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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1415

  • Université d'été d'Action Française : appel de François Bel-Ker aux anciens d'A.F. ...

     

    1930934297.jpgChers amis, 

    Un bon nombre d'entre vous ont inscrit leur(s) enfant(s) au camp Maxime Real del Sarte ces dernières années. Je les en remercie.

    Certains sont déjà inscrits pour cette année qui promet à son tour, à l'image des précédentes éditions, d'être un succès.

    Parmi vous certains me demandent s'il peuvent venir tout le camp ou simplement quelques jours, c'est, bien entendu possible ! Vous êtes les bienvenus, ainsi que vos enfants, vos filleuls, vos neveux et vos nièces, vos amis et les enfants de vos amis... Le Camp Maxime reste un lieu de réflexion politique où un temps de vacances reste toujours agréable à vivre !

    Vous trouverez plus loin le programme du camp...

    Au plaisir de vous retrouver,

    Belle Vie ! Amitiés,

    François Bel-Ker

    Programme du Camp Maxime Real Del Sarte 2016

  • François Lenglet : Avec Trump et le Brexit, c'est la mondialisation du protectionnisme !

     

    Par Alexandre Devecchio

    Le libre-échange tous azimuts est le vestige d'un ancien monde, explique ici François Lenglet [Figarovox, 29.07]. Dans les économies d'après la crise de 2008, le protectionnisme soutenu par les « populistes » l'emporte, selon lui, partout, notamment dans le monde anglo-saxon. Nous étions très critiqués jusqu'à récemment - sans-doute le serons-nous encore - lorsque nous disions que le libre-échange, favorable à certains pays, à certaines époques, défavorable à d'autres ou aux mêmes en d'autres époques, ne pouvait être ni considéré ni imposé comme idéologie ou religion ayant valeur universelle. C'est ce que François Lenglet déclare et démontre dans ce très remarquable entretien. Comme il nous est déjà arrivé, nous le dédions à ceux qui croient que les choses vont toujours dans le même sens.  Nous en aurons d'ailleurs de nouveau l'occasion dès demain à propos d'un semblable entretien sur la nouvelle politique de réindustrialisation du Royaume-Uni que Theresa May vient d'annoncer ... On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant.   Lafautearousseau

     

    Donald Trump multiplie les prises de position protectionnistes, que cela vous inspire t-il ?

    Il témoigne bien de l'esprit des temps qui est à l'oeuvre. Derrière l'outrance et la caricature, c'est une puissante montée du protectionnisme qui est à l'oeuvre. Je note qu'Hillary Clinton elle-même a pris ses distances avec le libre-échange et la négociation de grands accords commerciaux. Quant à Theresa May, le nouveau Premier ministre britannique, elle pointe elle aussi la nécessité de protéger l'industrie nationale, alors que c'est une conservatrice en principe héritière de Thatcher! C'est une révolution idéologique considérable qui se produit dans le monde anglo-saxon, un changement de logiciel qui rompt avec le libéralisme et le libre-échange. Trump, c'est l'anti-Reagan, et May semble devoir être l'anti-Thatcher. Le besoin de protection s'est substitué au désir de liberté, et encore une fois, le monde anglo-saxon est à la pointe de la mode idéologique. Exactement comme le libéralisme dans les années 1980, le protectionnisme est en train de se mondialiser.

    Qu'est-ce qui explique ce retournement ?

    La crise financière, qui a donné le sentiment que les règles de l'économie mondialisée n'étaient pas les mêmes pour les petits et les gros. Le besoin de frontières, après une longue période de forte mondialisation, qui a exacerbé les particularismes, qui a accru les inégalités entre ceux qui profitent de l'ouverture, les plus qualifiés et les plus mobiles, et les autres, qui en ont subi les conséquences en terme de revenu et d'emploi; la critique des élites et de tout ce à quoi ils croient. Et enfin un tout bête effet de balancier, qui fait qu'on brûle les valeurs de l'ancien monde, celle de l'ancienne génération, les baby-boomers, au profit de nouvelle valeurs, celle de la génération montante.

    Ce sont alors les populistes qui vont profiter de cette révolution idéologique ?

    Ce sont toujours les populistes qui repèrent les premiers ces changements dans la demande politique, avant les partis traditionnels. C'était le cas dans les années 1930, et dans les années qui ont suivi le krach de 1873, dans la période dite de «Grande stagnation», consécutive elle aussi à un long cycle libéral, et elle aussi marquée par la réapparition des frontières. Mais en général, les partis traditionnels finissent par comprendre le messages des électeurs, et ils se réapproprient le thème de la protection, avec leurs valeurs humanistes. C'est exactement ce qui se passe au Royaume-Uni, avec la nouvelle orientation des Conservateurs, depuis le Brexit. Ce n'est pas encore le cas en Europe continentale, où la droite et les sociaux-démocrates restent sur leurs options libérales et hostiles aux frontières. C'est pour cela que le populisme continue à marquer des points dans nos pays. Et ce n'est pas fini, en Allemagne particulièrement, où il a une forte marge de progression après les attentats récents.

    Les différents traités de libre-échange comme le TAFTA, qui sont en cours de négociation, ont-ils une chance d'aboutir ?

    Absolument aucune. Tout cela est mort, ce sont les vestiges de l'ancien monde, comme une ville engloutie. A supposer même que le traité soit signé, il faudrait le faire ratifier dans tous les pays concernés, c'est impensable. L'OMC ne parvient plus à conclure ses grands cycles, et même les accords régionaux sont devenus problématiques: l'âge d'or du commerce mondial est derrière nous. J'observe que la part des échanges dans le PIB mondial n'augmente plus, elle diminue même légèrement. Et la Chine, qui était une machine à mondialiser, va être contrainte de recentrer son économie. Cet âge d'or reviendra sans aucun doute un jour, dans 20 ou 30 ans. Il réapparaît à intervalles réguliers depuis la première mondialisation, lors des Grandes Découvertes du 15ème siècle. Et à chaque fois il est éclipsé, à cause des inégalités et des désordres qu'il provoque.

    Sur le fond, le libre-échange est-il meilleur pour l'économie que le protectionnisme ?

    C'est très difficile à dire, chaque situation est particulière, tout comme chaque époque l'est. Lorsque les Britanniques abolissent les Corn Laws, en 1846, qui protégeaient le secteur agricole ce n'est ni par philanthropie ni par amour du libéralisme, c'est par pur intérêt: ils choisissent le libre-échange parce qu'il maximise leurs profits, et ils ont raison. A l'inverse, la Chine moderne s'est développée dans un cadre protectionniste à l'extrême, protégeant son marché intérieur. Elle aussi a choisi le système qui maximisait son avantage, qui était très différent de celui des Britanniques au même stade de développement, parce que le monde n'était pas le même qu'au 19ème. En économie, pour parodier une formule britannique célèbre, il n'y a pas de loi éternelle, mais rien que des intérêts éternels. Et des rapports de forces entre les groupes sociaux et lobbys, plus ou moins bien arbitrés par le politique. Chaque option, protectionnisme ou libre échange, a ses victimes et ses rentiers, aucun n'obtient de victoire définitive.   

    François Lenglet est éditorialiste économique. Le 1er septembre 2016, il publiera Tant pis, nos enfants paieront ! chez Albin Michel.

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

          

  • Coupable faiblesse

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 11.04.2016 - Réactualisé le 10.08.2016

    Alors qu'Erdogan menace les Européens de rompre les accords passés sur le traitement des migrants par la Turquie et que la pression migratoire redevient intense en Grèce, en Italie, et, tout particulièrement, à la frontière franco-italienne ... 

