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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1280

  • Trump et l'axe sunnite

    Trump à Ryad, le 21 mai

                                                             

     Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLa récente tournée de Donald Trump au Proche-Orient est riche d'enseignements.

    Le 21 mai, à Ryad, capitale de l'Arabie Saoudite, devant 37 chefs d'Etat ou de gouvernement, le Président américain a tracé sa route géopolitique au Proche-Orient.

    Comme on pouvait le craindre, il s'est aligné sans la moindre ambiguïté sur les positions les plus classiques des Bush, père et fils et de leurs inspirateurs de toujours : les faucons néo-conservateurs. Hillary Clinton n'aurait pas fait pire ; c'était bien la peine...

    Le mal est clairement désigné : l'Iran « principal financeur et organisateur du terrorisme international ».

    On croit rêver ! Tous les attentats des dernières années au Proche-Orient, aux Etats-Unis et en Europe ont été le fait de sunnites. Tous les terroristes, tous les kamikazes, tous les djihadistes sont sunnites. Toutes les mosquées salafistes du monde sont sunnites, tous les imams appelant à la guerre sainte contre l'occident sont sunnites.

    Mais rien n'y fait : le mal c'est la grande puissance chiite, l'Iran.

    Trump rejoint ainsi la grande cohorte des présidents américains et leurs mensonges d'Etat, dont Bush junior fut un grand symbole avec l'invention des armes de destruction massives de Sadam Hussein, qui n'ont bien sûr jamais existé. Mais elles ont justifié l'invasion de l'Irak qui a semé la ruine et le chaos au Proche-Orient.

    Le plus cocasse de l'affaire, c'est ce que c'est à Ryad que Trump a tenu ces propos. Ryad qui a engendré Ben Laden, finance chaque année la construction de milliers de mosquées salafistes dans le monde entier, arme les pires milices islamistes en Syrie (en concurrence avec le Qatar il est vrai).

    Que l'on ne s'y trompe pas : les propos du Président américain sont tout à fait réfléchis et annoncent la poursuite de l'immuable stratégie américaine depuis 1945 : soutien inconditionnel à la dynastie saoudienne. Le fait que le premier voyage diplomatique de Trump ait eu pour destination Ryad puis Israël n'est pas fortuit.

    Bien sûr, il y a des raisons économiques à ces propos : 300 milliards de dollars de contrats sont prévus entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Cela vaut bien quelques compensations verbales. Mais de là à faire de l'Iran l'organisateur du terrorisme international il y avait tout de même un semblant de vraisemblance qui aurait pu être sauvegardé...

    Obama, avec l'aide de la Russie et en dépit des efforts désespérés de Laurent Fabius avait remis l'Iran dans le jeu diplomatique. Les protestations d'Israël et de l'Arabie Saoudite n'y avaient rien changé.

    On assiste aujourd'hui à un revirement ou, plus exactement, à un retour aux sources. C'est bien ce que laissait prévoir le bombardement symbolique d'un aéroport militaire syrien il y a quelques semaines.

    Dans le même temps, on observe une augmentation des effectifs des membres des forces spéciales américaines en Syrie, vers Raqqa, capitale de l'Etat islamique, pour encadrer leurs affidés kurdes, et le long de la frontière irakienne, à Al-Tanf en particulier.

    Des soldats syriens ont même été attaqués par des avions américains pour s'être un peu trop approchés d'une base de ces forces spéciales.

    Est-ce à dire que les Américains prévoient une occupation partielle de la Syrie ? Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais une telle hypothèse réjouirait assurément l'Arabie Saoudite et Israël en coupant l'arc chiite Est-Ouest que veut mettre en place l'Iran.

    Il se pourrait donc que l'on assiste au retour de l'interventionnisme américain au Proche-Orient et, compte tenu de son bilan, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.

    Fort heureusement, par rapport à l'ère Bush, un grand changement s'est opéré entre-temps : la présence des Russes. Les Américains ont cette fois en face d'eux une puissance militaire qui tient le terrain et le connait mieux. Les deux états-majors se parlent d'ailleurs beaucoup en ce moment.

    Poutine n'a pas fait tous ces efforts pour laisser la place à l'Amérique dont la stratégie en Syrie est loin d'être définitivement arrêtée.

    Les Russes ont incontestablement plusieurs coups d'avance en Syrie et Trump devra en tenir compte. 

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Que cherchent les Américains en Syrie ?

    Trump, un nouveau Bush ?

    La bataille de Damas n'est pas terminée

    La reprise de Palmyre

    Que de monde sur le front nord syrien !

  • Zemmour : « Le monde arabe ne cesse de se désagréger » mais répand partout « la vraie religion »

    « Le petit confetti qatari tremble sur ses bases »

     

    BILLET - Zemmour reprend ici [RTL, 8.06] sa réflexion sur la situation du monde arabe - qui ne cesse de se désagréger - et de l'islamisme, lequel, malgré ses reculs sur le terrain, ne cesse de répandre « la vraie religion »  à travers le monde. On se reportera à l'analyse d'Eric Zemmour publiée ici mercredi dernier, des deux communautarismes britannique et français, l'un dans la loi, l'autre dans les faits.  LFAR

     

     

     Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    « Quand un homme de 120 kilos parle, celui de 60 l'écoute ». Selon Éric Zemmour, « cette célèbre réplique, signée Michel Audiard, pourrait résumer les récents déboires du Qatar ». Car « quand l'Arabie saoudite rassemble tous les pays du Golfe pour l'isoler, le petit confetti qatari tremble sur ses bases, surtout quand l'ogre saoudien vient de se réconcilier avec son parrain américain », analyse-t-il.

