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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1227

  • La leçon de Davos

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgM. Macron avait sans doute raison de chercher à profiter du sommet de Davos pour réunir, en guise d’introduction, quelque cent-quarante patrons de grands groupes internationaux à Versailles, lieu hautement symbolique de la grandeur française. Il a cependant commis une faute grave en privilégiant la langue anglaise (« Choose France») portant ainsi un coup très dur à une langue, le français, pour laquelle on avait cru comprendre précédemment qu’il ambitionnait un bel avenir. Parler anglais à Versailles pour mieux intégrer le club forcément anglo-saxon de la mondialisation, constitue un acte d’allégeance linguistique, reniement qui pourra coûter cher sur le plan politique - beaucoup plus que les résultats purement comptables d’un show qui restent très limités. 

    On pouvait donc attendre le pire à Davos, devant un public par avance sous son charme. Surprise : après une vingtaine de minutes en anglais et un « France is back » hollywoodien, M. Macron s’est exprimé une demi-heure en français pour sa leçon du jour. Notre président, ce « libéral, partisan de l’économie de marché, de la désinflation réglementaire et de la limitation de la pression fiscale » (M. Guetta, France Inter, 25 janvier), explique donc aux maîtres du monde que le processus actuel dit de « mondialisation » va à l’échec, parce qu’il génère chaos, misère et révolte, et qu’il faut donc en modifier la nature, c’est-à-dire cesser de pratiquer un dumping social et fiscal. Et M. Macron d’affirmer, avec des accents dignes d’un Victor Hugo, que « le défi est maintenant de savoir si l’on sait refonder un vrai contrat mondial […] autour du devoir d’investir, du devoir de partager et du devoir de protéger » 

    Si on est un croyant, on peut se lever, applaudir, tomber dans les bras les uns des autres en pleurant à l’évocation de l’avenir radieux qui attend(rait) l’humanité libérale. Mais, et M. Macron est trop intelligent pour l’ignorer, sa mise en garde, étant donné la nature des choses, constitue plutôt une analyse des raisons de l’échec humain programmé de la globalisation. Ceux à qui profite la situation n’ont aucune raison de changer. Mme Merkel a redit à Davos son attachement au libre-échange. On la comprend, la balance commerciale allemande étant excédentaire d’environ deux cent cinquante milliards d’euros. Ceux à qui la situation est préjudiciable prennent les mesures qu‘ils peuvent. Les Etats-Unis, champions du monde du déficit avec cinq cents milliards de dollars, ont à leur disposition la planche à billets et les mesures protectionnistes de M. Trump (« Je ferai toujours passer l'Amérique en premier » a-t-il d’ailleurs indirectement répondu à M. Macron).

    M. Macron ne peut pas raisonnablement penser que son appel sera entendu. Ce sont en effet les déséquilibres qu’il dénonce qui permettent aux gagnants de s’enrichir au détriment des perdants. Il est donc naïf de croire qu’oligarchies et Etats bénéficiaires renonceront à ce qui est devenu leur raison même d’exister. N’en déplaise donc à M. Macron, en tout cas à rebours de son idéologie, nous pensons que son discours est porteur d’une leçon réaliste : le paradis sur terre libéral n’existe(ra) pas et il convient d’en tirer les conclusions qui s’imposent.  

  • À suivre – Stéphane Blanchonnet : Commémorons Maurras avec Mme Nyssen ou sans elle !

     

    Par Stéphane Blanchonnet

    En donnant cette tribune à Boulevard Voltaire - où elle a été publiée hier dimanche - Stéphane Blanchonnet dit fort bien ce qu'il faut penser du tollé que soulève dans une frange d'ailleurs déclinante de l'opinion intellectuelle, l’inscription du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Maurras [1868], au programme des Commémorations du ministère de la culture pour 2018. Voilà bien confirmation du double statut de Maurras : l'officiel, parfois exprimé dans la formule M. le Maudit, que tente d'imposer la pensée encore dominante, l'officieux ou pour mieux dire le réel qui est celui de contemporain capital, selon la formule du professeur Olivier Dard. Les deux statuts se combinent d'ailleurs ici significativement car, retirée ou non, la commémoration des 150 ans de la naissance de Maurras, nonobstant toutes rétractations et polémiques ultérieures, a bien été inscrite au programme du ministère de la culture pour l'année en cours.  A suivre, certainement.  LFAR

     

    648211564.jpgL’annonce récente de l’inscription de Maurras, - qui aurait eu 150 ans cette année -, au programme des Commémorations du ministère de la culture pour 2018, provoque une de ces polémiques quasi quotidiennes qui agitent les réseaux sociaux… Tous les censeurs professionnels sont à la manœuvre  : Corbière, la LICRA, Valls etc, et le ministre de la culture lui-même, Mme Nyssen, se voit contrainte, face à ce déchaînement de raccourcis et de caricatures, de rappeler cette évidence que commémorer un personnage important de l’histoire et des lettres françaises ne signifie pas adhésion totale à sa personne et à ses écrits !

    La vérité est que cette polémique est emblématique de la situation paradoxale de Maurras. Tout le monde, même parmi les demi-habiles et les demi-cultivés qui font la pluie et le beau temps dans le peu qu’il reste de vie intellectuelle française, connaît le nom du maître de l’Action française (plus, éventuellement, quelques citations polémiques et sorties de leur contexte) mais personne ou presque n’a lu une seule œuvre de ce géant de notre littérature, auteur de centaines d’ouvrages et de milliers de pages, qui firent les délices et l’admiration de Proust, Apollinaire, Cocteau, Kessel, Malraux, De Gaulle ou même Lacan. 