    Le 4 avril, début de mise en oeuvre de l’accord passé entre l’Union Européenne et la Turquie : retour en Asie pour deux cents migrants illégaux tandis que quarante-trois Syriens débarquent « légalement » à Hanovre. Indignation des pancartes droit-de-l’hommistes (« no border, no nation, stop deportation »), indignation qui a le mérite de souligner les enjeux, en faisant de l’Europe un territoire commun où chacun serait, de plein droit, chez soi. 

    Trois jours après, M. Erdogan menace de ne plus appliquer l’accord si l’Union ne tient pas les engagements pris en mars : reprise des négociations d’adhésion, six milliards d’euros d’ici 2018 et, surtout suppression dès juin 2016 (dans deux mois !) du visa imposé aux ressortissants turcs pour entrer en Europe. Voilà le prix à payer pour obtenir tout simplement que le gouvernement d’Ankara se conforme à ses obligations internationales en contrôlant son propre territoire.  

    Contrat léonin, donc, et peu glorieux si l’on mesure bien qu’il s’agit d’une sorte d’agenouillement devant des exigences turques fondées sur la seule faiblesse de l’Union. Celle-ci, incapable de prendre la moindre décision politique - et pour cause - préfère sous-traiter au prix fort sa sécurité à une puissance étrangère. Il eût été plus cohérent et plus efficace de signifier, armada navale à l’appui, qu’aucune embarcation chargée de migrants en provenance de Turquie ne serait admise dans les eaux territoriales d’un pays européen, quitte à employer la force et/ou à créer un incident diplomatique  

    Maintenant, même contesté par certains en Europe et d’une certaine façon pris en otage par la Turquie, l’accord existe. Au moins pourrait-il s’agir d’une sorte de pis-aller, un mauvais accord qui garantit au moins quelque chose valant mieux qu’un statu quo synonyme d’invasion incontrôlée; ou d’un répit honteux qui permettrait de mettre en place des solutions pérennes empêchant effectivement toute forme d’invasion migratoire via la Turquie. Rien ne permet de le penser, l’instigatrice de tout cela étant Mme Merkel : c’est bien elle qui a négocié en secret avec M. Davutoglu, Premier ministre turc, les bases de l’accord final. Essentiellement motivée par les soucis démographiques de l’Allemagne et habitée par sa foi protestante, son objectif est bien de faire venir des centaines de milliers de « réfugiés » proche-orientaux. 

    De toute façon, fermer la porte turque ne suffirait pas à juguler le flux migratoire. Payer et se soumettre aux conditions d’Ankara reste une manoeuvre purement dilatoire : les Pakistanais, Erythréens ou… Maghrébins auront vite fait, telles des fourmis, de contourner l’obstacle. La Libye leur tend les bras, d’autres pays plus à l’Ouest finiront par suivre. Ce que ne veulent pas comprendre militants « humanitaires » et gouvernements « humanistes » - ou qu’ils comprennent trop bien -, c’est que la vague nomade générée par le tiers-monde afro-asiatique continuera de déferler jusqu’à nous submerger. 

    Que la solution passe, en partie, par des mesures concernant directement les pays misérables d’où provient le flux migratoire, c’est le bon sens. Encore faudrait-il que nous survivions, ce qui passe par la défense des frontières, les armes à la main puisqu’il le faut. Mais, à moins d’un cataclysme qui dessillerait les yeux de tous, la chose paraît peu probable dans l'immédiat : des imbéciles, soutenus par des « élites » pourries, pourront continuer à brandir leurs pancartes culpabilisant une Europe à laquelle il faut donner mauvaise conscience. Ne plus croire assez en nous-mêmes pour avoir envie de nous défendre : voilà notre culpabilité. 

     

  • Sanctionner, interdire, éradiquer les No Borders, ces soutiens radicaux des migrants, voilà une urgence !

    A la frontière franco-italienne le 7 août dernier. La banderole indique: « le problème, c'est la frontière ». - Photo : JEAN CHRISTOPHE MAGNENET/AFP

     

    Le point - édifiant - publié par le Figaro, le 8 août [Extraits]

    Après Calais, c'est à la frontière avec l'Italie que ces militants de l'ultra-gauche défendent la liberté de circulation. Des manifestations ont eu lieu ce week-end, certaines émaillées d'incidents.

    Les No Borders se sont une nouvelle fois fait remarquer. Cette fois-ci ce n'est pas dans le nord de la France mais à la frontière avec l'Italie, à Menton et Vintimille. Vendredi, ces militants qui prônent l'abolition des frontières avaient encadré une action de migrants qui sont parvenus à entrer de force en France avant d'être arrêtés et renvoyés en Italie. La préfecture a indiqué que 4 militants avaient été interpellés, dont l'un a été placé en garde à vue et un autre reconduit à la frontière.

    Samedi, ces mêmes militants ont participé à une manifestation de protestation à Vintimille où des échauffourées ont éclaté. Les militants assurent avoir été reçus par des tirs de gaz lacrymogènes puis pris en chasse par la police. Un policier italien a succombé à un infarctus en marge de ces heurts. « Nous avons appris le décès, de mort naturelle, de ce policier, par les médias. On n'a pas participé à ça », a indiqué dimanche un militant.

    Le climat étant monté d'un cran, une manifestation prévue dimanche à Vintimille a été annulée. « Dans le climat de répression et d'instrumentalisation actuels, faire une manifestation aurait été un suicide », a déclaré à l'AFP un des militants No Borders. « Nous ne voulons pas tomber dans le piège, et pour cela nous avons (...) opté pour un sit-in en défense des personnes ‘en voyage' qui sont enfermées » à Vintimille, ont ajouté les militants.

    Dimanche, plusieurs groupes de Français ont rejoint les militants italiens.

    À Vintimille, les No Borders veulent défendre la liberté de circulation et dénoncer un « système d'apartheid » dans la mesure où selon eux les voyageurs blancs franchissent la frontière sans encombre alors que les migrants, tous originaires d'Afrique sub-saharienne, sont bloqués.(...)

    Refus de la hiérarchie

    Ce groupuscule est apparu en Allemagne dans les années 90. Depuis 2009, il apporte un soutien inconditionnel aux migrants de Calais qui souhaitent rejoindre la Grande-Bretagne. Les activistes aident ainsi les migrants à s'installer, à entreprendre des démarches administratives et ouvrent parfois des squats pour les accueillir. D'après le ministère de l'Intérieur, qui surveille le mouvement, ces anarchistes sont d'origine française, allemande et hollandaise. La presse outre-Manche évoque également la présence de nombreux militants britanniques dans leurs rangs.

    A priori, No Border ne fait mention d'aucun organigramme et refuse le principe même d'une hiérarchie.Il s'agit davantage d'un réseau transnational d'activistes que d'un groupe véritablement organisé. Le Monde rappelait qu'il est « difficile de décrire cette mouvance dont les membres fuient la presse ». Comme l'indique leur nom, ils se battent principalement pour l'éradication des frontières et la distinction entre « citoyen et non citoyen ».

    Leur présence à Calais ? : « Un ensemble d'activités variées qui a pour but de construire la résistance face aux agressions policières, d'éveiller les consciences sur la situation calaisienne, de montrer notre solidarité avec les migrants, et tout simplement d'essayer de rendre la vie des gens un peu plus facile », lit-on sur leur blog.

