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Un royaliste dans le gouvernement français

 

Par Péroncel-Hugoz 

Une chronique passionnante sur un évènement français vu du Maroc . 

 

peroncel-hugoz 2.jpgSoudain le mot magique de « Roi » est réapparu comme une grosse pierre jetée dans la mare politique parisienne… Il a suffi de quelques propos du plus en vue des ministres socialistes actuels…

 « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. Il y a dans le processus démocratique et dans son fonctionnement un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du Roi, dont je pense fondamentalement que le Peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a causé un vide émotionnel collectif : le Roi n’est plus là ! ». 

Dans la torpeur de l’été français, tout entier consacré aux « vacances » malgré les mauvais coups djihadistes, cette phrase en forme de « profession de foi » sans appel, nette et claire, n’est pas passée inaperçue dans le sérail politicien de l’Hexagone. Eh ! parbleu, elle n’est pas tombée de la bouche de n’importe qui mais de celle d’Emmanuel Macron, Nordiste né en 1977, énergique ministre de l’Economie, « homme de confiance » du président Hollande. Un chrétien assumé certes, disciple d’Aristote et du rigoureux philosophe hors-mode Paul Ricœur (1913-2005) mais aussi un socialiste. Rien d’étonnant là pour un Marocain car on sait, en Chérifie, au moins depuis notre regretté confrère Ali Yata, qu’on peut même être à la fois monarchiste et socialo… 

Mais en France ce fut une sorte de panique intellectuelle même si les propos de M. Macron étaient parus dans le n° 64 du « Un », petit hebdo certes mince mais remarquablement bien distribué (y compris au Maroc) ; et en plus animé par d’ex-plumes du « Monde », comme Laurent Greisalmer (auteur en 1990 d’une bio d’Hubert Beuve-Méry, fondateur du « Monde » en 1944) ou l’ancien directeur Eric Fottorino, limogé en 2010 par le vrai patron du fameux quotidien, Pierre Bergé. 

La stupéfaction fut complète lorsque tous les gens informés ou voulant le paraître eurent lu jusqu’au bout les propos de ce diable de M. Macron : « On a essayé de réinvestir le vide [laissé par le Roi], d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. La normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un vide au cœur de la vie politique, etc. etc. » (Ce qui est criant de vérité mais n’est pas très aimable, forcément, pour les présidents français contemporains type Sarkozy ou Hollande…). 

Un sous-ministre en exercice, le secrétaire d’Etat au commerce extérieur, Matthias Fekl, a essayé de sortir de son obscurité en lançant que « le grand absent [de la scène française actuelle], c’est le Peuple, pas le Roi »… Tombé à plat… Du maréchal Lyautey au maréchal Leclerc, de l’écrivain catholique anti-franquiste Georges Bernanos au général de Gaulle, du ministre gaulliste de la Justice Edmond Michelet (dont le Vatican veut faire un saint) au militant tiers-mondiste Régis Debray, les grands noms de l’élite politique française* ayant manifesté, d’une manière ou d’une autre, leur attachement à l’institution royale française, ne manquent pas. A cette chaîne entre le passé et l’avenir, il faut ajouter maintenant le juvénile profil d’Emmanuel Macron. Le théâtre politique français, qui parait souvent bien assoupi, peut donc réserver encore des surprises… Louange à Dieu ! 

 

* Ce n’est un secret pour personne aujourd’hui que même le futur président Mitterrand, dans sa jeunesse, avant la Seconde Guerre mondiale, participa à au moins une manifestation publique royaliste à Paris et alla également rendre hommage en Belgique au Prétendant français exilé de l’époque, le duc de Guise (« Jean III »).

Péroncel-Hugoz - Le 360.ma

 

Commentaires

  • Sans oublier Guy MOLLET, Président du Conseil, qui proposa à Anthony EDEN, Premier ministre anglas, d e fusionner les 2 pays en un seul Royaume, avec comme argument: Vous verrez comment les Parisiens accueilleront la reine Elisabeth.
    Quel dommage qu'il ne soit pas resté à la solution UNIQUEMENT française

  • Je n'étais pas né du temps de Guy Mollet. Mais j'ai lu.
    C'est, je crois bien, Edmond Michelet qui a fait lire Kiel et Tanger â Pompidou, sur une suggestion de Pierre Boutang.
    A la liste, il faut ajouter Edgard Faure. Et Peyrefitte très attaché au Comte de Paris.
    Ça n'a rien donné. Au fond, De Gaulle a occupé la place. Après, plus rien.
    Je crois que le régime n'était pas encore à bout, comme il l'est maintenant.

