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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1413

  • Culture • Régis Debray est il réactionnaire ? Débat avec Alain Finkielkraut

     

    3578948983.jpgOn ne résume ni ne commente en quelques lignes qui se doivent d'être brèves un brillantissime entretien de 50 minutes entre Alain Finkielkraut et Régis Debray*, où sont évoquées en profondeur les vraies questions, les questions essentielles qui se posent à la société contemporaine, dont la France, l'Europe, et, au sens ancien, à l'Occident. Si on a le temps, le goût et le courage, on écoute. Faute de quoi, il sera difficile d'émettre sur les idées et les combats de ces deux intellectuels de haute volée, des jugements autorisés.

    Nous ne dirons pas qu'ils appartiennent à notre famille de pensée, mais, plutôt, qu'ils s'en rapprochent, qu'ils lui sont souvent tangents et qu'il y a là, pour nous, une pressante invitation à nous y intéresser.

    On remarquera notamment l'analyse qui est faite du progressisme, dans ces réflexions qui, d'ailleurs, le déclarent sorti de l'ordre du jour. On remarquera que l'homme y est défini comme un « être de transmission », que celle-ci y est opposée à la pratique moderne, très inférieure, de la communication. On retiendra peut-être encore, cette formule par laquelle Regis Debray constate que « la mondialisation des objets produit la tribalisation des sujets ». « Et ça, ajoute-t-il, ce n'était pas au programme. ». Qu'est-ce qui est donc au programme, vers quoi allons-nous ? « Vers un ressourcement identitaire » est l'une des formules de conclusion de ce passionnant débat.  • 

     

     

    * Répliques, sur France culture, rediffusion du 16.07.2016

  • Exposition • Jean Genet ne fut pas un saint ...

    Genet militaire au Maroc dans les années 30 
     
     
    Par Peroncel-Hugoz

    Poursuivant ses reportages à Marseille Péroncel-Hugoz est allé voir l'exposition « Genet, l'échappée belle », où le Maroc est présent, et il en est sorti mi-figue mi-raisin…

     

    peroncel-hugoz 2.jpgAucun doute à ce sujet : avec son style clair, pur, à la fois classique et moderne, Jean Genet (1910-1986) est une des très grandes plumes françaises du XXe siècle, comparable seulement à quelques rares autres géants du style tels Paul Morand, Henri de Montherlant, André Gide ou François Mauriac. Son « Journal du voleur » (1946 et 1949) est un des joyaux de la littérature française paraissant tombé du ciel tout armé ou bien né d'un coup de baguette magique… Le dur labeur d'écriture qu'implique un tel livre ne se sent à aucun moment, contrairement à tant de « chefs-d’œuvre » laborieux, croulant sous prix et gros tirages. 

    L'exposition de Marseille se justifie donc pleinement même si nombre de Provençaux de souche, d'adoption ou de fréquentation, s'étonnent des regards du Mucem toujours tournés vers Paris (et le parisianisme) ; ceux qui attendent dans la cité phocéenne de grandes manifestations autour d'enfants du Midi de l'envergure de Frédéric Mistral, Marcel Pagnol, Jean Giono ou les Daudet, resteront insatisfaits pour le moment 

    MASOCHISTES MONDAINS A LA COCTEAU

    En réalité ce qui est insupportable, c'est le côté fortement « idéologique » de l'expo Genet. Certes, avec toutes ses histoires (pas toutes exactes, loin de là) de vols chez les bourgeois, Genet sut drainer très tôt vers sa personne, plus encore que vers ses écrits, si originaux soient-ils, toute une clientèle de masochistes mondains type Jean Cocteau, qui contribuèrent d'une manière décisive au lancement quasi universel de Genet ; l'essayiste nord-américain – non complaisant – de Genet, Edmond White a pu affirmer dans sa monumentale biographie de l'écrivain, en 1993, « que la rhétorique de la fin des années 60 et 70 méprisait les bons sentiments bourgeois : Genet se devait d'affirmer sa légitimité de paria » ; il transforma en bourreaux d'enfants le brave couple rural qui le recueillit, orphelin sans père, abandonné par sa pauvre mère ; il exagéra à qui mieux-mieux ses premiers vagabondages, ses premiers larcins, etc. Les bobos avant la lettre de l'époque n'en avaient jamais assez, et ils purent compter sur Genet pour en rajouter… 

    SAINT, SAINT, SAINT…

    Certes, je le redis, on ne doit juger in fine un romancier que sur ses livres, comme le répétait Marcel Proust, mais quand vie et œuvre sont absolument indissociables, il est parfois difficile de faire la part des choses. L'expo du Mucem a embaumé Genet dans une dévotion absolue, laissant volontairement dans l'obscurité des aspects de l'itinéraire genetien, pourtant intolérables, selon la doxa de notre époque : la complaisance voire la sympathie de Genet pour le national-socialisme : « l'Allemagne hitlérienne provoque la haine des braves gens mais en moi admiration profonde et sympathie ». La virilité exacerbée des soldats nazis balayait toute retenue chez le « garçonnard » Genet. Un autre biographe froid de l'écrivain, Ivan Jablonka, dans « Les vérités inavouables de Jean Genet », décrit ce dernier comme un « déclassé aigri et antisémite fasciné par les crimes de la Milice [vichyste] et les camps de la mort nazis ». White encore, réduit finalement l'homme Genet à peu de choses : « Il aimait par-dessus tout la pornographie homosexuelle et le roman policier ». 

