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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1278

  • Loisirs • Culture • Traditions ...

  • Société • Accélération de l’histoire ?

     

    par Gérard Leclerc

     

    1237311666.jpgDans un magnifique livre au style étincelant, qui parut en 1948, Daniel Halévy développait le thème de l’accélération de l’histoire. Tout allait de plus en plus vite, la modernité s’identifiant à ce rythme saccadé qui sortait l’humanité de ses immobilités, de ses engoncements dans ses habitudes et ses traditions. On pourrait à ce propos se référer aussi à ce que Claude Levi-Strauss appelait « les sociétés froides », ces sociétés dominées par une sagesse les incitant « à résister désespérément à toute modification de leur structure, qui permettrait à l’histoire de faire irruption en son sein ». L’Occident, d’évidence, s’est toujours distingué de cette résistance, avec sa conception non cyclique du temps. Il n’empêche qu’à un certain moment le rythme s’est accru de telle façon que la distinction d’avec la société froide devenait obsolète.

    106503674.jpgC’est bien la société historique elle-même qui se trouvait propulsée dans une autre dimension, notamment avec l’avènement de l’industrie moderne. Mais le développement des sciences et des techniques aidant, l’accélération s’est trouvée surmultipliée. Nous nous en apercevons avec ce qu’est devenue l’information qui prétend nous rendre compte, d’une façon haletante, de tout ce qui se passe sur la planète. Rien que sur le terrain politique, avec l’essor des chaînes spécialisées, nous pourrions y passer toute notre vie. L’actualité de ces derniers mois et de ces derniers jours, avec ses rebondissements continuels, est suivie scrupuleusement, aussi bien par l’image que par le commentaire.

    Il s’est ainsi créé une catégorie de journalistes, dont les performances provoquent toute mon admiration, mais pas nécessairement mon envie. J’admire toute cette virtuosité qui permet de faire patienter un auditoire, avant que tombe, par exemple, l’annonce du nouveau gouvernement. Il se dispense dans ces exercices une somme d’intelligence, de subtilité et même de savoir, étonnante. Cependant, j’aurais scrupule à me joindre à ces collègues, car je garde tout de même une préférence, sinon pour le temps immobile et les sociétés froides, du moins pour une certaine distance, une possibilité d’interprétation plus apaisée. Est-ce une gageure impossible, aujourd’hui ?   

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 juin 2017.

    Gérard Leclerc - France catholique 

    Ci-dessus à droite : Daniel Halévy

  • Idées & Culture • La modernité et ses critiques : cartographie des différentes tendances

     

    Une remarquable étude - et fort utile - de l'excellent site PHILITT. Les spécialistes interviendront s'il y a lieu.  LFAR

    La modernité, ou monde moderne, abrite en son sein deux grands mouvements : d’un côté, les adeptes des Lumières et, de l’autre, ceux qui émettent de franches réserves face à cet enthousiasme. Sous la catégorie « antimoderne » ou « réactionnaire », qui leur est assignée ou qu’ils s’assignent eux-mêmes, cohabitent pourtant diverses tendances, parfois mêmes antagonistes. 

    charles-peguy.jpgLa distinction et l’opposition entre modernes et anciens constitue sans nul doute un topos de la philosophie moderne. L’opposition apparaît nettement au XVIIe siècle, sous un angle artistique, avec la querelle des Anciens et des Modernes savamment retracée par Marc Fumaroli. La Révolution française et ses remous achève de consacrer pleinement la fracture en transposant ladite querelle – avec à la clé une victoire des modernes – au niveau politique. L’époque moderne, dans une perspective philosophique ou anthropologique, remplace l’époque contemporaine des chronologies historiques. Charles Péguy a eu raison de préférer l’ossature solide de « moderne » à la légèreté de « contemporain ». C’est que « moderne est daté, enregistré, paraphé », écrit-il dans De la situation faite au parti intellectuel. « Moderne » donne à voir un monde et son épistémè – non pas une simple conjoncture politique limitée au territoire national. La modernité a un début et aura probablement une fin.

    Repère historique commode, 1789 offre cependant une lecture trop schématique de l’implantation des idées modernes. Si la diffusion progressive de ces idées est globalement admise, l’importance accordée à un événement particulier peut varier d’une plume à l’autre. Le philosophe du droit Michel Villey a pu, par exemple, rattacher l’inflexion moderne des droits de l’homme (subjectivisme juridique) au volontarisme ockhamien et, plus tard, à la Réforme catholique – Vitoria en tête – sans faire du protestantisme l’unique levier ; alors que Max Weber, en choisissant comme événement pertinent l’essor du capitalisme, a renforcé le poids de l’éthique protestante. Leo Strauss a quant à lui mis l’accent sur la Renaissance, et particulièrement l’apport décisif de Machiavel dans le délitement de la conception classique du politique. Enfin – panorama non exhaustif –, Péguy situe aux environs de 1881 la naissance d’une modernité constituée par l’avilissement de la mystique en politique – la politique consiste à vivre de la République, la mystique à mourir pour elle. Il n’y avait pas pour Péguy de coupure entre la France d’Ancien Régime et la France de la Révolution ; il y avait, d’une part, « toute l’ancienne France ensemble, païenne (le Renaissance, les humanités, la culture, les lettres anciennes et modernes, grecques, latines, françaises), païenne et chrétienne, traditionnelle et révolutionnaire, monarchiste, royaliste et républicaine, – et d’autre part, et en face, et au contraire une certaine domination primaire, qui s’est établie vers 1881, qui n’est pas la République, qui se dit la République, qui parasite la République, qui est le plus dangereux ennemi de la République, qui est proprement la domination du parti intellectuel », explique-t-il dans Notre jeunesse. Ces écarts de datation s’expliquent par le choix de l’élément cardinal retenu pour apprécier la modernité – par exemple la fin de la mystique chez Péguy. Cet élément ou critère répond également au phénomène étudié : si les causes de la modernisation du droit recoupent celles de la modernisation du politique ou de l’économie, on ne saurait pourtant y retrouver exactement les mêmes logiques à l’œuvre dans les mêmes proportions.

    Contestation des métarécits

    Il faut cependant relever, au-delà des différentes perspectives, une réelle convergence des vues sur les fondations du monde moderne. Sans fournir une lecture approfondie de son soubassement conceptuel, la modernité se caractérise avant tout par la sortie du religieux en tant que mode de structuration – et non pas la fin des religions. Alors que le monde pré-moderne reposait sur la tradition (le passé), la transcendance (le sacré) et supposait une organisation sociale hiérarchisée de forme holistique ; le monde moderne s’enivre d’optimisme en exaltant le progrès d’une histoire dont il se sait pleinement acteur, croit en l’autonomie de sa volonté (nouvelle source de normativité) et place à la base de l’organisation sociale l’individu atomisé. Opposons encore la raison des anciens au rationalisme des Lumières : rationalisation de la métaphysique (criticisme kantien), de la politique et de l’anthropologie (théories du contrat social, utilitarisme) ou de l’économie (capitalisme bourgeois). Ajoutons que certains auteurs, comme Jean-François Lyotard ou Michel Maffesoli, se réfèrent à la notion de postmodernité pour, au fond, souligner la césure entre les philosophies du sujet, issues des Lumières, et certaines philosophies du soupçon, notamment celles patronnées par Friedrich Nietzsche, Sigmund Freud et Martin Heidegger. Philosophies surtout relayées, en France, par Jacques Derrida, Michel Foucault et Jean-Paul Sartre. Pour le dire autrement, en paraphrasant Lyotard, la postmodernité, contrairement à la modernité, n’accorde plus aucun crédit aux métarécits.  La fin de ces métarécits exprime la fin d’un savoir motivé ou soutenu par la volonté de remodeler – de transfigurer, de séculariser – l’ordre moral ancien selon un mode de structuration non religieux. Il s’agit également de redonner un sens à l’histoire par la dialectique hégélienne et marxiste. En résulte, par exemple, le triomphe du positivisme juridique et son refus de produire une théorie du droit entachée de considérations éthiques. Il y a un lien entre ce type de positivisme – à ne pas confondre avec le positivisme d’Auguste Comte encore soucieux de construire un ordre moral amélioré – et l’épistémologie foucaldienne, empruntée à Nietzsche dans sa Généalogie de la morale, qui  s’évertue à démystifier la rationalité apparente des discours pour mieux mettre à jour les rapports de pouvoir occultes. Ce lien, c’est la condition postmoderne, la contestation des métarécits.

    Baudelaire.jpgOn peut dès lors distinguer les éléments de structuration du monde moderne (modernité) de l’attitude favorable à l’égard de la modernité (modernisme). Le modernisme, dans son acception baudelairienne, renvoie au mythe du progrès ; un progrès toujours négateur car insatiable, perpétuel. Le progrès moderniste est un progressisme qui, par le biais des sciences et du volontarisme politique, révèle sa présence, investit pleinement le temps présent, et se défait immédiatement dans cette même présence pour mieux se renouveler. Alors que le progrès antique était celui d’une perfection à retrouver dans l’imitation des grands hommes, le moderniste se prend lui-même pour modèle. Il ne s’agit pas simplement, pour le progressisme, de mondaniser l’eschaton – l’historicisme hégélien et marxiste ne relève pas du progressisme –, mais de le supprimer. Si le moderne baudelairien offre une place certaine à l’angoisse du présent sous l’effet du déracinement, il ne méconnaît nullement la représentation classique d’un idéal et d’une espérance ancrées dans le passé ou dans l’au-delà. Charles Baudelaire, en tant qu’antimoderne, incarne la modernité. Autrement dit, Baudelaire fait du moderne un antimoderne. En reprenant la définition baudelairienne de la modernité – la modernité, le moderne, est d’emblée antimoderne pour Baudelaire – Antoine Compagnon récuse le recours à la notion de postmodernité. En effet, la modernité française incorpore déjà la postmodernité puisqu’elle contient, du moins en puissance, ce refus de l’historicisme et du progrès propre à la condition postmoderne. Il ne peut y avoir de postmodernité que si l’on raccorde la modernité aux Lumières. Or, selon Compagnon, la modernité – la condition, la sensibilité moderne plutôt que le monde moderne – prend forme avec Baudelaire et Nietzsche.