    « Depuis des années, le monde arabe ne cesse de se désagréger », constate Éric Zemmour. « Soudan, Irak, Syrie, Libye, Yémen, interventions extérieures, guerres civiles, révolutions : la balkanisation du monde arabe fait de plus en plus ressembler chaque État à une tribu avec un drapeau », poursuit-il. « Arabie Saoudite, Iran, Turquie, sans oublier Daesh : cela fait beaucoup de califes, beaucoup de guerres et beaucoup d'argent distribué
    par tous pour répandre la vraie religion, et la religion la plus pure, dans le monde entier, jusque chez nous », note-t-il.
      

    Éric Zemmour

    Voir aussi dans Lafautearousseau  ...

    Zemmour : « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits »

  • Dégagisme ?

    François Bayrou, « miraculé du “dégagisme”» ... En sursis ?

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    C'est du Québec et dans le Journal de Montréal [13.06] que Mathieu Bock-Côté tourne son regard vers la France ; celle des législatives. Regard toujours lucide qui va au fond des choses. A l'essentiel.  LFAR 

     

    2760774407.2.jpgTournons un instant notre regard vers la France.

    Emmanuel Macron, le nouveau président de la République, a confirmé son succès du mois dernier en remportant le premier tour des élections législatives visant à former l’Assemblée nationale.

    Son parti, La République en marche, qui n’existait pas il y a deux ans, a remporté une victoire écrasante.

    Effondrement

    Ce qui ressort surtout de cette élection, c’est l’effondrement des grands partis de gauche et de droite.

    Le Parti socialiste, la force dominante à gauche depuis le début des années 1970, sera condamné à une députation rachitique. Les républicains, qui représentent la droite, s’effondrent aussi. Quant au Front national, il sera condamné à une députation insignifiante.

    Évidemment, il ne faut pas confondre les apparences avec la réalité. Si une partie de la classe politique est renversée, l’idéologie dominante demeurera la même.

    La France de Macron chantera la gloire de la mondialisation, de l’Union européenne et de la «diversité», même si le nouveau président le fait avec un talent indéniable.

    Il n’en demeure pas moins qu’une partie significative de la population a voulu renverser la table et congédier les politiciens auxquels elle est habituée.

    Dégagez! On veut voir de nouveaux visages, en finir avec les oppositions habituelles. C’était le cri de colère de ces élections.

    Tout cela s’accompagne d’un parfum de révolte. On parle ainsi de dégagisme.

    Québec

    Le dégagisme s’est fait sentir ces dernières années.

    Il n’est pas étranger à la victoire de Trump et à celle du Brexit. Il vient de servir Emmanuel Macron, qui se réclame du progressisme.

    Autrement dit, le dégagisme peut servir aussi bien la gauche que la droite. Il peut servir de rampe de lancement à n’importe qui et à n’importe quoi. Il témoigne de l’exaspération populaire devant une classe politique aussi insignifiante qu’impuissante.

    Et il n’est pas interdit de penser que le dégagisme frappe aussi le Québec.  

    Mathieu Bock-Côté    

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Valeurs actuelles se trompe : ce ne sont pas les pleins pouvoirs qui sont un danger mais la politique qui sera menée !

     

    Valeurs actuelles - 15-21 juin 2017

  • Du dégagisme macronien à la Monarchie royale ?

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.5.jpgA la fin des années 1980, lors d'une campagne cantonale à laquelle la Fédération Royaliste de Bretagne participait par la présentation de trois candidats (dont moi-même en Ille-et-Vilaine), nous placardions une affiche sur laquelle était dit, en lettres capitales : « Pourquoi élisez-vous toujours les mêmes ? ».

    Trente ans après, il semble que les électeurs nous aient soudain pris au mot en exécutant, électoralement parlant, nombre de notables des anciens grands partis : les Républicains, donnés faciles vainqueurs durant les années précédant 2017 et jusqu'aux premiers jours du printemps, sont déroutés tandis que les Socialistes, qui avaient une très large majorité dans la Chambre issue de 2012, semblent condamnés à disparaître, au moins pour un temps, à la ressemblance du PASOK grec dans les années 2010... 

