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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1278

  • Démographie • Immigration zéro et relance de la natalité en Europe de l’Est : Macron, c’est l’inverse !

    Arrivées de migrants en continu en France ...

     

    Par Marc Rousset

     

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    La loi Collomb « anti-immigration » qui vient d’être votée en première lecture est de la poudre aux yeux « en même temps » pour naïfs !

    C’est l’arbre qui cache la forêt de l’invasion migratoire, du remplacement de population en voie d’accélération rapide. Macron, dernier avatar de la gauche, suite au coup d’État médiatico-juridico-politique pour évincer Fillon, applique la politique droits-de-l’hommiste de destruction des peuples européens.

    Le doublement de 45 à 90 jours de la durée de séjour maximal en centre de rétention administrative n’aura aucun effet car la décision finale est laissée au juge des libertés. Les quelques places supplémentaires pour les demandeurs d’asile et pour les centres provisoires d’hébergement de réfugiés ne vont diminuer en rien les arrivées migratoires en amont. Quant à l’idée de vérifier le statut des personnes dans les centres d’hébergement d’urgence par des « équipes mobiles », elle a déjà été vidée de sa substance, suite aux cris d’orfraie des associations.

    En 2017, 120.000 immigrés clandestins, le plus souvent pour des seules raisons économiques, ont demandé un asile politique vide de sens qui ne signifie plus rien. Quant à la honteuse et folle immigration « régulière », elle a explosé, pour passer de 125.000, en 1995, à 262.000, en 2017 ! La France de Macron croule aussi sous le nombre des « dublinés » qui relèvent d’un autre pays européen mais qui s’installent en France en raison du laxisme de notre législation. Une loi votée sous Hollande annulant une rétention sur cinq n’a pas été abrogée par Collomb, pas plus que la circulaire Valls de 2012 contribuant à l’augmentation des régularisations d’étrangers en situation irrégulière de plus de 30 % en 5 ans. En 2017, le nombre d’éloignements des clandestins n’était que de 15.000, dont 6.600 seulement en dehors de l’Union européenne, soit quelques milliers d’expulsions de plus – une goutte d’eau ridicule en augmentation de 10 % par rapport à 2016, face au tsunami migratoire extra-européen !

    En Europe de l’Est, c’est tout le contraire : immigration zéro et politique nataliste des Européens de souche. Viktor Orbán octroie des prêts et une TVA préférentielle pour l’achat d’une maison à toute famille s’engageant à avoir trois enfants en dix ans. En Pologne, la politique nataliste du parti Droit et Justice a relancé les naissances d’une façon significative depuis 2016. Poutine, lui, a prévu un budget d’aide à la famille de 7,2 milliards d’euros jusqu’en 2020 avec un « bonus bébé » de 150 euros par mois pour les parents modestes dès le premier enfant – à comparer avec le salaire moyen, en Russie, de 450 euros par mois.

    Sous l’impulsion de l’Église orthodoxe, l’État russe combat avec succès l’avortement. Quand on en arrive, en France, à 220.000 avortements par an, soit une mortalité infantile peut-être comparable à celle que connaissait la France sous Louis XIV et un chiffre comparable à l’immigration régulière extra-européenne de 262.000 personnes par an, cela ne regarde plus seulement les femmes et leur vie personnelle, mais aussi la nation France et la civilisation européenne pour les question existentielles de leur survie, de leur renouvellement et de leur avenir.

    Hollande et Macron ont pratiqué la démolition de la politique familiale en fiscalisant les majorations de retraite aux parents ayant eu au moins trois enfants, en s’attaquant au quotient familial, en modulant les allocations familiales en fonction des revenus, etc. Pas étonnant, dans ces conditions, qu’en 2017, seulement 767.000 bébés soient nés en France, troisième année de baisse consécutive. L’exception démographique française en Europe est en train de disparaître tandis que Macron préfère subir l’invasion migratoire de masse.

    « La démographie est le destin », disait Auguste Comte.   • 

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    Économiste

    Ancien haut dirigeant d'entreprise

  • Italie : Retour sur le coup de force de Mattarella

     

    Par Yves Morel

    Un coup de force qui est une nouvelle preuve du mépris des l’Europe et des marchés pour la souveraineté des peuples. 

    Un déni de démocratie

    Une nouvelle crise politique en Italie ? Non, un scandale, cette fois-ci. Le président de la République italienne a invalidé le suffrage de ses compatriotes, en s’opposant au choix du ministre de l’Economie, et en poussant, de la sorte, Giuseppe Conte à renoncer à former le gouvernement. Si l’acte de Sergio Mattarella ne viole pas la lettre de la constitution italienne, il en viole l’esprit, il viole même l’esprit de toute démocratie. En démocratie, c’est le suffrage populaire qui prévaut. Le peuple ne gouverne pas, ne décide pas, mais il choisit ceux qui vont gouverner et décider. Et, lors des élections générales du 4 mars 2018, il a récusé le Parti Démocrate (de gauche), la Démocratie Chrétienne (de centre droit), et même, Forza Italia de Berlusconi, mettant en tête le Mouvement Cinq Etoiles (populiste de gauche, tenant à la fois de notre FN et de notre France insoumise), avec 33% des voix, et la Ligue (Lega), de Matteo Salvini (à la fois anti-européenne, populiste et régionaliste), avec 18%.

    L’alliance logique du Mouvement cinq étoiles et de la Ligue

    Aucune formation ne disposant de la majorité absolue, et une alliance entre le Parti Démocrate et le Mouvement Cinq Étoiles étant impensable, tout comme une alliance entre la Ligue, Forza Italia et la Démocratie Chrétienne, c’est une alliance entre le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue qui devait prévaloir, fondée sur la défense des laissés pour compte du système, l’euroscepticisme et la protection des Italiens contre les excès de l’immigration et les empiétements des instances européennes et des lobbies économiques sur la souveraineté italienne. MM. Luigi Di Maio et Matteo Salvini s’accordèrent donc sur un programme de gouvernement à la fois social, national et relativement indépendant à l’égard de l’Europe, qui devait être mis en œuvre par un ministère que dirigerait M. Conte. On pouvait discuter de la composition de ce cabinet, de son programme, et présager, présumer ou préjuger de son action à venir, mais ce gouvernement était le plus légitimement démocratique qui fût.