    Au fond, que Maurras soit ou non maintenu (il a semble-t-il été retiré depuis la rédaction de cet article) à la place qui est légitimement la sienne dans cette liste d’événements ou d’auteurs à commémorer dans le cadre officiel importe peu. Les censeurs pressés et incultes qui se sont manifestés lui ont finalement rendu le meilleur des services en attirant l’attention sur lui au moment ou la réédition d’une partie de son œuvre littéraire, politique et critique, est annoncée pour avril prochain chez un grand éditeur. 

    Le vrai public cultivé ira aux œuvres et jugera sur pièces !  

    Professeur agrégé de lettres modernes
    Président du Comité directeur de l'Action française
  • Dédié aux nigauds indignés : où 2 auteurs célèbres dédicaçaient leurs livres à Maurras : ici Cocteau et De Gaulle ...

     

    Posté par Stéphane Blanchonnet sur les réseaux sociaux. Dans la bibliothèque de Charles Maurras, il y a des centaines d'autres dédicaces de toute l'intelligence française du siècle écoulé ...

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Le le prince Jean de France reçoit Stéphane Bern et l’équipe de « Secret d’Histoire »

     

    3589780.jpgVendredi 19 janvier, le Dauphin de France a reçu au Domaine royal de Dreux, Stéphane Bern et l’équipe de l’émission « Secrets d’Histoire » pour un tournage consacré au roi Louis-Philippe et à son épouse la reine Marie-Amélie.

    L’émission, présentée par Stéphane Bern, fera découvrir ou redécouvrir au plus grand nombre le joyau du Domaine royal de Dreux : la Chapelle royale Saint Louis, « On présentera les tombeaux, on racontera les lieux, on descendra dans la crypte. Il y a ici toute une famille qui a représenté un moment de notre histoire et qui continue de l’écrire. »

    Interviewé par les journalistes de l’Écho Républicain, le célèbre animateur a annoncé que lors de cette émission, il fera une révélation sur Louis-Philippe et son domaine de Dreux…Le secret sera révélé lors de la diffusion de l’émission sur France 2, au printemps…  

    Source La Couronne

  • Livres • Ernst Jünger et la vie magnifique

     

    Par Rémi Soulié

     

    R. Soulié.jpgLECTURE - Luc-Olivier d'Algange a publié, Le Déchiffrement du monde : La gnose poétique d'Ernst Jünger, aux éditions de l'Hamattan. Rémi Soulié nous invite à découvrir cette méditation sur le Temps, les dieux, les songes et symboles. 

    Les poètes sont de singuliers alchimistes qui tendent moins à transformer en or les métaux vils qu'à montrer (au sens de la monstration) la beauté de l'être derrière le fatras plus ou moins informe des temps. Telle est la vocation de Luc-Olivier d'Algange, qu'il illustre dans ses poèmes, ses essais — qui sont aussi des poèmes — et dans sa vie — qui en est un aussi tant nous la savons contemplative, accordée aux œuvres, aux heures et aux saisons. 

    Ernst Jünger, dont on célébrera en 2018 le vingtième anniversaire de la disparition, compte de longue date au nombre de ses intercesseurs, de ses compagnons de songes et d'exactitudes, lesquels ne sont séparés que par des esprits obtus, ennemis de la nuance et des nuages - le mot est le même -, bref, des esprits modernes oscillant entre fanatisme et relativisme, avers et revers de la pendeloque nihiliste, la pendeloque désignant aussi l'excroissance de peau que les chèvres portent sur l'avant du cou.

    Comme il n'est de voyage qu'initiatique et de pèlerinage que chérubinique, Le Déchiffrement du monde - dont l'alphabet, par définition, est l'invention de Novalis, entre Saïs et Bohême -, publié dans la superbe collection Théôria, dirigée par Pierre-Marie Sigaud aux Éditions L'Harmattan, est une carte où lire la géographie d'un esprit, d'un cœur et d'une âme, non sur le mode universitaire, scientifique et technique, mais sur celui, musical, qui convient aux muses orphiques, celles-là mêmes que Philosophie, hélas, congédie au début de la Consolation de la philosophie de Boèce mais que Métaphysique, dans l'œuvre de d'Algange, réintroduit prestement. Il ne faut pas non plus s'attendre à une lecture politique ou, a fortiori, idéologique de l'œuvre de Jünger : place à une lecture de haute intensité, à un discours de la méthode, à une herméneutique infinie comme le monde fini !

    Le « vaisseau cosmique » dans lequel nous sommes embarqués et dont nous sommes convoie en effet aussi bien les galaxies que les cicindèles, les unes et les autres correspondant analogiquement entre elles en vertu de la loi des gradations elles-mêmes infinies et d'une gnose héraldique où le visible est l'empreinte de l'invisible. Nous sommes parvenus à un point tel de l'involution que très peu, c'est à craindre, reconnaîtront là leur pays.