    Retenons davantage, car elle semble communément admise, la distinction entre moderne et antimoderne. Par ailleurs, nous conservons le lien, relativement étroit, posé entre la modernité et les Lumières. Le monde moderne, en sa modernité, renferme donc, à la fois, le moderne comme équivalent du moderniste, et l’antimoderne. L’antimoderne désigne alors le moderne en conflit avec la modernité. On doit déjà relever à ce stade la porosité des classifications, le chevauchement inéluctable du moderne et de l’antimoderne. Un auteur comme Friedrich Hayek illustre bien cette friction : s’agit-il d’un antimoderne, d’un moderne ou, peut-être, d’un hyper/postmoderne ? Probablement un peu des deux, ou des trois si l’on accepte de dissocier moderne de postmoderne.

    Variations autour de l’antimodernité

    220px-Jmaistre.jpgAu sens large, l’antimodernité regroupe l’ensemble des objections formulées à l’encontre de la modernité. Au sens strict, elle doit se distinguer de la réaction mais aussi, dans une certaine mesure, du traditionalisme et du conservatisme. Le sens strict correspond peu ou prou au sens large agrémenté de multiples nuances. Commençons par désolidariser l’antimoderne du réactionnaire. Est réactionnaire, d’après le sens commun, tout mouvement d’hostilité à l’encontre des acquis sociaux et sociétaux dérivés, pour la plupart, de la seconde moitié du XXe siècle – les autres, plus anciens et donc plus ancrés, suscitent moins de réprobation. Dans le vocabulaire profane, réactionnaire signifie antimoderne au sens large. D’un point de vue plus théorique, contrairement à l’antimoderne, le réactionnaire s’oppose à la modernité sur un mode radical : il est anti-Lumières et contre-révolutionnaire. À l’inverse, l’antimoderne accepte, non sans quelques réserves, les fruits des Lumières. Le réactionnaire (français) montre son attachement « au prélibéralisme aristocratique, c’est-à-dire à la liberté et à la souveraineté des grands, avant leur asservissement sous la monarchie absolue vécue comme une tyrannie », souligne Antoine Compagnon dans Les antimodernes de Joseph de Maistre à Roland Barthes. Il manifeste la volonté de défaire les modifications apportées par la Révolution. La nature de cette contre-révolution soulève pourtant une difficulté. Stricto sensu, il s’agit d’une révolution contraire, une révolution pour restaurer les codes de l’Ancien Régime en son âge d’or. Lato sensu, la contre-révolution n’est pas, selon le mot de Joseph de Maistre dans ses Considérations sur la France, « une révolution contraire mais le contraire de la révolution ». Et Maistre d’ajouter, dans son Discours à Mme la marquise de Costa : « Longtemps nous n’avons point compris la révolution dont nous sommes les témoins ; longtemps nous l’avons prise pour un événement. »

    Un événement susceptible d’être un contre-événement (une révolution contraire). Or, la révolution dépasse le cadre de l’événement pour rejoindre celui de l’époque, et l’on ne peut changer une époque. Il faudrait alors substituer antirévolutionnaire à contre-révolutionnaire. L’antirévolutionnaire envisage la restauration du monde ancien par l’effet de la providence et non par une révolution qui, intrinsèquement, en tant que moyen et indépendamment de ses visées, doit être combattue. Au sens très large, les contre-révolutionnaires (tout comme les anti-Lumières) désignent les antimodernes. Nous retiendrons le sens large puisque le réactionnaire chimiquement pur – anti-Lumières et contre-révolutionnaire stricto sensu – n’existe pas. Les anti-Lumières, de Joseph de Maistre à Louis de Bonald, ne proposent pas une révolution contraire. Le réactionnaire est donc anti-Lumières et antirévolutionnaire. Paradoxalement, si Joseph de Maistre incarne la réaction, il ouvre également la voie au courant antimoderne, précisément en intégrant le caractère irréversible du changement d’époque que constitue la Révolution. Les antimodernes tempérerons leurs critiques à l’égard des Lumières en délaissant l’idée d’un retour providentiel à l’âge d’or de l’Ancien Régime. Il est par conséquent abusif de qualifier des auteurs comme Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut de réactionnaires. Une des expressions de la réaction contemporaine provient de l’islam radical. Cet islam dégénéré apparaît réactionnaire du point de vue occidental dans la mesure où son idéologie vise la destruction du monde moderne – en utilisant sa technologie –, mais révolutionnaire pour la culture arabo-musulmane : le rationalisme de l’État islamique n’a rien à voir avec un prétendu retour à la tradition.

    Les traditionalistes souhaitent quant à eux conserver ou retrouver une tradition, c’est-à-dire préserver ou restaurer la transmission de certaines dispositions d’ordre culturel. Soit préserver la tradition monarchique anglaise (Edmund Burke) ou, en France, la monarchie absolutiste depuis Louis XIV face à l’entreprise révolutionnaire ; soit retrouver une tradition indo-européenne (René Guénon, Julius Evola). Si Guénon et Evola, à l’inverse de Burke proche du parti whig, se réfèrent à une tradition contraire aux Lumières, il ne sont pas pour autant des antirévolutionnaires. Guénon s’exilera en terre d’islam et Evola optera pour une posture apolitique. Mieux vaut ne pas détacher le traditionaliste de l’antimoderne pour en faire une expression de l’antimodernité.

    Tout changer pour que rien ne change

    f_burke.jpgMême raisonnement au sujet du conservateur confondu avec le traditionaliste et, plus largement, avec l’antimoderne. Le conservateur, au sens strict, entend conserver le modèle en vigueur. Il n’apparaît donc pas, dans cette perspective, contraire au moderne : Emmanuel Macron pourrait tout à fait entrer dans une telle catégorie. Conserver n’équivaut pas à refuser le changement mais davantage, comme l’a bien vu le jeune aristocrate Tancredi dans Le Guépard, à tout changer pour que rien ne change. De même, plus profondément, le traditionalisme burkéen, par son attachement aux préjugés et à la Common law, incline au conservatisme : le changement est organique et non le résultat d’une volonté autonome, d’une construction rationaliste. Une attitude d’hostilité ou, du moins, de réserve à l’égard du progrès technique et sociétal (libéralisation des mœurs), voilà ce qui définit au mieux l’esprit conservateur. Un esprit anti-utilitariste constitué par la valorisation du rituel. Ainsi, explique Michaël Oakeshott dans Du conservatisme, « toutes les activités où ce qui est recherché est le plaisir naissant non du succès de l’entreprise, mais de la familiarité de l’engagement, signalent une disposition au conservatisme ». Le conservateur, lorsqu’il désire limiter le changement en renforçant sa charge organique ou cultive un état d’esprit méfiant à l’égard du progrès et de l’utilité en général, se rattache à l’antimoderne. Les six canons du conservatisme rédigés par Russel Kirk, traduit en français par Jean-Philippe Vincent dans Qu’est-ce que le conservatisme ? Histoire intellectuelle d’une idée politique, confirme la convergence de ce courant avec la sensibilité antimoderne.

    Si la sériation a le mérite d’affiner le discernement, à trop vouloir ordonner, l’inverse se produit et la confusion l’emporte. La plupart des auteurs seront donc qualifiés d’antimodernes afin de ramasser au mieux la bigarrure des portraits. L’étude de Maistre par Antoine Compagnon souligne parfaitement ce point : « On a donc vu en Maistre, successivement et alternativement, un traditionaliste ou un “prémoderne” par sa nostalgie de l’Ancien Régime et du droit divin, et un futuriste ou un “ultramoderne” pour son apologie de la terreur d’État et son anticipation de la société totalitaire. Les deux qualifications sont insatisfaisantes, et “antimoderne” convient mieux, dans l’ambivalence de l’épithète. »  

    De haut en bas : Charles Péguy Charles Baudelaire  Joseph de Maistre  Edmund Burke.

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  • Traditions • Dans un mois ... Les fêtes de Bayonne, c'est tout le Pays Basque...

     Marée humaine en rouge et blanc 

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgMaintenues en 2016 malgré le terrorisme, les Fêtes de Bayonne 2017 s'ouvriront le mercredi 26 pour s'achever le dimanche 30 juillet. Seront-elles cette « célébration du mauvais goût », selon un article malveillant des Inrocks en 2015 ? Orfèvres en cette matière, leur objectivité avait été jugée plus que douteuse à Bayonne...  En tout cas, nous les évoquons ici assez tôt, cette année, pour que les amateurs s'y préparent. Tout ce qui est racines est bon !  LFAR

    Les Fêtes de Bayonne, c'est, sur près d'une semaine, un million et demi de personnes qui se côtoient, se retrouvent et fraternisent, joyeusement, dans le bonheur de la fête et aussi - et surtout - la pleine conscience et la fierté légitime d'appartenir à un peuple, à une nation, héritiers d'une authentique culture, d'une riche et belle civilisation, de traditions plus que millénaires...