    Le complot des Eurocrates

    Las ! C’était sans compter avec la classe politique, prête à tous les coups de force au nom de son credo européen, au nom d’une Europe technobureaucratique ennemie des nations et des peuples ; c’était sans compter, également, sur la Bourse, les marchés financiers, les lobbies industriels, qui, eux, se jouent, depuis toujours, des souverainetés populaires. L’installation d’un gouvernement national, qui aurait sans doute pris ses distances avec les règles budgétaires de la Communauté européenne, était inadmissible à leurs yeux. S’ils avaient eu raison du ministère Berlusconi en 2011, ce n’était pas pour admettre, sept ans plus tard, un gouvernement indépendant à l’égard de Bruxelles. Et, en effet, certaines des mesures les plus importantes envisagées par la coalition Ligue/Cinq Étoiles étaient incompatibles avec les règles de l’orthodoxie budgétaire européenne : institution d’un revenu minimal universel, abaissement (dans certains cas, et sous condition, il est vrai) de l’âge de la retraite, augmentation des pensions, tout cela était inacceptable pour la Commission européenne. La baisse des impôts paraissait plutôt nocive, dans le cas de l’Italie. Quant à l’expulsion massive des clandestins, cela était diamétralement opposé tant au dogme libéral qu’à l’orthodoxie « humaniste » et « droit-de-l’hommiste » européenne.

    Les manœuvres de Sergio Mattarela, l’homme lige des eurocrates

    Voilà pourquoi Sergio Mattarella, président de la République depuis trois ans, a tout fait pour empêcher la formation du gouvernement issu de cette coalition, et pour obliger ses compatriotes à retourner aux urnes.

    Ce Sicilien, avocat et spécialiste de droit constitutionnel, est un enfant de la balle, en politique ; son père, Bernardo, fut plusieurs fois ministre. Toutefois, lui-même n’entra vraiment dans la lice qu’en 1983, à l’âge de 42 ans, lorsqu’il fut élu député. Pendant longtemps, il resta peu connu, mais joua un rôle important. Ainsi, il fut le principal artisan de la loi électorale de 1993, qui introduisit une forte dose de scrutin majoritaire pour les élections des parlementaires (pour les trois quarts des sièges), et qui fut en vigueur jusqu’en 2005. Et il exerça, par la suite, diverses fonctions ministérielles importantes : Instruction publique, vice-présidence du Conseil des Ministres, Défense nationale, avant d’être élu président de la République le 31 janvier 2015. Comme tous les démocrates-chrétiens, il est un Européen convaincu. A son esprit, l’Europe passe avant tout. Il doit d’ailleurs son élection à la magistrature suprême à une coalition d’eurocrates et d’euromanes de tous bords : la Démocratie chrétienne, certes, mais également le Parti Démocrate (équivalent approximatif de notre PS), le parti Gauche, Écologie et Liberté (SEL), l’Union du Centre, Choix civique pour l’Italie (autres formations centristes), et le Nouveau Centre Droit. Il fut l’élu des européens contre les anti-européens qu’étaient (et que restent) la Ligue et le Mouvement Cinq Étoiles, et contre Forza Italia, européen et libéral, mais trop indépendant à l’égard de Bruxelles. Autant dire qu’il n’allait pas s’accommoder de voir ses adversaires, en tous points opposés à lui, s’installer au Palais Chigi. Et qu’il allait pouvoir compter sur le soutien actif de ceux qui l’avaient élu, de Bruxelles et de tous les pays ouest-européens, sans parler des milieux financiers. Il s’affaira donc à faire échouer les discussions entre les partis, en s’efforçant d’intégrer des membres du Parti Démocrate, de la Démocratie chrétienne, du Nonveau Centre Droit ou de Forza Italia au nouveau gouvernement, et en chargeant le nouveau président de la Chambre, Roberto Fico, et la nouvelle présidente du Sénat, Maria Elisabetta Alberti Casellati, de négociations impossibles en vue d’aboutir à une improbable coalition majoritaire associant la Ligue, Forza Italia et les partis de droite, ou le Mouvement Cinq Étoiles et le Parti Démocrate. Puis, lorsqu’il eut désigné, à regret, Giuseppe Conte, soutenu par le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue, il mit son veto à la nomination de l’eurosceptique Paolo Savona au ministère de l’Economie, poussant ainsi Conte à renoncer à ses fonctions.

    Résultat : à ce jour, trois mois après avoir élu leurs parlementaires, les Italiens n’avaient toujours pas de gouvernement, et étaient invités à retourner dans l’isoloir en septembre prochain. Finalement, M. Mattarella a accepté la formation d’un nouveau gouvernement Conte. Mais le ministre de l’Économie et des Finances, Giovanni Tria, quoique proche de la Ligue est un fervent partisan du maintien de son pays dans l’euro ; et le ministre des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, a un passé européen propre à rassurer M. Mattarella et Bruxelles, puisqu’il fut sous-secrétaire d’État aux Affaires européennes (1994), commissaire européen (1995-2000), et vice-secrétaire général de la Commission européenne (2202-2005). À Bruxelles, et dans toutes les capitales ouest-européennes, on a dû souffler un grand coup.

    Les marchés et l’Europe, tyrans des peuples européens

    Une fois de plus, l’Europe, cette Europe matérialiste du marché planétaire sans contrôle ni tutelle, donne la preuve de son absolu mépris des peuples, dont elle n’hésite pas à bafouer le suffrage, alors même qu’elle fait de la démocratie une religion et une éthique. On l’avait déjà constaté en d’autres circonstances. Ainsi, en juin 1992, les Danois votèrent « non », par referendum, à l’adhésion de leur pays au Traité de Maastricht. Que firent les Européens ? Ils dirent, en substance : « Pardon ? Nous avons mal entendu ». Et, après trois mois de menaces voilées, d’imprécations, d’objurgations, de harcèlement et de tractations, les Danois, fermement invités à revoter, se prononcèrent pour le « oui », lors d’un second referendum. Au printemps 2005, ce furent la France, puis les Pays-Bas, qui rejetèrent, par referendum, toujours, le Traité Constitutionnel Européen. Qu’à cela ne tînt : les dirigeants européens mirent aussitôt en chantier le Traité de Lisbonne, qui, signé en décembre 2007, reprenait l’essentiel du texte récusé. Aujourd’hui, les Italiens, qui avaient accordé leur préférence aux partis eurosceptiques sont floués de leur vote, puisqu’il est clair que le gouvernement Conte restera sous la coupe de Bruxelles. Les peuples ne sont admis à voter que pour plébisciter les décisions de leurs élites, qui savent, mieux qu’eux, ce qui est bon pour eux. On appelle cela, paraît-il, « la démocratie représentative ». En son temps, Léonid Brejnev appelait « souveraineté limitée » la faible autonomie qu’il laissait aux républiques socialistes d’Europe de l’Est, et qui excluait la possibilité, pour elles, d’abolir le régime communiste et de prendre leurs distances avec l’URSS. Présentement, en Italie, c’est vis-à-vis de l’Europe que les Italiens n’ont pas le droit de prendre leurs distances. M. Mattarella l’a bien dit : s’il a récusé la nomination de M .Savona au ministère de l’Economie, c’est parce que la politique de ce dernier allait « amener la sortie de l’Italie de l’euro », et que lui, en tant que président de la République, est « le garant du respect des traités européens ». Autrement dit, l’Europe passe avant la souveraineté de l’Italie, et a le droit de fouler au pied celle-ci et la liberté des Italiens. Les marchés et l’Europe sont les maîtres du jeu politique et les modernes tyrans des peuples européens.   