    Jean-Paul Sartre, emporté par sa haine frénétique de la bourgeoisie, dont il venait pourtant lui-même, sacra Genet « saint, comédien et martyr » ; d'autres n'ont voulu voir en lui que « le poète travesti » ; le « maître-rêveur ». Une revue tangeroise est allée jusqu'à publier un numéro spécial sur Genet, intitulé « Un saint marocain » !… Pourquoi pas « Dieu » tant qu'à faire ? … Quant au sculpteur et peintre suisse Alberto Giacometti, lui, il nous a laissé un impayable portrait de Genet (montré au Mucem) où le vagabond détrousseur fait penser… au général de Gaulle ! Hilarant. 

    CAPORAL CHEZ DES TIRAILLEURS MAROCAINS

    « Le Monde », enfin sorti de son admiration inconditionnelle pour Genet, a titré en mai 2016 son compte-rendu de l'expo marseillaise avec un ironique « Genet sanctifié », soulignant en sous-titre que la manifestation « passe sous silence ses zones d'ombre ». Le journal catholique « Présent » à stigmatisé les accointances de l'écrivain avec « terroristes » ou « égorgeurs », ennemis de la France. 

    En ce qui me concerne, puisque exposition il y avait et avec des moyens, je regrette que n'ait pas été plus travaillée la part arabe de Genet, essentiellement dessinée en Syrie mandataire et au Maroc protectoral (je ne parle pas des dernières années de Genet à Rabat et à Larache, connues, archiconnues). Le caporal du génie Genet fut soldat français à Damas en 1930 (il y eut une liaison « interdite » avec « un petit coiffeur damascène de 16 ans »), ensuite, de 1931 à 1933 à Midelt puis Meknès, servant notamment de secrétaire à un général des tirailleurs marocains. L'une des rares choses inédites du Mucem est une photo du caporal-chef Genet, en uniforme de travail, près de Midelt dans l'Atlas. 

     

    Documentation : Souad Guennoun, « L'ultime parcours de Jean Genet. Tanger. Rabat. Casablanca. Larache », ouvrage illustré, co-éd. Tarik / Paris-Méditerranée ; « Nejma », revue littéraire de Tanger, numéro spécial 2010-2011, « Jean Genet, un saint marocain » ; catalogue de l'exposition « Jean Genet et le monde arabe », Maroc, 2002-2003 ; « Le Monde », hors-série, « Jean Genet, un écrivain sous haute surveillance », avril-mai 2016 ; A. Sanders, « Au Mucem, après les fellouzes, un de leurs potes », « Présent », 13 avril 2016 ; Philippe Dagen, « Jean Genet, sanctifié à Marseille », « Le Monde » du 15-16-17 mai 2016 ; Péroncel-Hugoz, « Jean Genet, sous le regard des prisonniers » [au Maroc], « Le Monde », 25 août 1987.

    Expo « Jean Genet, l'échappée belle », Fort Saint-Jean, bâtiment Rivière, MUCEM, 13002-Marseille, jusqu'au 18 juillet 2016.

     

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 8.07.2016

  • Action française • Images du 1er Rassemblement Royaliste de Montmajour le 8 juin 1969

     

    3578948983.jpgVoici quelques images du premier rassemblement royaliste de Montmajour, il y a près de cinquante ans, le 8 juin 1969. Images fort anciennes, donc. Elles n'ont pas la qualité technique d'aujourd'hui. Il s'agit plutôt d'un document d'archives, à regarder comme tel. Précieux parce qu'il restitue un moment d'histoire du royalisme français, un instantané de l'histoire de l'Action française, au sortir des événements de mai 68. Et à la fin de l'ère gaulliste.  LFAR  

     

    Rassemblement Royaliste Montmajour 1969 - Lafautearousseau- Vimeo 

     

    Après les désordres de mai 68, l’Action Française apparaît comme le seul mouvement à pouvoir contrer le marxisme tout en contestant le système dans ses bases mêmes. Réunions publiques et meetings s’enchaînent pendant toute l’année. On utilise les affiches, les tracts et tous les moyens de communication de l’époque. L'Action française multiplie les activités et se fait entendre partout. 

    581613045.jpgEt les royalistes provençaux décident d’organiser un rassemblement royaliste qui a lieu le 8 juin 1969 à Montmajour, dans le majestueux site de l’abbaye du même nom, près d’Arles, près de la Camargue, près de la Vendée provençale. 

    Des milliers de tracts et d’affiches sont diffusés dans toute la Provence et l’action porte ses fruits. Le jour dit, le public est nombreux à se rassembler sur le plateau de Montmajour. 

    Le site a été préparé par les responsables et les militants de l’Union Royaliste Provençale. Les orateurs annoncés sont présents. 

    Les journalistes sont frappés de voir les visiteurs et les militants tirer à la carabine sur Marianne et sur les politiciens du moment. Certains quotidiens en feront leur titre. 

    Des panneaux d’information montrent l’intensité militante de l’année écoulée. 

    La réunion est ouverte par Pierre Chauvet, président de l'Union Royaliste Provençale, qui lit les nombreux messages de soutien reçus. 

    Xavier Vallat dénonce la stupidité du suffrage universel appliqué à la désignation du chef de l’Etat. 

    Pierre Pujo, directeur d’Aspects de la France, l'hebdomadaire de l'Action française, pointe les échecs désastreux des diverses républiques. 

