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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1414

  • Géopolitique sur France Inter: « Oui, les monarchies font encore sens. »

     

    « Ça va peut-être vous étonner de la part de quelqu’un qui est, comme moi, résolument républicain mais… Oui, les monarchies font encore sens. Prenez le Proche-Orient par exemple : tous les régimes républicains, dictatoriaux, militaires de la région ont connu des guerres civiles, des soulèvements printaniers ou des troubles plus ou moins graves.

    Tous…sauf les monarchies, et pas seulement parce qu’elles sont gorgées de pétrodollars : la Jordanie n’a pas cette chance et pourtant, elle est d’une rare stabilité dans ce monde troublé. Idem pour le Maroc qui tangue et ploie mais ne rompt pas.

    Cette stabilité dont on parle souvent pour caractériser les monarchies, n’est pas qu’un lieu commun. C’est si vrai qu’en Afrique, les États issus de la décolonisation ont souvent tenu à conserver les monarchies traditionnelles en leur sein.  »

    Journaliste et chroniqueur éditorialiste international dans l’émission Géopolitique de la matinale de France Inter

    Mardi 9 août 2016 sur France Inter

    Source : La Couronne

     

  • Société • Ce que révèle l'affaire du Burkini

     

    Par Mathieu Bock-Côté           

    Le projet de privatisation d'un parc aquatique le temps d'une journée a finalement été annulé après une vive polémique. Mathieu Bock-Côté analyse ici excellemment [Figarovox, 9.08] comment l'exhibitionnisme identitaire est le vecteur privilégié de l'impérialisme culturel qui anime l'islamisme

     

    3222752275.jpgOn apprenait il y a quelques jours que l'association Smile 13 organisait une journée dans un parc aquatique réservé aux femmes et aux enfants de moins de 10 ans et qu'il serait permis d'y porter le burkini. La polémique a d'abord percé sur les médias sociaux, comme d'habitude, avant d'être reprise par la classe politique et de trouver de l'écho dans la presse internationale. Ce n'est pas surprenant: l'islamisme prend d'abord la forme d'un impérialisme culturel qui progresse dans l'ensemble des sociétés occidentales..

    Ainsi, à Québec, en 2014, le maire Régis Labeaume, malgré ses réticences personnelles et une exaspération qu'il ne parvenait pas à masquer, a cru devoir accepter la présence du burkini dans les piscines publiques de la ville, au nom de la diversité, qui aurait naturellement tous les droits et à laquelle il faudrait se soumettre. Le commun des mortels reconnaît spontanément une provocation identitaire dans l'organisation d'un tel événement: l'islam le plus rigoriste s'installe en France et veut y vivre selon ses propres règles.

    Même si la journée a été annulée, il demeure nécessaire de réfléchir à ce qu'elle représentait. En s'appropriant le SpeedWater Park le temps d'une journée, il s'agit de marquer la présence en France d'un islam radical, étranger aux mœurs françaises, et qui entend le demeurer. On aura beau distinguer le voile ordinaire du voile intégral, les deux témoignent d'une forme d'exhibitionnisme identitaire ayant pour vocation de rendre l'islam visible au cœur de la cité. Le temps d'une journée, ce parc aquatique aurait dû être classé parmi les territoires perdus de la nation. La culture française y aurait été remplacée par une autre.

    L'islamisme s'approprie le corps des femmes pour marquer sa présence physique et symbolique dans les nations qu'il veut conquérir. Naturellement, une frange des élites préfère capituler et se réfugier derrière les droits de l'homme, comme si la politique s'abolissait dans leur célébration systématique. La logique de la soumission est la suivante: puisque le parc aquatique est privé, n'est-il pas permis à n'importe quel groupe de le louer pour une journée et de le soumettre aux règles qu'il voudra ? De quoi la société se mêle-t-elle ?

    C'est l'occasion, aussi, pour plusieurs, de désubstantialiser la laïcité française au nom d'un multiculturalisme qui prétend lutter contre l'islamophobie : on refait ainsi le procès des lois qui entendent réguler l'expression des communautarismes religieux dans l'espace public. On dédramatise la situation et on fait comme si rien ne se passait. Encore une fois, on classe l'événement dans la rubrique des faits divers - c'est-à-dire qu'on en fait un non-événement qui ne mériterait même pas d'être pensé politiquement.

    On ne se leurrera pas : l'islamisme est dans une logique de conquête politique et idéologique. Il veut implanter de manière irrémédiable un islam particulièrement rigoriste au cœur des sociétés occidentales et rendre inimaginable sa critique, sauf à risquer l'accusation d'islamophobie. Il teste comme il peut les défenses occidentales pour voir là où elles cèderont. Il est dans une guerre d'usure. Nos sociétés, qui ne savent plus trop comment assumer politiquement leur héritage de civilisation, semblent désarmées devant lui.

    En les détachant de leur ancrage civilisationnel, l'islamisme joue ce qu'on appelle les valeurs de la république contre la France. Il maquille en droits de l'homme à faire respecter des conquêtes communautaristes. Il dissimule derrière une adhésion aux grands principes de la modernité libérale son implantation territoriale, culturelle et idéologique. La France, sans trop s'en rendre compte, se soumet au système des accommodements raisonnables qui l'amène à voir dans sa propre faiblesse une marque de grandeur et de générosité humanitaire.

    La même situation s'est présentée devant les tribunaux canadiens lorsqu'une immigrante pakistanaise a voulu, en octobre 2015, prêter son serment de citoyenneté en niqab. Les tribunaux et la classe politique lui ont donné raison au nom des droits de l'homme. Dans un pays qui passe pour le Disneyland diversitaire du nouveau monde, on a normalisé juridiquement et culturellement un symbole qui consacre l'infériorisation des femmes au nom des droits de l'homme. L'individualisme radical rend invisible le conflit des cultures.

    Mais une évidence reprend ses droits : ce sont moins des valeurs abstraites qui font un pays que sa culture et ses mœurs. Dans les faits, la mise en place de zones plus ou moins officiellement soumises à une forme d'apartheid sexuel correspondent à la défrancisation programmée de parcelles du territoire national. Celle qui revêt le burkini déclare en fait de manière agressive sa non-appartenance au monde occidental. Et une association qui organise une activité où celui-ci sera à l'honneur pratique, quoi qu'on en pense, le militantisme politique le plus radical.

    D'ailleurs, au même moment où la culture nationale s'efface, c'est la souveraineté nationale qui devient inopérante. La France n'est plus la bienvenue chez elle. On devine qu'elle ne reprendra ses droits dans ces espaces dénationalisés qu'avec une grande résolution politique. Évidemment, encore une fois, on ne manquera pas d'esprits subtils occupés à réinventer une nouvelle définition de la France pour la rendre conforme à sa multiculturalisation. Il est toujours plus facile de jouer avec les mots et de fuir la réalité que d'affronter lucidement cette dernière.

    C'est une chose, et une bonne chose, naturellement, de permettre aux musulmans de vivre librement leur foi dans nos sociétés qui peuvent à bon droit se faire une fierté de leur respect de la liberté de conscience. C'en est une autre, toutefois, de consentir à une forme d'effacement de la culture de la société d'accueil, comme si elle était optionnelle dans son propre pays. Si les pays occidentaux doivent être naturellement accueillants envers leurs citoyens musulmans, ils n'ont pas toutefois, à se transformer en terre d'Islam.