    Tout a commencé en 1932 : cette année-là, une quinzaine d'amis bayonnais sont à Pampelune, où ils découvrent le concept de la « fête de rue » en assistant aux traditionnelles Sanfermines, les fêtes de la Saint Firmin, et leurs lâchers de taureaux dans les rues de la vieille ville (les encierros). Enthousiasmés, ils décident d'importer chez eux, à Bayonne, en l'adaptant, ce qu'ils viennent de vivre dans la ville navarraise. La couleur traditionnelle, et officielle, en Navarre, est le « rouge et blanc » : au début, à Bayonne, ce fut bleu et blanc, mais, très vite, le rouge et blanc s'imposa. On peut porter l'écharpe rouge avant 22 heures, ouverture officielle de la fête, par exemple au poignet; mais ce n'est qu'à partir de l'ouverture officielle de la fête que l'on peut porter l'écharpe autour du cou, ce qui rappelle le martyre de Saint Léon, décapité à Bayonne vers 890... 

    A Reims et à Orléans, à Beauvais, les Fêtes Johanniques et celles de Jeanne Hachette exaltent l'histoire de France, la formation du territoire, en même temps qu'elles permettent de rendre hommage, à travers deux héroïnes majeures, à toutes ces femmes d'exception, si souvent présentes à des moments cruciaux de notre Histoire.

    En Provence, les deux pèlerinages annuels aux Saintes Maries de la Mer sont un témoignage vivant de nos racines chrétiennes, comme le sont les deux Tours de Ville du Saint Cordon de Valenciennes, les Ostensions du Limousin, les processions de la Sanch à Perpignan, le Catenacciu de Sartène et tant d'autres encore...

    Et ainsi de suite, dans toutes les provinces de France, ces fêtes qui font, qui sont la France parsèment l'année de leurs manifestations colorées, qui sont autant de manifestations de l'existence d'un Peuple français, d'une Nation française, n'en déplaise aux idéologues.

    Un peuple, une nation, qui se sont lentement cimentés sur le socle commun que représente le peuplement et la culture celtique : le Festival interceltique exalte, comme son nom le proclame fièrement, les traditions de ce peuple celte qui est comme le socle sur lequel est venu se former, peu à peu, notre nation, et qui est bien le fondement connu le plus ancien de ce qui allait devenir la France.

    A une exception près, et de taille : le peuple et la culture basques.

    2564127086.3.jpgLes Basques constituent, en effet, une population autochtone pré-indoeuropéenne, remontant au néolithique, implantée principalement au Sud-ouest de la France et au Nord de l’Espagne, dans le Pays Basque, précisément.  Et la langue basque est l’unique isolat européen et la seule langue non indo-européenne d’Europe de l’Ouest (en linguistique, un isolat est une langue dont on ne peut démontrer de filiation - ou « relation génétique » - avec d'autres langues vivantes : la langue basque, le coréen, le japonais sont des isolats).

    C'est à cette langue basque, à cette culture, à cette terre, à ce peuple... que sont dédiées, depuis 1932, les Fêtes de Bayonne : en rouge et blanc, pendant cinq jours, les festayres sont si nombreux (probablement plus d'un million de personnes) qu'ils font de cet évènement l'une des fêtes les plus suivies, non seulement de France, mais même dans le monde...   

    Site officiel : http://www.fetes.bayonne.fr/ 

  • Macron : un colosse aux pieds d’argile

     

    Par François Marcilhac

     

    364574047.jpgLorsque paraîtront ces lignes, toutes les analyses auront été déjà faites et toutes seront justes. Oui, cette abstention historique exprime le ras-le-bol des Français de plus d’une année de campagnes électorales et de scrutins – primaires comprises –, mais traduit également l’absence d’engouement pour le président nouvellement élu.

    Non, en dépit de (ce qu'a été) le résultat du second tour, les Français ne sont pas devenus des Macrons de Panurge. Oui, la majorité dont le président disposera à l’Assemblée sera écrasante, mais, paradoxalement, il restera élu par défaut, puisqu’il se voit définitivement privé, par un scrutin législatif entaché d’une abstention plus écrasante encore que sa majorité, de toute dynamique populaire. Oui, nos institutions sont à la fois absurdes et apparemment solides. Absurdes puisqu’une majorité écrasante peut traduire non pas une adhésion enthousiaste mais un sentiment de fatalité et de lassitude, tout en étant la conséquence d’une remise en cause des vieilles pratiques politiques à travers celle des partis qui les incarnaient. Mais une remise en cause illusoire – la démocratie n’est-elle pas le régime de l’illusion ? –, puisque les Français se sont aperçus dès le lendemain de la nomination du nouveau gouvernement que la République en marche ne fait que détourner la “vieille politique” à son profit après avoir simplement ravalé la façade. Des institutions toutefois solides, puisque la lente mais, semble-t-il, inexorable érosion de la participation aux législatives depuis 2002 apparemment ne les affaiblit pas : en dépit d’une représentativité en peau de chagrin du Parlement et d’un écart toujours plus béant entre pays légal et pays réel, rien ne semble sérieusement les menacer, pas même la perspective d’une VIe République que les Français n’ont pas plébiscitée alors même qu’elle était censée leur redonner les clés du pouvoir…

    Les élections n’ont jamais rien changé

    C’est une vérité historique : jamais, en France, depuis la Révolution, des élections n’ont permis une modification radicale de la donne politique. Elles ont pu confirmer cette modification, lui apporter un vernis de « légitimité démocratique », mais le suffrage universel n’a jamais été à l’origine d’un tournant historique. Ce sont l’événement, le coup de force, le désastre ou le revirement militaires qui, trouvant à se traduire dans un homme ou une faction, ont, pour le meilleur ou, plus souvent encore, pour le pire, rythmé notre histoire politique contemporaine depuis que celle-ci n’épouse plus le temps humain d’une famille royale, ne s’incarne plus dans une dynastie. Certes, les vérités historiques ne sont pas absolues : elles relèvent du relatif. C’est pourquoi l’Action française a toujours pris soin de préciser qu’elle souhaitait le rétablissement de la monarchie par tous les moyens, même légaux. Mais ceux qui enferment leur espérance dans la conquête électorale se préparent à une déception permanente. Ils peuvent toujours, après coup, insulter l’électeur , abstraction qui dissimule leur compatriote : cela les soulage mais ne fait en rien avancer la question, aveuglés qu’ils sont sur leur incohérence, qui est de chercher le Bien commun sans remettre en cause un régime politique, la République ou l’Empire plébiscitaire, qui, fondé sur un suffrage universel détourné de son domaine de compétence, ne peut, par définition, assurer les conditions du Bien commun que par intermittence et après une grave crise nationale. À quoi ont servi les chambres introuvables non pas de 1815 – on ne le sait que trop bien –, mais de 1871, de 1919, voire de 1968 ? Elles ont été condamnées à l’inaction et à l’échec par la logique parlementaire.

    LR, PS, FN : tous coupables

    Aussi ne sert-il à rien d’être déçu. Déçu, de quoi, du reste ? En refusant de s’opposer aux candidats macronistes, LR et le PS avaient déjà avalisé leur sortie, qu’ils espèrent provisoire, de l’histoire parlementaire, d’autant plus facilement que le macronisme exprime le substrat idéologique commun de leurs projets respectifs : la disparition de la France comme nation souveraine incarnant une identité de civilisation au profit d’une Europe village-témoin du mondialisme. Quant au Front national, il ne fait que recueillir le fruit de ses ambiguïtés et de son refus permanent de participer à une véritable dynamique d’union nationale, son arrogance dissimulant mal un amateurisme quasi atavique.

    Macron aura apparemment les mains libres. Du moins au début, ce qui lui permettra, sans doute – il l’espère – de faire passer sans trop de contestation, outre le gadget législatif de Bayrou sur la moralisation de la vie politique, serpent de mer démocratique, surtout sa réforme du Code du travail. Au Parlement, la contestation sera assurément cosmétique. Rien ne dit toutefois que s’il réussit à boucler les ordonnances avant la fin de l’été, la rue ne viendra pas dès la rentrée se rappeler au bon souvenir de députés godillots, surtout si le texte est adopté dans toute sa violence – que Libération a révélée. On peut toujours ânonner les mêmes reproches à un Code du travail pléthorique (en oubliant qu’il intègre la jurisprudence et qu’une simplification outrancière créerait une nouvelle jurisprudence), ou à un paritarisme qui engraisse des syndicats non représentatifs. Faut-il pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain et laisser le salarié français seul face à l’alliance de la finance mondiale, indifférente au sort de l’économie française, et d’un État devenu sa simple courroie de transmission ? Car l’objectif de Macron est évidemment de soumettre le salarié français aux exigences européennes et internationales sous le prétexte, fallacieux s’agissant des TPE et PME dont il se moque, de renforcer la compétitivité des entreprises. Le texte est en revanche aux petits soins des multinationales. Entre autres mesures ? Outre le fameux renversement de la hiérarchie des normes et une fragilisation des contrats de travail – CDI ET CDD – en vue de compenser le peu constitutionnel et déjà retoqué plafonnement des indemnités en cas de licenciement abusif – il contrevient au principe juridique de la réparation intégrale –, le texte vise aussi à redéfinir le périmètre géographique en matière de licenciement économique, afin de permettre à une multinationale de réduire les effectifs de sa filiale française en dépit de résultats florissants à l’étranger ! Quand on sait comment ces mêmes multinationales déprécient déjà, de manière artificielle et avec la complicité du pays légal, leurs bénéfices réalisés en France pour échapper à l’impôt sur les sociétés…

    Macron impose son pouvoir personnel

    Macron sait déjà qu’il ne pourra pas en appeler au pays réel contre les corporatismes, pour la simple raison qu’il ne pourra pas transformer un simple attentisme en soutien populaire, d’autant que sa majorité, composée à 90 % de CSP +, est totalement déconnectée du peuple. Autant dire qu’il est un colosse aux pieds d’argile. D’où sa volonté d’imposer son pouvoir personnel, par le biais tant de nouvelles dispositions liberticides en matière sociétale ou mémorielle que, surtout, de l’instauration d’un état d’urgence permanent par l’inscription des dispositions de celui-ci dans le droit commun. Macron, ses satellites et, demain, sa « chambre introuvable » menacent nos libertés fondamentales, principalement politiques. Les premiers visés seront comme toujours les patriotes. Un événement pourrait alors déclencher la colère du pays réel, car l’histoire de France parle pour elle : les Français n’ont jamais été longs à se révolter contre la tyrannie. Il sera alors possible de vérifier la solidité d’institutions vidées de toute légitimité faute d’incarner le Bien commun.  