    Hilaire de Crémiers rappelle que nous sommes royalistes parce que nous en avons assez du pouvoir de l’Argent et que nous voulons que le travail français soit protégé. 

    Pierre Debray dénonce la technocratie au pouvoir qui veut détruire la France pour réaliser son rêve européiste. 

    Gérard de Gubernatis appelle chacun à l'engagement, dans la ligne de l'Action française et l'esprit des camelots.

    Ce rassemblement sera le premier de trente-cinq autres couvrant une large plage de l'histoire de l'Action française. 

    Quelques personnalités ou militants reconnaissables par ordre d'apparition dans ce document ...

    Jacques Davin - Thierry Laurens - Fabrice O'DRISCOLL - Jean LAVOËGIE - Alain BOURRIT - Xavier Vallat - Gérard LECLERC - Pierre DEBRAY - Didier ARNOUX - Pierre CHAUVET - Suzanne IMBERT (Reine du Félibrige, à la tribune avec Xavier VALLAT) - Pierre PUJO - Hilaire de CREMIERS - Gérard de GUBERNATIS - Bernard LUGAN - Patrice BERTIN.

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    Action française • A propos d"une affiche qui devint un symbole

    Symboles & Traditions • Les tee-shirt du service d'accueil des rassemblements royalistes en Provence

  • TRADITIONS • Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque...

     

    Si elles sont maintenues - terrorisme oblige, mais il semble acquis qu'elles auront lieu - les Fêtes de Bayonne 2016 s'ouvriront le mercredi 27 pour s'achever le dimanche 31 juillet. Seront-elles cette « célébration du mauvais goût », selon l'article malveillant des Inrocks en 2015 ? Orfèvres en cette matière, leur objectivité avait été jugée plus que douteuse à Bayonne...  

    Les Fêtes de Bayonne, c'est, sur près d'une semaine, un million et demi de personnes qui se côtoient, se retrouvent et fraternisent, joyeusement, dans le bonheur de la Fête et aussi - et surtout - la pleine conscience et la fierté légitime d'appartenir à un peuple, à une nation, héritiers d'une authentique culture, d'une riche et belle civilisation, de traditions plus que millénaires...

    Tout a commencé en 1932 : cette année-là, une quinzaine d'amis bayonnais sont à Pampelune, où ils découvrent le concept de la « fête de rue » en assistant aux traditionnelles Sanfermines, les fêtes de la Saint Firmin, et leurs lâchers de taureaux dans les rues de la vieille ville (les encierros). Enthousiasmés, ils décident d'importer chez eux, à Bayonne, en l'adaptant, ce qu'ils viennent de vivre dans la ville navarraise. La couleur traditionnelle, et officielle, en Navarre, est le « rouge et blanc » : au début, à Bayonne, ce fut bleu et blanc, mais, très vite, le rouge et blanc s'imposa. On peut porter l'écharpe rouge avant 22 heures, ouverture officielle de la fête, par exemple au poignet; mais ce n'est qu'à partir de l'ouverture officielle de la fête que l'on peut porter l'écharpe autour du cou, ce qui rappelle le martyre de Saint Léon, décapité à Bayonne vers 890... 

    A Reims et à Orléans, à Beauvais, les Fêtes Johanniques et celles de Jeanne Hachette exaltent l'Histoire de France, la formation du territoire, en même temps qu'elles permettent de rendre hommage, à travers deux héroïnes majeures, à toutes ces femmes d'exception, si souvent présentes à des moments cruciaux de notre Histoire.

    En Provence, les deux pèlerinages annuels aux Saintes Maries de la Mer sont un témoignage vivant de nos Racines chrétiennes, comme le sont les deux Tours de Ville du Saint Cordon de Valenciennes, les Ostensions du Limousin, les processions de la Sanch à Perpignan, le Catenacciu de Sartène et tant d'autres encore...

    Et ainsi de suite, dans toutes les Provinces de France, ces Fêtes qui font, qui sont la France parsèment l'année de leurs manifestations colorées, qui sont autant de manifestations de l'existence d'un Peuple français, d'une Nation française, n'en déplaise aux idéologues.

    Un peuple, une Nation, qui se sont lentement cimentés sur le socle commun que représente le peuplement et la culture Celtique : le Festival interceltique exalte, comme son nom le proclame fièrement, les traditions de ce peuple Celte qui est comme le socle sur lequel est venu se former, peu à peu, notre Nation, et qui est bien le fondement connu le plus ancien de ce qui allait devenir la France.

    A une exception près, et de taille : le peuple et la culture basques.

    2082150_406_enfantspoterne_800x576p.jpgLes Basques constituent, en effet, une population autochtone pré-indoeuropéenne, remontant au néolithique, implantée principalement au Sud-ouest de la France et au Nord de l’Espagne, dans le Pays Basque, précisément.  Et la langue basque est l’unique isolat européen et la seule langue non indo-européenne d’Europe de l’Ouest (en linguistique, un isolat est une langue dont on ne peut démontrer de filiation - ou "relation génétique" - avec d'autres langues vivantes : la langue basque, le coréen, le japonais sont des isolats).

    C'est à cette langue basque, à cette culture, à cette terre, à ce peuple... que sont dédiées, depuis 1932, les Fêtes de Bayonne : en rouge et blanc, pendant cinq jours, les festayres sont si nombreux (probablement plus d'un million de personnes) qu'ils font de cet évènement l'une des fêtes les plus suivies, non seulement de France, mais même dans le monde... 