    Ainsi, le mouvement de « dégagisme », annoncé en ses discours par M. Mélenchon, bat son plein mais pas forcément au profit de ceux qui l'espéraient ou l'avaient théorisé : le Front National et la France Insoumise eux aussi souffrent de ce grand courant d'air qui ressemble désormais à une véritable tempête et Éole a pris le visage de M. Macron, nouveau « maître des horloges », au moins pour un temps... Bien sûr, l'abstention est forte et dépasse le nombre d'électeurs déplacés, mais que pèse-t-elle ? Cela fait des années qu'elle prospère, en particulier aux élections européennes, et cela n'a jamais rien changé, ni même influé sur les décisions prises au Parlement européen : dans un système de démocratie représentative, elle « n'existe pas », politiquement parlant, puisqu'elle est la « non-participation », ou le « retrait » (volontaire ou distrait) de la scène politique. Il n'est pas dit que, dans une Monarchie active, elle ne soit pas, d'une manière ou d'une autre, prise en compte, par exemple par un certain nombre de sièges vides dans l'assemblée concernée par le vote du moment ou par une tribune offerte, dans le cadre des débats parlementaires, à des acteurs minoritaires ou marginaux de la vie politique : il n'est pas interdit de faire preuve d'imagination en politique, et la Monarchie pourrait ouvrir de nouvelles voies de réflexion et d'action en ce domaine comme en bien d'autres. Aujourd'hui, en République, l'abstention nourrit le discours de l'opposition sans pour autant la rejoindre ou la légitimer...En somme, c'est un avertissement sans exigence ! 

    La vague macroniste, dont il faudra mesurer l'ampleur véritable au soir du second tour, est surtout révélatrice d'un besoin de renouvellement et de l'élan présidentiel qui ressemble bien à un état de grâce comme, dans le même temps, à une exigence de réussite : c'est aussi le vote pluriel de toutes les espérances, au-delà du grand système partisan qui, jusqu'aux derniers temps, dominait le monde politique et, d'une certaine manière, encageait le « pays réel ». La fin d'un ancien « pays légal » n'est pas pour autant la fin du « pays légal » lui-même, mais sa mutation, et une nouvelle identité de celui-ci, peut-être plus enraciné dans un « pays réel », ici principalement identifié à des classes moyennes et supérieures, mondialisées et connectées, qui ne sont pas forcément tout le « pays réel », mais sa pointe urbaine et progressiste, avec tous les risques que cela comporte pour les autres catégories d'icelui. Pierre Debray, le théoricien royaliste des années 1960-80, y verrait sans doute le triomphe d'une forme avancée de la bureau-technocratie (qu'il dénonçait) alliée au monde de la libre-entreprise, voire du Travail (qu'il comprenait et, pour la dernière catégorie, soutenait). 

    Il y a aussi un autre facteur qui a sans doute contribué au succès de M. Macron et de ses candidats : c'est le besoin de « passer à autre chose », de se rassurer et de retrouver une certaine quiétude (mais n'est-elle pas, aussi, une manière de fuir un réel inquiétant plutôt que de l'affronter et de le surmonter ?) après le temps des attentats et devant les craintes suscitées par une mondialisation dont beaucoup rêvent qu'elle redevienne ce qu'elle apparaissait hier, cette domination de « notre monde » sur ceux des autres ? En somme, la volonté de croire que la croissance reviendrait conforter un mode de vie auquel nos sociétés contemporaines occidentales se sont accoutumées, au risque, d'ailleurs, de perdre toute mesure environnementale et tout esprit de tradition, fut-il « critique » : la « croyssance » (selon la belle perle d'un élève peut-être plus révélatrice que beaucoup de vérités orthographiques) est une sorte d'espérance matérialiste qui trouve, qu'on le regrette ou pas, un vaste écho dans les générations contemporaines et M. Macron l'a bien compris, qui en est issu et s'adresse à elles avec des mots qu'elles comprennent, au moins pour les plus jeunes et les plus aisées. 

    La donne a changé en quelques semaines, et, pour ceux qui pensent la politique concrète, il faut bien en tenir compte, ce qui ne signifie pas se contenter de quelques constats mais réfléchir à partir de ses nouvelles réalités à leurs conséquences et aux moyens de préserver ce qui doit l'être, de critiquer « ce qui nous tue » et de préparer « l'avenir que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie » : si les royalistes oublient cette règle simple que Maurras avait qualifié d'empirisme organisateur, ils ne seront rien d'autres que les témoins effarés d'une cathédrale effondrée. Or, la Monarchie, dont M. Macron connaît les avantages et qu'il mime au lieu de la rétablir en ses formes traditionnelles et dynastiques, est plus que jamais nécessaire même si elle apparaît malheureusement trop lointaine au regard de nos contemporains. Nécessaire parce qu'elle enracine profondément la magistrature suprême au lieu de la laisser soumise sans défense aux vents violents des temps et aux aléas de la mondialisation et de l’Économie sauvage, et parce qu'elle permet que la verticalité du Pouvoir d’État n'empêche pas l'existence de pouvoirs horizontaux, du moment comme des communautés naturelles et professionnelles : « Sub rege, rei publicae* » , disait-on au Moyen âge, et la Monarchie réalise ce que la République, par essence centralisatrice, n'autorise pas. 

    Oublier que la Monarchie n'est pas qu’un simple moment de « verticalité » et d'arbitrage mais qu'elle est, d'abord et toujours, « le temps long » de la continuité sans la rigidité, celui de la « verticalité incarnée en une suite familiale », c'est commettre une erreur qui, à terme, pourrait être mortelle pour notre pays et sa pérennité : c'est une erreur qu'il faut dénoncer, et corriger... 