    Rue 89 rapportait que les militants filmaient depuis 2009 les interventions policières, « pour avoir des preuves en cas de bavures mais surtout pour témoigner du harcèlement policier dont sont victimes les migrants et les militants ». Une compilation d'images qui ont permis à l'organisation de saisir en 2011, le Défenseur des droits, qui a enquêté sur le sujet et publié, en 2012, un rapport dénonçant des violations des droits des migrants.

    « Ils essaient d'endoctriner les migrants »

    Il n'empêche, ces activistes sont mal vus des associations locales, notamment dans le Calaisis. « Les No Borders sont une nuisance. Ils essaient d'endoctriner les migrants. (...) Pour Emmanuel Agius, premier adjoint au maire de Calais, ces « gens de bonne famille qui connaissent le droit sur le bout des ongles pour mieux contourner la loi », utilisent les migrants « pour servir leur cause ».

    Début novembre 2015, après une série de heurts avec les forces de l'ordre, le mouvement avait été critiqué par le gouvernement. « Il y a des militants No Borders qui ont été identifiés (...) qui profitent du désarroi, de la détresse de ces migrants, qui instrumentalisent cette détresse, et les poussent à faire n'importe quoi», avait indiqué sur France Info le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre Henry Brandet. Pour ce dernier, ces militants « poussent les migrants à l'émeute, à des violences envers les policiers, à essayer coûte que coûte d'arrêter des camions sur la rocade pour pouvoir passer en Angleterre ». 

  • La journée « burkini » finalement annulée : il y a donc encore quelques limites ...

     

    Le centre aquatique des Pennes-Mirabeau renonce à accueillir l'association qui s'adressait aux femmes en tenues islamiques. Le maire appelle à la vigilance face à la multiplication de ce type d'événements.

    D'un commun accord, le sénateur maire de la commune des Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône, Michel Amiel, et le responsable du parc aquatique SpeedWater Park, sont convenus de ne plus louer le centre à l'association Smile 13. La journée prévue par ce groupe de femmes le 10 septembre avait suscité une virulente polémique politique.

    De son côté, l'association Smile 13 a publié un communiqué de presse, samedi 6 août, sur sa page Facebook : « Nous sommes tristes et inquiètes d'assister au déferlement de haine raciste, de grossièretés et de menaces dont nous sommes la cible »

    Ce qui devrait arriver ? Tout simplement, la multiplication de ce genre d'événements, la montée en puissance de la provocation.

    Il y a dix ans que Lafautearousseau prévoit et annonce la libanisation de la société française.

    Nous y sommes. Allons-nous vers la soumission ou la résistance ?

     

    Lafautearousseau 

  • ESPÉRER ET LUTTER

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgIl y a « une ligne infranchissable : l’Etat de droit  » : les Français peuvent être rassurés. Notre Premier matamore, dans un entretien au Monde, a défini, le 29 juillet dernier, la frontière qu’il ne saurait être question de franchir en Hollandie pour lutter contre le terrorisme islamique. C’était trois jours seulement après l’égorgement rituel d’un prêtre célébrant la messe, dans la banlieue de Rouen ; quinze jours après le massacre de Nice, qui avait fait quatre-vingt-quatre morts.  

    Certes, l’immense écho rencontré dans la société française par l’assassinat d’un prêtre en pleine messe a révélé combien celle-ci est encore marquée par le catholicisme, ce qui, au milieu de la douleur et par-delà la légitime colère, est un signe d’espérance. Car si toutes les victimes de l’islamisme ont, en tant que telles, un droit égal au respect, le fait que, symboliquement parlant — et nous employons cet adverbe à dessein —, l’assassinat d’un prêtre soit ressenti dans sa dimension spécifique et ait même contraint, ne serait-ce que pour des raisons politiques, François Hollande à se rendre à Notre-Dame de Paris, montre combien notre pays est toujours marqué, dans son essence même, et en dépit de tout, par le baptême qui fut à l’origine de sa naissance.

    On peut évidemment penser à Paul Reynaud faisant la même démarche en pleine débâcle, le 19 mai 1940, à la tête du gouvernement. Et s’il est vrai que nous n’avons à opposer que ces mantras que sont la « démocratie » et l’ « Etat de droit » comme armes de destruction massive aux cinquièmes colonnes de l’Etat islamique tapies dans « nos quartiers » et prêtes à intervenir sur simple injonction, alors c’est aussi la figure du général Gamelin qui nous vient à l’esprit. Car comment lutter, en se contentant d’invoquer une telle ligne Maginot intellectuelle et morale, contre cet ennemi intérieur que quatre décennies de folle politique migratoire a introduit chez nous, et qu’une politique extérieure erratique a conduit à se révéler comme tel ? D’autant que c’est au nom de ces mêmes principes que la droite puis la gauche ont déstabilisé la Libye et aidé à la déstabilisation du Proche-Orient, libérant un monstre islamiste qui ne demandait pas mieux pour surgir de ténèbres... fort peu épaisses.

    Qu’on ne s’y trompe pas ! Nous ne réclamons pas la disparition de nos libertés fondamentales, même si nous envisageons comme intellectuellement possible une restriction temporaire de l’exercice de certaines d’entre elles, comme cela s’est toujours pratiqué en temps de guerre. Encore faut-il avoir un État à la fois capable de prendre ces mesures et de le faire dans le seul souci du Bien commun. Comme le rappelait Jacques Sapir dans nos colonnes, fin juin, la dictature, à Rome, était une magistrature peut-être exceptionnelle, mais, comme telle, conforme à l’ « Etat de droit » — il en est ainsi, sous la Ve république, de l’article 16, de la loi martiale,... et de l’état d’urgence.

    Du reste, si celui-ci est devenu une mascarade dans la lutte contre les islamistes, puisque tous les terroristes qui sont passés à l’acte étaient connus de nos services de renseignement, il n’est pas impossible que l’exécutif ne finisse par s’en servir dans son propre intérêt, c’est-à-dire contre les patriotes, surtout si, à la faveur de nouveaux massacres, il le prolonge en 2017, année électorale. Dans Le Figaro des 30 et 31 juillet, Natacha Polony n’hésite pas à demander : « n’est-ce pas ce que certains espèrent : l’action folle d’un militant d’extrême droite, ou d’un simple citoyen indigné perdant son sang-froid, qui permettrait de brandir le spectre du racisme et de réduire au silence aussi bien les candidats à la primaire de la droite [...] que les intellectuels courageux » — au rang desquels elle se place — « qui appellent à la résistance par la laïcité, l’intégration et la transmission » ? On a tout lieu de le craindre lorsqu’on entend Manuel Valls ou tel autre hiérarque socialiste reprocher à la droite parlementaire d’être en voie de « trumpisation » quand elle propose pour lutter contre le terrorisme islamiste des mesures « démagogiques » qui s’affranchirait du sacro-saint « État de droit ». La ficelle est un peu grosse, mais que ne peut-on pas faire avaler à un peuple que de nouveaux attentats traumatiseraient gravement ? La majorité légale socialiste sait pratiquer l’amalgame lorsqu’il s’agit d’invoquer l’unité nationale pour mieux diviser les Français et diaboliser tous ceux qui proposent une autre politique de lutte contre l’ennemi intérieur.