  • Macron, an 1: mort et vie du clivage droite-gauche ... Le président a le champ libre : Pour combien de temps ?

    Gouvernement Philippe II, juin 2017. Sipa.

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante analyse [Causeur, 22.06] sur fond d'Histoire. Elle suscite la réflexion - plutôt que la polémique - comme il convient s'agissant du cas Macron. On discutera tel ou tel point de cet article. D'Histoire, notamment. Mais nous trouvons l'analyse pertinente. Enfin, nous n'oublions pas que Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et c'est une occasion de la saluer en toute amitié.  LFAR 

     

    sans-titre c r.pngLes historiens du XIXe siècle savent que la France se prend au centre. Emmanuel Macron, fin et érudit, en a tiré les leçons à son profit et a provisoirement effacé le clivage droite-gauche. L'opposition atomisée, il a toutes les clés pour gouverner. Mais gare à ne pas finir comme Napoléon III.  

    La nouvelle Assemblée nationale sortie des urnes le 18 juin ne ressemble pas aux précédentes. Un parti s’étale largement en son centre et relègue ce qui reste de la droite et de la gauche aux marges de l’hémicycle. Emmanuel Macron l’a affirmé : les Français « en ont assez du tic-tac gauche-droite ».On l’imagine bien lors d’un bain de foule se penchant sur un petit garçon et lui promettant, comme Hollande en parlant de Sarkozy : «ce tic-tac, tu ne l’entendras plus». Dans le dictionnaire  du politiquement correct, on pourrait écrire en regard de « clivage droite-gauche » : « dépassé ». C’est l’opinion commune, le nouveau credo.

    Le retour des refoulés

    Qu’en est-il en réalité ? Il en va des divisions droite-gauche comme des différences sexuelles. Plus on les nie, plus elles prennent leur revanche en s’inscrivant dans le réel. Les jeunes filles se démarquent plus que jamais des garçons, avec de longs cheveux lâchés jusqu’au milieu du dos, et les garçons, soucieux de souligner leur virilité, portent la barbe, devenue le signe d’une génération. Et y a-t-il plus à droite que Trump ? Plus à gauche que Mélenchon ?

    Le clivage droite-gauche existe, même si les idéologies en franchissent la cloison aussi allègrement qu’Harry Potter franchit les murs de Poudlard. Même si sa ligne de démarcation, telle l’aiguille de la boussole, bouge au moindre déplacement.

    En France, son contenu initial – monarchistes contre républicains – s’est affaibli au fil du temps, les républicains envahissant peu à peu la totalité du champ politique. La distinction s’est alors faite entre républicains partisans d’une démocratie égalitaire – radicaux, socialistes, communistes – et partisans d’une monarchie républicaine – bonapartistes, orléanistes, gaullistes. Ces derniers ont théoriquement le ralliement plus facile que les premiers à un président « jupitérien » Mais l’extension du domaine d’En Marche qui marque l’Assemblée élue résulte aussi d’un goût profond, irrépressible quoiqu’inavoué, de la gauche, pour l’unanimité. A-t-on jamais vu plus « monarchistes » que ces communistes si longtemps attachés à la personne de Staline, de Mao, de Castro ?

    La gauche unanimiste

    En réalité, la gauche, toujours tentée par l’unanimisme, supporte mieux la dictature que la droite qui aime, comme Montesquieu, que « le pouvoir arrête le pouvoir ». La gauche rêve depuis Rousseau d’une seule assemblée populaire formée de députés auréolés, par la seule grâce de l’élection, d’une capacité d’accès à la mystérieuse « volonté générale ».

    Pour les «marcheurs», les choses sont claires : la volonté du peuple, c’est Macron qui l’incarne, et il est à gauche, « mais en même temps » à droite. Le fond du programme a du reste moins d’importance que l’adhésion à sa personne et son projet, et le projet lui-même importe moins que l’attitude positive, le « penser printemps ».

    Ils ont des visages poupins malgré leurs barbes, des yeux rieurs, ils sourient, se moquent gentiment de leurs interlocuteurs mais aussi d’eux-mêmes, ils ne s’énervent pas, n’insultent pas. Ils ne peuvent être de cette droite à la Guaino qui insulte, ni de cette gauche à la Mélenchon qui engueule. Par ailleurs, ils sont issus des mêmes écoles et sont souvent restés très amis avec leurs condisciples ayant fait un choix partisan différent du leur. La perspective de travailler avec eux au sein d’un gouvernement sans querelles idéologiques leur semble exaltante.

    Et ça tombe bien puisqu’ils l’ont appris à Sciences Po, école où le XIXème siècle qui l’a vu naître est vraiment un sujet d’études : historiquement, la France se prend au centre. Pour couvrir le tic-tac droite-gauche, rien de tel que le bruit déflagrant d’une recomposition à partir du centre.

    Ce que Macron fit de Bayrou

    Macron a fait sienne cette ambition, et a mis à son service une double stratégie : une figure centriste emblématique et un nouvel imaginaire collectif. La figure emblématique du centre, le « transclivages » par excellence, ce fut François Bayrou. Homme politique de droite, catholique, père de famille nombreuse, il a été le seul chef de parti de droite à résister, en 2002, à l’OPA faite par l’UMP naissante sur tous les partis de sa mouvance. Il a gardé son UDF, seul ou presque, et a décidé de faire sentir sa différence, à la fois libérale et sociale, par rapport à l’UMP qui était alors une sorte de RPR gonflé comme une rivière de tous les affluents des partis vassaux. Cette logique séparatiste a assez logiquement débouché en 2012 sur le passage de Bayrou du centre-droit au centre-gauche concrétisé par son soutien affiché à la candidature de François Hollande. Pendant cinq ans, on ne lui en a guère été reconnaissant. Macron a honoré, en le prenant comme ministre d’Etat dans son premier gouvernement, une dette ancienne et, ce faisant, dispose d’un atout maître pour lancer sa recomposition.

    Pour l’imaginaire collectif, Macron a un modèle assumé : Mitterrand. François Mitterrand était l’homme à la francisque. C’était aussi le ministre de la répression en Algérie. Son passé envoyait donc un clin d’œil à la droite la plus nationaliste, celle qui n’aimait pas les « boches » mais pas non plus les « angliches » en 40,  celle qui en voudra toujours à De Gaulle d’avoir « bradé l’Algérie ». Fait prisonnier en Allemagne, il en était ressorti résistant. Résistant, mais pas gaulliste, donc proche des communistes. Deuxième clin d’œil, cette fois-ci à la gauche la plus dure. Enfin, ministre de la IVème république, il ne pouvait  pas ne pas avoir d’accointances avec les milieux radicaux et la gauche intellectuelle la plus raisonnable. C’est ce socle multiple et complexe qui va lui permettre dunir la gauche en 1972 derrière son nom puis, en 1981, de bouter dehors avec la complicité des gaullistes refondés par Chirac son seul véritable antinome : Giscard.

    Cohn-Bendit et Giscard

    Emmanuel Macron a terminé ses études secondaires au prestigieux lycée Henri IV – pépinière de l’Ecole normale supérieure – et avant d’être ministre à Bercy,  a travaillé trois ans à la banque Rothschild. Tout cela n’est pas sans évoquer un certain Pompidou. Par ailleurs, sa formation d’énarque, son libéralisme économique et sociétal, et  son style d’intellectuel bien élevé mêlé à  une volonté de contact direct avec le peuple – il répond lui-même un matin  au standard de l’Elysée, il roule en vélo en famille dans les rues du Touquet – évoquent nettement Valéry Giscard d’Estaing. Enfin l’amitié de Hollande, Ségolène Royal, Le Drian, Ferrand,  est symptomatique de ses bonnes relations avec la gauche “social-démocrate” et sa complicité avec Cohn-Bendit garantit qu’il n’oubliera pas  les écolo-libertaires.

    C’est donc bien assis sur un socle de gauche mais clairement inscrit dans une lignée intellectuelle rappelant ses prédécesseurs de droite gaulliste ou libérale qu’Emmanuel Macron va oser piocher dans l’imaginaire de ses concurrents les plus à droite: Le Puy du Fou, Versailles, Jeanne d’Arc, le Louvre  ce qui viendra utilement compléter son image d’homme de gauche «mais aussi de droite».