    Pour vraiment s'intégrer aux pays qui l'accueillent, la religion musulmane devra s'occidentaliser et se transposer dans une culture qui l'obligera à transformer son rapport à l'inscription sociale de la foi. Les musulmans devraient moins chercher à rendre leur religion la plus visible possible dans la cité que s'acculturer aux mœurs occidentales et miser sur une pratique religieuse moins conquérante, qu'il s'agisse de la taille des mosquées et des minarets, des prières de rue ou encore des signes religieux ostentatoires.

    Le nouvel arrivant, dans un pays, doit envoyer le signal qu'il en respectera les coutumes et les usages. C'est sa manière de dire qu'il sait qu'il arrive dans un monde qui est déjà-là et auquel il est prêt à s'intégrer en profondeur, notamment en reconnaissant et en respectant la nature profonde de la civilisation qu'il rejoint. On aime dire qu'à Rome, on doit faire comme les Romains. La formule demeure plus que valable et devrait commander une refondation sérieuse de nos politiques d'intégration.   

    Mathieu Bock-Côté       

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.    

  • Traditions • Culture • Loisirs ...

  • Histoire • Isabelle la Catholique, la souveraine « reconquérante »

    ISABELLE LA CATHOLIQUE DE RETOUR ? 

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    IMG - JPEG - Copie - Copie.jpgTimbre espagnol émis au début du règne de Philippe VI, à l'effigie de la reine Isabelle la Catholique (1451-1504) qui, avec son époux, le roi Ferdinand d'Aragon, acheva la Reconquista, à Grenade, en 1492, 780 ans après la conquête de l'Ibérie par les Arabo-berbères. Depuis la décolonisation, et l' « islamomanie » qui s'ensuivit à la fin du XXème siècle parmi l'intelligentsia occidentale, y compris en Espagne (beaucoup moins au Portugal), la souveraine « reconquérante » n'était plus vraiment en odeur de sainteté en son Royaume, à telle enseigne que certains ordres religieux hispaniques - nous préférons, par respect, ne pas les citer - étaient intervenus à Rome afin que la cause de béatification d'Isabelle 1ère soit renvoyée sine die... 

    Ce timbre certes n'a pas été émis spécialement en l'honneur de la « tombeuse » des émirs maures d'Andalousie mais pour célébrer l'anniversaire de la création en 1815, par le roi Ferdinand VII, ancêtre direct du monarque actuel, de l'Ordre d'Isabelle la Catholique, une décoration que les Bourbons d'Espagne, non sans peut-être parfois des grains de malice, n'ont pas hésité à décerner à certains de leurs pairs musulmans...

    Alors, évidemment, ce n'est qu'un timbre, un simple timbre, mais, il y  a quelques années, son émission aurait sans doute entraîné quelques protestations. Cela n'a pas encore été le cas cette fois. 

     

  • TRADITION • VERS UN FOLK-SONG TRADITIONALISTE ?

    Séance de travail de la nouvelle jeunesse d'Action française au Camp Maxime Real Del Sarte

    Voici quelle était l'introduction - de 1972 - du « carnet de chants » que plusieurs générations de militants d’Action française ont tenu dans leurs mains, lors de leurs repas ou de leurs veillées. Et, comme dit Brasillach, « nos feux de camp parmi la nuit », dont voici la saison revenue, ce weekend d'août ...  Mais les jeunes d’Action française d’aujourd’hui chantent aussi, beaucoup et plutôt bien. Et le « créneau » que nous signalait l’auteur de ces lignes - qui était aussi l'auteur de ce carnet de chants - demeure ouvert et libre. Après tout, un véritable « printemps français » aura aussi besoin de chants puisés à notre Tradition … Une fois faites les actualisations nécessaires, ce qui est proposé ici nous semble aussi pertinent qu’il y a quarante ans.  Réfléchissons-y !   LFAR

     

    Sans titre-1.jpg « NARCISSISME » de la boue (Koestler) ou toxicomanie musicale, l'éthique pop ne prend pas en France. Le hululement électronique des orchestres livides et chevelus nous laisse froids : l'échec des festivals de l'été démontre le fossé culturel qui sépare l'underground américain du malaise français. Seuls se sentiront concernés par les valeurs de Woodstock les chrétiens-progressistes et les bourgeois d'âge mûr qui se bousculaient à Hair. De fait, le refus d'une certaine société de consommation s'exprime des deux côtés de l'océan selon des structures différentes. Nous sommes trop enracinés pour nous réfugier dans les « arrières-mondes consolateurs » et les paradis artificiels ; trop occidentaux pour sombrer avec les clochards hippies dans un dévergondage du bouddhisme. Contrairement aux jeunes « contestants » américains, nous ne combattons pas cette société mercantile comme l'aboutissement logique de nos valeurs héritées (nos « préjugés » en langage maelstrom mais comme leur despotique contraire. Là ou les radicaux d'outre-Atlantique, coupés de tout capital séculaire, sautent dans l'informe et l'indéfini, l’instinct national guide notre révolte vers un retour aux sources françaises.

    Ceci pour en arriver au succès des « folk-singers » à la française qui recèle, dans le cas d'Ogeret, Rocheman ou Kerval, un contenu politique implicite. Ceux-là sont gauchistes ou gauchisants, par mode ou conviction, et s'efforcent de raccorder leur sélection musicale au folklore de mai 68, clause sine qua non d'une honnête diffusion commerciale par les capitalistes du disque. Mais le phénomène est en lui-même ambigu, voire contradictoire : l'écho, la vibration profonde éveillée par les mélodies frustes ou raffinées de l'ancienne France, submergent les méticulosités doctrinaires de la rive gauche.

    C'est une adhésion de la sensibilité, un sentiment de « déjà vécu » traduisant l'inconsciente fidélité au passe national comme l'attachement quasi-biologique, à la particularité française. Ceci est infiniment plus fort que d'artificieux parallèles entre l'histoire et les comédies barbares de Nanterre. Les refrains des grenadiers de Montcalm, les complaintes acadiennes, les ritournelles en l'honneur du roi, les malédictions paysannes contre le « maître de la guerre » ou le prince-évêque de Montbéliard, ou les gracieux couplets parisiens de « la Bataille de Fontenoy », sont irréductibles aux vivisections marxistes. La chanson traditionnelle en France est par nature engagée dans le nationalisme, et résiste au nivellement cosmopolite.

    Le fait se vérifie autour des brasiers nocturnes de Carnac, dans les bistrots rochelais ou les campings méridionaux, quand les vacanciers se muent en auditeurs et bissent ces jeunes inattendus qui chantent sur des rythmes familiers la gloire et la douceur anciennes...

    La chanson populaire est, à l'échelon culturel, un appréciable véhicule de propagande « tous azimuts » : la communication entre classes d'âge différentes, entre parisiens et régionalistes, entre jeunes d'obédiences politiques antagonistes, devient possible et fructueuse le temps d'une rencontre, quand se recompose au hasard d'un refrain cette « joie Ancien Régime » dont parle La Varende (les Manants du roi) comme d'une rare étincelle dans l'orage moderne. Au-delà des démonstrations objectives de la science politique, le mode d'expression du « folk-song » repré­sente à la fois le cri d'un traditionalisme et la manifestation d'une large « amitié française ».