    Ce livre, comme tous ceux de Luc-Olivier d'Algange, est donc écrit pour les « rares heureux » stendhaliens ou ceux qui forment les pléiades des « fils de roi » chers à Gobineau — fort heureusement, leurs privilèges se transmettent à quiconque (déserteurs gioniens, rebelles et anarques jüngeriens…) échappe au règne titanique et despotique de la quantité. Dans sa Visite à Godenholm, citée par d'Algange, Jünger évoque d'ailleurs ces « petits groupes » qui, dans les déserts, les couvents et les ermitages, rassemblent des irréguliers, stoïciens et gnostiques, autour de philosophes, de prophètes et d'initiés gardant « une conscience, une sapience supérieure à la contrainte et à l'histoire. »

    En dix chapitres — « Ernst Jünger déchiffreur et mémorialiste », « Le nuage, la flamme, la vague », « L'art herméneutique », « Le regard stéréoscopique », « L'œil du cyclone : Jünger et Evola », « Le songe d'Hypérion: Jünger et Hölderlin », « De la philosophie à la gnose », « La science des orées et des seuils », « L'Ermitage aux buissons blancs », « Par-delà la ligne » — d'Algange pulvérise la fallacieuse distinction qui oppose un premier Jünger nationaliste, belliqueux et esthète à un second, contemplateur solitaire et méditatif. Il montre - là encore, au sens de la monstration, contre les démonstrations pesantes et disgracieuses - que Jünger vécut une seule et unique expérience spirituelle dans laquelle la contemplation est action, et inversement, ce qui échappe aux modernes empêtrés dans les diableries des scissions entre le sujet et l'objet, l'un et le multiple, l'immanence et la transcendance, le temps et l'éternité, l'être et le devenir, Dieu et les dieux, etc. Voilà d'ailleurs pourquoi d'Algange n'a jamais écrit qu'un seul livre — mais c'est un chef d'oeuvre : l'art poétique et métaphysique des symboles. « L'éternel devenir de la vérité de l'être, écrit-il, surgit sous les atours de l'intemporel, à la pointe de l'instant, sur la diaprure de l'aile du moucheron, dans l'irisation de la goutte de rosée que le premier soleil abolit, nuance dans la nuance. »

    Le Cœur aventureux, à rebours des assurances bourgeoises, des morales puritaines et utilitaristes, du pathos humanitaire et psychologique, s'est glissé dans les contrées du monde sensible et intelligible armé de la « raison panoramique » qui, à la différence des logiques binaires ou dialectiques, embrasse ainsi la totalité et fait briller la coincidentia oppositorum que nulle analyse ne décompose. La synthèse intuitivement perçue du Tout y resplendit avec ses anges, ses papillons, ses champs de bataille, ses rêves, ses mythes, ses légendes, ses collines et ses rivages, ses formes, ses types et ses figures dont celles du Soldat, du Travailleur, du Rebelle et de l'Anarque. Tout y est subtil comme une chasse, comme une pensée qui est une pesée, « l'étymologie étant, avec les sciences naturelles, l'art héraldique par excellence. » De ce point de vue, Jünger hérite du romantisme allemand et prolonge bien sûr cette « Allemagne secrète » dont Stefan George fut le héraut inspiré.

    Dans cette miniature lumineuse qu'est Le Déchiffrement du monde, la perspective souligne les dimensions de hauteur et de profondeur où se meut naturellement et surnaturellement Jünger. L'approche y est qualitative et courtoise, comme dans un ermitage creusé dans des falaises de marbre où il serait encore possible de lire et d'herboriser — ce qui revient au même — loin des hordes forestières. C'est ainsi qu'Ernst Jünger et Luc-Olivier d'Algange nous initient à « la vie magnifique ». Magnifique, oui, le mot s'impose.  

    Rémi Soulié, écrivain, essayiste, critique littéraire, collaborateur du Figaro Magazine, est, entre autres, l'auteur de Nietzsche ou la sagesse dionysiaque, Pour saluer Pierre Boutang, De la promenade : traité, Le Vieux Rouergue.

    Figarovox du 12.12.2017

    Lire aussi ...

    Pour saluer Pierre Boutang, Rémi Soulié, éd. Pierre-Guillaume de Roux, 140 pages, 21€ 

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Education • Pour un certain élitisme scolaire

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [25.01] Mathieu Bock-Côté pointe avec raison l'égalitarisme scolaire qui vise à couper tout ce qui dépasse, et nuit aux plus doués, abaisse dramatiquement le niveau culturel de nos sociétés, empêche la formation d'élites cultivées. Mathieu Bock-Côté a raison. Et ce qu'il dit pour le Québec vaut évidemment pour la France.    LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    Le dossier du Journal sur le mauvais sort réservé aux surdoués à l’école en dit beaucoup sur certains travers de la culture québécoise.

    On veut croire qu’ils n’ont pas de besoins particuliers. On fait presque comme si leur intelligence était un défaut : elle fracture l’illusion égalitariste à laquelle le milieu de l’éducation tient beaucoup. On refuse de croire à la diversité des talents.

    Intelligence 

    Si des enfants sont plus doués que d’autres, on l’explique seulement par leurs origines sociales. Tous les enfants seraient également intelligents : c’est seulement que certains auraient profité d’un milieu avantageux pour cultiver leurs talents, et d’autres non.

    Un certain égalitarisme pousse à couper tout ce qui dépasse. On veut bien qu’il y ait une élite sportive ou artistique, mais certainement pas une élite intellectuelle.

    On le constate au quotidien, d’ailleurs. Celui qui s’exprime avec trop d’aisance en français et qui ne s’interdit pas l’usage de mots auxquels nous ne sommes pas habitués sera accusé de snobisme.

    Celui qui se permet quelques références philosophiques ou historiques dans la vie publique sera présenté comme un pelleteur de nuages seulement bon pour inspirer les moqueries.

    Faut-il rappeler qu’à la radio comme à la télévision, on ne trouve aucune émission exigeante et de qualité consacrée aux livres et aux grands débats de société ?

