe de sa survivance et son « happy-end » en 2004.

    Frederic de Natal (FdN) : Avant d’aborder ce fascinant mystère, pouvez-vous nous expliquer pourquoi l’Histoire est jalonnée d’énigmes aussi intrigantes les unes des autres ?

    Philippe Delorme (PhD) : Tout d’abord merci. Vous savez, les décès mystérieux sont des phénomènes que l’on retrouve partout dans l’Histoire. Dès lors qu’un personnage célèbre disparaît dans des conditions quelque peu obscures, les rumeurs et les fantasmes se développent. À partir de ce moment, les rumeurs naissent et laissent sous-entendre qu’il ou elle a survécu (e), qu’il ou elle s’est échappé (e). On le retrouve aussi bien au Portugal avec les faux Sébastien qu’en Russie avec les faux Dimitri ou plus récemment aux Etats-Unis autour des Kennedy, les chanteurs Elvis Presley ou Mickael Jackson. La France n’en est donc pas exclue. C’est le cas pour le fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Avant lui, n’oublions pas que nous avons connu de faux rois Jean Ier ou de fausses Jeanne d’Arc. Des énigmes résolues aujourd’hui mais qui peuvent toujours passionner.

    2.jpgFdN : Comment est né le mystère Louis XVII ?

    PhD : Au cours du XIXe siècle, principalement sous la Restauration, une petite frangede royalistes, plus ultras que les ultras eux-mêmes, vont se réfugier dans l’idée que Louis XVII n’est pas mort, qu’il va revenir et restaurer un régime « idéal » tel qu’il aurait été avant la Révolution française.  Ce sont des nostalgiques qui n’arrivent pas à accepter l’évolution de la société, que Louis XVIII ait octroyé une charte libérale et gouverne de manière constitutionnelle. À cela vont se greffer les ambitions personnelles ou les délires mégalomaniaques de personnages qui, tour à tour, se déclareront Louis XVII. Environ une centaine entre 1795 et 1850, dont certains ont laissé des traces derrière eux.

    On peut citer Jean-Marie Hervagault, Mathurin Bruneau, le baron de Richemont - certainement le plus célèbre à son époque - et évidemment Karl-Wilhelm Naundorff qui se déclare tardivement sous le règne de Louis-Philippe Ier. Cet individu va capter l’attention d’anciens courtisans et sur lui se focalisera le mystère qui nous préoccupe. Il ne parle pas un mot de français mais semble doté d’un certain charisme qui va lui permettre de réunir autour de lui des partisans, persuadés qu’il est bien le Louis XVII évadé du Temple. Il va manipuler son entourage avec maestria, reprenant quelques anecdotes de la vie du petit prince à Versailles, glanées ici et là auprès de témoins de cette époque. Ainsi s’épaissit le mystère Louis XVII qui va agiter bien des cercles royalistes durant deux siècles.

    FdN : Pourquoi cet intérêt autour de « l’Affaire Louis XVII », à laquelle vous avez consacré divers ouvrages, et qui vous a consacré comme l’un des meilleurs spécialistes de cette énigme ?

    PhD : C’était la grande énigme de l'Histoire de France ! J’en ai entendu parler depuis mon enfance. Avant moi, l’historien Alain Decaux, entre autres, en avait fait son cheval de bataille et soutenait le mythe survivantiste. Peu avant le bicentenaire de la mort de Louis XVII, en 1995, j’ai entrepris de parcourir les nombreux méandres de ce mystère dans le but d’explorer les diverses hypothèses émises depuis des décennies. J’ai alors publié un livre « L’affaire Louis XVII » (Ed. Tallandier). Déjà à l’époque, j’ai acquis la quasi-certitude que Louis XVII était bel et bien mort en 1795, sans pouvoir le confirmer. L’étude par l’ADN était à ses balbutiements et j’évoquais en conclusion de mon ouvrage la possibilité de pratiquer un jour des analyses sur le cœur de l’enfant du Temple, « soustrait » lors de son autopsie par le docteur Philippe-Jean Pelletan. A la même époque, cette méthode d’analyse génétique avait permis déjà de résoudre le mystère des Romanov, exécutés en 1918.

    3.jpgFdN : C’est donc une analyse ADN du cœur de Louis XVII qui a permis la résolution de ce mystère ?  

    PhD : Du moins cette analyse y a apporté le point final, la preuve ultime. En 1999, j’ai pris contact avec le duc de Bauffremont, président du mémorial de France à Saint-Denis, détenteur de la relique, pour obtenir son accord afin d’effectuer des analyses. En 1895, le cœur avait été remis par l’héritier du docteur Pelletan au prince Carlos de Bourbon, prétendant carliste aux trônes de France et d’Espagne. En 1975, les petites-filles de don Carlos l’avaient confié au duc de Bauffremont, pour qu’il le dépose dans la crypte de la basilique de Saint-Denis.

    Le duc de Bauffremont, qui nous a quitté il y a peu, s’est montré très intéressé par le projet et c’est ainsi que nous avons pu procéder à cette étude. Des prélèvements ont été analysés par deux laboratoires étrangers, qui ont comparé son ADN mitochondrial à celui des sœurs de la reine Marie-Antoinette et de deux de leurs descendants, Anne et André de Bourbon-Parme. Les résultats de la génétique, complétant l’enquête historique, ont alors confirmé que le cœur de l’enfant du Temple était bien celui de Louis XVII.

    FdN : Il n’y a donc aucune possibilité aujourd’hui que ce soit le cœur de son frère aîné décédé en 1789 ?

    PhD : En dépit de ce qu’affirment encore les partisans de Naundorff, on est bien en présence du cœur du fils cadet de Louis XVI et non de celui de son frère aîné. L’argument d’une substitution ne tient pas. Certes, l’ADN ne fournit pas une identité mais juste une parenté. Les analyses de 2000 nous apprennent seulement qu’il s’agit du cœur d’un enfant apparenté en ligne féminine à Marie-Antoinette. Pour conclure que c’était bien Louis XVII, une enquête historique était nécessaire. J’en ai publié les tenants et aboutissants dans mon livre, « Louis XVII, la vérité : sa mort au Temple confirmée par la science » (Éditions Pygmalion), démontrant point par point l’identité de ce cœur.

    Primo, jamais le cœur de Louis XVII et celui de son frère Louis Joseph n’ont été réunis. Secundo, ils étaient très dissemblables. La conservation des cœurs des princes de France respectait un protocole immuable, consistant à les ouvrir, les remplir d’aromates, les entourer de bandelettes. Si Louis Joseph, mort en 1789, a subi ce procédé, le cœur de Louis XVII a seulement été conservé dans l’alcool comme un banal objet d’anatomie, avant de se pétrifier naturellement, sans aucune trace d’embaumement. Cette certitude nous a permis d’organiser une cérémonie le 8 juin 2004 à Saint-Denis afin que le cœur de Louis XVII repose auprès de ses parents. 5000 personnes y ont assisté. C’était à la fois simple et grandiose.

    4.jpgPhD : En tant qu’historien, quel regard portez-vous sur Louis XVII ?

    FdN : Il est le miroir d’une période tourmentée. Ses dix ans de vie sont certainement les années les plus cruciales de l’Histoire de France. Il naît à Versailles en 1785 à un moment où la monarchie reste florissante, et semble indéracinable. Quand il meurt en 1795, la Révolution française est presque terminée, avec bientôt l’avènement du Directoire puis la reprise en main par Napoléon. Il connaît d’abord la vie heureuse d’un jeune prince, quoique enfermé dans le carcan doré de Versailles avec ses parents, avant de vivre une descente aux enfers jusqu’au Temple. Louis XVII a été une victime de la folie des adultes. Pour moi, il reste un symbole de ce que tous les enfants peuvent subir encore aujourd’hui. C’est d’ailleurs ce que mon épouse, la sculptrice Catherine Cairn, a voulu traduire lorsqu’elle a réalisé son buste, installé aujourd’hui au musée des guerres de l’Ouest à Plouharnel.

    5.jpgPhD : Peut-on considérer que sa mort est un crime de la Révolution française ?  