    Et le peuple dans tout ça ? Le peuple  a été littéralement soufflé du succès de cette OPA qui lui a enlevé en deux temps trois mouvements tous ses choix, celui d’un socialiste bon teint, Benoît Hamon , celui d’un homme de droite modéré – Fillon – celui du chef d’une gauche révolutionnaire – Mélenchon –  et in fine, celui de la patronne d’un parti anti-immigration et anti-islam pour lequel il avait voté massivement : Marine Le Pen.

     

    Du peuple constitué en foule

    Démuni et orphelin, le peuple français a constitué une “foule” au sens ou l’entend la psychologie collective, c’est-à-dire un groupe qui, sous l’effet d’un choc émotionnel, se trouve dans l’expectative. Cette foule est inconsciemment en quête de mots d’ordre rassurants, et, mieux encore, d’une happy end qui apaiserait les tensions de la très longue campagne de neuf mois des primaires puis de la présidentielle.

    Il était donc conditionné pour aimer Emmanuel Macron. La Bruyère écrivait que «les Français demandent du sérieux dans le souverain». Ce jeune homme impeccablement coiffé et habillé, poli et s’exprimant avec une recherche assez «vieille France» les a attendris. Oublieux assez vite du conditionnement médiatique et des incroyables soutiens financiers qui lui avaient assuré la notoriété, il a pudiquement fermé les yeux sur les banques qui l’ont financé, le quarteron d’octogénaires du gauche caviar et libertaire qui se cache dans son ombre  et sur le  combat déloyal livré à ses candidats via la presse et la justice.

    A J+1 de la présidentielle, le peuple était mûr pour  goûter les manières “jupitériennes” du nouveau Président. Certes, ceux qui restent en colère, furieux de la grandiose manipulation qui a porté si vite un jeune inconnu au pouvoir, auront voté lors des législatives Front national et France Insoumise. Mais le raz-de-marée de LREM correspond au mouvement profond, instinctif et inconscient de la foule au bénéfice du nouveau roi.

    Louis-Napoléon Macron

    Le peuple de France, constant à travers les siècles, retrouve peut-être en lui un cocktail qui l’a déjà séduit lors du premier usage qu’il fit du suffrage universel, en 1848. La période était troublée. Les émeutes de février, puis de juin, avaient effrayé la population, et Tocqueville y avait vu l’acte de naissance en France de ce socialisme révolutionnaire qui la même année triomphait en Grande Bretagne lors du premier congrès communiste international doté par Karl Marx d’un manifeste retentissant.

    Louis-Napoléon Bonaparte proposait un régime présidentiel à l’américaine, formule neuve, non encore testée par la France de la Révolution ni par  celle de l’Empire puis de la Restauration. Cette nouveauté plut. Ce fut  un libéral, un progressiste appliquant à Paris les  dernières trouvailles de l’urbanisme moderne mais aussi un dirigeant social auteur d’un ouvrage sur l’extinction du paupérisme, et d’une loi autorisant la création des  syndicats. Amateur de bonne littérature, de théâtre et de musique, ami de Hugo, de Bizet, il décida de faire de la France , avec des villes dédiées aux bains de mer comme Biarritz, Deauville, Arcachon une destination touristique d’exception.

    Progressisme, libéralisme, apaisement, désir affiché de faire de la France une nation qui compte, une start-up a dit Emmanuel Macron, voilà  un cocktail qui plait. L’ affaire est donc entendue. Mais cela peut-il durer ?

    … renversé par la guerre

    La faveur populaire est versatile. Certes, une résurrection de LR paraît impossible en l’état. Baroin est le moins gaullien des Républicains, et sa difficulté à dire non à Macron n’évoque guère le 18 juin. A part Fillon, désormais parti, les dirigeants de LR ont abandonné ce qui aurait pu donner au gaullisme une vraie force d’opposition: le catholicisme militant et le vieux fond contre-révolutionnaire et monarchiste.

    Certes, pour  contrer Marine Le Pen, une véritable guerre des images a été livrée. Pas une semaine sans couverture de magazine présentant le futur président comme souriant, fin, intelligent, aimable, sérieux, etc. Pas une semaine sans un article ou la “une” d’un quotidien suggérant que Marine le Pen ou ses proches étaient la réincarnation des nazis. Au sein du FN, le rejet explicite de la ligne Marion par la direction du parti et son départ consécutif ont  écarté temporairement le danger de la construction d’un roman national de droite qu’elle était la seule à endosser, mélange  d’héritage chrétien, d’attachement à un libéralisme économique raisonnable, et de défense de l’identité française.

    Bref, pour Macron, le seul véritable risque serait une déstabilisation venue de l’extérieur provoquant ou intensifiant une immense  révolte sociale. En 1870, la guerre menée par les Allemands et la révolte concomitante de la Commune de Paris ont, en quelques semaines, provoqué la chute du Second Empire. Napoléon III avait fait l’erreur de sous-estimer l’adversaire – l’Allemagne de Bismarck – autant que les révoltes sociales contre ce qui était devenu “l’Empire autoritaire”. Il  s’est retrouvé en quelques semaines prisonnier, destitué, puis exilé.

    Quid des Communards ?

    Aujourd’hui, la menace, en France comme en Angleterre et d’autres pays d’Europe,  vient de l’implantation de l’armée des ombres de Daech et autres officines radicales, dans des quartiers entiers de nombreuses villes, passives car tétanisées.

    Par ailleurs, une  extrême gauche désormais écartée du pouvoir, conduite par un Mélenchon ulcéré prêt a faire feu de tout bois, pourrait provoquer cette révolte sociale postélectorale appelée “troisième tour social”. Cette conjonction menacerait la fragile unité de la toute nouvelle majorité présidentielle comme elle menace à l’heure actuelle celle de Theresa May. On verrait alors ici comme là-bas ressurgir les leaders écartés par les urnes. Car le clivage s’évanouit dans la concorde, mais ressurgit dans l’adversité. 

    Catherine Rouvier

  • Sagesse de Bainville pour le temps présent

     

    « L'électeur, pauvre souverain d'un jour » ...

     

    Jacques Bainville

    Journal

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  • Restaurer l'État ? Cela a bien mal commencé ...

    Publié    le 21.06.2017 - Réactualisé le 22.06.2017

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgC'est sans-doute une très mauvaise retombée de la campagne présidentielle qui a malencontreusement conduit Emmanuel Macron à faire de la loi de moralisation de la vie politique la priorité du début de son quinquennat. Moins de morale lui eût évité des ratés, si l'on peut dire au démarrage, qui auront, bien-sûr, des conséquences de long terme. 

    Ce n'est jamais tant de « morale » ou, pire, de moraline, dont un Etat a besoin, mais de compétence, d'efficacité, de continuité, d'autorité, et d'une ligne politique juste et claire. 

    Il y eut dans notre Histoire de très grands ministres, d'admirables serviteurs de l'Etat, qui amassèrent à son service d'immenses fortunes et qui firent de la France le premier pays d'Europe. L'exemple type en est Mazarin, ce qu'Éric Zemmour a rappelé â juste titre. Les rois de France, avec sagesse, veillaient seulement à ce que les largesses que s'octroyaient leurs ministres fussent tout aussi largement compensées par de bien plus grands services rendus â la France. 

    A l’inverse, les médias ont réussi à imposer à l'opinion commune un néo-moralisme dans lequel les esprits politiques ne tomberont pas mais qui entrave l'Etat et le contraint à de ridicules contorsions. 

    En 48 heures, après l'exfiltration avant-coureuse de Richard Ferrand, trois autres ministres, les ministres de la Défense, des Affaires européennes, et le Garde des Sceaux ont dû, eux aussi, quitter un gouvernement où ils n'auront fait qu'un passage assez ridiculement bref (35 jours). 

    Leurs malversations n'ont même pas visé un enrichissement personnel.  Elles ont plus modestement consisté à faire payer sur fonds du parlement européen des permanents de leur parti. Il y a de plus grands crimes ! Les frais de fonctionnement des partis, surtout lorsqu’ils sont sans militants, ne sont pas faciles à financer ! Ces gens-là ne sont en vérité que des contrevenants modestes. 

    S'il faut encore un Etat à la France - nécessité d'évidence - il sera certes souhaitable que ses acteurs se comportent aussi honnêtement que possible, mais il sera surtout indispensable de soustraire l'État à la tyrannie dialectique des médias, des spécialistes de l'investigation - dont l'honnêteté n'est pas prouvée - et de magistrats dont la quête de puissance est de toujours. 

    Restaurer l'État n'est pas acquis. Même si Emmanuel Macron parvient à en relever l'apparence. Pour y installer un minimum de moralité, le mieux serait qu'il y ait à sa tête un homme qui n'ait pas lui-même acheté son pouvoir - son élection - avec l'argent de très puissants soutiens. Ce n’est pas, on le sait, le cas d’Emanuel Macron. 

    Quant à doter la France d'un État ayant autorité, compétence, efficacité, continuité, pour sortir la France du cycle de son déclin, l'on voit bien que cela est de plus en plus difficile, irréaliste et improbable, dans le Régime qui est censé être le nôtre. Emmanuel Macron a certainement sous-évalué l’état de délabrement, de pourrissement, d’épuisement du Système qu’il a voulu, en même temps, renverser et sauver. La crise politique actuelle est bel est bien, dans son fond, une crise de régime.  

    Emmanuel Macron sera-t-il seulement capable de réagir au chaos gouvernemental qu'il a - au moins en partie - lui-même créé, autrement qu'avec de vieilles recettes politiciennes ? A la Bayrou, Sarnez et autres … Ce sera assez intéressant que d'observer ses réactions des prochaines heures. 

