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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1416

  • Politique magazine, un numéro d'été exceptionnel : « Aujourd’hui, le royalisme »

     

    Découvrez le numéro d'été ! 

    Où en est, 146 ans après l’établissement de la République, l’idée royale en France ?

    Quelle est aujourd’hui  sa signification et sa portée ? Qui sont les royalistes ? Chroniques, entretiens, reportage au cœur de l’Action Française, Politique magazine mène l’enquête jusqu’ au domaine royal de Dreux où réside l’héritier des rois de France.

    Dossier  

    Retrouvez  les  analyses de Jean Sévillia, historien et rédacteur en chef adjoint au Figaro, Frank Ferrand, historien et animateur sur Europe 1 et France TV , Jacques Trémolet de Villers, avocat et écrivain,  Christian Franchet d’Esperay, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Universelle,  Philippe Ménard, rédacteur en chef de l’AF 2000

    Un entretien exclusif avec le prince Jean d’Orléans : « La monarchie s’incarne dans la famille  »

    Et aussi dans ce numéro…  54 pages d’actualité et de culture !

    Sommaire

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  • Traditions • Culture • Loisirs ...

  • Famillle de France • Le Prince Charles-Philippe d'Orléans soutient son cousin le duc de Vendôme

     

    Suite au communiqué émis par le prince Jean de France, duc de Vendôme, pour préciser qu’au décès de son père le comte de Paris, ce sera bien lui le chef de la Maison de France, son cousin le prince Charles-Philippe d’Orléans, duc d’Anjou, prend publiquement position sur sa page Facebook et salue l’initiative du Prince Jean :

    « Communiqué du Prince Jean de France, duc de Vendôme, suite aux déclarations du Comte de Paris, Chef de la Maison Royale de France, sur l'Ordre de succession que ce dernier a tenté de changer.

    Ce communiqué est concis et clair, il ne laisse planer aucun doute sur la succession de la Maison Royale de France. C'est courageux de la part du Prince Jean d'affronter ainsi son père. Bravo !!! »

    Un grand bravo aussi au Prince Charles-Philippe d'Orléans.  

    Lafautearousseau  •

  • Société & Ecologie • Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

     

    Par Gérard Leclerc           

    Gérard Leclerc salue ici [Figarovox, 3.08] le nouveau livre de Tugdual Derville  qui défend une vision de l'homme et une conception de l'écologie bien différente de celle que défendent les écologistes patentés. LFAR

     

    L'écologie est plus qu'à la mode. Fort heureusement, car la cause vaut beaucoup mieux que certains de ses leaders proclamés. Elle est même impérative pour toutes les raisons que l'on sait. Mais l'écologie pose un problème singulier. Au-delà de ses sectes les plus extrémistes, elle a mis l'homme en procès pour crime envers la nature. L'homme, ce pelé, ce galeux dont vient tout le mal… Le procès n'est pas illégitime, il pèche néanmoins par défaut ou insuffisance. Car le coupable est aussi victime.

    tugdual_derville_christian_mayaud.jpgVictime de lui-même, sans aucun doute, mais victime de plus en plus en péril dans la mesure où le saccage dénoncé le vise de plus en plus directement dans son intégrité physique et morale. De cela, la plupart des écologistes patentés n'ont cure. Ils sont souvent parmi les premiers à militer, au nom de prétendues conquêtes sociétales, en faveur de ce qui détruit le plus implacablement le cœur même de notre humanité. Qu'il s'agisse de PMA, de GPA, d'euthanasie, ils combattent, à quelques exceptions près, pour la déshumanisation accélérée de notre espèce, sans comprendre à quel processus infernal ils se sont enchaînés. Processus magistralement démonté par Tugdual Derville dans Le Temps de l'homme. Pour une révolution de l'écologie humaine (Plon). L'ouvrage vient d'être publié et s'impose comme un fanal lumineux au milieu de tous les défis de notre temps.

    Que nous dit-il d'essentiel ? « De toutes les façons, nous n'avons plus le choix : la révolution bio-technologique place l'humanité au pied du mur. Pour se préserver de la dénaturation, l'homme doit maintenant se définir. Il lui faut comprendre son identité pour y consentir et s'humaniser davantage. Cela suppose de résister aux nouvelles sirènes scientistes. Car leur chanson, devenue tonitruante, annonce une “redéfinition de l'homme”. Nous ne contesterons ni la science, ni la technique, ni la médecine qui sauvent tant de vies. Mais peut-on laisser les richissimes multinationales du web devenir plus puissantes que les États eux-mêmes dans leur prétention à remodeler l'homme, jusqu'à imaginer de le rendre immortel ? Comment préserver l'humanité d'une dissolution dans l'absolutisme technologique ? » Certes, Tugdual Derville a eu des prédécesseurs dans la dénonciation prophétique de ce que Günther Anders appelait l'obsolescence de l'homme. Mais nous sommes parvenus à cette phase ultérieure où l'hubris technicienne convoite le mythe du cyborg et où Günther Anders se voit confirmé dans la plus tragique de ses hantises.

    Dès lors, la priorité de définir une écologie humaine s'affirme comme une nécessité absolue. Et c'est peut-être aux écologistes qu'il revient d'abord d'en prendre conscience, en franchissant un degré supplémentaire. Ontologique, si l'on veut. Il y a une spécificité de l'humain à reconnaître, sans se tromper. Il ne s'agit nullement de réduire l'homme à la nature, dont il ne saurait émerger comme un simple chaînon de l'évolution. Il est à lui-même son propre oikos, sa propre demeure, qu'il faut explorer avec l'attention adéquate. C'est cette attention extrême en même temps que délicate, que Tugdual Derville exerce avec sagacité et précision. Son langage n'est pas celui d'un philosophe, il n'en obéit pas moins à toutes les requêtes d'une phénoménologie dont le langage restitue la chose même, notre humanité la plus vivante et parfois la plus fragile. Ce faisant, il s'oppose de front à la mentalité qui, faisant de tout un objet de construction, soutient puissamment le projet d'assujettissement de l'humain par la technique.