    FdN : Je suis historien, je me garderais bien de porter un jugement. Je me contente d’examiner les éléments, d’essayer d’établir des vérités factuelles et de les replacer dans le contexte d’une époque. Louis XVII, incarnation de l’enfant innocent, est mort dans des conditions atroces. On l’a gardé en captivité, dans une tour insalubre, soumis à des vexations et des sévices atroces. Un enfant qu’on a d’abord essayé de transformer en petit « sans-culotte », avant de le laisser croupir dans la crasse et la solitude. C’est évidemment un point noir de cette Révolution française qui, à l’instar de Saturne, a fini par dévorer sa propre progéniture. Je laisse donc à chacun de répondre à votre question.

    PhD : Les Naundorff restent une famille divisée avec des partisans, surnommés les survivantistes ou naundorffistes. Ils ont deux prétendants au trône de France. Que pouvez-vous nous dire à leur sujet ?

    FdN : C’est une famille qui garde des partisans, extrêmement peu nombreux. Au cours du XIXe et du XXe siècle, ils se sont exprimés par le biais d’associations et de journaux, toujours groupusculaires. Ils y développent un traditionalisme catholique assez caricatural, aux relents de prophétisme. Beaucoup d’entre eux attendent le retour du « Roi caché ». Pour ce qui est des Naundorff, il existe deux lignes rivales. L’un des prétendants vit à Toronto et l’autre en France. Ce dernier, Hugues de Bourbon, ne prétend d’ailleurs plus à rien depuis quelques années Je l’ai rencontré, il est libraire à Tours, expert en livres anciens, et n’a d’ailleurs pas d’héritier mâle. Quant à son cousin canadien, c’est un très vieux monsieur qui ne parle presque pas français…

    6.jpgPhD : En 2014, le professeur Gérard Lucotte publie une nouvelle analyse ADN affirmant qu’Hugues de Bourbon serait bien le descendant de Louis XVI. Or vous réfutez cette thèse. Pourquoi ?

    FdN : Le docteur Gérard Lucotte - qui n’est d’ailleurs pas « professeur » - a été il y a fort longtemps, un précurseur dans le domaine de la génétique humaine. Hélas, il s’est depuis lors fourvoyé. Il est marginalisé par le monde universitaire qui ne reconnaît plus ses travaux. Ainsi, le professeur Jean-Jacques Cassiman, de l’université de Louvain, qui a fait les études sur le cœur de Louis XVII et isolé le chromosome Y des Bourbons, a magistralement démonté les prétendues conclusions de Lucotte. 

    Ce qui est intéressant de rappeler, c’est que Charles-Louis de Bourbon-Naundorff, le prétendant canadien, avait financé en 2004 une nouvelle étude, nécessitant l’exhumation du squelette de son ancêtre de sa tombe de Delft en Hollande. Les résultats, concluants, n’ont pas dû lui plaire puisqu’il en a interdit la publication ! Je profite de cette interview pour lui demander instamment de lever ce veto !

    Quant aux « analyses » de Lucotte, elles ne montrent que quelques vagues corrélations entre Hugues de Bourbon-Naundorff et les Bourbons authentiques. Si faibles que, si l’on suivait ses conclusions, n’importe qui pourrait passer, même vous ou moi, pour un descendant direct des rois de France ! Mais Gérard Lucotte, très fantasque, s’est fait une spécialité de ce genre conclusions hâtives voire cocasses. N’a-t-il pas soutenu que Jésus Christ avait des morpions et qu’il fumait de l’opium ?  À partir de là, comment croire à la validité de ses allégations sur le cas Louis XVII ? 

    FdN : Pourquoi les descendants de Karl-Wilhelm Naundorff portent-ils le nom de Bourbon si celui-ci n’a jamais été Louis XVII ?

    PhD : Lorsque Karl-Wilhelm est mort aux Pays-Bas en 1845, ses partisans ont fait enregistrer son décès sous le nom de « Charles-Louis de Bourbon, né à Versailles, fils de Louis XVI et Marie-Antoinette ». Cela s’explique car, à l’époque, l’état-civil était seulement déclaratif, et l’on n'exigeait aucune preuve d’identité, se contentant de la bonne foi des témoins. Fort de cet acte officiel, ses descendants vont garder ce nom de « Bourbon » et créer une sorte de dynastie parallèle.

    7.jpgFdN : Le « survivantisme » connaît un regain d’activité ces dernières années alors qu’il s’était réduit comme peau de chagrin après la résolution du mystère Louis XVII. Comment expliquez-vous ce soudain renouveau autour de cette faction minoritaire du monarchisme français

    PhD : Tout est relatif. C’est même très excessif de parler de renouveau ! Le survivantisme aujourd’hui comme hier n’est qu’un microcosme dans le microcosme royaliste. Cela ne concerne que quelques personnes, soit nostalgiques d’une monarchie fantasmée, caricature de l’Ancien régime, soit en mal de reconnaissance et friandes de titres nobiliaires totalement inventés. Tout cela constitue un petit monde extrêmement réduit.  Si l’on devait parler de regain aujourd’hui, c’est plutôt au niveau de l’idée royale, d’un intérêt pour l’Histoire de France, s’inscrivant dans le cadre d’une certaine crise institutionnelle. Le seul prince qui me semble crédible, et légitime aux yeux de la majorité des monarchistes, est l’actuel comte de Paris, le prince Jean d’Orléans, chef de la Maison royale de France, lequel d’ailleurs s’efforce d’être davantage présent dans les médias.

    8.jpgFdN : Émettons l’hypothèse que les Naundorff soient vraiment les descendants de Louis XVII, seraient-ils vraiment dynastes au regard des lois de succession ?

    PhD : Hypothèse totalement gratuite, mais on peut s’amuser ! Au regard des lois strictes successorales de France - telles qu’eux-mêmes les défendent -, la réponse serait négative. Naundorff lui-même était d’abord luthérien avant de se convertir au catholicisme, puis de créer sa propre religion dont il s’est proclamé prophète ! Le pape l’a d’ailleurs clairement excommunié. Parmi ses descendants, on note plusieurs protestants, des enfants nés hors mariage et adultérins, sans doute des filiations illégitimes. Bref, aucun des Naundorff - même s’ils étaient ce qu’ils ne sont pas - ne serait apte à s’asseoir sur le trône de Saint Louis !

    FdN : De nombreux livres sont parus sur ce mystère.  Intitulé, « Louis XVII a survécu à la prison Temple. La preuve par analyse », un nouveau livre écrit par Charles-Louis de Bourbon-Naundorff, le fameux prétendant canadien, devrait paraître sous peu. Quel est votre avis sur ce énième livre traitant de cette affaire ?

    PhD : Je n’ai aucun avis ! (rires). D’ailleurs je doute qu’il en soit l’auteur. Depuis quelque temps, le prétendant canadien est flanqué d’un « chancelier »

  • Yann Raison du Cleuziou: en France, le déclin du catholicisme populaire.

    Source : https://www.vaticannews.va/

    Une enquête de l’institut de sondage Ifop, parue dans Le Monde à la veille de la fête de l’Assomption, démontrait une nette érosion de la culture chrétienne en France, surtout chez les moins de 35 ans, même si elle établissait dans le même temps la relative persistance du catholicisme au sein de la société française. Le sociologue Yann Raison du Cleuziou décrypte pour nous les données de cette étude.

    Ce sondage reprend les mêmes questions que celui réalisé en 1988, à l'occasion de la venue de saint Jean-Paul II à Strasbourg. Cet écart de 32 ans permet donc de constater combien le rapport des Français à la culture chrétienne s’est profondément modifié.

    Ainsi, par exemple, si 67% des Français affirmaient connaitre «par cœur et entier» la prière du Notre Père en 1988, ils ne sont plus que 56% aujourd’hui; la différence est encore plus éloquente si l’on se concentre sur la tranche des jeunes de moins de 35 ans: seuls 42% d’entre eux connaissent la prière de Jésus, et 29% celle du «Je vous salue Marie».