    Il faudrait avoir le courage d’un certain élitisme scolaire. Non pas pour séparer les plus doués de l’ensemble de la société, mais pour leur permettre de développer leur plein potentiel.

    Pourquoi faudrait-il s’en vouloir de créer des classes de douance pour ceux qui en sont capables ?

    Les parents sont à la recherche de cette culture de l’excellence scolaire, ce qui les pousse vers l’école privée, où ils croient trouver un certain encadrement pour leurs enfants.

    Mais on se raconte des histoires quand on s’imagine que le privé est le gardien d’une définition substantielle de la culture. Lui aussi a cédé, très souvent, à la négligence culturelle qu’il croit compenser par la surdose technologique.

    À quoi pourrait ressembler une politique de l’élitisme scolaire ? Fondamentalement, elle devrait chercher à identifier les jeunes les plus doués, quel que soit leur milieu d’origine. Elle devrait même faire un effort de plus vers les milieux défavorisés pour repérer le talent brut qui n’a pas été exploité. Il s’agirait ensuite d’élaborer un programme permettant leur plein épanouissement.

    Il faut savoir aussi quelle idée de l’excellence on valorise. Elle ne devrait pas relever seulement de l’obsession mathématique et scientifique.

    Culture

    Le mauvais sort réservé à la littérature, à l’histoire et plus largement aux humanités est quasi criminel. Une élite de qualité est une élite cultivée.

    Évidemment, cela ne veut pas dire qu’il faut accorder aux surdoués un monopole sur la culture. Cela veut encore moins dire qu’ils ont le monopole de l’intelligence. Tout le monde a droit à une éducation de qualité.

    Cela veut seulement dire qu’on donne à ceux qui peuvent en faire plus l’occasion d’en faire plus.    

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Cinéma • Blade runner 2049

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    Blade runner 2049, une Science-Fiction américaine de Denis Villeneuve, avec Ryan Gosling et Harrison Ford. 

    C’est le 3ème film de Denis Villeneuve que j’aurais pu avoir le plaisir de voir.

    Malheureusement autant j’ai aimé les deux premiers (Sicario et Premier contact), autant celui-ci m’a fortement déplu. Il est particulièrement compliqué et j’avoue n’y avoir rien compris ; non seulement il est trop long - 2h43 ! - avec une alternance d’explosions, de violences et de gros plans, mais la fin est interminable…

    Il est vrai que les deux critiques que j’avais entendues, sur ma télé alternative, étaient  « en même temps » (comme Il dit) positives et réservées. J’ai donc été étonné qu’un 3ème critique de cette télé (je ne dénoncerai ni l’un ni l’autre) inscrive ce Blade runner 2049 en « choix n°3 » pour l’année 2017, de même qu’il figure dans les seize films sélectionnés par Télérama.

    Je le catalogue, pour ma part, dans la douzaine de films 2017 à éviter. 

    2h43 de long-métrage… ça donne le temps de réfléchir, et de s’interroger sur la science-fiction qui donne toujours une vision infernale – au sens propre du terme – de l’avenir.

    Les réalisateurs sont-ils des lanceurs d’alerte ?

    Sans doute les bisounours du « vivre ensemble », ont-ils une petite voix intérieure qui leur souffle que Non, « Tout le monde il (n’)est (pas) beau, tout le monde, il (n’)est (pas) gentil ».  

    PS : En guise d’étrennes 2018, je vous propose mon blog  Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017). Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog.   https://jecinemat.wordpress.com

  • Louis XVI 2018 ! Une très, très longue liste ... Et les derniers rendez-vous aujourd'hui ...

     

    Women's_March_on_Versailles01.jpg

    « On est près du grand mouvement de l’inversion ». Lequel ? Celui qui mettra en cause la Révolution, la Révolution historique (« La terreur est dans son ADN ») mais aussi la Révolution agissant aujourd’hui. « Il y a des signes du sursaut ; des gens qui bougent ; des voix qui s’élèvent et qui parlent de plus en plus fort ». Philippe de Villiers 

    Vous trouverez ici, au fur et à mesure qu'elles seront annoncées, les messes et activités prévues dans votre région - du moins, toutes celles dont nous aurons eu connaissance. Vous aurez certainement à cœur d'y prendre part. Il ne s'agit pas de simples commémorations et votre présence, nombreuse, leur donnera leur plein sens actuel.  

    Annonces

    Nous publierons ici la liste des messes, conférences, débats et manifestations dont nous aurons eu connaissance. Une très très longue liste ...

    Les organisateurs de messes et manifestations autour du 21 janvier 2017 peuvent, d'ores et déjà, nous en communiquer les détails, pour être publiés ici. [Courriel : lafautearousseau@outlook.fr]

    VENDREDI 19 JANVIER

     Fontainebleau : 18h45, Eglise du Carmel, 6 bis Boulevard Maréchal Leclerc. 

    • Épinal : 18h30, Église Saint Antoine, 12, rue Armand Colle. 

    SAMEDI 20 JANVIER

    • Paris : 

    →11h, Saint-Germain-l'Auxerrois, paroisse des Rois de France, Messe célébrée à la demande de l’Oeillet Blanc pour le repos de l’âme du roi Louis XVI, en présence des Princes de la Maison de France.  

    → Marche aux flambeaux, rdv à l'Eglise Saint Roch, 296 Rue Saint Honoré (1er arrdt), à 16h.