    Ou font mine de proposer. Car ne nous y trompons pas : les mesures préconisées par la droite parlementaire sont de l’esbroufe, puisque cette dernière a montré, lorsqu’elle dirigeait l’Etat, combien elle était soumise aux diktats de la Cour européenne des droits de l’homme qui, aussi bien pour elle que pour Manuel Valls, définissent précisément ce qu’il faut entendre par « Etat de droit » et « démocratie ». Imagine-t-on que, retournant aux affaires, cette droite molle et lâche, dont les promesses d’autorité n’ont jamais engagé que les nigauds d’électeurs qui croient toujours en elle, romprait avec un catéchisme qui fait le fonds de commerce et du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne, deux instances supranationales avec lesquelles l’actuel pays légal ne veut pas rompre, surtout en matière d’immigration ou de droits fondamentaux ...des criminels ?

    Si nous quittons, en ce début du mois d’août, ces zones pestilentielles de la démagogie politicienne, sans savoir toutefois, avant que nous ne reprenions la plume début septembre, combien de nouveaux morts nous devrons compter, force est de reconnaître que les lignes bougent en profondeur. Et que des réponses commencent à être apportées aux interrogations sur l’état du pays. C’est le cardinal Vingt-Trois dénonçant le 27 juillet, dans son homélie à Notre-Dame sur le martyre du père Hamel, le prêtre assassiné, le « silence des élites devant les déviances des mœurs et la législation de ces déviances . [...] C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces.  » C’est Jacques Juillard qui, suivant les traces de Renan, regrette que la France ne soit « devenue intellectuellement et moralement le maillon faible de l’Europe. » Elle « ne sortira du marasme actuel, fait d’angoisse et d’incertitude, que par un renouveau intellectuel et moral. » Et ce républicain de gauche d’ajouter : «  Jeanne devant le Dauphin, Clemenceau devant le Parlement, de Gaulle au micro de Radio Londres n’ont qu’un seul et même message : oui le royaume de France existe ; oui la République existe. Oui, la France existe.  » [1]

    Il nous appartient à nous aussi d’assumer l’histoire de France dans sa totalité, tout en sachant que la tradition est critique. Peu s’aperçoivent, sous les tabous qui demeurent encore, de la révolution intellectuelle et spirituelle aujourd’hui engagée. Nous y participons au plan politique : tel est le sens, chaque année, de notre université d’été, où nous définirons, fin août, dix axes de salut national, pour retrouver les vrais fondements de l’amitié française. Comme le déclare Mgr le comte de Paris, dans l’important entretien qu’Il a bien voulu nous accorder : « Le multiculturalisme est un leurre dangereux, dont le résultat serait une “bouillabaisse” sans espoir et l’éradication des racines de notre civilisation.  » Nous en subissons aujourd’hui les conséquences sanglantes. Mais le renouveau sera au bout de l’épreuve, si, du moins, nous savons espérer et lutter.

    [1] Le Figaro des 30 et 31 juillet 2016

    L’Action Française 2000 [Editorial]

     

  • Ecologie politique, délires électoralistes, attaques contre la vie ...

     

    Un commentaire de Jean-Louis FAURE

    Reçu le 7.08. Un de ceux qui méritent d'être repris pour être lus de tous. Il y est question de notre publication d'un article de Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste » LFAR

     

    tugdual_derville_christian_mayaud.jpgBelle recension de Gérard Leclerc qui incite à se jeter sur cet ouvrage. Celles et ceux qui lisent régulièrement Tugdual Derville dans France Catho savent la croisade qu’il conduit contre ce que Gérard Leclerc a ramené avec juste raison au nihilisme.

    J’ajouterai simplement que l’écologie politique telle qu’elle s’est épanouie en France est à base de trotskisme révolutionnaire, usant de toutes les techniques de l’agitprop. Les attaques contre la Vie ne sont pas les plus voyantes, mais les plus sournoises certainement. Le sujet a été rapidement phagocyté par les puissances financières, celles là même que les écolos prétendent combattre.

    Une information récente a pris très peu de place, sans rapport avec ses énormes conséquences : la famille Rockefeller a officiellement annoncé qu’ils se désengageaient du pétrole pour investir massivement dans la transition énergétique. Quand on a observé les moyens de propagande considérables mis en œuvre pour organiser la COP 21 à titre d’exemple (opération de pur showbiz) on pouvait se douter que des investissements financiers étaient à l’œuvre, fut ce pour promouvoir des options réellement farfelues.

    Nous avons déjà écrit plusieurs fois pourquoi il est insensé d’incriminer l’action humaine dans le changement de climat. En rappelant qu’une échelle géologique est de l’ordre de 20.000 ans, qu’à la fin de la dernière glaciation, il y a 20.000 ans le niveau de la Méditerranée était de 147 m au dessous du niveau actuel comme l’a prouvé la découverte de la grotte Cosquer, le différentiel de masse d’eau étant dans les glaces. Les mêmes groupes de propagande, le GIEC et ses relais en particulier n’hésitant pas à une présentation fausses de résultats de mesures.

    Mais il convient d’isoler les conséquences économiques d’un délire électoraliste (la bille reviendra à sa place …), des atteintes mortifères portées à la Vie. Il faudra beaucoup plus de temps pour en évaluer les dégâts. Sans doute deux générations de vingt ans. En plusieurs occasions autour de ce triste spectacle, le professeur Rémi Brague nous a livré de belles dissertations sur l’imposture et le contresens entretenu sur le mot « progrès » ; c’est la clé de voute de ce scientisme suicidaire. 

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

  • Elle annule la Braderie de Lille : Aubry, la défaite... Aubry la soumission ...

     

    par François DAVIN

    Une réaction sur laquelle on pourra débattre

     

    24839943.3.jpgEn 1973, Raspail avait prophétisé, avec Le camp des saints, cette invasion massive, par la mer, de grappes humaines que les nouveaux collabos appellent des migrants (!), dans leur aveuglement insensé et criminel, produit de leur idéologie universaliste, alliée aux intérêts bassement marchands, misérablement mercantiles, du grand capital....

    En 2015, c'est Houellebecq qui fit une autre prophétie, dans Soumission : par fatalisme, acceptation ou lassitude, ou parce qu'ils n'ont décidément rien à lui opposer, toute une partie de la nation accepte l'élection d'un président musulman, et la France s'islamise... Les forces en action dans le pays pour détruire notre civilisation vieillissante ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement, mais cette implosion se produit sans réels soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.

    On en est là avec la décision hautement significative de Martine Aubry : elle capitule en rase campagne, alors que nous sommes en guerre, nous dit-on, et que l'on ne peut pas faire un pas dans la rue sans croiser deux bérets rouges, trois bérets verts, quatre chasseurs alpins, et j'en passe... Alors que nous vivons - ce qui est ridicule car contradictoire - un état d'urgence « habituel » et alors que nos forces de l'ordre sont épuisées par le maintien d'un ordre qu'elles ont, justement, de plus en plus de mal à maintenir, face à l'ennemi, dont la cinquième colonne est chez nous, bien implantée, grâce à la trahison des « élites » (!) depuis les mortifères décrets Chirac de 1975 sur le regroupement familial. Suivra l'action ininterrompue du parti immigrationniste dont je parlais plus haut...

    Martine Aubry envoie un signal fort à l'ennemi, le Califat terroriste islamique : vous avez gagné, parce que nous avons peur. Et, comme nous avons peur, nous mettons un genou en terre. Cette décision significativement défaitiste de Martine Aubry est à la fois une trahison et une stupidité : trahison, je viens de le dire; stupidité, car elle encourage les terroristes à commettre d'autres attentats, puisque « ça marche » !