    La sexualité constitue aujourd'hui un des plus vifs enjeux de l'écologie humaine, car l'idéologie du genre, qui entend l'abstraire de ses conditions charnelles en l'érigeant en artefact pseudo-culturel, précipite sa chute irrémédiable. Le délire constructiviste produit ainsi ses pires ravages : « Car la relation sexuelle - celle qui engage le corps, le cœur et l'âme dans un présent d'éternité - est l'acte qui célèbre l'humanité avec le plus d'éclat. Chez l'homme, le sexe relève du sacré. Il combine, au naturel, l'intimité la plus profonde entre deux êtres et l'ouverture à la vie. » Inutile de dire que nous sommes au centre d'une lutte inexpiable, où l'État socialiste a pris parti de la façon la plus idéologique pour «la dénaturalisation du genre, de la sexualité et de la famille », s'exposant ainsi à un formidable mouvement de fond, qui n'a pas fini de produire ses effets en chaîne.

    D'où justement le projet révolutionnaire, constructif d'une écologie humaine. Mais à un projet qui est aussi d'ordre politique, il faut une stratégie, un enracinement populaire, des positions offensives (non pas pour faire du mal mais pour créer du lien). Le mérite de celui que dessine Tugdual Derville est de s'intégrer à ce que Maurice Clavel appelait le mouvement de la vie, dans ses plus beaux fleurons. Il utilise à ce propos une métaphore très suggestive, celle du mycélium - « ce réseau de fines racines interconnectées » qui innerve l'humus de nos campagnes et permet l'efflorescence des champignons les plus savoureux. Le mycélium de l'écologie humaine est à la pointe de la créativité sociale. Il est à l'origine «d'une multitude d'initiatives destinées à sortir de l'isolement et de l'exclusion les personnes concernées par le handicap, celles qui survivent dans la rue, les personnes âgées seules, les femmes enceintes abandonnées, les enfants maltraités, les personnes en fin de vie…». Drôle de troupe révolutionnaire ? Bien sûr, mais elle entraîne d'autres solidarités, de proche en proche. Elle a le mérite précieux de sauvegarder et faire grandir ce qu'il y a de meilleur et de plus fécond en nous. Il faut lire, d'urgence, Tugdual Derville ! Il nous offre les clés en or d'un avenir où il n'est plus question de l'obsolescence de l'homme.

    Le Temps de l'homme. Pour une révolution de l'écologie humaine, de Tugdual Derville (Plon, juin 2016, 320 p., 17,90 €). 

    Gérard Leclerc           

  • Livres • La royauté et le sacré

     

    par Anne Bernet

     

    938307326.pngÉdité pour la première fois en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution et ce n’était sans doute pas une coïncidence, sous le titre Principes immémoriaux de la royauté,  réédité aujourd’hui en poche après avoir connu quelques révisions de détails, ce bref essai est une remarquable synthèse sur la finalité de la fonction royale à travers le monde.

    Trait d’union entre le Ciel et la Terre, porte-parole autorisé des hommes auprès de Dieu dont il est le lieutenant terrestre, incarnation des trois ordres traditionnels dont il est le chef naturel, réunissant en lui les attributs du prêtre, du guerrier et du garant de la prospérité commune, le Roi, de l’Extrême Orient à l’Amérique précolombienne, de l’Afrique à l’Europe occidentale, est investi d’une mission. De lui dépend le maintien des équilibres fondamentaux de la société ; il est le protecteur et le justicier.

    Qu’il manque à son rôle, aspire à la tyrannie, ou soit victime des méchants, serviteurs des puissances ténébreuses que sa simple présence sur le trône réduit à l’impuissance, et le monde sombre dans le chaos. Attenter à la royauté, l’abattre, prétendre au nom de la liberté, la remplacer, c’est détruire l’ordre éternel de l’univers en se coupant de Dieu.

    « La démocratie, c’est le mal. La démocratie, c’est la mort. » disait Maurras. Toutes les civilisations, jusqu’à une date récente, le savaient. Elles ont voulu l’oublier. Chacun peut voir où cela a conduit. 

    La royauté et le sacré, de Christophe Levalois ; Le Cerf Lexio ; 125 p ; 10 €.

    Repris du numéro de juillet - Août de Politique magazine > Commander ici !

  • Religion & Société • Vous avez dit « valeurs » ? « Soupçon » ? « Discutables » ... ?

     Homélie à Notre-Dame, Paris, le 27 juillet 2016

  • Journée « Burkini » à Marseille : femmes et enfants jetés dans le grand bain de la ségrégation salafiste

    Le flyer de la journée « Burkini » organisée dans un parc aquatique des Bouches-du-Rhône, privatisé pour l'occasion

     

    Voilà qui jette le doute sur ce « vaste examen de conscience (...) à l'œuvre chez bien des musulmans » dont Remi Brague affirme la réalité dans la tribune qui suit. Seule ombre, il est vrai, parmi ses analyses utiles et savantes. 

    Nous voyons, au contraire, se développer, plus déterminé que jamais, un prosélytisme islamiste, exhibitionniste et d'esprit évidemment provocateur, que le contexte de cet été sanglant n'aura pas émoussé. Et, sans-doute, même, qu'il a, dans une partie de la communauté musulmane, encouragé. 

    L'affaire fait, comme on a pris la détestable habitude de le dire, le buzz et nous y reviendrons dans nos publications de ce weekend.  LFAR  •

  • Rémi Brague : Le Pape ne peut pas renvoyer dos à dos islam et christianisme

     

    Par Rémi Brague    

    Le pape a déclaré que s' « il devait parler de violence islamique, alors il devait (aussi) parler de violence catholique ». Le philosophe Rémi Brague rappelle que les textes sacrés des deux religions ne justifient pas la violence de la même manière. FigaroVox a publié cette tribune de Rémi Brague le 24 mai dernier. Philosophe, professeur émérite à la Sorbonne, Rémi Brague était alors « perplexe » quand le pape relevait une similitude dans l'esprit de conquête de l'islam et du christianisme. Une perplexité qui se confirme après les propos tenus ce dimanche par le pape Français sur violence islamique et violence catholique. Figarovox a donc repris cette intéressante tribune le 3.08. On y décèle inquiétude et réprobation des récentes déclarations du Pape François sur Islam et Christianisme. On sait cette réprobation partagée par nombre d'intellectuels catholiques, spécialistes de l'Islam et / ou des Chrétiens d'Orient.  LFAR 

     

    Les déclarations publiques du pape François suscitent toujours l'intérêt. L'entretien accordé par le Souverain Pontife à deux journalistes de La Croix, publié dans ledit quotidien le 17 mai, contient ainsi une quantité de choses excellentes, et même réjouissantes. Par exemple, sa conception du rôle que le christianisme pourrait et devrait jouer envers les cultures, dont l'européenne, ou encore ses réflexions sur les causes de la crise migratoire et son traitement possible, enfin son amusante dénonciation du cléricalisme. Il y a là-dedans de quoi provoquer une réflexion approfondie, et l'on souhaite que nos décideurs en prennent de la graine.