    * Une formule que l'on peut traduire par « Sous le patronage du roi, les libertés publiques, ou les républiques communales, sociales, professionnelles »...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Élections Législatives : la Berezina des vieux partis politiques

     

    Par Jean-Baptiste Forray    

    Jean-Baptiste FORRAY, auteur de La République des apparatchiks (Fayard, 2017), analyse ici avec humour, réalisme et lucidité, les raisons d'un naufrage [Figarovox, 12.06].  Le triomphe de La République en marche aux législatives risque d'entraîner la disparition des vieux partis politiques. Comme dirait Houellebecq, « nous n'aurons rien à regretter ». LFAR

     

    Réduits à de simples syndicats d'intérêts électoraux, le PS et Les Républicains ont oublié de penser, précipitant leur chute.

    C'est la chute finale ! Aux législatives, une débandade historique attend le PS et Les Républicains. Une Bérézina qui jette une lumière crue sur l'incurie des vieux partis, privés de chef, de militants et de projet. Au sommet de leurs organigrammes, se déploie l'empire du vide. Pour acheter la paix sociale, leurs hiérarques lèvent des armées mexicaines. Le nec plus ultra ? La direction du PS, qui se compose de 75 secrétaires nationaux et secrétaires nationaux adjoints aux intitulés parfois aussi flous que ronflants: « Préparation de l'avenir », « Croissance bleue », « Mobilisation des acteurs de quartier »… Les Républicains, aux dernières nouvelles, recensent 58 secrétaires nationaux, 20 délégués nationaux et 12 délégués classiques.

    Pour la matière grise, mieux vaut aller chercher ailleurs. En dehors d'une poignée de communiqués et de vagues notes, la production, dans ces partis zombies, flirte dangereusement avec le zéro. Bien sûr, le PS attire encore une brochette d'intellos : Matthias Fekl, Emmanuel Maurel et Guillaume Bachelay chez les quadras. Mais qui, parmi leurs camarades solfériniens, lit encore Jaurès ? Qui ose se plonger dans les abysses de Marx ? Le parti de Blum et Mitterrand traverse une éclipse intellectuelle. Dans les couloirs de la rue de Solferino, on ne trouve plus guère de Michel Rocard apte à résumer la controverse idéologique entre Lénine et le pape de la social-démocratie, Karl Kautsky ou à remonter aux sources du réformisme d'Édouard Bernstein. Qu'elle est loin, la gauche joyeuse des années 1970 ! Le PS ressemblait, alors, à une ruche bourdonnante, à des lieues de la politique professionnelle. Près de cent commissions d'études et de réflexion carburaient à plein régime. Au sein du « groupe des experts », les profs de droit côtoyaient les économistes, les scientifiques, les avocats. Aujourd'hui, c'est le désert… La commission internationale, l'appel aux spécialistes des sciences sociales, tout cela a été bazardé. Les professionnels de la profession politique qui tiennent la boutique n'en ont cure.

    Les idées ne gouvernent définitivement plus ce monde. Victimes de l'indigence de leurs apparatchiks, Les Républicains sous-traitent leur production intellectuelle à des think tanks. Lors des « rendez-vous du projet », ces laboratoires d'idées tiennent le haut du pavé. À la tribune, se relaient l'Institut Montaigne, l'Institut de l'entreprise, la Fondation Concorde et l'IFRAP. Dans la salle, personne ne bouge un cil. Les « rendez-vous du projet » se déroulent en pleine semaine, le mercredi matin. L'assistance se limite à une escouade de cheveux blancs et d'apparatchiks rivés sur leur smartphone. Le carré médias est, pour ainsi dire, vide.

    Le choc des ambitions a depuis longtemps anéanti l'ambition affichée de l'UMP : s'affirmer, non comme un parti unique, mais comme la confédération des droites. Démocrates-chrétiens, gaullistes et libéraux devaient s'unir sans se renier. Un vœu pieux. Toutes ces composantes ont été noyées dans un gloubi-boulga indigeste. Le premier parti de droite a changé trois fois de nom en moins de quinze ans. Il a oublié son histoire en cours de route..

    Dans le même temps, la formation des derniers militants est laissée en jachère. Le PS propose bien quelques sessions du type « comment animer une réunion de section » ou « Comment prendre la parole quand on n'a rien à dire ? », traduit méchamment l'ancien rédacteur en chef de la Revue socialiste Laurent Bouvet.

    Les partis ne savent plus à quel saint se vouer. Afin de raccrocher les wagons de la société civile, l'UMP de Jean-François Copé proposait du coaching pour retrouver un emploi. Le PS surfe sur la vague de l'économie du partage. Sa fondation Jean Jaurès, dans un rapport, évoque des prêts de livre. Elle préconise aussi des cours du soir ainsi que… des gardes d'enfant. À quand le ménage et le repassage ? 

    Jean-Baptiste Forray           

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    Journaliste, Jean-Baptiste FORRAY est l'auteur de La République des apparatchiks

  • Flaubert : Le rêve de la démocratie ...

     

    « Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. »

     

    Gustave Flaubert

    Correspondance

     
  • Le Prince Jean de France : Un patrimoine chrétien, vivant

     

    30378855.jpg« Rome, Chartres, Dreux. Trois lieux qui ont en commun d’appartenir à notre patrimoine chrétien, vivant.