    Les Corses - dont nous avons dit ce qu'il fallait, à savoir que nous ne soutenions ni le terrorisme du FLNC ni le désir d'indépendance d'une poignée d'agités - n'ont pas eu cette réaction de peur : ils ont, au contraire défié les terroristes. Ils les ont même avertis ... Les Basques ont maintenu leurs superbes Fêtes de Bayonne, et les Bretons leurs merveilleuses Nauticales de Brest et leur non moins merveilleux Festival interceltique de Lorient. Pour ne pas sombrer dans la vulgarité, mais pour être tout à fait clair et compris du grand nombre, je me contenterai de dire - à la place de ce qui me vient spontanément à l'esprit : voilà des Français « qui en ont » - Martine Aubry n'a pas eu ce courage-là, et, dans sa capitulation trouillarde et collabo, elle embarque toute la Province des Flandres avec elle, qui, certes, mérite mieux.

    Bien sûr, je sais qu'il est difficile, pour les responsables, de maintenir de telles manifestations; et facile pour un quidam de dire qu'il faut les maintenir. Qu'il se passe dans la Braderie maintenue ce qui s'est passé à Nice, et on me traitera d'inconscient. Mais l'argument est faux, : d'abord, rien ne s'est passé à Bayonne ni en Bretagne, pour les manifestations dont j'ai parlé; mais surtout, depuis la déclaration de guerre des musulmans terroristes, nous sommes tous, individuellement et collectivement, en danger de mort. Où que nous allions, quoi que nous fassions, et même si nous restons chez nous, sans rien faire. Je suis en danger de mort permanent quand - sans rien changer de mes habitudes de vie car ce serait faire gagner les terroristes - je continue à aller à la messe, à faire mes courses, à aller voir mes amis ou les recevoir chez moi, ou partir avec eux en balade, à aller à la plage : bref, à vivre, tout simplement, en disant « merde à Daech » (comme Ferré chantait « Merde à Vauban » ...).

    Donc, le choix est simple : ou bien on arrête de vivre libres, avec les risques que l'ennemi nous fait courir à tout moment, individuellement et collectivement; et on fait ce qu'a prophétisé Houellebecq : on se soumet à l'Islam terroriste. C'est le choix lâche et honteux de Martine Aubry : elle avait déjà donné un coup de couteau dans le dos à notre économie avec ses folles 35 heures obligatoires; elle vient maintenant de donner un coup de couteau dans le dos à tout « le Nord » : coup de couteau économique, d'abord, mais aussi et surtout, moral et mental...

    Soit on résiste. En acceptant, le cas échéant, puisque guerre il y a, de mourir; mais, au moins, ce sera « cara al sol », « face au soleil », comme le chantaient les libérateurs de l'Espagne en 1936, dont nous avons parlé récemment, à l'occasion du 18 juillet, date anniversaire de leur soulèvement salvateur... Et non après une lâche capitulation, en rase campagne, à la Martine Aubry.

    Il faut choisir : être résistant ou collabo. J'espère que notre choix est fait...

  • Jeux olympiques : « Charles Maurras avait raison ... Le sport divise plus souvent qu'il unit ! »

     

    Par Alexis Feertchak           

    Pour l'ouverture des Jeux olympiques de Rio, l'historien du sport Pierre Arnaud a accordé un long - et intéressant - entretien au FigaroVox [5.08]. Loin de l'esprit de Coubertin, l'olympisme est selon lui gangréné par la corruption et les luttes politiques. Il s'y déclare d'accord avec Charles Maurras sur un point capital. Il n'est que de lire ... D'autant que les analyses techniques intéresseront les sportifs.   LFAR

     

    Lors des premiers Jeux olympiques, à Athènes en 1896, Charles Maurras écrivait : « Cet internationalisme-là ne tuera pas les patries, mais les fortifiera ». Son constat résiste-t-il au temps ?

    3972855348.jpgPierre ARNAUD. - Pierre de Coubertin écrivait en 1920 (soit 25 ans plus tard que Charles Maurras!) : « [l'olympisme doit] créer de la force nationale par l'entraînement sportif et de l'harmonie internationale par la concurrence sportive ». Une fois encore le « visionnaire » confondait ses désirs et la réalité. En conséquence et pour vous répondre précisément: Charles Maurras avait raison, ce qui ne saurait réjouir le démocrate que je suis.

    Le Comité international olympique a pris la décision de confier aux fédérations internationales la responsabilité d'exclure des sportifs russes alors que nombre d'entre eux sont convaincus de dopage. Comment analysez-vous cette décision ?

    Cette question est délicate. La réponse peut susciter bien des controverses. Sans doute conviendrait-il, avant de répondre, de consulter la Charte Olympique. Mais parle-t-elle d'ailleurs de ce cas précis ? Je vais tenter d'apporter une réponse de bon sens. Le CIO désigne parmi les villes candidates, celle qui sera officiellement chargée d'organiser les Jeux Olympiques. De ce fait, si le CIO choisit et élit une ville parmi les candidates, il ne choisit pas les athlètes qui vont concourir dans les différentes épreuves. Cela ne me semble pas de son ressort. Encore que... S'il y a infraction aux règles et aux codes de l'éthique sportive et olympique, chacun peut imaginer et accepter que le CIO joue le rôle d'un gendarme en excluant les contrevenants. Cependant, c'est bien en amont qu'il faudrait endiguer, contrôler et sanctionner les pays et les athlètes ainsi que les équipes médicales qui sont chargées de leur contrôle et de leur suivi... Il est donc clairement de la responsabilité des Fédérations sportives internationales et nationales de sélectionner les athlètes qui sont jugés dignes (du point de vue de leur performance - minima olympiques - et de l'éthique sportive) de représenter leur pays. Quant aux responsabilités politiques des Etats... il conviendrait aussi de les sanctionner lorsqu'elle est démontrée !

    Historiquement, quel sens donner aux divers boycotts ? Erodent-ils le mythe pacificateur du sport cher à Pierre de Coubertin ?

    Les boycotts sont toujours politiques ! Qu'il s'agisse de Championnats ou de Coupes du Monde ou de Jeux Olympiques... Le sens à donner me semble toujours le même : le manquement aux valeurs universelles des droits de l'Homme par des régimes politiques qui revendiquent l'organisation de compétitions doit susciter la réprobation voire leur marginalisation et leur exclusion. Encore une fois il s'agit d'éthique. Des Jeux doivent être propres non seulement du point de vue du dopage et du point de vue médical (et des contrôles les concernant) mais aussi du point de vue politique (et on pourrait ajouter, social et économique). Le moment n'est pas venu ici de faire l'inventaire des différentes tentatives de boycottage qui ont eu lieu au XX° siècle. De nombreux ouvrages et articles leur ont été consacrés en particulier par les fondateurs de la Théorie critique du sport, de la Revue Quel Corps ? (1975-1997) puis Quel Sport ? (depuis 2007) animés par Jean-Marie Brohm et Fabien Ollier. Ceux-ci ont d'ailleurs été à l'initiative de nombreuses campagnes significatives de boycott des Coupes du monde de football et des JO pour la simple et bonne raison qu'ils servaient à légitimer et à renforcer des régimes totalitaires, dictatoriaux ou militaro-policiers (notons par exemple le boycott du Mondial de la junte de Videla en Argentine, en 1978, avec le COBA ; le boycott des Jeux de la stratocratie brejnevienne à Moscou en 1980, avec le COBOM ; le boycott des Jeux liberticides de Pékin en 2008, avec le COBOP ; le boycott des Jeux du national-soviétisme de Poutine à Sotchi en 2014, avec le COBOSO).