     Yves Morel

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle 
  • Vidéo. 3 minutes d’Hilaire de Crémiers

     

    L'actualité en 3 minutes

    par Hilaire de Crémiers

     

     

    Voir dans Lafautearousseau ...

    Paris 12 juin, Antoine de Crémiers parlera du transhumanisme aux Mardis de Politique magazine... A ne pas rater !

     

     

  • Une culture officielle ?

    François Nyssen qui s'est déconsidérée en retirant le nom de Charles Maurras des commémorations officielles 2018 

     

    par Gérard Leclerc

     

    arton22534-b73f0.jpgFrançoise Nyssen, ministre de la Culture, a présenté hier les orientations de sa réforme de l’audiovisuel public. Elle s’est expliquée notamment, durant une conférence de presse, sur l’ambition qui est la sienne, en correspondance avec ce qu’avait annoncé Emmanuel Macron durant sa campagne présidentielle.

    Une discussion est d’ores et déjà amorcée par les syndicats maison, qui se disent inquiets de certaines modalités qu’impliquent des changements de structure. Mais il y a un autre aspect à retenir des propos de la ministre. Quelle philosophie sous-tend cette volonté de remodeler le service public ? « Reconquérir la jeunesse, retrouver les territoires, dit-elle, grâce à un média audacieux, un média engagé dans la vie citoyenne, un média engagé pour la création, un média engagé vers la rupture technologique. »

    Pourquoi pas ? Mais un média engagé, cela ne va pas sans un certain contenu idéologique, et celui-ci devrait être l’objet d’une discussion et même d’un certain consensus, dès lors qu’il est hors de question que l’audiovisuel public devienne « la voix de son maître ». On peut espérer que le débat d’idées préconisé sera vraiment pluraliste. Mme Nyssen pourrait nous rassurer, lorsqu’elle fait part de son souhait de promouvoir ce qu’elle appelle « un miroir de nos différences ». Mais ce mot même de différence est piégé, il est susceptible de diverses acceptions et celui que la ministre entend privilégier peut éveiller quelques soupçons : « Le pays des Lumières, dit-elle, sur le sujet de la diversité est hautement réactionnaire… Avec une volonté politique sans ambiguïté, notre média engagé changera les mentalités sur le terrain. »

    L’orientation idéologique ne perce-t-elle pas le bout du nez, à travers de tels propos, qui peuvent rappeler la philosophie de Vincent Peillon qui, à travers l’école publique, entendait arracher les enfants à leurs préjugés familiaux ? Par ailleurs, la création d’une plateforme anti-bobards – on me pardonnera ici de m’abstenir de parler franglais – n’est pas pour rassurer. Certes, Mme Nyssen n’a sans doute pas l’intention de donner à son ministère une orientation orwellienne, mais ses choix idéologiques lui appartiennent. Libre à nous de les contester.   

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 5 juin 2018.

  • Affaire Théo • Théo est en garde à vue : si l’on en tirait les leçons ?

     

    Par Gabrielle Cluzel

    Cette excellente chronique [Boulevard Voltaire, 5.06] revient sur la désormais sulfureuse affaire Théo avec un talent, des aperçus perspicaces et justes, qui font, décidément, de Gabrielle Cluzel l'un des excellents auteurs et journalistes de sa génération. Laquelle, d'ailleurs, fort heureusement, en compte un nombre non négligeable. Tel Jean-Christophe Buisson que cite cette chronique. Il faudra suivre les publications de Gabrielle Cluzel avec attention comme nous en suivons et reprenons quelques autres avec cet esprit d'ouverture et de dialogue que Lafautearousseau pratique avec profit. C'est même là, nous semble-t-il, une condition du progrès, non seulement de nos idées, mais des idées de salut en général. 

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

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    « Aulnay-sous-Bois : Théo et ses frères en garde à vue », titre sobrement Le Parisien ce matin. Le célèbre slogan « Justice pour Théo » prend soudain une résonance sardonique. C’est en quatre lettres assassines – « Oups ! » – que le journaliste Jean-Christophe Buisson résume le sentiment général sur son compte Twitter.

    « Plusieurs membres de la famille de Théo et lui-même ont été interpellés ce mardi matin au domicile familial par les enquêteurs du SDPJ 93 et placés en garde à vue. Ils sont soupçonnés d’escroquerie aux aides d’État. » Bien sûr, jugement n’a pas été encore rendu. Bien sûr, comme le dit son avocat, il ne faut pas mélanger deux affaires qui n’ont « rien à voir ». Il parle de « coup médiatique ». De contre-coup médiatique, veut-il dire sans doute. De boomerang, qui vous revient en pleine face avec autant de force qu’il a été lancé. Car la vérité est que son visage ne ferait pas la une des journaux, cette affaire ne connaîtrait pas de plus grande notoriété que tous les dossiers s’entassant actuellement sur le bureau des juges français si Théo n’avait pas été, il y a quelque mois, ultra-médiatisé, veillé par le président de la République lui-même, canonisé santo subito, inscrit dans le martyrologe des nouveaux grands prêtres qui nous gouvernent, posé sur un virtuel piédestal avec une matraque policière, telle sainte Agnès portant les instruments de sa torture. Si son prénom – relayé à l’infini sans nom de famille, tel un adolescent de quand même 22 ans – n’était pas ainsi passé à la postérité.