    Un phénomène en cours depuis des décennies

    Un autre indicateur de cette évolution tient à la connaissance des fêtes religieuses et de leur signification : 44 % des Français savent que Pâques célèbre la résurrection du Christ (ils étaient 43 % en 1988). Or, 47 % d’entre eux ont plus de 50 ans, 34% ont moins de 35 ans. Les chiffres accusent une baisse encore plus significative s’agissant de la Pentecôte (7% des moins de 35 ans peuvent la relier à la descente du Saint-Esprit sur Marie et les apôtres contre 18% en 1988).

    Les résultats de cette enquête ne sont guère surprenants : la sécularisation des sociétés occidentales, notamment française, est un phénomène observé et étudié depuis des décennies.

    Yann Raison du Cleuziou est sociologue, maitre de conférences en sciences politiques de l’Université de Bordeaux. Fin connaisseur de ces questions pour y avoir consacré plusieurs ouvrages -dont Qui sont les cathos aujourd’hui (Desclée de Brouwer, 2014)-, il revient sur les traits saillants de cette étude et explore les dynamiques à l’œuvre au sein du christianisme en France :

    https://media.vaticannews.va/media/audio/s1/2020/08/26/13/135698483_F135698483.mp3

    Ce qui est le plus significatif à mon sens c’est la culture matérielle. Par exemple, le fait d’avoir un crucifix accroché au mur chez soi ; c’est un élément assez «ordinaire» d’un intérieur chrétien. Et bien aujourd’hui, dans la population française des 18 ans et plus, il n’y a que 17% des Français qui possèdent un crucifix accroché au mur, soit un recul de 22 points par rapport à 1988. Ce recul, on le mesure aussi à travers les chiffres de la pratique religieuse : il n’y a plus qu’environ 2% de pratiquants hebdomadaires en France. Nous avons vraiment un catholicisme en déclin, et en même temps, quand on regarde les chiffres, on mesure aussi que le catholicisme marque toujours la culture française. 75% des Français savent reconnaitre dans Noël une fête chrétienne, 31% ont toujours une Bible chez eux, 25% un chapelet, 23% une statuette de la Vierge... Donc même si le catholicisme est en déclin, il reste un marqueur important de la culture française.

    Les auteurs de l’enquête parlent d’un recentrage sur la foi elle-même et d’un recul des rites. Que manifeste cette dissociation ?

    La foi, c’est le propre de ceux qui sont les plus engagés et intégrés à l’Église catholique. Or, comme celle-ci devient minoritaire, le marqueur d’appartenance au catholicisme devient de plus en plus la capacité de dire sa foi dans les termes mêmes du langage institutionnel. Et donc, on observe dans cette enquête, qu’il y a plus quatre points de Français qui reconnaissent dans la fête du 15 août « l’Assomption » et qu’il y a une baisse de ceux qui y reconnaissent la « fête de Marie », laquelle était une appellation populaire. En gros, cette tendance signifie que l’Église devient minoritaire et qu’elle se recompose sur un noyau de virtuoses de la foi qui ont une compétence théologique relativement élevée. En revanche, cela montre un déclin du catholicisme populaire, dont le rapport à l’Église reposait essentiellement sur les rites de passage -baptême, mariage, enterrement- et sur une pratique saisonnière -Noël, Pâques, Assomption, etc.

    Ce que vous décrivez là rejoint ce que prédisait le cardinal Ratzinger, il y a plusieurs années, lorsqu’il parlait d’une recomposition du catholicisme en Occident sur la base de ce qu’il appelait des « minorités créatives »…

    Oui, on a un catholicisme qui est minoritaire et il a une visibilité, dans la société française, qui est presque supérieure aux années 1970 lorsqu’il était plus majoritaire. C’est assez paradoxal ! Par exemple, lors de la dernière élection présidentielle, les catholiques ont été très actifs, très visibles en politique, ce qui n’était pas arrivé depuis des décennies. Et cette visibilité est liée à la prise de conscience de leur statut minoritaire. Comme minorité, ils s’organisent pour peser, alors qu’auparavant, étant majoritaires, ils ne ressentaient pas le besoin de défendre leur intérêt, de s’organiser pour négocier leur vote contre l’engagement des partis politiques dans un conservatisme sur les questions de bioéthique.

    Est-ce que, malgré tout, les catholiques peuvent «tirer profit» de ce déclin ?

    Je ne crois pas qu’il faille forcément se réjouir de cette évolution. Certains évêques disent qu’on passe d’une Église qui avait la quantité à une Église qui s’appuie sur la qualité. Finalement, on a aujourd’hui une Église qui est plus élitiste et qui se trouve donc entravée dans sa capacité à toucher le reste de la population, parce que cette Église catholique n’est plus populaire. Et c’est quelque chose de compliqué à contrer et à dépasser grâce à une pastorale adaptée.

    D’où vient ce manque d’intérêt des jeunes pour la culture chrétienne, pourquoi ne se sentent-ils pas rejoints ?

    C’est une très vaste question qui suscite beaucoup de controverses, car les causes de la déchristianisation sont multiples et il ne faut pas regarder que les jeunes. Elles sont liées tout d’abord à la profonde transformation de la société française. On sait par exemple que la déchristianisation a été accélérée par l’exode rural d’une partie des Français, par la tertiarisation de l’économie, c’est-à-dire par le fait que beaucoup plus de Français travaillent dans les services et ont un niveau de scolarisation plus élevé.

    C’est lié aussi aux transformations de l’Église. A partir des années 1970, chez une partie des catholiques, il y a eu un certain malaise à l’égard de la transmission de la foi ; certaines familles catholiques ont voulu laisser les jeunes générations choisir elles-mêmes leur ancrage spirituel, et par conséquent, il y a eu un refus de transmettre ce qui avait été la foi des pères.

    Je crois qu’on peut aussi interroger la catéchèse et la pastorale. Quand on regarde le nombre de jeunes Français de moins de 25 ans qui se disent catholiques, on est autour de 20% -c’est très faible-, et pourtant, énormément de Français passent par l’enseignement catholique. Cela montre bien que la pastorale qui est proposée au sein de cet enseignement ne parvient pas à les accrocher. Peut-être parce que celle-ci s’appuie trop sur un discours un peu humaniste, valorisant les valeurs de partage, d’accueil, de générosité… Valeurs qui ne sont pas spécifiquement religieuses et qui, par conséquent, peuvent donner l’impression aux jeunes qu’ils connaissent déjà le christianisme, qu’ils peuvent vivre ses valeurs sans avoir la foi, et ne voient pas ce que la foi chrétienne peut leur apporter de plus que les valeurs déjà ambiantes.

    On peut légitimement parler d’un échec sur cette question. Comment, selon vous, l’Église peut-elle réinvestir le terrain de la catéchèse et de la formation de base de ses fidèles ?

    Pour un sociologue, il est un peu compliqué de se prononcer sur l’orientation pastorale de l’Église, d’autres sont beaucoup plus compétents que moi. Mais je crois qu’il est très important de regarder ce qui se joue dans les clivages générationnels, au sein de la société française et de l’Église. Ce que montre cette enquête Ifop-Le Monde, c’est qu’en gros, les plus de 80 ans sont baptisés à 80% et les moins de 25 ans sont baptisés à environ 25%. Cela signifie que les personnes âgées dans l’Église vivent et vieillissent dans un monde qui demeure majoritairement chrétien, alors que les jeunes générations de catholiques vivent dans un monde où le catholicisme est minoritaire. Cela fait que ces générations ne se comprennent pas, il y a une tension entre juniors et seniors dans les paroisses parce qu’ils appartiennent à des mondes totalement différents. Souvent, les jeunes catholiques sont un peu contestataires à l’égard des vieilles générations qui dominent l’Église catholique en France parce que ces jeunes ont le sentiment d’être doublement minoritaires, en tant que jeunes dans une Église composée majoritairement de retraités et en tant que catholiques dans une société très largement sécularisée. On a donc souvent des jeunes qui ont envie de remuer l’Église, l’envie d’être audacieux et des vieilles générations qui, au contraire, ont toujours la crainte d’être écrasants car ils appartiennent à un catholicisme majoritaire. Je crois que ce serait déjà important si dans l’Église catholique, les générations plus âgées comprenaient que les jeunes catholiques vivent dans un autre monde et leur laissaient plus d’autonomie. 