    D'autres points sont affaire de goût, et le mien ne coïncide pas toujours avec celui du Pape. Ainsi, nommer sur le même plan Maurice Blondel et Jean Guitton, et plus encore les deux jésuites Henri de Lubac et Michel de Certeau, me fait personnellement un peu sourire. Mais rien ne prouve que ce soit mon goût qui soit le bon…

    En revanche, un passage suscite en moi une perplexité certaine, et c'est celui sur l'islam. Là aussi, il contient d'ailleurs de très bonnes choses, par exemple sur l'imprudence arrogante avec laquelle l'Occident a essayé d'imposer son régime politique à des régions mal préparées. Il est juste aussi de dire que la coexistence entre chrétiens et musulmans est possible, même si les exemples de l'Argentine, avec son 1,5% de musulmans, et surtout du Liban, doivent être pris avec prudence. Tant qu'il s'agit de faire vivre ensemble des personnes, qu'il est déjà maladroit de réduire à leur seule affiliation religieuse, on a le droit d'espérer et le devoir d'agir en ce sens.

    L'entreprise devient plus difficile là où l'on compare non plus des personnes, mais des systèmes religieux considérés dans leurs documents normatifs. De ce point de vue, un passage des propos du pape François attire l'œil : « L'idée de conquête est inhérente à l'âme de l'islam, il est vrai. Mais on pourrait interpréter avec la même idée de conquête la fin de l'Évangile de Matthieu, où Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations ». Voici le passage évoqué : « Allez donc, faites des disciples (“mathèteuein”, en grec) de toutes les nations, baptisant les gens (…), leur enseignant (“didaskein”) à observer tout ce que je vous ai commandé (Matthieu, 28, 19) ».

    On peut appeler « conquête » la tâche de prêcher, d'enseigner et de baptiser. Il s'agit bien d'une mission universelle, proposant la foi à tout homme, à la différence de religions nationales comme le shintô. Le christianisme ressemble par là à l'islam, dont le prophète a été envoyé « aux rouges comme aux noirs ». Mais son but est la conversion des cœurs, par enseignement, non la prise du pouvoir. Les tentatives d'imposer la foi par la force, comme Charlemagne avec les Saxons, sont de monstrueuses perversions, moins interprétation que pur et simple contresens.

    Le Coran ne contient pas d'équivalent de l'envoi en mission des disciples. Il se peut que les exhortations à tuer qu'on y lit n'aient qu'une portée circonstancielle, et l'on ignore les causes de l'expansion arabe du VIIe siècle. Reste que le mot de conquête n'est plus alors une métaphore et prend un sens plus concret, carrément militaire. Les deux recueils les plus autorisés (sahīh) attribuent à Mahomet cette déclaration (hadith), constamment citée depuis : « J'ai reçu l'ordre de combattre (qātala) les gens (nās) jusqu'à ce qu'ils attestent “Il n'y a de dieu qu'Allah et Muhammad est l'envoyé d'Allah”, accomplissent la prière et versent l'aumône (zakāt). S'ils le font, leur sang et leurs biens sont à l'abri de moi, sauf selon le droit de l'islam (bi-haqqi 'l-islām), et leur compte revient à Allah (hisābu-hum ‘alā ‘Llah) (Bukhari, Foi, 17 (25) ; Muslim, Foi, 8, [124] 32-[129] 36) ». J'ai reproduit l'arabe de passages obscurs. Pour le dernier, la récente traduction de Harkat Ahmed explique : «Quant à leur for intérieur, leur compte n'incombera qu'à Dieu (p. 62) ».

    Indication précieuse : il s'agit d'obtenir la confession verbale, les gestes de la prière et le versement de l'impôt. Non pas une conversion des cœurs, mais une soumission, sens du mot « islam » dans bien des récits sur la vie de Mahomet. L'adhésion sincère pourra et devra venir, mais elle n'est pas première. Nul ne peut la forcer, car « il n'y a pas de contrainte en religion (Coran, II, 256) ». Elle viendra quand la loi islamique sera en vigueur. Il sera alors dans l'intérêt des conquis de passer à la religion des conquérants. On voit que le mot « conquête » a un tout autre sens que pour le verset de Matthieu.

    Pourquoi insister sur ces différences ? Un vaste examen de conscience est à l'œuvre chez bien des musulmans, en réaction aux horreurs de l'État islamique. Ce n'est pas en entretenant la confusion intellectuelle qu'on les aidera à se mettre au clair sur les sources textuelles et les origines historiques de leur religion. 

    Rémi Brague          

    Rémi Brague est un philosophe français, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive. Membre de l'Institut de France, il est professeur émérite de l'Université Panthéon-Sorbonne. Auteur de nombreux ouvrages, notamment Europe, la voie romaine (éd. Criterion, 1992, rééd. NRF, 1999), il a dernièrement publié Le Règne de l'homme: Genèse et échec du projet moderne (éd. Gallimard, 2015) et Où va l'histoire? Entretiens avec Giulio Brotti (éd. Salvator, 2016).  

  • Oui le Système est en mode défensif !

     

    La note d'Amaury Grandgil, reprise de Causeur, que nous avons publiée hier, à propos des conditions d'évacuation de l'église Sainte Rita à Paris, n'avait pas pour objet, nous semble-t-il, d'entrer dans des querelles religieuses qui ne sont pas de notre ressort. Pas davantage d'envisager l'affaire Sainte Rita sous son angle judiciaire. Deux remarques cependant : comme à beaucoup, il nous semble en premier lieu que les forces de l'ordre devraient avoir aujourd'hui des impératifs quasi exclusifs d'une autre urgence et d'une autre importance que l'évacuation - très contestée - précipitée et violente, d'une église ou d'une chapelle catholique, quel que soit son statut. Deuxième remarque : de tous temps, l'AF, avec en son sein des croyants et des incroyants, a défendu l'héritage catholique lorsqu'il était menacé. Et ce, d'ailleurs, en évitant toute confessionnalisation. C'est sans-doute ce qu'ont voulu faire les étudiants d'A.F. qui ont pris part à la défense de l'église Sainte Rita.  

