LE FAVORI IMPORTUN ET LE FAUX ROI
PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

Benalla défie Macron. L'affaire ne cesse de rebondir. Jusqu'où ?
0ù est le problème Benalla ? Cette petite histoire de favoritisme ou d'égarement dans le choix d'un confident risque de devenir une affaire d'État, alors que, pour la chose judiciaire, les faits sont bien minces. Il se serait couvert d'un brassard de police pour mener une action de police, au demeurant justifiée... Il aurait conservé des passeports diplomatiques, mais qui lui avaient été remis régulièrement. Peut-être a-t-il encore les clefs des résidences privées de notre Jupiter à Brégançon, à La Lanterne, et au Touquet,... et même les batteries des vélos électriques ?
L'histoire de notre pays est remplie de Benallas, féminins ou masculins, favoris ou favorites, que le peuple détestait dans la mesure où il avait l'impression qu'ils - ou elles - lui volaient leur Roi. Car le Roi est donné au royaume et ses infidélités sont insupportables au peuple de ce royaume. On lui passe des maîtresses et des jeux de dés à condition qu'on le sache occupé au bonheur de ses sujets. « La violente amour que je porte à mes sujets » disait Henri IV, « m'a fait trouver, pour eux, tout agréable ». En réponse, la violente amour que le peuple portait au bon roi Henri l'a rendu très indulgent, voire complice, voire admiratif pour ses incartades conjugales.
Le problème est chez Macron
Le problème Benalla n'est pas chez Benalla. Il semble un garçon brillant, ambitieux, courageux physiquement, décidé, que les scrupules n'encombrent pas et qui peut rebondir en se servant de son passage près du Prince depuis que le Prince a choisi de ne plus le connaître. Non, le problème Benalla n'est pas chez Benalla. Il est chez Macron.
Macron, qui a une haute idée, non seulement de lui-même mais de sa fonction, a compris que le Peuple de France a besoin d'un roi, que, dans nos institutions, le Président de la République était ce roi - « ce monarque élu et provisoire » et que, à l'inverse de ses prédécesseurs, il saurait lui, être ce Roi.
Il faut se rappeler qu'il n'est pas le premier à avoir effectué ce transfert. De Gaulle disait « incarner la légitimité » ; Giscard se prenait pour un descendant de Louis XV ; Mitterrand à Versailles, dès son élection, recevant les chefs d'État étrangers, prenait des allures de souverain ; Chirac, Sarkozy et Hollande, selon la prédiction du même Mitterrand « après moi ce sera Chirac, et, en deux ans, il aura déconsidéré la fonction », ont renoncé à cette allure de magistrature suprême, ce qui a rendu plus net encore son retour avec Macron, au Louvre, le soir de son triomphe.
Mais il est un attribut de cette fonction royale qui, chez nous, en France, est fondatrice et primordiale : c'est la justice. Le Roi est le grand Juge. Le modèle est Salomon, puis saint Louis. Quand le dictateur, le président, le monarque ... n'exerce pas, en plénitude et face au peuple, pour le peuple, cette fonction de justice, il devient vite, quelles que soient ses autres qualités, un tyran.
Le tyran est celui dont on croit qu'il profite du pouvoir, de ses avantages, de sa facilité, de l'argent, pour lui-même et non pas au service du premier des biens qu'il doit au peuple : la Justice.
La Justice veut un certain apparat, pour elle-même d'abord, afin de ne pas perdre de vue la hauteur de sa fonction. Au sommet, cet apparat se résume à saint Louis sous un chêne, à Vincennes, accueillant « les plaids des justiciables ». Il faut être saint Louis pour se permettre cette bonhomie et cette simplicité. La pauvreté est le seul luxe qui convient à Dieu et à ses saints. Pour les autres, les convenances sont nécessaires.
Macron n'est pas saint Louis, et, de surcroît, la justice ne l'intéresse pas. Ses préoccupations sont ailleurs, dans l'Europe qu'il voudrait gouverner, dans le Monde multilatéral qu'il voudrait inspirer, et, peut-être aussi - pourquoi pas ?- gouverner, dans la transition écologique... dans cet univers nouveau qu'il veut faire éclore, en se débarrassant de ces fardeaux que sont la grogne et l'incompréhension de ces Gaulois qui, pourtant, l'ont élu.
Le favori
Alors Benalla devient un symbole. Il est le favori, le parvenu, l'étranger, le corrompu, celui dont la seule présence insupporte ceux qui sont appelés, à participer, de près ou de moins près, à l'oeuvre de justice : les magistrats, les policiers, les services de sécurité.
Sa présence signe le mépris du Prince pour ces hommes de service, qui remplissent leur charge, en portent les devoirs et se voient défiés, dépassés, ridiculisés par un jeune homme sorti de nulle part et que « la faveur du roi élève en un rang » qu'ils ne pourront jamais atteindre.