     

    Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican

  • Duhamel : un zeste de gauche caviar, par Gabriel Robin.

    L’histoire de la gauche germanoprantine débuta comme un film de La Nouvelle Vague. Elle s’achève à la manière d’un drame social des frères Dardenne ou du Festen de Thomas Vinterberg. De la pédophilie glauque des prolétaires d’Outreau à celle justifiée par les considérations psychosociales pseudo-scientifique des libertaires chics des beaux quartiers parisiens, il n’y a qu’un carnet de chèques et un carnet d’adresse pour faire office de ligne de démarcation. Les écuries d’Augias étaient-elles plus propres que les arcanes des élites républicaines contemporaines ?

    2.jpgFille de Bernard Kouchner et d’Evelyne Pisier, l’avocate Camille Kouchner a décidé de tout dire, de tout balancer sur sa « Familia grande » incestueuse, sur les liens qui unissent cette mafia rose donneuse de leçons devant l’éternel. Tout, tout, tout, nous saurons tout sur leurs fêtes somptueuses à Sanary-sur-Mer, sur leur concupiscence bravache, sur leur méchanceté intrinsèque, leur arrogance de puissants à qui rien ne résiste, si bien en cour qu’ils savent que la justice des hommes ne s’appliquera pas à eux de leur vivant. Mais les temps ont changé. L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets.

     

    L’hédonisme pervers des dominants n’est plus à la page. Ils ne trouveront pas d’avocats médiatiques pour les défendre, à l’image de Roman Polanski qui avait pu compter sur le soutien du ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner en 2009, lequel demanda très officiellement à son homologue américaine Clinton l’arrêt des poursuites contre le cinéaste polonais accusé de viol par une victime qui était âgée de 13 ans au moment des effets

     

    Treize ans, c’est l’âge auquel le jeune fils de Bernard Kouchner a commencé à être « initié » aux déplaisirs de la chair (qu’on devine triste et flasque) par son beau-père, le très respecté constitutionnaliste et politiste socialiste Olivier Duhamel. La nuit, quand le reste de la maisonnée dormait, monsieur Duhamel allait se glisser sous les draps du jumeau de Camille Kouchner pour faire ses sales petites affaires. « C’était une autre époque », diront les salauds. « Il y a prescription des faits », diront les relativistes. Est-il trop tard pour parler ? Est-il trop tard pour rendre justice ? Non. Trois fois non. Il n’est jamais trop tard pour prendre conscience que nous sommes gouvernés par une élite incestueuse qui se croit au-dessus de la morale, qui nous méprise, qui s’arroge tous les postes de pouvoir. La pédophilie d’Olivier Duhamel doit d’abord s’analyser de la sorte : c’est un acte de domination, de possession sur un être plus faible. Il voyait le jumeau de Camille comme lui et ses amis voient la France : un objet de désir devant se soumettre à leur volonté.

    Ariane Chemin décrit parfaitement l’ambiance qui régnait dans ce petit milieu où tout le monde se connaît, où les femmes des uns épousent les autres quelques années plus tard. Un cercle d’initiés ouvrant à des carrières peu risquées, puisqu’on passe d’un poste de ministre à un poste de président d’association en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Olivier Duhamel succéda ainsi directement à Bernard Kouchner au Parlement européen en 1997, quand le bel humanitaire au regard d’aigle eut envie de faire autre chose. Facile, très facile la vie de ces gens-là. Plus difficile, en revanche, pour les cœurs sensibles des enfants que leur père gavait de somnifères afin d’avoir la paix et de recevoir tranquillement ses amis du Parti socialiste et que leur belle-mère ne supportait pas, leur intimant le silence quand ils avaient le malheur de jouer à des jeux d’enfants.

    Lire aussi : Bertrand Galichon : « Le vaccin vaut toujours mieux qu’un confinement »

    Les enfants sont déjà des adultes pour cette gauche post soixante-huitarde aux velléités émancipatrices. Ils participent aux soirées des adultes qui se baignent nus dans la grande piscine de la « maison secondaire » (oui, la maison annexe de la maison de vacances), qui s’embrassent goulûment à pleine bouche, se font du pied sous les tables, devisent sur le monde et la France qu’ils se partagent entre deux verres de Bandol et quelques toasts. Il se dit qu’il arrivait parfois qu’on roule des patins à des adolescentes, exposées nues dans de grandes photographies placées sur les murs. C’est de l’art. Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting. Olivier Duhamel a épousé l’ex-femme de Bernard Kouchner, elle-même la sœur de l’actrice Marie-France Pisier qui était l’épouse de Thierry Funck-Brentano… cousin germain du premier nommé. Tous fils et filles de, jet-setteurs n’ayant jamais manqué de rien. La belle Marie-France Pisier retrouvée suicidée attachée à une chaise en fer forgé au fond d’une piscine.

    Mise au courant des actes pédophiles de son beau-frère, elle demanda à sa sœur féministe de mettre un terme à cette relation et tout révéler. Elle n’en fit rien, arguant que son fils « n’avait pas été sodomisé » et qu’une fellation ça n’était pas « grand-chose ». Marie-France Pisier se doutait-elle que des centaines de personnes – selon Ariane Chemin – avaient eu vent de ces petits secrets sordides à Paris ? Qu’il n’était pas venu à l’idée d’un seul d’entre eux de dénoncer les crimes ? Et pour cause, Olivier Duhamel était même nommé président du cercle parisien le plus élitiste en janvier dernier. De son nom « Le Siècle », cette fondation concentre à elle-seule toute l’élite du pays. Christine Ockrent et Bernard Kouchner y ont d’ailleurs leurs ronds de serviette.

     

    Cette liberté sexuelle et morale est pour eux la conséquence directe de leur statut social. La France n’a pas aboli les privilèges, elle a simplement changé le casting

     

    Olivier Duhamel a aussi fondé l’association « Culture et Diversité » avec Marc Ladreit de Lacharrière, dont le fils a été condamné à deux reprises pour détention et diffusion d’images pédopornographiques dans l’indifférence générale – ou, peut-être, avec le concours de la communicante Mimi Marchand, à en croire ses biographes -. Ce sont ces gens, tous ces gens qui ont passé leur vie à humilier le petit qui votait Le Pen, à justifier les délocalisations d’usines, à nous expliquer doctement que nous étions des monstres froids d’égoïsme parce que nous étions réfractaires à l’immigration, des moralistes benêts quand nous restions fidèles aux valeurs familiales traditionnelles. Cette « grande famille » est une mafia.

     

    Source : https://lincorrect.org/

  • « Rêve infini ! divine extase ! », par Damien Top.

    Ancien Vice-président de l’Association Massenet Internationale, le chef Jean-Pierre Loré nous convie à une bénéfique incursion dans la musique sacrée du célèbre compositeur.

    Parmi plus d’une vingtaine d’opéras, Manon, Werther, Thaïs, Cendrillon continuent de faire les beaux soirs des théâtres du monde entier. La faveur dont ils jouissent auprès des amateurs ombrage la production religieuse de leur auteur. L’oratorio consacra pourtant le jeune Prix de Rome que le public parisien ne connaissait que par deux opéras-comiques : La Grand’Tante (1867) et Don César de Bazan (1872).