    Les jeunes d'A.F. sentent l'occasion payante d'intervenir sur un terrain à peu près inoccupé pour l'instant. Il s'agit de récupérer le courant qui se dessine et de lui rendre son contexte politique normal. Un train vient déjà d'être manqué avec la résurrection musicale bretonne, trop souvent contrôlée par des noyauteurs qui lui insufflent un contenu européo­séparatiste ; d'autres trains s'é­branlent vers de fausses directions, particulièrement en terre occitane où s'évertuent les gauchistes sur consignes parisiennes. Le moment est opportun d'entamer sur ce terrain nouveau l’action qui ajoutera au travail d'Ac­tion française, une antenne supplémentaire, et qui soustraira aux adversaires de l'unité nationale le monopole de fait dont ils jouissaient jusqu'a présent. L'affaire est sérieuse et intéressante. 

  • ACTION FRANCAISE • CHANTS ...

     

    1103938102.jpgVoici donc, sous forme numérique, le carnet de chants dont l'introduction a pour titre : Vers un Folk-Song traditionaliste ? 

    Les anciens, des années 1970 et suivantes, y retrouveront, simplement, la matière de leurs veillées, de leurs repas, de leurs rencontres d’autrefois. Et, bien-sûr, des Camps Maxime Real del Sarte. Souvent, ils connaissaient ce vaste répertoire – le connaissent encore - presque entièrement par cœur.

    Mais, aussi, ce carnet peut sans-doute être utile à la génération d’Action française d’aujourd’hui. Il n'est pas indifférent, nous semble-t-il, que la connaissance, la pratique de ces chants, du moins les plus beaux, soient transmises et maintenues.

    Nous avons conservé à ces pages militantes leurs imperfections d’origine, caractéristiques des techniques de l’époque (1972) : maquettes papier, stencils électroniques, tirage à la ronéo … Traits tordus, lettres baveuses, transparences : on ne s’en étonnera pas. Mais par delà tout cela, de très anciens refrains se sont trouvés ainsi ressuscités ; les illustrations sont choisies avec goût ; les textes sont beaux, parfois superbes ; l’ensemble à l’image des multiples talents de l’auteur de ce travail.

    Les chants eux-mêmes sont de qualité inégale ; certains s’expriment avec la violence propre à leur époque ; nous n’en reprendrions pas aujourd’hui tous les termes, toutes les outrances ; mais ils reflètent une histoire, des luttes et, même, des illusions passées ; d’autres sont purement de circonstance, sans valeur pérenne : sauf pour l'anecdote, leur intérêt est passé ; il reste les très beaux chants puisés aux sources de la Tradition, celle qui ne passe pas. « La fuente permanece » disent nos amis espagnols. La source demeure. Chacun, dans ce très grand nombre de chants (autour de 80), fera le tri de ceux qui ressortent de cette permanence française.   

    Signalons, enfin, que cet épais carnet de 115 pages est bourré de citations qui ajoutent à l'épaisseur historique, politique, française des plus beaux de ces chants et les relient, précisément, à notre tradition. On aura grand intérêt à les lire, à les graver dans nos mémoires. 

     

    2301381958.2.jpg Liens

    Vers un Folk-Song traditionaliste ?

    C H A N T S 

    (Peut être téléchargé et imprimé)

     

     

  • Société • Burgers Five Guys : le coup de gueule de Xavier Denamur contre la (Oba)malbouffe

     

    Par Xavier Denamur           

    HUMEUR - La chaîne de burgers préférée de Barack Obama arrive à Paris. Xavier Denamur - restaurateur et militant contre la malbouffe - est allé tester Five Guys. Verdict : si vous aimez les frites molles, le steak haché hypercuit, la salade en plastique et les champignons en conserve, courrez-y [Figarovox, 11.08]. Quant à nous, nous avons une forte propension à croire qu'il a raison.  LFAR

    Il paraît que les Français mangeront bientôt plus de hamburgers que de Paris beurre. On me dit qu'à part quelques rares résistants qui finiront par succomber au charme grassouillet de ce mets sucré-salé, la moindre gargote que compte la Gaule présente fièrement sur sa carte au moins un hamburger. Certains de mes collègues se vantent même d'en réaliser des versions gastronomiques, allant jusqu'à y introduire du foie gras. Personnellement, depuis que Jacques Borel m'a expliqué dans République de la Malbouffe que le hamburger était un sous-produit du travail des femmes, j'ai décidé de ne jamais inscrire ce plat à la carte de mes bistrots.

    La France terre de prédilection et d'expérimentation de la bonne bouffe aurait donc définitivement succombé à la mauvaise bouffe et serait même en passe de devenir la plus belle terre d'accueil de tous les géants du fast-food. Hors USA, c'est en France que McDonald's réalise son plus gros chiffre d'affaires. Five Guys, le petit poucet du secteur avec seulement 1350 restaurants ne pouvait pas passer à côté de l'eldorado tricolore. Depuis le 1er août, l'enseigne favorite de Barack Obama a pignon sur rue à Bercy Village. Je m'y suis donc rendu, curieux de découvrir ce que l'homme le plus puissant du monde trouve d'extraordinaire aux hamburgers Five Guys.

    Mardi 2 août à 15h , il y a encore une heure d'attente devant l'unique point de vente de la marque qui ouvrira début 2017 les portes de son navire amiral sur les Champs Élysées, avec 1500 mètres carrés, ce Five Guys sera le plus grand du monde, cocorico ! La communication bien huilée du groupe, reprise en boucle sur la plupart des médias fonctionne à plein tube. Les aficionados du « vrai burger », les déçus du Big Mac et les « je me fous de ce que je mange pourvu que ça soit bon » sont là.

    Passé l'attente où on vous fait remplir une fiche avec votre commande que la personne à la caisse balancera à la poubelle, vous pénétrez enfin dans le temple du « vrai hamburger américain ». A peine le seuil passé, vous tombez nez à nez avec une montagne de sacs de pommes de terre Innovator de la marque Terroir d'origine en provenance de Hollande. Ayant entendu que ce nouvel acteur de la restauration rapide se fournissait localement, je suis tout de suite rassuré en me rappelant que vu des USA, acheter local signifie se fournir en Europe.

    Une chose est certaine si le personnel est sympa, normal me direz vous, il vient de commercer, le résultat dans le sac en papier kraft et le gobelet est gras, salé et surtout sucré, loin d'être à la hauteur de la communication maison où tout serait réalisé sur place avec des produits frais.

    Ayant prétexté une allergie à certains stabilisants, conservateurs et autres joyeusetés industrielles qui inondent la malbouffe, on m'a amené le « guide des ingrédients » Five Guys que vous pourrez consulter sur le PDF ci-dessous. Et bien alors que la personne à la caisse m'a garanti mon « milkshake fait maison », à 6€50 on pouvait l'espérer, le responsable du site va venir gentiment me le rembourser. Il est vrai que l'agent de conservation E 202 de la vanille ou l'émulsifiant mono- et diglycérides d'acide gras (E 471) ou l'agent de propulsion oxyde nitreux E492 de la crème fouettée faisaient plus usine que « fait maison » et risquaient de me faire mourir d'un hypothétique œdème de Quincke.

    Alors que les médias rapportaient le 1er août, jour du lancement en grande pompe de la marque dans l'Hexagone, sans vérification, la belle communication maison des hamburgers Five Guys premium réalisés avec des produits frais, mes champignons de « Paris » grillés sortaient d'une boite.

    Si les frites sont visiblement fraîches puisque les sacs de pommes de terre trônent à l'entrée avec des cacahouètes hyper salées en libre service, elles sont surtout hyper grasses, plutôt molles et cerise sur bide, elles sont plongées dans de l'huile de friture d'arachide raffinée avec fameux anti-moussant E900 ou diméthypolysiloxanne, un additif classé possiblement cancérigène par l'Association pour la Recherche Thérapeutique Anti-Cancéreuse (ARTAC).

