UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : radio ville marie

  • Quand les Kurdes négocient avec Daesh

    Abou Kamal près de la frontière iraquienne, zone baignée par l'Euphrate

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    1456949215.png

    La prise de Raqqa (capitale de l'Etat islamique) a été saluée comme une grande victoire contre Daesh. Ce sont les FDS, cette coalition composée majoritairement de Kurdes et organisée par les Etats-Unis, qui ont fait le siège de la ville.

    L'affaire a pris plusieurs mois. Les bombardements américains ont détruit 80% de la ville mais les forces kurdes ont longtemps piétiné devant les derniers réduits de Daesh, sans vraiment s'y attaquer.

    Et puis soudainement, malgré l'absence d'offensive finale, les Américains ont triomphalement annoncé la reprise complète de la ville.

    Un long cortège de civils s'est alors dirigé vers le nord, en direction de la frontière turque, fuyant une ville devenue inhabitable.

    Mais très vite, des doutes sont apparus sur le sort des derniers combattants islamistes. Les Russes ont accusé les Américains de les avoir laissés s'en aller, mais personne ne les a écoutés. Des rumeurs faisaient état de départ négocié vers Deir ez-Zor que l'armée syrienne tentait de reprendre à Daesh, les Américains ont démenti.

    Il a fallu une enquête de la BBC pour qu'une partie de la vérité apparaisse.

    Il y a bien eu négociation entre les Kurdes et les derniers combattants de Daesh afin que ceux-ci puissent évacuer Raqqa avec leurs familles et leurs armes. Ils se sont massivement dirigés vers la Turquie et ont, pour la plupart, franchi la frontière.

    Les Turcs n'ont évidemment pas été informés de la situation, ni par les Kurdes (c'est assez logique) ni par les Américains (ce qui ne va pas arranger leurs relations). Et c'est un peu par hasard que deux responsables importants de Daesh ont été arrêtés peu après en Turquie.

    Les autres sont maintenant disséminés un peu partout...

    Le Ministre des Affaires étrangères russe, Serguei Lavrov, a violemment dénoncé cette opération peu après, preuves à l'appui.

    Ne pouvant plus démentir, les Américains ont cette fois reconnu la réalité de la négociation, arguant du fait qu'il n'était pas possible de faire autrement.

    Il n'est d'ailleurs pas certain qu'ils aient eu tout à fait leur mot à dire. En effet, les Kurdes étaient bien décidés à perdre un minimum d'hommes dans une bataille dont l'importance était plus symbolique que stratégique. Raqqa était totalement isolée, et la plupart des combattants avaient fui avant le début des combats vers Deir ez-Zor, Mayadin et Abou Kamal, dernière ville tenue par Daesh, près de la frontière iraquienne. C'est l'armée syrienne qui devra finir de reprendre cette zone baignée par l'Euphrate.

    Les Américains voulaient une victoire de prestige à moindre frais et il serait assez naïf d'être surpris par une telle négociation. Les Kurdes, quant à eux, sont dans une logique de conquête territoriale préparant une négociation politique, et le combat anti-islamiste est tout à fait accessoire pour eux.

    On évalue à 250 le nombre de combattants islamistes ainsi exfiltrés par les Kurdes. Si l 'on rajoute les familles, ce sont presque 2000 personnes qui ont été autorisées à partir.

    Il ne faudra pas s'étonner d'en retrouver un jour en Europe...   

    Retrouvez l'ensemble des chroniques syriennes d'Antoine de Lacoste dans notre catégorie Actualité Monde.

  • Des municipales dans un brouillard viral !, par Christian Vanneste.

    La manière dont se sont déroulées les élections municipales n’est pas favorable au fonctionnement de notre démocratie. Depuis 2017, M. Macron et son parti sans passé ni racines ont rendu le débat politique confus et incertain. L’arrivée du coronavirus et l’indécision du gouvernement sur sa dangerosité et sur le report des élections ont créé un climat peu propice au vote serein.

    christian vanneste.jpgL’addition des deux facteurs a produit un scrutin marqué par plusieurs phénomènes négatifs : d’abord, le taux d’abstention a atteint son record pour des municipales, l’élection même de la proximité, où l’on élit le maire, de loin l’élu le plus connu par les habitants d’une ville ; ensuite, la « majorité » des votants s’est le plus souvent raccrochée au nom du sortant, du seigneur du fief, du père protecteur de la cité, rassurant dans cette angoissante période, et l’a reconduit pour un nouveau mandat ; enfin, LREM le parti présidentiel a totalement manqué son implantation, et ses rares succès proviennent des maires qui ont pris son étiquette, ou de ceux qui ont conclu des alliances, sans se heurter à une opposition de leur parti d’origine. Les Républicains et le Parti Socialiste demeurent très bien implantés. Les deux formations en progression sont les verts d’EELV et le Rassemblement National… Les premiers arrivent en tête à Lyon, Strasbourg, Besançon et font un excellent score à Bordeaux. Le second voit la plupart de ses élus de 2014 reconduits dès le premier tour alors qu’ils avaient parfois triomphé de triangulaires voire de quadrangulaires. En revanche, il n’y a pas eu pour lui de nouvelle vague, en raison justement de la prime évidente aux sortants : ni Calais, ni Denain ne sont conquises… Perpignan, peut-être.

    Il est fort probable que les mesures de confinement destinées à endiguer la propagation du Covid-19 conduiront à reporter le second tour de l’élection. Constitutionnellement, il est alors fort possible que le premier tour doive être rejoué là où le second est nécessaire, car un décalage trop important poserait un problème de droit. Une loi sera-t-elle votée en urgence ? Au-delà se posera une évidente question de légitimité : les élus du premier tour voient déjà celle-ci affaiblie par le taux d’abstention. Elle le sera doublement, si plus tard, dans d’autres communes, les élections se passent normalement, avec une abstention plus faible. L’un des rares succès du gouvernement est Tourcoing où le ministre du budget est élu avec 60% des voix, mais avec 75% d’abstentions. Il est élu par 9000 électeurs pour une ville de 97 000 habitants. Robert Ménard à Béziers (77 000 habitants) a bénéficié de 68% des voix soit 14 000 des 20 000 votants sur 45 000 inscrits. Le nombre d’électeurs qui se déplacent et votent pour un candidat est beaucoup plus révélateur que le pourcentage par rapport à ceux qui se sont déplacés. Il est clair que le Maire de Béziers qui mobilise 14 000 électeurs sur 45 000 jouit d’un socle plus solide que l’élu de Tourcoing qui n’en réunit que 9000 sur 64 000. Derrière les pourcentages qui cachent les vrais chiffres, il y a une des villes les plus pauvres de France, mais qui se redresse et prendra logiquement la tête de l’agglomération, ce que des calculs politiciens ont empêché durant le mandat précédent, Béziers, et une ville-dortoir noyée dans la métropole lilloise dont elle bénéficie en même temps que ses habitants sont de moins en moins les citoyens d’une cité, Tourcoing. Enracinés pauvres contre bobos urbains qui, dans le fond, se moquent un peu de l’endroit où ils vivent puisqu’ils vivent tous de la même manière. Les Biterrois ont voté pour leur maire sans étiquette, mais soutenu par le RN, et avec l’ensemble des autres grands partis contre lui. Les Tourquennois pour un LR devenu LREM sans que son ancien parti suscite une liste contre lui…

    Les municipales donnent traditionnellement lieu à un vote qui conforte les maires appréciés de leur commune et en même temps, dans les villes d’une certaine importance, c’est un sondage sur l’adhésion ou l’opposition au gouvernement en place. Tourcoing n’était pas tombée à droite en 2008, sous Sarkozy, mais l’avait fait en 2014, sous Hollande. Ces élections de 2020 ne permettent pas de tirer des conclusions aussi claires, tant le contexte politique et celui du coronavirus brouillent les cartes. Manifestement, le pouvoir actuel n’a pas réussi à implanter un parti qui lui soit propre, mais si les électeurs l’ont rejeté quand il se présentait seul, ils n’ont pas sanctionné les alliances ou les trahisons des élus de gauche et de droite qui permettent au gouvernement de camoufler aujourd’hui son échec.

  • Famille d'Orléans L'album de la vie presque ordinaire du Comte de Paris à Dreux.

    Le prince Jean et la princesse Philomena avec Jacinthe née le 9 octobre 2018 à la maternité de Dreux. © Agence DREUX
     
    La famille du Comte de Paris mène une vie presque ordinaire dans la ville de Dreux. Leur porte est volontiers ouverte à toute sorte d'invités. La princesse Philomena se mêle volontiers aux Drouais avec simplicité. Elle regrettera aussi "le cadre très naturel de la chapelle" où les enfants sont en contact permanent avec la nature et les animaux.

    C’est en 2011 que le prince Jean fait le choix de Dreux pour sa famille. Une ville et un domaine qu’il a toujours portés dans son coeur et qu’il n’a jamais quittés.
    " J’y ai passé une partie de ma jeunesse. Ma mère s’y était installée en 1981". Quand il y revient de façon plus définitive, c’est avec deux ambitions : veiller sur la nécropole familiale et faire vivre ses enfants dans un cadre naturel, provincial presque campagnard.

    A ce moment-là, le prince Jean et la princesse Philomena sont les parents de Gaston qui a à peine 2 ans. Il est le seul à ne pas être né à Dreux. Antoinette, Louise-Marguerite, Joseph et la petite dernière Jacinthe qui a vu le jour en 2018, sont tous des petits Drouais.

    Certes, les enfants reçoivent une éducation particulière au sein d’une famille dont le chef serait roi si la monarchie était restaurée en France. Mais, ils mènent une vie familiale presque ordinaire et surtout très tournée vers la nature.
    Avec cette forme de liberté propre aux enfants qui vivent au contact permanent de la nature. Il y a le chien bien sûr, mais il y a aussi toute une basse-cour installée dans le second parc.

    Le potager de Gaston

    Si Gaston et Antoinette adorent nourrir les poules, ils ne sont pas les seuls : " Des gens du voisinage ont pris l’habitude de leur donner du pain. Nos poules sont devenues très familières ", plaisante la princesse Philomena. Gaston a aussi son potager et vit avec son temps puisqu’il pratique la permaculture...

    Cet amour de la nature, on le retrouve chez le Comte de Paris qui a un attachement viscéral aux arbres et se bat depuis son arrivée pour que l’on préserve "le poumon vert que représentent les parcs de la chapelle pour la ville".

    ll se désespère de l’état du second parc où parfois un chevreuil blessé vient se reposer : " La fondation passe son temps à couper des arbres et en replante trop peu. Si l’on dépeuple une forêt, elle finit par dépérir".

    La princesse fait son marché

    Pour autant, la famille de France ne vit pas recluse sur les hauteurs de Dreux : la princesse s’est engagée dans le comité citoyen du centre-ville, elle fait ses courses au marché, remonte à pied avec ses paniers chargés de fruits et légumes locaux, fréquente les commerçants du centre-ville.

    La famille se mêle aux fidèles, le dimanche, pour la messe de 11 heures. Les enfants fréquentent le conservatoire et la princesse ne dédaigne pas un café sur la terrasse du Caffe Dante...

    Quant au prince Jean, il se met volontiers au service des élèves pour rendre l’histoire de France plus concrète avec des visites pleines d’anecdotes.

    Les collégiens de tous les quartiers de Dreux sont les bienvenus et sont reçus avec les mêmes égards que les princes des cours européennes ou étrangères de passage à Dreux.

    Valérie Beaudoin

    8.jpg

     

    9.jpg

     

    10.jpg

     

    11.jpg

     

    12.jpg

     

    13.jpg

     

    14.jpg

     

    23.jpg

     

    15.jpg

     

    16.jpg

     

    17.jpg

     

    18.jpg

     

    19.jpg

     

    20.jpg

     

    21.jpg

     

    22.jpg

  • Merci les Verts!, par Jean-Paul Brighelli.

    De gauche à droite, Eric Piolle, Esther Benbassa, Julien Bayou et Yannick Jadot. mars 2021 © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage : 01011940_000006

    Je ne saurais trop remercier les héros de l’Écologie dont les noms suivent…

    Je remercie du fond du cœur Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, qui a montré à la France entière l’inanité des sapins de Noël, que l’on fait pousser pour les couper, quelle farce !

    3.jpegLes anciens administrés de Montaigne, ce demeuré qui ignorait tout de l’Écologie, se contenteront désormais d’un plug géant de couleur verte, comme celui qui avait été implanté jadis place Vendôme.

    Je remercie aussi Eric Piolle, qui a décidé de faire labourer les cours de récréation des écoles de sa bonne ville de Grenoble, afin que les garçons ne puissent plus y jouer au football et gênent ainsi les calmes jeux des filles. Sur ces terres à nouveau arables les enfants planteront des carottes et des tomates, qui viendront à maturité lorsque les vacances commenceront.

    Tous mes remerciements aussi à Grégory Doucet, qui impose le véganisme aux petits Lyonnais. Après tout, ce n’est pas parce que la ville s’ouvre sur le Charolais et la Bresse qu’il faut fournir en protéines animales des enfants initiés désormais à la co-responsabilité verte et aux joies du quinoa.

    Je m’en voudrais d’oublier Léonore Moncond’huy (littéralement : mon con d’aujourd’hui) qui vient de suspendre les subventions ordinairement allouées aux aéro-clubs de sa bonne ville de Poitiers, arguant qu’il était temps que « l’aérien ne fasse plus partie des rêves des enfants ». Icare est désormais interdit de séjour dans sa ville.

    À propos de subventions, comment ne pas célébrer Jeanne Barseghian, qui oubliant ses ancêtres arméniens, offre 2,5 millions d’euros à une organisation islamiste turque pour qu’elle édifie dans sa ville une mosquée dont le minaret rivalisera avec les flèches de la cathédrale. Peu importe que le Concordat qui régit l’Alsace ignore l’islam, il est temps d’intégrer les Français d’origine turque dans le grand patchwork national. Et quelle importance si la Confédération islamique Millî Görüş, qui a par ailleurs refusé de signer la Charte des principes pour l’islam de France, est une officine de l’AKP, le parti d’Erdogan, l’homme qui ne veut que du bien à l’Europe.

    Et j’en profite pour saluer le fait que lors de la même délibération municipale, Jeanne Barseghian ait fait rejeter la définition de l’antisémitisme que proposait l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste, sous prétexte qu’elle interdisait, selon elle, de critiquer la politique d’Israël.

    Quitte à évoquer l’Alsace, je salue la fermeture de la centrale de Fessenheim, l’année dernière, qui fonctionnait parfaitement bien, ce qui nous a obligés à importer de l’électricité allemande issue de centrales au lignite, qui comme chacun sait ne sont absolument pas polluantes. Je déplore que le gouvernement n’en ait pas profité pour fermer toutes les centrales nucléaires, de façon à ce que la décroissance s’installe enfin et que nous utilisions une partie du temps que nous allouent les confinements présents et à venir à recharger nos portables en frottant deux silex l’un contre l’autre.

    Pour tous ces exploits accomplis en moins d’un an, merci, merci, merci ! Si en quelques mois les Verts ont su obtenir des résultats si méritoires, que ne feront-ils pas en cinq ans, lorsque Yannick Jadot aura été élu à la magistrature suprême…

    J’ai hâte — oh qu’est-ce que j’ai hâte !

    Jean-Paul Brighelli

    Source : https://www.causeur.fr/

  • Sur le blog ami du Courrier Royal : Maison de France et Maison de Savoie : deux dynasties sœurs.

    La presse italienne a annoncé le décès de Son Altesse Royale le prince Amedeo de Savoie, duc d’Aoste, à l’âge de soixante-dix-sept ans, survenu à Arezzo. Le fils de l’éphémère roi Tomislav II de Croatie (né prince Aimone de Savoie) et de la princesse Irène de Grèce et de Danemark, était considéré par une partie des monarchistes italiens, comme le duc de Savoie, chef de la maison du même nom et de jure, le roi Amédée X.

    Pour nous, monarchistes français, le décès du duc d’Aoste est également quelque chose de triste, n’oublions pas que le prince fut le premier mari de la princesse Claude de France, tante de Monseigneur le comte de Paris. Une union célébrée au Portugal, scellant pour une troisième génération les liens entre la maison de France et la maison de Savoie. Des liens qui remontent au XVème siècle, une amitié jamais démentie depuis entre ces deux dynasties, à tel point que nous pourrions qualifier la maison de France et la maison de Savoie de dynasties sœurs.