    5.jpgUn coup de maître

    Composé en grande partie lors de son séjour à la Villa Médicis en 1864-1865, créé à l’Odéon le vendredi saint de 1873 avec Pauline Viardot dans le rôle-titre, le drame sacré Marie-Magdeleine marqua les véritables débuts de Massenet. L’époque lui était favorable : la IIIe République, soucieuse d’ordre moral, ne venait-elle de décréter d’utilité publique l’érection de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre ? Ses pairs louèrent unanimement l’ouvrage : « notre école moderne n’avait encore rien produit de semblable ! » jubilait Georges Bizet. Les vers libres du livret d’Emile Gallet autant que le réalisme descriptif de la partition témoignent de l’influence de La Vie de Jésus de Renan (1863). Une invention constante innerve la partition à la couleur antiquisante : prélude inspiré par un air entendu dans les bois de Subiaco joué par un berger sur sa zampogna, Notre Père a capella clôturant la deuxième partie, impressionnante scène du Golgotha avec tonnerre obbligato, sublime méditation introduisant au jardin de Joseph d’Arimathie. Marie-Magdeleine ne renie pas sa filiation avec les oratorios de Gounod et avec L’Enfance du Christ de Berlioz. Signe de l’incontestable réussite de l’ouvrage, une version scénique fut présentée avec décors et costumes à l’Opéra de Nice en 1903 et à l’Opéra-comique en 1906. Dans le récent coffret publié par le label Erol, Michèle Command incarne une magdaléenne au chant sensuel et élégant, Jean-Philippe Courtis s’affirme souverain en Judas. Deux morceaux inédits complètent l’enregistrement, dont un remarquable air de Judas : Ô nuit sinistre.

    Ève et La Vierge

    Mystère à l’esthétique saint-sulpicienne, Ève résonna au Cirque d’été en mars 1875 sous la baguette de Charles Lamoureux. L’originalité mélodique culmine dans le tendre duo de la scène 2 : « Veux-tu que nous allions sans nous quitter jamais. » Le motif éclatant du Dies Irae ponctue l’anathème divin mais il laisse cependant Adam et Ève indifférents, qui préfèrent conforter l’amour passionnel en vertu suprême : « Aimons-nous ! Aimer, c’est vivre. » Nous retrouvons avec plaisir Command et Courtis, piliers du chant lyrique français, et le ténor Hervé Lamy en récitant, dans la version sensible et raffinée qu’en donne Jean-Pierre Loré.

    La Vierge, monumentale légende sacrée, vit le jour à l’Opéra de Paris le 22 mai 1880 dirigée par le compositeur. « L’accueil fut froid » consigna-t-il dans ses Souvenirs. Seul le prélude de la quatrième partie, Le Dernier sommeil de la Vierge, enthousiasma l’auditoire au point d’être trissé. Une pâle suavité mystique imprègne l’Annonciation au cours de laquelle ni Danielle Streiff (la Vierge), ni Joëlle Fleury (Gabriel) ne parviennent à nous transporter. Les noces de Cana sonnent ici comme une banale scène d’auberge opératique entrecoupée toutefois d’une pittoresque danse galiléenne. Comment ne pas songer à la bacchanale de Samson et Dalila ? La grandiloquence laisse heureusement place à une atmosphère plus captivante. Le tragique haletant renforcé par une orchestration magistrale retrace une montée au calvaire à la dramaturgie superbement graduée. Dès lors, le génie de Massenet illumine toute la dernière section. L’Assomption se déroule dans une admirable et pieuse sérénité. Une absolue majesté se dégage de la conclusion. Pour une version plus palpitante que celle de Loré, captée en concert, le mélomane se tournera vers le disque enregistré en 1990 au Festival Massenet et dirigé par Patrick Fournillier (Koch Schwann).

    Étonnant renouvellement

    Peu d’oratorios français significatifs furent produits au cours des vingt dernières années du XIXe siècle, mis à part Mors et Vita de Gounod (1885) et les Béatitudes de César Franck (1893). Massenet revint au genre qui lui avait valu son premier succès. Depuis Marie-Magdeleine, il s’ingéniait à souligner l’aspect charnel de l’amour plutôt que son versant spirituel. Son art excellait dans l’érotisation de personnages bibliques ou antiques comme Thaïs, Salomé, Cléopâtre. Si ses premiers oratorios glorifiaient la femme, elle est absente de La Terre promise, écrit à la mémoire d’Ambroise Thomas. Massenet choisit lui-même des passages de la Vulgate, dans le Deutéronome et le Livre de Josué, structurant le récit en trois parties : Moab (l’alliance), Jéricho (la victoire) et Chanaan (la terre promise). Présent à la création en l’église Saint-Eustache le 15 mars 1900, Gustave Charpentier résuma ainsi l’œuvre : « Un sourire de Dieu après un sourire d’enfant ». La plume de Massenet a mûri, s’est épurée, la solidité de l’écriture magnifie la concision du propos. On admire à chaque mesure le perpétuel renouvellement stylistique du compositeur. La Terre promise requiert un orchestre aux dimensions extraordinaires et un effectif choral considérable, proches de ceux de la Symphonie des mille de Mahler ! Une surprenante fugue en ut mineur – l’une de ses plus belles pages symphoniques – prélude à la section médiane. La « marche du septième jour », au rythme obstiné du meilleur effet, emploie sept trompettes en si bémol (en sus des quatre déjà intégrées à l’orchestre…). L’impeccable austérité du développement et le « cri terrible, puissant et prolongé » du chœur lors de la chute des murs de Jéricho constituent l’acmé de l’œuvre. Homme de théâtre, le compositeur préconisait même de « se servir d’une batterie d’artifices, placée dans les coulisses de façon à ce que la fumée n’envahisse pas la salle. » Une calme pastorale rassérène la troisième partie décrivant l’arrivée et l’installation à Chanaan où le peuple élu entonne un hymne d’action de grâces que l’orgue vient soutenir en apothéose. Massenet renoue avec les oratorios aux amples dimensions de Haendel et anticipe la vigueur rythmique des Psaumes de Schmitt ou de Roussel. Le chœur, l’orchestre et les solistes Patrick Gayrat et Pierre-Yves Pruvot se montrent exemplaires dans l’un des plus impressionnants opus de Massenet !

    Jean-Pierre Loré, secondé par Bruno Gousset, offre une interprétation engagée de cette tétralogie religieuse. Judicieusement réunis en coffret, ces oratorios nous permettent d’apprécier l’apport non négligeable de Massenet au répertoire de musique sacrée.

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     Massenet, Intégrale de l’œuvre sacré, solistes divers, Chœur et Orchestre Français d’Oratorio, dir. Jean-Pierre Loré, 1 coffret de 6 cd Erol 200039/06

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Livres & Histoire • Le Roi ou l’incarnation du pouvoir

     

    Par Anne Bernet

     

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    Depuis la mort de Louis XVI, la France, en dépit des apparences républicaines, n’aura cessé de rechercher un remplaçant à la figure royale. En vain. Deux études historiques, complémentaires, permettent, en dépit de leurs défauts, de comprendre pourquoi aucun homme prétendu providentiel n’est jamais parvenu à remplacer le Très Chrétien.

    Un pouvoir sacré indépendant

    Que cela plaise ou non, à la différence de la plupart des modèles monarchiques à travers le monde et le temps, la royauté française relève héréditairement du sacré ; le pacte de Reims n’est pas un accord opportuniste conclu en 496 entre l’Église des Gaules et Clovis, puis renouvelé avec les dynasties successives, mais une réalité spirituelle unissant le royaume de la terre à Celui du Ciel. Perdre cela de vue, c’est se condamner, sous prétexte de rationalisme ou de dénonciation d’une « pensée magique » que notre époque éclairée ne saurait admettre, à ne rien comprendre à notre passé et aux façons d’être et de penser de nos ancêtres. Voilà sans doute, aujourd’hui, le pire écueil auquel se heurtent des historiens plus ou moins étrangers à la foi catholique et qui ont tendance à en parler comme ils le feraient des croyances de l’Égypte pharaonique. S’ils refusent d’admettre ce particularisme français, et que la Fille aînée de l’Église puisse avoir une place à part dans les plans d’un Dieu auquel il est de mauvais ton de se référer, toute leur vision de la longue geste royale s’en trouve d’emblée faussée. Voilà sans doute pourquoi, chacun à leur manière, Stanis Perez, qui signe Le corps du Roi (Perrin) et Marie-Claude Canova-Green, auteur de Faire le Roi ; l’autre corps de Louis XIII (Fayard), malgré d’impressionnantes recherches, restent à la surface des choses et passent à côté de l’essentiel.