    Quand le manager m'a appris que la viande hachée « premier choix » fraîche venait d'Irlande, j'aurais souhaité qu'il me communique le pourcentage de matières grasses, m'explique comment elle est conditionnée afin de pouvoir l'utiliser à plus 24h sans être sous atmosphère contrôlée et pourquoi on ne peut pas obtenir saignant son steak. Quand il m'a dit que c'était comme cela que la viande était la meilleure, que c'était la politique de la maison, je me suis souvenu de la séquence du film Fast food nation où Bruce Willis explique pourquoi il faut bien cuire la viande (Bruce Willis « Shit in the meat , Just Cook It » à partir de 8'33).

    Après une bonne dizaine de minutes à essayer de me convaincre de la qualité premium de ses produits, le manager a fini par me renvoyer vers la directrice de clientèle chez Le Public Système PR en charge de la communication du groupe. Cette dernière encore moins au parfum de la réalité des arrière-cuisines de Five Guys m'a servi au téléphone le discours prémâché régurgité sans état d'âme par la plupart des médias. Quand elle m'a raconté que tous les légumes étaient découpés dans la cuisine chaque matin et que les champignons frais étaient livrés par un fournisseur de Rungis, ayant le « guide des ingrédients » Five Guys sous les yeux, elle a failli me faire tomber de ma chaise. Après avoir raccroché, je me suis dit que la vérité était une éventualité plutôt rare de la communication.

    Bref on est très loin du « fait maison » et ce n'est pas demain la veille, contrairement à l'affirmation de la directrice de la communication, que l'on verra affiché le logo officiel (une petite casserole coiffée d'un toit de maison) à l'entrée de cette chaîne de fast-food.

    Résultat des courses :

    Pour 19€ , après une heure d'attente évitée, on m'a servi en 5 minutes dans un sac en papier kraft: une portion de frites molles, un hamburger au pain mou composé de 2 steaks hachés de 65 g environ chacun hyper cuits et pas juteux du tout, d'une tranche de tomate insipide, de 5 feuillettes de salade iceberg, de quelques lamelles de champignons en boîte et d'une sauce sucrée-salée Heinz blindée de sirop de maïs et un milkshake assemblé sur place que l'on me remboursera.

    Verdict : à ce prix, on trouve dans Paris des bistrots qui servent un menu (entrée-plat ou plat-dessert) avec des produits frais qui ont du goût sans ajout de sucre, de sel et de matières grasses traficotées.

    Conseil : pour votre santé et votre porte-monnaie, ce genre d'endroit est autant à éviter que Burger King, Quick, McDo and co. Si vous souhaitez manger un bon hamburger saignant, demandez, si le restaurateur ne l'affiche pas, à voir l'étiquette du lot dont le morceau de viande est issu et si la viande est bien hachée à la commande comme chez votre boucher. Si ce dernier refuse, changez de crémerie et mangez un bon plat du jour dans un bistrot qui affichera le logo « fait maison ».

    Pour la santé des Américains, je recommande à Michelle Obama de dire à son mec d'arrêter de faire de la pub pour cette marque de fast-food qui participe autant que les autres à la dégradation de la santé des consommateurs et de l'environnement. 

    Xavier Denamur          

    a publié Et si on se mettait enfin à table ? (éd. Calmann-Lévy).  

  • Camp Maxime Real del Sarte 2016 : « 10 axes de salut national »

     

    arton10595-e746a.gifLe Camp Maxime Real del Sarte (CMRDS) et l’université d’été d’Action française se tiendront au château d’Ailly, à Parigny (42120) :

    à proximité de Roanne (gare SNCF à 5 kilomètres),

    Paris à 400 kilomètres,

    Lyon à 80 kilomètres,

    Marseille à 400 kilomètres.

    Du 21 au 28 août :

    Au programme : « 10 axes de salut national »

    CMRDS. Camp de formation pour étudiants, lycéens et jeunes travailleurs (quinze-trente ans). Tarif : 130 euros la semaine (100 euros pour les adhérents du CRAF).

    Le 27 août :

    Université d’Eté d’AF.

    « Et si la crise était liée à la nature régime ? »

    Tous les détail sur le site du camp CMRDS

    Bulletin d’inscription

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  • Le royalisme aujourd'hui : Le dossier de Politique magazine (suite)

     

    Le numéro d'été de Politique magazine propose un dossier qui était très attendu, sur les royalistes français aujourd'hui. 

    On peut y lire les articles - ou les interviews - de Jean-Baptiste d'Albaret, Jean Sévillia, Franck Ferrand, Louis Durtal, Bernard Pascaud, Christian Franchet d'Esperey, Louis Lorphelin, Yves Morel, Philippe Mesnard, Jacques Trémolet de Villers et Raphaël de Gislain. Le dossier se conclut par un entretien avec le prince Jean de France, duc de Vendôme.

    Nous avons déjà publié des extraits de ce dossier. Nous en reprenons d'autres aujourd'hui pour les lecteurs de Lafautearousseau.

    « Il ne faut pas se contenter de bien faire, disait Georges Pompidou. Il faut aussi le faire savoir. »  Les royalistes français ne font pas exception.  Lafautearousseau  •

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    « Aujourd’hui, le royalisme »

    RÉPUBLICAINS, VRAIMENT ?

    l'AF Provence vue par Politique magazine

    Pour lire l'intégralité du numéro de Juillet-Août de Politique magazine ... Commander ou s'abonner ici !

  • QUI SONT LES ROYALISTES ?

    L'écrivain de science-fiction et essayiste Maurice G. Dantec, décédé le 25 juin à Montréal, se revendiquait royaliste

    Par Louis DURTAL

    TÉMOIGNAGES. Il y a différentes façons d'être ou de se sentir royaliste aujourd'hui en France. Rencontre avec quelques monarchistes qui, à travers leurs engagements particuliers, militent pour que leurs idées progressent au sein de la population.

    « La monarchie est profondément organique, intrinsèque à la nature même de l'homme : le roi a l'obligation de laisser à ses enfants - à son successeur, à son peuple - la meilleure situation possible », déclarait un jour Thierry Ardisson sur Europe i. L'auteur de Louis XX-contre-enquête sur la monarchie, vendu à 100 000 exemplaires, déroulait ainsi, à une heure de grande écoute, les idées bien connues des royalistes sur le roi arbitre, facteur d'équilibre, la partialité des institutions républicaines, les monarchies européennes qui, par certains côtés, abritent les démocraties les plus modernes, etc. La théorie est séduisante et l'argumentation bien maîtrisée. Pour autant, malgré les sympathies royalistes affichées par certaines personnalités médiatiques à l'instar d'Ardisson, comme Stéphane Bern ou Lorànt Deutsch, militer pour le rétablissement de la monarchie n'est souvent pas très bien perçu.

    « DES PROFILS TRÈS DIFFÉRENTS »

    « C'est plus facile de se dire royaliste quand on s'appelle Ardisson et qu'on donne par ailleurs des gages en tapant sur l'AF Les militants sont trop facilement caricaturés en arriérés réacs ou en bas du front d'extrême droite », regrette Ingrid, 21 ans. L'ombre de Charles Maurras - qui donna par ailleurs ses meilleurs arguments, les plus rationnels, au royalisme - plane comme un soupçon permanent de pensées inavouables chez ceux qui se réclament des idées royales. « Le système ne fait pas de cadeau », dit la jeune femme qui rappelle que l'histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Ingrid vient de terminer un BTS commercial et  milite à l'Action française de Lyon après avoir cherché des solutions « à la survie de mon pays » du côté de la section jeunesse du Front national. Mais les réticences du parti au moment de la Manif pour tous la déçoivent. « Je suis passé du FN Marine à l'AF Marion », sourit-elle aujourd'hui, clin d'oeil à la venue de la benjamine de l'Assemblée nationale au dernier colloque du mouvement royaliste. De toute façon, « les militants d'AF ont des profils très différents les uns des autres et ce qui les intéresse avant tout, c'est l'avenir du pays », affirme-t-elle.