     Marseille : 

    →11h, Basilique du Sacré-Coeur, 81 avenue du Prado. La Messe, dite à la demande de la Fédération Royaliste Provençale et Action Française Provence, ainsi que du Souvenir Bourbonien, sera célébrée par Mgr. Jean-Pierre Ellul, recteur de la basilique. Une rencontre suivra l'après-midi.

    →18h30, Eglise Saint-Pie X, 44 rue du Tapis Vert.

     Saint Denis : 12h, Basilique royale.

     Toulouse : 11h, Chapelle Saint Jean Baptiste, 7 rue Antonin  Mercié.

    • Dijon : 18h15, Prieuré de la Sainte- Famille, 4 rue Pierre Thévenot.

    • Strasbourg :  16h, Cathédrale Notre-Dame.

     Toulon :

    18h30, Eglise Saint-François de Paule.

     11h, Eglise Saint Pierre ès Liens, lotissement des Oliviers, route du Val d'Ardennes.

     Amiens : 18h30, Chapelle Saint-Vincent-de-Paul, 54 ter rue Jules Barni.

     Angoulême : 11h, Eglise de Roullet .

     Saint-Raphaël - Le Trayas  : 10h30, Chapelle Sainte-Thérèse, 382 boulevard Théodore-Guichard. 

     Chambéry : 19h, Cathédrale, 6 rue Métropole.

     Montélimar : 17h, Chapelle Notre-Dame de la rose. 

     Carcassonne : 17h, Basilique Saint Nazaire et Saint Celse.

    • Fontaine-les-Dijon : 11h00, Basilique de la Maison Natale de Saint Bernard, Place des Feuillants.

    • Quimper : 9 h, Cathédrale Saint-Corentin.

     Équemauville (Calvados) : 10h, Eglise d'Equemauville.

     Louailles (Sarthe) : 11h, Eglise de Louailles.

     Butry-sur-Oise (Val d'Oise) : 10h. Rue de la Division Leclerc.

     La Gaubretière : 10h30, Chapelle de la Sainte-Famille (Ramberge).

    Coligny (Ain) : Église Saint-Martin.

     Rambouillet : 18h30, Église Saint Lubin, Place Jeanne d’Arc.

    • Nantes, 17h, dépôt de gerbe et allocutions au pied de la Colonne Louis XVI.

     Versailles  : A 19h, Messe de requiem en l'église Notre Dame des armées, 4, impasse des gendarmes.

     Béziers : 17h, Chapelle des Pénitents bleus, 4 rue du 4 septembre.

     Lectoure : 11h, Cathédrale Saint Gervais et Saint Protais.

     Merigny (Indre) : 11h, Chapelle de la Fraternité de la Transfiguration, lieu dit Le Bois.

    Belgique

     Bruxelles : 11h, Eglise du Couvent Saint-Anne, avenue Léopold-Wiener.

    • Tournai : 10h Cathédrale Notre-Dame.

    DIMANCHE 21 JANVIER

     Paris : 

    → 10h, Rassemblement Place de la Concorde (statue de Rouen, devant l'Hôtel de Crillon)...

    → 10h30, Chapelle Expiatoire, Square Louis XVI, 29 Rue Pasquier (8ème). 

    → 11h, Eglise Saint Eugène - Sainte Cécile, 4 Rue du Conservatoire (9ème).

    → 18h30, Saint Nicolas du Chardonnet, 23 rue des Bernardins (5ème)

    • Marseille : 16h30 Monastère Orthodoxe du Saint Archistratège Michel de Marseille, 2, rue Briffaut.

    • Lyon : 10h, Eglise Saint-Georges.

     Lille : 10h30, Chapelle Notre-Dame du Rosaire, 56 Avenue Emile Zola.

     Nantes : 10h, Chapelle du Christ-Roi, 88 rue d’Allonville.

    • Nancy : 10h30, Eglise Marie-Immaculée, 33 Avenue du Général Leclerc. A partir de 12h30, Fête des Rois de l'USRL et de La Lorraine Royaliste : repas à l'Auberge de Maître Marcel, angle route de Martinvaux et Maron-Chaligny (renseignements : lalorraineroyaliste@yahoo.fr ou 06 65 64 73 17).

    • Angers : 8h, Église Notre-Dame des Victoires, Place Imbach.

     Aix-en Provence : 10h, Chapelle des Pénitents gris, dits Bourras, 15 rue Lieutaud.

    • Brive-la-Gaillarde : 10h45, Église Saint-Paul-de Rivet, 52-58 Boulevard Roger Combe.

     Faye-d'Anjou : 11h, Prieuré Saint-Louis-Marie Grignion de Montfort, Route Chavagnes Bonnezeau.

    • Metz : 9h, Église de l'Immaculée-Conception, 47 rue des Trois Évêchés.

    • Nice :

    10H, Chapelle des Pénitents rouges (dans le Vieux-Nice).  

    10h30, Eglise Saint Paul, avenue de Pessiscart (paroisse Sainte Jeanne d'Arc).

     Salency (Oise) : 18h, Église Saint Médard

     Afa (Corse) : 10h, Prieuré Notre-Dame-de-la-Miséricorde (lieu-dit Corociole).

     Belloy-en-France : 11h, Eglise de Belloy.

     Biarritz : 11h, Eglise Saint-Martin, 4 Rue Saint-Martin.

     Villefranque (Loire Atlantique) : 10h30 Chapelle Notre-Dame des Naufragés Chemin Bellevue Z A Duboscoa.

     Chemillé (Maine-et-Loire) : 10h30O, Chapelle Saint-Joseph, 14 rue du Presbytère, à 10h30.