    A ce propos, nous avons reçu de Philippe Lallement [Papy, dans les commentaires de Lafautearousseau], les réflexions suivantes qui nous ont intéressés et qui, sans-doute, intéresseront aussi nos lecteurs. LFAR 

     

    Oui le Système est en mode défensif !

    Les remarques de Philippe Lallement 

    1. Une preuve de plus de la décomposition du Système. L'oligarchie chevauche un cheval mort !

    2. Clin d'oeil de l'histoire... comme les premiers étudiants d'AF en 1906 lors des Inventaires, la nouvelle génération remonte en ligne plus de 110 ans après.

    3. Oui contre le pire et contres les pires, il est temps pour les nouveaux maurrassiens de mettre à l'eau « l'arche franco-catholique »*. Les grandes manifestations de la Manif pour Tous ont montré la direction à prendre.

    J'espère qu'a l'occasion du camp MRDS** de cet été - à l'esprit très constructif - les jeunes cadres de la nouvelle génération de maurrassiens intégreront « l'arche franco-catholique » dans leur réflexion stratégique. Et si oui, alors je leur conseille de faire retour sur leurs maîtres, un peu délaissés, que furent Gustave Thibon et Pierre Debray.

    4. Remarque : oui le Système est en mode défensif; oui l'AF est en mode conquête. Très révélateur !

    5. Et encore bravo au site LFAR d'alimenter quotidiennement ces nouveaux militants en arguments intellectuels et culturels.

    *  Ces expressions sont de Charles Maurras, dans sa très célèbre lettre de 1951 à Pierre Boutang.

    ** Camp Maxime Real Del Sarte

  • Général Pinatel : contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN

     

    Par Alexis Feertchak

    Après le coup d'Etat manqué en Turquie, Erdogan se rapproche de Poutine tandis que Moscou et Washington semblent avoir trouvé un équilibre en Syrie. Le général Pinatel considère [Entretien sur Figarovox le 29.07] que les Etats européens devraient tenir compte de cette nouvelle donne et, contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN. Une politique qui devrait être, selon nous, celle de la France. Quant à être aussi celle des Européens, voire de l'Europe [?], comme s'il s'agissait d'un bloc unitaire, cela nous paraît être une autre histoire, beaucoup plus improbable et fort aléatoire.  LFAR 

     

    maxresdefault.jpgRecep Erdogan devrait rencontrer Vladimir Poutine en août dans la capitale russe. La Turquie est historiquement la base avancée du Sud de l'Alliance atlantique. Dans quelle mesure la nouvelle alliance entre Moscou et Ankara pourrait perturber l'OTAN ?

    L'OTAN est une organisation issue de la Guerre froide entre l'URSS et l'Occident démocratique. Son maintien et son extension aux anciens pays de la CEI procède de la volonté des Etats-Unis de conserver ouvert le fossé entre l'Europe et la Russie. En effet si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles leur contesteraient la primauté mondiale qu'ils ont acquise en 1990 à l'effondrement de l'URSS et qu'ils veulent conserver à tout prix. Mais la menace islamique a changé la donne. Cette menace, présente en Russie depuis les années 1990, s'est étendue à l'Europe en juin 2014 avec la proclamation du Califat par l'irakien Al Bagghadi puis récemment en Turquie quand Erdogan a dû fermer sa frontière à Daech après les attentats commis en France et les pressions que les américains ont du faire sur Ankara pour ne pas perdre le soutien de l'opinion européenne.

    Dans ce contexte d'actes terroristes meurtriers, la déstabilisation du régime syrien et son remplacement par un régime plus favorable aux intérêts américains, européens, saoudiens et qataris passe au second plan face à l'urgence de maîtriser ce nouveau Califat qui menace la stabilité du Moyen-Orient et favorise la montée en puissance des partis nationalistes anti-atlantistes en Europe. Par ailleurs, l'intervention massive et victorieuse de la Russie en septembre 2015 pour soutenir son allié syrien contraste avec les hésitations ou le double jeu des Etats-Unis qui essaient de ménager tout le monde. Ils se condamnent ainsi à une faible efficacité opérationnelle qui, finalement, inquiète leurs alliés traditionnels et les poussent à ménager la Russie. Enfin les liens et les enjeux économiques entre la Russie et la Turquie sont très importants malgré une opposition géopolitique historique .

    Plus que le rapprochement entre Moscou et Ankara, ce qui fragilise cette organisation, ce sont ces récents événements. Ils font la démonstration éclatante aux yeux des Français et des Européens que l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique. En revanche, la guerre efficace que même la Russie contre l'Etat islamique fait penser à de plus en plus de Français et d'hommes politiques que la Russie est notre meilleur allié. Et cette évidence, acquise dans la douleur de nos 234 morts et de nos 671 blessés depuis 2012, devrait non seulement perturber l'Otan mais conduire à sa disparition ou à son européanisation complète car son maintien en l'état ne sert que des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

    Que se passe-t-il aujourd'hui en Syrie ? Russes et Américains semblent se rapprocher ou à tout le moins se coordonner davantage, notamment sur la question du Front Al-Nosra, très présent près d'Alep. Un nouvel équilibre dans la région est-il en train de se constituer ?

    Dès leur intervention en septembre 2015 sur le théâtre syrien, les Russes ont proposé aux Américains de coordonner leurs frappes contre Daech et Al Nostra. Mais les Américains ont refusé car au niveau politique, Obama voulait maintenir la fiction qu'il existait encore un potentiel de forces modérées sur le territoire syrien qui n'avaient pas été absorbées ou qui ne s'étaient pas alliées à Al-Nostra et qui ainsi pourraient prétendre, un jour, à être partie prenante à la table de négociation. C'est clairement une fiction contestée non seulement par la Russie, mais par d'autres voix y compris aux Etats-Unis. Ces experts affirment que les unités qui existent encore en Syrie servent d'interface avec Al Nostra à qui elles revendent les armes qu'elles reçoivent via la CIA. C'est le bombardement d'une de ces bases en Syrie par la Russie, qui a eu l'habileté de prévenir les américains à l'avance pour qu'ils puissent retirer en urgence les agents de la CIA présents, qui a permis ce rapprochement opérationnel. Il est clair qu'un nouvel équilibre est en voie de se constituer au Moyen-Orient. La Russie qui y a été historiquement présente est de retour en force. La Chine, et c'est une nouveauté, y pointe plus que son nez et la France qui y avait une position privilégiée de médiation, l'a perdue par suivisme des Etats-Unis.

