Il n’y a pas eu, entre Malraux et Maurras, le dialogue qui - sans doute - eût été possible, si Maurras avait eu le goût de s’y prêter.
Dialogue ne signifie pas accord général. Et Maurras ne le niait pas, lui qui a dépensé tant d’énergie et de patience, par exemple, à son dialogue avec Marc Sangnier, dont plus grand monde ne se souvient.
Maurras était un combattant, qui avait ses objectifs, et un dialogue qui n’aurait pas servi ou, a fortiori, qui aurait desservi sa stratégie du moment ne le retenait pas.
Ainsi furent manqués, ratés ou interrompus des rencontres, des convergences, dont on regrette aujourd’hui qu’elles n’aient pas été cultivées. Ainsi fut manqué le dialogue avec Péguy, avec Bernanos, avec Maritain et quelques autres grands esprits qui, par la discussion avec Maurras, auraient sans-doute pu être plus utiles à la France qu’ils ne l’ont été. Malgré les conseils d’Henri Massis et, plus tard, de Pierre Boutang, Maurras n’a pas reconnu comme sérieuses et intéressantes certaines des analyses étonnantes et profondes d’André Malraux dont ils lui apportaient les textes, dans ses prisons d’après-guerre. Il ne sert, sans-doute à rien, d’en tenir une quelconque rigueur à Maurras. Ce fut ainsi.
Aujourd’hui, il demeure néanmoins intéressant, d’évoquer ces convergences qui auraient pu se produire et, surtout, sur quels fondements elles l’auraient pu. Le texte que nous publions ci-dessous est une préface d’André Malraux à l’ouvrage de Maurras, Mademoiselle Monck, dans son édition de 1922, Malraux ayant alors 21 ans. A-t-il vraiment changé par la suite ? Certainement, en surface, par son action politique d’entre les deux guerres et maints aspects, en fait négatifs, plus tard, de son action de ministre de la culture.
Il suffirait pourtant de relire son discours de la salle Pleyel, en 1948 (« Appel aux intellectuels », postface des Conquérants) pour mieux comprendre ce qui a pu, ou aurait pu, le relier en profondeur à la pensée et à l’œuvre de Charles Maurras.
(à Phnom Penh , 1923)
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