    Quant au rôle pacificateur du sport... Permettez-moi d'être sceptique. Le sport divise plus souvent qu'il unit ! L'affrontement n'est possible que si l'on a un « terrain » d'entente c'est-à-dire des règles. Sinon... c'est la chienlit ! Mais par définition le sport c'est l'opposition, le combat, l'affrontement... dans le respect du fair-play et de la règle ! C'est bien là que règne toute l'ambiguïté passionnément cultivée par Pierre de Coubertin. On en revient alors à votre première question! Pour ce qui me concerne, je n'ai jamais eu beaucoup de sympathie encore moins d'admiration pour Pierre de Coubertin dont beaucoup pensent qu'il fut un avant-gardiste, un visionnaire. C'était en fait un doux rêveur, un utopiste dont l'acharnement à réaliser « son rêve olympique » au nom des valeurs du pacifisme et de l'entente entre les peuples révèle son immense orgueil et son aveuglement, tout comme d'ailleurs la plupart des dirigeants ou notables de son époque. Il était un homme de son temps... Et non d'un autre temps ! Un conservateur et non un précurseur, ce qui peut se vérifier dans nombre de ses interventions...

    A Pékin en 2008 pour les Jeux olympiques d'été ou à Sotchi pour ceux d'Hiver en 2014, l'olympisme a été l'occasion d'une démonstration de force pour les pays organisateurs, mais aussi de coûteuses dépenses, comme pour la Grèce en 2004 ou pour le Brésil aujourd'hui. L'esprit de concurrence entre les pays organisateurs a-t-il dépassé les limites du raisonnable ?

    De la part des pays organisateurs (qui ont été choisis par les membres du CIO rappelons-le) il ne s'agit pas seulement d'une démonstration de force mais de la volonté d'acquérir un prestige et une reconnaissance mondiale. Les J.O. sont la vitrine non seulement économique, mais aussi sociale, politique, culturelle, etc. d'un pays. Comme toutes les vitrines des magasins, la vitrine sportive annonce plus de rêves qu'elle n'en peut offrir réellement! Elle masque bien souvent la misère politique et sociale effective derrière les fastes des installations, des cérémonies et des performances. On le constate encore une fois avec Rio en ce moment. C'est un miroir aux alouettes ou une grande armoire aux illusions! Et cela conduit inévitablement à la surenchère et donc à des dépenses très excessives et souvent inutiles comme je le rappellerai probablement plus tard. Il suffit de lire les articles et commentaires de Wladimir Andreff, professeur d'économie du sport, pour se persuader que l'organisation et le déroulement des J.O. sont une gabegie financière qui a pour principale cause le mensonge: mensonge sur les coûts estimés qui ne sont jamais respectés. Normal: le CIO se vend à l'encan, c'est à dire au plus offrant ! D'où l'explosion des coûts et l'affairisme qui entourent les marchés juteux de la « fête olympique » ! Vous n'avez pas lu W. Andreff ? Alors je reprends quelques-uns de ses chiffres. Quels ont été les « coûts de dépassement » des J.O. depuis 1984? Une seule ville a tenu ses engagements et n'a pas eu de déficit : Los Angeles en 1984 (elle n'avait, soulignons-le, aucun concurrent dans la course aux enchères). Par la suite ce ne sont que dépassements ahurissants : Barcelone en 1992 : 32 % ; Sydney en 2000 : 93 % ; Athènes en 2004 : 109% et surtout Londres en 2012 : 127 % et Pékin en 2008 : 1130 %!!! (1).

    Et Paris en 2024 … si jamais d'aventure le CIO avait la mauvaise intention de sanctionner Paris en ponctionnant sa population déjà écrasée par les dettes ? Mais il est vrai que, en matière d'Olympisme comme en d'autres domaines, les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! François Hollande accompagné par ses deux égéries Anne Hidalgo et Valérie Pécresse sont aujourd'hui à Rio ; voilà un voyage politique s'il en est pour défendre (discrètement paraît-il) la candidature de Paris en 2024. Et ne parlons pas de Tony Estanguet et de Teddy Riner grassement payés et entretenus pour jouer les VRP ...

    Que pensez-vous justement de la candidature de Paris pour les prochains Jeux olympiques ?

    Je ne suis pas seul à être franchement et carrément hostile au maintien de cette candidature. Les appels que nous avons lancés le 23 juin 2015 et le 12 janvier 2016, parus dans le Huffington Post et dans la Revue Quel Sport?, ont reçu quelques échos (bien faibles disons-le tout net) dans la presse et les médias. En résumé qu'écrivions-nous? Pourquoi Paris ne doit pas poser sa candidature, et si elle est quand même posée, pourquoi le CIO ne doit pas la retenir? Compte tenu de l'augmentation massive du chômage en France et des mesures d'austérité qui frappent tous les secteurs de la vie publique, nous estimons qu'il y a d'autres priorités qu'une candidature dispendieuse aux JO de 2024. Nous pensons en somme que le « rêve des Jeux » ne doit pas faire diversion.

    Parmi tous les arguments présentés il y a d'abord le coût (évoqué ci-dessus). Entre 60 et 100 millions d'euros risquent d'être engloutis en pure perte dans les frais de candidature. L'État a déjà débloqué un abondement exceptionnel de 10 millions d'euros pour assurer le bon fonctionnement du Groupement d'intérêt public «Paris 2024». 3 milliards de fonds publics seraient ainsi engagés sur un budget prévisionnel global de 6,2 milliards d'euros. Or, pour quasiment tous les Jeux, les budgets prévisionnels explosent (Athènes: 11,1 milliards ; Pékin: 32 milliards ; Londres: 11 milliards ; Rio: 12 milliards). Tandis que le CIO est exonéré d'impôts et que les retombées économiques ne bénéficient qu'au secteur privé, les populations sont obligées de supporter le poids de la dette pendant plusieurs années. L'hôpital public, le logement social, les transports en commun, l'éducation, la recherche scientifique ne doivent pas être affectés par l'opération de prestige de la parade olympique. «L'aventure olympique» ainsi désignée par Anne Hidalgo - dont je rappelle qu'elle était initialement hostile à cette candidature, mais çà c'était avant son élection à la mairie de Paris ! - se construit sur la base de contre-vérités qui vont rapidement devenir un mensonge d'État! Des J.O. low-coast à Paris? Mais vous n'y pensez pas! Nous disposons paraît-il des infrastructures: stades, piscines, gymnases, etc. Mais c'est oublier les appétits des grandes multinationales qui auront vite fait de dépasser les coûts en construisant des temples sportifs et commerciaux pharaoniques et donc surdimensionnés et qui n'auront, comme en Grèce après 2004, aucune utilité une fois les jeux terminés. Sans parler des transports, des logements «facilement reconvertibles» en logements sociaux. C'est comme si on demandait à l'abbé Pierre de construire le village olympique. N'y a-t-il pas mieux à faire avec l'argent des Français compte tenu de l'état piteux dans lequel se trouve notre pays? En clair, je pense que le redressement économique et social de la France ne passe pas par l'organisation de Jeux qui ne profiteront qu'aux nantis et ne satisferont que l'ego d'un spécialiste des commémorations à l'occasion du Centième anniversaire des J.O. de Paris (en 1924) !!!

    Second argument qu'il convient de méditer (et non des moindres) : la sécurité et les frais colossaux qui seront engagés pour protéger et garantir le déroulement des épreuves, où que ce soit, avec la mobilisation (c'en est une!) de milliers de policiers, gendarmes, militaires, de « forces » dites de « l'ordre ». Certes nous ne sommes pas en 2024 et l'on peut espérer ne plus avoir à se protéger du terrorisme et des djihadistes. Mais faudrait-il qu'au nom de la « fête olympique » nous acceptions, sans réfléchir aux conséquences sur les principes démocratiques, le quadrillage militaro-policier de l'espace public, la surveillance électronique généralisée, la restriction des libertés fondamentales ?