    Rome où je viens de rencontrer le Pape François. La ville antique mais aussi le siège des successeurs de Pierre. Une ville colorée et chaleureuse avec ses rangées d’orangers parfumés, ses ballets de diplomates qui vont et viennent encadrés par des voitures de police bruyantes dans un trafic toujours plus dense mais où visiblement chacun trouve son chemin, à la « romaine ». Avec ses bâtiments avec terrasses où vous pouvez déguster votre café « ristretto » tout en embrassant d’un coup d’œil les toits de la ville, en profitant de la légère brise qui arrive d’Ostie.

    2-Chartres.jpgNous étions avec Philomena à Chartres pour la messe solennelle de clôture du pèlerinage de la Pentecôte. Quelle merveille du Moyen-Âge que cette cathédrale. Tout me plait. La voir au loin dans cette Beauce que j’aime, signe du lien tissé en France entre la terre et le ciel. Ses vitraux mis en valeur par les restaurations successives qui ont rendu au chœur tout son éclat. La liturgie de cette messe de clôture sous les bons offices de Monseigneur Pansard, évêque de Chartres, dans une cathédrale pleine à craquer de jeunes gens aux visages marqués par la fatigue, mais heureux. Ces chants du chœur qui s’élèvent sous les hautes voûtes comme un hymne d’action de grâce.

    Et notre chère Chapelle Royale, enfin, où nous venons d’accueillir les VMF de la région. Lieu de culture et de culte tel que l’a voulu le Roi Louis-Philippe. Un vrai bijou du XIXe siècle dans son architecture, sa sculpture, son orgue et ses vitraux. Une œuvre d’art inséparable de notre l’histoire chrétienne et monarchique. Eléments toujours présents aujourd’hui et je l’espère à l’avenir. Tout cela dans un cadre paisible ouvert sur la ville et la région.

    Un patrimoine vivant où les actes posés continuent de tracer l’histoire des liens qui existent entre l’homme et Dieu. »

     

    Le 12 juin 2016
    Jean de France, Duc de Vendôme

     

    « ... notre chère Chapelle Royale »

    Le site du Prince Jean de France

  • Mieux que la morale, l'indépendance de nos politiques !

     

    Par Mathieu Slama    

    Mathieu Slama appelle ici [Figarovox 2.06] à l'indépendance de nos dirigeants vis-à-vis des milieux financiers, au moment où, face à l'exaspération croissante de l'opinion publique et à la multiplication des affaires politico-judiciaires, le nouveau gouvernement projette de faire voter une loi dite de moralisation de la vie politique.  L'analyse est parfaite - comme en général les analyses de Mathieu Slama - mais son appel est plutôt un vœu pieux, comme il l'écrit lui-même, du domaine de l'espérance. L'indépendance du Chef de l'Etat - au moins lui ! - requiert un autre régime.  LFAR  

     

    3724_2016-06-22_16-49-56_Slama .jpg - Copie.pngIl semble loin le temps où Machiavel écrivait, à propos des princes, qu'ils pouvaient acquérir et conserver le pouvoir à la condition de donner l'apparence de la vertu, tout en usant des vices et ruses nécessaires à la prise et la conservation du pouvoir.

    Donner l'apparence de la vertu seulement, « car les hommes, en général, jugent plus par leurs yeux que par leurs mains, tous étant à portée de voir, et peu de toucher. Tout le monde voit ce que vous paraissez ; peu connaissent à fond ce que vous êtes, et ce petit nombre n'osera point s'élever contre l'opinion de la majorité. » (Le Prince, chapitre 18)

    Tous les grands penseurs du politique, Machiavel, Hobbes, Max Weber ou Carl Schmitt pour n'en citer que quelques-uns, ont établi une distinction nette entre la sphère politique et la sphère morale. Machiavel soulignait par exemple qu'un ministre qui ne songerait qu'à lui-même et à ses propres intérêts dans ses actions ne méritait pas la confiance du Prince, tout simplement parce qu'il n'était pas en mesure de servir l'intérêt du Prince et donc de l'État. Mais dans le même temps, Machiavel précisait que le Prince devait couvrir de richesse et d'attention son ministre pour « le conserver toujours fidèle » (chapitre 22).

    Nous vivons cependant une époque singulière. La colère du peuple français face aux écarts et aux fautes morales des hommes politiques - en particulier pour tout ce qui a trait à l'argent - ne doit pas être prise à la légère. Cette colère s'inscrit dans un contexte particulier que personne ne peut ignorer : l'accroissement des inégalités et l'aggravation de l'écart entre les plus riches et les plus pauvres, soulignées encore récemment dans un rapport publié par l'Observatoire des inégalités.

    Au sujet de la loi de moralisation de la vie publique (rebaptisée « loi pour la confiance dans notre vie démocratique »), certains ont évoqué un phénomène d'américanisation de la société française, d'autres une tyrannie de la transparence, d'autres encore une confusion entre la morale publique et la morale privée. Tout cela est sans doute vrai et mérite d'être entendu, mais comment être aveugle et sourd face à l'exaspération d'un peuple qui assiste, impuissant, aux manœuvres de ses représentants et à la perpétuation de privilèges auxquels il n'aura jamais accès ?

    Jamais les frontières entre le monde de l'argent et le monde politique n'avaient été aussi poreuses, et c'est là que devrait être le véritable enjeu de cette loi. « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille » s'écriait le Général de Gaulle, entendant par-là que la sphère politique ne pouvait être soumise et subordonnée aux forces du marché et de l'argent. Que reste-t-il de cette boutade inquiète, à l'heure où nous avons élu un président de la République qui officia plusieurs années au sein de la banque Rothschild, à l'heure où son entourage est composé, pour ne prendre que quelques exemples, d'un ancien lobbyiste d'un grand groupe du Cac40 ou encore d'un ancien lobbyiste de l'assurance ? Qu'en reste-t-il à l'heure où a été nommée, à la tête du ô combien important ministère du Travail, l'ancienne directrice des ressources humaines du groupe Danone ? N'oublions pas non plus la proximité inquiétante du nouveau ministre de l'Environnement avec les grandes multinationales, alors que son métier consiste, en partie, à imposer des normes environnementales contraignantes aux entreprises privées. Et que dire du Parlement qui est devenu, en l'espace de quelques décennies, le lieu de tous les conflits d'intérêts, où les lobbies des grandes entreprises peuvent dénaturer et défaire intégralement une loi au bénéfice d'intérêts privés ? où beaucoup de parlementaires mènent en parallèle une activité de conseil, leur permettant, par leur statut même, de modifier la loi en fonction d'intérêts purement privés ?

    C'est donc moins de moralisation dont la politique a besoin que d'indépendance. Indépendance vis-à-vis de l'argent, indépendance vis-à-vis des entreprises et donc indépendance vis-à-vis des intérêts privés qui minent la démocratie de l'intérieur. Les démocraties libérales meurent de cette confusion des genres et de leur incapacité à établir une hiérarchie nette et indiscutable entre la sphère politique et la sphère économique.

    Cette inquiétude n'est pas nouvelle. Stendhal se moquait des ambitions démesurées des industriels dans un pamphlet célèbre publié en 1832 (« D'un nouveau complot contre les industriels »), s'en prenant notamment au baron Rothschild et à tous ceux qui mettent « le bien public à la suite de leur bien particulier ». Cette réflexion n'a pas pris une ride. Il reste donc à espérer que les parlementaires honnêtes amenderont, lors des discussions au Parlement, la loi de moralisation en renforçant la lutte contre les conflits d'intérêts et l'encadrement strict des liens entre politiques et entreprises. Quitte à aller contre leurs propres intérêts personnels… 

    « Jamais les frontières entre le monde de l'argent et le monde politique n'avaient été aussi poreuses. » 

    Mathieu Slama        

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    Consultant et analyste politique, Mathieu Slama collabore dans plusieurs médias, notamment Le Figaro et Le Huffington Post, où il intervient particulièrement sur les questions de politique internationale. Il est l'auteur de La guerre des mondes, réflexions sur la croisade de Poutine contre l'Occident, (éd. de Fallois, 2016).   

     

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    Mathieu Slama : « Le grand drame de la modernité »

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  • D'accord avec Patrice de Plunkett : « Le pays est à droite » et la droite a voté Macron

     

    Un billet de Patrice de Plunkett

    Il y a certains sujets sur lesquels nous ne sommes pas toujours - ni même souvent - d'accord avec Patrice de Plunkett. Sur la description qu'il donne ici de la droite parlementaire et électorale, il se trouve que nous partageons son analyse critique et excellemment exposée.  LFAR   

     

    3626788268.jpgL'abstentionnisme est majoritaire mais « le pays est à droite » (disent les politologues), et le raz-de-marée s'est produit. Il ébranle jusqu'à des bastions LR comme les Hauts-de-Seine, Paris-XVIe, Chantilly etc. Comme on l'avait dit après le second tour de la présidentielle, la jeune bourgeoisie de droite - bénie par la vieille - est passée en bloc au macronisme.

    Le macronisme a phagocyté aussi d'autres milieux (ceux qui ne se sont pas abstenus par résignation). Mais rien d'étonnant à ce qu'il avale la bourgeoisie de droite : la politique économique et sociale annoncée par M. Macron sera, en moins balourd mais en plus radical, celle que prônait M. Fillon ; pour s'en rendre compte il n'y a qu'à voir l'embarras des candidats LR.

    La droite survivante entrera dans un enfer : rester entre gens qui ne se supportent plus. Quoi de commun entre les amis de M. Solère, libéraux macrophiles, et ceux de M. Wauquiez, libéraux trumpisants ?  Mais LR est abandonné par des électeurs macronisés ; ses élus rescapés seront condamnés à cohabiter en groupe parlementaire. Du moins dans un premier temps... Ensuite on verra. Les LR macrophiles rêvent à un effritement de l'énorme majorité REM, qui leur permettrait de se proposer comme supplétifs à M. Macron. Les LR trumpisants rêvent de créer un Tea Party gaulois avec la moitié marionniste du FN.

    A suivre !  Pour l'instant, on se permet de sourire devant les retournements de veste. Dans cette bourgeoisie de droite à sincérités successives, en janvier on nous disait de nous taire et de fléchir le genou devant M. Fillon, saint et martyr. En avril on nous annonçait que Mme Le Pen allait "faire encore plus de voix que prévu". En juin on nous déclare que le triomphe de M. Macron était écrit dans les étoiles. C'est la dynamique du bourgeois perpétuel  :  «On ne va jamais plus loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va, a dit un homme politique célèbre. »  (Henry Monnier, Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, 1852).  

    Patrice de Plunkett : le blog

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  • Naïveté des adultes ...

     

    « La naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l’on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l’enfant croit au Père Noël. L’adulte non. L’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. »

     

    Pierre Desproges

  • Macron, président de la société liquide. Le triomphe d’un monde qui ne se refuse rien

     

    Par Arnaud Benedetti

    Qui donne ici [Causeur, 12.06] une analyse vivante, lucide, de fond, du macronisme, analyse brillante et véridique que nous partageons à cette heure, en attente des actes, des faits, des politiques menées, qui permettront de juger sur pièces.  LFAR

     

    Les urnes législatives ont parlé. Selon toute vraisemblance et sauf surprise, le président de la République disposera d’une majorité confortablement absolue à l’Assemblée.

    Un monde jeune et bienveillant

    Ce nouveau monde qui surgit sur les bancs du vieil hémicycle sera jeune, bien sûr ; et aussi bienveillant, c’est-à-dire sympa ! Et puis optimiste, débarrassé des vieilleries qui encombrent nos esprits depuis des lustres – la droite, la gauche, les clivages, et ce je-ne-sais-quoi qui, à force de protéger, nécrose l’irrépressible envie d’initier, de créer, de développer… Il sera aussi souriant, de ce sourire sur commande, presque obligatoire pour saluer l’heureuse société qui, forcément, vient. Il sera enfin fluide, interactif, admiratif, un peu béat, souvent communicant, toujours inclusif.

    Ainsi va le macronisme, cette injonction à être heureux, à croire au présent, au bonheur – un bonheur économique essentiellement, où il y a peu de place pour l’interrogation existentielle, métaphysique et même… historique. Le macronisme aspire par tous les pores de sa peau idéologique les particules de l’immédiateté mondialiste, high-tech, hyper connectée, sociétale. Il en est d’abord le produit ; il n’est même pas constructiviste car le constructivisme, d’essence socialiste, suppose un volontarisme. Le macronisme prend littéralement ce que le grand poète Francis Ponge appelait « le parti pris des choses ».

    Tout surfe sur la vague post-moderne

    Rien de ce que la société sophistiquée des grandes mégalopoles occidentalisées génère ne lui est étranger ; bien au contraire il en épouse toutes les formes avec une gourmandise à peine dissimulée. Le macronisme est l’avatar politique d’une société qui ne se refuse rien, qui ne se pose aucune limite… Tout y surfe sur la vague post-moderne. Le mouvement en est le ressort comme si le nouveau monde s’opposait à l’ancien par une indétermination ontologique de toutes les formes, bien établies elles, qui nous ont précédés : du genre au statut professionnel, de l’identité aux valeurs, tout est relatif, transitoire, précaire évidemment, en transformation perpétuelle. Tout glisse en quelque sorte. Le macronisme est la première traduction politique de cette « société liquide » prophétisée par le sociologue Zygmunt Bauman. La macronisation est d’abord une dépolitisation des anciennes offres politiques ; elle reconvertit par une agrégation de contenus et de personnels les vieilles lignées pour les aspirer dans une version New Age du « catch all party », le parti attrape-tout que nos sciences politiques d’hier enseignaient aux jeunes apprentis politologues… Mais à la différence de cette grande figure des classifications de la sociologie partisane, La République en Marche ne synthétise pas les contradictions.

    Clins d’oeil à Terra Nova

    Elle les absorbe sans souci avéré de cohérence doctrinale. Elle prolifère par captation sans effort systématique de rationalisation ; elle additionne sans travailler forcément à l’interopérabilité des sensibilités. Le « en même temps », formule culte de la novlangue du jeune pouvoir, concentre sémantiquement bien des ambivalences de la formation majoritaire. Il en stocke même toutes les bombes à retardement lorsqu’adviendra, à l’issue de cette récréation électorale, le temps d’exercer effectivement les responsabilités. Au demeurant, cette organisation n’est pas un parti, mais un… mouvement. Ce qui suppose qu’elle est mue par une force motrice dont les ressorts sont des mégas faits de structure : l’immigration dont la traduction politique s’incarne dans l’éloge de la diversité, la mondialisation dont l’horizon institutionnel s’objective dans le fédéralisme européen, la financiarisation de l’économie dont l’ubérisation est le modèle. Les soubassements du macronisme s’adossent ainsi, non pas à une conception volontariste de l’organisation de la cité, mais à une soumission à quelques grandes tectoniques déstructurantes… Lovée dans l’élan de ces anomies macro-historiques, l’habileté macronienne consiste en infra à flairer des sensibilités kaléidoscopiques, à saisir des humeurs souvent contradictoires : le désir de renouvellement et les préoccupations conservatrices des élites, la soif de moralisation et le ressentiment de vieux acteurs politiques en quête d’un ultime rôle en fin de partie, le respect du classicisme qu’illustre sa communication inaugurale et des clins d’œil appuyés à la déconstruction « terra noviste »…

     

    …sur fond de vieilles recettes

    La République en Marche se nourrit de ces oxymores, refusant de choisir entre eux, les portant par une com’ toute dédiée à l’image mais économe en paroles et soucieuse de mots hyper-contrôlés. Macron donne à voir pour mieux inhiber notre capacité critique. Il sature par la profusion séquentielle de scènes bien léchées, esthétiques, nombreuses un espace médiatique souvent complaisant, un espace public sidéré par une maîtrise de la com’ qui tranche avec la spontanéité revendiquée mais maladroite de ses deux derniers prédécesseurs… Macron assure, donc rassure, dans un exercice qui relève de l’ordre de la représentation du pouvoir, du statut présidentiel. Sa démarche lente, ses choix scéniques et iconographiques nous racontent une histoire qui laisse ainsi pour le moment hors-champ le cortège d’ambiguïtés et de non-dits dont il est le produit. Son astuce est d’articuler une com’ qui tient tout à la fois du marketing et de la propagande, sorte d’hybride dont l’objectif consiste à nous faire accepter, « à l’insu de notre plein gré » , une certaine conception d’une société tout acquise aux oligarchies…

    Le jeune Macron n’invente rien, contrairement aux propos admiratifs de ses hagiographes. Il reproduit avec malice les vieilles recettes d’un des pères fondateurs et théoricien des relations publiques, Edward Bernays, qui voici plus de 80 ans considérait que « la fabrique du consentement » était l’objectif des communicants pour légitimer le pouvoir exclusif des élites. Rien de nouveau sous le soleil… 

    Arnaud Benedetti
    Professeur-associé à la Sorbonne

    A lire dans Lafautearousseau   ...

    « En même temps » …

  • Zemmour : « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits »

     

    BILLET - En quelques mots, quelques phrases, quelques brèves minutes, Zemmour a l'immense talent de caractériser une situation, un événement, de les comparer aux précédents, d'en marquer les filiations et les évolutions, d'en envisager avec lucidité les conséquences. Et de montrer, derrière les apparences, les réalités, qui décevront les naïfs.  En un sens, toutes proportions gardées, Zemmour aura été un peu notre Bainville, « le grand Bainville », comme il dit. Son maître, qui est aussi le nôtre. Cette analyse des deux communautarismes britannique et français, est, une fois de plus, est exemplaire  [RTL, 6.06].   LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    « Theresa May n’a jamais aussi bien porté son surnom de "Theresa Maybe" (Theresa peut-être) », fait remarquer Éric Zemmour. « Ce n'est qu'un peut-être, mais ce peut-être ira droit au cœur des Français : depuis le temps qu'on subissait les leçons de morale des Anglo-saxons lorsqu'on interdisait le voile à l’école, et leurs sarcasmes lorsqu'on s'horrifiait de voir des burkinis à la plage, et qu'on se faisait traiter de ringard liberticide parce qu'on défendait notre bon vieux système d’assimilation », poursuit Zemmour.

    « Mais notre satisfaction sera de courte durée », avertit-il. Selon lui, « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits ». 

    Éric Zemmour

  • Suivez mon regard ...

     

    Par Pierre Builly

    Commentaire du lundi 12 juin

     

    937767891.jpgDût la chose m'agacer énormément, je trouve les derniers épisodes électoraux assez intéressants et, d'une certaine façon, encourageants.

    D'abord, aux Présidentielles, le choix du seul candidat qui, (avec Mélenchon, peut-être) avait une vraie stature d'homme d'État. Si sympathique que me soit Marine, je crains qu'elle ait montré une absence de niveau qui s'est cruellement montrée.

    Puis l'abstention au 1er tour, qui désole tant les commentateurs ; du fait de la suppression du cumul des mandats et du dégagisme, les électeurs ont subliminalement compris que le Parlement ne sert à rien ; les 400 ou 450 députés macronistes seront priés de voter comme un seul homme et d'obéir à l'Élysée. Ce qui, à mes yeux, est absolument parfait. Sans doute beaucoup, au bout d'un certain temps, rueront dans les brancards et se rendront compte qu'ils ne servent à rien, d'autant moins qu'étant trop nombreux, leur poids relatif sera infime (c'est une grande supériorité sur la proportionnelle qui confie à des micro-partis charnières des armes redoutables).

    À quoi vont servir, pour leurs électeurs, des députés lambda qui ne seront ni maires, ni présidents de conseils départemental ou régional ? À rien de rien...

    Les électeurs perçoivent - c'est bon signe ! - que notre excellente Constitution a confié le pouvoir à un homme... Suivez mon regard. 

    A lire dans Lafautearousseau   ...

    « En même temps » …

  • Marseille : un motif de satisfaction partagée après l'élimination du cacique Patrick Menucci

     
     
    1939836_498902073553223_1794630765_n.jpgAction Française - Provence :

    Bonne nouvelle pour la surcharge pondérale de Mennucci, celui-ci va se retrouver à la diète !

    Qu’il semble loin le temps béni où notre ancien maire d’arrondissement engraissait sa bedaine grâce à une cuisine à 13 000 euros payée avec les deniers publics. Aujourd’hui, le nouveau régime ne lui réussit guère. La tapine électoraliste exercée, notamment, auprès de ses "amis" musulmans au moment de la rupture de jeûne n’aura servi à rien.

    Heureusement, il lui reste toujours la bouillabaisse promise par Mélenchon. 

     Action Française - Provence