    De fait, plus que la condamnation de Maurras à la Libération, le problème, explique Jean-Philippe Chauvin, blogueur et figure des milieux royalistes, vient de l'Éducation nationale et de l'image caricaturale qu'elle donne de la monarchie. « Je me bats tous les jours contre certains de mes collègues qui la décrivent comme un système tyrannique et dictatorial. Mais, en France, la République est un conditionnement idéologique, une religion dont le culte s'est construit en opposition à la monarchie », explique ce professeur d'histoire dans un lycée de la région parisienne. Comme si la France était née en 1789, dans une rupture radicale avec son passé, et comme si l'institution royale n'était pas vécue au quotidien par un certain nombre de nos voisins...

    EFFICACITÉ POLITIQUE

    Cependant, malgré le capital de sympathie dont elles bénéficient généralement, tous les royalistes, loin s'en faut, ne se reconnaissent pas dans les monarchies anglaise, belge ou espagnole où les rois ne gouvernent pas. C'est le cas de Kérygme, 24 ans, qui se dit royaliste, entre autres, pour une question d'efficacité politique. « Hollande a le pouvoir mais pas l'autorité. Il lui faudrait pour cela une légitimité qui lui vienne à la fois d'en bas et d'en haut ». Pour le jeune homme, qui vient de terminer un mémoire de philosophie sur Bergson, être royaliste c'est avoir « l'expérience et la connaissance historique de ce qui marche ou pas en politique ». Collaborateur occasionnel du site catholique Le Rouge § Le Noir, Kérygme fait partie de l'organisation des Veilleurs. Il croit au réinvestissement de la société par la culture et les idées. « Si beaucoup de jeunes royalistes ne votent pas, cela ne veut pas dire qu'ils se tiennent éloignés de la vie politique », explique-t-il. Au contraire. Mais ils se montrent méfiants avec les catégories traditionnelles de droite et de gauche. « Le système royal est bien plus social, moins diviseur, que le système républicain. D'abord parce que roi est l'affirmation de la primauté du bien commun sur les appartenances partisanes ». Un royaliste peut donc se reconnaître dans certaines valeurs plutôt défendues par la gauche, comme la justice sociale ou le refus de la loi du marché. Mais il peut en même temps se reconnaître dans des valeurs de droite, plus anthropologiques, comme celles qui se sont exprimées dans les manifestations contre le mariage homosexuel. Alors, élection, piège à cons ?

    ROYALISTE ET CANDIDAT AUX ÉLECTIONS

    Blandine Rossand, 53 ans, mère de trois enfants, a mené une liste sous l'étiquette Alliance royale, une formation politique fondée en 2001. Lors des municipales 2014, à Paris, dans le V' arrondissement, elle a obtenu o,6 %, 127 voix. Elle raconte : « j'ai toujours été intéressée par la vie publique. J'ai eu un engagement au RPR avant de faire le constat de l'interchangeabilité des idées des différents partis de droite ou de gauche. Par ailleurs, j'ai toujours pensé que les extrêmes n'étaient pas la solution. Et comme je ne trouve pas l'Action française très constructive, je me suis engagée dans ce tout petit parti, sans moyens, qu'est l'Alliance royale. J'en garde d'excellents souvenirs. Participer à des campagnes électorales agit comme un déclencheur de dialogue. Nous avons même été invités sur un plateau de BFM-TV Quel meilleur moyen de faire surgir la question des institutions dans le débat politique contemporain ? Sur les marchés, quand vous parlez aux gens de la monarchie, du roi, ils ne vous prennent pas du tout pour des zozos ! Au contraire, cela les intéresse, quels que soient leurs bords idéologiques. »

    ACCORDS ET DÉSACCORDS

    « Il n'y a pas plus rassembleur que l'idée royale », confirme Jean-Philippe Chauvin. Encore faut-il savoir la faire aimer à ceux qui s'y intéressent. Or, au-delà même des questions d'ego, les royalistes semblent parfois se complaire dans les désaccords théoriques et doctrinaux, ce qui n'est pas la meilleure façon de la promouvoir. Le dicton « Deux royalistes font une section, le troisième fait une scission », fait beaucoup rire dans les milieux autorisés... Cela commence par la question du prétendant qui empoisonne le royalisme français depuis les années 80. Alors que la question de la légitimité avait été réglée une fois pour toutes lors de la mort sans descendance du comte de Chambord, dernier héritier en ligne directe de Louis XV, deux branches se disputent aujourd'hui la « primogéniture » sur la couronne de France. La première, dite « légitimiste », est représentée par Louis-Alphonse de Bourbon, petit-cousin du roi d'Espagne Juan-Carlos. Pour ses partisans qui l'appellent « Louis XX », il est l'héritier naturel de la couronne en tant qu'aîné des Capétiens et descendant direct de Louis XIV. Mais l'intéressé, malgré les efforts de l'Institut de la Maison de Bourbon, peine à s'intéresser au pays de ses ancêtres. Banquier international, il vit entre l'Espagne et le Venezuela et n'a que peu de temps à consacrer aux affaires françaises.

    L'autre branche, la branche nationale dite « orléaniste », a toujours été considérée comme légitime par la majorité des royalistes français. Elle a pour représentant Henri d'Orléans, comte de Paris, et son fils le « dauphin » Jean d'Orléans, duc de Vendôme. Ce dernier s'est affirmé comme l'héritier de la Maison de France, multipliant les déplacements en France et à l'étranger et publiant un livre d'entretiens, Un Prince français, vendu à des milliers d'exemplaires. Il est soutenu par les deux principaux mouvements royalistes que sont l'Action française et la Restauration nationale (lire l'entretien avec son secrétaire général, Bernard Pascaud).

    Verra-t-on un jour le descendant de saint Louis prendre la tête de l'ensemble des mouvements et courants monarchistes ? « Ce n'est pas ce qu'ôn lui demande ! », s'exclame Jean-Philippe Chauvin qui regrette néanmoins l'actuelle discrétion des princes de la Maison de France. Un sentiment qui domine largement aujourd'hui dans les milieux royalistes : « Si les princes ne se montrent pas, l'idée royale ne peut pas prospérer alors que le terreau n'a jamais été aussi favorable. » Et le professeur d'histoire, qui a développé toute une réflexion sur l'écologie et la royauté, de rêver d'un prince se rendant en famille au Salon de l'agriculture. L'héritier des rois de France prenant le temps de sympathiser avec le « pays réel » tandis que défilent les politiques pressés, venus quémander quelques voix sous l'oeil goguenard des caméras... On imagine la portée du symbole.

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    Le Prince Jean d'Orléans, Duc de Vendôme, Dauphin de France, à Dreux

     

  • FRANK FERRAND : « LES FRANÇAIS S'INTÉRESSENT AUX HEURES DE GLOIRE DE NOTRE PAYS »

     

    PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-BAPTISTE D'ALBARET

    ENTRETIEN. Plus la chose publique se délite et plus les Français se passionnent pour leur histoire, explique l'historien, journaliste et écrivain, Frank Ferrand*

    432908072.jpgComment expliquez-vous la passion des Français pour l'histoire ?