    Site officiel : http://www.fetes.bayonne.fr/ 

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Terrorisme • nos gouvernants sont des commentateurs pleurnichards de leur propre inaction

     

    Une humeur d'André Bercoff 

    Le temps de la réflexion viendra plus tard. Une réflexion déjà largement entamée, mais toujours à reprendre, actualiser, amplifier, sur le terrorisme islamiste ennemi. Dans cette courte tribune [Figarovox 15.07], André Bercoff énonce pourtant à chaud quelques vérités simples et essentielles : l'ennemi doit être désigné, identifié sans détours; on ne le combat pas par l'inaction et le commentaire pleurnichard; on ne gagne pas une guerre avec des fleurs, des pleurs, des bougies, des psychologues et de bons sentiments - plus niais que bons, en la circonstance ; on ne mobilise pas un peuple pour la lutte si on le maintient dans l'infantilisme compassionnel.  La colère, le désir de vengeance même, la soif de victoire, sont, dans un tel cas, condition sine qua non du succès. C'est - pointe Gilles Kepel - une guerre existentielle que Daech a déclarée à la société française en tant que telle. Sa mobilisation - indépendamment de l'Etat, voire contre lui - ne sera pas ou plus compassionnelle mais âpre, vigoureuse et identitaire.   Lafautearousseau 

     

    photo.jpgIls disaient : nous sommes en guerre. Etat d'urgence. Nous contrôlons. Nous déjouons. Ça va mieux. Mais l'ennemi principal c'est évidemment le FN. Dur, mais nous maîtrisons. Nous avons pris toutes les précautions. Comptez sur nous. Restons généreux et ouverts. Vive la France qui saura résister et se montrera à la hauteur de sa vocation.

    Inventaire : Toulouse, Bruxelles, Paris, Nice et Orlando, et San Bernardino, et Londres, et Madrid, et Istanbul. Partout, toujours, le même modus operandi. Sachant qu'une personne « solitaire » peut en tuer cent avec les moyens artisanaux du bord, faites vos jeux, et vos multiplications. Rien ne va plus.

    Il est grand temps que ceux qui prétendent nous gouverner fassent ce qu'ils disent, posent franchement, voire brutalement les limites, et cessent d'être les commentateurs pleurnichards de leur propre inaction.

    Quant aux professionnels du milieu médiatico-politique qui ont, quelques heures après le massacre de Nice, exprimé seulement leur crainte d'une riposte de l'ultra-droite, qu'ils se regardent dans une glace. Et qu'ils s'étouffent.

    Après Munich, Churchill disait: « Vous aurez le déshonneur et la guerre ». Nous avons le déshonneur. Nous n'éviterons pas la guerre. 

    André Bercoff      

    André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.      

  • Société • A nos cousins français ... Bons baisers du Québec

     

    Par Mathieu Bock-Côté 

    Un très beau texte que nous avons aimé. Un de plus, parmi tous ceux, nombreux, publiés récemment par Mathieu Bock-Côté. Le fait qu'il ait été écrit avant le carnage niçois du 14 juillet au soir, n'ôte rien, nous semble-t-il, à sa fraicheur et à son actualité.  LFAR

     

    3222752275.jpgC’est le 14 juillet. La fête nationale de la France. Un pays magnifique, qui a marqué pour le mieux l’histoire de l’humanité.

    Un pays éprouvé, depuis quelques années, par une violence sauvage à son endroit. On pense au terrorisme. On pense aussi à la violence intérieure dans certains quartiers. Le pays traverse une crise majeure.

    Aujourd’hui, la France souffre. Ses enfants sont tentés par l’exil. Plusieurs traversent l’Atlantique.

    Mère patrie

    Si la France est attaquée, c’est qu’elle demeure aussi un symbole : elle incarne la meilleure part de l’Occident. Elle conjugue liberté et enracinement, elle a le charme de l’urbanité la plus sophistiquée et des terroirs les plus féconds. Elle est chrétienne et laïque.

    Mais aujourd’hui, j’aimerais parler de notre rapport à la France. J’aimerais dire : de notre rapport à la mère patrie, mais nous avons perdu l’habitude de parler ainsi.

    Pendant longtemps, les Québécois aimaient rappeler leurs racines françaises. Alors qu’ils étaient méprisés par les Canadiens anglais, ils leur disaient ainsi : nous aussi venons d’une grande civilisation. C’était aussi une époque où on vénérait nos ancêtres. On ne les regardait pas avec condescendance.

    Mais notre rapport à la France s’est relâché. Aujourd’hui, on aime se faire croire que c’est un pays comme un autre. On le snobe même un peu.

    Par exemple, on se fait une fierté de mieux parler anglais que les Français, comme si la maîtrise de la langue de l’empire américain était un signe indéniable de modernité. Quand les Québécois répètent agressivement qu’ils sont nord-américains, ce n’est pas seulement pour rappeler une évidence géographique. C’est aussi pour se détacher une fois pour toutes du vieux pays.

    On regarde la France comme un gigantesque musée gastronomique dont les grandes heures sont révolues. Sauf que nous nous trompons. Aujourd’hui, en 2016, nous avons encore besoin de la France.