    Quelle pourrait être la place de l'Europe dans les relations avec ces deux grands pays que sont la Russie et la Turquie ? Peut-on imaginer un nouvel équilibre sécuritaire aux marches de l'Europe ?

    C'est vrai, nos portes orientales sont verrouillées par la Russie et la Turquie.

    Avec la Russie nos intérêts économiques et stratégiques sont totalement complémentaires. La France a une longue histoire d'amitié avec la Russie que symbolise à Paris le pont Alexandre III et plus récemment l'épopée de l'escadrille Normandie Niemen que le Général de Gaulle avait tenu à envoyer en Russie pour matérialiser notre alliance contre le nazisme. Je rappelle aussi que c'est parce que l'armée allemande était épuisée par trois ans de guerre contre la Russie et la mort de 13 millions de soldats russes et de 5 millions d'allemands que le débarquement de juin 1944 a pu avoir lieu. Ce rappel ne veut en aucun cas minimiser le rôle des Etats-Unis et le sacrifice des 185 924 soldats américains morts sur le sol européen. Mais la volonté des Etats-Unis de restaurer un climat de Guerre froide en Europe qui se développe notamment au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

    Avec la Turquie, c'est l'Allemagne qui a des relations historiques comparables aux nôtres avec la Russie. La Turquie et l'Allemagne étaient des alliés au cours des deux guerres mondiales car les Allemands espéraient avec leur aide couper la route du pétrole aux alliés. Les Turcs de leur côté espéraient ainsi récupérer le contrôle du Moyen-Orient et notamment celui de l'Irak et de la Syrie.

    Ce rappel historique met en évidence l'importance du couple franco-allemand pour définir une politique européenne commune face à ces deux puissances et éviter de revenir à des jeux du passé comme a semblé le faire récemment Angela Merkel avec l'affaire des réfugiés en négociant directement avec Erdogan sans se concerter avec ses partenaires européens. 

    Le général (2S) Jean-Bernard Pinatel est expert en géostratégie et en intelligence économique. Il tient le blog Géopolitique - Géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crises aux Éditions Lavauzelle en 2014.

    Alexis Feertchak           

  • Sainte Rita : Évacuation efficace d’intégristes à Paris … mais il s’agit d’une église, pas d’une mosquée salafiste

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [3.08]. La République ne change pas d'ennemi ! LFAR

     

    1123083056.jpgL’église sainte Rita est bien connue dans le XVème arrondissement de Paris. Elle abritait des chrétiens gallicans, plus ou moins proches des milieux catholiques traditionalistes, et était connue pour ses enterrements et son cimetière d’animaux de compagnie. L’« association des chapelles catholiques et apostoliques » gérant le lieu l’a vendu à un promoteur immobilier, Garibaldi, en vue d’une opération sans doute juteuse. C’est à sa demande que l’église a été évacuée  d’une cinquantaine de protestataires présents depuis 6h30 ce matin dont le prêtre en habits sacerdotaux traîné à terre sans plus de ménagements. On voit sur la vidéo les égards des forces de l’ordre envers les personnes présentes…

    Le tradi, voilà l’ennemi

    La préfecture de police de Paris a pourtant évoqué sans rire une opération sans incidents majeurs. Bien entendu, afin de justifier l’évacuation, les milieux autorisés ont tous évoqué la présence (pacifique) de sympathisants d’extrême droite, des intégristes catholiques ayant récupéré la problématique à leur unique profit. Je me demande toujours où commence le traditionalisme pour un catholique, si ce n’est pas quand il a le désir d’une spiritualité solide et d’une belle liturgie ? Un catholique de progrès, selon cette définition, n’est plus vraiment catholique.

    Il m’a semblé pourtant qu’il y avait là surtout des élus « Les Républicains » n’étant pas, il me semble, des séides de Marine le Pen, ainsi que des paroissiens et paroissiennes, ou encore des gens du quartier émus par la destruction de ce lieu de mémoire collective. Il y a au moins un motif de réjouissance. Ceux qui taxaient la justice et les forces de police de laxisme ou de lenteur dans le traitement des dossiers religieux en sont pour leurs frais, ils ont ici fait preuve d’une grande célérité véritablement admirable.

     

    C’est à se demander pour quelle raison on tarde autant à vider de la même manière les mosquées salafistes. Serait-ce par absence de réelle volonté politique ? Et puis les chrétiens, fussent-ils d’affreux intégristes, fussent-ils gallicans comme à sainte Rita, ont quand même un avantage. Ils sont censés tendre la joue droite, ainsi que le répètent comme un mantra les « bouffeurs de curé » qui aiment donner des leçons de foi aux croyants pour justifier leurs injures aux catholiques, telle madame Le Goïc. Et avec eux, aucun risque qu’une kalachnikov traîne dans le coin et soit utilisée. Ils sont aussi beaucoup moins coriaces que les « zadistes » de Notre-Dame des Landes.

    Il faut dire que, contrairement aux jeunes gens enthousiastes et romanesques qui occupent le bocage nantais, les zadistes de sainte Rita ce ne sont pas des électeurs PS potentiels pour 2017. Dans les médias, même après les tragiques événements de Saint-Étienne-du-Rouvray, les bonnes habitudes de dénigrement des catholiques ont la peau dure. Quand leurs curés ne sont pas pédophiles, ils sont forcément intégristes, comparables à Daech. Et ce ne sont pas les dénégations affolées des bons apôtres ecclésiastiques ou laïcs, ou la vidéo du père Franck Legros dansant sur des rythmes « mucho caliente » avec son aréopage de jeunes paroissiens circulant actuellement sur le net, qui changeront quoi que ce soit à ces idées reçues. 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

     

    A rapprocher du communiqué de l'Action française ci-après

    Dans la nuit du 2 au 3 août 2016, plus d’une vingtaine d’étudiants d’Action française a défendu l’église Sainte Rita. En effet, l’église est vouée à destruction devant la pression de promoteurs immobiliers voraces. La mobilisation des riverains, des élus et des catholiques parisiens, tous horrifiés par ce projet avait permis d’obtenir un sursis. L’abbé de Tanouärn a pu redonner vie à cette église, la rendant à sa fonction première en y célébrant des messes quotidiennes, ainsi qu’en y organisant des concerts et des conférences. 