    La matière a toujours passionné un large public, au moins depuis le xixe siècle. De grands noms comme Aubry, Lenotre, Castelot, Decaux ont contribué à la rendre populaire et accessible au plus grand nombre. Il n'y a guère que chez les Britanniques que s'observe un même appétit pour l'histoire et, en particulier, pour l'histoire nationale. Nostalgie d'anciens empires coloniaux ? C'est probable. Angoisse sous-jacente, très contemporaine, d'une perte d'identité ? C'est possible. L'histoire est un réconfort, une possibilité de s'évader de la grisaille du quotidien. Pour ma part, je pense qu'elle peut aussi fournir matière à réflexion pour aider à savoir qui nous sommes et où nous allons. Malheureusement, je ne suis pas certain que nos dirigeants aient conscience que l'on construit une conscience collective sur des réussites et non sur des culpabilités.

    Vous faites allusion au culte de la repentance pratiqué par un certain nombre de nos dirigeants... N'y a-t-il pas là un paradoxe alors que les Français éprouvent un réel engouement pour l'histoire ?

    Ce paradoxe n'est qu'apparent. Une grande majorité des Français s'intéresse aux heures de gloire de notre pays, à sa grandeur, aux « rois qui ont fait la France », mais une petite élite, par prisme idéologique, pratique volontiers l'anachronisme et s'ingénie à dénigrer le passé national ou à moquer son génie propre. C'est dommage. je dirais même que c'est dangereux. Les références collectives nécessaires pour former une véritable communauté nationale ne peuvent se bâtir sur le ressassement de crimes commis dans le passé ! Par ailleurs, je regrette que l'école des Annales ait « ringardisé » la légende du roman national. Contrairement aux apparences, le fait d'apprendre « nos ancêtres les Gaulois » à tous les jeunes Français aurait du sens. Ce serait une façon de réunir tout le monde, quelle que soit son origine, dans une filiation commune et dans l'acceptation d'un destin commun.

    Surtout à l'heure où l'enseignement de l'histoire à l'école est très défaillant...

    Au-delà même du contenu, beaucoup d'élèves se plaignent de l'ennui qu'ils éprouvent à suivre des cours d'histoire théoriques, abstraits et conceptuels. Je reçois très régulièrement des messages d'adolescents qui me disent en substance qu'ils « n'aiment pas l'histoire » mais qu'ils « aiment mes émissions ». Il est bien évident que ce n'est pas la matière qu'ils rejettent mais la pédagogie en vigueur à l'école, la manière de transmettre. Les gens ont besoin de rêver en écoutant de belles histoires, divertissantes, rassurantes même, surtout dans la période de morosité ambiante. C'est ce qu'ont compris les patrons de l'audiovisuel et les éditeurs qui s'attachent à promouvoir une histoire chronique, narrative, incarnée - celle que certains appellent avec dédain « l'histoire-bataille». D'où l'actuelle recrudescence de l'intérêt des Français pour les émissions, les livres et les spectacles historiques.

    * Franck Ferrand anime les émissions « Au coeur de l'histoire », du lundi au vendredi de 14h00 à 15h00 sur Europe 1 et « L'Ombre d'un doute », le lundi à 20h45 sur France 3. Son dernier livre s'intitule François Ier roi de chimères (Flammarion, 2014).

     

  • Bernard Pascaud * : « Espérer juste »

     

    meetingaf5-6397c.jpgQu'est-ce que la Restauration nationale ?

    La Restauration nationale est un mouvement politique français né en 1955 dans la suite des Amis d'Aspects de la France, association qui soutenait le journal du même nom créé dans la lignée de l'Action française. C'est un « complot à ciel ouvert » qui tend à faire comprendre aux Français la nécessité d'un État qui soit le garant de l'unité et de la continuité. Le problème politique majeur reste celui des institutions qu'aucune république successive n'a correctement résolu. La V° République est, comme les précédentes, un régime des partis et l'État n'a cessé de se dégrader. Où trouve-t-on par exemple un symbole fort de notre unité ? Où également une vraie représentation nationale ? La France a toujours besoin d'un souverain, d'un fédérateur et d'un arbitre. C'est pourquoi nous sommes royalistes.

    Quels sont ses buts ?

    L'amour de la France nous conduits à vouloir rendre possible ce qui est nécessaire : la restauration monarchique. Car demander au système actuel ce qu'il ne peut pas donner, est insensé. Restaurer veut dire instituer, c'est-à-dire faire du neuf, en s'inspirant de ce qui a réussi, en l'adaptant aux exigences contemporaines et en le plaçant dans notre continuité historique. Ce but ultime n'exclut pas la défense quotidienne de l'intérêt français.

    Comment est-elle organisée ?

    De la façon la moins originale qui soit : un siège à Paris et des fédérations en province qui organisent nos activités. Conférences sur des sujets d'actualité avec des personnalités éminentes, organes de presse et sites Internet contribuent à faire connaître nos analyses et propositions. Un journal éponyme de notre mouvement maintient une liaison avec tous nos adhérents. Ces outils visent à aller à la rencontre de nos compatriotes de plus en plus inquiets de l'avenir de la France et qui souffrent de constater notre division et notre affaiblissement. Il y a dans notre pays un besoin d'espérance inassouvi. Nous leur disons qu'il est bien d'espérer mais qu'encore faut-il espérer juste.   PROPOS RECUEILLIS PAR J.B.A.

    * Président de La Restauration Nationale

  • Bernanos, c'était un Camelot du Roi ...

     

     

    IMG.jpgLa sensibilité française, en 1789, était déjà formée depuis longtemps, et cent cinquante ans d’apparente réaction contre le passé ne suffisent pas à modifier profondément nos réactions morales, notre conception particulière du devoir, de l’amour, de l’honneur. De sorte que le rythme profond de notre vie intérieure n’est en rien différent de celui d’un contemporain de Louis XVI.

    En ce sens on peut dire que tous les Français sont monarchistes comme moi. Ils le sont sans le savoir. Moi, je le sais.

     

    Georges BERNANOS
    Nous autres Français (1939)

     

  • POUTINE ET ERDOGAN A SAINT-PETERSBOURG ou la revanche de Carl Schmitt

     

    Par Mathieu Slama Publié le 09/08/2016 à 18h20

    Vladimir Poutine et Recep Erdogan viennent de confirmer avec éclat le rapprochement de leurs deux pays. Mathieu Slama, explique ici en lisant Carl Schmitt comment ces deux figures autoritaires sont une réponse à la dépolitisation du monde libéral [Figarovox, 9.08]. Qu'on veuille bien lire cet entretien et l'on comprendra pourquoi nous avons écrit le 27 mai dernier, à propos de son premier livre : « Nous prévenons les lecteurs de Lafautearousseau ; ces réflexions sont importantes. Il faudra être attentifs désormais aux publications de Mathieu Slama ! ». Nous confirmons. LFAR 

     

    205055832.jpgIl y a quelque chose de très peu surprenant, finalement, dans le rapprochement à l'œuvre entre le président russe Vladimir Poutine et le président turc Recep Erdogan. A y regarder de plus près, et en mettant de côté la relation historique entre la Turquie et les Etats-Unis, la Turquie d'Erdogan a infiniment plus de points communs avec la Russie de Poutine qu'avec l'Occident. Le rapport au sacré et à la tradition religieuse de leurs pays (orthodoxie pour Poutine, islam pour Erdogan), la dimension verticale (voire autoritaire) de l'exercice du pouvoir, le soutien massif (et visible) d'une population mobilisée: ces éléments rapprochent les deux hommes beaucoup plus qu'ils ne les séparent.