    Et pour terminer troisième argument: et la démocratie? Qui a décidé de poser la candidature de Paris pour les J.O. De 2024? A-t-on demandé l'avis aux parisiens et plus largement aux Français (ce sont eux tous qui payent!) ? Pourquoi ne pas faire une « votation » comme ce fut le cas en Suisse, ou un référendum national ? J'estime que des décisions aussi importantes ne doivent pas être confisquées par une multinationale olympique opaque et non démocratique qui abrite en son sein des fédérations et des athlètes plusieurs fois impliqués dans des affaires de corruption, de matchs truqués et de dopage (FIFA, UCI, IAAF, etc.).

    Je n'ai évidemment pas épuisé les arguments et les explications. C'est pour vous inviter à de nouvelles lectures...

    L'olympisme a survécu à deux guerres mondiales et à la Guerre froide. Dans un monde contemporain où réapparaît le vocabulaire de la guerre et des conflits, quel avenir voyez-vous pour les Jeux olympiques dans les prochaines décennies ?

    Le vocabulaire de la guerre, les conflits ne mettront pas fin à l'Olympisme et aux Jeux olympiques. Ils seront suspendus, le temps que revienne difficilement l'apaisement: comme ce fut le cas en 1919 (Jeux Inter-alliés) puis 1920 (Jeux d'Anvers pour récompenser la petite Belgique). Comme ce fut le cas encore en 1948 à Londres (pour les mêmes raisons) (2). La Guerre froide n'a jamais interrompu les Jeux: elle en a seulement accentué le caractère nationaliste et chauvin! À mon avis, ce n'est pas la politique ou plus largement les «relations internationales» (au sens diplomatique du terme) qui peuvent mettre un terme ou compromettre l'avenir des Jeux. Pour anéantir non seulement les Jeux Olympiques mais l'idéal olympique déjà bien fragilisé, il faudrait mettre un terme à la mainmise de l'argent et à l'imaginaire inégalitaire de la « surdimensionalisation »  de l'homme. Citius, Altius, Fortius... là est hélas le ver qui ronge le fruit. Parce qu'on confond l'esprit de compétition, la performance, le dépassement de soi-même avec le record ce qui induit déviations, perversités et transgressions diverses dont le professionnalisme, l'appât du gain et le dopage ne sont que les symptômes les plus apparents...

    Mais que dis-je ? Après avoir critiqué Pierre de Coubertin, voilà que je deviens aussi un doux rêveur aux utopies enchanteresses...

    (1). Pour une argumentation complète sur ces données et bien d'autres, voir la Revue Quel Sport ?, en particulier le n° 27.
    (2) ARNAUD Pierre et RIORDAN James, Sport et relations internationales (1900-1941), éd. L'Harmattan, collection Espaces et temps du Sport, 1998.

    Portait ci-dessus :  Charles Maurras à 25 ans, autour de 1895

    Pierre Arnaud est un professeur d'éducation physique et historien du sport né en 1942. Professeur émérite de l'Université Lyon-1, il est le fondateur des « Carrefours d'histoire du sport » et du Centre de recherche et d'innovation sur le sport (CRIS).

    Alexis Feertchak    

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Maurras : « Non, les patries n'étaient pas dissociées ; la guerre non plus n'était pas morte. »       

  • Présence des femmes ... dans nos piscines de demain ... Ça vous dit ?

  • Traditions • Culture • Loisirs ...

  • Action Française • A PROPOS D'UNE CARTE DE « CAMELOT DU ROI » 1934-1936

     


    3578948983.jpgNotre chroniqueur du Maroc, Péroncel-Hugoz, malgré le final savoyard de son second nom, est de bonne roture provençale. Habitant la même maison varoise depuis cinq générations, les papiers de famille y sont naturellement conservés. Péroncel-Hugoz en a extrait pour nos suiveurs la carte d'appartenance à l'AF de son père, Jean Péroncel-Hugoz (1913-1978). Notons que le scribe de la section marseillaise de l'AF a orthographié « Péroncel » avec un a à la place du o... Ladite carte est signée Maxime Real del Sarte (1888-1954), fondateur des Camelots du Roi.
    Real del Sarte fut également l'un des sculpteurs les plus cotés en France et internationalement durant la période Art Déco.

    Carte Action française.jpgOn notera les formules claires et énergiques de la déclaration signée par le membre : "Je m'engage à combattre tout régime républicain. La République en France est le régime de l'étranger. L'esprit républicain désorganise la défense nationale et favorise les influences religieuses directement hostiles au catholicisme traditionnel".

    Et ainsi de suite. On ne saurait mieux dire... A l'époque, bien sûr, l'Islam n'était pas encore un danger pour la France qui se trouvait être, par ses colonies, mandats, protectorats, une puissance mahométane. Cependant, Charles Maurras qui, dès Kiel et Tanger (1910) avait écrit « L'Islam renaît », vit un symbole négatif pour l'avenir dans l'ouverture à Paris, au milieu de la décennie 1920, à l'initiative du parfait monarchiste qu'était le maréchal Lyautey, d'une grande mosquée à Paris. 90 ans plus tard, il y a 2.500 mosquées en France métropolitaine, dont plusieurs « Grandes », et les projets de constructions nouvelles se multiplient, dans une France largement déchristianisée qui plus est...  Lafautearoussseau  

    Photo de droite : La carte de ligueur d'Action Française, recto-verso.

    IMG - JPEG - Copie.jpg

    Notre chroniqueur du Maroc, Peroncel-Hugoz, avec nos remerciements et un cordial salut collectif  

  • CULTURE & ROYAUTE • Un pont vers le ciel

    Le sacre de Charles VII, par Lenepveu. Roi par la grâce de Dieu. Photo © Leemage

    Par Laurent Dandrieu

    Une superbe réflexion sur l'essence même de la Royauté, mise en ligne sur le site de Valeurs actuelles le 20.07.2016.  LFAR

     

    laurent%20dandrieu%203.jpgParti pris. Un essai nous rappelle que la royauté est intimement liée au sacré. Et si le discrédit de la politique moderne tenait aussi à son refus de tout ancrage spirituel ?

    Recevez ce sceptre qui est la marque de la puissance royale, appelé sceptre de droiture et règle de la vertu, pour bien conduire, et vous-même, et la sainte Église, et le peuple chrétien qui vous est confié, pour le défendre des méchants, par votre autorité royale, pour corriger les pervers, protéger les bons et les aider à marcher dans les sentiers de la justice, afin que, par le secours de celui dont le règne et la gloire s’étendent dans tous les siècles, vous passiez d’un royaume temporel à un royaume éternel. Cette exhortation prononcée lors du sacre de Louis XIV, le 7 juin 1654, dit assez ce que la royauté a d’intimement lié avec le spirituel. La chose n’est pas propre à la “monarchie de droit divin” française (la formule juridique, moquée aujourd’hui comme une forme de mégalomanie dérisoire, veut dire au contraire que le monarque n’est souverain que parce que Dieu le veut bien, et est comptable devant lui, et lui seul, de ses actes), mais est consubstantielle à l’idée même de royauté. Plus sûrement que le mode de désignation (car il est des monarchies électives ou héréditaires) ou même que le mode d’exercice du pouvoir (car il se pourrait que celui-ci n’en soit qu’une conséquence), cette alliance — qui n’est pas une confusion — du temporel et du sacré pourrait être ce qui définit profondément la royauté, par-delà ses diverses incarnations historiques.