    Un premier mystère, dans une société strictement matérialiste comme la nôtre, est d’admettre que le Roi « sacré », ce qui veut tout dire, entre dans une autre dimension et que, tout en restant un homme à part entière, car il ne s’agit pas, à l’instar du Pharaon, voire même du Principat romain dans certaines de ses manifestations, de diviniser le souverain, il devient cependant un lien, un intermédiaire entre ici-bas et En-haut, dimension qui comprend une part hautement sacrificielle, celle-là même que Louis XVI assumera jusqu’à l’échafaud. Faute de le comprendre – tout comme, d’ailleurs, notre époque devient incapable de saisir ce que sont les grâces du baptême ou le sacrement de l’Ordre – l’historien se focalise sur des points de détail ou pose de mauvaises questions. Vouloir réduire les rois de France à une « incarnation du pouvoir », ce que les juristes royaux au demeurant, savaient bien, c’est s’arrêter à mi-chemin de la réalité et perdre de vue ce rôle de « Lieutenant de Dieu » qui était le leur. C’est l’idée même d’un pouvoir chrétien procédant du divin, non de la volonté populaire, ou prétendue telle, qui heurte. Dès lors, les deux universitaires se perdent dans l’étude de ce qui leur semble relever de bizarreries dépassées.

    Le corps du Roi

    Qui dit pouvoir incarné dit fatalement corps. Le Roi est homme, avec ses défauts, ses faiblesses, ses passions, ses maladies, et sa condition mortelle qui, cependant, n’altère pas l’immortalité du système monarchique, ou du royaume, ou de l’État, conception plus compréhensible à nos contemporains.

    Stanis Perez scrute cet homme qui reste ancré dans son humanité, ne revendique nulle essence « divine » ; il le suit, de Philippe Auguste à Louis-Philippe, dans son quotidien le plus prosaïque. Pour lui, mais là encore, ce n’est que partiellement exact car le postulat de base de la sacralité du pouvoir reste la même à travers les siècles, l’image du Roi, ou celle du corps du Roi, se serait construite puis déconstruite au fil des siècles, de sorte que saint Louis n’aurait pas appréhendé son rôle et sa personne comme pouvaient les appréhender Henri III ou Louis XIV. Cette image renvoyée au peuple, cette propagande auraient pareillement fluctuée. Reste que le Roi demeurait le Roi, tant à ses propres yeux qu’à celui de ses peuples et que porter sur cela un regard « moderne », fausse fatalement l’objet de l’étude …

    Ce qui est intéressant, néanmoins, dans ce livre, relève du sociologique et de l’anecdotique. Si le Roi est un homme, et nul ne le nie, il naît, il grandit, il se forme, il mange, il prend soin de son corps, de son apparence, de sa santé, il engendre, et il meurt. Comment ?

    L’autre paradoxe est de parvenir à en imposer à ses sujets ou à ses ennemis tout en assumant son humanité et sa mortalité. Le cas extrême est celui de Charles VI, rongé par sa maladie mentale jusqu’à en perdre sa dignité humaine, mais jamais sa dignité royale, au point que le peuple a aimé son pauvre roi fou bien plus qu’il ne l’eût aimé sain d’esprit, dans la certitude mystique que le souverain expiait dans sa chair les péchés de la France. L’on touche là, une fois encore, à la dimension christique du pouvoir royal que nos contemporains ne savent plus appréhender. Elle est pourtant infiniment plus importante que de savoir si Louis XI jugeait indigne de se baigner en public ou que le contenu de l’assiette royale.

    Dans l’imaginaire, et dans l’idéal, il faudrait que le Roi soit toujours jeune, beau, en pleine santé, doté de toutes les vertus du corps et de l’esprit. Cela peut parfois arriver, cela ne dure jamais. Comment, sauf à imiter ces peuplades qui sacrifiaient le roi vieillissant ou malade, continuer d’en imposer ?

    Le roi est une incarnation

    Louis XIII n’était pas séduisant, il souffrait d’un sérieux défaut d’élocution, son caractère était difficile et angoissé, sa santé mauvaise depuis l’adolescence. Dans ces conditions, alors qu’il n’avait pour lui que son droit d’aînesse, comment a-t-il incarné son rôle ?

    Spécialiste du « spectacle de cour » dans l’Europe moderne, Marie-Claude Canova-Green voit, et, jusqu’à un certain point, elle a raison, Louis XIII, – mais ce serait vrai de tous les rois, – comme un acteur presque continuellement sur scène, obligé de jouer un rôle qu’il n’a pas choisi mais qui lui colle à la peau et dont il n’a pas le droit de se dépouiller.

    L’on en arrive ainsi à une vision quasi schizophrénique du monarque, pris entre son personnage royal qu’il doit assumer, et sa personne privée dans l’impossibilité de s’exprimer puisque la sphère intime lui est presque interdite. Faut-il vraiment supposer la coexistence, peu apaisée, de Louis de Bourbon et de Louis XIII dans un même corps ? Ne vaut-il pas mieux admettre que le Roi était un, même si, au siècle suivant, Louis XV, et Louis XVI plus encore, rechercheront, ce qui s’avérera une faute, les moyens d’échapper à cette épuisante et constante représentation ?

    Reste une analyse étonnante, et dure, de ce que l’historienne considère comme une sorte de dressage ou de conditionnement d’un enfant qui, né mâle et premier de sa fratrie princière, est destiné au trône, quand même ses qualités propres ne l’appelleraient pas spécialement à l’occuper.

    Les études de « genre » étant l’une des grandes préoccupations actuelles, il est beaucoup question ici, trop peut-être, d’« apprentissage de la masculinité », notion qui aurait sans doute laissé pantois nos aïeux du XVIIe siècle. Louis XIII ne s’est sûrement jamais demandé s’il devait assumer sa condition masculine, parce qu’il a toujours su et admis qu’il était un homme, et pas une femme …

    C’est parce qu’il était homme, et prématurément roi après l’assassinat de son père, qu’il s’est donné, sans pitié pour lui-même, les moyens d’assumer son destin. En toute conscience.

    Louis XIII ne s’est jamais pris pour Jupiter, pas plus que son fils ne se prendrait pour Apollon. Seulement pour ce qu’il était : l’homme, avec tous ses défauts et ses péchés, que les lois de dévolution de la couronne, et la volonté de Dieu, avaient fait roi de France et qui devait s’en rendre digne.

    Ne pas admettre cela, c’est renoncer à rien comprendre à la monarchie française.   

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    Le corps du Roi, Stanis Perez, Editions Perrin, 475 p, 25 € 

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    Faire le Roi, L’autre corps de Louis XIII, Marie-Claude Canova-Green, Editions Fayard, 372 p, 23 € 

    Anne Bernet
  • Éphéméride du 5 septembre

    1638 : Naissance du futur Louis XIV (ici, sa statue équestre, en empereur romain, Promenade du Peyrou de Montpellier)

     

     

     

     

     

    1534 : Jacques Cartier revient de sa première expédition au Canada  

     

    Né à Saint-Malo, en 1491, Jacques Cartier, issu d'une modeste famille de pêcheurs terre-neuvas, souhaite trouver la route du Nord pour atteindre les Indes sans passer par la longue et périlleuse route du Sud. Il réussit à convaincre François 1er, et appareille le 20 avril 1534. Après Terre-Neuve, Cartier aborde sur la côte qui longe le golfe du Saint-Laurent.

    Il est accueilli par des Indiens avec qui il échange des cadeaux, et plante une croix portant l'écusson du roi de France. L'approche de l'hiver l'oblige à rebrousser chemin: il rentre en France avec deux Indiens qu'il présente à la cour.  

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    Manoir musée Jacques Cartier, Limoëlou :
     
     
     

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    1638 : Naissance du futur Louis XIV

     

    Né à Saint-Germain-en-Laye, Louis était désiré depuis longtemps : le mariage - en 1615 - de Louis XIII avec Anne d'Autriche n'avait en effet toujours pas donné d'héritier au trône de France, 23 ans plus tard...
    Encore les parents n'eurent-ils que deux enfants, deux garçons : le second enfant du couple, Philippe, titré Duc d'Orléans, est à l'origine des représentants actuels de la Maison de France (voir l'Éphéméride du 21 septembre).