    On le sait, Poutine a engagé depuis plusieurs années un combat quasi-métaphysique contre la vision du monde occidentale libérale et universaliste. Il estime, non sans quelques arguments valables, que cette vision du monde méconnaît voire méprise ce qui constitue le cœur du politique, c'est-à-dire l'existence de communautés particulières inscrites dans des trajectoires historiques qui leur sont propres.

    Il y a dans ce discours, mais aussi plus généralement dans les attitudes de Poutine et Erdogan, des éléments qui font fortement écho aux thèses du grand juriste allemand Carl Schmitt (1888 - 1985), auteur d'un des livres de théorie politique les plus décisifs du XXème siècle, La notion de politique (1932 pour sa dernière version). Précisons, avant de poursuivre, que Schmitt s'est compromis de façon dramatique avec le nazisme, après avoir pourtant défendu la République de Weimar contre Hitler, et ce de façon incontestable au moins jusqu'en 1936.

    Que dit Schmitt ? Que le monde libéral méconnaît ce qui est au cœur de l'existence politique : la distinction ami - ennemi, c'est-à-dire la potentialité d'un conflit qui met en jeu l'existence même d'un peuple et d'une communauté. Pour Schmitt, l'individualisme libéral tel qu'il s'est développé en Occident est une négation de la politique car il introduit une « praxis politique de défiance à l'égard de toutes les puissances politiques et tous les régimes imaginables », « une opposition polémique visant les restrictions de la liberté individuelle par l'Etat ». Schmitt en conclut qu'il n'y a pas de politique libérale, seulement une « critique libérale de la politique ». Le système libéral, poursuit Schmitt, exige « que l'individu demeure terminus a quo et terminus ad quem » ; « toute menace envers la liberté individuelle en principe illimitée, envers la propriété privée et la libre concurrence se nomme violence et est de ce fait un mal ». « Le peuple », dans la conception libérale, « sera d'une part un public avec ses besoins culturels et d'autre part tantôt un ensemble de travailleurs et d'employés, tantôt une masse de consommateurs ». Dans cette perspective, « la souveraineté et la puissance publique deviendront propagande et suggestion des foules », c'est-à-dire qu'elles seront décrédibilisées. Avec le libéralisme démarre ce que Schmitt appelle « l'ère des neutralisations et des dépolitisations ». Il n'est pas non plus inutile de rappeler la première phrase célèbre d'un autre ouvrage de Schmitt, Théologie politique (1922) : « Est souverain celui qui décide de la situation d'exception ». Une conception de la décision politique fort éloignée, il va sans dire, de la conception de l'Etat de droit issue des théories libérales européennes.

    On comprend bien, à la lecture de cette critique très puissante du libéralisme, combien ces thèses résonnent fortement aujourd'hui. Le monde occidental s'est lentement mais sûrement dépolitisé, refusant de se confronter aux décisions fondamentales par peur de remettre en cause les libertés individuelles (il y a certes des raisons très profondes à cela, notamment les traumatismes liés aux expériences totalitaires du XXème siècle). La souveraineté politique, c'est-à-dire la capacité d'un peuple de décider de son destin historique et de s'opposer le cas échéant à d'autres peuples, a disparu pour laisser place à une conception universaliste du monde dans laquelle chaque individu appartient au genre humain avant d'appartenir à des communautés particulières. Mais, prévient Schmitt, « qui dit Humanité veut tromper ». « Le monde politique », ajoute-t-il, « n'est pas un universum mais un pluriversum » ; le cas contraire signifierait la disparition de l'Etat et du politique - et la domination d'une puissance sur toutes les autres. C'est là tout le cœur du problème de l'universalisme : l'Occident se prétend seul juge de ce qu'il faut faire et de ce qu'il ne faut pas faire, selon ses propres critères. Il suffit de constater la manière dont les Occidentaux réagissent à l'attitude d'Erdogan après le putsch raté - et la manière dont ils jugent, avec une constance métronomique, les penchants autoritaires de Poutine.

    Notre propos ici n'est pas de défendre Poutine et Erdogan. Néanmoins, chacun à leur manière (et avec des excès évidents qu'il ne s'agit pas de nier), ils incarnent une vision encore politique de l'histoire humaine. Ils refusent le modèle libéral occidental et assument un certain décisionnisme qui peut entrer en contradiction avec la protection de certaines libertés individuelles. Ils défendent la souveraineté nationale face aux ambitions universalistes occidentales. Erdogan a eu ce mot très symbolique après le putsch raté qui le visait : « La souveraineté appartient à la nation ». Et Poutine avait rappelé il y a quelques années que la souveraineté nationale était une condition de vie ou de mort pour les Russes. Les deux hommes d'Etat construisent une mythologie nationale fondée sur la potentialité du conflit et sur l'irréductibilité des communautés humaines (même si Erdogan, notons-le, retourne habilement contre l'Occident ses propres valeurs démocratiques, comme cette semaine dans un entretien étonnant dans le journal Le Monde).

    Schmitt avait cette formule frappante qu'il empruntait à un poète allemand : « L'ennemi est la figure de notre propre question ». Il n'est pas interdit, en effet, d'apercevoir dans Poutine ou Erdogan deux figures-miroirs qui nous confrontent à un immense et terrible renoncement : celui de la politique. 

    Mathieu Slama

    Essayiste
     
    Né en 1986, Mathieu Slama intervient de façon régulière dans les médias, notamment dans le FigaroVox sur les questions de politique internationale. Un des premiers en France à avoir décrypté la propagande de l'Etat islamique, il a publié plusieurs articles sur la stratégie de Poutine vis-à-vis de l'Europe et de l'Occident. Son premier livre, La guerre des mondes, réflexion sur la croisade de Poutine contre l'Ocident vient de sortir aux éditions de Fallois.
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  • Theresa May et Brexit : la fin du dogme libéral ...

     

    Par Alexis Feertchak

    Les réflexions de Pierre-Henri d'Argenson dans cet entretien pour FIGAROVOX [9.08] pourront être utilement rapprochées des analyses de François Lenglet que nous avons publiées hier. Elles vont dans le même sens. Ici, Pierre-Henri d'Argenson commente la décision de Theresa May de créer un comité gouvernemental chargé de la stratégie industrielle du Royaume-Uni. Il y voit une rupture politique considérable qui met fin aux dogmes libéraux de toute-puissance du marché. Mais qui condamnera aussi, à terme, les rigidités de l'Union européenne. Et plus encore, le dogme mondialiste de répartition planétaire du travail : production manufacturière au Sud, économie dite de la connaissance pour les pays dits occidentaux. Ainsi, le vent est peut-être en train de tourner sur le monde : le monde des idées; mais aussi celui des politiques, des économistes et l'univers entrepreunarial. On nous excusera d'y insister mais ce qui est souligné dans ces entretiens, ce sont des évolutions ou révolutions d'une grande importance - pour nous quasi stratégique - que notre Ecole de pensée active ne peut ni ne doit ignorer. Elles comportent leur dose d'incertitudes mais surtout d'espoir. Ce n'est pas si courant.   Lafautearousseau

     

    Après avoir tenu un discours aux couleurs sociales lors de sa nomination à Downing Street, Theresa May a annoncé le 2 août dernier que son gouvernement allait lancer un grand plan de relance et de stratégie industrielles. Que pensez-vous de cette déclaration ?