    Quelle politique mènera Emmanuel Macron à travers le gouvernement à ses ordres, nommé hier soir ? Telle est la question. Reste aussi l'encombrante présence extérieure mais bien réelle et éminemment politicienne de François Bayrou, désormais, quoiqu'il en ait dit, en embuscade. Bayrou, l'Embusqué *.  

    * Titre d'un article de Charles Maurras à propos de Clémenceau  [L'Action française, du 27 août 1914]. 

  • Mathieu Bock-Côté : « Macron oblige ses opposants conservateurs à élever le niveau »

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    L'analyse qui suit - comme toujours pertinente et profonde - n'est pas d'esprit politicien. Mathieu Bock-Côté ne néglige pas de constater avec lucidité qu' « une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste ». Son objectif peut se résumer à ceci : « Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation ». Ainsi se définit ce qu'il nomme conservatisme. Mais qui pourrait tout aussi bien, dans son acception noble, s'appeler un traditionalisme.  LFAR   

     

    2760774407.2.jpgOn annonçait une victoire écrasante de la République en Marche, avec une opposition atomisée, condamnée à l'insignifiance politique. Le coup d'éclat d'Emmanuel Macron culminerait dans la conquête d'un pouvoir absolu. Le résultat du deuxième tour des élections législatives oblige à nuancer ce portrait. Tous ont noté un taux catastrophique d'abstention. Et si la gauche historique est presque fauchée, l'opposition de droite évite l'humiliation. De même, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon trouvent leur place à l'Assemblée : on y trouvera donc une concurrence forte entre deux figures désirant occuper la fonction tribunitienne. C'est un peu comme si une part significative du corps électoral s'était révoltée au dernier moment contre une complète macronisation de la vie politique. Le pluralisme démocratique sera assuré dans la nouvelle assemblée, même si la victoire de LREM est indéniable et ne saurait être décrétée illégitime, quoi qu'en disent ceux qui croient avoir un monopole sur le peuple qu'ils imaginent toujours en insurrection.

    Le cycle électoral engagé avec les primaires s'est donc terminé : c'est peut-être même une nouvelle époque politique qui commence en France. On peine toutefois à la caractériser. Le macronisme semble concrétiser le rêve du grand parti de la raison, rassemblant les gens qui s'autoproclament éclairés des deux bords du spectre politique, comme s'ils parvenaient à se libérer d'une polarisation désuète, ne correspondant plus au monde d'aujourd'hui. C'est le parti de ceux qui se veulent intelligents et se croient seuls à l'être. Idéologiquement, le macronisme cherche à traduire cette vision en distinguant d'un côté les progressistes et de l'autre les conservateurs. Les premiers adhéreraient à l'esprit de l'époque. Ils seraient réformistes, ouverts, mobiles, innovateurs. Les seconds, qu'ils soient de gauche ou de droite, seraient exagérément accrochés à leurs privilèges ou leurs souvenirs. Ils seraient corporatistes ou nostalgiques. On les présente comme des esprits chagrins. Cela sans compter les populistes, qu'il faudrait tenir à l'écart de la conversation civique.

    Que la distinction entre progressistes et conservateurs soit essentielle n'est pas faux. Elle ne saurait toutefois se définir de manière aussi caricaturale. Ces termes ne sauraient désigner simplement une attitude devant le changement. Ce qui distingue les premiers des seconds, c'est le rapport aux limites. Et Emmanuel Macron, on l'aura noté ces dernières semaines, n'est pas un progressiste caricatural. Le président est plus intéressant que le candidat. Dans son désir manifeste de restaurer, ne serait-ce que sur le plan des apparences, la verticalité du pouvoir, il s'éloigne de l'histrionisme sarkozyste et de la normalité hollandienne. Autrement dit, il cherche à s'approprier symboliquement les marques d'un certain conservatisme, ou du moins, à laisser croire qu'il n'est pas étranger à la dimension hiératique du pouvoir. Si la tendance se maintient, il parviendra, pour un temps du moins, à ne pas raviver la colère de ceux qui sont attachés à la prestance des institutions. Les Français seront beaucoup moins nombreux à avoir honte de leur président.

    Mais on passe là à côté de l'essentiel. Pour l'instant, on peine surtout à repérer les lignes de clivage idéologique fortes autour desquelles pourra prendre forme le débat politique dans les années à venir. On a beau vouloir passer du clivage gauche-droite au clivage progressistes-conservateurs, ou même au clivage plus improbable qu'on ne le dit entre mondialistes et souverainistes, cette grande transformation politique demeure pour l'instant hypothétique : à tout le moins, elle tarde à se fixer. Nous sommes dans une période de mutation où les grandes catégories politiques demeurent brouillées. C'est un changement d'époque. On ne saurait se contenter non plus d'une mise en scène d'un conflit entre un bloc élitaire et un bloc populaire, ou d'une lutte entre le centre et la périphérie, à moins de consentir à un retour explicite de la lutte des classes qui pourrait entraîner bien des débordements. Sur quelles bases se construira l'opposition au macronisme ?

    Assisterons-nous au retour d'une politique apaisée ? Rien n'est moins sûr. Le macronisme victorieux n'est déjà plus euphorique. Certes, l'opposition en bloc et systématique à tout ce que proposera Emmanuel Macron est stérile. Le discours antisystème en est venu à tourner à vide et la faillite du Front national au deuxième tour de la présidentielle le confirme. Les Français ne sont certainement pas enthousiastes devant la nouvelle présidence. Elle ne les révolte pas non plus. Ils souhaitent manifestement qu'Emmanuel Macron soit capable de débloquer un pays que plusieurs sentent enfoncé dans l'impuissance. Ils ne rêvent pas non plus d'une grande liquidation. Il n'est pas interdit de penser non plus qu'il soit capable d'en surprendre plusieurs, si les circonstances historiques l'exigeaient. Chose certaine, devant un bouleversement politique de grande ampleur qu'ils sont très peu nombreux à avoir prévu, il n'est pas interdit d'éviter les prophéties positives ou négatives pour les prochains temps.

    Il n'en demeure pas moins que le réel conserve ses droits et qu'on ne saurait soumettre durablement la politique à un mirage technocratique. La dissolution du politique dans un matérialisme avilissant prend aujourd'hui le visage de l'économisme le plus étroit. Le citoyen est réduit à la figure d'un individu qui n'est plus lié intimement à la communauté politique. Mais de l'immigration massive au multiculturalisme en passant par le terrorisme islamiste et les nouveaux enjeux sociétaux, la crise de civilisation que la France traverse avec les autres sociétés occidentales ne vient pas de se dissiper d'un coup. Elle a été étrangement absente de la dernière séquence politique. Elle s'imposera de nouveau. On ne peut durablement censurer la réalité, malgré ce que pensent ceux qui s'imaginent qu'il suffit de ne pas parler d'un problème pour le faire disparaître.

    Certains relativiseront cette crise de civilisation en disant que le monde a toujours changé et toujours changera. Dès lors, la première vertu de l'homme devient sa capacité d'adaptation à tout ce qui arrive. C'est ce que réclame la mondialisation. Comment ne pas y voir une technicisation à outrance de l'existence ? Mais l'homme ne saurait habiter le monde en étant toujours en marche, comme s'il était soumis à un flux incessant et immaîtrisable. Il a aussi besoin de permanences. Il a besoin d'habiter un monde durable qui marche moins qu'il ne demeure. Qui portera ce désir de continuité ? L'inépuisable question de l'identité de la droite revient alors dans l'actualité. Pour l'instant, une partie de la droite se contente d'une critique comptable du régime qui s'installe, comme si elle était heureuse de se tenir éloignée des enjeux civilisationnels qui ont marqué les dernières années. Elle rêve de moins en moins secrètement de se rallier au nouvel état des choses. Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste.

    La pensée conservatrice a connu une vraie renaissance ces dernières années. Elle s'était peut-être exagérément accrochée à l'échéance présidentielle de 2017, comme si elle représentait un possible point tournant de l'Histoire. Elle s'était fait croire qu'elle avait renversé l'hégémonie culturelle de la gauche. C'était une illusion. On ne reconstruit pas en une élection un monde déconstruit pendant un demi-siècle. Il ne s'agit pas de restaurer le monde d'hier, d'ailleurs, mais de renouer avec les permanences essentielles de toute civilisation. Ce travail de discernement ne va pas de soi. Pour reprendre les mots d'un philosophe, rien n'est aussi complexe que de distinguer l'essentiel de l'anachronique. Le travail de fond devra se poursuivre, au-delà des seuls rendez-vous électoraux qui, aussi importants soient-ils, ne sauraient définir exclusivement la vie de la cité. Il s'agit de faire renaître un imaginaire, une anthropologie, de désenfouir des sentiments oubliés. Ce n'est qu'ainsi que le conservatisme redeviendra une politique de civilisation. 

    « Une bonne partie de la droite, au fond d'elle-même, est progressiste. »  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

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  • Patrick Buisson : « Emmanuel Macron ne peut pas être en même temps Jeanne d'Arc et Steve Jobs »

     

    Est-il possible d'analyser le système Macron en profondeur, sérieusement, sans a priori excessif, systématiquement pro ou anti ? Puis d'élargir l'analyse à la nouvelle situation politique de la France ? C'est ce que Patrick Buisson fait ici dans cet important entretien pour le Figaro magazine [9.06], réalisé par Alexandre Devecchio. Ce dernier ajoute le commentaire suivant : « Patrick Buisson a scruté le paysage politique avec la hauteur et la distance de l'historien. Il restitue ici l'élection de Macron et la défaite de la droite dans le temps long de l'Histoire ». De notre côté, nous avons commenté ainsi ce remarquable entretien : « tout fondé sur un soubassement d’esprit monarchique et de droite légitimiste – où (Buisson) synthétise en une formule lapidaire ce que Maurras eût peut-être appelé le dilemme d’Emmanuel Macron : " On ne peut pas être à la fois Jeanne d’Arc et Steve Jobs ". Tout est dit ! ».   Lafautearousseau

     

    3821821120.jpgDepuis son entrée en fonction, Emmanuel Macron a fait preuve d'une gravité et d'une verticalité inattendues. Vous a-t-il surpris positivement ?