    Il aurait été si simple, les blessures (bien réelles) du jeune homme constatées, de laisser faire, alors, le travail de la Justice, de regarder les enquêteurs démêler les responsabilités éventuelles des uns et des autres.

    Il aurait été si facile de se taire et d’attendre. De faire montre de prudence et de discernement… toutes choses aussi étrangères, il est vrai, à François Hollande qu’à moi le kitesurf et la danse rythmique sur patins.

    L’instrumentalisation de l’émotion est le principal outil de domination de la gauche, et elle n’a pas le temps de s’embarrasser de vérification, car le buzz est comme un soufflé : il n’attend pas. Une fois tombé, plus rien à en tirer. Il vaut bien qu’on lui sacrifie la vérité. Et lorsque celle-ci, à son train de sénateur, arrivera enfin, tout le monde s’en fichera, l’effet final recherché aura été atteint.

    On se souvient de l’affaire Sébastien Nouchet. En 2004, cet homme d’une trentaine d’années avait affirmé avoir été l’objet d’une agression homophobe. Il avait dit avoir été injurié, aspergé d’un liquide inflammable et brûlé. Tollé dans le pays. Des manifestations anti-homophobies furent organisées, Jacques Chirac, alors président, envoya une lettre de soutien à l’intéressé et à son compagnon. À l’Assemblée, une loi contre l’homophobie fut votée dans la foulée, sous l’impulsion du ministre de la Justice Dominique Perben, qui reconnut avoir été bouleversé par cette affaire : « Cette loi, c’est, au fond, quelque part, la loi Nouchet.». En 2007, un non-lieu définitif fut rendu dans cette affaire. Le parquet avait évoqué la possibilité d’une nouvelle tentative de suicide (par immolation), le plaignant dépressif en ayant, par médicaments, 19 à son actif. Mais la loi Nouchet est restée.

    Il n’y a pas eu de loi Théo, mais il pourrait y avoir une leçon Théo. Quand t’es président de la République, Théo… bligé de résister à la tentation de la sur-réaction et à la pression de ton service de communication qui flaire un bon coup. Théo… obligé de laisser les événements se décanter si tu ne veux pas courir le risque de discréditer ta fonction en même temps que ridiculiser ta personne. Au vu de récents événements, il n’est pas certain qu’Emmanuel Macron l’ait retenue.   

    Ecrivain, journaliste

    Son blog

  • Éric Zemmour : « Mélenchon, un indécrottable  représentant du monde ancien »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - La manifestation populaire du samedi 26 mai, organisée par la CGT et la France insoumise, n'a pas déplacé les foules. En cause, selon Éric Zemmour : Jean-Luc Mélenchon, qui reste figé dans sa stratégie.  [RTL 29.05]. Ce que l'on devra retenir, peut-être, de plus utile et de plus pertinent dans ce billet, c'est une exacte définition du personnage politique singulier qu'est Jean-Luc Mélenchon.   LFAR 

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Un échec. Un bide. Un ratage. Il n'y a pas de mots pour décrire l’impression laissée par la manifestation contre la politique sociale du pouvoir. L'année dernière, Mélenchon avait accordé un point à Emmanuel Macron. Cette fois-ci, il faudra qu'il lui accorde le set et le match.

    Jean-Luc Mélenchon a perdu une bataille et la guerre. Non seulement il n'a pas réussi à bloquer la réforme de la SNCF ; mais sa faiblesse est si manifeste que déjà, le pouvoir macroniste plastronne en préparant une nouvelle vague de réformes libérales. 

    Son changement d'attitude vis-à-vis de la CGT n'a rien changé. Son lyrisme historique, que ce soit avec la grande grève de 1995 contre le plan Juppé, ou le Front populaire de 1936, a laissé de marbre ses auditeurs. 

    Si le parti de Macron s’appelle en marche, celui de Mélenchon devrait s'appeler désormais « On ne marche pas ». Bien sûr, le leader maximo de la France insoumise cherchera noise aux médias et à leur présentation ostentatoire des violences ou de Macron grimé en nazi. Il sait mieux que personne que ce n'est là qu'excuses bidon de mauvais joueur.  

    Éric Zemmour

  • Marseille, mercredi 6 juin : une conférence à laquelle il est important d'assister. Et c'est ce soir.

     

    LIEU HABITUEL DE NOS CONFERENCES

    CONTACT :  provence@actionfrancaise.net

  • Espagne : trop peu de monarchie et excès de parlementarisme ...

    Pedro Sanchez et Mariano Rajoy aux Cortes

     

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    L'Espagne souffre des pires inconvénients de la démocratie dans un contexte qui leur confère une puissance destructrice extraordinaire. Voilà ce qui caractérise le plus clairement la situation espagnole et ses  tout derniers rebondissements dont les échos inquiétants nous parviennent de Madrid et de Barcelone.

    Ce n'est pas que Mariano Rajoy qui vient d'être renversé, aura été un grand chef de gouvernement. Il quitte le pouvoir accusé de participer des pratiques de corruption qui touchent et discréditent la totalité de la classe politique espagnole, indépendantistes catalans compris. Et même orfèvres en la matière.

    Rajoy a affronté la crise catalane avec une apparente rigueur, parfois avec fermeté, mais une fermeté toujours tardive et singulièrement insuffisante. Sa politique s'est limitée à la mise en œuvre des dispositifs légaux et constitutionnels à sa disposition pour faire face aux crises qui se sont succédé à Barcelone, sans jamais en traiter les causes - qui rongent la Catalogne et l'Espagne de longue date et qui les amènent au bord d'une crise majeure. 

    Est-il permis ou non d'enseigner la haine de l'Espagne à la jeunesse catalane, dès l'école primaire et jusqu'à l'université ? Les maîtres d'école, les professeurs des facultés y sont-ils autorisés ? C'est ce qu’ils font depuis deux ou trois décennies. Les grands moyens de communication ont-ils le droit de marteler la même haine à longueur de temps auprès de la population catalane ? Fallait-il laisser les séparatistes catalans déclarés s'emparer sans contrôle de tous les postes clé de la société catalane, alors qu'ils n'y sont pas majoritaires ? Et même l’eussent-ils été ? Enseignement, administrations, municipalités, moyens de communication : était-il raisonnable qu'ils soient autorisés à les « noyauter » et à les diriger sans partage ? En bref, fallait-il leur reconnaître la liberté de mettre la main sur tous les leviers de commande, à la manière des coups de force des minorités agissantes ? Il ne semble pas que Madrid s'en soit jamais souciée, qu’elle ait jamais prononcé la moindre interdiction, pris la moindre mesure. Elle en a les conséquences.

    Et ces conséquences sont celles du jeu démocratique lui-même, règle suprême du système espagnol. Les jeux parlementaires en particulier, car Mariano Rajoy a été renversé par une majorité de députés qui ne se sont trouvés d'accord que pour son éviction. Le jeune Pedro Sanchez qui lui succède à la Moncloa est le chef du parti socialiste, sorti très affaibli des dernières législatives nationales et bien incapable de former à soi seul une majorité. Il lui faudra nouer des alliances. Ce sera sans-doute avec les cryptocommunistes de Podemos, et, comme ça ne suffira pas, ce sera aussi avec les indépendantistes basques et catalans. Et ce sera donc au prix de concessions à eux consenties, dont on ne sait ce qu'elles seront... Ainsi, comme dans les années 30 du siècle dernier, les effets pervers du parlementarisme jouent-ils de façon déterminante contre l'unité de l'Espagne.

    65547f00b476e17b221c3050b0e33243-espagne-le-gouvernement-catalan-investi-fin-de-la-tutelle-de-madrid.jpgPedro Sanchez succède à Mariano Rajoy le jour même où Quim Torra est investi à Barcelone, place Sant Jaume, en tant que président de la Généralité. Son programme n’est pas de faire reconnaître les droits légitimes du peuple catalan à préserver et développer les riches facettes de son identité historique. Ces droits lui sont déjà largement reconnus et sont amplement exercés. Au delà du raisonnable, sans-doute. Son programme est de conduire la Catalogne vers une impossible indépendance.

    L'on sait en Espagne et ailleurs que la Catalogne ne sera très probablement jamais indépendante. Elle ne l'a jamais été dans l'Histoire et Madrid ne l'admettra pas. L’appartenance de la Catalogne à l'Espagne ne dépend pas d'un vote de circonstance qui pourrait être bientôt contredit par un autre. Elle est d'un ordre supérieur. Intangible autant que les choses humaines peuvent l'être.

    Voilà ce que pense l'Espagne et que personne n'a eu le courage de dire avec franchise et clarté aux Catalans.

    Pas même le roi. L'Espagne souffre en effet de trop peu de monarchie et d'un excès, sinon de démocratie, car le roi est la personnalité politique la plus populaire du royaume, du moins de parlementarisme.

    Sachons que ni la France ni l’Europe n’auraient intérêt à ce que l’Espagne, une fois de plus, s’offre le luxe délétère d’entrer dans de nouvelles convulsions.  ■ 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • La tyrannie de l’image ... Selon Mathieu Bock-Côté

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    Mathieu Bock-Côté n'est pas à l'âge où l'on ronchonne, où l'on s'épuise à penser et à dire que « c'était mieux avant ». Mais il n'est pas non plus de ceux qui croient qu'il n'y a rien à faire, rien à opposer aux dérives de notre temps qui seraient comme une fatalité. Faut-il croire aux fatalités ? Cette chronique du Journal de Montréal [2 juin] est simplement un cri d'alarme. Elle signale le « désastre psychologique à grande échelle » à quoi conduit l'emprise infantilisante des réseaux sociaux. LFAR 

     

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    Le Devoir nous confirmait hier que Facebook, le réseau social iconique de notre temps, est de plus en plus largué par la jeune génération, qui préfère d’autres réseaux sociaux davantage centrés sur l’image et la vidéo.

    Concentration

    Certains n’y verront qu’une mode. On se lasse d’un réseau, on en adopte un autre. Ainsi va la vie dans une société qui a le culte du changement. 

    Mais il y a peut-être autre chose dans ce basculement, soit une régression infantilisante qui nous pousse à penser de moins en moins avec des mots et des concepts et de plus en plus avec des images en mouvement.

    Lire un statut Facebook, apparemment, c’est encore trop compliqué. Mais faire défiler des milliers d’images jusqu’à l’hypnose, c’est plus simple.

    Autre piste à suivre : notre société accélère sa démocratisation – illusoire – du star-system. Chacun veut mettre en scène sa vie, de manière glamour. Chacun veut briller, se vivre comme une vedette et sentir le désir de tous qui s’exprimera par la multiplication des « likes » et autres gratifications symboliques du même genre.

    La révolution technologique de notre temps crée les conditions d’une généralisation fascinante du narcissisme. L’individu n’habite plus le monde, mais son propre monde fantasmé et veut qu’on l’admire en permanence. On le voit avec la dépendance aux réseaux sociaux : la moindre alerte suffit pour que l’individu se jette sur son écran avec une réaction pavlovienne.

    Désespoir

    Mais avec cette obsession de la représentation, l’écart entre la vie virtuelle et la vie réelle se creuse. Entre l’image projetée sur les réseaux sociaux et la vérité d’une vie, on trouve de moins en moins de points de contact. Qui sait encore jouir d’une belle vue sans la gâcher par un selfie ? Et si une photo ne suscite pas assez de réactions, le désespoir vient vite.

    Un désastre psychologique à grande échelle nous attend.      

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).  

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  • Vu du Maghreb [Maroc] : Pourquoi l’Algérie inquiète la France

    Marée de jeunes Algériens agglutinés devant les services consulaires français pour décrocher le visa-sésame ! © Copyright : DR

     

    Par M'Hamed Hamrouch

    Une analyse documentée publiée par notre confrère le journal marocain en ligne Le360 [28.05], analyse qui ne fait que confirmer la gravité de la situation algérienne et nos inquiétudes pour la France, souvent exprimées dans ces colonnes. LFAR   

    le360-2016.jpgL’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière en France et plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année par les services hexagonaux, alerte le directeur central de la Police aux frontières française, devant le Sénat français. Les raisons.

    Le malaise de la jeunesse algérienne parvient jusqu’aux rivages français. Et pour cause, «la jeunesse algérienne veut quitter l’Algérie et désire se rendre en France», s’inquiète le directeur central de la Police aux frontières française, lors d’une récente intervention devant le Sénat de son pays. 

    Les chiffres sont aussi alarmants qu’édifiants sur le haut degré de désespoir qui tenaille une jeunesse algérienne livrée en pâture au chômage (12,3%), à la faveur d’apparatchiks octogénaires toujours aux commandes d’un pays pourtant très riche en hydrocarbures (98% des exportations et 60% des recettes de l’Etat). 

    « L’Algérie compte le deuxième plus grand nombre de ressortissants en situation irrégulière» en France et «plus de dix mille Algériens sont interpellés chaque année», s’alarme le patron de la Police aux frontières française (PAF), exhortant les autorités consulaires françaises à «durcir les modalités de délivrance des visas pour les (jeunes) Algériens ». 

    Pour précision, le haut sécuritaire français répondait à la question d’une sénatrice d’origine algérienne, dénommée Samia Ghali, qui relevait «la difficulté de certains Algériens à se faire délivrer le visa». 

    « Beaucoup d’Algériens entrent légalement en France, mais ne quittent plus le territoire français », a rétorqué le patron de la PAF, expliquant que le directeur général des étrangers en France « suit ce dossier en personne ». 

    « Un grand nombre d’Algériens qui se rendent en France par voie maritime n’ont pas le visa», assène-t-il encore, appelant les autorités françaises concernées à «être extrêmement vigilantes quant à la délivrance des visas aux Algériens». «Nous avons proposé aux services consulaires français des formations car des demandeurs de visa peuvent l’obtenir en fournissant des documents falsifiés», a-t-il encore affirmé, estimant qu’«il existe en Algérie des opérations de trafic et de falsification évidentes ». 

    Aux origines du désespoir (algérien)

    « Le taux de chômage a augmenté de près de 1,5 point de pourcentage, en raison de la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures. Il était de 11,7 % en septembre 2017, soit un niveau plus élevé que celui de 10,5 % enregistré en septembre 2016 », a constaté amèrement la Banque mondiale dans son dernier rapport publié le 16 avril dernier concernant le suivi de la situation économique des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. 

    « Le chômage est particulièrement important parmi les personnes instruites, les jeunes et les femmes et, dans certains cas, tient au désir d’attendre de trouver un emploi dans le secteur formel », a relevé encore ce rapport qui démontre l’échec retentissant des dernières mesures prises par le gouvernement d’Ahmed Ouyahia. 

    Des bulles sonores sans aucun réel impact sur la société puisque rien n’arrête pour le moment la spirale du chômage, épargnant toutefois les enfants de l’oligarchie au pouvoir, notamment les fils de hauts galonnés accumulant des fortunes colossales sur les ruines d’une Algérie sans réelles perspectives en dehors de l’économie de rente, les passe-droits, le favoritisme et une corruption quasi institutionnalisée. Les fils de Gaid Salah (chef d'état-major de l'ANP), de Khaled Nezzar (ancien ministre de la Défense), du général "Tewfik", ex-patron du DRS (renseignement)... font partie de ces nouveaux parvenus de l'ère Bouteflika, au détriment de l'écrasante majorité des « fils du pauvre », pour paraphraser un titre du romancier Mouloud Feraoun. 

    Les images de milliers de jeunes Algériens souhaitant étudier en France et attroupés en novembre dernier devant l'Institut français d'Alger illustrent parfaitement le malaise de cette jeunesse abandonnée à son triste sort par un régime vorace, en rupture de ban et très peu soucieux de son peuple.  

    M'Hamed Hamrouch

  • La Une du Figaro de ce jour : un euphémisme révélateur en titre ... La crise migratoire est bien la grande affaire explosive !

  • Café Actualité d'Aix-en-Provence, prochaine réunion mardi 5 juin. A ne pas rater ... C'est ce soir !

       

    18 h 45 : accueil. Entrée libre.

    19 h : conférence et débat animé par Antoine de Crémiers

    20 h 30 : fin de la réunion.

    Participation sous forme de consommation.

    Consommations à commander et régler au bar en arrivant. Merci !

    Inscriptions et renseignements: 06 16 69 74 85

  • Réalisme et illusions

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    Mardi 29 mai, M. Macron réussit l’exploit de réunir à Paris les quatre hommes forts d’une Libye en principe libérée et certainement « exsangue » - à savoir les deux potentats de Tripoli et Benghazi et le président de chacune des deux assemblées de Tobrouk et Tripoli -, ainsi qu’une pléiade de représentants des deux douzaines de pays impliqués dans la crise libyenne et des organisations internationales (Onu et Ligue arabe notamment) : cela fait beaucoup de gens pour une discussion sérieuse et un accord solide.

    Tout ce beau monde a quand même souscrit, mais sans signer de document et avec quelques réticences pour certains, à l’organisation, le 10 décembre prochain, d’élections présidentielles et législatives « dignes de foi ». Cette espérance démocratique a de quoi laisser sceptique, étant donné l’état actuel d’un pays re-tribalisé et complètement morcelé. M. Macron n’aura eu en cas d’échec probable que le mérite d’essayer. Pour parler net, c’est à coup sûr un excellent « coup de com’ » mais guère plus. 

    sans-titre.pngLe lendemain, mercredi 30 mai, il prononce à la tribune de l’OCDE un discours qui tourne vite au plaidoyer utopique et idéologique pour la paix, le multilatéralisme et une mondialisation régulée. On a, presque en même temps, confirmation des nouvelles taxes américaines sur l’acier (25%) et l’aluminium (10%) importés d’Europe mais aussi d’ailleurs. Du coup, l’Union européenne porte plainte auprès de l’OMC et annonce des taxes de rétorsion ciblées et proportionnées - taxes à l’effet improbable -, tandis que Mme Merkel s’inquiète d’une « escalade » dangereuse pour tout le monde, mais surtout pour l’Allemagne dont les Etats-Unis sont le premier partenaire à l’exportation. Et que dit M. Macron ? Que la mesure américaine est « illégale » et que « le nationalisme économique  c’est la guerre ». Quelle est donc cette loi qui s’imposerait à la première puissance économique de la planète si celle-ci n’en veut pas et qui a jamais pu croire sérieusement que les relations économiques soient mutatis mutandis autre chose qu’une sorte de paix armée ? Sur ce coup, M. Macron semble faire preuve d’une grande naïveté, de peu de poids face à la froide décision états-unienne. 

    En revanche, jeudi 24 mai, à St Petersbourg, M. Macron avait su donner un exemple d’opportunisme et de réalisme conjugués. Pas d’effusions, ni illusions ni envolées oratoires, mais une longue discussion (1h de plus que prévu) avec M. Poutine. M. Macron espérait convaincre son hôte d’oeuvrer de concert pour un règlement de paix en Syrie et pour que s’ouvrent des négociations internationales avec l’Iran. Malgré les évidentes divergences que l’on sait entre Paris et Moscou, un accord a été trouvé qui répond aux intérêts des deux parties : concernant la Syrie, on admet que la Russie et ses « alliés » (Turquie et Iran) d’une part, le camp « occidental » (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne, Arabie Séoudite et Jordanie) d’autre part sont bien contraints de s’entendre ; concernant l’Iran, on se fixe comme objectif un processus commun devant conduire à des négociations régionales dont le but serait de déterminer, voire de réguler, le rôle reconnu à Téhéran. La France joue là une belle carte diplomatique, tandis que la Russie voit son rôle conforté. 

    Ainsi, en moins d’une semaine, le chef de l’Etat aura, sur le plan international, montré ses qualités et ses faiblesses. On le voit tout à la fois obnubilé par les mêmes chimères à la mode que ses prédécesseurs immédiats et soucieux, selon le mot de M. Guetta, de « renou[er] avec la volonté d’indépendance gaullo-mitterrandienne ». Ce n’est pas de l’ambiguïté, c’est de la confusion : il lui faudra  bien en sortir, si possible par le haut.   

  • La France menacée de perdre son industrie

     

    Par Ronan Wanlin (mai 2018)
    Spécialiste d'intelligence économique

    Un article remarquable parce qu'il ne se contente pas d'analyser la situation désastreuse, mais parce qu'il formule un ensemble de propositions pour restaurer l’héritage industriel de la France.  C'est là un sujet qui touche à l'intérêt supérieur du pays 

     

    LogoOEG2.jpgL’industrie peut se résumer à l’ensemble des activités socio-économiques orientées vers la production en série de biens, grâce à la transformation de matières et à l’exploitation des sources d’énergie. D’un point de vue purement fonctionnel, l’activité industrielle est assurée par des entreprises évoluant sur deux terrains qui peuvent se superposer ou au contraire s’opposer : le terrain de l’économie, et un terrain plus politique. 

    Exemple concret : un pétrolier comme Total évolue sur le marché du pétrole et de l’énergie à échelle mondiale et se trouve représentant de facto d’intérêts français et doit donc rendre des comptes à la France

    Il faut être clair, précis, et surtout lucide. La mondialisation n’est pas heureuse. Le vaste marché autorégulé n’a jamais existé, » la main invisible » du marché d’Adam Smith n’a pas gagné. La mondialisation est en revanche une réalité, et la stopper peut être considéré, à tort ou à raison, comme une utopie. Un pragmatisme nécessaire oblige à prendre en compte cette réalité : les échanges et les flux sont mondiaux, ainsi que le sont, par définition, les rapports entre les Nations. Il appartient donc à la France d’exister, de reconstruire et d’affirmer sa puissance dans cette mondialisation. A ce moment seulement il sera opportun de discuter d’un autre système politico-économique mondial : on n’impose aucune vision sans puissance. Il faut ainsi penser à l’accroissement de puissance par l’économie. L’activité industrielle est donc un secteur clef privilégié pour penser cet accroissement de puissance.

    Une situation désastreuse

    Mais, la situation industrielle française est hélas désastreuse, et le rôle du politique est réduit au minimum. À vrai dire, d’un État traditionnellement colbertiste, la France est passée à un État régulateur; et encore cela est-il de plus en plus vague.

    Le constat est sans appel : il y a encore quelques dizaines d’années, l’industrie représentait 20% du PIB, aujourd’hui elle n’en représente que 10% ! Fermetures d’usines, restructurations, plans sociaux, faillites, rachats par des entreprises étrangères, en dix ans environ, la France a perdu 850.000 emplois dans l’industrie, et la part de marché mondiale des exportations françaises a fondu de 40% depuis 15 ans. C’est l’échec d’un modèle économique qui ne sert plus la puissance française et qui a choisi l’automatisation et les délocalisations. On peut parler de désindustrialisation.

    Afin de protéger au mieux les PME française, certaines pistes sont à explorer. Adoption d’un « Buy French Act » sur le modèle du « Buy American Act », c’est à dire réserver une large proportion d’achats publics (75% minimum) aux entreprises produisant encore en France lors des marchés publics ; ou encore la valorisation du « Made in France » par un étiquetage rigoureux tout en renforçant le développement des labels régionaux. Les pistes ne manquent pas. La France devrait également reconnaître et favoriser ses intérêts en abrogeant par exemple la traduction française de la directive européenne sur les travailleurs détachés qui légalise le travail à bas prix (low-cost) , la concurrence déloyale des pays européens de l’est et du sud, et qui pèse à la baisse sur les exigences des conditions de travail.

    Le cas d’Alstom

    Des cas concrets parlent mieux que des chiffres et à ce propos, le cas d’Alstom est emblématique. Il permet de comprendre le monde dans lequel évoluent les acteurs industriels, mais également ce que représente l’industrie pour l’indépendance, l’autonomie, la résilience française.

    En 2015, Alstom a été racheté à 70% par le géant américain de l’énergie General Electric. En effet, les Etats-Unis faisaient pression sur Alstom, impliqué dans des affaires de corruption dans le monde, en utilisant son « Foreign Corrupt Practices Act » qui permet aux Etats-Unis de juger n’importe quelle société ayant un lien avec eux (via l’utilisation du dollar par exemple). Or, le nucléaire représente 75% du mix énergétique français. Dans le processus de production énergétique, Alstom Energie fournissait la turbine Arabelle, qui est une technologie indispensable, on parle de technologie industrielle critique. Outre un très complaisant transfert de technologie, c’est une perte de savoir-faire immense, qui pose un double problème stratégique : commercial et décisionnel, puisque c’est tout le parc énergétique français qui pourrait se retrouver sous le coup d’un embargo américain sur la fourniture de pièces de maintenance des dites turbines. La France a donc perdu un pan entier de souveraineté énergétique, un leader national dans le commerce de l’énergie nucléaire et sa future capacité à exporter son savoir-faire.

    Les entreprises françaises évoluent sur un marché mondial asymétrique. Les Etats-Unis se sont dotés d’un arsenal de guerre économique, à la différence de la France et les pays de l’Union européenne.

    En l’espèce, l’État français n’a pas assuré son rôle de stratège : il n’a pas détecté - ou il ne l’a pas voulu- la menace qui pesait sur Alstom, ni les conséquences qu’un rachat entraînerait, et il n’a donc pas assuré la survie d’une entreprise stratégique.

    Une guerre économique mondiale

    Autre leçon de l’affaire Alstom : les industries portent des savoir-faire qui sont à la fois des outils concurrentiels, et donc des sources de richesses, mais aussi des leviers stratégiques internationaux. Lorsqu’une entreprise française est la seule à produire des biens avec une haute technicité, la France peut assurer son exportation mondiale. L’exportation de produits français est un atout diplomatique majeur permettant de peser sur ses clients. En 2003, devant le refus français d’intervenir en Irak, les Etats-Unis avaient décidé un embargo sur la France en ce qui concerne les matériels militaires, nous privant ainsi des catapultes utilisées sur le Charles de Gaulle pour lancer nos avions de guerre. La France perdait ainsi sa capacité de projection militaire dans le monde. C’est de cela que nous sommes privés aujourd’hui : d’une capacité à être résilients, à peser dans le monde à travers nos savoir-faire industriels.

    L’industrie française donc est ballotée au grès des courants d’une guerre économique mondiale qu’elle ne domine pas. Aux États-Unis, l’industrie est considérée comme un enjeu de sécurité nationale. Des empires industriels ont ainsi réussi à mettre au pas les entreprises en leur faisant comprendre qu’un pays fort profite nécessairement aux industries fortes et vice versa. Il faut donc comprendre l’asymétrie implacable qui règne. Sans cela, rien n’est envisageable. Il faut ensuite doter notre politique industrielle d’une vision, qui sera servie par diverses actions que j’exposerai ensuite. Cette vision s’appuie sur un postulat de base indispensable : l’intérêt national.

    La France devrait mener sa politique industrielle dans une double logique : une logique d’accroissement de puissance ainsi qu’une logique sociale et écologique.

    Accroissement de puissance donc. Il faut penser cet accroissement notamment à travers l’économie, ce qui implique une subordination de l’économie au politique. Un exemple simple : la Russie qui a développé sa puissance notamment autour du gaz qui lui assure non seulement une source de richesses, mais également des éléments de puissance diplomatique et militaire. Pour cela, nos industries doivent être concurrentielles afin de se positionner au mieux dans leurs secteurs respectifs. Le politique doit donc prendre en compte les intérêts stratégiques des entreprises. Enfin le politique se doit de prendre en compte et d’anticiper le contexte diplomatique.

    Des solutions visant à satisfaire cette vision sont nombreuses. Il serait nécessaire, par exemple, d’entamer une troisième extension de la protection des domaines sensibles, laquelle est prévue initialement par le Traité de Rome, mais réservée qu’aux domaines régaliens, élargis par Arnaud Montebourg aux transports et à l’énergie. Protéger les entreprises en matière de propriété intellectuelle, lutter contre la contrefaçon qui détruit 30.000 emplois par an sans compter les effets indirects à moyen et long terme s’avère également nécessaire ; tout comme mettre en place un système d’actions préférentielles pour protéger les entreprises stratégiques des prises de contrôle étrangères. Pourquoi même ne pas considérer un droit de réquisition de ces entreprises stratégiques en cas de rachat étranger ?

    Redonner la main à l’État

    Le secteur industriel a besoin de main d’œuvre et de matière grise. L’exonération de charges pendant cinq ans sur le recrutement en CDI d’un chômeur longue durée (1,2 million selon l’INSEE) permettrait justement au secteur industriel de recruter à des prix raisonnables. Surtout, parce qu’une vision stratégique implique d’avoir des coups d’avance, il faut favoriser la Recherche et Développement (R&D), en la faisant passer de 2,2% à 3% du PIB.

    En Allemagne, la R&D atteint 2,9% du PIB. De manière urgente, la France se doit de développer de nouvelles sources d’énergie comme l’hydrogène, car l’uranium sera épuisé dans 60 ans, ainsi que le stockage de l’énergie. De même il nous faut renforcer et développer de nouveaux secteurs sur lesquels nous pourrons développer des positions d’excellence, tels que l’économie de la mer ou de l’espace. Le monde connaît un tournant technologique et maitriser l’intelligence artificielle, travailler sur les utilisations de l’ordinateur quantique et des supercalculateurs est d’une grande importance.

    Les propositions ne manquent pas. En revanche, les lois issues de la législation de l’Union européenne, notamment celles régissant le marché intérieur, s’opposent à toute forme de d’intervention étatique, et de valorisation des produits. De même, le TTIP et CETA ne laissent pas présager une amélioration en ce sens.

    Un autre obstacle à la revalorisation de nos filières industrielles est l’idéologie. La vision libérale de la mondialisation prétendument « heureuse » semble occuper la tête de la plupart des dirigeants politiques, les privant de toute volonté nationale. Emmanuel Macron expliquait lors de la vente d’Alstom à General Electric que l’Etat n’avait pas à intervenir dans une relation entre deux entreprises privées. Pourtant, l’État, garant de l’intérêt général, ne devrait -il pas suppléer aux circonstances en ce cas ?

    Même s’il faut saluer quelques initiatives qui vont, au moins partiellement, dans le bon sens comme la récente loi Sapin II, la loi sur le secret des affaires ou encore la commission d’enquête parlementaire sur les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle, la situation avance trop lentement. A côté de propositions techniques, il est nécessaire de restaurer la primauté de l’intérêt national et de l’accroissement de la puissance par le levier industriel. Il s’agit tout à la fois de restaurer cet état d’esprit, mais aussi de redonner la main au politique, c’est à dire à l’État-nation.

    En vérité, la mondialisation-globalisation et l’autorégulation du marché sont le vieux monde. A contrario le nouveau monde est celui de ceux qui ont compris que la scène mondiale reste faite de rapports de forces. C’est pourquoi, il faut défendre avec lucidité – et restaurer - l’héritage industriel de la France.  ■ 

  • Où le site Atlantico soulève une vraie question .. A méditer ...

     

    « L'Allemagne est critiquée de toute part en Europe pour sa politique économique. A tel point que derrière la question de la sortie de l'Italie de la zone euro pourrait pointer celle de la possibilité d'une sortie de l'Allemagne.»

     

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    Dimanche 3 juin 2018