    C’est en tout cas ce que tend à démontrer le petit essai de Christophe Levalois, qui tente, par delà les époques, les cultures et les continents, de synthétiser les rapports entre le sacré et la royauté. Il en ressort que celle-ci ne relève « pas tant d’un système ou d’une organisation politique que de la concrétisation d’une vision de la société vue comme un organisme en correspondance avec la création visible et invisible […] et tâchant d’être à l’image de celle-ci ». Dans une société traditionnelle, le roi est au centre, point d’équilibre et point de passage entre la terre et le ciel. Dans un monde éclaté par le péché originel, il est le rappel de l’unité originelle de la Création, celui qui permet d’éviter la dispersion chaotique. Comme le dit Jeanne d’Arc, il est « lieutenant du roi des cieux », au sens premier de “tenant lieu”. Pour souligner ce rôle, le roi romain Numa Pompilius prit le titre de “pontifex” (faiseur de ponts) plus tard repris par les papes, et les Chinois écrivent le mot “roi” par un trait vertical reliant trois traits horizontaux, représentant le ciel, les hommes et la terre.

    Pourtant, cette lieutenance n’est pas pour le roi un privilège, mais bien quelque chose qui l’oblige. D’abord à être vertueux, sans quoi toute la vertu de l’édifice s’effondre. Et surtout à ne pas sortir de son rôle en se prenant pour Dieu lui-même. Dans le Livre des rois, poème historique persan, un noble rappelle ainsi à l’ordre son souverain : « Si tu t’élèves de la longueur d’une main plus haut que tu ne dois, tu es entièrement rebelle envers Dieu. »

    Mais s’il reste dans les limites de sa condition et dans l’esprit de service qui est celui de sa fonction, alors le roi peut tenir son rôle d’“axis mundi”, d’axe du monde qui permet que le temporel et le spirituel ne soient pas deux puissances en guerre, mais que l’un soit une passerelle vers l’autre. Cet idéal, évidemment plus ou moins bien incarné suivant les hommes et les périodes, est en revanche foncièrement étranger à nos régimes démocratiques, qui s’interdisent toute transcendance et ne prétendent qu’au confort matériel des peuples. Accouchant ainsi d’un monde dissocié, d’une société schizophrène où soucis matériels et croyances spirituelles se tournent le dos dans une mutuelle indifférence. Les soucis matériels ayant en réalité, parce qu’étant les seuls dont la société reconnaisse la légitimité, tout loisir d’étouffer dans l’oeuf les croyances spirituelles. Et c’est ainsi que la société dissociée accouche d’un homme atrophié. Étonnez-vous, après cela, que celui-ci nourrisse à l’égard d’un système qui l’a ainsi amputé de sa meilleure part une sourde et inexprimable rancoeur. 

    La Royauté et le Sacré, de Christophe Levalois, Lexio, 128 pages, 10 €.

    Laurent Dandrieu 

    A lire aussi dans Lafautearousseau, à propos du même livre ... 

    La royauté et le sacré [une recension d'Anne Bernet]

  • Religion & Société • Sainte-Rita : Les explications de L'abbé Guillaume de Tanouärn à Eugénie Bastié

     

    Par Eugénie Bastié            

    L'abbé Guillaume de Tanouärn, qui célébrait la messe à Sainte-Rita depuis plusieurs mois, revient sur l'expulsion musclée de l'église mercredi dernier et s'explique dans cet entretien avec Eugénie Bastié [Figarovox, 3.08]. A noter que nous n'intervenons pas en terrain proprement religieux, ni dans les querelles et oppositions qui s'y manifestent. Simplement, croyants ou non, nous estimons qu'un combat intelligent pour la défense de l'héritage catholique de la France doit être mené et que les royalistes ne peuvent s'en désintéresser. En particulier, dans le contexte de guerre de civilisation qui, de fait, nous est menée. LFAR

     

    Guillaume_de_Tanoüarn.jpgVous avez été expulsé ce matin de l'église Sainte Rita que vous occupiez depuis plusieurs mois. Pourquoi vous êtes-vous installé dans cette église ?

    Cette église a été construite en 1905 par un groupe anglican qui s'appelait les Catholiques apostoliques, dont l'objectif était d'annoncer la fin du monde aux autres chrétiens. Ce groupe spirituel tombé en déshérence a décidé de louer cette église à des autoproclamés gallicans, catholiques dissidents qui ne payaient pas le loyer. L'association a donc décidé de vendre à un promoteur. La communauté catholique s'est trouvée abandonnée et m'a demandé de venir célébrer la messe, ce que j'ai fait. A l'heure de l'expulsion, nous en étions à deux messes pleines chaque dimanche célébrées à Sainte Rita.

    Il y a des centaines d'églises pas toujours pleines dans Paris. Pourquoi insister sur celle-là ?

    La destruction programmée de Sainte Rita pose la question de toutes les églises vides de France. Elles doivent être reconnues comme des lieux sacrés, et protégées même si elles ne sont pas «rentables». Si nous voulons continuer à être une civilisation, il nous faut continuer à avoir ces lieux où soufflent l'esprit, même si ils ne sont visités qu'épisodiquement.

    Pourquoi avez-vous choisi de célébrer la messe au moment de l'expulsion? N'est-ce pas une mise en scène ?

    J'ai voulu que cet événement ne soit pas qu'une simple expulsion administrative, mais prenne une dimension spirituelle. J'ai célébré cette messe comme le seul au revoir possible à cette église, dans un très grand recueillement.

    Est-ce une affaire de patrimoine ou de symbole ?

    Alors que l'actualité nous présente de manière urgente la nécessité d'un concordat avec l'islam de France pour construire davantage de lieux de culte musulmans, la destruction de l'église Sainte Rita apparaît comme le signe d'un nouveau recul de l'Église dans l'univers culturel français. Si à travers l'affaire Sainte Rita nous pouvons poser avec force la question du respect des églises en France et de leur entretien, alors nous n'aurons pas tout à fait perdu notre temps.

    Le combat est-il terminé ?

    Nous sommes tout sauf résignés. Nous sommes très contents qu'un simple acte administratif, qui devait passer inaperçu dans la moiteur de l'été soit devenu un sujet qui intéresse la France entière, une France qui envers et contre tout, malgré sa déchristianisation, se reconnaît d'une manière ou d'une autre dans le catholicisme.

    En ce qui concerne l'affaire Sainte Rita elle-même, nous avons fait la démonstration que le recours de l'État à la force légale est insuffisant et qu'il faut organiser une véritable concertation citoyenne, pour montrer que la destruction n'est pas une fatalité et qu'un ou plusieurs communautés chrétiennes sont prêts à racheter l'église.

    Combien faudrait-il pour racheter l'église ?

    Cinq millions. Mais je crois que grâce à Sainte Rita, patronne des causes désespérées, cette affaire ne fait que commencer…  

    L'abbé Guillaume de Tanouarn est prêtre et docteur en philosophie, auteur de nombreux livres. Ancien membre de la fraternité Saint-Pie X, il a rejoint l'église de Rome en 2006. Son dernier ouvrage, Délivrés. Méditations sur la liberté chrétienne, est publié aux éditions du Cerf. Il célébrait la messe à l'église Sainte-Rita depuis octobre 2015.

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    Eugénie Bastié

    Journaliste et essayiste

    Ses idées

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    Son dernier livre Adieu Mademoiselle [19 €]