    La fonction présidentielle est en crise depuis que ses derniers titulaires ont refusé d'incarner la place du sacré dans la société française. Sarkozy, au nom de la modernité, et Hollande, au nom de la « normalité », n'ont eu de cesse de vouloir dépouiller la fonction de son armature symbolique, protocolaire et rituelle. Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français. En France, pays de tradition chrétienne, le pouvoir ne s'exerce pas par délégation mais par incarnation. C'est, selon la formule de Marcel Gauchet, « un concentré de religion à visage politique ».

    L'élection constate l'émergence d'une autorité mais celle-ci ne peut s'imposer dans la durée qu'à condition de donner corps à la transcendance du pouvoir et de conférer une épaisseur charnelle à une institution immatérielle. Il faut savoir gré à Macron de l'avoir compris jusqu'à faire in vivo la démonstration que la République ne peut se survivre qu'en cherchant à reproduire la monarchie et en lui concédant au bout du compte une sorte de supériorité existentielle. Voilà qui est pour le moins paradoxal pour le leader d'un mouvement qui s'appelle La République en marche.

    De la cérémonie d'intronisation à la réception de Poutine à Versailles, les médias ne tarissent pas d'éloges au sujet de ses premières apparitions publiques…

    Oui, même quand le nouveau président leur tourne ostensiblement le dos et n'hésite pas à remettre en cause les fondements de la démocratie médiatique : la tyrannie de l'instant, la connexion permanente, l'accélération comme valeur optimale. Le soin qu'il apporte à la mise en scène de sa parole, de sa gestuelle, de ses déplacements montre à quel point il a intégré la mystique du double corps du roi, qui fait coïncider à travers la même personne un corps sacré et un corps profane, un corps politique et un corps physique. Accomplir des gestes et des rites qui ne vous appartiennent pas, qui viennent de plus loin que soi, c'est s'inscrire dans une continuité historique, affirmer une permanence qui transcende sa propre personne. À ce propos, le spectacle du nouveau président réglant son pas sur la Marche de la garde consulaire et faisant s'impatienter le petit homme rondouillard qui l'attendait au bout du tapis rouge aura offert à des millions de Français le plaisir de se revancher de l'humiliation que fut la présidence Hollande, combinaison inédite jusque-là de bassesse et de médiocrité. Quel beau congédiement !

    Mais n'est-ce pas simplement, de la part d'un homme de culture, une opération de communication bien maîtrisée ?

    Toute la question est de savoir si, avec la présidence Macron, on sera en présence, pour le dire avec les mots de son maître Paul Ricœur, d'une « identité narrative » ou d'une « identité substantielle ». Reconstituer le corps politique du chef de l'État, lui redonner la faculté d'incarner la communauté exige que s'opère à travers sa personne la symbiose entre la nation et la fonction. Emmanuel Macron récuse le postmodernisme et veut réhabiliter les « grands récits ». Fort bien. Mais de quels « grands récits » parle-t-il ? Le roman national ou les success-stories à l'américaine ? Jeanne d'Arc ou Steve Jobs ? Honoré d'Estienne d'Orves ou Bill Gates ? Les vertus communautaires et sacrificielles ou le démiurgisme technologique de la Silicon Valley ?

    C'est là où l'artifice dialectique du « en même temps » cher à Macron touche ses limites. Il y a des « valeurs » qui sont inconciliables tant elles renvoient à des visions diamétralement opposées de l'homme et du monde. Les peuples qui ont l'initiative du mouvement historique sont portés par des mythes puissants et le sentiment d'une destinée commune fondée sur un système de croyances et un patrimoine collectif. Pour recréer le lien communautaire à travers sa personne, le président Macron doit répudier le candidat Macron : mobiliser l'histoire non comme une culpabilité ou une nostalgie mais comme une ressource productrice de sens.

    Outre la verticalité, Macron assume également une certaine autorité…

    Toute la question est de savoir de quelle autorité il s'agit. Depuis Mai 68, les classes dirigeantes se sont employées à délégitimer la représentation transcendante des anciennes figures de l'autorité comme autant de formes surannées du contrôle social. Mais, si elles ont récusé l'autorité comme principe, elles n'y ont pas pour autant renoncé en tant que fonctionnalité. Autrement dit, comme technologie du pouvoir indispensable à l'induction du consentement, de l'obéissance, voire de la soumission chez les gouvernés. A l'ère de la communication, ainsi que l'avait pressenti Gramsci, la relation de domination ne repose plus sur la propriété des moyens de production. Elle dépend de l'aliénation culturelle que le pouvoir est en mesure d'imposer via la représentation des événements produite par le système politico-médiatique dont le rôle est de fabriquer de la pensée conforme et des comportements appropriés. On en a encore eu une éclatante démonstration avec la campagne présidentielle qui vient de s'achever.

    Si Macron est le produit de ce système-là, est-il pour autant condamné à en rester indéfiniment captif ?

    L'intention qui est la sienne de réintroduire de l'autorité dans le processus de décision politique est louable. Ce qui légitime l'autorité c'est, disait saint Thomas d'Aquin, le service rendu au bien commun. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas chercher à restaurer l'autorité-principe là où sa disparition a été la plus dommageable ? A l'école, par exemple, où notre appareil éducatif s'est acharné à disqualifier la transmission et à la dénoncer dans le sillage de Bourdieu comme volonté de répétition et de reproduction du même. La transmission est par excellence l'acte vertical intergénérationnel qui consiste à choisir ce qui mérite d'être transporté à travers le temps quand la communication obéit à une logique horizontale et démocratique de diffusion non critique et non sélective dans l'espace. De ce point de vue, le profil du nouveau ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, est sans doute le seul vrai signe encourageant.

    Régis Debray dit que Macron est un « Gallo-ricain », le produit d'un écosystème mental américanisé où l'instance économique commande à toutes les autres. N'est ce pas excessif ?

    Je crains qu'il n'ait raison. Emmanuel Macron apparaît comme la figure emblématique de cette nouvelle classe dominante qui aspire à substituer à tous ceux qui proposent un salut hors de l'économie - religion ou politique - la seule vérité de l'économie. Tout ce qui n'est pas de l'ordre de l'avoir, toutes les visions non utilitaristes de la vie en société relèvent pour elle de l'angle mort. Le parti de l'économisme, c'est celui de l'interchangeabilité qui cherche à réduire en l'homme tous les particularismes et toutes les appartenances (nation, famille, religion) susceptibles de faire obstacle à son exploitation en tant que producteur ou comme consommateur. C'est le parti des « citoyens du monde », des « forces du flux d'information, de l'échange et de l'immigration » célébrés par Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook lors de son discours aux diplômés d'Harvard le 25 mai dernier.

    Le cycle dominé par l'économie, que l'on croyait sur le point de s'achever, a connu un spectaculaire regain à l'occasion de la campagne présidentielle. Le retour des nations, de l'histoire et de l'organisation de sociétés autour des thèmes de l'identité et de la souveraineté n'aura-t-il été qu'une fugitive illusion ?

    Je n'en crois rien. Un système où l'économie commande l'organisation de la société est incapable de produire du sens. Sous couvert d'émancipation des individus, l'économisme a surtout œuvré à leur soumission croissante au règne de la marchandise et de l'ego consacrant, selon la formule d'Emmanuel Mounier, la « dissolution de la personne dans la matière ». La crise morale que nous traversons montre que l'homme réduit à l'économie ne souffre pas simplement d'un mal-être mais d'un manque à être. Elle est le fruit amer d'une malsociété, excroissance maligne de l'incomplétude d'une société exclusivement consumériste et marchande. « On ne tombe pas amoureux d'une courbe de croissance », proclamait l'un des rares slogans pertinents de 68. N'en déplaise aux médiagogues, il y a de moins en moins de monde pour croire que l'identité d'un pays se ramène à son PIB et que la croissance peut opérer le réenchantement du monde.

    L'élection présidentielle que nous venons de vivre a-t-elle été un coup pour rien ?

    Au contraire, elle aura été l'occasion d'une magistrale, et peut-être décisive, leçon de choses. La droite républicaine et le Front national ont fait la démonstration chacun à leur tour - François Fillon au premier et Marine Le Pen au second - qu'ils étaient l'un et l'autre, sur la base de leurs seules forces électorales, dans l'incapacité de reconquérir ou de conquérir le pouvoir. L'élimination de Fillon dès le premier tour fut tout sauf un accident, indépendamment des affaires dont on l'a accablé. Elle s'inscrit dans un lent et inexorable processus de déclin qui a vu la droite de gouvernement passer de 49 % au premier tour de la présidentielle de 1981 à 27 % en 2012 et à 20 % le 23 avril dernier. Faute d'avoir su opérer, comme ce fut le cas en 2007, une nécessaire clarification idéologique, la droite ne peut plus se prévaloir du bénéfice automatique de l'alternance. Elle a perdu l'élection imperdable. On ne voit pas pourquoi ni comment elle pourrait ne pas perdre les élections qui viennent. Faute d'avoir su construire une offre politique crédible, le FN est, lui aussi, dans l'impasse. Il reste ce qu'il a toujours été : un épouvantail, le meilleur allié du système qu'il prétend combattre, son assurance-vie. C'est à partir de ce double constat partagé qu'une refondation est possible.