    Theresa May n'a pas précisément annoncé de plan de relance, mais la création d'un comité gouvernemental chargé de mettre en œuvre une stratégie industrielle au service de l'emploi et de la réduction des inégalités (« an economy that works for everyone, with a strong industrial strategy at its heart »). Il ne s'agit donc ni de la traditionnelle relance budgétaire keynésienne ni d'un grand emprunt de soutien aux filières stratégiques, mais de la construction très colbertiste d'une politique économique, pilotée au plus haut niveau de l'Etat britannique, destinée non seulement à rebâtir les fondamentaux de son économie mais aussi à garantir que la richesse créée ne sera pas accaparée par les « privileged few », dixit Mme May.

    Cette annonce révèle donc en réalité trois ruptures profondes : la rupture avec le mythe de « l'économie de la connaissance », qui était au cœur de la « stratégie de Lisbonne » des années 2000, et qui pensait illusoirement fonder la croissance de l'Europe sur les seuls biens et services « à haute valeur ajoutée » et transférer sans dommages son industrie aux pays émergents. La rupture avec le dogme libéral attribuant au marché la capacité d'obtenir forcément de meilleurs résultats économiques que la planification étatique. Enfin la rupture avec le darwinisme social anglo-saxon, qui considérait comme légitime que le laisser-faire économique permette aux riches de devenir encore plus riches tandis que les laissés-pour-compte des friches industrielles s'installaient dans le chômage et la pauvreté.

    Le Brexit est-il synonyme pour les Britanniques d'un retour en force du volontarisme étatique, en rupture avec l'idée d'un monde politique en retrait en matière économique ?

    Concrètement, Theresa May vient de ressusciter le Commissariat général au Plan, ce qui ne manque pas de sel, s'agissant d'un gouvernement conservateur britannique supposément « libéral »… Nous n'y avons pas prêté attention, mais cela fait déjà quelques années que les excès du libre-marché mondialisé sont dénoncés par des intellectuels et des économistes au Royaume-Uni, ainsi qu'aux Etats-Unis, comme en témoignent les succès de Donald Trump et de Bernie Sanders. En 2014, le journaliste James Meek a publié un livre passé inaperçu en France, intitulé Private Island: why Britain now belongs to someone else où il dévoile comment les grands services publics britanniques (poste, réseaux ferrés, eau, logement social, électricité, santé) ont été privatisés au profit d'entités étrangères, avec des résultats globalement désastreux, faisant par-là le procès de vingt années de thatchérisme et de néolibéralisme. Le Brexit n'est donc pas seulement le fruit d'une manipulation populiste tombée sur son jour de chance, mais procède d'un mouvement profond de remise en cause des dogmes économiques sur lesquels les gouvernements libéraux, de droite comme de gauche, avaient assis leurs certitudes. Sans conteste, nous assistons là à une révolution économique et politique.

    Les patrons britanniques qui avaient été majoritairement hostiles au Brexit soutiennent ce plan de relance industrielle. C'est notamment le cas de l'Association britannique des fabricants (EEF), la principale fédération patronale de l'industrie britannique. On est loin de l'apocalypse annoncée avant le référendum. Que cela vous inspire-t-il ?

    Les patrons britanniques ont évidemment de bonnes raisons de se réjouir, pas seulement pour l'argent public qui sera à un moment ou un autre injecté dans leurs usines, mais surtout parce que cet argent pourra prendre la forme d'aides d'Etat jusque-là interdites par les traités européens. L'objectif affiché par Theresa May est parfaitement clair : redonner à l'économie britannique des avantages compétitifs décisifs dans la mondialisation, y compris, et même surtout, vis-à-vis de ses voisins du continent. En fait, le Brexit ne pose pas tant problème aux Britanniques qu'à l'Union européenne, qui craint dès à présent le jour où le Royaume-Uni, après avoir négocié un accord de libre accès au marché européen, fera en même temps jouer des mécanismes d'attractivité fiscale ou sociale qui ne manqueront pas d'exacerber d'autres velléités de sortie de l'UE.

    Le Brexit a immédiatement et symboliquement ébranlé les institutions européennes. Ne peut-il pas y avoir une seconde onde de choc si cette stratégie industrielle volontariste se transforme en succès économique et politique pour le Royaume-Uni ?

    Le Royaume-Uni va être observé à la loupe dans les années qui viennent, car ce sera un laboratoire de la renationalisation économique, de la réindustrialisation et des relations commerciales bilatérales. Si le succès est au rendez-vous, le Brexit sonnera le glas du postulat selon lequel la construction européenne ne peut s'accomplir que par l'homogénéisation totale des économies européennes sous la coupe de l'administration bruxelloise (les Etats américains ont, dans de nombreux domaines, des législations distinctes, cela n'empêche pas les Etats-Unis d'être la première puissance économique mondiale). Sur le plan extérieur, le Royaume-Uni va s'engager dans un cycle de négociations commerciales bilatérales où il tentera de préserver au mieux ses intérêts, secteur par secteur. C'est typiquement ce que nous ne pouvons plus faire, dès lors que la Commission impose à tous les Etats-membres des règles de concurrence et des accords de libre-échange qui ne sont pas forcément adaptés à chaque économie. D'une façon ou d'une autre, si la stratégie économique britannique finit par porter ses fruits, le cadre ultra-rigide de l'Union européenne apparaîtra comme intenable à de nombreux pays, à commencer par la France, en particulier si les Britanniques arrivent en sus à rééquilibrer le partage des richesses entre le monde ouvrier et les métiers surrémunérés du digital et de la finance.

    Au-delà de la question européenne, n'est-ce pas aussi la fin d'un monde, celui de l'ère ultra-libérale symbolisée par Margaret Thatcher et d'une mondialisation où les pays du Sud sont l'usine du pays et ceux du Nord les gardiens des savoirs et des technologies ?

    Oui, nous n'avons que trop tardé à prendre conscience de l'impossibilité de fonder une croissance économique durable sur cette répartition entre la haute technologie au Nord et les usines au Sud. Il y a deux raisons à cela : la première, c'est qu'elle suppose d'accepter, et donc de financer le chômage de masse de tous les gens qui ne trouvent pas leur place dans cette « économie de la connaissance », tout simplement parce que cette dernière nécessite peu de main d'œuvre (et encore moins à l'avenir, avec la robotisation-numérisation annoncée de nombreux métiers). La seconde, c'est que l'avantage technologique durable ne se conquiert qu'à la faveur d'investissements massifs dans la recherche fondamentale, non rentable pour le secteur privé (ce que font les Etats-Unis, entre autres, avec la DARPA). Pour financer ces investissements, vous avez besoin d'un secteur économique traditionnel qui fonctionne bien. Autrement dit, un pays dépourvu de base industrielle ne peut pas maintenir un avantage technologique de haut niveau, même dans les secteurs totalement numérisés. La force des pays émergents est précisément de pouvoir aujourd'hui concurrencer l'Occident sur presque toute sa gamme de produits à haute valeur ajoutée, après avoir aspiré son industrie manufacturière. Nous disposons certes encore d'avantages comparatifs, à commencer par un système éducatif de qualité, associé à une culture entrepreneuriale et créative, mais nous continuons en revanche d'être pénalisés par des schémas idéologiques périmés.   

    Pierre-Henri d'Argenson est haut-fonctionnaire, ancien maître de conférences en questions internationales à Sciences Po.  

    Alexis Feertchak           

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