    Aujourd’hui, alors que l’Etat islamique égorge des prêtres sur notre propre sol, la république se présente de fait comme son allié en œuvrant à la destruction de nos églises. En cela, elle continue l’entreprise de la Révolution et révèle sa vraie nature qui n’a rien à envier au pire des terroristes.

    Le lendemain des obsèques du Père Hamel, Cazeneuve envoie ses sbires persécuter les catholiques à défaut d’envoyer sa démission. Les forces du désordre ont détruit l’église et violenté de nombreux militants, un des deux prêtres a été frappé et traîné au sol, des élus municipaux et des députés ont été molestés.

    LE CATHOLICISME : UNE "RELIGION DE MERDE" ? Le commissaire de police, en profanant illégalement la messe, a fièrement lancé "religion de merde".

    L’abbé de Tanouärn appelle les fidèles à se joindre à la messe qu’il célébrera dimanche 7 août à 11h à Ste Rita, ou dans la rue.

    L’Action française est fière d’avoir été présente dans la défense vigoureuse de notre patrimoine culturel et spirituel et le sera toujours pour concourir au bien commun.

    Action Française

  • Prince Jean de France : La succession dans la Maison de France obéit à des règles bien précises

     

    Communiqué  du 1er août 2016

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    La succession dans la Maison de France obéit à des règles bien précises. Leur objet est de pouvoir renouer un jour, si les Français le veulent, le pacte national.

    Ces règles ont été formalisées par mon grand-père, le Comte de Paris. L'acte enregistré en 1981, dont je joins copie, sur la non successibilité de mon frère aîné François, règle la question.

    J'assumerai, après mon père, la responsabilité de chef de la Maison de France à laquelle je suis appelé, au service de la France et des Français. 

     

    Trébons-sur-la-Grasse, le I« août 2016

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    Postscriptum

    La mise en place d'une Régence et / ou d'un Conseil de régence est sans valeur. Etant devant la loi le tuteur de mon frère, je ferai tout pour qu'on le laisse en paix et qu'on ne l'utilise pas.

    François reste mon aîné, et je continuerai à m'occuper de lui comme je l'ai toujours fait. Il a été à mes côtés autant que cela était possible et le restera autant que Dieu nous prête vie.

     

    Copie de l'acte du 25 septembre 1981 

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    SITUATION DYNASTIQUE DE SON ALTESSE ROYALE

    LE PRINCE FRANCOIS D'ORLEANS, FILS DE FRANCE

     

    ACTE 

    thRMPHHY1W.jpgPar suite de son handicap profond et sans espérance de guérison, et tel qu'il est médicalement et judiciairement établi, mon petit-fils aine le Prince François de France ne peut et ne pourra exercer aucune responsabilité. En conséquence, ses droits dynastiques et les devoirs et obligations qui en découlent se trouvent, suivant le droit dynastique français, transférés à son frère venant après lui par ordre de primogéniture, c'est-à-dire, à mon petit-fils le Prince Jean de France et à sa postérité mâle et, à défaut de celle-ci ensuite à mon petit-fils le Prince Eudes de France et à sa postérité mâle.

    Par suite de cette situation il ne sera attribué aucun titre particulier au Prince François de France et celui-ci sera appelé : "Son Altesse Royale le Prince François d'Orléans, Fils de France".

    Si, après mon décès, il était procédé autrement toute décision tendant à modifier ce qui précède serait nulle et sans effet.

    Henri,

    Comte de Paris 

    Chantilly, le 25 septembre 1981

     

    Source : Prince Jean de France, Site officiel

  • Yvan Blot : « Les terroristes potentiels sont très nombreux »

     

    par Ludovic Greiling

     

    1067266642.jpgRécent retraité de l’Inspection générale au ministère de l’Intérieur, Ivan Blot se consacre aujourd’hui à l’écriture. Dans Le terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire *, il développe une analyse originale de ce phénomène, tirée de son expérience.

    Dans votre dernier livre, vous définissez le terrorisme islamiste comme un nouveau mouvement révolutionnaire, à l’instar du bolchévisme ou de la Terreur de 1793. Le jihad guerrier n’est-il pas consubstantiel à l’islam ?

    Je pense que n’importe quelle idéologie peut subir une mutation et devenir révolutionnaire. Regardez le socialisme : à la base, ce n’est pas un mouvement meurtrier. Le racialisme également était très développé au XIXe siècle et il ne donnait pas lieu à des violences. C’est la forme révolutionnaire de ces idéologies qui est meurtrière. Si l’islam contient des germes de violence que l’on retrouve aisément dans ses textes, c’est sa mue révolutionnaire intervenue dans les années 50 qui explique le terrorisme actuel. Quand je travaillais au ministère de l’Intérieur, j’ai été amené à m’intéresser à deux intellectuels musulmans qui étaient souvent cités par des personnages comme Oussama Ben Laden. L’un, le Pakistanais Al Mawdudi, mort en 1979, est le premier islamiste du XIXe siècle à prôner le retour au jihad pour réaliser une révolution islamique intégrale ; il utilise le terme « révolutionnaire » dans ses écrits. L’autre, l’égyptien Sayyid Qutb, membre de la confrérie des Frères musulmans qui a eu une influence énorme, interprète également tout le Coran dans un sens violent et totalitaire.

    Nous venons de subir deux massacres en plein Paris. Vous affirmez pourtant dans votre livre que les services français travaillent efficacement contre la menace islamiste…

    Il faut comprendre que, depuis près de dix ans, nous arrêtons en moyenne une fois par mois des préparatifs d’attaques majeures comme celle du Bataclan. Ces opérations ont été démantelées par nos services et ont valu à leurs auteurs d’être condamnés par la justice. Cependant, mis à part le projet d’attentat à la cathédrale de Strasbourg qui a été médiatisé, le reste est en général caché par nos gouvernants. En outre, il faut ajouter toutes les mesures de prévention – fouilles dans les aéroport, plan Vigipirate, etc. – qui ont découragé bien des velléités.