De Benalla, la colère se reporte sur celui qui l'a élevé, et les commerçants de la rumeur en font leur produit préféré. Sans Macron, Benalla n'était rien. Il a existé par la faveur de Macron. Il continue d'exister dans la défaveur de Macron, il devient l'un des instruments de cette défaveur.
Jusqu'où ira le feuilleton ? Les mécaniques les mieux réglées, les plans les mieux pensés, achoppent toujours sur un imprévu, heureux ou malheureux. Le soleil d'Austerlitz au matin du 2 décembre, le nez de Cléopâtre qui détourne Antoine de ses devoirs de chef de guerre... mais n'allons pas si loin, ni si haut.
La fonction royale que semble occuper Macron n'est pas pour lui, comme elle ne l'était pas non plus pour ses prédécesseurs. Benalla sert de révélateur. Il y en a d'autres, et plus importants.
« Pour une fonction régalienne », aurait dit Monsieur de La Palice, « il faut un Roi ». Et un Roi, cela ne s'invente pas, ne s'élit pas, ne se choisit pas, ne se désigne pas. Un Roi est donné, par Dieu, et reconnu par le Peuple.
Chacun alors peut trouver sa vraie place, selon sa chance ou son mérite... Benalla comme les autres. ■


Participants nombreux, salle pleine, ambiance chaleureuse ; assistance captivée par un André Bercorff au parler vrai, direct, nature, informé de tout, plein d'humour et même de drôlerie ; un débat sur la situation explosive de la France et du monde nourri par de nombreuses questions, une excellente organisation de la soirée, un riche buffet où les conversations se sont multipliées, pour clôturer la rencontre ... Nous n'en dirons pas davantage sur cet événement qu'une vidéo mise en ligne dans les prochains jours fera revivre intégralement, notamment pour nos lecteurs qui souhaiteront la regarder en France et ailleurs. Voilà de la bonne besogne, à l'honneur de l'Action Française. 






* L'Union Royaliste Provençale est la fédération régionale du Centre Royaliste d'Action Française, 10 rue Croix-des-Petits-Champs 75001 PARIS
Le Prince Jean de France a fait l'annonce officielle du décès du Comte de Paris en ces termes simples que voici :
Voici le collier de l’Ordre du Saint-Esprit ayant été remis au futur Roi Louis-Philippe (alors Duc de Chartres), par le Roi Louis XVI en 1788 et que porta le même Louis-Philippe, alors Duc d’Orléans, lors du sacre de Charles X. Transmis à l’aîné des descendants de Louis-Philippe, il fut la propriété de Monseigneur le Comte de Paris (Henri VI de France) qui le prêta au clergé de Reims pour être exposé au palais du Tau.
Nos compatriotes inclinent à percevoir le président comme le représentant des maîtres du pouvoir économique, et ne pensent pas que, de toute façon, même s’il le désirait, ou même s’il était remplacé par quelque autre, il puisse mettre en œuvre une politique qui ne satisferait pas les intérêts des détenteurs de capitaux. Ils sont, au fond, pénétrés de cette conviction fataliste que la politique d’austérité est « la seule politique possible », comme disait Alain Juppé, au temps où il était Premier ministre, en 1995. À cette époque, les Français ne se résignaient pas à ce douloureux principe de réalité, et ils partaient en grève à la moindre annonce de réforme de la SNCF ou du régime des retraites. Puis, vaincus par le découragement et par l’expérience vécue de la dégradation continue de leurs conditions de vie, déçus par les mensonges et palinodies des partis (à commencer par le PS), ils ont accepté ce qu’ils refusaient quelque vingt ans plus tôt : la réforme du Code du Travail, la réforme de la SNCF, celle des études secondaires et de l’accès aux études supérieures, etc. Ils ont, certes, montré avec le mouvement des Gilets jaunes les limites de ce qu’ils pouvaient supporter. Mais ils sont néanmoins sans illusion. Et cela explique à la fois la résignation de ceux qui souhaitent un arrêt du mouvement, persuadés de l’inanité de la poursuite de cette action, et la détermination désespérée de ceux qui rechignent à lever le camp, refusant que tout continue comme avant. C’est la révolte de l’impuissance, de tous ceux qui sont écrasés par des forces économiques qui les asservissent, et qui ne voient pas comment s’en délivrer pour améliorer leur sort, et qui croient leurs dirigeants politiques aussi incapables qu’eux-mêmes de changer les choses (les socialistes, en 1981, disaient « changer la vie »), à supposer qu’ils en aient l’intention. Ce que révèle le mouvement des Gilets jaunes, c’est que les Français sont des victimes impuissantes, et qui croient leurs dirigeants eux aussi impuissants. Et ce ne sont pas les derniers événements qui vont infirmer ce jugement. Dernièrement, nous avons vu Ford refuser tout net le sauvetage de son usine de Blanquefort, malgré ses promesses, à la colère de notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, qui ne peut rien faire d’autre que se déclarer « indigné » et « écœuré », c’est-à-dire trépigner d’une rage impuissante. Certes, M. Le Maire, inspecteur des Finances, connaît très bien le monde de l’industrie et du business, et est donc peut-être moins surpris et indigné qu’il ne l’affirme. Mais cette hypothèse confirmerait alors l’idée d’une collusion entre le pouvoir politique et le pouvoir économique (nonobstant certains accrocs), et cela n’est pas fait pour réconcilier les Français avec leurs représentants et dirigeants.