    D’abord et avant tout parce que la France demeure et demeurera toujours le cœur vivant de la langue française. Si les Québécois ont survécu comme peuple, c’est en bonne partie parce qu’ils parlaient une grande langue internationale qui leur donne accès au monde.

     

    Trésors littéraires 

    Je me demande souvent comment nous pouvons volontairement nous priver des trésors de la littérature française. Si nous lui donnions toute la place qu’elle mérite, peut-être pourrions-nous réapprendre à parler notre langue. Et si, comme on le croit, la langue française est une patrie intime, celle de nos âmes, celle de nos cœurs, il faudrait cesser de considérer qu’il s’agit d’une littérature étrangère.

    Nous aurions beaucoup à apprendre de la France. Son sens de la controverse, notamment. Là-bas, un débat n’est pas nécessairement une chicane. On admirera aussi la place de la culture générale dans la vie publique. Au Québec, dès qu’on quitte le registre du vocabulaire de base, on est accusé d’élitisme.

    Osons la formule suivante : pour les Québécois, la France n’est pas un pays comme les autres. C’est encore un peu le nôtre.

    Bonne fête nationale, cousins Français !   

    Article - repris par Causeur - initialement publié dans Le Journal de Montréal. 

    Mathieu Bock-Côté
    est sociologue, auteur du "Multiculturalisme comme religion politique"

    Le multiculturalisme comme religion politique

    Ed. du Cerf, 2016 - 24,00 €

  • Livres • Louis de Bonald, l’antimoderne oublié, le retour du Vicomte

     

    Par Bernard Quiriny

    Une utile et intéressante recension à propos d'un des maîtres de la contre-révolution. [Causeur, 9.07]

     

    Louis de Bonald ! Voici un nom qu’on n’a plus l’habitude de lire, à part dans les manuels d’histoire des idées où les auteurs lui consacrent quelques lignes, à la rubrique des contre-révolutionnaires. Le plus souvent, on associe Bonald à son contemporain Joseph de Maistre, l’autre héraut francophone de la critique des Lumières et de la Révolution. Hélas, aussi bien Maistre a la réputation d’écrire merveilleusement, aussi bien Bonald a celle d’écrire laborieusement, sans éclat ni génie. C’est pourquoi l’un continue d’être lu et figure toujours dans les librairies (Pierre Glaudes a réuni ses principaux textes dans un volume de la collection « Bouquins », en 2007), tandis que l’autre n’intéresse plus que les spécialistes et n’a quasiment pas été réédité.

    Une douloureuse réputation littéraire

    De fait, qui serait assez courageux pour se plonger aujourd’hui dans des volumes engageants comme Essai analytique sur les lois naturelles de l’ordre social (1800), Théorie du pouvoir politique et religieux (1796) ou Démonstration philosophique du principe constitutif de la société (1830), tous longs de plusieurs centaines de pages ?

    Et pourtant, ces textes austères sont la source majeure de la pensée traditionaliste du XIXe siècle. « Ce n’est pas Joseph de Maistre, ni, encore moins, Châteaubriand ou Lamennais, qui ont été les vrais inspirateurs de la pensée antidémocratique du siècle dernier, mais bien Louis de Bonald », dit Koyré dans ses Etudes d’histoire de la pensée philosophique. Taine, Comte, La Tour du Pin, Maurras, tout ce pan de la culture politique vient en ligne droite du Vicomte de Millau, dont la douloureuse réputation littéraire a fait oublier l’importance. Bien conscients de sa place majeure dans l’histoire, les savants continuent de lui consacrer des recherches, en France comme en Europe, ainsi qu’en témoigne le Bonald de l’historien piémontais Giorgio Barberis. Clair, bien conçu, ce livre est peut-être la meilleure introduction disponible à la pensée de Bonald. Barberis y montre bien comment le rejet bonaldien de la Révolution, loin d’être une réaction éruptive de barbon d’Ancien Régime, est la conséquence d’un système intellectuel solide où s’articulent une métaphysique, une anthropologie, une théologie, une conception de l’histoire.

    De Bonald à Rivarol

    Evidemment, vu de 2016, la pensée politique de Bonald – un ordre instauré d’en haut, appuyé sur la religion, organiciste et antilibéral – a quelque chose d’extraterrestre. Mais justement : c’est cette distance avec nous qui lui donne son actualité, le point de vue le plus éloigné de nos façons de penser étant le meilleur pour bien les comprendre. Sur ce plan, cette belle traduction (où on ne déplore que deux ou trois fautes de syntaxe – « la théorie dont il avait fait allusion », « une conception à laquelle s’ensuit »...) n’a pas qu’une utilité historique ou documentaire, elle permet aussi de mettre en perspective des notions comme le progrès, l’individualisme, le pouvoir, la légitimité, etc. Quant au procès fait à Bonald sur son style, les nombreux extraits cités par l’auteur indiquent qu’il est peut-être abusif et que le vieux Vicomte, pour n’avoir pas la plume facile, n’en était pas moins capable parfois de bonnes formules.