    Combien de personnes ont été condamnées en France pour avoir participé à de tels projets ?

    Plusieurs milliers… La loi antiterroriste de 1986, qui a été amendée depuis, permet d’arrêter avant un attentat les personnes ayant un lien avec une activité présumée terroriste, sans qu’elles aient encore commis la moindre action. Ces personnes font de la prison, certaines en ressortent, on les suit un peu puis c’est terminé. C’est pourquoi nous avons parfois de mauvaises surprises, comme l’assassinat récent d’un couple de policiers par un islamiste.

    Le premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve préviennent désormais que d’autres attentats sont possibles. Cela paraît contre-productif sur le plan électoral. Comment l’expliquez-vous ?

    Je suppose que leurs services doivent leur dire qu’ils ne peuvent plus suivre tout le monde. Ils sont prévenus et ils ne veulent pas paraître stupides s’il y a de nouvelles attaques. La situation est grave. Les terroristes potentiels deviennent très nombreux. Et ils sont soutenus activement ou passivement par une large partie des populations immigrées. Je vous donne un exemple : la police commande aussi des sondages à des instituts spécialisés afin de tâter le pouls de la population. Les résultats ne sont pas rendus publics, mais ils sont parfois épouvantables. Par exemple, un nombre important des musulmans de France approuvent le terrorisme islamiste. Cela ne veut pas dire qu’ils vont devenir terroristes eux-mêmes, mais cela signifie qu’il existe une vaste complicité passive ou active.

    Ces chiffres sont impressionnants. Ils mettent en exergue l’inaction de nos gouvernements face aux flux migratoires. Ils sont pourtant prévenus des conséquences potentielles. Comment expliquer un tel laisser-faire ?

    Je pense qu’il existe une peur des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a déjà condamné la France. On peut aussi mettre en avant le respect de certains traités internationaux que nous avons signés, mais aussi la crainte d’être traité de raciste. Quand le scandale de l’embauche d’islamistes dans une centrale nucléaire belge avait été révélé, on m’avait expliqué la raison : c’était la crainte d’être pointé du doigt pour discrimination qui avait guidé les décisions des recruteurs. Et puis il existe un état d’esprit général qui terrifie nos hommes politiques. Pour tarir les flux, il faudrait parfois faire l’usage de la force ; nos responsables sont très loin de l’envisager.

    Faisant valoir le principe de précaution, un nombre croissant d’observateurs affirment qu’il faudrait remigrer dans leurs pays d’origine une partie des populations musulmanes présentes en Europe. Qu’en pensez-vous ?

    Des politiques de remigration auraient pour effet de réduire la menace. Il est bien évident que s’il n’existe pas de terrorisme islamiste en Pologne ou au Japon, c’est en raison de l’absence des populations à risque. On peut ajouter que c’est en premier lieu auprès de ces populations à risque que nos services secrets travaillent pour contrer la menace terroriste.

    Pour contrer le terrorisme islamiste, vous évoquez également des mesures dites positives. Pouvez-vous les décrire ?

    La répression est nécessaire. Mais il faut aussi supprimer les terrains favorables à l’émergence de l’islamisme. Je vois pour cela quatre volets aux conséquences différentes. Le premier, c’est une éducation patriotique et l’enseignement solide de l’histoire de France. Je prends pour exemple ce qui se fait en Russie, avec succès, malgré l’importance des minorités musulmanes qui y vivent. Le second volet, c’est le rétablissement du service militaire, avec l’éducation et l’éthique dont il est porteur. La troisième proposition concerne le rétablissement d’une garde nationale, fondée sous les rois de France et supprimée en 1871 ; cette dernière serait triée sur le volet et permettrait aux citoyens de participer à la défense des frontières et de l’ordre public. Enfin, le dernier volet est diplomatique : il est temps de se mettre d’accord sur une politique antiterroriste au niveau international. Visiblement, l’OTAN et les états-Unis ne le veulent pas. L’organisation militaire vient ainsi de désigner la Russie comme son ennemi n°1, plutôt que l’état islamique ! 

    etiquette-blot-terrorisme.pngLe terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire, d'Yvan Blot, Apopsix, 246 pages, 18 €

    A propos de l'auteur :

    Ivan BLOT, docteur ès sciences économiques, ancien élève de l'ENA, ancien député et inspecteur général honoraire au Ministère de l'Intérieur. Il est membre du Comité des experts du Centre d'analyse Rethinking Russia à Moscou et du Club de Discussion de Valdaï.  

    Repris du numéro de juillet - Août de Politique magazine > Commander ici !

  • Déni d'islamisme : le réarmement moral passe par un retour au réel

     

    Par Mathieu Bock-Côté          

    Masqué sous des justifications psychiatriques ou sociales, le déni d'islamisme continue de frapper, constate Mathieu Bock-Côté, pour qui, à force de dépolitiser les attentats, les Occidentaux savent pleurer, mais plus se battre. Nous sommes une fois de plus d'accord. Pourquoi reprenons-nous souvent les tribunes, les analyses, de Mathieu Bock-Côté ? Simplement, parce qu'elles vont au fond des choses, à l'essentiel, aux racines même du Système dominant : racines idéologiques,  mais aussi comportements et méthodes du totalitarisme révolutionnaire, ancien ou nouveau. Ce sont des analyses qu'un contre-révolutionnaire, par exemple maurrassien, eût faites à peu près de la même façon. Et que beaucoup d'autres font aujourd'hui, en dehors de nos cercles, en particulier parmi les jeunes intellectuels. Ce courant de réflexion est, pour nous, d'un intérêt - disons stratégique - tout à fait évident.  LFAR    

     

    3222752275.jpgOn commence à s'y habituer : à chaque attentat terroriste, une bonne partie du système médiatique active le logiciel du déni d'islamisme. Cela a aussi été le cas après l'attentat de Nice. Une chose semble plus importante encore que de pleurer les victimes et d'encombrer les lieux du crime de fleurs et de bougies: c'est de dépolitiser l'attentat. Dans la mesure du possible, on multipliera les hypothèses qui nous éloignent d'un constat pourtant enregistré depuis longtemps dans la conscience populaire : la paix perpétuelle à laquelle nous aspirions dans la dernière décennie du vingtième siècle a été fracassée une fois pour toutes. L'islamisme nous a déclaré la guerre. Il ne nous est plus possible de croire que la guerre appartient à la préhistoire de l'humanité occidentale et qu'il suffirait d'étendre à travers le monde la logique des droits de l'homme pour l'éradiquer une fois pour toutes. Mais le système médiatique travaille fort à nier cette réalité.