    Qu'attendez-vous de la décomposition-recomposition qui s'amorce ?

    Je crois, comme Marcel Gauchet, qu'un grand mouvement conservateur est naturellement désigné pour être, selon sa formule, « l'alternative au moment libéral économiste » que nous vivons. Emmanuel Macron a choisi de se faire le champion du camp des progressistes au moment où la promesse fondatrice du progrès-croyance - à savoir l'assurance absolue d'une amélioration inéluctable, générale et universelle - a échoué sur la question du bonheur. L'indicateur de cet échec, on le trouve dans l'explosion de la production, du trafic et de la consommation de drogue comme dans la croissance exponentielle de la consommation de psychotropes qui représente en France, selon une récente étude de la Cnam, 13% des soins remboursés par l'Assurance-maladie. Ces chiffres expriment le décalage entre le bonheur promis et le bonheur réel dans notre société. Le seul vrai progrès est aujourd'hui de pouvoir douter du progrès. Le conservatisme est l'outil intellectuel qui permet d'échapper à ce processus de décivilisation. Je n'en connais pas de meilleure définition que celle qu'en a donné Ernst-Erich Noth : « Nous avons à concilier la tâche temporaire de la politique qui passe et la mission éternelle de l'intelligence ; mais cela n'est possible que par une subordination de la matière à l'esprit, de l'actualité à la continuité.»

    La situation présente aurait donc, selon vous, le mérite de dissiper un long malentendu historique…

    En effet. S'il était encore possible au milieu du siècle dernier d'accoler les deux vocables de libéral et de conservateur, leur accouplement relève aujourd'hui de l'oxymore, tant la fracturation intervenue depuis est d'ordre à la fois métaphysique et anthropologique. La Manif pour tous a fait apparaître, en 2013, une césure radicale entre une droite conservatrice - ce que j'ai appelé un populisme chrétien -, qui proclamait le primat du sacré sur le marché, et une droite libérale-progressiste, acquise au principe d'illimitation et à l'abaissement du politique au niveau de la gouvernance économique. Cette droite-là est en marche vers Emmanuel Macron, qui est en train de réussir à la fois la reconstitution de l'unité philosophique du libéralisme en illustrant à la perfection la complémentarité dialectique du libéralisme économique et du libéralisme culturel, mais aussi la réunification des libéraux des deux rives, comme le fit au XIXe siècle l'orléanisme, déjà soucieux de constituer un bloc central en coupant, selon la recette réactualisée par Alain Juppé, « les deux bouts de l'omelette ».

    Soyons reconnaissants à Macron de son concours bénévole, même s'il n'est pas franchement désintéressé. De grâce, que personne ne retienne les Républicains « constructifs » qui se bousculent déjà pour le rejoindre. Rien ne sera possible sans cette rupture fondatrice. Il y a des décantations qui sont des clarifications. Il est des divorces qui sont des délivrances pour ceux qui restent.  

    « Emmanuel Macron a parfaitement analysé le vide émotionnel et imaginaire que la disparition de la figure du roi a creusé dans l'inconscient politique des Français » 

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    La Cause du peuple de Patrick Buisson, Perrin, 21,90€. 

    Alexandre Devecchio

  • En marche pour sauver le Système ?

     

    En deux mots.jpgNous serions sacrément incohérents si nous pleurions sur le coup de balai exterminateur qui vient d'être promptement donné dans la fourmilière politicienne, les députés sortis, les caciques et les vieux profiteurs renvoyés, le concept même de parti contesté, la présidence normale abolie, etc.

    Sera-ce seulement au profit d'un nouveau parti, d'une jeune caste aux dents encore plus longues que celle de ses prédécesseurs repus, d'une nouvelle « élite » mondialisée, anglicisée, encore plus proche que l'autre du monde de l'Argent ? Au fond, le Système n'avait-il plus d'autre ressource que de sacrifier ses anciens pour se sauver ?

    Dans tous les cas de figure, ce qui vient de se passer - le « coup » Macron - signe l'épuisement du régime bien plus que sa résurrection.

    Macron ou un autre quelconque ne réussira pas à grand-chose s'il ne s'agit ni de sauver le Pays de son déclin, ni son identité en péril, mais seulement le Système, sa caste dirigeante, son idéologie et la mise en œuvre de cette dernière.

    S'il ne s'agit que de cela, quelle que soit la force persistante des Institutions de la Ve République, il y a de fortes chances pour que Macron et ses amis soient assez rapidement et assez durement rejetés.

    Sans-doute est-il en train de monter dans le Pays - Patrick Buisson l'a montré - une aspiration insistante à des changements d'une tout autre nature et profondeur.

    Contredisant tous les dogmes de la démocratie française, c'est à un homme - non â un parti, non â une idéologie - que les Français ont remis le pouvoir.

    Un homme, c'est â quoi les peuples ont toujours cru, se sont toujours confiés pour être gouvernés. A fortiori, lorsqu’au-delà de l’homme, une lignée, une dynastie instaure une légitimité.

    Alors, au delà de Macron, en marche pour une monarchie en bonne et due forme ? 

  • Superbe analyse d'Eric Zemmour : « François Bayrou est le carbone 14 d'Emmanuel Macron »

    « Le petit confetti qatari tremble sur ses bases »

     

    Zemmour, bien-sûr, ne s'attarde pas ici [RTL, 20.06] aux turpitudes - fort banales - de François Bayrou, faisant du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, chargé de préparer la loi de moralisation de la vie politique, partie prenante aux affaires - qui embarrassent Macron en ses débuts. Cela n'est pas ce qui est important. Ce qui est important, c'est la chose même, Bayrou soi-même, ce qu'il est politiquement, son rapport de fond à Emmanuel Macron. Et réciproquement.  Que Bayrou doive un jour  ou l'autre être lui aussi exfiltré du nouveau gouvernement, comme Richard Ferrand, Sylvie Goulard, Marielle de Sarnez, etc. ne change rien au fond des choses qui se retrouve en Emmanuel Macron. Et là, sur l'essentiel qui n'est pas moral mais politique, l'analyse de Zemmour est magistrale.    LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    À côté de l'arrivée d'un énorme groupe La République En Marche, celle d'un groupe d'une cinquantaine de députés MoDem est l'autre nouveauté de cette Assemblée nationale sortie des urnes. « Les Trois mousquetaires étaient des Béarnais, comme François Bayrou. Il en a conservé le caractère, le goût des duels à fleurets pas toujours mouchetés ; mais aussi un penchant irrésistible pour la vantardise », constate Éric Zemmour. Ainsi, « quand Bayrou déclare que " c'est le groupe MoDem historiquement le plus fort qu'on ait connu ", il oublie seulement de préciser qu'il n'y a jamais eu de groupe MoDem à l'Assemblée nationale », poursuit-il.

    « Macron a réalisé le rêve qu'a porté Bayrou pendant vingt ans : celui d’une coalition mariant enfin le centre-droit et le centre-gauche », analyse Éric Zemmour, selon qui « Bayrou est le chaînon manquant entre Giscard et Macron ». Il ajoute : « Bayrou est le carbone 14 de Macron. C’est la force et la faiblesse de Bayrou. Une mémoire, on la célèbre ou on l'efface. Selon les besoins et les intérêts du moment ».

    Éric Zemmour

  • Hier, la princesse Philomena a fêté son 40ème anniversaire

     

    Hier, lundi 19 juin, Son Altesse Royale la princesse Philomena d’Orléans, duchesse de Vendôme, a fêté son 40ème anniversaire. 

    La princesse Philomena, est l’épouse de S.A.R. le prince Jean de France. La princesse est née le 19 juin 1977 à Vienne, patrie de sa mère Maria-Antonia Edle von Steinhart. Avant son mariage, la future duchesse de Vendôme a vécu dans plusieurs pays et parle couramment cinq langues.

    En épousant le prince Jean de France le 2 mai 2009 à Senlis, Philomena de Tornos y Steinhart est devenue officiellement la nouvelle duchesse de Vendôme. Un titre qui fut porté la dernière fois par la princesse Henriette de Belgique, fille des comtes de Flandre et sœur du Roi Albert Ier depuis son mariage en 1896 avec le prince Emmanuel d’Orléans, duc de Vendôme jusqu’à sa mort en mars 1948.

    Depuis 2011, Leurs Altesses Royales le duc et la duchesse de Vendôme habitent au domaine royal de Dreux avec leurs quatre enfants : le prince Gaston, né le 19 novembre 2009 dans le 14e arrondissement de Paris, la princesse Antoinette, née le 28 janvier 2012 à Vienne (Autriche), la princesse Louise-Marguerite, née le 30 juillet 2014 à Poissy (Yvelines), le prince Joseph, né le 2 juin 2016 à Dreux.

    La princesse Philomena s’occupe personnellement au quotidien de ses enfants et le duc de Vendôme semble ravi de seconder son épouse. Elle aime la vie de famille et cultive donc l’esprit de famille. La duchesse de Vendôme est une maman comblée qui souhaite que ses enfants connaissent et cultivent des liens avec leurs nombreux cousins et cousines disséminés à travers l’Europe. 

    L’équipe de Lafautearousseau présente à Madame la duchesse de Vendôme tous ses vœux à l'occasion de son anniversaire.

    La Couronne