  • Un chef d'Etat permanent sous la forme d'un roi est une porteuse de la réflexion politique française depuis toujours. En ce sens Macron a raison.
    Il y a vingt ans, Jack Lang, agrégé de droit public, disait ne pas refuser un roi comme chef d'Etat dans le cadre constitutionnel existant (la majeure part des pouvoirs au premier ministre responsable devant la chambre basse).
    Il y a deux mois, Jacques Attali signalait l'inaptitude des démocraties bavardes à gérer le temps long : « la démocratie est ainsi faite que les Parlements et les opinions publiques passent parfois des mois, sinon des années, à discuter de sujets absolument mineurs, (comme le nombre de dimanches d’ouverture de quelques magasins), et zéro minute sur des sujets structurant pour des siècles l’avenir d’un pays ». Il s'agissait du canal Seine-Nord et des ports normands du Havre et Rouen.

    Curieusement on sent moins la fibre royaliste à droite, ce segment politique du socialisme français étant plus enclin au césarisme. Un roi bloquerait les "légitimes" ambitions des autodidactes qui jouent perpétuellement au sauveur.

    On savait Macron peu emprunté, et carrément le seul à avoir travaillé en vrai avant de prendre le maroquin de l'économie, mais sa réflexion est d'une incroyable justesse à se rappeler que ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
    Jospin, Mélenchon, Corbière et consorts ont dû faire une attaque.

  • Pour faire valoir les atouts d'une Royauté dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle, il ne suffit pas de les avoir identifier ; continuité, indépendance, vision du long terme, souci du Bien commun et de l'intérêt général, transmission d'un héritage, incarnation historique, sacralisation du pouvoir ..., il faut aussi savoir selon quels modes de fonctionnement ces atouts vont pouvoir s'exercer en accord avec la volonté populaire, disons dans un cadre démocratique.
    En l'absence de parlementarisme, certains prôneront le référendum et la démocratie locale ou participative comme moyen de se passer d'un parlement avec le Roi comme seul législateur. Cette conception n'est pas réaliste. Le Roi ferait ou ne ferait pas d'ailleurs, des référendums tous les quatre matins, et le peuple ne déciderait que des affaires du quotidien, sans avoir voix au chapitre sur les grands débats et sujets de société ? Et le Roi législateur serait divinement inspiré pour ne commettre aucune erreur, sans rendre de comptes (traduction de responsable) en décidant seul, même après avoir écouté ses conseils ? Nous sommes au XXIème siècle, la société a évolué, les Français sont plus éduqués qu'il y a deux siècles et comprennent suffisamment les enjeux des grands sujets de société.
    Il faut bien l'admettre, il ne serait pas raisonnable que le Roi soit législateur, et seul face au peuple, en cas de désaccord, l'histoire nous l'a prouvé. Pour que le Roi soit "utile" à, et pivot de la société, il ne peut en être que le garant et l'arbitre, ce qui est fondamental.
    Garant de la Constitution, de la souveraineté nationale, de la justice, de l'indépendance nationale, de l'unité nationale .... et aussi arbitre dans le fonctionnement des différents pouvoirs institutionnels, mais pas seulement en théorie, réellement en pratique, avec de vrais pouvoirs correspondants, pour exercer son rôle de garant et d'arbitre.
    Tant que les royalistes ne s'entendront pas à ce sujet, pour travailler à un réel projet de Constitution qui fixerait le cadre dans lequel la Royauté pourrait exercer ses pleines prérogatives entre le Parlement, le Gouvernement et la Nation, et en dépit de circonstances historiques exceptionnelles, il n'y a rien à espérer.

  • Les Français sont très" marqués" par le souvenir des 40 rois qui ont fait la France, grace à eux
    et à leurs réalisations ,nous sommes le pays le plus visité,
    et de toute façon c'est un recours quand tout va mal. Quand nous aurons fini de changer de président tous les 5 ans quand ces beaux messieurs ont profités du régime!! et leurs copains!!

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