    Il y a d'abord la piste psychiatrique. Le terroriste serait un déséquilibré, un fou furieux, un maniaque, un psychopathe, mais pas un islamiste. En un mot, il n'y aurait aucune signification politique à un tel attentat : on devrait le considérer comme une forme de catastrophe naturelle - mais la nature qui se déchaînerait ici sur les sociétés serait la nature humaine et ses failles hantées par de sombres fantasmes de destruction. On ne saurait inscrire le crime dans une trame plus vaste et d'aucune manière, on ne devrait l'expliquer idéologiquement. Le crime n'est plus vraiment un crime : c'est un malheur, une malédiction, un rappel de la part incompréhensible de la condition humaine. C'est ainsi que plusieurs, comme le premier ministre canadien Justin Trudeau, ont parlé d'un acte « insensé » plutôt que de reconnaître dans l'attentat de Nice un épisode dans la guerre de l'islamisme contre l'Occident. Faut-il comprendre, dès lors, que les seuls terroristes qu'on prendra au sérieux sont ceux qui paient leurs impôts à temps, mangent de manière équilibrée et qui ont une connaissance fine du Coran ?

    Il y a aussi la piste de l'exclusion sociale : l'homme qui se rendrait coupable d'un attentat serait en fait une victime de la société où il vit. Seule la désespérance sociale le rendrait sensible aux sirènes islamistes. Plus encore : l'exclusion qu'il subirait le pousserait à cette forme de résistance condamnable mais compréhensible que serait le terrorisme islamiste. Il y a plusieurs années, on avait déjà expliqué ainsi les assassinats de Mohamed Merah. Dans nos sociétés qui marginaliseraient les populations issues de l'immigration, la petite criminalité et la grande devraient être considérées comme des actes de résistance. En un mot, l'islamophobie serait à l'origine de l'islamisme. Peut-être est-ce une manière de garder mentalement le contrôle des événements : se dire coupable, c'est demeurer responsable des événements, c'est conserver une emprise sur eux. Si la civilisation occidentale s'amende suffisamment, la guerre cessera et la paix reviendra. Il faudrait s'ouvrir toujours davantage à la diversité pour contenir et refouler l'islamisme.

    On oublie une part essentielle de ce qu'on pourrait appeler la théorie de la guerre révolutionnaire, qui consiste justement à exciter les marges, les éléments sociaux instables et fragiles, pour faire naître chez eux une vocation au Djihad. Il s'agit justement d'exciter les pulsions morbides et de les convertir en un désir terroriste. Les vidéos relayés par l'État islamique où on voyait ses soldats et militants se transformer en égorgeurs avaient justement cette vocation. Pour le dire autrement, il s'agit de mobiliser les marginaux et les déclassés en les retournant contre l'ordre établi. C'est ainsi qu'un homme qui n'était pas fiché par les services de renseignement peut rapidement prendre un étendard et se retourner contre ses concitoyens qu'il ne voit pas comme des compatriotes. Celui qui se laisse convertir peut ainsi espérer une forme de gloire morbide qui transfigurera son existence en devenant un martyr glorieux d'une guerre sainte contre un Occident malfaisant.

    Cela ne date pas d'hier. Les théoriciens révolutionnaires ont toujours su qu'ils ne pouvaient pas se fier à leurs seuls moyens et qu'ils devaient travailler les contradictions sociales inscrites au cœur des sociétés qu'ils veulent bouleverser. Et le fait est que l'appel au Djihad trouve un écho dans les banlieues islamisées issues de l'immigration qui sont la cible d'une propagande antioccidentale permanente, par ailleurs relayée par un système médiatique qui les entretient dans ce sentiment victimaire. L'islamisme y trouve un bon terreau et pousse ainsi à la guerre civile entre les nations européennes et les communautés issues de l'immigration musulmane. On pourrait pousser plus loin la réflexion : qu'on le reconnaisse ou non, la perméabilité absolue des frontières contribue à ce climat anxiogène. Quoi qu'en disent les théoriciens de la diversité, une communauté politique exagérément hétérogène est appelée à vivre des contradictions culturelles de moins en moins soutenables.

    Le système médiatique semble vouloir préserver à tout prix le fantasme de la diversité heureuse, quitte à se couper du commun des mortels et à s'installer dans un univers parallèle. Il y a quelque chose de navrant à constater la puissance médiatique de ce logiciel contribuant à déréaliser l'agression subie depuis quelques années par la nation française, en la dispersant en milliers de faits divers dépolitisés, auxquels on refusera toute perspective d'ensemble. L'Occident sait pleurer mais ne sait plus vraiment combattre - il ne veut pas accepter qu'en guerre, on ne fonctionne plus comme en paix. Évidemment, ceux qui exigent une politique toute faite à la manière d'une douzaine de mesures bien identifiées contre l'islamisme s'illusionnent : bien évidemment, on peut et doit mener une guerre contre l'islamisme intérieur et extérieur mais elle ne sera pas gagnée en quelques mois. Mais ceux qui parlent du nécessaire réarmement moral des nations occidentales visent juste.

    On se demande encore comment certains ont pu s'opposer à la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de trahison ou de terrorisme. Ne permettait-elle pas de redonner au moins symboliquement une certaine force à l'idée de citoyenneté ? De la même manière, on comprend l'irresponsabilité criminelle de ceux qui consentent à une immigration massive qui crée les conditions d'une fragmentation massive des pays de la vieille Europe. Qui croit encore qu'il faille s'ouvrir à toutes les différences, sans distinguer entre celles qui sont compatibles avec le monde occidental et celles qui ne le sont pas ? Autre question : jusqu'où les sociétés occidentales accepteront-elles de voir la logique des droits de l'homme retournée contre elles, comme si elles devaient s'immoler sur l'autel d'un universalisme si radical qu'il les empêche de se défendre lorsqu'on les agresse ? 

    Le réarmement moral passe d'abord par un retour au réel. 

    Mathieu Bock-Côté         

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.