     Montargis : 10h, Chapelle du Château, 2 rue du Château.

     Utrecht (Pays-Bas) : 17h à Minrebroederstraat 21.

     Meudon : 9h30, Eglise paroissiale.

     Tonnay-Charente : 10h30, Eglise Saint Étienne.

     Bordeaux : 10h, Paroisse Saint- Éloi, Rue saint James - Grosse Cloche. Paroisse Saint- Éloi.

     Tonnay-Charente : 10h30, Eglise Saint Étienne.

     Verdelais (Gironde) : 15h, Notre-Dame-de-Verdelais

     La Chapelle d'Angillon (Cher) : 18h, Chapelle du château de Béthune.

     Massais : 19h30, Eglise saint Hilaire.

    Pays-Bas

     Utrecht : 17h à Minrebroederstraat 21.

    LUNDI 22 JANVIER 2018

     Paris : 19h, Paroisse Saint Eugène Sainte Cécile, Rue du Conservatoire (ème arrdt).

     Grenoble : 18h, Collégiale Saint André, Place Saint André.

    • Saint-Étienne : Chapelle Saint-bernard, 9 rue Buisson.

     Olonne-sur-Mer (Vendée) : 18h30, Chapelle du Sacré Coeur.

     Lyon : 18h30, Prieuré Saint Irénée, 23 quai Perrache.

     Perpignan : 18h30 église Saint Matthieu.

     La Rochelle : 18h30 Cathédrale Saint-Louis.

    Grande Bretagne :

    • Hainault : 18h30 (heure locale), Church of the Assumption, 98, Manford Way, Chigwell, Essex. 

    Mardi 23 janvier

     Caen : 18h45, Eglise saint Sauveur, Place Pierre Bouchard.

    • Tarbes : 18h Cathédrale Notre Dame de la Sède.

     Vannes : 18h30, Eglise Saint-Patern, 2 Place Sainte Catherine.

    JEUDI 25 JANVIER

    • Mulhouse : 18h30, Église Saint-Étienne. 

    SAMEDI 27 JANVIER

     Nîmes : 11h, Eglise Saint Baudile, Place Gabriel Péri.

    • Tarascon : 18h30, Collégiale royale Sainte Marthe, en présence de S.A.R. le prince Sixte Henri de Bourbon Parme. (Repas après la messe : 06 46 33 56 95).

     Bergerac : 16h, Maison Saint-Georges.

     Lanvallay (Côtes d'Armor) : 11h, Prieuré Sainte-Anne, Avenue de Beauvais.

  • Derrière les ors jupitériens, il y a le délitement du pays

     

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    Les Français n'ont plus honte de leur président. Il a l'art et la manière, l'allure, la résolution, le dynamisme, l'intelligence et l'entregent. Tout le monde en convient. Son idéalisme verbeux et prolixe agace un peu mais, en même temps, son pragmatisme, réel ou supposé, plaît.  Sa jeunesse ne le dessert pas. Plutôt au contraire. Son autoritarisme non plus : même profondément remaniée, rebrassée par les vagues migratoires, la France reste « poignarde ». Toujours, dans son histoire, il est arrivé des circonstances où elle aspirait à l'autorité, où elle voulait être gouvernée. Macron surfe sur ce désir inavoué mais effectif. Les Français apprécient que la France ne fasse plus figure dans le monde. Apparence ou réalité ? La question n'est guère posée. L’apparence suffit pour l'instant à les satisfaire ...  

    La réalité nous semble pourtant assez éloignée de ces impressions euphorisantes. Car pendant qu'Emmanuel Macron déploie ses talents de séduction et de persuasion sur la scène politique nationale et internationale, les signes de désagrégation du pays se multiplient. Et, derrière le grand théâtre médiatique, le dispositif d'État se délite.

    Le malaise des armées, durement engagées sans les moyens adéquats sur le territoire national comme en divers théâtres d'opération extérieurs, s'est manifesté l'été dernier avec la démission du général de Villiers. Il n'est pas retombé depuis. Entre l'État et les militaires un climat de défiance délétère s'est installé. 

    Il n'est pas meilleur entre l'État et les forces de l'ordre. Celles-ci sont quotidiennement affrontées à deux terrorismes, qui parfois se confondent ou se cumulent : le terrorisme islamique et celui de la gauche radicale, ultra-violente, ne reculant devant aucun procédé. Il n'est plus de jour où des policiers et des gendarmes ne soient agressés, menacés, insultés, blessés. Comme avant-hier à Corbeil-Essonnes, dans une cité difficile où deux policiers ont été frappés et blessés lors d'une interpellation tandis qu'un pitbull « dressé pour attaquer » à ce que l'on a dit, était lâché sur l'un d'entre eux. Partout en France, policiers et gendarmes prennent des coups, doivent se battre durement, sont blessés. Les journées d'incapacité de travail se multiplient. S'ajoutent à ces violences subies, la malveillance des médias couplée avec celle des associations (« les violences policières » ...), le laxisme judiciaire, l'impunité des délinquants. Dans ces conditions, l'État pourra-t-il compter longtemps encore sur le loyalisme et l'engagement de sa police ? Ce n'est plus sûr.

    Depuis quelques jours, le blocage du système carcéral s'est ajouté.  Les gardiens de prison, en grève et en quasi rébellion, sont eux aussi de plus en plus fréquemment et sauvagement attaqués par des détenus radicalisés parmi les populations délinquantes - étrangères en grande partie - qui emplissent nos prisons. Hier, les représentants syndicaux des surveillants de prison, ont rompu les négociations en claquant la porte de la Chancellerie. L’archipel des prisons françaises surpeuplées et violentes est en crise. Il est indéniable que cette crise est liée à l'immigration. 