À l’évidence, un tel pouvoir ne peut plus prétendre représenter la nation. Souvenons-nous, d’ailleurs, que M. Macron n’est que l’élu des deux tiers de 43% d’électeurs inscrits, autrement dit d’une très étroite minorité. L’affaire des Gilets jaunes aura aggravé ce déficit de légitimité. Il est d’ailleurs inquiétant de songer à la possible influence de ce mouvement sur notre vie politique. À quoi ressemblerait une république des Gilets jaunes ? À une sorte d’anarchie, sans dirigeants, sans hiérarchie, sans représentants élus. Quelle peut être l’influence des Gilets jaunes sur les élections ? Une phénoménale abstention, ou des listes ou candidatures individuelles de Gilets jaunes absolument dissonantes. Cela promet.
À peine Macron a-t-il annoncé, dans son discours de fin d’année, l’ouverture d’un « grand débat national » cadré par une Lettre aux Français à paraître au milieu de ce mois, que le collectif des Gilets jaunes, La France en colère, lui écrit une lettre ouverte, datée du 3 janvier, destinée à expliquer que non seulement son propos ne les a en rien convaincus, mais qu’ils restent plus que jamais déterminés à poursuivre leur action, persuadés qu’ils sont de sa légitimité, nonobstant les sondages. Ce fléchissement, d’ailleurs, quoique important, est relatif, puisque les Gilets jaunes peuvent encore compter sur 55% d’approbations, selon un sondage tout récent (4 janvier) d’Odoxa Dentsu consulting. Sous la plume de Priscilla Ludovsky, Éric Drouet et Maxime Nicolle, le collectif accuse le pouvoir de chercher à endormir les Français, et affirme sa résolution de relancer le mouvement, prévoyant la possible transformation en « haine » de la « colère » populaire, au cas où le président persisterait à ignorer leurs revendications. Et de relancer, dans la foulée, l’exigence de la tenue du fameux référendum d’initiative citoyenne, dont nous avons dit, plus haut, ce que nous en pensions.
10h22 ce matin à ma montre.

Aujourd’hui, ironie de l’Histoire, voilà que les Etats-Unis, par la bouche de leur erratique président, semblent remettre en cause leur propre appartenance à l’Otan. Cette organisation, ce sont les Etats-Unis plus vingt-huit autres Etats membres. Les arguments comptables de M. Trump sont parfois contestables mais, finalement, il est exact que ce sont bien les Etats-Unis qui financent l’Otan pour l’essentiel (25% du budget de l’organisation et jusqu’à 70% de ses dépenses d’intervention). Arguant de cet état de fait, M. Trump vient donc d’évoquer la possibilité d’un retrait pur et simple si les autres membres ne se décident pas à payer davantage. Cela aurait pour première conséquence de laisser les Européens en tête-à-tête avec la Russie de M. Poutine : inutile de préciser que cette perspective ne déclenche pas de ce côté-ci de l’Atlantique les habituelles moqueries médiatiques à l’encontre du président américain. Il s’agirait en fait d’un véritable séisme géopolitique résultant de la simple mise à nu de la vérité : il n’existe pas de défense européenne, l’Union ayant toujours été incapable de sortir de sa matrice commerciale et financière. Plus de « parapluie nucléaire » américain donc, sauf pour la France et la Grande-Bretagne.
Il faut toutefois comprendre que cet éventuel retrait américain, ou pas, de l’Otan est l’option basse et qu’existe aussi une option haute car, avec M. Trump, les choses ne sont pas aussi simples que peuvent le penser les simplistes commentateurs de la presse française. En réalité, en bon manager, M. Trump menace un peu pour peut-être obtenir encore plus : il vient en effet d’annoncer également son intention de relancer la fameuse « guerre des étoiles », cette idée de feu M. Reagan,
La voie est étroite et c’est au pouvoir politique qu’est dévolue la tâche essentielle de conjuguer au mieux alliances et souveraineté. Pour l’instant, l’Allemagne reste l’horizon indépassable de l’Elysée. M. Macron retrouvera ainsi Mme Merkel à Aix-la-Chapelle, demain, 22 janvier, pour la signature conjointe d’un nouveau traité franco-allemand, cinquante-six ans après celui de l’É