    Je profite de cet article pour dire aussi un mot d’un contemporain de Bonald (à un an près), Antoine de Rivarol : Maxence Caron réédite en effet ses Œuvres complètes dans un épais volume de la collection « Bouquins » où, par souci sans doute de le rendre plus digeste et plus attrayant, il l’associe aux aphorismes de Chamfort et à ceux Vauvenargues (je dis « réédite », il faudrait dire « édite » : la plupart des tentatives précédentes d’éditer Rivarol ont apparemment comporté des lacunes). D’une certaine façon, au plan du style, Rivarol est l’anti-Bonald : ce dernier compose des traités pesants, laborieux, répétitifs, alors que Rivarol virevolte et sautille sans jamais finir un livre, disséminant ses réflexions dans des textes courts, légers, ironiques. Bonald est besogneux et grave, Rivarol, facile et drôle ; cette différence des tempéraments se retrouve au plan des idées politiques. Tous deux critiquent en effet la Révolution, mais pas de la même manière ; à l’idéologie révolutionnaire, Bonald oppose l’idéologie théocratique – système contre système ; Rivarol, lui, y oppose un rejet de l’idéologie, une méfiance à la Burke pour les délires abstraits. Chantal Delsol explique tout cela dans une préface lumineuse de 40 pages, qui justifie à elle seule l’acquisition de ce superbe volume. 

     

    Louis de Bonald, ordre et pouvoir entre subversion et providence, Giorgio Barberis, traduit de l’italien par Astrée Questiaux, Desclée de Brouwer, 2016.

    L’art de l’insolence, Rivarol, Chamfort, Vauvenargues, Robert Laffont, « Bouquins », 2016.

    Bernard Quiriny

  • Racines & Traditions • Fête de l’Etendard de Jeanne d’Arc, demain dimanche à Lille

     

    Lille_NDT_cote_1_bis.jpgA l’occasion de la Fête de l’Etendard, dimanche 17 Juillet 2016, messe de 11 H en l’honneur de Sainte Jeanne d’Arc, à la Cathédrale Notre Dame de la Treille à Lille. 

    En ce dimanche 17 Juillet 2016, nous célébrons un évènement important dans l’histoire de France qui a été suscité par notre héroïne nationale, Jeanne d’Arc.

    Pendant sa courte vie de 19 ans, Jeanne a obtenu 2 victoires très importantes pour la France pendant la période troublée de la guerre de 100 ans où les rois anglais contestaient la légitimité des rois de France et prétendaient régner sur ce pays, où le dauphin Charles doutait lui-même de sa légitimité. 

    Victoire militaire par la Vierge guerrière, la Pucelle d’Orléans

    Orléans était assiégée par les Anglais. Cette ville était stratégique : placée sur la Loire elle était un verrou qui empêchait les Anglais de déferler dans la partie sud de la France et d’en devenir les maîtres. Sa libération a eu lieu le 8 Mai 1429. Son souvenir est resté dans la mémoire des Français car une loi de la République, passée au journal Officiel le 14 juillet 1920, a institué une « Fête nationale de Jeanne d'Arc et du patriotisme » toujours en vigueur, en souvenir de cet évènement.

    Cette levée du siège d’Orléans fut suivie de la grande victoire de Jeanne d’Arc contre les Anglais à Patay non loin d’Orléans, où il y eut très peu de morts dans le camp français et une grande hécatombe dans le camp anglais. La peur avait changé de camp ! 

    Victoire politique du sacre du roi à Reims, ou « Fête de l’étendard ».

    La route du sacre vers Reims étant ainsi ouverte, Jeanne y amena le dauphin Charles et il y fut sacré roi sous le nom de Charles VII le dimanche 17 Juillet 1429.

    Son sacre le désignait comme l’autorité politique légitime et rétablissait l’unité de la France. Les causes de la guerre de 100 ans étaient anéanties. La paix pouvait enfin revenir entre les deux pays protagonistes.

    Lors de son procès à Rouen en 1431, Jeanne déclara à ses juges : « Je sais bien que les Anglais me feront mourir parce qu’ils croient pouvoir s’emparer de la France après ma mort ; mais seraient-ils cent mille de plus, ils n’auront point le royaume ... Avant qu’il soit sept ans, les Anglais abandonneront un plus grand gage que la seule ville d’Orléans ».

    Effectivement Paris fut repris aux Anglais en 1436 et la bataille de Castillon en 1453 mit un point final à la guerre de 100 ans.  

    En ce dimanche 17 Juillet 2016, nous célébrons donc le 587ième anniversaire de ce sacre. La mémoire de cet évènement est appelée « Fête de l’étendard », en souvenir de la réponse de Jeanne à ses juges : « Pourquoi votre étendard fut-il plus porté à l’Eglise de Reims à la consécration du Roi que l’étendard des autres capitaines ? », et Jeanne de dire « Cet étendard avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fut à l’honneur ». 

  • Encore la tragédie ! Il est temps de réarmer la France entière en défense de son identité millénaire

  • Le massacre des innocents

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

     20.06.2016 réactualisé le 15.07.2016 

    La liste s’allonge des victimes de l’islamo-terrorisme. La question que tout le monde se pose est de savoir que faire. Or, la seule chose inadmissible, c’est de se refuser les moyens de se battre contre l’ennemi. De rester, comme le fait M. Hollande, dans la consternation, la condamnation, la déploration, l’incantation, etc., inventant « un état d’urgence proclamé […] un état d’urgence en caoutchouc, où tout ce qui devrait être dur est mou », selon M. Zemmour (R.T.L., jeudi 16.06). 