    Le premier lien entre les deux familles souveraines remontent au mariage du dauphin Louis de France, futur roi Louis XI (1423-1483) avec Charlotte de Savoie (1441-1483), fille du duc Louis Ier et de la princesse Anne de Chypre. Un mariage, que notre roi Charles VII voyait d’un mauvais œil. Mais le dauphin étant en révolte contre l’autorité de son père, et habitant alors dans le Dauphiné, il passera outre l’avis de son père, et il épousera Charlotte de Savoie le 9 mars 1451. De cette union naquirent, outre notre futur roi Charles VIII, deux princesses de France, qui servirent de modèles à des générations de filles de France : sainte Jeanne de France (canonisée en 1950 et dont on commémore le souvenir chaque 4 février), et Anne de Beaujeu, qui exercera la régence au nom de son frère mineur, au saura maintenir le prestige de l’autorité royale face aux velléités de plusieurs princes du sang.

    Quelques décennies plus tard, en 1488, Louise de Savoie, fille du duc Philippe II, épousa Charles d’Orléans, comte d’Angoulême, cousin du roi Louis XI. De cette union est née le roi François Ier. Louise de Savoie, qui exercera plusieurs fois la régence au nom de son fils, préservera les intérêts de la France, y compris lors des moments critiques comme la captivité de son fils. Grâce à son talent de négociatrice, la France évitera d’être amputée de plusieurs provinces.

    2.jpg

    Mariage de la princesse Claude de France et du duc Amedeo de Savoie, le 22 juillet 1964

    Deux siècles plus tard, la princesse Christine de France (1606-1663), deuxième fille du roi Henri IV, sera mariée en 1619, au duc Victor-Amédée I er de Savoie (1587-1637), dont on obtient le ralliement aux intérêts de la France contre l’Autriche. Leur fils, Charles-Emmanuel II (1634-1675), épousera sa cousine germaine, mademoiselle de Valois (Françoise-Madeleine d’Orléans, 1648-1664), fille de Monsieur (Gaston d’Orléans), inaugurant la longue série des mariages entre les princesses d’Orléans et les princes de Savoie. Du second mariage, Charles-Emmanuel II sera le père du duc Victor-Amédée II (1666-1732) qui épousera une autre mademoiselle de Valois (Anne-Marie d’Orléans, 1669-1728), nièce de Louis XIV. Leur fille Marie-Adélaïde (1685-1712) sera une éphémère dauphine de France, en épousant le duc de Bourgogne, aîné des petits-fils de Louis XIV, apportant à la cour de Versailles une jeunesse et une gaieté qui enchanta le roi pour ses dernières années. Son décès, de la rougeole, attristera énormément le roi Louis XIV.

    Sous le règne de Louis XV, la France se détacha de l’Autriche après la chute de Choiseul, et l’intérêt de la France commandait de se rapprocher du royaume de Sardaigne (les ducs de Savoie obtiendront ce royaume à l’issue de la guerre de succession d’Espagne). Entre 1771 et 1775, trois des petits- enfants de France : le comte de Provence (futur Louis XVIII) épousera la princesse Marie-Joséphine (qui décèdera avant la Restauration), le comte d’Artois (futur Charles X) sera marié à la princesse Marie-Thérèse (qui décèdera également en exil), et le roi Charles-Emmanuel IV obtiendra la main de la princesse Clotilde de France. Des alliances avec la maison de Savoie qui aideront la famille royale en exil : sous le titre d’incognito de marquis de Maisons, le futur Charles X séjournera dans sa belle-famille au début de l’émigration.

    3.jpg

    La princesse Hélène de France (1871-1951) et le prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 2e duc d’Aoste (1869-1931)

    Un siècle plus tard, c’est une jeune fille de France, la princesse Hélène de France (1871-1951), fille de Philippe VII, comte de Paris, qui va renouer l’alliance des Orléans avec l’Italie. En effet, la princesse fut d’abord éprise du prince Albert-Victor, duc de Clarence (1864-1892), héritier en second du trône de Grande-Bretagne. Le comte de Paris ne pouvait accepter que sa fille se convertisse à l’anglicanisme, condition sine qua non pour que l’éventuelle postérité de ce mariage soit dynaste Outre-Manche. La fille de l’héritier des rois très chrétiens, fils aîné de l’Église, devenir anglicane ? Impensable. Quelques années plus tard, le francophile empereur Alexandre III de Russie, souhaitait renforcer l’alliance entre son pays et le nôtre, en proposant le mariage du grand-duc héritier Nicolas Alexandrovich (le futur tsar Nicolas II) avec Hélène. Là non plus, le mariage ne se fera pas, le cœur du grand-duc héritier étant déjà pris par la princesse Alix de Hesse.

    Finalement, la princesse Hélène sera mariée au prince Emmanuel-Philibert de Savoie, 2 e duc d’Aoste (1869-1931), fils de l’éphémère roi Amédée Ier d’Espagne. La nouvelle duchesse d’Aoste travaillera de nombreuses années au sein de la Croix-Rouge italienne. Leur fils aîné, le prince Amédée (1898-1942), qui sera tour à tour, duc des Pouilles, 3 e duc d’Aoste et vice-roi d’Ethiopie, sera un grand ami de Henri VI, comte de Paris. Il épousera sa sœur, la princesse Anne de France (1906-1986), en 1927, et sera témoin lors de son mariage en 1931 avec la princesse Isabelle d’Orléans-Bragance. Son décès en 1942 sera un choc pour toute sa famille, Savoie comme Orléans, et le comte de Paris restera toujours très proche de ses nièces Marguerite (aujourd’hui archiduchesse douairière d’Autriche-Este et mère du prince Lorenz de Belgique) et Marie-Christine (princesse Casimir de Bourbon-Siciles).

    4.jpg

    Le mariage de la Princesse Anne de France et du Prince Amedeo de Savoie, fils ainé du Duc et de la Duchesse d’Aoste, est célébré le 5 novembre 1927

    Le comte de Paris sera également tout aussi proche du roi Umberto II d’Italie, qui vivra en exil au Portugal également. Le roi Umberto acceptera d’être le parrain du dernier enfant des comtes de Paris, le prince Thibaut de France, comte de la Marche (1948-1983). Le roi d’Italie en exil remettra également le collier de l’ordre suprême de l’Annonciade au comte de Paris, en 1948, en même temps qu’au prince héritier Rupprecht de Bavière, le roi Paul de Grèce et Ferdinand III, duc de Calabre.

    Madame, dans Tout m’est bonheur, raconte d’ailleurs que son mari le comte de Paris s’était imposé comme règle, depuis 1931, de ne porter aucune des décorations qu’il possédait. Il ne fera qu’une seule exception, lors d’une cérémonie dédiée à sainte Jeanne de France, fille de Louis XI, en présence du roi Umberto II. Le comte de Paris, pour lui faire plaisir, porta alors le collier de l’ordre de l’Annonciade.

    Lors du mariage du futur roi Juan Carlos I er avec la princesse Sophie de Grèce, le comte et la comtesse de Paris furent invités avec leurs filles Anne (demoiselle d’honneur au mariage) et Claude. Lors des festivités, la princesse Claude de France rencontra son cousin, le prince Amedeo, duc d’Aoste. Une idylle naît alors, qui se concrétisera par un mariage au Portugal. De cette union naîtront trois enfants : Bianca, Aimone et Mafalda. Comme beaucoup de couples, y compris au sein des familles royales, le mariage du prince Amedeo et de la princesse Claude ne tiendra pas, et se concrétisera par un divorce en 1982 et une déclaration de nullité religieuse par la Rote romaine en 1987. Chacun des deux refera sa vie de son côté. Signalons également le mariage du prince Aimone, nouveau duc d’Aoste, avec la princesse Olga de Grèce, fille du célèbre prince-écrivain Michel de Grèce, cousin germains des enfants de France.

    Matthias Samyn

    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • GRANDS TEXTES (5) : Benoît le Romain, d'Hilaire de Crémiers

    Voici l'éditorial de Politique Magazine (numéro 30, mai 2005, http://politiquemagazine.fr), écrit par Hilaire de Crémiers juste après l'élection de Josef Ratzinger.

    pm30.jpg
    Benoît le Romain
     

     

    Rome vient de donner une leçon au monde comme seule elle est capable d’en donner.

     

    Dans les grands textes ecclésiastiques, les décrétales et les encycliques, singulièrement dans le droit canon qui fixe les règles de l’Eglise, dans le nouveau code comme dans l’ancien, et particulièrement dans les canons relatifs aux pouvoirs du Siège romain, Rome est appelée tout simplement la Ville,  Urbs avec une majuscule. Cette vieille appellation d’usage courant remonte à l’antiquité latine. L’Urbs, la Ville par excellence, la Ville éternelle, pour tout Romain, c’était Rome. « Tu imperio regere populos, Romane, memento… », chantait le poète de la latinité immortelle qui prédisait à la Ville un destin dont la réalisation historique l’amènerait, par le triomphe des arts pacifiques, à régner à travers tous les temps et sur tous les peuples.

     

    Rome, c’est la ville.

     

    rome maquette.jpg
     
    La grande maquette de la ville de Rome à l'époque de Constantin, réalisée par l'architecte Italo Gismondi.
    Faite à l’échelle 1/250, elle intègre les indications de la Forma Urbis en marbre (le grand plan de Rome réalisé au début du IIIe siècle ap. J.C.) avec les données fournies par les restes archéologiques et par les sources antiques.
     
     
     

     

    Cette Rome païenne, certes, les premiers chrétiens la désignèrent sous le nom de Babylone pour en signifier la corruption et l’iniquité dans sa méconnaissance de la vérité divine. Mais, baptisée dans le sang des martyrs et devenue le Siège de Pierre et de ses successeurs, ayant connu de surcroît toutes sortes de bouleversements, Rome, au milieu même de ses déchéances, a repris peu à peu et sous une autre forme, spirituelle d’abord, humaine ensuite, son rang primatial universel : elle est apparue plus que jamais, en dépit de tous les évènements contraires et jusque dans les périodes les plus sombres, comme la Ville chef, celle à qui revient naturellement et surnaturellement la primauté, symbole de la Cité par excellence, capable, après toutes les décadences, de toutes les renaissances – et Dieu sait s’il y en eut –, lieu sacré où, selon la parole prophétique, se lie et se délie toute chose.

     

     

    rome basilqiue saint pierre.jpg
     
    "Tu es Petrus, et super hanc petram adedificabo ecclesiam meam..."
     
     
     

    L’Eglise qui y résidait et qui avait eu le privilège unique d’être fécondée par le sang des apôtres Pierre et Paul, était par constitution originelle la Mère et la Maîtresse de toutes les églises répandues dans le monde, Mater et Magistra. Déjà l’apôtre Paul s’adressait à l’Eglise de Rome avec une révérence particulière et lui confiait, à elle plus qu’à tout autre, dans une épître singulière, le trésor de la doctrine du salut, l’exposé théologique à la fois le plus ample et le plus direct des vérités de la foi.

    Ainsi Rome s’est-elle toujours sue et a-t-elle toujours été connue comme une ville à part : elle était et demeurait la Ville, l’Urbs.

     

    Elle triomphe de tous les pouvoirs.

     

    ROME.JPG
     
    "son rang primatial universel... la ville chef..."
    La double colonnade du Bernin forme comme deux bras, qui enserrent le monde...
     
     

     

     

    Cela ne l’empêchait pas de subir mille assauts, de voir fomenter en son sein toutes sortes de rivalités, de tumultes, de révolutions ! Pour qui jette un coup d’œil sur son histoire, il y aurait de quoi s’effrayer. Car il apparaît, pour dire les choses au fond, que tous les pouvoirs de toutes natures ont tenté de s’emparer de son unique pouvoir qui transcende tous les autres, ont cherché à se l’approprier, tout un chacun voulant un pape à sa dévotion, s’essayant à s’insinuer en son trône ou plus directement se faisant pape à la place du pape, solution qui  paraissait régler le problème radicalement. Eh bien, non ! En dépit de tout, Rome était toujours Rome et la papauté finalement tenait bon. De tant de tribulations mondaines, de tant d’épreuves spirituelles, vécues toujours comme autant de purgations et de purifications, Rome émerge, à chaque fois, plus resplendissante que jamais de toutes ses gloires divines et humaines. Rien n’y fait. Il n’est pas jusqu’aux dernières idéologies du pouvoir qui n’aient tenté les mêmes coups dans le siècle qui vient de passer. Ces idéologies étaient toutes marquées d’un démocratisme totalitaire, fort bien  décrit par le pape Jean-Paul II ; au nom d’une démocratie d’idée et non de simple et paisible réalité, elles prenaient prétexte d’un peuple conceptualisé dont elles exprimaient la volonté, d’unanimité ou de majorité de toutes sortes, populaire ou parlementaire, pour bafouer les notions mêmes de bien et le mal, de vrai et de faux et pour imposer leurs tyrannies, toutes sanguinaires, en invoquant de plus la modernité : le bolchévisme, le nazisme pour désigner les plus évidentes de ces tyrannies, mais, tout aussi bien, le libéralo-consumérisme dénoncé pareillement par le Pape Jean-Paul II comme une des formes les plus sournoises de cette même idéologie mortifère qui aboutit au même mépris de la dignité de la personne humaine, des véritables cultures nationales et des principes fondamentaux de la civilisation.

     

     

    goulag-barbeles-sur-faucille_1217928821.jpg

             

     

    Et qu’est-ce alors, quand cette idéologie démocratique à l’extrême audace de se couvrir du nom du Christ et, avec cette arrogance doucereuse qui la caractérise en pareil cas, tente d’usurper le pouvoir des Clefs remis à Pierre, en substituant, par média interposés, son magistère au sien, alors qu’elle en est précisément la négation ? A lire, à entendre les faux prophètes de cette idéologie –  et ils remplissent presque tous les médias –, ils savent ce que Pierre doit faire, ils exercent sur lui leur chantage permanent, ils définissent son programme et ses priorités, ils donnent des orientations qui visent au relâchement de toute discipline intellectuelle et morale et qui vont évidemment au rebours de toute la romanité.

              

    Elle seule est universelle.

     

     

    golias.JPG
     
    De Golias à Hans Küng, ils sont légion, "les faux prophètes de cette idéologie..."
    qui "savent ce que Pierre doit faire... définissent son programme et ses priorités..."
     
    hans kung.jpg

     

     

             

    De leur cathèdre de papiers et de mots, ils s’imaginent dominer la Chaire de Pierre. Voilà cinquante ans et plus qu’ils jouent ce mauvais rôle. Eh bien, même si la barque est secouée – et Dieu sait, là encore, si elle a été secouée –, le dernier mot revient toujours à Rome, à la Rome éternelle dont le Pontife est le garant.

    Les événements qui ont été vécus depuis cette Pâque de 2005, ont illustré à merveille et de manière quasi miraculeuse ces fortes notions qui donnent leur signification profonde à une histoire qui serait sans cela incompréhensible.

    Voici un Pontife qui a couru la terre, la mer et les cieux. Venant après une période d’hésitation et de tremblement, il lui parut urgent de montrer de manière directe et évidente  la vitalité éternelle du Christ, de son Evangile, de son Eglise. Issu de cette Pologne qui ne doit sa vie qu’à sa foi catholique, Jean-Paul II a voulu proclamer le mystère de la vie – et de la vie en vérité – à tous les horizons de la planète-terre afin que nul ne puisse se targuer d’en ignorer. Il est allé jusqu’à poser des gestes inouïs pour qu’aucune prévention, de quelque ordre qu’elle soit, ne puisse tenir devant l’éclat d’une telle volonté. Les foules sont venues, les peuples l’ont acclamé, les jeunes sont accourus. Le Pontife romain exerçait devant tous « ce pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu’il peut toujours exercer librement  », comme il est dit dans  les saints canons, non seulement sur l’Eglise universelle, mais aussi « sur toutes les églises ordinaires pour affermir et garantir le pouvoir propre des Evêques ». Ainsi remplissait-il, de manière inattendue, les devoirs de sa charge. A Rome, hors de Rome, jamais Pape n’avait été – et sans couronne ni tiare – plus pontife universel.

