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L'aventure France racontée par les cartes...

Navigateurs (III) : Jacques Cartier (II/II)

Navigateurs (III) : Jacques Cartier (II/II)

1541-1542 : troisième voyage de Jacques Cartier

Pour plusieurs raisons, Cartier ne put se rembarquer pour l’Amérique en 1536 : les Espagnols, en particulier, lui suscitèrent des difficultés, en achetant l’amiral Chabot. Néanmoins, François Ier voulait à tout prix atteindre le Saguenay. Pour faire taire les Espagnols et les Portugais tout en obtenant l’appui du pape, il assigna cette fois des objectifs religieux à l’exploration : désireux, au surplus, d’appuyer ses droits à la possession sur une occupation effective du territoire découvert par Cartier, il allait tenter une entreprise de colonisation.
La colonisation et la propagation de la foi chrétienne étaient les deux objectifs à atteindre, même si on espérait surtout mettre la main sur l’or du Saguenay.
Le 17 octobre 1540, François Ier avait accordé à Cartier le titre de "cappitaine et pilotte général des navires que le Roy envoie au Saguenay".
À la suite de sa décision de créer un établissement en Amérique, il revenait sur cette nomination le 15 janvier 1541, et nommait Jean François de La Roque de Roberval "lieutenant général, chef, ducteur et capitaine de ladite entreprise". Cartier ferait le voyage, mais sous les ordres de Roberval.
Jean-François de La Rocque de Roberval, était un proche du roi, un homme de cour, ancien soldat des guerres d’Italie, En tant que protestant, il avait été obligé de s’enfuir, en 1535, après "l’affaire des Placards", comme Marot, dont il est l’un des protecteurs.
La faveur royale lui permit un retour rapide d’exil, puis lui valut, en 1540, la direction de la troisième expédition de Jacques Cartier avec le titre de "Lieutenant général au Canada".

Cartier prépara l'expédition, arma cinq navires, embarqua du bétail. On recruta des colons : gentilshommes, véreux pour la plupart, et criminels, sortis des prisons du royaume.
Au printemps, toutefois, Roberval ne pouvait partir, retenu au port par ses créanciers. Cartier reçut ordre de faire voile sans l’attendre. .
Après une traversée calamiteuse, il arriva enfin sur le site de Stadaconé, en août 1541, après trois ans d'absence. Les retrouvailles furent chaleureuses, malgré l'annonce du décès de Donnacona, puis les rapports se dégradèrent, et Cartier décida de s'installer ailleurs.
Il fit édifier le Fort de Charlesbourg-Royal, au confluent du Saint-Laurent et de la rivière du Cap Rouge, pour préparer la colonisation.
C'est le premier fort français au Canada et le premier établissement français en Amérique.
Bientôt, l'hiver arriva et Roberval était toujours invisible, avec le reste de l'expédition. En attendant, Cartier accumula "l'or et les diamants", qu'il négociait avec les Iroquois du Saint-Laurent...
Au printemps 1542, Cartier appareilla pour la France, désireux de porter le plus tôt possible, aux pieds du roi, son or et ses richesses.
Roberval, de son côté, réussit enfin à quitter La Rochelle, le 16 avril 1542, avec trois gros navires et 100 colons. Roberval rencontra Cartier à Terre Neuve et lui ordonna de faire demi-tour. Profitant de la nuit, Cartier continua néanmoins sa route vers la France. Une déception profonde l’y attendait : l’or et les diamants se révélèrent être, à l’analyse, de la pyrite et du mica, sans valeur.
Sa mésaventure est à l'origine de l'expression "faux comme des diamants du Canada"… et du toponyme actuel, "Cap Diamant", pour désigner l'extrémité est du promontoire de Québec.

Roberval, laissé seul, choisit de poursuivre sa mission. Il parvint, non sans mal, au Canada (région de Québec) avec les indications cartographiques de Cartier, fit dresser la première carte de la région du soi-disant "Royaume de Saguenay", espérant y trouver le mythique passage du Nord-Ouest.
Roberval établit sa colonie, France-Roy, à l'emplacement que Cartier avait nommé "Charlesbourg-Royal" et laissé vacant à l'embouchure de la petite rivière aujourd'hui dite du Cap-Rouge.

Cette petite colonie passa l’automne et l’hiver 1542-1543 dans des conditions difficiles du fait du froid, de la famine, du scorbut et des heurts à l’intérieur de la communauté française, où voisinaient nobles de cour, grandes dames et condamnés de droit commun.
Au printemps, Roberval voulut encore chercher le passage du Nord-Ouest. Il partit explorer la rivière des Outaouais (en anglais, l'Ottawa river), jamais atteinte auparavant par des gens du "vieux continent ".
Son pilote, Jean Fontenaud (dit Joan Alfonso ou Jean Alphonse de Saintonge), démontrant l’existence d’un passage entre les côte du Labrador et celle du Groenland, remonta vers le nord, jusqu’au détroit de Davis, véritable porte d’entrée du passage du Nord-Ouest. Mais les glaces lui firent rebrousser chemin.
Cette colonie, décimée et épuisée dut être évacuée en septembre 1543, et La Rocque rentra en France.
Les minerais "précieux" se révélèrent, au retour, sans intérêt et valurent au Canada un durable discrédit...
La colonisation le long du « grand fleuve » (Saint-Laurent) fut ensuite abandonnée jusqu’au début du XVIIème siècle.
La France entrait dans la période sombre des guerres de religion (Roberval fut assassiné en 1560 par des catholiques).

Quant à Jacques Cartier, déçu, il se retira dans son manoir de Limoëlou, près de Saint-Malo. Il succomba le 1er septembre 1557, probablement de la peste qui frappa la ville cette année là, à l’âge de soixante-six ans, jouissant d’une grande réputation parmi les navigateurs et les cartographes.