    Comme d’habitude, il y a ceux pour qui l’honnêteté intellectuelle passe après les convictions idéologiques. Qui n’a pas entendu à la radio ou à la télévision, lors des mille et un débats sur le sujet, la petite musique du négationnisme ? Ainsi, moins de deux jours après l’assassinat des deux policiers, M. Wieviorka,éminent sociologue de réputation internationale (et très proche du P.S. dont il est un des inspirateurs), distille d’un ton paterne (France 5, mercredi 15.06) qu’on ne peut associer les mots islam et terrorisme, au motif que ce serait « stigmatiser » toute une communauté. Il n’y aurait donc que des victimes (des jeunes, des homosexuels, des policiers, des journalistes, etc.) au sort desquelles on daigne compatir, sans craindre la contradiction car ces victimes ont bien été ciblées, c’est-à-dire stigmatisées par les tueurs de l’islamo-terrorisme. M. Onfray, mieux inspiré, répond indirectement le lendemain (R.M.C., jeudi 16.06) qu’existe bel et bien un islam islamiste et terroriste, que le nier revient à nier la filiation entre stalinisme et goulag et que l’islam n’a pas à bénéficier d’un régime de faveur qui l’exonérerait de ses turpitudes. 

    Il y a aussi ceux qui prêchent l’acceptation, si ce n’est la soumission. M. Legrand, après avoir expliqué qu’au fond on ne peut pas faire grand chose, enjoint, dans sa prédication matinale (France Inter, mercredi 15.06) « à tous les citoyens de prendre sur eux, de décider collectivement de traverser cette épreuve qui reste numériquement moins meurtrière (et de très loin) que les guerres et les révolutions que nous avons déjà vécues…ou même les accidents de la route ». Donc, pas la peine de s’inquiéter, ça va passer : c’est la « résilience », nouveau terme à la mode. 

    Le gouvernement va plus loin. Tandis que M. Valls prévient que « d’autres innocents perdront leur vie » pendant encore « dix à vingt ans » (France Inter, mercredi 15.06), M. Cazeneuve (France 2, mardi 14.06) rappelle que, si tout doit être fait, il n’est pas question de dépasser la ligne rouge, celle des valeurs de la République. Que chacun sache donc que l’assassin des deux policiers, M. Larossi Abballa, mis sur écoute pendant quatre mois, n’a jamais rien dit qui aurait pu inciter, par principe de précaution, à le mettre hors d’état de nuire. Mais pourquoi donc ces écoutes ? Parce que, déjà connu pour de nombreux faits de droit commun (vol, recel, violences), il avait été condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes ». Evidemment, maintenant que le RAIDl’a liquidé, on ne peut plus l’arrêter. Entretemps, il a tué deux policiers. Mais les valeurs de la République sont sauves : périssent les Français plutôt qu’un principe. 

    Jean-Paul Sartre voyait des coupables partout. En tout cas, la responsabilité et la culpabilité politiques de ceux qui nous gouvernent et de leurs inspirateurs est entière : les autres sont les victimes désignées, et en l’occurrence innocentes, de leurs fautes et de leur idéologie. 

  • Changer les noms des rues et des places des villes : une très sale habitude républicaine

    Place du marché à Thionville

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgLe conseil municipal de Thionville en Lorraine a décidé de changer la dénomination de la place du Marché située au centre de la ville, et de la nommer dorénavant « Place Anne Grommerch », du nom du député du lieu, décédée en avril dernier après avoir été maire de 2015 à 2016. Et ce, contre l’avis d’une grande partie des habitants de cette ancienne cité, qui se sont mobilisés pour refuser cette modification arbitraire. En effet, cette place se nomme ainsi depuis sa construction, à l’époque où Thionville était terre d’Empire, et les pouvoirs successifs à travers les annexions depuis 1559 ont conservé cette appellation, symbole d’identité et de permanence de cette ancienne commune foraine.

    Changer les noms des rues et des places des villes est une très sale habitude républicaine, qui a pour origine l’arrogance des démiurges, ceux qui veulent refaire le monde à partir de zéro. Les hommes de parti adorent s’attribuer une renommée éternelle et obliger les administrés à prononcer leur nom alors même que leur mémoire s’est effacée, le plus souvent à juste titre. Or les anciens noms des voies furent adoptés spontanément par les habitants, dans un usage commun, qui combine la nécessité, la commodité, la fierté ou même l’humour. Leur origine est populaire, et leur permanence séculaire est une richesse dont personne ne devrait avoir le droit de les déposséder. Les noms sont suggestifs, quelquefois pittoresques, ils évoquent un passé lointain, en bref, ils sont un élément d’enracinement, une tradition vivante. Cette valeur est malheureusement méprisée par nos élus qui, depuis deux siècles, s’ingénient à affubler nos villes des patronymes des hommes politiques de leur couleur. Des généraux qui ont plus souvent perdu que gagné des batailles, des députés qui se sont signalés par leur sectarisme, des chefs d’Etat étrangers ou des écrivains « engagés » reçoivent ainsi une consécration formelle, qui affirme la victoire définitive d’un parti sur l’autre. Combien d’avenues Henri Barbusse, ou Général Sarrail, ou Waldeck Rousseau, ou Armand Bédarrides ? Et des lieux urbains acceptés et retenus par tous, débaptisés injustement comme Le Cours La Reine, ou L’Etoile, ou la Plaine, la Madeleine ou le Sablon ? C’est avec ce type d’attitude que les noms des villes et même des nations sont modifiés. Tsaritsyne est devenu Stalingrad puis Volgograd. Ourga est devenu Oulan Bator ; Chemnitz est devenu Karl-Marx stadt. Pendant bien longtemps, les français ont accepté cette dépossession sans mot dire. Il semble que cela soit en train de changer. C’est pourquoi cette initiative frondeuse des habitants de Thionville nous paraît positive. Nous ne nous soucions pas de savoir s’il y a des motivations partisanes dans cette campagne pétitionnaire. L’important est qu’elle se réfère à une identité historique incontestable et dénuée de sectarisme. C’est pourquoi, afin de permettre l’institution d’un référendum, je recommande la pétition Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom. Si les édiles veulent une immortalité illusoire, qu’ils la concrétisent en baptisant des voies dans les ZAC, ZUP et autres quartiers enviables qui témoignent pour les générations futures des merveilles de la modernité triomphante, mais non dans le centre historique de nos villes. 