     

     

    JEAN PAUL II FUNERAILLES.jpg
     
    Aux funérailles de Jean-Paul II: le Monde...
     
     
     

    A ses funérailles, juste retour des choses, la foi catholique est apparue comme la grande et douce maîtresse de l’univers. Tous étaient là autour du cercueil, les foules, les peuples, les rois, les puissants et les grands, les évêques et les prêtres, les représentants de toutes les confessions chrétiennes et de toutes les religions du monde, pour rendre hommage au Pontife disparu, au pied de la basilique saint-pierre, symbole parfait de la majesté et de la puissance tutélaire du Sacerdoce romain, autour des Cardinaux représentant l’Eglise romaine, dans cet ordre sacré et profane que seule Rome sait imaginer et faire accepter. Rome était allée à eux ; ils venaient à leur tour à Rome. Ibant ad Urbem.

             

    La succession pouvait paraître difficile. Elle s’accomplit dans une même lumière de grâce. L’Eglise est de constitution monarchique et hiérarchique et très heureusement de droit divin. Cela ne supprime pas les cabales, cela les ramène à leur réalité de cabales.

  • Les puissances émergentes, l'Europe, la France : entre idées reçues et réalités, par GILLES VARANGE

            Avons-nous été assez attentifs aux analyses géo-politiques de Gilles Varange ? En tous cas, les articles qu'il donne à Politique magazine et à La Nouvelle revue universelle sont dans la manière d'un Jacques Bainville, ou, pour ce qui est d'aujourd'hui, dans la manière de Marie-France Garaud ou d'Hubert Védrine. C'est-à-dire que sa réflexion se fonde sur les réalités, que vient éclairer, de surcroît, l'expérience de l'Histoire. Cette méthodologie donne moins de chances de se tromper que lorsqu'on ne se nourrit que d'idéologie ou que l'on ne respire que l'air du temps et ses conformismes.

            De Gilles Varange, nous trouvons utile de mettre en ligne, aujourd'hui, une remarquable réflexion, qu'il a publiée dans un numéro récent de La Nouvelle revue universelle, sur ce que sont vraiment ce que l'on nomme couramment les pays émergents et, corrélativement, bien sûr, notre rapport à ces différents pays. Le sujet est d'actualité, mais, surtout, il est d'importance, car il concerne, directement, l'avenir de la France et de l'Europe.       

    PUISANCES EMERGENTES.JPG

    Quatre de ces puissances ont fondé le B.R.I.C, acronyme désignant  : le Brésil, l'Inde, la Chine et la Russie..... (devenu par la suite BRICS, avec l'Afrique du Sud)

             Les puissances dites « émergentes » sont à la mode. On ne parle que d'elles. Dans les colloques internationaux aussi bien que dans les dîners en ville, qui veut briller ne saurait faire autrement que de vanter leur ascension — forcément irrésistible — avant de terminer par une complainte obligatoire sur le déclin programmé de nos pauvres nations occidentales. La plupart du temps, aucun de ces éloquents bavards ne songe à honorer son auditoire d'une définition précise du sujet évoqué, ce qui serait pourtant fort utile. Car, à quoi reconnaît-on une puissance émergente ? À son poids démographique ? À sa capacité d'influence politique ou culturelle ? À sa force militaire ? Aux progrès de son économie et de son commerce ? À moins que ce ne soit à l'addition réussie de l'ensemble de ces critères ? Si l'on se rallie à cette dernière hypothèse, une certaine hiérarchie s'impose alors en fonction du critère retenu, car il y a forcément des puissances plus émergentes que d'autres dans chacun des domaines considérés. La Russie, par exemple, héritière du passé soviétique, dispose d'une force militaire, nucléaire, stratégique, avec laquelle, pour l'instant, aucune des autres puissances « émergentes » ne peut rivaliser. Mais il en va tout autrement en matière de développement économique. Certes la Russie bénéficie de richesses naturelles prodigieuses que la politique de Vladimir Poutine a permis de remettre entre les mains de l'État. Mais les structures administratives et économiques du pays demeurent archaïques et le système entier apparaît miné par une corruption endémique qui est, en grande partie, elle aussi, un héritage de l'ancienne nomenklatura soviétique.

            Dans ce domaine de l'économie et du commerce, c'est la Chine que n'importe quel observateur impartial hissera sans hésitation sur le pavois. Et si l'on parle maintenant de la matière grise, des potentialités intellectuelles, du nombre et de la compétence des futures élites techniques et scientifiques, c'est l'Inde qui sera désignée le plus souvent comme porte-drapeau. Sans modestie excessive, les Indiens se voient d'ailleurs comme la vraie superpuissance mondiale de la fin du XXIème siècle. Quant à la quatrième de ces puissances dites émergentes, le Brésil, on le range d'autant plus volontiers dans cette catégorie que les experts nous annonçaient son ascension depuis des décennies, sans que leurs prédictions se réalisent jamais. « Le Brésil, grande puissance d'avenir et qui le restera », proclamait déjà de Gaulle, avec un humour dont on ne sait s'il était volontaire ou non — lors d'une visite à Brasilia, il y a près d'un demi-siècle. Mais si le Brésil possède effectivement l'étendue, les richesses naturelles, la population suffisante pour prendre rang parmi les puissances émergentes, il lui manque la force militaire. En ce domaine, avec un budget squelettique par rapport à son poids économique, le Brésil reste un lilliputien. 

    « ÉMERGENTES » OU RENAISSANTES ? 

            Il est pourtant le seul auquel pourrait s'appliquer vraiment la notion de puissance émergente. Car, pour les trois autres nations qui constituent avec lui le fameux BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) dans le jargon des diplomates et des fonctionnaires internationaux, il serait plus avisé de les qualifier de puissances « renaissantes ». Voilà qui éviterait de sombrer dans une dangereuse confusion intellectuelle. Prenons, à nouveau, l'exemple de la Russie : dans le cadre de l'Union Soviétique, elle était l'une des deux superpuissance mondiales il y a vingt ans à peine. Après une brève éclipse, il n'est pas étonnant qu'elle revienne sur le devant de la scène, en renouant avec les lignes constantes de sa politique internationale. C'est qu'à l'inverse de la France dont la politique étrangère connut une rupture violente après 1789, rupture dont elle n'a pas fini de payer le prix, l'Union Soviétique, elle, n'a cessé de poursuivre avec opiniâtreté la diplomatie traditionnelle de la Russie tsariste : contrôle de l'Ukraine, de la Biélorussie et des pays baltes, progression vers l'Orient avec la prise en main de la Mongolie extérieure et des îles Kouriles arrachées au japon en 1945, politique d'expansion vers les mers chaudes avec l'invasion de l'Afghanistan en 1979. Après l'effondrement gorbatchévien et la période d'anarchie eltsinienne, il n'est guère douteux que le hommes du Kremlin soient animés la volonté de recoudre ce qui peut l'être, puis de repartir un jour de l'avant.

            Tournons-nous à présent vers la Chine. En dépit de son volontaire isolement, elle était l'une des grandes puissances mondiales il y a moins de deux siècles. Au moment de la Révolution française, elle concentrait encore sur son territoire la moitié de la richesse mondiale. Elle était considérée à nouveau comme une puissance majeure dès le début des années cinquante du siècle dernier. Il faut rappeler que le généralissime Jiang Jieshi (Tchang Kaï-Chek) figurait parmi les « Grands » aux côtés de Churchill, de Roosevelt et de Staline en novembre 1943 à Téhéran, quand cet honneur avait été refusé à de Gaulle. Et dès 1973, alors que la Révolution culturelle n'était pas encore terminée, le succès phénoménal du livre d'Alain Peyrefitte, Quand la Chine s'éveillera, montrait que tout le monde en était déjà conscient : seules, les excentricités du maoïsme empêchaient la Chine de décoller. Autant dire que la Chine n'a rien d'une puissance « émergente ». Elle est une puissance majeure depuis deux millénaires au moins. La leçon vaut pour l'Inde, même s'il est vrai que l'éphémère domination britannique a modifié considérablement sa physionomie Au nord, les États majoritairement musulmans ont fait sécession pour former le Pakistan, le « Pays des purs », tandis que le reste du sous-continent a retrouvé pleinement sa vocation hindouiste, laquelle n'avait été préservée sous la dynastie moghole que dans les royaumes du sud, royaume de Vrijryanagar, royaume de Golconde et empire marhate sur la côte ouest. Là encore, l'Inde avait retrouvé un statut de grande puissance dès la conférence de Bandoung en 1954. 

    LA REVANCHE DE L'HISTOIRE 

            La Russie, la Chine, l'Inde : plutôt que de s'émerveiller sur leur « émergence » fictive, il serait plus simple de relever que ces grandes puissances politiques et militaires qui avaient déjà pour elles la superficie, le nombre, les ressources naturelles et une force militaire respectable en plus d'une longue histoire, sont en train de retrouver un poids économique significatif. C'est seulement en ce domaine qu'elles peuvent être qualifiées d'émergentes. Mais le plus important n'est sûrement pas là.

            L'événement d'une portée immense pour l'avenir tient au fait que ces grandes puissances ont commencé à renouer, à mesure qu'elles acquéraient un poids économique enviable, avec leurs plus anciennes traditions historiques, culturelles et religieuses. Et c'est précisément la réappropriation de leur culture traditionnelle qui donne à chacun de ces peuples l'élan et la force nécessaires pour se projeter résolument en avant. Après soixante-dix années de glaciation marxiste, la Russie se redécouvre orthodoxe. Elle honore la mémoire de ses tsars et vénère le dernier d'entre eux comme un martyr. Après un demi-siècle de révolutionnarisme maoïste, la Chine se veut à nouveau confucéenne et partiellement bouddhiste. Elle a réhabilité ses anciennes dynasties, y compris la dynastie mandchoue. Elle se plaît à célébrer la figure du premier unificateur de l'Empire du Milieu, le génial et implacable Qin Shihuangdi. Quant à l'Inde, depuis l'indépendance et la partition de 1947, et plus encore depuis une quinzaine d'années, elle n'a cessé de renouer de plus en plus activement avec ses racines hindouistes. Si l'on ajoute à ce tableau le Brésil catholique, voilà tout un univers fort éloigné de notre laïcité étriquée et militante.

            Une remarque encore : alors que des bataillons d'experts œuvrent à affoler les opinions occidentales sur le thème obsédant d'une prétendue poussée irrésistible de l'islam, pas une seule des puissances dites « émergentes » n'est musulmane. Le Pakistan, la seule puissance, islamique qui aurait pu prétendre jouer un rôle mondial, est désormais plongé, du fait même de l'influence de ses milieux fondamentalistes, dans un chaos qui paraît irréversible et menace jusqu'à son unité. Quant à la Turquie de l'AKP, malgré des progrès économiques incontestables, son PIB ne la place même pas au niveau des Pays-Bas.

    PUISSANCES EMERGENTES 1.jpg

    Les présidents brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, russe Dmitri Medvedev, chinois Hu Jintao et le premier ministre indien Manmohan Singh à Iekaterinburg le 16 juin 2009 lors du premier sommet du B.R.I.C

     

    DES CHIFFRES ÉCLAIRANTS 

            De manière générale, si les succès de ces puissances émergente sont indéniables, ils méritent néanmoins d'être fortement relativisés et remis en perspective. Les chiffres ci-dessous, tirés des dernière statistiques disponibles du FMI, celles de 2010, sont fort éclairants :

     PIB en milliards de dollars

    USA

    14 624

    Chine

       5745

    Japon

       5390

    Allemagne

       3305

    France

       2582

    Royaume-Uni

       2258

    Italie

       2036

    Brésil

       2023

    Canada

       1563

    Russie

       1476

    Inde

      1430

    Espagne

       1374

    Australie

       1219

    Mexique

       1004

    Corée du Sud

        986

    Pays-Bas

        770

    Turquie

        729

    Indonésie

        695

    Suisse

        522

    Belgique

        461

    Taiwan

        424

     


     

    Autres : * Afrique du Sud : 354 - * Iran : 337 - * Singapour : 217 - * Nigéria : 206 - * Algérie : 158 - * Syrie : 55 - Luxembourg : 52 - * Tunisie : 43 - * Pays africains : entre 1 et 5 milliards de dollars chacun. 

    UNE RÉSISTIBLE ASCENSION 

            On retiendra que les 15 pays les plus riches sur les 27 de l'Union européenne pèsent ensemble plus que les États-Unis et 40% de plus que la Chine et le Japon réunis. Un simple regard sur les statistiques du FMI permet aussi de constater que l'Allemagne et la France possèdent à elles deux un PIB quasiment équivalent à celui de la Chine et très supérieur à celui du Japon. Plus remarquable encore : malgré la masse énorme de ses 1 300 millions d'habitants et son ascension vertigineuse des vingt dernières années, l'Empire du Milieu ne représente que les 4/5e des PIB conjugués des trois grands pays latins0 de l'Europe : la France, l'Italie et l'Espagne. Et les PIB additionnés de la France et de l'Italie suffisent pour faire jeu égal avec ceux de l'Inde, du Brésil et de la Russie rassemblés, c'est-à-dire trois des quatre puissances « émergentes » appelées, selon les analystes, à bouleverser l'ordre du monde. Sur le plan économique, il faudra assurément encore du temps et bien des efforts avant que les grenouilles émergentes atteignent la taille du bœuf européen. Voilà qui contribue à remettre les choses en place. Et à nous rappeler que le déclin impressionnant de l'économie française (passée de 6% des exportations mondiales à 3,9% en dix ans) n'a pas pour cause unique — ni même pour cause principale — la montée de ces fameuses puissances émergentes. Les raisons de notre déclin économique et commercial sont à rechercher bien plus près de chez nous. À cet égard, commençons par une question : de quel pays la France est-elle le premier client mondial, le client qui absorbe une part considérable des productions de ce pays et lui apporte depuis une décennie l'assurance d'us balance commerciale formidablement excédentaire ? S'agirait-il de la Chine ? Des États-Unis ? Du Japon ou de quelque autre puissance lointaine et exotique ? Pas du tout. C'est avec l'Allemagne, notre voisine et notre principale partenaire européenne que nous enregistrons, année après année, des déficits de plus en plus dramatiques. Il est entré en France, en 2010, pour 79 milliards d'euros de produits allemands quand nos exportations outre-Rhin n'atteignaient pas 57 milliards. Soit, en douze petits mois, un trou de plus de 22 milliards à notre désavantage. Remarquons encore que les autres principaux pays exportateurs en France sont également européens : la Belgique (avec 41 milliards !) l'Italie (39,2 milliards) l'Espagne (31, 6 milliards). Contrairement à une idée reçue, c'est en effet le commerce avec nos proches voisins qui est la source principale de notre gigantesque déficit commercial. Seules 14% de nos importations proviennent d'Asie quand 60% nous arrivent des pays de l'Europe des 27. Retenons l'extraordinaire disproportion entre ces deux chiffres, alors qu'une propagande insistante s'obstine à nous présenter l'Union européenne comme un bouclier face à la menace commerciale extérieure.

            La Chine ne vient modestement qu'en cinquième position. Cc qui n'empêche pas notre déficit avec Pékin de se révéler, lui aussi. abyssal : 31 milliards d'importations pour 9 milliards seulement d'exportations françaises en Chine, l'équivalent de ce que nous vendons à l'Autriche. Soit un déficit annuel de notre balance commerciale de 22 milliards avec Pékin. Par une troublante symétrie, notre déficit avec la Chine s'avère être exactement le même que notre déficit avec l'Allemagne. La France se trouve ainsi écrasée deux fois : écrasée par le proche et écrasée par le lointain. Or, si les exportations entrent pour 40% dans le PIB allemand, elles ne représent

  • Dans Politique Magazine, Contre l’épidémie : « Fermez les églises » !, par François Schwerer.

    Le président chinois, Xi Jinping a déclaré au directeur général de l’OMS, le 28 janvier 2020, que « l’épidémie est un démon. Nous ne pouvons pas laisser le démon se terrer. »

    Pour la Chine de toujours, « la politique n’est qu’une forme suprême de l’art médical ». Elle se doit donc de purifier l’ensemble du corps social de tout ce qui le corrompt. En 2017, dans un discours au Parti communiste chinois, il avait dénoncé l’extrémisme religieux comme un poison devant être éradiqué. Pour lui, seule la religion chinoise traditionnelle est bonne. C’est pourquoi les hôpitaux bâtis à la hâte dans la périphérie de Wuhan s’appellent « l’hôpital du dieu du mont tonnerre » et « l’hôpital du dieu du mont volcan ». « Ainsi la religion est considérée par le pouvoir chinois à la fois comme la source du mal qu’il faut combattre et comme la solution pour venir à bout de ce même mal : à la fois le poison et le remède. Lorsqu’elle est entre les mains du pouvoir qui l’utilise pour ses objectifs politiques, c’est un remède, mais lorsque la religion est vue par le pouvoir comme un phénomène incontrôlable qui propage des maladies idéologiques ou physiques dans le corps socio-politique, c’est un mal démoniaque contre lequel il faut lutter sans pitié » [1].

    françois Schwerer.jpgLe recours au principe de précaution

    En France, le gouvernement semble suivre la même ligne que le président chinois, à ceci près qu’il professe la religion de la laïcité. C’est pourquoi il a préconisé aux évêques de mettre en œuvre le principe de précaution inscrit dans la Constitution depuis la présidence de Jacques Chirac. Le soir du 29 février on apprenait : « pour limiter la propagation du nouveau coronavirus et conformément à l’interdiction des “rassemblements collectifs” annoncée dans le département de l’Oise par le gouvernement ce samedi, l’évêque de Beauvais et le préfet ont pris la décision de suspendre jusqu’à nouvel ordre les messes ». On est confondu devant un tel message. En effet le prétexte de la décision est la demande du gouvernement de suspendre tous les rassemblements collectifs de plus de 5 000 personnes dans un lieu confiné. Or, dans les églises de l’Oise, on ne rencontre pas 5 000 fidèles présents ensemble dans une même église pour participer à la messe dominicale.

    Hélas, cette décision venait à la suite de l’interdiction des messes dans les diocèses de Milan et de Venise et presqu’en même temps que la même interdiction dans le diocèse de Turin. Dans ce dernier diocèse, l’archevêque déplorait publiquement que l’arrêté d’interdiction pris par la Région du Piémont considère les « services religieux […] comme superflus et [sont] donc non exemptés de mesures restrictives ». Ces diocèses du nord de la France et du nord de l’Italie rejoignait ainsi des pays comme la Chine et la Corée du sud qui avaient déjà interdit les messes au prétexte de l’épidémie due au COVID-19[2].

    L’application de cette interdiction de messe laisse penser – précaution oblige – qu’on fait primer la santé au cours d’un moment de la vie terrestre sur la Vie éternelle. Que des autorités politiques interdisent des messes pour raison de santé, comme c’est le cas en Corée du sud, en Chine ou à Hong-Kong, passe encore, mais que des évêques ne s’élèvent pas contre une telle mesure montre combien les chrétiens d’aujourd’hui sont devenus tièdes. Mais, si le sel s’affadit, n’est-il pas bon à être jeté dehors et foulé aux pieds par les passants ? Ajoutons, qu’au stade actuel de l’épidémie, l’extrême dangerosité du virus n’est pas clairement établie. Il était autrement plus dangereux pour les chrétiens des catacombes d’assister à la messe, pour les chrétiens à l’époque de la Révolution de courir dans les bois ou les granges pour assister à la messe d’un prêtre réfractaire… et même de se réunir dans une église au cours des bombardements de la Seconde Guerre mondiale.

    L’épidémie de la peur

    On a plutôt l’impression que les chrétiens d’aujourd’hui se conduisent comme nos premiers parents : au lieu de mettre leur confiance en Dieu, ils veulent décider par eux-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal et donc être « comme des dieux ». Mais, face au danger, ils s’aperçoivent aussi qu’ils sont nus.

    Non à « l’épidémie de la peur » ! comme le demande Andrea Ricardi, le fondateur de la communauté Sant’Edigio. Et de rappeler qu’à l’époque de la peste de Milan en 1576-1577, on visitait les malades, on priait avec le peuple, on faisait des processions pieds nus : « le comportement des chrétiens dans les épidémies était décisif : ceux-ci ne fuyaient pas […] mais se rendaient des visites et se soutenaient, priaient ensemble, ensevelissaient les morts ». Mais il est vrai qu’ils étaient galvanisés par saint Charles Borromée. Pragmatique, le sociologue américain Rodney Stark constate, quant à lui, que cette attitude des chrétiens avait eu pour résultat que « leur taux de survie fut bien plus élevé que celui des païens en raison de l’assistance consciencieuse, pourtant sans médicaments, et en raison du lien communautaire et social ».

    Les habitants de Padoue ont cependant sauvé l’honneur et montré la voie. Alors que toute cérémonie religieuse y était interdite, des centaines de personnes, bravant les consignes de prudence des autorités, ont participé aux obsèques d’Anna Modenese, 14 ans, décédée tragiquement d’un arrêt cardiaque le 20 février. Ils sont venus lui dire un dernier A-Dieu au cours d’une messe célébrée en plein air, à côté du cimetière du quartier de Terranegra. Le maire de la ville s’est même joint à la cérémonie, où de nombreux camarades de classes de la jeune fille étaient présents, ainsi que des collègues policiers de son père.

    L’évêque de Belley-Ars, Monseigneur Roland, a lui aussi décidé de mettre l’accent sur ce qui est essentiel. Refusant de céder à « l’épidémie de la peur[3] », et rejoignant Dostoïevski, dans Les Possédés, il nous a posé les questions fondamentales : « La panique collective à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est-elle pas révélatrice de notre rapport faussé à la réalité de la mort ? Ne manifeste-t-elle pas les effets anxiogènes de la perte de Dieu ? Nous voulons nous cacher que nous sommes mortels et, nous étant fermés à la dimension spirituelle de notre être, nous perdons pied ». C’est pourquoi il n’a pas craint de proclamer avec force : « une église n’est pas un lieu à risque mais un lieu de salut. C’est un espace où l’on accueille celui qui est la Vie, Jésus-Christ, et où par lui, avec lui et en lui, on apprend ensemble à être vivants. Une église doit demeurer ce qu’elle est : un lieu d’espérance ! […] Un chrétien ne craint pas la mort. Il n’ignore pas qu’il est mortel, mais il sait en qui il a mis sa confiance ». Alors que le chrétien soit prudent, certes, et surtout pour les autres qu’il ne doit pas risquer de contaminer. Mais les précautions qu’il prend doivent d’abord être marquées par le souci des autres et ensuite par respect pour le corps que Dieu lui a donné. « Il ne s’expose certes pas indûment, mais il ne cherche pas non plus à se préserver ». Il ne doit pas se laisser voler son espérance.

    Mais cette confiance doit aussi s’exprimer par des actes. À Montpellier, patrie de saint Roch, le curé de la cathédrale a décidé de lancer une neuvaine pour demander au patron des médecins d’intercéder pour nous auprès de Dieu le Père. Mais, si cette démarche de prière est une action normale en pareille circonstance, il lui manque cependant la dimension communautaire – que l’on trouve dans les processions –, dimension qui est une caractéristique fondamentale du peuple de Dieu, comme l’a rappelé le père de Menthière dans sa première conférence de Carême consacrée à l’Eglise.

    La laïcité contre l’Eglise

    Le 1er mars, c’est le préfet du Morbihan qui a pris un arrêté pour interdire tout « rassemblement collectif » (sic) dans le département. Et, dans la foulée l’évêque de Vannes annonçait la suppression de toute messe comme de « toute séance de catéchèse et d’aumônerie » ajoutant : « les autorités civiles nous imposent[4] ces mesures restrictives ». Il annexait à son communiqué le texte de l’arrêté préfectoral. Or ce dernier est intéressant, non à cause du pléonasme qui agrémente son article premier, mais par l’un des textes visés pour justifier la décision : « Vu la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 et notamment les articles 10 et 11 ».

    Que disent ces articles ?

    Article 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuse, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi ».

    Article 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ».

    Il ressort très clairement que cet arrêté est directement pris contre les opinions religieuses dont les manifestations (en l’occurrence les messes et séances de catéchèse), troubleraient l’ordre public. Et les citoyens qui voudraient alors « parler, écrire [ou] imprimer » sur le sujet, pourraient donc être amenés à répondre de l’abus de droit.

    Entre les messes dominicales supprimées dans le diocèse de Beauvais, toutes les messes et séances de catéchèse dans celui de Vannes et l’interdiction de la communion dans la bouche dans d’autres diocèses, de nombreux fidèles ont été déstabilisés. Cela a donné l’occasion à certains prêtres de rappeler ce qu’est la « communion de désir » ou « communion spirituelle ». Et, l’évêque de Vannes a composé à cette occasion l’acte de communion spirituelle suivant :

    Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme.

    Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée. (psaume 62)

    Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints.

    Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme.

    En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».

    Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.

    Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle.

    Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.

    Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.

    Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront.

    Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves.

    Maranatha, viens Seigneur Jésus.

    A Saint-Nicolas-du-Chardonnet, les prêtres traditionalistes ont invité les fidèles à venir participer à une messe votive contre les grandes épidémies. Si demain, l’épidémie s’étend en France, ne doutons pas que d’autres préfets suivront l’exemple de celui du Morbihan. Les chrétiens devront alors montrer ce qui est le plus important à leurs yeux.

     

    [1] Emmanuel Dubois de Prisque, www.aleteia.org, le 2 mars 2020.

    [2] En Iran, le gouvernement avait décidé, toujours pour le même motif, d’interdire les prières dans les mosquées le vendredi 28. Et l’Arabie saoudite a fermé de nombreux centres religieux.

    [3] « À notre époque, qui a enlevé à l’homme la peur du péché et du salut et qu’il a soi-disant libéré de la peur, de nouvelles angoisses prolifèrent et prennent souvent la forme de psychoses collectives : angoisse devant les fléaux des grandes maladies décimant les hommes, angoisse devant les conséquences du pouvoir de la technique, peur devant le vide et l’absurdité de l’existence. […] Toutes ces peurs ne sont que des masques de la peur de la mort, l’effroi devant la finitude de notre existence. Cette peur et cet effroi s’installent lorsqu’on a accueilli l’infini avec peur et non avec amour et lorsqu’on croit s’être débarrassé de cette peur en la niant. Mais la peur de la finitude est plus effrayante et désespérante que ne pourrait jamais l’être la peur refoulée de l’infini, dans laquelle est toujours caché le mystère de la consolation qui nous attend. » (Joseph Ratzinger, « Auf Christus schauen » (1989), Touché par l’invisible, 2008).

    [4] C’est nous qui soulignons.

    https://www.politiquemagazine.fr/

    2.png

  • Sur le blog de Michel Onfray, ” voici venu le temps des assassins”.

    Ce virus risque de précipiter la mort de plus que des hommes… Il accélère le processus de décomposition de nos fausses démocraties qui montrent dans la lumière aveuglante des scialytiques hospitaliers ce qu'elles sont véritablement: de véritables autocraties libérales -pour ne pas dire des dictatures.

    A l'heure où j'écris, une loi dite d'urgence permet à l'employeur d'imposer à son salarié de prendre ses congés pendant la durée du confinement. Le sénat a limité la disposition à six jours ouvrables et l'Assemblée nationale a confirmé la chose en commission! Quel humanisme! Quelle humanité! Quelle générosité! Quelle grandeur d'âme!

    Ce sont les mêmes élus du peuple qui, il y a peu, crachaient sur la douleur de parents qui avaient perdu un enfant et auxquels il était refusé l'aumône de quelques jours de congés supplémentaires afin qu'ils puissent tenter de faire face, un peu, au malheur.

    Quand les gilets-jaunes se sont dirigés un samedi vers l'Assemblée nationale pour y faire entrer enfin le peuple, même symboliquement, ils visaient juste: car le peuple n'est pas dans cette enceinte dans laquelle on ne trouve plus que des politiciens professionnels qui prétendent le représenter mais qui se contentent de jouir du pouvoir et de ses avantages.

    Ce qui veut dire que la facture de cette épidémie, qui va être terriblement salée, va être partagée entre les pauvres et ... les pauvres -ne parlons pas des assureurs dont le métier consiste toujours à échapper aux remboursements des dommages par des finasseries contractuelles. Les riches y échapperont car leur argent est déjà ailleurs, inaccessible à ce qui reste d'un pouvoir d'État qui, de toute façon, sous régime maastrichtien, ne leur cherchera pas noise!

    Macron et les siens, les maastrichtiens de droite et de gauche, n'ont en effet pas décidé de réquisitionner les fortunes planquées dans les paradis fiscaux. Pas question que les riches paient alors qu'ils ont constitué leurs fortunes en fraudant le fisc, ce qui veut dire: en ne payant pas l'impôt avec lequel on peut, entre mille autres choses, construire des hôpitaux et les maintenir en état de marche... Tout citoyen français qui dispose d'un compte en Suisse ou dans un quelconque paradis fiscal doit être tenu pour responsable de la mort de qui n'aura pas pu bénéficier d'un respirateur hospitalier, responsable et coupable. On lira la liste de quelques-uns de ces assassins en appendice.

    Il serait pourtant légitime de dénoncer enfin ce qui a mis la santé publique dans cet état que des soignants se trouvent dans l'obligation de trier les vieux à l'entrée des services d’urgence, une terrible responsabilité qui réactive une pratique de sinistre mémoire: à droite ceux qui vont vivre, à gauche ceux qui vont mourir. Le personnel hospitalier n'a pas fait autant d'années d'études pour sélectionner dans un genre de Jugement Dernier dont ils seraient les dieux des élus à sauver et des damnés à tuer! Ils n'ont pas vocation à travailler dans un abattoir! Il en va pour eux d'une insupportable souffrance psychique, mentale et spirituelle qui s'ajoute à leurs fatigues professionnelles, à leur épuisement. Eux ne disposent pas de ces pitoyables cellules psychologiques qui sont envoyées sur place pour toute une classe, comme quand une diarrhée de cantine envoie six enfants d'une école en observation hospitalière pour une demi-journée...  

    Car, ceux qui tuent, ce ne sont pas ceux qui, sur le terrain, sont obligés de tourner le pouce vers le bas en présence d'un corps trop atteint, de poumons ravagés comme jamais, ce ne sont pas ceux qui, sans masques, se retrouvent au contact de la mort, ce ne sont pas ceux qui, couverts de sang et de bave, de morve et des postillons des grabataires, touchent et portent ces corps comme la piéta le corps de son enfant mort, mais ceux qui, dans les bureaux, depuis des années, ont rayé des lignes comptables sur des budgets sous prétexte de rentabilité.

    Ce genre de criminel tue avec un silencieux: en fermant les hôpitaux après avoir estimé qu'ils perdaient de l'argent ou qu’ils ne dégageaient pas assez de bénéfices; en donnant l'ordre de privilégier les actes rentables, au risque de les multiplier sans raisons véritables; en décrétant que, dans les petites villes de province, ces structures de proximité sont trop dangereuses sous prétexte que les chirurgiens n'y effectuent pas assez d'actes pour être professionnels et efficaces; en incitant les hôpitaux à développer l'activité ambulatoire parce qu'elle réduit la durée des séjours, ce qui expose les malades aux complications faute de suivi; en traitant par le mépris l'appel au secours des personnels soignants qui manifestent depuis plus d'un an et à qui Macron promet d'agir sans procéder autrement qu'en saupoudrant ici ou là, mais sans jamais entamer la véritable révolution qui consisterait à découpler la santé publique du critère de rentabilité.

    Ce qui doit primer dans un hôpital n'est pas qu'il soit rentable, mais qu'on y soigne tout le monde, riches et pauvres. De même, ce qui doit primer dans une école n'est pas qu'elle soit rentable, mais qu'on y fasse triompher l'instruction publique sans distinctions sociales. Mais aussi: ce qui doit primer dans la police ou dans l'armée n'est pas qu'elles soient rentables, mais qu'elles disposent des moyens d'assurer partout l'ordre public et républicain. Et l'on pourrait ajouter à la liste la culture, le renseignement, la justice, etc.

    La République, c'est cela: le souci de l'intérêt général et du bien public avant l'intérêt privé de quelques-uns, d'un groupe ou d'une aristocratie de milliardaires. Hélas, le marché a gangrené la totalité du corps social au point qu’il a évincé la politique et qu'il se fait passer pour une politique, pour la seule politique d'ailleurs: or, il n 'est pas une politique mais le seul intérêt du Capital.

    Voilà pourquoi Macron, qui ne connait que ce logiciel, ignore ce qu'est la politique et se retrouve chef de l'État alors qu’il n'a pas quarante ans -c'est d'ailleurs pour cette raison, son innocence, que l'État profond a tout mis en oeuvre pour le placer là où il se trouve, c'est un formidable pantin désarticulé, un pion jadis rutilant, un second couteau ébréché. Voilà aussi pourquoi, dans cette situation exceptionnelle, il décide tout et le contraire de tout, n'importe quoi, c'est le triomphe historique du "en même temps"! On ne craint pas le virus mais on le craint, on ne confine pas mais on confine, on ne ferme pas les frontières mais on les ferme, on ne sort pas mais on peut sortir pour voter, on ne porte pas de masques, c'est inutile, mais on en fait fabriquer des millions, etc...

    Dès lors, quand Ségolène Royal, tout au gonflement de sa propre baudruche, attaque Olivier Veran, l'actuel ministre de la santé , pour sa responsabilité passée, elle oublie juste de dire qu'avant de grossir le rang des macroniens, ce monsieur vient lui aussi, comme tant d'autres, du Parti socialiste, dont elle fut la candidate aux présidentielle, et que ce Parti socialiste n'a plus de socialiste que le nom depuis qu'en 1983 un certain François Mitterrand l'a jeté à la poubelle afin de pouvoir rester au pouvoir -ce qui lui a d'ailleurs plutôt bien réussi puisqu'avec cette forfaiture il a effectué deux septennats qui ont initié la casse de tout ce qui était public, hôpital compris, et qu'on lui doit aussi, comme autre héritage notable, d'avoir a mis la famille Le Pen au-devant de la scène politique...

    Nous avions des millions de masques, nous n'en avons plus, où sont-ils passés? Guéguerre picrocholine pour savoir si c'est à l'impéritie passée de la "gauche" qu’on doit cette pénurie ou à celle de la "droite": mais c'est au deux, à la droite maastrichtienne et à la gauche maastricthienne qui, l'une et l'autre, en même temps comme dirait l'autre, copines comme cochonnes, ont mis la France dans cet état: merci Mitterrand! Merci Chirac! Merci Sarkozy! Merci Hollande! Merci Macron! Car ce sont eux qui ont rendu possible cette incroyable monstruosité que, dans cet hôpital public qu’ils ont tué pour en faire des usines à fric, le résultat soit qu'on trie les gens pour diriger les malades les plus atteints, dont les vieux, vers les pompes funèbres, pour ne soigner que les cas les moins préoccupants.  De sorte qu'avec ces hôpitaux libéraux, le plus malade est le plus vite mort.

    L'hôpital libéral, c'est un nouveau concept orwellien: on pourrait imaginer des slogans peints sur les murs de ces usines de mort que sont devenus ces hôpitaux-là, nos hôpitaux: "Plus vous serez malade, plus vite on vous expédiera au fond du trou!". Ou bien, sur la porte du bureau des personnels soignants: "Aux urgences, évitez ce qui est urgent". Au bureau des soignants: "Aux mourants, prodiguez la mort". Au bureau du comptable: "Un bon patient est un client à tondre". Et puis, à l'entrée du funérarium, ceci : "Aux morts, Maastricht reconnaissant", car l'action des PFG doit se trouver bigrement en hausse.

    Un dernier mot: chaque soir, au journal de vingt-heures, les journalistes, qui disposent ainsi de leur séquence "vivre-ensemble" (c'est leur moment homéopathique positif) nous montrent les gens qui, aux fenêtres, applaudissent le personnel soignant en faisant des pitreries, en tapant sur des casseroles, en chantant, en criant. Ils manifestent, nous dit-on, leur solidarité avec ces héros de notre époque qui bravent la mort dans leur métier! Très bien, très bien... Tout cela est vrai.

    Mais combien, parmi ceux-là, postillonnant du haut de leurs balcons, gavés par la propagande maastrichtienne, ont voté pour des candidats qui, droite libérale et gauche libérale confondues, ont justement fabriqué cet hôpital kafkaïen où l'on contraint de pauvres soignants à distribuer la mort ou à conférer la vie en vertus de plans de route décidés depuis un quart de siècle par cette Commission européenne, qui n'est pas élue, et qui impose sa loi, aujourd’hui dans le sang et les larmes, les glaires et les crachats, aux sujets de l'Empire maastrichtien?

     Combien?

    Je n'ai pour ma part pas envie d'aller sur mon balcon pour bêler avec les moutons. Je pense à ces gens formidables, en effet, qui m'ont sauvé d'un infarctus quand j'avais vingt-huit ans, qui ont été près de moi lors de mes deux AVC, qui ont si bien accompagné ma compagne pendant les dix-sept années de son cancer et de ses chimiothérapies avant qu'elle finisse par mourir, et qui, de fait, méritent notre profond salut. Mais pas depuis dix jours...

    J'ai plutôt envie de pleurer sur ce qu'est devenue la France tuée par ces assassins qui, eux, se portent bien...

    Michel Onfray



    Appendice 1:
    Dans la Notice Wikipédia intitulée "Évadés fiscaux", on peut lire ceci :"Challenges a fourni dès juin 2013 une liste de 86 contribuables apparaissant sur cette liste et faisant l'objet de poursuites. On comptait notamment Nina Ricci, Arlette Ricci, Jean-Claude Guidicelli, Simon Benharrous. Le 27 janvier 2014, le journal Le Monde a publié d'autres noms, dont Christian Karembeu, les frères Christian et François Picart, Alain Afflelou, Cédric Klapisch, Gérard Miller, Michel Tubiana, et Richard Prasquier. Tiens tiens, Gérard Miller, psychanalyste chez Drucker et Drucker chez les psychanalystes!

    Arlette Ricci, héritière des parfums Nina Ricci, est condamnée le 13 avril 2015 à trois ans de prison dont un ferme et un million d'euros d'amende, pour fraude fiscale, blanchiment de fraude fiscale et organisation frauduleuse d'insolvabilité pour échapper à l'impôt".

    Appendice 2

    Français établis fiscalement à l'étranger

    Sportifs:
    – Jean Alesi, réside en Suisse

    – Marion Bartoli, réside en Suisse

    – Julien Benneteau, réside en Suisse

    – Arnaud Boetsch, réside en Suisse

    – Arnaud Clement, réside en Suisse

    – Nicolas Escudé, réside en Suisse

    – Guy Forget, réside en Suisse

    – Richard Gasquet, réside en Suisse

    – Jean-Claude Killy, réside en Suisse

    – Henri Leconte, réside en Suisse

    – Sébastien Loeb, réside en Suisse

    – Paul-Henri Mathieu, réside en Suisse

    – Gaël Monfils, réside en Suisse

    – Christophe Moreau, réside en Suisse

    – Amélie Mauresmo, réside à Genêve en Suisse

    – Stéphane Peterhansel, réside en Suisse

    – Cédric Pioline, réside en Suisse

    – Alain Prost, réside en Suisse

    – Fabrice Santoro, réside en Suisse

    – Florent Serra, réside en Suisse

    – Gilles Simon, réside en Suisse

    – Jo-Wilfried Tsonga, réside en Suisse

    – Vincent Rives, réside en Irlande

    – Jean-Philippe Gatien , réside au Delaware aux Etats Unis

    Chanteurs:

    – David Hallyday, réside en Suisse

    – Patricia Kaas, réside en Suisse

    – Florent Pagny, réside en Patagonie (Argentine)

    – Michel Polnareff, réside aux Etats-Unis

    – Yannick Noah, réside aux USA (le « personnage préféré des français… !!!)

    Acteurs

    – Daniel Auteuil, réside en Belgique

    – Emmanuelle Béart réside en Belgique

    – Laetitia Casta, réside au Royaume-Uni

    – David Habibi, réside au Canada

    – Alain Delon, résident et citoyen Suisse

    Auteurs:

    – Anne Marie Mitterrand (3), réside en Begique

    – Christian Jacq, réside en Suisse

    – Marc Levy, réside au Royaume-Uni

    Patrons et Actionnaires

    – Jacques Badin (Carrefour) réside à Bruxelles en Belgique

    – Thomas Bata (marque de chaussures Bata) réside en Suisse

    – Famille Baud (dont Jean Baud), (marques Franprix et Leader Price), résident en Suisse

    – Lotfi Belhassine, (président d’Air Liberté), réside en Belgique. Il a fui la France car l’ISF représentait 93% de ses revenus

    – Claude Berda, (AB Groupe), réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Bich (Groupe Bic) résident en Suisse

    – Michèle Bleustein-Blanchet, une des héritières de Publicis, réside à Cologny en Suisse

    – Corinne Bouygues, réside à Genève en Suisse

    – Pierre Castel, PDG du groupe Castel Frères (Cristalline, Thonon, Vichy Célestins, 33 export, Saint-Yorre) réside près du Lac Leman en Suisse

    – Des membres de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Mondial Moquette, Norauto et Kiabi), résident en Belgique

    – Georges Cohen, groupe Sogeti, (informatique et armement), réside en Suisse

    – Bernard Darty, fondateur de Darty, réside en Belgique

    – Jean-Louis David, fondateur des salons de coiffure, réside en Suisse.

    – Des membres de la famille Defforey, à l’origine de la société Carrefour, résident en Belgique

    – Des membres de la famille Despature, dont Paul-Georges Despature, propriétaire des marques Damart et Somfy, résident en Suisse et en Belgique

    – Paul Dubrulle, (co-créateur du Groupe Accor) et ancien sénateur-maire de Fontainebleau, réside à Cologny en Suisse

    – Des membres de la famille Ducros résident à Cologny en Suisse

    – Pierre-François Grimaldi (iBazar), réside en Belgique

    – Eric Guerlain, (Groupe Christian Dior), réside en Grande-Bretagne

    – Daniel Hechter, créateur réside en Suisse

    – Philippe Hersant, (groupe Hersant presse) réside en Belgique

    – Philippe Jaffré, (ancien président dElf)

    – Robert Louis-Dreyfus et des héritiers Louis-Dreyfus (Groupe Louis-Dreyfus, Olympique de Marseille) résident à Zurich en Suisse

    – Des membres de la famille Mimram, dont Jean-Claude Mimram, (Compagnie sucrière sénégalaise…) résident à Gstaad en Suisse

    – Alexandra Pereyre de Nonancourt et des membres de la famille, (propriétaire des champagnes Laurent-Perrier), résident en Suisse

    – Denis Payre (1), (fondateur de Business Objects), réside en Belgique ou il a démarré une nouvelle société, Kiala, qui a embauché 100 personnes

    – Des membres de la famille Peugeot, (Groupe PSA), résident en Suisse

  • « Sur l’immigration, le débat existe encore dans les médias, plus dans l'opinion », par Clément Pétreault.

    ENTRETIEN. Pour Christophe Guilluy, inventeur du concept de « France périphérique », l’approche politique « par tribus » ne fonctionne plus.

    2.jpgGéographe, souvent attaqué par le monde académique, Christophe Guilluy est aujourd’hui un « intellectuel désaffilié », qui refuse catégoriquement de se rattacher à une école de pensée. Là n’est pas le moindre de ses défauts. Cet observateur clinique des transformations du pays produit des travaux qui ont rencontré un certain écho depuis quelques années.

    Il n’en fallait pas tant pour que le géographe – venu de la gauche – devienne celui qu’il fallait consensuellement détester dans sa famille politique d’origine, alors pourtant qu’il redonnait son lustre à des grilles de lecture on ne peut plus marxistes de nos sociétés… Christophe Guilluy décortique le malaise qui alimente les populismes. Interview.

    Le Point : Vous écrivez que « pour la première fois depuis les années 1980, la classe dominante fait face à une véritable opposition. Les gens ordinaires sont sortis du ghetto culturel dans lequel ils étaient assignés, ils ont fait irruption au salon ». Pour vous, le réveil des classes populaires est un mouvement inéluctable ?

    Christophe Guilluy : Pour comprendre les raisons d’un réveil des classes populaires, il faut remonter aux années 1980. Christopher Lasch, qui alertait sur la « sécession des élites », avait vu juste. Ce qu’il n’avait pas vu en revanche, c’est que ce phénomène s’étendrait au-delà des élites et toucherait l’ensemble des catégories supérieures. Elles aussi ont fait sécession. Ce n’est pas par stratégie ou volonté cynique, simplement, le modèle qui s’est imposé de fait ne permettait plus l’intégration économique du plus grand nombre. Ce modèle, c’est celui d’une mondialisation, synonyme à ses débuts d’une rationalité progressiste qui nous laissait croire, dans sa logique optimiste, que l’ouvrier d’ici allait être, pour son plus grand avantage, remplacé par l’ouvrier chinois.

    Il y a toujours eu des voix discordantes, à droite comme à gauche, pour refuser ce modèle…

    Oui, mais sans succès, car ceux qui doutaient étaient perçus comme des vieux ronchons, ce qui fut le cas de Jean-Pierre Chevènement par exemple. Pour le reste, le monde intellectuel, culturel, médiatique et les catégories supérieures allaient clairement dans le sens de ce qui semblait constituer à l’époque un progrès sympathique. Sauf que personne n’avait mesuré les effets sociaux qui allaient s’en suivre : la classe ouvrière s’est effondrée. Beaucoup pensaient à l’époque que ce phénomène se limiterait à la classe ouvrière et à la vieille industrie, au monde d’avant… Sauf que le phénomène a progressivement gagné le monde paysan, puis les petits employés d’une partie du secteur tertiaire, que l’on croyait pourtant préservé. C’est ce que j’ai appelé la désaffiliation économique des classes moyennes intégrées, qui hier étaient majoritaires. Ce modèle très inégalitaire a engendré une concentration des richesses et laissé de côté des pans entiers – finalement majoritaires – de la population occidentale. Cette réorganisation sociale s’est accompagnée d’une réorganisation géographique silencieuse très visible sur le territoire, avec l’hyper concentration des richesses dans les métropoles mondialisées.

    Le PIB n’a jamais cessé de progresser en France depuis les années 1980…

    C’est un modèle économique très pertinent, qui fonctionne tant que l’on garde les yeux rivés sur le PIB. Sur ces 40 dernières années, le PIB n’a cessé en moyenne d’augmenter. De manière globale, ce système fonctionne, mais n’intègre plus les classes populaires, ni économiquement ni culturellement. Nous sommes arrivés – et nous le constatons tous les jours – à un moment où les classes populaires ne se reconnaissent plus du tout dans la narration produite par la classe politique et la classe médiatique, nous sommes entrés dans l’ère de la défiance et d’autonomisation culturelle des catégories moyennes et populaires.

    Dans leurs stratégies électorales, les partis ne s’adressent plus qu’aux catégories supérieures et aux retraités.

    Comment expliquez-vous que les partis politiques ne soient plus capables de limiter cette défiance ?

    Les partis de droite et de gauche traditionnels ont été conçus pour représenter une classe moyenne majoritaire et intégrée. Ils ne conçoivent pas que cette classe moyenne et populaire majoritaire se soit désintégrée et continuent à s’adresser à une classe moyenne majoritaire qui n’existe plus. Le monde d’en bas ne se reconnaît pas plus dans le monde politique qu’il ne s’intéresse au cinéma français subventionné… Dans leurs stratégies électorales, les partis ne s’adressent plus qu’aux catégories supérieures et aux retraités. Cela pose un vrai problème, car leurs représentations de la société n’ont pas changé, ce sont toujours celles des populations intégrées.

    Donc d’après vous, c’est ce décalage brutal entre la réalité et les représentations qui fait naître la défiance ?

    Cette autonomisation culturelle et économique des catégories populaires ne s’est pas faite en un jour, c’est un processus, imperceptible au début, qui s’étale sur une quarantaine d’années, mais qui finit par devenir massif. Le concept de « France périphérique » a posé problème au monde académique, car je l’ai énoncé comme étant un « phénomène majoritaire », qui allait bouleverser la société tout entière. À partir du moment où il existe un bloc majoritaire, mais non représenté, il devient logique qu’il y ait une réaction. C’est ce qui s’est produit à l’occasion d’événements comme le Brexit en Grande-Bretagne par exemple.

    Est-ce une manière de dire que l’on confond les causes et les effets ? Que l’irruption de figures populistes ne serait que la conséquence d’un vide politique et non un horizon espéré par les classes populaires ?

    Les gens ordinaires utilisent des marionnettes populistes pour dire « nous existons ». Sauf que cette nouvelle organisation modifie la nature du conflit. Les mouvements sociaux prennent des airs de « mouvements existentiels ». C’était le cas des Gilets jaunes où l’on a vu sortir les catégories fragilisées et se constituer en bloc. Le message était « nous sommes encore la société, nous ne voulons pas mourir et nous cherchons une offre politique pour répondre à nos demandes ».

    À quoi ressemblerait un parti politique qui défend réellement les classes populaires ?

    Pour l’heure, aucun parti ne les représente, c’est ce qui explique l’importance de l’abstention dans ces catégories. Quand elles votent, elles choisissent souvent les partis dit populistes de gauche ou de droite. Par exemple, une fraction des classes populaires choisit le Front national pour mettre sur la table la question que les autres partis ne veulent pas traiter, qui est la question de l’immigration. Le RN existera tant que ce thème ne sera pas traité, mais en dehors de ce thème, c’est un parti qui n’existe pas, qui n’a pas de militants, pas d’ancrage… J’en viens de plus en plus à considérer l’élection comme un « sondage grandeur nature » dans lequel les catégories populaires nous disent « il y a un petit problème avec l’immigration et la société multiculturelle », ce que nous refusons d’entendre…

    Ce n’est donc pas la stratégie du RN qui serait « gagnante », mais celles des autres partis qui serait perdante ?

    Il existe presque autant de versions du RN que d’élections… Il faut se rappeler que le FN de Jean-Marie Le Pen était un parti d’extrême droite classique, qui s’adressait aux petits indépendants et à une partie de la bourgeoisie. Le FN est devenu ouvriériste lorsque la classe ouvrière a commencé à voter pour lui. Puis le FN a commencé à s’adresser à la France rurale quand le monde paysan a commencé à voter pour lui… Le problème des élites aujourd’hui, c’est qu’elles ont un tel mépris pour les classes populaires qu’à aucun moment elles ne s’imaginent que c’est l’absence de choix qui fabrique le choix par défaut.

    Pourquoi les politiques ne parviennent-ils pas à leur parler ?

    Je crois qu’il y a un sujet sur les représentations… La classe politique, tout comme la classe médiatique, est biberonnée à une vision totalement fictionnelle du monde, qui passe par une lecture panélisée des sociétés occidentales. C’est cette vision qui pousse les politiques à ne parler qu’à des segments de la société. Cette pratique de la politique par segments instaure une vision totalement néo-libérale de notre société. Il n’y a pas plus segmenté que la population des métropoles où l’on trouve des commerces hyper ciblés, correspondant à des catégories socioculturelles spécifiques. C’est la netflixisation de la société et des esprits ! De Sarkozy à Macron, ça pense en « mode Netflix », car dans le monde de Netflix il n’y a que des segments, que des tribus. À titre personnel, je pense que ce morcellement infini en tribus ne correspond pas encore à ce qu’est la société.

    Il existe quand même des sujets transversaux capables de constituer des majorités…

    Chaque campagne électorale nous le démontre ! Sur bien des thématiques, il y a des consensus majoritaires, que ce soit sur le travail, l’État providence, les modes de vie, l’immigration, l’organisation du territoire ou la sécurité… Sur toutes ces thématiques, une immense majorité de la population pense la même chose : les gens veulent vivre de leur travail, considèrent que l’on doit préserver les services publics, que l’on ne devrait pas bénéficier de droits sociaux sans travailler… Sur l’immigration, le débat existe encore dans les médias, mais il est clos dans l’opinion depuis 15 ans. Les deux tiers de l’opinion, voire davantage, pensent qu’il faut stopper l’immigration. C’est la même chose partout en Europe, aux États-Unis, au Brésil ou au Sénégal ! C’est anthropologiquement la même chose dans le monde entier. Préserver son mode de vie n’a rien de scandaleux, et lorsque je parle de mode de vie, je n’y inclus aucune lecture ethnique ou religieuse. Cette thématique du mode de vie est abordée de manière très consensuelle au Danemark par un gouvernement social-démocrate de gauche dirigé par une femme de gauche…

    Donc pour vous, tous les partis devraient se ranger à l’opinion majoritaire sur l’immigration ?

    Il y a en France des thèmes ultra majoritaires que n’importe quel parti politique normalement constitué ne devrait pas éluder. Sauf qu’on laisse de côté ces thèmes, pour cibler des segments électoraux qui, additionnés, permettent d’atteindre les 20 % nécessaires à une qualification au second tour. Cela signifie que celui qui gagne les élections est élu sur un programme ultra-minoritaire. Et c'est pourquoi depuis 15 ans, ceux qui sont élus à la tête du pays sont immédiatement minoritaires dans l’opinion. La défiance politique que l’on a pu voir dans l’anti-sarkozysme, l’anti-hollandisme, ou l’anti-macronisme atteint des niveaux extrêmes et inquiétants. Quand je parle du temps des gens ordinaires, c’est une invitation à s’inscrire dans une logique démocratique, donc majoritaire. Ce qui rend possible la cancel culture par exemple, c’est l’inexistence d’une majorité. Sans majorité culturelle, la nature ayant horreur du vide, toutes les minorités deviennent légitimes à faire exister leur vision culturelle du monde…

    Ne craignez-vous pas d’accentuer les fractures avec des discours de ce type sur l’immigration ?

    Depuis 40 ans, alors même qu’on leur dit qu’elles se plantent, les classes populaires ont fait le bon diagnostic sur l’économie, sur les territoires, sur l’immigration. Quand je dis classes populaires, certains pensent « petits blancs »… je précise donc que cette vision n’est pas ethnique, car la question de la sécurité culturelle est posée à tout le monde. Si nous voulons apaiser les choses, le seul levier républicain est l’arrêt des flux migratoires, notamment dans les « quartiers » – je déteste ce mot – où l’objectif devrait être de mieux faire « vieillir » la population pour apaiser les tensions. C’est que c’est un moyen rationnel, efficace et peu coûteux d’apaiser les choses. Je suis frappé aujourd’hui par la manière dont on présente les problèmes. L’exemple du salafisme est parlant. C’est un problème totalement mondialisé sur lequel aucune politique publique ne peut avoir de prise… raison pour laquelle il ne se passera rien. Jouer les gros durs devant les caméras sur ces sujets ne permet en rien d’apaiser les choses.

    Sous le mandat d’Emmanuel Macron, les obsessions identitaires ont littéralement explosé, de manière plus rapide et plus puissante que les pays voisins européens. Comment expliquez-vous ce phénomène, et accessoirement, comment le résoudre ?

    Soit la majorité existe, soit elle n’existe pas. Je vous renvoie aux travaux de Robert Putnam, l’historien américain qui avait démontré que plus une ville américaine était multi-culturelle, plus la défiance augmentait et plus le bien commun était réduit, car chacun était alors tenté de défendre le bien de sa communauté. Quel que soit le modèle, républicain-français, communautariste anglo-saxon, ou lié à l’État providence comme en Suède, on aboutit aux mêmes tensions. Le religieux monte partout et la question ethnique se généralise… Ce processus est d’autant plus rapide que l’on nie l’existence d’un mode de v

  • Représailles au sabotage des gazoducs par l’Amérique : les câbles sous-marins internet ! par Marc Rousset

     

    Vladimir Poutine, lors de son discours au Kremlin, qui fera date, d’unification à la Fédération de Russie, du vendredi 30 septembre, a accusé l’Amérique d’avoir provoqué l’explosion des gazoducs : « La dictature des États-Unis repose sur la force brute, c’est la loi du plus fort ». Poutine a imputé ce sabotage aux États-Unis qui « font pression » sur les pays européens pour qu’ils coupent complètement leur approvisionnement en gaz russe « afin de s’emparer (eux-mêmes) du marché européen ».

    Et Poutine accusateur encore plus direct et formel contre les États-Unis d’ajouter dans son discours afin d’ouvrir les yeux aux Européens lobotomisés, des traîtres que sont Macron, Scholz, von der Leyen :

    MARC ROUSSET.jpg« Les sanctions ne suffisent pas aux Anglo-Saxons ; ils sont passés au sabotage incroyable, mais vrai : après avoir organisé des explosions sur les gazoducs internationaux Nord Stream, qui longent le fond de la mer Baltique, ils ont commencé à détruire les infrastructures énergétiques paneuropéennes. C’est clair pour tous ceux qui en bénéficient. C’est celui qui en profite qui l’a fait, bien sûr ». Le saboteur, c’est donc bien les États-Unis et personne d’autre ! À qui profite le crime ? Aux seuls États-Unis !

    Le sabotage est énorme et n’a pu être réalisé que par une puissance étatique puisqu’il y a eu deux explosions de 500 kg et 700 kg de TNT (magnitudes 2,1 et 2,3 sur l’échelle de Richter) dans les eaux internationales à l’est de l’île danoise de Bornholm, selon l’institut norvégien de sismologie « Norsar ». Les fuites de gaz sont énormes avec des bouillonnements allant de 200 à 900 mètres de diamètre, jusqu’à ce que les deux gazoducs Nord Stream 1 et 2 se vident complètement en plusieurs jours. Il semble que les deux gazoducs soient inutilisables car l’eau est rentrée dans les gazoducs pour les remplir complètement avec des dommages irréparables.

    L’Allemagne, caniche de l’OTAN, capitule honteusement face à la destruction de sa puissance économique par l’Amérique, reste totalement passive face à la catastrophe que représente pour son industrie la perte de compétitivité en matière d’approvisionnement énergétique, ne dit rien et se jette par lâcheté encore davantage dans les bras et les filets de l’Amérique. Déjà le 7 février 2022, l’incapable Olaf Scholz, un duplicata de Macron, n’avait pas bronché ni fait la moindre remarque lorsque, lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, Joe Biden avait dit publiquement, en sa présence puisqu’il était debout derrière le pupitre d’à côté, « que les États-Unis ne se priveraient pas d’arrêter Nord Stream 2, en cas de guerre avec la Russie ». L’Allemagne dirigée par les incapables SPD, style Renaissance en France, ne proteste pas et capitule donc une seconde fois dans son histoire depuis 1945. L’ennemi de la France, de l’Union européenne et de l’Allemagne, ce n’est pas la Russie, mais bel et bien les États-Unis qui nous saoulent de belles paroles utopiques, moralistes, kantiennes, démocratiques, droit-de-l’hommistes, mais sont en fait de vrais gangsters égoïstes ne croyant, comme le philosophe Hervé Gusdorf, qu’au seul rapport de forces (« Tout n’est que force et rapport de forces »). Il est clair, comme le démontre ce sabotage machiavélique, que les États-Unis veulent supprimer tous les liens entre l’Allemagne, l’Europe et la Russie ! « Divide ut regnes ! » disaient les Romains.

    Pourquoi n’y a-t-il aucun doute possible que c’est l’Amérique, notre pseudo-alliée depuis Lafayette, qui a bel et bien fait exploser les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2, ce que confirme l’expert genevois Jacques Baud, ancien haut responsable de l’OTAN ? D’une façon non exhaustive, les principales raisons nous semblent être les suivantes :
    – Les gazoducs appartiennent à la Russie. Si Poutine voulait supprimer le gaz aux Allemands, il lui suffisait de fermer le robinet. Pourquoi donc se serait-il embarrassé à faire exploser ses propres gazoducs, d’autant plus que c’était une opportunité pour lui de les rouvrir, après des négociations avec l’Allemagne, ce qui n’est plus possible aujourd’hui !
    – En fait c’est parce que le bon sens, qui manque aux Macron, Scholz et Cie vendus à l’Amérique, commençait à s’emparer des Allemands avec des manifestations de masse dans la rue, en demandant purement et simplement sur leurs pancartes de protestation la réouverture des gazoducs Nord Stream 1 et 2. L’Amérique a alors pris peur que le vent tourne prochainement en Allemagne et a voulu commettre un acte irréversible en détruisant pratiquement les deux gazoducs ;
    – De nombreux hommes politiques allemands commençaient aussi à demander la réouverture des gazoducs Nord Stream, et plus particulièrement les dirigeants de l’AfD, à l’origine de nombreuses déclarations et manifestations de foules ;
    – L’île danoise de Bornholm, où ont eu lieu les explosions, est géographiquement très stratégique car elle est située en plein milieu d’un rétrécissement de la mer Baltique et donc très surveillée par l’OTAN. Il était donc très difficile aux navires russes de passer inaperçus ;
    – Et c’est justement vers cette île de Bornholm qu’ont eu lieu tout récemment des soi-disant exercices de la marine américaine avec de nombreux vols d’hélicoptères de l’US Navy, ce qui a été confirmé officiellement par le magazine spécialisé américain « Sea Power » ;
    – Biden, comme déjà mentionné ci-dessus, a déclaré explicitement devant Scholz, début février, que le gazoduc Nord Stream 2 devait être détruit en cas de guerre avec la Russie ;
    – Biden, l’inconscient « Sleepy Joe », a décidé cette mesure préventive et punitive de sabotage, craignant aussi que cet hiver, les Européens finissent par craquer et recommencent à importer massivement du gaz russe écologique bon marché, en se passant de l’abominable gaz de schiste américain ;
    – L’Amérique, comme le remarque également l’expert genevois Jacques Baud, a déjà saboté et détruit en 1982, pendant la guerre froide, un gazoduc soviétique qui devait passer par l’Ukraine pour alimenter l’Europe ;
    – N’oublions pas que si des gens meurent aujourd’hui en Ukraine, c’est à cause de la seule Amérique qui a empêché Zelensky de négocier, en mars 2022, avec la Russie, contrairement ce qu’il souhaitait spontanément ! L’Amérique va-t-en-guerre a convaincu Zelensky qu’elle allait détruire la Russie avec des sanctions économiques très dures, jamais vues et jamais pratiquées jusqu’à ce jour, tout en lui fournissant des armes modernes, ce qu’elle fait effectivement, tout comme le valet Macron avec les canons Caesar prélevés sur les stocks peu garnis de l’armée française. L’Amérique emploie l’arme des sanctions économiques et « fournit le matériel de guerre tandis que les Ukrainiens fournissent les cadavres », comme l’a très bien explicité le président du Mexique !
    – C’est une trop belle occasion pour l’Amérique de détruire l’industrie lourde européenne et allemande qui disparaîtra par manque de compétitivité (disparition d’un « peer competitor ») ou qui cherchera à délocaliser dans le sud des États-Unis pour survivre, en augmentant le PIB américain et le nombre des chômeurs en Europe !
    – L’Amérique pourra aussi prendre une partie du marché européen avec un gaz de schiste non écologique et deux fois plus cher, nécessitant le transport par des méthaniers polluants sur l’Atlantique et la création d’usines de liquéfaction dans les ports européens, autre source de pollution. Il faudra 700 méthaniers pour traverser l’Atlantique et remplacer les 55 milliards de m3 de gaz qui arrivaient par Nord Stream 1 ! Bravo Madame von der Leyen, déjà vendue à l’Amérique en raison des nombreux contrats de l’UE signés avec Pfizer, afin de faciliter l’embauche de votre mari dans une filiale du Groupe, pour nous conduire tout droit à une Europe désindustrialisée, ruinée, non écologique et asservie à l’Amérique !
    – L’obsession de l’Amérique, comme l’a très bien formulé Brzezinski dans « le Grand Échiquier », c’est de mettre fin à toute idée gaullienne de l’Europe de l’Atlantique à l’Oural, de couper les relations naturelles et complémentaires entre la Russie et l’Europe !

    Biden, par cet acte odieux et stupide vis-à-vis de ses alliés européens, vient de commettre une faute cardinale, susceptible de donner la victoire finale à la Russie ! Trop, c’est trop ! Et les médias politiquement corrects ne pourront pas cacher indéfiniment les vérités énoncées ci-dessus. L’Occident, l’Amérique , l’OTAN et l’UE ont décidé et cru mettre à genoux la Russie, à coups de sanctions économiques astronomiques, d’aide financière démesurée et de matériel militaire à l’Ukraine qui a déjà perdu tout son matériel de guerre d’origine détruit par les Russes, en lui gelant les réserves en euros et dollars de sa banque centrale avec des méthodes de gangsters, pour la déclarer très vite en cessation de paiement, en l’excluant du système de transfert Swift très répandu dans le monde, en n’hésitant pas à assassiner la fille de Douguine, et même, comme nous le vivons actuellement, à faire exploser des gazoducs vitaux !

    C’est cette même Amérique odieuse qui a cru devoir bombarder Hiroshima et Nagasaki avec l’arme nucléaire, qui a détruit Caen et Le Havre en France, qui a, comme le remarque Poutine dans son discours, détruit aussi Dresde, Hambourg, Cologne et de nombreuses autres villes allemandes, sans aucune nécessité militaire, qui a déclenché la guerre du Vietnam avec le prétexte de fausses attaques de navires américains par la marine vietnamienne, qui a déclenché une guerre horrible en Irak avec les soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein et les petites fioles « bidon » en guise de preuves déposées sur sa table aux Nations unies par le général Powell, qui a fait stupidement bombarder la Libye du colonel Kadhafi par les caniches Sarkozy et Blair, avec la bénédiction d’Obama.
    C’est aussi cette même sainte nitouche Amérique qui, malgré la chute du Mur de Berlin, a déclenché les hostilités envers la Russie avec l’extension sans fin de l’OTAN à l’Est, qui a organisé le coup d’État de Maïdan à Kiev en 2014, afin de renverser le Premier ministre ukrainien pro-russe, démocratiquement élu, avec l’aide des mouvements nazis ukrainiens et des services secrets polonais.

    La grande frousse de l’Amérique, c’est l’Europe de Brest à Vladivostok, l’axe Paris-Berlin-Rome-Moscou, le projet de Confédération européenne présenté par François Mitterrand qui incluait la Russie et excluait l’Amérique, en 1991, comme réponse politique française à la demande par Gorbatchev de la paix, de la coopération pacifique avec la Russie, de la mise en place d’une « Maison commune européenne ».

    Les médias français et occidentaux mentent donc comme des arracheurs de dents en niant l’évidence, que c’est donc bel et bien l’Amérique qui a bombardé les gazoducs Nord Stream 1 et 2 ! Trump, qui sait parfaitement que Biden est l’auteur de la « bourde », est d’ailleurs sorti pour la première fois de de son silence ; il a insisté sur la gravité du sabotage qui peut conduire « à des événements graves à terme, à une escalade majeure et à la guerre ». Son cri du cœur « N’aggravez pas les choses avec l’explosion du gazoduc » est un appel direct à Biden !

    La Russie a donc le droit légitime de rendre la monnaie de la pièce à l’Amérique en s’en prenant aux câbles internet sous-marins stratégiques d’importance vitale pour Wall Street, contrairement à l’économie russe. Les autoroutes de fibre optique reposant au fond des mers sont des artères vitales. On en compte plus de 420 dans le monde, totalisant 1,3 million de kilomètres, soit 32 fois le tour de la Terre, soit 3 fois la distance de la Terre à la lune. N’en déplaise aux satellites, 99,7 % des échanges de données entre les continents passent par des câbles sous-marins constitués de fibres optiques. Ce sont tous les jours 10 000 milliards de dollars de transactions financières qui passent par ces câbles ! Wall Street et les Bourses européennes pourraient s’effondrer du jour au lendemain si ces câbles étaient coupés ! Swift, le fameux réseau de messagerie bancaire pour les virements internationaux, d’un montant de 77 000 milliards de dollars en 2019, dont a été exclu la Russie par les Occidentaux, afin de mieux la détruire, passe par ces câbles sous-marins !

    Ce plus d’un million de kilomètres de câbles internet reliant les continents est très vulnérable ! Les câbles sont enterrés entre 1 et 3 mètres lorsqu’ils sont proches des côtes et simplement posés sur le fond lorsque la profondeur de l’eau augmente, donc très faciles à sectionner si un État dispose du matériel adéquat. Il se trouve que la Russie et les États-Unis entraînent leurs sous-mariniers à poser des mouchards pour espionner ou pour détruire discrètement les câbles ! Leurs armées disposent toutes deux de submersibles spécialement adaptés, des sous-marins nucléaires d’attaque équipés de sas et de sous-marins de poche, pour intervenir en profondeur et en toute discrétion. Au début des années 2000, l’US Navy avait consenti une rallonge de 1 milliard de dollars pour transformer un SNA tout juste entré en service, l’USS Jimmy Carter, en spécialiste des opérations sous-marines spéciales (ce qui a été le cas pour le sabotage de Nord Stream par l’Amérique à Bornholm).

    En 2021, un navire océanographique russe a été repéré au large de l’Irlande ! Il aurait suivi les câbles Celtic Norse et AEConnect-1 qui relient l’île aux États-Unis. À son bord se trouvait un mini sous-marin capable de plonger à 6 000 mètres de profondeur ! L’Europe pourrait donc se retrouver totalement coupée d’internet contrôlée par les géants américains, sans réseaux sociaux et sans moyen de communiquer. La prochaine cible prioritaire pour la Russie, afin de calmer Biden, Macron, Scholz et von der Leyen, dans le contexte actuel, pourrait donc être les câbles de communication sous-marins qui relient l’Europe aux États-Unis, plutôt qu’une bombe tactique nucléaire en Ukraine, comme le réclame le guerrier tchétchène Kadyrov !

    Dans l’un de ses rares jours de sincérité, à la veille de sa mort, l’ordure socialiste, décadente, hypocrite, mais très intelligente François Mitterrand a pu confier à Georges-Marc Benamou, auteur du livre « Le dernier Mitterrand » :     « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort ».

    Marc Rousset
    Auteur de « Comment sauver la France/Pour une Europe des nations avec la Russie »

    1A.jpg

  • Éphéméride du 12 février

    Le Louvre, Galerie d'Apollon, où se trouvent les Joyaux de la Couronne...

     

     

    13 mars,germain pilon,renaissance,francois premier,henri ii,saint denis,jean goujonIl y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares événements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d'autres dates, sous une autre "entrée".

    Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel  à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.

    Ces jours creux seront donc prétexte à autant d'Évocations :  

    1. Essai de bilan des Capétiens, par Michel Mourre (2 février)

    2. Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne... Ou : comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire (12 février)

    3. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. I : La cathédrale de Reims et la cérémonie du sacre du roi de France (15 février)

    4. Les deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. II : La basilique de Saint-Denis, nécropole royale (19 février)

    5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française (13 mars)

    6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France... (11 avril)

    7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien (28 avril)

    8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 ! (4 mai)

    9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)

    10.  Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650 (26 juillet)

    11. Le Mont Saint Michel (11 août)

    12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord (29 septembre)

    13. Quand Léonard de Vinci s'est installé au Clos Lucé (27 octobre) 

     

    2 fevrier,capetiens,mourre,merovingiens,carolingiens,hugues capet,philippe auguste,plantagenets,croisades,bouvines,charlemagne,saint louis,senlis 

    Aujourd'hui : Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne.

    Ou : Comment la Troisième République naissante, par haine du passé national, juste après avoir fait démolir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Histoire

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte"Du passé faisons table rase !"  

    Par haine de nos racines, la Révolution avait déjà fait disparaître entre le quart et le tiers de notre patrimoine.

    La Troisième République naissante poursuivra dans cette même voie : destruction des Tuileries (le "château de Paris") et dispersion des Joyaux de la Couronne (loi du 11 janvier 1887).

    Le peu qu'il nous reste de ce fabuleux trésor est exposé aujourd'hui dans la Galerie d'Apollon, au Louvre (ci contre et ci dessus)

     I : Origine des Joyaux de la Couronne...

      

    C’est François 1er qui, en faisant don à l’État, par Lettres patentes du 15 juin 1530, de ses pierres les plus estimées, est à l’origine du trésor des Joyaux de la Couronne.

    La plupart des parures provenaient d’Anne de Bretagne, qui les tenait de Marguerite de Foix. Il y avait notamment un diamant connu au XVIème siècle sous le nom de la "Belle Pointe". Plus célèbre encore, un rubis de 206 carats portait le nom de "Côte de Bretagne". Son sort avait été lié à deux autres gros rubis qui, après bien des aventures lors des Guerres de Religions et plus tard encore, réintégrèrent le mobilier de la Couronne grâce à Colbert. La "Côte de Bretagne", pierre brute, fut portée par les souverains, taillée en dragon tenant la Toison d’Or dans sa gueule.

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    La "Côte de Bretagne", Spinelle rouge
    taillée en forme de dragon par Jacques Guay en 1750, Musée du Louvre.

      

    Sous le règne d’Henri IV, apparut un personnage dont le nom demeure lié à l’histoire des diamants de la Couronne : Nicolas Harlay de Sancy. Il possédait plusieurs diamants sur lesquels il empruntait des sommes considérables qu’il mettait à la disposition du roi. L’un des joyaux reçut son nom (le Sancy) : il fut vendu à Jacques Ier, roi d’Angleterre. Lors de la Révolution anglaise, Henriette de France, fille d’Henri IV, soeur de Louis XIII et épouse de Charles Ier d’Angleterre l’emporta avec elle. Pressée d’argent, elle le donna en gage en 1655 en même temps qu’un autre, le "Miroir du Portugal", au duc d’Épernon. La reine les racheta peu après tous les deux pour les vendre en 1657 au cardinal de Mazarin qui, a sa mort les laissa à Louis XIV avec seize autres diamants de premier ordre.

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    Le Sancy

           

    Au XVIIIème siècle, deux pierres extraordinaires entrèrent dans le trésor : le "Grand Diamant bleu" (voir paragraphe V) et le Diamant de la maison de Guise. Quand au fameux "Régent" - aujourd'hui visible au musée du Louvre - l’achat, en 1717, en a été conté par Saint-Simon dans ses "Mémoires"...

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    Le Régent (sur son acquisition, et sur la pierre elle-même, voir l'Éphéméride du 6 juin)

     

      

    II : Pendant la Révolution, le vol des Joyaux...

                                                                                   12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    L'Hortensia, le diamant rose de Louis XIV...

     

    Les Diamants de la couronne sont rassemblés dans le Garde-meubles, sur la Place Louis XV (actuelle Place de la Concorde). Depuis le début du règne, ils sont confiés à la garde de Lemoine-Crécy, un parfait honnête homme, au-dessus de tout soupçon. Ces pierreries, ces objets d'or massif, ces antiques, les parisiens les connaissent bien car, chaque mardi de Pâques, à la Saint-Martin, ils ont pu les admirer; c'est un des buts de promenade préféré du peuple. Sous l'oeil débonnaire des Gardes-françaises, on se pressait devant les vitrines.

    Le peuple admirait, avec fierté, puisque - comme cela se passe en Angleterre aujourd'hui... - la personne royale se confondait avec l'État.

    Après Varennes, Lameth propose que soit dressé un inventaire précis de ce fabuleux trésor qui appartient désormais à la Nation. Trois députés sont nommés commissaires : Bron, Christin et Delattre. Ils s'entourent de onze experts et après trois mois de travail déposent sur le bureau de l'Assemblée, un inventaire complet. Ils ont dénombré, en particulier, neuf mille cinq cent quarante-sept diamants.

    L'ensemble est évalué à la sommes fabuleuse de trente-millions de francs.

    Désormais, les visites des collections sont autorisées chaque lundi, et Lemoine-Crécy est remplacé par Restou, protégé et créature de Roland.

    Le 17 septembre 1792, Roland monte à la tribune de la Convention annonce :

    "Le garde-meuble vient d'être forcé et pillé, et les diamants ont disparu. Cet acte inouï n'a pu avoir lieu que sous le couvert d'une vaste machination"...

    On saura jamais ce qui s'est vraiment passé : quelques pauvres hères ou seconds couteaux seront rapidement jugés, et cinq exécutés sous l'inculpation de menées contre-révolutionnaires, la promptitude de l'exécution devant, sans doute, protéger des personnages plus haut placés. On a évoqué les ministres girondins - notamment  le ministre de l'Intérieur Roland - et même le ministre de la Justice Danton qui aurait fait parvenir certains joyaux au duc de Brunswick, commandant des troupes d'invasion prussiennes, pour le convaincre de se retirer, ce qui expliquerait le côté "inespéré" (!) et, en tout cas, tout à fait inattendu, de la bataille de Valmy !...

    Très vite, la plus grande partie des diamants sera retrouvée, en tous cas les plus belles pièces : seules les plus petites avaient pu être revendues ou, comme on dit dans le métier, "négociées"...

     Sur cette "bizarre" affaire... : 

    http://www.notesprecieuses.com/lemagazine/2011/12/03/vol-des-joyaux-de-la-couronne/

     

            

    III : L’article de Daniel Alcoufffe dans La Tribune de l’Art (23/1/2008)  :

    Une catastrophe nationale : la vente des Diamants de la Couronne en 1887.

     

    En cette période où l’inaliénabilité des œuvres conservées dans les collections publiques est menacée, il peut être utile de rappeler, avec l’aide des travaux de M. Bernard Morel, la vente lamentable des Diamants de la Couronne organisée par l’Etat en 1887. Elle amputa vertigineusement le patrimoine national.

    La collection des Diamants de la Couronne fut constituée de façon délibérée en 1530 par François 1er qui isola un petit groupe de huit pierres ou bijoux en sa possession et les déclara inaliénables.

    Ils furent inventoriés ainsi :

    "Ce sont les bagues que le roy François Ier de ce nom a donné et donne à ses successeurs à la couronne de France et veult que à chascune mutacion, l’inventaire d’icelles ensemble leur apréciacion, poix, paincture, plomp soient vériffiez en leur présence, affin qu’ils baillent leurs lettres patentes obligatoires de les garder à leurs successeurs à la couronne".

    Ce premier fonds dont il ne subsiste que le rubis dit la Côte-de-Bretagne fut considérablement augmenté par la suite, particulièrement par Louis XIV. Les pierres furent parfois mises en gage mais furent toujours récupérées. Le trésor fut amoindri par le célèbre vol qui eut lieu, dans la semaine du 11 au 17 septembre 1792, à l’hôtel du Garde-Meuble de la Couronne, à Paris, où il était conservé. Mais il fut de nouveau augmenté sous Napoléon, de telle sorte qu’il comprenait, en 1814, 65.072 pierres et perles, la plupart montées en bijoux, soit 57.771 diamants, 5.630 perles et 1.671 pierres de couleur (424 rubis, 66 saphirs, 272 émeraudes, 235 améthystes, 547 turquoises, 24 camées, 14 opales, 89 topazes).

    12 fevrier,maurras,martigues,chemin de paradis,louis xiv,versailles,gerard tenque,ordre de malte

    Diadème de la Duchesse d'Angoulême

    Christophe-Frédéric Bapst et Jacques-Evrard Bapst
    40 émeraudes; 1031 diamants; or et argent doré 

     

    Mis à l’abri pendant la guerre de 1870, les Diamants de la Couronne furent exposés avec succès à Paris en 1878, à l’occasion de l’Exposition universelle, puis en 1884, au Louvre, dans la Salle des États, Mais déjà ils étaient menacés, non par appât du gain mais par haine de la monarchie. La République, encore fragile, voulut priver à jamais les Prétendants de la possibilité d’utiliser les Diamants de la Couronne. L’adversaire le plus efficace de ces derniers fut le fils de Raspail, le député Benjamin Raspail. Il déposa à la Chambre en 1878 une motion demandant la vente, qui fut approuvée, en juin 1882 seulement, par 342 voix contre 85. La même année 1882, fut nommée une commission d’experts chargés de préparer la vente; elle proposa - et obtint, heureusement... - d’épargner quelques pierres et perles qui furent attribuées au Louvre (le Régent, la Côte-de-Bretagne), au Muséum d’histoire naturelle et à l’École des Mines.

    Après des discussions au Sénat, la Loi d’aliénation, adoptée en décembre 1886, fut publiée au Journal officiel le 11 janvier 1887, étant signée par Jules Grévy, président de la République, et par Sadi Carnot, ministre des Finances :

    "Les diamants, pierreries et joyaux faisant partie de la collection dite des Diamants de la Couronne (…) seront vendus aux enchères publiques. Le produit de cette vente sera converti en rentes sur l’État".

    À ce moment, la collection, riche de 77.486 pierres et perles, comprenait deux groupes de bijoux : le premier, le plus ancien, datant de la Restauration et le second exécuté sous le Second Empire, les Diamants de la Couronne n’ayant pas été utilisés sous la Monarchie de Juillet. Au cours de la Restauration, Louis XVIII fit remonter pour ses nièces, la duchesse d’Angoulême et la duchesse de Berry, les parures exécutées pour Marie-Louise : ainsi la vente de 1887 comprenait-elle la parure de rubis et diamants, la parure de saphirs et diamants, la parure de turquoises et diamants et le diadème en émeraudes et diamants exécutés pour ces princesses, qui avaient servi aussi à l’impératrice Eugénie. Quant aux bijoux exécutés sous le Second Empire, ils débordaient d’opulence et d’imagination. C’est en particulier à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855 que Napoléon III fit faire par les plus grands joailliers parisiens des joyaux magnifiques : une couronne pour lui, dont la monture fut brisée et fondue au moment de la vente, une couronne pour l’Impératrice, des bijoux fastueux pour celle-ci, notamment un nœud de ceinture en diamants se terminant par deux glands et une parure de feuilles de groseillier en diamants, comprenant une guirlande servant de collier, un tour de corsage et un devant de corsage. D’autres œuvres admirables furent créées dans les années suivantes, tels le Peigne à pampilles en diamants (1856), le Diadème russe (1864), le Diadème grec (1867). On aurait pu tout avoir encore…

  • Staline = Hitler ? Juste, mais incomplet...

                Ou: Staline et Hitler, les deux enfants de Robespierre et de la Convention.....

                Voici ce qu'on pouvait lire sur la page d'accueil du site Radio Vatican, le 22 août dernier:

                http://www.radiovaticana.org/FR1/Articolo.asp?c=311285

    cariacture staline hitler.jpg

                Ce dimanche, 23 août, on célèbre pour la première fois une journée européenne du souvenir des victimes du stalinisme et du nazisme. Le jour retenu correspond à l'anniversaire de la signature du pacte Molotov- Ribbentrop, en 1939, qui scella le partage de l'Europe entre Hitler, à l'Ouest, et Staline, à l'Est. Le 3 juillet dernier, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a donc mis pour la première fois le nazisme et le stalinisme sur un même pied d’égalité. C’est une nouveauté sauf pour l’Église catholique. Dans les années 30 déjà, on l’oublie trop souvent, le Pape Pie XI avait condamné sans équivoque les deux idéologies totalitaires du XXème siècle, les deux forces du mal, Hitler et Staline.
                Une résolution récente de l'Organisation de coopération et de sécurité en Europe, proposée par la Lituanie et la Slovénie, a condamné d'un même mouvement le nazisme et stalinisme et c’est une première. Dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, les catholiques sont nombreux à saluer cette initiative. Ainsi, la commission Justice et Paix de l’épiscopat slovène invite les chrétiens à s’associer à cette journée.
               

                 Voilà une nouvelle importante. On en arrive en somme à ce que l'on pourrait appeler l'acte II de l'officialisation urbi et orbi de cette vérité fondamentale, encore ignorée de beaucoup: le marxisme et le nazisme sont frères. Frères ennemis, certes -du moins, après la fin de leur Pacte de non-agression... (caricature ci dessus et ci dessous)- mais frères tout de même, frères jumeaux. 

    caricature staline hitler 1.jpg

                 L'Église catholique, comme le rappelle ici Radio Vatican, l'avait clamé haut et fort "dans les années 30": c'était ce que l'on pourrait appeler l'Acte I. Il aura tout de même fallu attendre près de 80 ans pour en arriver à ce que ce message de l'Église reçoive un aval officiel (en l'occurrence de l'OSCE): Acte II.

                 C'est un peu long, mais bon... c'est une bonne chose.

                 Il ne manque plus, donc, que l'Acte III et dernier, le Final de la pièce: montrer maintenant au public, urbi et orbi, l'origine de ces deux jumeaux. Car enfin, en politique pas plus qu'ailleurs, la génération spontanée, cela n'existe pas. Ils viennent bien de quelque part ces jumeaux, ils ont bien une origine, une filiation. Cette filiation, en droite ligne, en ligne directe, elle est très claire: l'un et l'autre sont les enfants de Robespierre et de la Convention, qui ont posé les actes fondateurs des Totalitarismes modernes, et des Génocides modernes.

                 Tout est dit, entre autres, dans le discours fondamental de Robespierre sur le jugement de Louis XVI (1ère intervention) prononcé à la tribune de la Convention le 3 décembre 1792 (1): en substance, Louis ne saurait être jugé, car le principe même d'un jugement sous-entend que l'on peut être déclaré innocent; donc la Révolution pourrait étre déclarée coupable; il faut donc que Louis meure, car s'il est innocent, alors ceux qui on fait la révolution sont coupables...          

                 Au nom de cet "admirable" (!), extra-ordinaire et... monstrueux sophisme, on a assassiné un innocent. Mais la leçon a été retenue par les deux enfants de Robespierre. 

                 A quoi bon juger ces Juifs, dira Hitler, la race aryenne ne saurait être soupçonnée d'erreur dans ses pensées, ses jugements ou ses actes, puisqu'elle est "supérieure" (!). Ces juifs doivent donc mourir, sinon c'est admettre l'idée que la race aryenne a pu se tromper, ce qui est impossible... A quoi bon juger ces dissidents, dira Staline, la classe ouvrière est l'avant-garde consciente qui a reçu pour mission de faire éclore l'Histoire et de l'achever. Elle marche dans le sens de l'Histoire, et l'idée même de juger quelqu'un qui s'oppose à elle -et qui ne peut être qu'un traître ou un malade- serait admettre l'idée que la classe ouvrière pourrait se tromper, ce qui est impossible.....

                On le voit, le tout de la mécanique infernale est contenu dans le discours de Robespierre, qui est une vraie bombe, insuffisamment lu, insuffisamment étudié. Ce discours est bien l'acte fondateur, la parole fondatrice de tous les procès nazis ou staliniens de l'histoire, de tous les Totalitarismes, de tous les Génocides.

                 On attend donc maintenant avec impatience que cette filiation Robespierre/Hitler-Staline soit officiellement reconnue et proclamée à la face du monde entier. Notre tâche est d'y contribuer. Allons-y !.....

    (1) : Nous publierons d'ailleurs bientôt, dans notre Catégorie "Grands Textes", l'intégralité de ce discours fondateur de tous les procès totalitaires, et des assassinats qui s'ensuivirent. Ce sera, en quelque sorte, "L'Anti Grand Texte" de la série....

    ROBESPIERRE.JPG
  • Réagir au processus de dé-civilisation : Les décadents de Syrock...

              A Skyrock, on se veut, évidemment, proches des jeunes, branchés, dans le vent et tout et tout... On est modernes et dynamiques etc.. etc... Sauf que, si l'on y regarde d'un peu plus près, il y a tout de même deux ou trois trucs qui clochent. Et même une face cachée...

              Jusqu'à présent c'étaient des frictions, ( doux euphémisme..) avec les autorités de régulation pour des propos tenus à l'antenne, ou des diffusions à certaines heures pouvant toucher un public réputé fragile. Des problèmes, donc, réels et sérieux, et surtout de plus en plus fréquents.

              Mais rien à voir avec ce qui vient de se passer, et qui fait vraiment tâche..... dans ce milieu où l'on a de soi-même une si haute opinion, où l'on donne si volontiers des leçons à la terre entière, et où l'on se targuerait presque d'être l'une des expressions les plus abouties de ce qui se fait de mieux en matière de jeunesse.....

    le-pdg-de-skyrock-pierre-bellanger-13-novembre-2007-2684729dlqtc_1378.jpg
     

    Le PDG de Skyrock, Pierre Bellanger (13 novembre 2007)

     

                     On savait que le PDG de Skyrock traînait une casserole bien embarassante : le 6 octobre dernier le parquet avait requis une peine d'un an avec sursis contre Pierre Bellanger pour corruption d'une mineure, avec laquelle il avait eu une relation en 1999-2000. Le tribunal correctionnel de Paris, est allé bien au-delà, le lundi 3 novembre, en rendant son jugement. Pierre Belanger a en effet été condamné à 4 ans d'emprisonnement dont 3 ans avec sursis !.....

                    
    Il a également été condamné à 15.000 euros d'amende et à verser un euro de dommages et intérêts à Laetitia, sa  victime, âgée de 17 ans à l'époque des faits. L'accusation reprochait à l'homme de radio d'avoir  "favorisé la corruption" d'une adolescente de 17 ans avec laquelle il avait une relation,  "en l'initiant à diverses formes de sexualité, notamment de groupe, homosexuelle ou sado-masochiste, y compris avec la participation de sa soeur aînée".   

     

                Lors des réquisitions, il y a un peu moins d'un mois, le procureur, François Sottet, avait estimé que le président de Skyrock avait bien "dévoyé" la jeune fille, qui "en huit mois a appris ce que d'autres mettent 30 ans à découvrir" (!). Stigmatisant "une recherche de la minorité, et encore plus de la virginité",  il avait requis un an avec sursis.

     

              Les faits, fort peu reluisants, remontent à la fin 1999. Emmanuelle, 19 ans, vit alors une "polygamie choisie" avec Pierre Bellanger et deux autres femmes dans un appartement  parisien. Elle présente à son amant sa soeur de 17 ans, Laetitia, et lui "offre sa virginité". "Fascinée" et "subjuguée" par le quadragénaire, mise en confiance par les autres concubines, Laetitia finit par accepter ces relations sexuelles. "J'étais paralysée. Je me suis laissée faire", a-t-elle témoigné, lors de l'audience du 7 octobre, devant le tribunal correctionnel de Paris.

         

              Et l'on découvre l'envers du décor d'une radio qui se veut officiellement si sympathique et si tournée vers les jeunes. Qui les comprend si bien et qui, finalement, fait tant pour eux. En fait -ce qui est somme toute assez logique...- les décadents, de corrompus se font corrupteurs. Et c'est peu ragoûtant....

          

              Emmanuelle, pas vraiment contrainte ni forcée, mais tout de même bien mise en condition psychologiquement, devient membre du groupe d' "Halcyon", formée autour de Pierre Bellanger. Elle y demeurera huit mois, avant d'en être exclue parce qu'elle avait rencontré un autre homme. C'est seulement trois ans plus tard qu'elle porte plainte après, dit-elle, avoir pris conscience d'avoir été "manipulée" et "humiliée".

     

              Elle a raconté au juge d'instruction le mode de vie très particulier qui régnait à "Halcyon" : veillées spirituelles, jeûnes, relations sexuelles parfois multiples, obligation d'écrire un journal intime très codifié mettant en scène "l'Ame", "l'Ego" et "la Bête" et contrôlé régulièrement par le "maître", sanctions quand on ne respecte pas les rites (de la douche glacée aux expositions sur le balcon, nue, en passant par  les excuses, nue encore et à genoux).

     

              Pas très joli, joli, tout ce monde là.... Et dire que, depuis si longtemps, ça pérore avec autorité, et ça donne le "la", sur l'antenne ! Décadents, corrompus, corrupteurs : réagir au processus de dé-civilisation c'est aussi dénoncer cela, ceux-là.....     

     

  • Les terreurs de Marianne à propos de l'affaire (!) des minarets, et le bon sens de Chantal Delsol sur la même ”affaire”.

                "Terribles", vraiment, les conséquences du vote suisse ? A quels sommets de cinglerie ne ménera pas la schyzophrénie en vase clos de certains, Marianne en l'occurrence !

                Perdant tout sens de la mesure, et tout sens du ridicule, Marianne donne ainsi ce ton apocalyptique à sa Une. Tous aux abris !

                Face à cette déferlante de niaiseries en tous genres, il est bon que certains aient pris leur plume pour recadrer le débat...

    Chantal Delsol nous offre ainsi dans Le Figaro du 3 décembre ce texte pertinent, qui est une sorte de réponse au(x) délire(s) et aux peurs (feintes ?) de Marianne; et qui est aussi une savoureuse remise des pendules à l'heure :

    MARIANNE.jpg

                Ce n'est pas le vote suisse qui représente un nouveau missile contre la démocratie, mais les réactions au vote suisse...

    La question est l'indignation que ce scrutin soulève. On entend partout des injures. Un vote honteux... ignominieux, dégradant, scandaleux, répètent les radios . Et pourquoi ? A croire que les Suisses viennent de commettre un crime collectif, un crime décrété par d'autres. Autrement dit, il y a une voix extérieure et sommitale qui juge ce qu'un peuple décide, et jauge cela à une aune...

                Laquelle, d'ailleurs ? L'ivresse démocratique... a bien disparu. Le peuple est encore souverain institutionnellement, mais plus vraiment dans les esprits. Naturellement, la précédente sacralisation de l'opinion populaire avait quelque chose de ridicule et de faux. Qui peut croire comme Rousseau que la volonté du peuple est "toujours droite" ? Les moines d'Occident, qui depuis Saint Benoît élisaient leur supérieur, disaient que le nombre est "présomption" d'opinion droite, et non pas preuve...

     

    DELSOL 1.jpg
     
                Mais aujourd'hui, on assiste à un processus plus radical : le début d'une mise en cause systématique, ironique et méprisante de la volonté populaire. Plusieurs types d'acteurs s'y conjuguent.
                Tout d'abord les élites universitaires, sûres de leur bon droit dans le chemin de l'émancipation et du "progrès", envisagé d'une manière strictement individualiste et déspiritualisé. Ce phénomène s'aperçoit clairement dans le cadre de l'Europe. Un peuple qui refuse d'avancer dans le sens de la laïcité à la française, dans le sens de la liberté individuelle toute puissante, ne doit pas être écouté, en raison de sa ringardise, de son conservatisme dépassé, de son "repli identitaire" (allumez la radio, vous entendrez immédiatement un journaliste affirmer d'une voix profonde et pompeuse: "il semble bien que les Suisses soient hélas tombés en plein repli identitaire").
                Et l'on trouve des truchements incroyables pour détourner la décision populaire. Les Français votent contre la "constitution" de Lisbonne ? On fait passer la décision derrière leur dos en la confiant au Parlement. Les Irlandais en font autant ? On leur impose de revoter jusqu'à ce qu'ils changent d'avis..... Manière aussi peu démocratique que possible, et qui augure bien mal de la citoyenneté européenne dont on nous rebat les oreilles...
                Et puis les intellectuels... Il s'agit pour eux de décrire une déception: le peuple, contrairement à ce qu'espéraient les grands esprits férus de modernité, se livre sottement au bon sens du village, au réalisme de mauvais aloi, à l'évidence partagé aussi par les incultes. Il s'intéresse à son pré carré... Bref, il n'a rien compris. D'ailleurs, si on le laissait faire... "Le peuple français n'aurait-il pas voté pour conserver la peine de mort, en cas de vote ?", se demande avec justesse un quotidien à propos du vote suisse. C'est bien pourquoi on ne lui a pas demandé son avis. Mais qui nous a nantis d'un peuple pareil, qui ne fait pas ce qu'on lui dit !
                Nous voyons s'avancer tout doucement la justification d'un nouveau régime: une oligarchie... Elle agira sournoisement, comme elle a déjà commencé à le faire. Elle utilisera d'abord toutes les ressources de son ironie sardonique pour ridiculiser la voix populaire qui se trompe. Puis, constatant l'inutilité de ce moyen par ailleurs assez odieux (les peuples se moquent complètement de l'ironie, qui les conforte plutôt dans leurs opinions), elle ostracisera avec vigueur les délinquants (on parle aujourd'hui de retirer massivement les comptes de Suisse), enfin elle se saisira de tous les instruments institutionnels à sa portée pour casser les décisions populaires, les remettre aux voix, les contredire en coulisse. Finalement, elle régnera sur des peuples qu'on amuse avec les scrutins, mais qui au fond ne décident rien. Les peuples ne seront peut-être pas plus malheureux. Mais enfin ils verront retomber sur eux ce sentiment d'arbitraire et d'injustice des temps anciens.
                Les oligarques, par exemple, feront de la pédophilie un horrible crime, sauf s'il est pratiqué par l'un des leurs; enfin délivrés des sottises populaires, ils seront la mesure des lois et des décisions, ce qui leur paraîtra naturel puisqu'ils sont sûrs, depuis le début, d'avoir raison: ils n'avaient pas défendu la démocratie par amour pour la liberté de pensée, mais parce qu'ils croyaient que les peuples allaient leur obéir.