    Ce sont maintenant plusieurs catégories d'auxiliaires de l'État, indispensables à son fonctionnement et à sa survie, qui lui font ou risquent de lui faire défaut. Son autorité, ses capacités d'action s'en trouveront évidemment diminuées.

    Les gouvernements successifs au cours des dernières décennies ont trop longtemps laissé filer les choses, comme si le statu quo pouvait durer toujours. Peuvent-elles s'aggraver ainsi indéfiniment sans qu'on en ait un jour ou l’autre les conséquences ?

    Avant-hier, à Davos, Emmanuel Macron a lancé à un auditoire de dirigeants économiques et politiques enthousiastes : « France is back ». Il s'en faut de beaucoup pour que, tous domaines confondus, économique, sociétal ou régalien, ce retour soit une réalité. 

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

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    Vagues submersives

  • Éric Zemmour : « La prison est devenue une extension du domaine de la banlieue »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgBILLET - Le gouvernement a décidé de sanctionner par des retenues sur salaire les surveillants de prison qui se sont mis en grève.  Éric Zemmour explique que les matons subissent en réalité ce que subissent dans certains quartiers les pompiers caillassés ou les profs insultés. [RTL 25.01]. En quelques mots brefs et lucides, Zemmour dit tout simplement la vérité. Celle que les matons savent aussi. Ils doivent être exécutés !  LFAR


    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    Silence dans les rangs ! Les surveillants pénitentiaires ne sont pas mieux traités que le général Pierre de Villiers. Le patron des Armées était le chef de la Grande muette, et il a parlé. Les matons n'ont pas le droit de grève, et ils se mettent en grève. Les deux doivent donc être sanctionnés.

    Dans l'univers macronien, on ne plaisante pas avec la discipline ni avec la hiérarchie. Hanté par la faiblesse « à la Louis XVI » de son débonnaire prédécesseur, Emmanuel Macron en rajoute dans le formalisme quasi-disciplinaire. Quitte à taper à côté de la plaque.
      

    Éric Zemmour

  • Une pensée de la nostalgie ?

     

    par Gérard Leclerc

     

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    Michel Serres, le philosophe bien connu, s’insurge contre la mentalité décliniste et notamment contre le slogan : « C’était mieux avant. » Il vient d’écrire un essai sur le sujet et s’en est expliqué dans une discussion courtoise avec Alain Finkielkraut à son émission Répliques sur France Culture. Il y a désaccord entre les deux académiciens, le second réclamant le droit de se plaindre de certains désagréments de l’époque. Je ne me permettrais pas d’arbitrer un tel débat qui, ne connaîtra vraiment jamais de fin. Le président Macron s’est proclamé progressiste, tandis qu’un courant d’opinion conservateur semble s’affirmer chez nous, comme rarement auparavant. Est-il assuré que le clivage progressiste-conservateur soit désormais le plus pertinent pour caractériser les enjeux intellectuels, politiques, moraux de notre temps ? Lorsqu’on veut imposer ce clivage jusque dans l’Église pour classer les évêques, voire même le Pape, d’un côté ou de l’autre, je ne suis pas rassuré.

    Et puis n’y a-t-il pas nécessaire complémentarité entre le progrès et la conservation, l’innovation et la tradition ? Ce qui compte c’est le bonheur commun, la chance donnée à l’humanité de se perpétuer en profitant au moins des progrès partiels que lui ménagent ses recherches et ses découvertes. Mais il y a quand même un problème philosophique grave qui s’interpose dans nos tergiversations. C’est celui de notre humanité même. Le progrès va-t-il lui permettre d’être fidèle à elle-même, ou l’entraîner dans des mutations qui produiront une transgression de sa nature essentielle ?

    Là-dessus je suivrais volontiers l’excellent Sylvain Tesson, qui ne se veut pas du tout progressiste et se réclame même d’une sorte de maxime d’Albert Camus : « La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie. » Qu’on le suive ou pas sur la nostalgie, cela n’empêche pas qu’il pose la bonne question à propos de l’emprise techniciste qui prétend aboutir à une humanité augmentée, celle du transhumanisme. « Tout juste sommes-nous encore autorisés à trouver que la conversation entre l’homme et la machine est moins intéressante que le génie pur. Après tout, l’homme augmenté existe déjà : Shakespeare, Raphaël, Stravinski. » Et d’ajouter : « Je crois que je suis technophobe et j’en profite tant que ce n’est pas encore un délit d’opinion ! Cela viendra » (Figaro 22 janvier). Eh oui, cher Sylvain, il pourrait être hérétique d’affirmer que ce qu’on appelle progrès n’est pas forcément désirable.  

    Gérard Leclerc

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 23 janvier 2018.

  • Alain de Benoist : « Ce n’est pas la puissance des Etats-Unis qui est atteinte, mais leur certitude morale… »

     

    Par Alain de Benoist

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgCet entretien donné à Boulevard Voltaire [24.01] dit avec justesse, lucidité et pertinence ce qu'il faut savoir de la situation des Etats-Unis sous Donald Trump et de leur influence sur les affaires du monde, dont la France et l'Europe. Les analyses d'Alain de Benoist - que nous partageons en l'espèce - intéressent bien-sur l'intérêt national et européen.   LFAR   

     

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    Depuis son accession à la Maison-Blanche, nos médias donnent dans le « Trump bashing »systématique. Il n’empêche qu’à la lecture de Fire and Fury, livre qui vient de lui être consacré, une question brutale se pose : Donald Trump est-il fou ?