    Le règne de Louis XIV sera le plus long de l'histoire de France : 54 ans de règne personnel, de 1661 à 1715.

     

    Voltaire écrivit de lui, dans son Siècle de Louis XIV

     

    "Non seulement il se faisait de grandes choses sous son règne, mais encore c'était lui qui les faisait"...

     

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    Buste du Musée des Beaux-Arts de Dijon
      
     
    On a vu, dans l'Éphéméride du 1er septembre, un "bilan du règne", tracé par Jacques Bainville.
     
    On s'arrêtera ici sur un autre aspect important du règne de Louis XIV : fils de Louis XIII et petit-fils d'Henri IV - premier Bourbon régnant et donc fondateur, non pas de la maison des Bourbons mais de la dynastie régnante... - Louis XIV sera à l'origine de l'essaimage de cette dynastie hors de France : en Espagne d'abord, par la décision directe de Louis XIV, puis à Parme et à Naples, plus tard, par les jeux et hasards de la diplomatie, des mariages et des héritages...
     
    5 septembre,peguy,fouquet,vaux,louis xiv,cartier,percier et fontaine,auguste comte,lorraine,conscription,jourdan,sabatierDepuis 1500, en effet - et pour deux siècles !... - une guerre épuisante pour les deux pays opposa les Habsbourgs (possessions ci contre) et les rois de France : Charles Quint à François 1er, puis leurs fils Philippe II à Henri II et ainsi de suite. Or, en 1700, le dernier Habsbourg, Charles II, mourut à Madrid, sans enfants.
    Bien qu'ennemies, les deux familles s'étaient alliées plusieurs fois par mariage, le propre Louis XIV ayant épousé l'espagnole Marie-Thérèse, fille du précédent rois d'Espagne, Philippe IV (père de Charles II), lui-même marié à Élisabeth de France, fille d'Henri IV !...
    En 1700, à la mort sans héritier du dernier roi Habsbourg d'Espagne, toute la nation espagnole souhaitait un roi français, car c'était le gage de la conservation de l'empire colonial espagnol, et que l'ensemble Espagne/Colonies d'Amérique ne serait pas démembré.
    Charles II finit par se rallier à cette position et, par testament, offrit donc la couronne d'Espagne à un prince de la maison de Bourbon.
    Après avoir longuement réfléchi - car l'acceptation du testament équivalait à une guerre avec la Hollande et l'Angleterre - Louis XIV accepta le testament, jugeant qu'installer un Bourbon sur le trône d'Espagne assurait à la France une sécurité 5 septembre,peguy,fouquet,vaux,louis xiv,cartier,percier et fontaine,auguste comte,lorraine,conscription,jourdan,sabatierdéfinitive du côté des Pyrénées, cet avantage immense surpassant, de loin, tous autres inconvénients, et Jacques Bainville a bien expliqué les conséquences heureuses de ce bon choix
     
    Pour aller régner à Madrid, Louis XIV ne désigna bien sûr pas son fils, le duc de Bourgogne (appelé le Grand Dauphin), ni son premier petits-fils, le duc de Bretagne, qui devaient assurer la continuité de la dynastie en France; il désigna son deuxième petit-fils, le duc d'Anjou (ci contre), frère du duc de Bretagne et deuxième fils du Grand Dauphin : on connaît son mot fameux, "Messieurs, voici le roi d'Espagne", signifiant que le jeune prince, jusque là duc d'Anjou, devenait Philippe V d'Espagne, selon les voeux du dernier roi Charles III et de la nation espagnole.
     
    Philippe V se trouve donc être le fondateur de la dynastie des Bourbons d'Espagne, qui règne encore aujourd'hui à Madrid, et qui devait avoir une histoire très mouvementée (voir l'Éphéméride du 10 janvier) : pour y voir plus clair dans l'histoire de cette dynastie (parfois bien embrouillée !...) on se référera à notre dossier : Sur la prétendance de Louis-Alphonse de Bourbon
     
     
    En ce qui concerne les Bourbons de France, à la mort du dernier descendant direct de Louis XIV, le Comte de Chambord, et donc à l'extinction de la branche aînée des Bourbons, c'est la branche cadette, issue de Philippe, frère de Louis XIV et second fils de Louis XIII, titré duc d'Orléans, qui représente aujourd'hui la Maison de France...
     

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     À la naissance du prince Gaston, Dauphin de France, l'actuel Comte de Paris (au centre) est au côté de son père, le précédent Comte de Paris : trois générations, une même Famille, toujours prête pour le service de la France...

     

     

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    1661 : Chute de Fouquet

     

    Le Surintendant des Finances de Louis XIV est arrêté à Nantes par d'Artagnan, capitaine des Mousquetaires du roi.

    Fouquet menait une vie fastueuse dans le château de Vaux qu'il avait fait reconstruire après trois ans de surintendance.

    Colbert le détestait : la splendeur de la fête donnée le 17 août 1661 à Vaux (ci dessous) accéléra sa chute.

    Voltaire écrira :

     

    "Le 17 août, à 6 heures du soir, Fouquet était le roi de France, à 2 heures du matin, il n'était plus rien".

     

    La Caisse d'Épargne a toujours pour emblème l'écureuil des armes de Fouquet (dont la devise orgueilleuse était: "Quo non ascendet ?" : Jusqu'où ne montera-t-il pas ?...

     

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    1725 : Mariage de Louis XV et de Maria Leczynska
     
     
    De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XIV, La régence et Louis XV:   
     
    "...On a dit qu'en choisissant pour Louis XV un parti modeste, en lui donnant pour femme Marie Leczinska, fille du roi détrôné de Pologne, le duc de Bourbon et Mme de Prie se proposaient de dominer la future reine. Il y a du vrai dans cette imputation, mais le choix était difficile puisqu'on avait en vain demandé la main d'une princesse anglaise.
     
    De plus Marie Leczinska avait ving
  • Éphéméride du 16 mai

    1770 : L'Opéra royal du château de Versailles, lieu de célébration du mariage du duc de Berry (futur Louis XVI) avec Marie Antoinette d'Autriche 

     

     

     

    1509 : Consécration de la cathédrale Saint Jean Baptiste de Perpignan

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    https://www.les-pyrenees-orientales.com/Patrimoine/CathedralePerpignan.php

     

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    1770 : Mariage du duc de Berry (futur Louis XVI) avec Marie Antoinette d'Autriche 

     

    Ou : Voulu par Louis XV, le renversement des alliances en action...

    Un triomphe de la lucidité politique, mais qui devait, de fait, dresser une opinion passéiste et rétrograde, qui raisonnait au "passé prolongé", contre la monarchie, novatrice et "progressiste", au véritable sens du terme : les vraies "lumières", les vrais "éclairés" étaient du côté de Louis XV et de la royauté, et l'obscurantisme et le passéisme du côté de ceux qui deviendront... les révolutionnaires !

    De cette époque date aussi la "tradition négative" d'admiration de la Prusse, partagée par un grand nombre des autoproclamés "philosophes", et la formulation du funeste "principe des nationalités", qui devait aboutir à l'unité allemande : Lumières, Révolution, première République, premier et Second Empire et partisans de "l'amitié" franco-allemande sous la IIIème République, tous travaillèrent ainsi dans la plus parfaite "intelligence avec l'ennemi"... pour la création et la consolidation d'un État prussien, puis allemand, qui nous fit tant de mal. 

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    De l'Histoire de France de Jacques Bainville, chapitre XIV, Louis XV et la Régence :

    "...Le "renversement des alliances" est un événement considérable dans notre histoire. Tout naturellement les austrophobes, les partisans aveugles de la tradition se récrièrent, et le pire fut que, bientôt, aux yeux du public, le résultat malheureux de la guerre parut leur donner raison. De l'alliance autrichienne date le divorce entre la monarchie et la nation, et ce sera encore, trente-cinq ans plus tard, le grief le plus puissant des révolutionnaires, celui qui leur donnera le moyen de renverser et de condamner Louis XVI.

    Par le premier traité de Versailles, le gouvernement français n'avait conclu qu'une alliance défensive. Elle fut étendue après l'accession et les succès de Frédéric, mais, par un second traité, nous prêtions notre concours militaire à l'Autriche contre la promesse d'étendre notre frontière dans la partie méridionale des Pays-Bas autrichiens, d'Ostende à Chimay, le reste devant former un État indépendant, esquisse de la future Belgique, qui serait attribué à l'infant de Parme, gendre de Louis XV.

    Connues de nos jours seulement, les instructions de Bernis, devenu ministre des affaires étrangères, à Choiseul, nommé ambassadeur à Vienne, ont montré que l'alliance avec l'Autriche avait été l'effet du calcul et non du caprice.

    MARIE ANTOINETTE EN 1769.jpg
    Marie Antoinette d'Autriche.
     Sur le voyage qui la conduisit de Vienne à Paris, voir notre Éphéméride du 21 avril...          

     

    L'expérience, disait Bernis, a prouvé que nous avions eu tort de contribuer à l'agrandissement du roi de Prusse. L'intérêt de la France est qu'aucune puissance ne domine l'Allemagne et que le traité de Westphalie soit respecté. Or Frédéric a saisi l'occasion de notre conflit avec l'Angleterre pour s'allier avec cette puissance dans l'idée que nous serions trop occupés sur les mers pour nous opposer à ses entreprises dans les pays germaniques. Si nous laissions le roi de Prusse en tête-à-tête avec l'Autriche, il serait à craindre qu'il n'arrivât à ses fins et que le système de l'Allemagne fût bouleversé à notre détriment. Il ne restait d'autre parti que de répondre aux avances de l'Autriche et de s'associer à elle pour défendre l'équilibre européen.

    En 1756 et en 1757, Bernis a donc compris que le danger en Allemagne était prussien. Il a vu aussi combien notre tâche devenait lourde, puisque, au moment où l'Angleterre nous provoquait à une lutte redoutable, nous étions engagés par Frédéric dans une guerre continentale et dans la complexité des affaires de l'Europe centrale et orientale.

    Cette complexité. s'accroissait du fait que l'impératrice de Russie entrait dans la coalition contre la Prusse, car nous avions à protéger notre autre et ancienne alliée, la Pologne, contre les convoitises de l'Autriche et de la Russie, nos associées, sans compter que, pour avoir le concours des Russes, il avait fallu conseiller à la Pologne de ne pas se mêler du conflit.

    On a ainsi l'idée d'un véritable dédale où la politique française se perdit plusieurs fois. La diplomatie secrète embrouilla souvent les choses en cherchant à résoudre ces contradictions. Mais on ne peut pas incriminer à la fois le "Secret du roi" et le renversement des alliances puisque le "secret" était polonais et cherchait à réserver l'avenir de nos relations avec la Pologne malgré nos liens avec la Russie et l'Autriche..."

     

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    C'est à l'occasion de ce mariage que sera inauguré l'Opéra Royal, chef d'oeuvre d'Ange-Jacques Gabriel :

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    1920 : Canonisation de Jeanne d'Arc
     
     
    Dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française", voir :
     
     
     
    Le pape Benoît XV canonise Jeanne : moins de deux mois après, pour la célébrer, le parlement français décrétera "le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire  de la délivrance d'Orléans" jour de Fête nationale :
     
     

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    La Basilique Saint-Pierre de Rome, le jour de la canonisation...

     "...Mgr Galli prend la parole et dit : "Voici donc venir l’heure que les bons attendent depuis si longtemps. L’autorité de Pierre va sanctionner la vertu universellement suréminente de Jeanne d’Arc. Que l’univers catholique dresse l’oreille et qu’il vénère dans l’héroïne, libératrice admirable de sa Patrie, une splendide lumière de l’Église triomphante !"

    À ces mots, l’Assemblée toute entière se lève et le Pape, mitre en tête, prononce cette solennelle sentence :

    "En l’honneur de la Sainte et Indivisible Trinité, pour l’exaltation de la Foi Catholique et pour l’accroissement de la religion chrétienne, par l’autorité de Notre Seigneur Jésus Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, après une mûre délibération et ayant souvent imploré le secours divin, nous décrétons et définissons Sainte et nous inscrivons au catalogue des saints la Bienheureuse Jeanne d’Arc, statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans le 30 mai dans l’Église Universelle."

     

    La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces Éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d'Orléans), 18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).

     Et, aussi, pour le retour définitif en France de l'anneau de Jeanne, célébré comme il se devait au Puy du Fou : voir l'Éphéméride du 20 mars...
     
     
     
     
     
     
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    1951 : Mort "en service commandé" de François Hussenot, inventeur des "boîtes noires"...
     

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  • Lu sur le Blog de la Fédération Royaliste Provençale : ”Aux côtés de nos amis, les Bertran de Balanda”...

    1798463737.jpgGuy Bertran de Balanda vient de nous faire part du décès de sa mère. Il y a peu, c'était Bénédicte - l'une de ses sœurs - qui perdait son mari, notre ami lui aussi, Hubert de Lapeyrouse. La famille Bertran de Balanda est donc encore dans l'épreuve, si peu de temps après : Guy, Pierre, Bénédicte, Florence et Hugues.

    Nous sommes tout naturellement à leurs côtés dans ce deuil, comme nous l'avons été si souvent, et depuis si longtemps, dans les moments heureux et, surtout, les moments militants.

    Nous serons autour d’eux vendredi en la basilique du Sacré-Cœur du Prado (Messe à 11h), pour leur témoigner notre amitié et leur manifester notre soutien.

    La famille Bertran de Balanda est une famille de fidélité : il n'est que de lire ce passage où Léon Daudet évoque les "fidélités royalistes" qu'il a rencontrées dans toute la France, lors de ses déplacements, montrant combien, chez les Catalans, il se sentait chez lui, au milieu des vieilles familles des d'Espéramoins ou des Bertran de Balanda.

    Pour notre part, ce n'est pas sans émotion que nous faisons mémoire, en cette occasion, du père de Guy, lorsqu'il nous recevait, chez lui, à Marseille, dans ce salon d'angle donnant sur le Boulevard Baille et le Cours Lieutaud; puis, lorsqu'il nous eut quittés, de la présence régulière de sa mère aux Rassemblements royalistes de Montmajour et des Baux ainsi qu'à d'autres manifestations. Toute la famille était là, aussi, par exemple, avec les Jonquères d'Oriola et tant d'autres vieilles familles catalanes, lorsque le prince Jean se rendit en Catalogne, à l'invitation d'Henri de Lumley.

    La fidélité est plus qu'une qualité : c'est une vertu. Voilà quelque chose que l'on sait, chez nos amis les Bertran de Balanda. Guy, comme nous tous, est Camelot du roi, depuis bien longtemps déjà : qui pourrait compter le nombre de tracts que nous avons distribués ensemble (avec, parfois, bagarres à la clé !) ? Le nombre d'affiches collées pendant nos nuits d'interminables affichages, où nous couvrions les murs, comme le disait - furieux - un policier qui nous avait arrêtés et qui nous "engueulait" dans le fourgon : "on ne voit plus que du rouge et du jaune dans tout Marseille !." (Il parlait des affiches du Rassemblement royaliste, collées par milliers chaque année) ? Le nombre de journaux vendus, de réunions tenues, de tâches obscures et ingrates réalisées ensemble, fastidieuses parfois, mais toujours accomplies dans la bonne humeur et, en fin de compte, malgré la fatigue, avec le sentiment du bon travail accompli pour "la Cause" ?

    Voilà pourquoi nous avons choisi de faire figurer ici "notre" commun insigne de Camelots, que nous sommes nombreux à avoir reçu de Pierre Chauvet et Jean Lavoëgie, à l’Union Royaliste Provençale. Et voilà ce qu'exprimera - même, peut-être, de façon muette - notre présence, vendredi, aux côtés de nos amis, les Bertran de Balanda.