     

    Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom

  • Barroso chez Goldman Sachs : l'arrogance de l'Europe d'en haut envers l'Europe d'en bas

     

    Par Maxime Tandonnet

    L'entrée de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs a déclenché une vaste polémique. Maxime Tandonnet montre comment cette nomination va renforcer le sentiment de défiance des peuples européens vis à vis de l'UE [Figarovox 11.07]. Mais, bien plus, il en conclut : « Aujourd'hui, rien ne permet de penser que l'Union européenne y survivra. » Point de vue partagé par Lafautearousseau.    

      

    1955827291.jpg« José Manuel Barroso va apporter une analyse et une expérience immense à Goldman Sachs ». Le recrutement de l'ancien président de la Commission européenne par la banque d'affaires américaine et son communiqué dithyrambique, illustrent le drame de la vie publique sur le vieux continent. Il symbolise la coupure et l'incommunicabilité entre deux mondes, celui des élites dirigeantes et celui des peuples. La banque d'affaires et M. Barroso donnent le sentiment d'avoir concocté leur accord sans la moindre idée de son effet dévastateur sur les opinions publiques. L'Europe officielle ne cesse de fustiger le « populisme » croissant des peuples du vieux continent. Pourtant, ce pacte ne fait que le nourrir et l'amplifier. L'embauche de l'ex-président de la Commission paraît destinée à conforter le reproche permanent qui est fait aux institutions de l'Europe : celui de leur connivence avec la finance mondiale. Elle fournit du pain béni aux formations qualifiées de populistes, de droite comme de gauche, qui triomphent en ce moment dans les sondages et pensent tenir aujourd'hui la preuve de leur accusation : « l'Union européenne, vulgaire succursale de la pieuvre financière ». L'arrivée de M. Barroso au poste de « directeur non exécutif » de Goldman Sachs donne le sentiment de tomber à point pour justifier l'accusation de complicité entre Bruxelles et l'Argent. Le symbole est dévastateur. Il donne une image d'arrogance de l'Europe d'en haut envers l'Europe d'en bas.

    Les années Barroso, de 2004 à 2014,ont été particulièrement sombres pour le projet européen. Elles ont été marquées par le rejet franc et massif par les peuples français et hollandais d'une Constitution européenne jugée bureaucratique et anti-démocratique. Ces années ont été celles d'une épouvantable crise financière et économique, qui s'est traduite par l'explosion du chômage dans toute l'Europe de 2008 à 2011, dont le secteur bancaire est tenu pour le premier responsable. Elles ont vu la Grèce plonger dans la misère, l'humiliation, la dépendance financière et une profonde fracture se creuser entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud. Puis, la crise des migrants s'est déclenchée en 2011 à la suite des « printemps arabes » et de la déstabilisation de la rive Sud de Méditerranée, ne cessant de s'amplifier jusqu'à son paroxysme de 2015, dans l'impuissance absolue d'une Union européenne engluée dans ses dogmes et son incapacité à développer une volonté politique commune pour frapper les passeurs esclavagistes.

    La banque d'affaire prête à l'ex-président de la Commission « une profonde compréhension de l'Europe ». Ces mots, au regard du bilan des années Barroso, exhalent un parfum d'ironie. D'ailleurs, l'hypocrisie suinte de ce pantouflage au sommet, que le nouveau « directeur non exécutif » justifie par l'engagement de Goldman Sachs en faveur des « plus hauts principes éthiques ».

    La nouvelle du recrutement de M. Barroso par la banque d'affaire américaine intervient à un moment dramatique pour l'Europe, ébranlée par le Brexit. Aujourd'hui, rien ne permet de penser que l'Union européenne y survivra. Les années Barroso ont précipité le basculement de l'Europe en une zone d'influence prépondérante de l'Allemagne, sur le plan économique et politique, comme l'a souligné l'emprise de la chancelière Merkel sur la gestion de la crise des migrants. Le projet européen, fondé sur une « union toujours plus étroite entre les peuples » et « l'égalité des Etats devant les traités » (article 4) a été frappé au coeur. 61% des Français, 48 % des Britanniques, Allemands, Espagnols ont désormais une image négative de l'Union (Pew research center juin 2016). L'Europe est-elle concevable à terme dans le rejet de ses peuples ? Pour reprendre la formule de Jean Monnet, le recrutement de M. Barroso par la Goldman Sachs constitue un « petit pas » supplémentaire dans la destruction de l'idéal européen.   

     Maxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Son dernier livre Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

    Maxime Tandonnet           

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  • Embrassons-nous, Folleville ! Mais qu'est-ce qui les fait tant rire ? Drôle de régime, c'est sûr !