    Je ne sais pas s’il est fou, mais ce qui est sûr, c’est qu’il paraît complètement cinglé. Vous vous rappelez sans doute que, dès avant son élection, j’avais pris soin de distinguer le « phénomène Trump », phénomène populiste traduisant le ressentiment des « angry white men » vis-à-vis de l’establishment, qui me paraissait très positif, et le personnage même de Trump, vis-à-vis duquel je nourrissais des sentiments pour le moins partagés. J’ai vu, ensuite, une certaine droite plonger dans la « Trumpmania », ce qui ne m’a pas paru plaider en faveur de ses capacités d’analyse. Depuis lors, il n’y a pratiquement pas de jour où, dans sa façon d’être comme sa façon de faire, « The Donald » ne donne l’impression d’être un grand caractériel égocentrique, immature, inculte et paranoïaque, à quoi s’ajoute l’incompétence d’un homme qui n’a d’autre expérience de la politique que l’immobilier et la télé-réalité.

    Entendons-nous bien. Je ne regrette pas un instant la défaite de l’abominable Hillary Clinton. Je ne dis pas, non plus, que tout ce que fait Trump est nécessairement négatif. Je tiens compte, aussi, de la mauvaise foi de ses ennemis, pour lesquels je n’éprouve pas la moindre sympathie. Cela dit, les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis, et les critiques d’un Steve Bannon ne sont quand même pas à négliger. Au passif de Trump, je mettrais personnellement sa politique fiscale essentiellement favorable à Wall Street (« business first »), son indifférence monstrueuse pour les problèmes d’environnement, et surtout sa politique étrangère qui vise apparemment à créer un axe américano-israélo-saoudien opposé à l’axe Moscou-Damas-Téhéran, en privilégiant les sunnites contre les chiites. S’ajoutent à cela les menaces de guerre qu’il fait peser contre l’Iran, la Syrie, la Corée du Nord, voire la Russie, à la façon d’un Docteur Folamour lancé dans une lamentable guerre des boutons (« C’est moi qu’ai le plus gros ! ») avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un qui, malgré tous ses défauts, apparaît, à la limite, comme presque moins cinglé que lui !

    Donald Trump, en définitive, est un homme essentiellement imprévisible. Or, c’est sans doute ce qu’il y a de pire en politique. Un chef d’État imprévisible peut faire le pire comme le meilleur. Mais ce qui est impossible, c’est de lui faire confiance. 

    Les récentes équipées militaires américaines se sont toutes soldées par des échecs. En contrepoint, la Russie, la Syrie et l’Iran n’ont cessé de marquer des points. S’ajoutent à cela les difficultés intérieures du pays. Le colosse américain aurait-il des pieds d’argile ? Pourrait-on même parler de déclin des États-Unis ? 

    Les difficultés que traversent aujourd’hui les États-Unis sont probablement parmi les plus sérieuses qu’ils ont connues depuis des décennies. En dépit d’un budget militaire supérieur à tous les autres budgets militaires de la planète, ils n’ont pas gagné une seule guerre depuis plus de quarante ans, leur armée est présente partout mais victorieuse nulle part (ils sont simplement parvenus à raser le Proche-Orient), leur dette publique atteint des sommets sans précédent et leur part dans le PIB mondial a chuté de plus de 20 % depuis 1989. Cela dit, je crois que ce serait une grave erreur d’en conclure que leur hégémonie est en passe de s’effondrer. L’expérience historique montre qu’il ne faut jamais sous-estimer les Américains, qui restent quand même la première puissance politique, militaire, économique et technologique de la planète. Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que leurs capacités d’expansion impériale semblent avoir atteint leurs limites, et surtout qu’ils sont moins disposés, au moins pour l’instant, à se présenter comme la « nation indispensable » dont parlait Madeleine Albright, c’est-à-dire comme les gendarmes d’un monde où ils auraient pour vocation d’imposer leur modèle. On pourrait dire, de ce point de vue, que ce n’est pas leur puissance qui est atteinte, mais leur certitude morale. C’est leur capacité et leur volonté de parler au nom du monde entier qui a disparu.

    Après la Méditerranée et l’océan Atlantique, le centre de gravité politique s’est depuis longtemps déplacé dans le Pacifique. Quid de l’Europe dans ce jeu aux cartes désormais rebattues ?

    Bien sûr que la façade Pacifique est essentielle. Mais depuis des décennies qu’on le répète, ce serait, là aussi, une erreur de croire que les États-Unis peuvent se désintéresser de l’Europe et du Proche-Orient. Ils savent que le XXIe siècle sera plus probablement un siècle chinois qu’un siècle américain, mais ils savent aussi très bien que l’Eurasie reste le centre géopolitique du monde. Quant à l’Europe, elle est comme d’habitude aux abonnés absents. Mais on note, cependant, que l’atlantisme n’est plus le réflexe automatique qu’il était au temps de la guerre froide. Il n’y a plus de mystique de l’atlantisme. Le refus des États européens de suivre Trump dans son projet de remise en cause de l’accord nucléaire iranien est, à cet égard, révélateur. Même les Européens semblent avoir intégré le fait que le monde est devenu multipolaire et que l’Amérique n’est plus nécessairement le pays qui donne le ton. C’est déjà très important.  

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier