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Actualité France - Page 374

  • La journée « burkini » finalement annulée : il y a donc encore quelques limites ...

     

    Le centre aquatique des Pennes-Mirabeau renonce à accueillir l'association qui s'adressait aux femmes en tenues islamiques. Le maire appelle à la vigilance face à la multiplication de ce type d'événements.

    D'un commun accord, le sénateur maire de la commune des Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône, Michel Amiel, et le responsable du parc aquatique SpeedWater Park, sont convenus de ne plus louer le centre à l'association Smile 13. La journée prévue par ce groupe de femmes le 10 septembre avait suscité une virulente polémique politique.

    De son côté, l'association Smile 13 a publié un communiqué de presse, samedi 6 août, sur sa page Facebook : « Nous sommes tristes et inquiètes d'assister au déferlement de haine raciste, de grossièretés et de menaces dont nous sommes la cible »

    Ce qui devrait arriver ? Tout simplement, la multiplication de ce genre d'événements, la montée en puissance de la provocation.

    Il y a dix ans que Lafautearousseau prévoit et annonce la libanisation de la société française.

    Nous y sommes. Allons-nous vers la soumission ou la résistance ?

     

    Lafautearousseau 

  • ESPÉRER ET LUTTER

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgIl y a « une ligne infranchissable : l’Etat de droit  » : les Français peuvent être rassurés. Notre Premier matamore, dans un entretien au Monde, a défini, le 29 juillet dernier, la frontière qu’il ne saurait être question de franchir en Hollandie pour lutter contre le terrorisme islamique. C’était trois jours seulement après l’égorgement rituel d’un prêtre célébrant la messe, dans la banlieue de Rouen ; quinze jours après le massacre de Nice, qui avait fait quatre-vingt-quatre morts.  

    Certes, l’immense écho rencontré dans la société française par l’assassinat d’un prêtre en pleine messe a révélé combien celle-ci est encore marquée par le catholicisme, ce qui, au milieu de la douleur et par-delà la légitime colère, est un signe d’espérance. Car si toutes les victimes de l’islamisme ont, en tant que telles, un droit égal au respect, le fait que, symboliquement parlant — et nous employons cet adverbe à dessein —, l’assassinat d’un prêtre soit ressenti dans sa dimension spécifique et ait même contraint, ne serait-ce que pour des raisons politiques, François Hollande à se rendre à Notre-Dame de Paris, montre combien notre pays est toujours marqué, dans son essence même, et en dépit de tout, par le baptême qui fut à l’origine de sa naissance.

    On peut évidemment penser à Paul Reynaud faisant la même démarche en pleine débâcle, le 19 mai 1940, à la tête du gouvernement. Et s’il est vrai que nous n’avons à opposer que ces mantras que sont la « démocratie » et l’ « Etat de droit » comme armes de destruction massive aux cinquièmes colonnes de l’Etat islamique tapies dans « nos quartiers » et prêtes à intervenir sur simple injonction, alors c’est aussi la figure du général Gamelin qui nous vient à l’esprit. Car comment lutter, en se contentant d’invoquer une telle ligne Maginot intellectuelle et morale, contre cet ennemi intérieur que quatre décennies de folle politique migratoire a introduit chez nous, et qu’une politique extérieure erratique a conduit à se révéler comme tel ? D’autant que c’est au nom de ces mêmes principes que la droite puis la gauche ont déstabilisé la Libye et aidé à la déstabilisation du Proche-Orient, libérant un monstre islamiste qui ne demandait pas mieux pour surgir de ténèbres... fort peu épaisses.

    Qu’on ne s’y trompe pas ! Nous ne réclamons pas la disparition de nos libertés fondamentales, même si nous envisageons comme intellectuellement possible une restriction temporaire de l’exercice de certaines d’entre elles, comme cela s’est toujours pratiqué en temps de guerre. Encore faut-il avoir un État à la fois capable de prendre ces mesures et de le faire dans le seul souci du Bien commun. Comme le rappelait Jacques Sapir dans nos colonnes, fin juin, la dictature, à Rome, était une magistrature peut-être exceptionnelle, mais, comme telle, conforme à l’ « Etat de droit » — il en est ainsi, sous la Ve république, de l’article 16, de la loi martiale,... et de l’état d’urgence.

    Du reste, si celui-ci est devenu une mascarade dans la lutte contre les islamistes, puisque tous les terroristes qui sont passés à l’acte étaient connus de nos services de renseignement, il n’est pas impossible que l’exécutif ne finisse par s’en servir dans son propre intérêt, c’est-à-dire contre les patriotes, surtout si, à la faveur de nouveaux massacres, il le prolonge en 2017, année électorale. Dans Le Figaro des 30 et 31 juillet, Natacha Polony n’hésite pas à demander : « n’est-ce pas ce que certains espèrent : l’action folle d’un militant d’extrême droite, ou d’un simple citoyen indigné perdant son sang-froid, qui permettrait de brandir le spectre du racisme et de réduire au silence aussi bien les candidats à la primaire de la droite [...] que les intellectuels courageux » — au rang desquels elle se place — « qui appellent à la résistance par la laïcité, l’intégration et la transmission » ? On a tout lieu de le craindre lorsqu’on entend Manuel Valls ou tel autre hiérarque socialiste reprocher à la droite parlementaire d’être en voie de « trumpisation » quand elle propose pour lutter contre le terrorisme islamiste des mesures « démagogiques » qui s’affranchirait du sacro-saint « État de droit ». La ficelle est un peu grosse, mais que ne peut-on pas faire avaler à un peuple que de nouveaux attentats traumatiseraient gravement ? La majorité légale socialiste sait pratiquer l’amalgame lorsqu’il s’agit d’invoquer l’unité nationale pour mieux diviser les Français et diaboliser tous ceux qui proposent une autre politique de lutte contre l’ennemi intérieur.

    Ou font mine de proposer. Car ne nous y trompons pas : les mesures préconisées par la droite parlementaire sont de l’esbroufe, puisque cette dernière a montré, lorsqu’elle dirigeait l’Etat, combien elle était soumise aux diktats de la Cour européenne des droits de l’homme qui, aussi bien pour elle que pour Manuel Valls, définissent précisément ce qu’il faut entendre par « Etat de droit » et « démocratie ». Imagine-t-on que, retournant aux affaires, cette droite molle et lâche, dont les promesses d’autorité n’ont jamais engagé que les nigauds d’électeurs qui croient toujours en elle, romprait avec un catéchisme qui fait le fonds de commerce et du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne, deux instances supranationales avec lesquelles l’actuel pays légal ne veut pas rompre, surtout en matière d’immigration ou de droits fondamentaux ...des criminels ?

    Si nous quittons, en ce début du mois d’août, ces zones pestilentielles de la démagogie politicienne, sans savoir toutefois, avant que nous ne reprenions la plume début septembre, combien de nouveaux morts nous devrons compter, force est de reconnaître que les lignes bougent en profondeur. Et que des réponses commencent à être apportées aux interrogations sur l’état du pays. C’est le cardinal Vingt-Trois dénonçant le 27 juillet, dans son homélie à Notre-Dame sur le martyre du père Hamel, le prêtre assassiné, le « silence des élites devant les déviances des mœurs et la législation de ces déviances . [...] C’est sur cette inquiétude latente que l’horreur des attentats aveugles vient ajouter ses menaces.  » C’est Jacques Juillard qui, suivant les traces de Renan, regrette que la France ne soit « devenue intellectuellement et moralement le maillon faible de l’Europe. » Elle « ne sortira du marasme actuel, fait d’angoisse et d’incertitude, que par un renouveau intellectuel et moral. » Et ce républicain de gauche d’ajouter : «  Jeanne devant le Dauphin, Clemenceau devant le Parlement, de Gaulle au micro de Radio Londres n’ont qu’un seul et même message : oui le royaume de France existe ; oui la République existe. Oui, la France existe.  » [1]

    Il nous appartient à nous aussi d’assumer l’histoire de France dans sa totalité, tout en sachant que la tradition est critique. Peu s’aperçoivent, sous les tabous qui demeurent encore, de la révolution intellectuelle et spirituelle aujourd’hui engagée. Nous y participons au plan politique : tel est le sens, chaque année, de notre université d’été, où nous définirons, fin août, dix axes de salut national, pour retrouver les vrais fondements de l’amitié française. Comme le déclare Mgr le comte de Paris, dans l’important entretien qu’Il a bien voulu nous accorder : « Le multiculturalisme est un leurre dangereux, dont le résultat serait une “bouillabaisse” sans espoir et l’éradication des racines de notre civilisation.  » Nous en subissons aujourd’hui les conséquences sanglantes. Mais le renouveau sera au bout de l’épreuve, si, du moins, nous savons espérer et lutter.

    [1] Le Figaro des 30 et 31 juillet 2016

    L’Action Française 2000 [Editorial]

     

  • Ecologie politique, délires électoralistes, attaques contre la vie ...

     

    Un commentaire de Jean-Louis FAURE

    Reçu le 7.08. Un de ceux qui méritent d'être repris pour être lus de tous. Il y est question de notre publication d'un article de Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste » LFAR

     

    tugdual_derville_christian_mayaud.jpgBelle recension de Gérard Leclerc qui incite à se jeter sur cet ouvrage. Celles et ceux qui lisent régulièrement Tugdual Derville dans France Catho savent la croisade qu’il conduit contre ce que Gérard Leclerc a ramené avec juste raison au nihilisme.

    J’ajouterai simplement que l’écologie politique telle qu’elle s’est épanouie en France est à base de trotskisme révolutionnaire, usant de toutes les techniques de l’agitprop. Les attaques contre la Vie ne sont pas les plus voyantes, mais les plus sournoises certainement. Le sujet a été rapidement phagocyté par les puissances financières, celles là même que les écolos prétendent combattre.

    Une information récente a pris très peu de place, sans rapport avec ses énormes conséquences : la famille Rockefeller a officiellement annoncé qu’ils se désengageaient du pétrole pour investir massivement dans la transition énergétique. Quand on a observé les moyens de propagande considérables mis en œuvre pour organiser la COP 21 à titre d’exemple (opération de pur showbiz) on pouvait se douter que des investissements financiers étaient à l’œuvre, fut ce pour promouvoir des options réellement farfelues.

    Nous avons déjà écrit plusieurs fois pourquoi il est insensé d’incriminer l’action humaine dans le changement de climat. En rappelant qu’une échelle géologique est de l’ordre de 20.000 ans, qu’à la fin de la dernière glaciation, il y a 20.000 ans le niveau de la Méditerranée était de 147 m au dessous du niveau actuel comme l’a prouvé la découverte de la grotte Cosquer, le différentiel de masse d’eau étant dans les glaces. Les mêmes groupes de propagande, le GIEC et ses relais en particulier n’hésitant pas à une présentation fausses de résultats de mesures.

    Mais il convient d’isoler les conséquences économiques d’un délire électoraliste (la bille reviendra à sa place …), des atteintes mortifères portées à la Vie. Il faudra beaucoup plus de temps pour en évaluer les dégâts. Sans doute deux générations de vingt ans. En plusieurs occasions autour de ce triste spectacle, le professeur Rémi Brague nous a livré de belles dissertations sur l’imposture et le contresens entretenu sur le mot « progrès » ; c’est la clé de voute de ce scientisme suicidaire. 

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

  • Elle annule la Braderie de Lille : Aubry, la défaite... Aubry la soumission ...

     

    par François DAVIN

    Une réaction sur laquelle on pourra débattre

     

    24839943.3.jpgEn 1973, Raspail avait prophétisé, avec Le camp des saints, cette invasion massive, par la mer, de grappes humaines que les nouveaux collabos appellent des migrants (!), dans leur aveuglement insensé et criminel, produit de leur idéologie universaliste, alliée aux intérêts bassement marchands, misérablement mercantiles, du grand capital....

    En 2015, c'est Houellebecq qui fit une autre prophétie, dans Soumission : par fatalisme, acceptation ou lassitude, ou parce qu'ils n'ont décidément rien à lui opposer, toute une partie de la nation accepte l'élection d'un président musulman, et la France s'islamise... Les forces en action dans le pays pour détruire notre civilisation vieillissante ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement, mais cette implosion se produit sans réels soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.

    On en est là avec la décision hautement significative de Martine Aubry : elle capitule en rase campagne, alors que nous sommes en guerre, nous dit-on, et que l'on ne peut pas faire un pas dans la rue sans croiser deux bérets rouges, trois bérets verts, quatre chasseurs alpins, et j'en passe... Alors que nous vivons - ce qui est ridicule car contradictoire - un état d'urgence « habituel » et alors que nos forces de l'ordre sont épuisées par le maintien d'un ordre qu'elles ont, justement, de plus en plus de mal à maintenir, face à l'ennemi, dont la cinquième colonne est chez nous, bien implantée, grâce à la trahison des « élites » (!) depuis les mortifères décrets Chirac de 1975 sur le regroupement familial. Suivra l'action ininterrompue du parti immigrationniste dont je parlais plus haut...

    Martine Aubry envoie un signal fort à l'ennemi, le Califat terroriste islamique : vous avez gagné, parce que nous avons peur. Et, comme nous avons peur, nous mettons un genou en terre. Cette décision significativement défaitiste de Martine Aubry est à la fois une trahison et une stupidité : trahison, je viens de le dire; stupidité, car elle encourage les terroristes à commettre d'autres attentats, puisque « ça marche » !

    Les Corses - dont nous avons dit ce qu'il fallait, à savoir que nous ne soutenions ni le terrorisme du FLNC ni le désir d'indépendance d'une poignée d'agités - n'ont pas eu cette réaction de peur : ils ont, au contraire défié les terroristes. Ils les ont même avertis ... Les Basques ont maintenu leurs superbes Fêtes de Bayonne, et les Bretons leurs merveilleuses Nauticales de Brest et leur non moins merveilleux Festival interceltique de Lorient. Pour ne pas sombrer dans la vulgarité, mais pour être tout à fait clair et compris du grand nombre, je me contenterai de dire - à la place de ce qui me vient spontanément à l'esprit : voilà des Français « qui en ont » - Martine Aubry n'a pas eu ce courage-là, et, dans sa capitulation trouillarde et collabo, elle embarque toute la Province des Flandres avec elle, qui, certes, mérite mieux.

    Bien sûr, je sais qu'il est difficile, pour les responsables, de maintenir de telles manifestations; et facile pour un quidam de dire qu'il faut les maintenir. Qu'il se passe dans la Braderie maintenue ce qui s'est passé à Nice, et on me traitera d'inconscient. Mais l'argument est faux, : d'abord, rien ne s'est passé à Bayonne ni en Bretagne, pour les manifestations dont j'ai parlé; mais surtout, depuis la déclaration de guerre des musulmans terroristes, nous sommes tous, individuellement et collectivement, en danger de mort. Où que nous allions, quoi que nous fassions, et même si nous restons chez nous, sans rien faire. Je suis en danger de mort permanent quand - sans rien changer de mes habitudes de vie car ce serait faire gagner les terroristes - je continue à aller à la messe, à faire mes courses, à aller voir mes amis ou les recevoir chez moi, ou partir avec eux en balade, à aller à la plage : bref, à vivre, tout simplement, en disant « merde à Daech » (comme Ferré chantait « Merde à Vauban » ...).

    Donc, le choix est simple : ou bien on arrête de vivre libres, avec les risques que l'ennemi nous fait courir à tout moment, individuellement et collectivement; et on fait ce qu'a prophétisé Houellebecq : on se soumet à l'Islam terroriste. C'est le choix lâche et honteux de Martine Aubry : elle avait déjà donné un coup de couteau dans le dos à notre économie avec ses folles 35 heures obligatoires; elle vient maintenant de donner un coup de couteau dans le dos à tout « le Nord » : coup de couteau économique, d'abord, mais aussi et surtout, moral et mental...

    Soit on résiste. En acceptant, le cas échéant, puisque guerre il y a, de mourir; mais, au moins, ce sera « cara al sol », « face au soleil », comme le chantaient les libérateurs de l'Espagne en 1936, dont nous avons parlé récemment, à l'occasion du 18 juillet, date anniversaire de leur soulèvement salvateur... Et non après une lâche capitulation, en rase campagne, à la Martine Aubry.

    Il faut choisir : être résistant ou collabo. J'espère que notre choix est fait...

  • Présence des femmes ... dans nos piscines de demain ... Ça vous dit ?

  • Religion & Société • Sainte-Rita : Les explications de L'abbé Guillaume de Tanouärn à Eugénie Bastié

     

    Par Eugénie Bastié            

    L'abbé Guillaume de Tanouärn, qui célébrait la messe à Sainte-Rita depuis plusieurs mois, revient sur l'expulsion musclée de l'église mercredi dernier et s'explique dans cet entretien avec Eugénie Bastié [Figarovox, 3.08]. A noter que nous n'intervenons pas en terrain proprement religieux, ni dans les querelles et oppositions qui s'y manifestent. Simplement, croyants ou non, nous estimons qu'un combat intelligent pour la défense de l'héritage catholique de la France doit être mené et que les royalistes ne peuvent s'en désintéresser. En particulier, dans le contexte de guerre de civilisation qui, de fait, nous est menée. LFAR

     

    Guillaume_de_Tanoüarn.jpgVous avez été expulsé ce matin de l'église Sainte Rita que vous occupiez depuis plusieurs mois. Pourquoi vous êtes-vous installé dans cette église ?

    Cette église a été construite en 1905 par un groupe anglican qui s'appelait les Catholiques apostoliques, dont l'objectif était d'annoncer la fin du monde aux autres chrétiens. Ce groupe spirituel tombé en déshérence a décidé de louer cette église à des autoproclamés gallicans, catholiques dissidents qui ne payaient pas le loyer. L'association a donc décidé de vendre à un promoteur. La communauté catholique s'est trouvée abandonnée et m'a demandé de venir célébrer la messe, ce que j'ai fait. A l'heure de l'expulsion, nous en étions à deux messes pleines chaque dimanche célébrées à Sainte Rita.

    Il y a des centaines d'églises pas toujours pleines dans Paris. Pourquoi insister sur celle-là ?

    La destruction programmée de Sainte Rita pose la question de toutes les églises vides de France. Elles doivent être reconnues comme des lieux sacrés, et protégées même si elles ne sont pas «rentables». Si nous voulons continuer à être une civilisation, il nous faut continuer à avoir ces lieux où soufflent l'esprit, même si ils ne sont visités qu'épisodiquement.

    Pourquoi avez-vous choisi de célébrer la messe au moment de l'expulsion? N'est-ce pas une mise en scène ?

    J'ai voulu que cet événement ne soit pas qu'une simple expulsion administrative, mais prenne une dimension spirituelle. J'ai célébré cette messe comme le seul au revoir possible à cette église, dans un très grand recueillement.

    Est-ce une affaire de patrimoine ou de symbole ?

    Alors que l'actualité nous présente de manière urgente la nécessité d'un concordat avec l'islam de France pour construire davantage de lieux de culte musulmans, la destruction de l'église Sainte Rita apparaît comme le signe d'un nouveau recul de l'Église dans l'univers culturel français. Si à travers l'affaire Sainte Rita nous pouvons poser avec force la question du respect des églises en France et de leur entretien, alors nous n'aurons pas tout à fait perdu notre temps.

    Le combat est-il terminé ?

    Nous sommes tout sauf résignés. Nous sommes très contents qu'un simple acte administratif, qui devait passer inaperçu dans la moiteur de l'été soit devenu un sujet qui intéresse la France entière, une France qui envers et contre tout, malgré sa déchristianisation, se reconnaît d'une manière ou d'une autre dans le catholicisme.

    En ce qui concerne l'affaire Sainte Rita elle-même, nous avons fait la démonstration que le recours de l'État à la force légale est insuffisant et qu'il faut organiser une véritable concertation citoyenne, pour montrer que la destruction n'est pas une fatalité et qu'un ou plusieurs communautés chrétiennes sont prêts à racheter l'église.

    Combien faudrait-il pour racheter l'église ?

    Cinq millions. Mais je crois que grâce à Sainte Rita, patronne des causes désespérées, cette affaire ne fait que commencer…  

    L'abbé Guillaume de Tanouarn est prêtre et docteur en philosophie, auteur de nombreux livres. Ancien membre de la fraternité Saint-Pie X, il a rejoint l'église de Rome en 2006. Son dernier ouvrage, Délivrés. Méditations sur la liberté chrétienne, est publié aux éditions du Cerf. Il célébrait la messe à l'église Sainte-Rita depuis octobre 2015.

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    Eugénie Bastié

    Journaliste et essayiste

    Ses idées

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    Son dernier livre Adieu Mademoiselle [19 €] 

  • Société & Ecologie • Gérard Leclerc : « Le courant pour une “écologie humaine” a désormais son manifeste »

     

    Par Gérard Leclerc           

    Gérard Leclerc salue ici [Figarovox, 3.08] le nouveau livre de Tugdual Derville  qui défend une vision de l'homme et une conception de l'écologie bien différente de celle que défendent les écologistes patentés. LFAR

     

    L'écologie est plus qu'à la mode. Fort heureusement, car la cause vaut beaucoup mieux que certains de ses leaders proclamés. Elle est même impérative pour toutes les raisons que l'on sait. Mais l'écologie pose un problème singulier. Au-delà de ses sectes les plus extrémistes, elle a mis l'homme en procès pour crime envers la nature. L'homme, ce pelé, ce galeux dont vient tout le mal… Le procès n'est pas illégitime, il pèche néanmoins par défaut ou insuffisance. Car le coupable est aussi victime.

    tugdual_derville_christian_mayaud.jpgVictime de lui-même, sans aucun doute, mais victime de plus en plus en péril dans la mesure où le saccage dénoncé le vise de plus en plus directement dans son intégrité physique et morale. De cela, la plupart des écologistes patentés n'ont cure. Ils sont souvent parmi les premiers à militer, au nom de prétendues conquêtes sociétales, en faveur de ce qui détruit le plus implacablement le cœur même de notre humanité. Qu'il s'agisse de PMA, de GPA, d'euthanasie, ils combattent, à quelques exceptions près, pour la déshumanisation accélérée de notre espèce, sans comprendre à quel processus infernal ils se sont enchaînés. Processus magistralement démonté par Tugdual Derville dans Le Temps de l'homme. Pour une révolution de l'écologie humaine (Plon). L'ouvrage vient d'être publié et s'impose comme un fanal lumineux au milieu de tous les défis de notre temps.

    Que nous dit-il d'essentiel ? « De toutes les façons, nous n'avons plus le choix : la révolution bio-technologique place l'humanité au pied du mur. Pour se préserver de la dénaturation, l'homme doit maintenant se définir. Il lui faut comprendre son identité pour y consentir et s'humaniser davantage. Cela suppose de résister aux nouvelles sirènes scientistes. Car leur chanson, devenue tonitruante, annonce une “redéfinition de l'homme”. Nous ne contesterons ni la science, ni la technique, ni la médecine qui sauvent tant de vies. Mais peut-on laisser les richissimes multinationales du web devenir plus puissantes que les États eux-mêmes dans leur prétention à remodeler l'homme, jusqu'à imaginer de le rendre immortel ? Comment préserver l'humanité d'une dissolution dans l'absolutisme technologique ? » Certes, Tugdual Derville a eu des prédécesseurs dans la dénonciation prophétique de ce que Günther Anders appelait l'obsolescence de l'homme. Mais nous sommes parvenus à cette phase ultérieure où l'hubris technicienne convoite le mythe du cyborg et où Günther Anders se voit confirmé dans la plus tragique de ses hantises.

    Dès lors, la priorité de définir une écologie humaine s'affirme comme une nécessité absolue. Et c'est peut-être aux écologistes qu'il revient d'abord d'en prendre conscience, en franchissant un degré supplémentaire. Ontologique, si l'on veut. Il y a une spécificité de l'humain à reconnaître, sans se tromper. Il ne s'agit nullement de réduire l'homme à la nature, dont il ne saurait émerger comme un simple chaînon de l'évolution. Il est à lui-même son propre oikos, sa propre demeure, qu'il faut explorer avec l'attention adéquate. C'est cette attention extrême en même temps que délicate, que Tugdual Derville exerce avec sagacité et précision. Son langage n'est pas celui d'un philosophe, il n'en obéit pas moins à toutes les requêtes d'une phénoménologie dont le langage restitue la chose même, notre humanité la plus vivante et parfois la plus fragile. Ce faisant, il s'oppose de front à la mentalité qui, faisant de tout un objet de construction, soutient puissamment le projet d'assujettissement de l'humain par la technique.

    La sexualité constitue aujourd'hui un des plus vifs enjeux de l'écologie humaine, car l'idéologie du genre, qui entend l'abstraire de ses conditions charnelles en l'érigeant en artefact pseudo-culturel, précipite sa chute irrémédiable. Le délire constructiviste produit ainsi ses pires ravages : « Car la relation sexuelle - celle qui engage le corps, le cœur et l'âme dans un présent d'éternité - est l'acte qui célèbre l'humanité avec le plus d'éclat. Chez l'homme, le sexe relève du sacré. Il combine, au naturel, l'intimité la plus profonde entre deux êtres et l'ouverture à la vie. » Inutile de dire que nous sommes au centre d'une lutte inexpiable, où l'État socialiste a pris parti de la façon la plus idéologique pour «la dénaturalisation du genre, de la sexualité et de la famille », s'exposant ainsi à un formidable mouvement de fond, qui n'a pas fini de produire ses effets en chaîne.

    D'où justement le projet révolutionnaire, constructif d'une écologie humaine. Mais à un projet qui est aussi d'ordre politique, il faut une stratégie, un enracinement populaire, des positions offensives (non pas pour faire du mal mais pour créer du lien). Le mérite de celui que dessine Tugdual Derville est de s'intégrer à ce que Maurice Clavel appelait le mouvement de la vie, dans ses plus beaux fleurons. Il utilise à ce propos une métaphore très suggestive, celle du mycélium - « ce réseau de fines racines interconnectées » qui innerve l'humus de nos campagnes et permet l'efflorescence des champignons les plus savoureux. Le mycélium de l'écologie humaine est à la pointe de la créativité sociale. Il est à l'origine «d'une multitude d'initiatives destinées à sortir de l'isolement et de l'exclusion les personnes concernées par le handicap, celles qui survivent dans la rue, les personnes âgées seules, les femmes enceintes abandonnées, les enfants maltraités, les personnes en fin de vie…». Drôle de troupe révolutionnaire ? Bien sûr, mais elle entraîne d'autres solidarités, de proche en proche. Elle a le mérite précieux de sauvegarder et faire grandir ce qu'il y a de meilleur et de plus fécond en nous. Il faut lire, d'urgence, Tugdual Derville ! Il nous offre les clés en or d'un avenir où il n'est plus question de l'obsolescence de l'homme.

    Le Temps de l'homme. Pour une révolution de l'écologie humaine, de Tugdual Derville (Plon, juin 2016, 320 p., 17,90 €). 

    Gérard Leclerc           

  • Religion & Société • Vous avez dit « valeurs » ? « Soupçon » ? « Discutables » ... ?

     Homélie à Notre-Dame, Paris, le 27 juillet 2016

  • Journée « Burkini » à Marseille : femmes et enfants jetés dans le grand bain de la ségrégation salafiste

    Le flyer de la journée « Burkini » organisée dans un parc aquatique des Bouches-du-Rhône, privatisé pour l'occasion

     

    Voilà qui jette le doute sur ce « vaste examen de conscience (...) à l'œuvre chez bien des musulmans » dont Remi Brague affirme la réalité dans la tribune qui suit. Seule ombre, il est vrai, parmi ses analyses utiles et savantes. 

    Nous voyons, au contraire, se développer, plus déterminé que jamais, un prosélytisme islamiste, exhibitionniste et d'esprit évidemment provocateur, que le contexte de cet été sanglant n'aura pas émoussé. Et, sans-doute, même, qu'il a, dans une partie de la communauté musulmane, encouragé. 

    L'affaire fait, comme on a pris la détestable habitude de le dire, le buzz et nous y reviendrons dans nos publications de ce weekend.  LFAR  •

  • Oui le Système est en mode défensif !

     

    La note d'Amaury Grandgil, reprise de Causeur, que nous avons publiée hier, à propos des conditions d'évacuation de l'église Sainte Rita à Paris, n'avait pas pour objet, nous semble-t-il, d'entrer dans des querelles religieuses qui ne sont pas de notre ressort. Pas davantage d'envisager l'affaire Sainte Rita sous son angle judiciaire. Deux remarques cependant : comme à beaucoup, il nous semble en premier lieu que les forces de l'ordre devraient avoir aujourd'hui des impératifs quasi exclusifs d'une autre urgence et d'une autre importance que l'évacuation - très contestée - précipitée et violente, d'une église ou d'une chapelle catholique, quel que soit son statut. Deuxième remarque : de tous temps, l'AF, avec en son sein des croyants et des incroyants, a défendu l'héritage catholique lorsqu'il était menacé. Et ce, d'ailleurs, en évitant toute confessionnalisation. C'est sans-doute ce qu'ont voulu faire les étudiants d'A.F. qui ont pris part à la défense de l'église Sainte Rita.  

    A ce propos, nous avons reçu de Philippe Lallement [Papy, dans les commentaires de Lafautearousseau], les réflexions suivantes qui nous ont intéressés et qui, sans-doute, intéresseront aussi nos lecteurs. LFAR 

     

    Oui le Système est en mode défensif !

    Les remarques de Philippe Lallement 

    1. Une preuve de plus de la décomposition du Système. L'oligarchie chevauche un cheval mort !

    2. Clin d'oeil de l'histoire... comme les premiers étudiants d'AF en 1906 lors des Inventaires, la nouvelle génération remonte en ligne plus de 110 ans après.

    3. Oui contre le pire et contres les pires, il est temps pour les nouveaux maurrassiens de mettre à l'eau « l'arche franco-catholique »*. Les grandes manifestations de la Manif pour Tous ont montré la direction à prendre.

    J'espère qu'a l'occasion du camp MRDS** de cet été - à l'esprit très constructif - les jeunes cadres de la nouvelle génération de maurrassiens intégreront « l'arche franco-catholique » dans leur réflexion stratégique. Et si oui, alors je leur conseille de faire retour sur leurs maîtres, un peu délaissés, que furent Gustave Thibon et Pierre Debray.

    4. Remarque : oui le Système est en mode défensif; oui l'AF est en mode conquête. Très révélateur !

    5. Et encore bravo au site LFAR d'alimenter quotidiennement ces nouveaux militants en arguments intellectuels et culturels.

    *  Ces expressions sont de Charles Maurras, dans sa très célèbre lettre de 1951 à Pierre Boutang.

    ** Camp Maxime Real Del Sarte

  • Général Pinatel : contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN

     

    Par Alexis Feertchak

    Après le coup d'Etat manqué en Turquie, Erdogan se rapproche de Poutine tandis que Moscou et Washington semblent avoir trouvé un équilibre en Syrie. Le général Pinatel considère [Entretien sur Figarovox le 29.07] que les Etats européens devraient tenir compte de cette nouvelle donne et, contre l'islamisme, s'allier à la Russie et faire disparaître l'OTAN. Une politique qui devrait être, selon nous, celle de la France. Quant à être aussi celle des Européens, voire de l'Europe [?], comme s'il s'agissait d'un bloc unitaire, cela nous paraît être une autre histoire, beaucoup plus improbable et fort aléatoire.  LFAR 

     

    maxresdefault.jpgRecep Erdogan devrait rencontrer Vladimir Poutine en août dans la capitale russe. La Turquie est historiquement la base avancée du Sud de l'Alliance atlantique. Dans quelle mesure la nouvelle alliance entre Moscou et Ankara pourrait perturber l'OTAN ?

    L'OTAN est une organisation issue de la Guerre froide entre l'URSS et l'Occident démocratique. Son maintien et son extension aux anciens pays de la CEI procède de la volonté des Etats-Unis de conserver ouvert le fossé entre l'Europe et la Russie. En effet si l'Europe et la Russie étaient alliées, elles leur contesteraient la primauté mondiale qu'ils ont acquise en 1990 à l'effondrement de l'URSS et qu'ils veulent conserver à tout prix. Mais la menace islamique a changé la donne. Cette menace, présente en Russie depuis les années 1990, s'est étendue à l'Europe en juin 2014 avec la proclamation du Califat par l'irakien Al Bagghadi puis récemment en Turquie quand Erdogan a dû fermer sa frontière à Daech après les attentats commis en France et les pressions que les américains ont du faire sur Ankara pour ne pas perdre le soutien de l'opinion européenne.

    Dans ce contexte d'actes terroristes meurtriers, la déstabilisation du régime syrien et son remplacement par un régime plus favorable aux intérêts américains, européens, saoudiens et qataris passe au second plan face à l'urgence de maîtriser ce nouveau Califat qui menace la stabilité du Moyen-Orient et favorise la montée en puissance des partis nationalistes anti-atlantistes en Europe. Par ailleurs, l'intervention massive et victorieuse de la Russie en septembre 2015 pour soutenir son allié syrien contraste avec les hésitations ou le double jeu des Etats-Unis qui essaient de ménager tout le monde. Ils se condamnent ainsi à une faible efficacité opérationnelle qui, finalement, inquiète leurs alliés traditionnels et les poussent à ménager la Russie. Enfin les liens et les enjeux économiques entre la Russie et la Turquie sont très importants malgré une opposition géopolitique historique .

    Plus que le rapprochement entre Moscou et Ankara, ce qui fragilise cette organisation, ce sont ces récents événements. Ils font la démonstration éclatante aux yeux des Français et des Européens que l'OTAN ne sert à rien face à la menace islamique. En revanche, la guerre efficace que même la Russie contre l'Etat islamique fait penser à de plus en plus de Français et d'hommes politiques que la Russie est notre meilleur allié. Et cette évidence, acquise dans la douleur de nos 234 morts et de nos 671 blessés depuis 2012, devrait non seulement perturber l'Otan mais conduire à sa disparition ou à son européanisation complète car son maintien en l'état ne sert que des intérêts qui ne sont pas ceux de la France.

    Que se passe-t-il aujourd'hui en Syrie ? Russes et Américains semblent se rapprocher ou à tout le moins se coordonner davantage, notamment sur la question du Front Al-Nosra, très présent près d'Alep. Un nouvel équilibre dans la région est-il en train de se constituer ?

    Dès leur intervention en septembre 2015 sur le théâtre syrien, les Russes ont proposé aux Américains de coordonner leurs frappes contre Daech et Al Nostra. Mais les Américains ont refusé car au niveau politique, Obama voulait maintenir la fiction qu'il existait encore un potentiel de forces modérées sur le territoire syrien qui n'avaient pas été absorbées ou qui ne s'étaient pas alliées à Al-Nostra et qui ainsi pourraient prétendre, un jour, à être partie prenante à la table de négociation. C'est clairement une fiction contestée non seulement par la Russie, mais par d'autres voix y compris aux Etats-Unis. Ces experts affirment que les unités qui existent encore en Syrie servent d'interface avec Al Nostra à qui elles revendent les armes qu'elles reçoivent via la CIA. C'est le bombardement d'une de ces bases en Syrie par la Russie, qui a eu l'habileté de prévenir les américains à l'avance pour qu'ils puissent retirer en urgence les agents de la CIA présents, qui a permis ce rapprochement opérationnel. Il est clair qu'un nouvel équilibre est en voie de se constituer au Moyen-Orient. La Russie qui y a été historiquement présente est de retour en force. La Chine, et c'est une nouveauté, y pointe plus que son nez et la France qui y avait une position privilégiée de médiation, l'a perdue par suivisme des Etats-Unis.

    Quelle pourrait être la place de l'Europe dans les relations avec ces deux grands pays que sont la Russie et la Turquie ? Peut-on imaginer un nouvel équilibre sécuritaire aux marches de l'Europe ?

    C'est vrai, nos portes orientales sont verrouillées par la Russie et la Turquie.

    Avec la Russie nos intérêts économiques et stratégiques sont totalement complémentaires. La France a une longue histoire d'amitié avec la Russie que symbolise à Paris le pont Alexandre III et plus récemment l'épopée de l'escadrille Normandie Niemen que le Général de Gaulle avait tenu à envoyer en Russie pour matérialiser notre alliance contre le nazisme. Je rappelle aussi que c'est parce que l'armée allemande était épuisée par trois ans de guerre contre la Russie et la mort de 13 millions de soldats russes et de 5 millions d'allemands que le débarquement de juin 1944 a pu avoir lieu. Ce rappel ne veut en aucun cas minimiser le rôle des Etats-Unis et le sacrifice des 185 924 soldats américains morts sur le sol européen. Mais la volonté des Etats-Unis de restaurer un climat de Guerre froide en Europe qui se développe notamment au travers de l'OTAN ne sert que leurs intérêts et ceux des dirigeants européens qui sont soit des corrompus soit des incapables.

    Avec la Turquie, c'est l'Allemagne qui a des relations historiques comparables aux nôtres avec la Russie. La Turquie et l'Allemagne étaient des alliés au cours des deux guerres mondiales car les Allemands espéraient avec leur aide couper la route du pétrole aux alliés. Les Turcs de leur côté espéraient ainsi récupérer le contrôle du Moyen-Orient et notamment celui de l'Irak et de la Syrie.

    Ce rappel historique met en évidence l'importance du couple franco-allemand pour définir une politique européenne commune face à ces deux puissances et éviter de revenir à des jeux du passé comme a semblé le faire récemment Angela Merkel avec l'affaire des réfugiés en négociant directement avec Erdogan sans se concerter avec ses partenaires européens. 

    Le général (2S) Jean-Bernard Pinatel est expert en géostratégie et en intelligence économique. Il tient le blog Géopolitique - Géostratégie. Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages, dont Carnets de guerres et de crises aux Éditions Lavauzelle en 2014.

    Alexis Feertchak           

  • Sainte Rita : Évacuation efficace d’intégristes à Paris … mais il s’agit d’une église, pas d’une mosquée salafiste

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [3.08]. La République ne change pas d'ennemi ! LFAR

     

    1123083056.jpgL’église sainte Rita est bien connue dans le XVème arrondissement de Paris. Elle abritait des chrétiens gallicans, plus ou moins proches des milieux catholiques traditionalistes, et était connue pour ses enterrements et son cimetière d’animaux de compagnie. L’« association des chapelles catholiques et apostoliques » gérant le lieu l’a vendu à un promoteur immobilier, Garibaldi, en vue d’une opération sans doute juteuse. C’est à sa demande que l’église a été évacuée  d’une cinquantaine de protestataires présents depuis 6h30 ce matin dont le prêtre en habits sacerdotaux traîné à terre sans plus de ménagements. On voit sur la vidéo les égards des forces de l’ordre envers les personnes présentes…

    Le tradi, voilà l’ennemi

    La préfecture de police de Paris a pourtant évoqué sans rire une opération sans incidents majeurs. Bien entendu, afin de justifier l’évacuation, les milieux autorisés ont tous évoqué la présence (pacifique) de sympathisants d’extrême droite, des intégristes catholiques ayant récupéré la problématique à leur unique profit. Je me demande toujours où commence le traditionalisme pour un catholique, si ce n’est pas quand il a le désir d’une spiritualité solide et d’une belle liturgie ? Un catholique de progrès, selon cette définition, n’est plus vraiment catholique.

    Il m’a semblé pourtant qu’il y avait là surtout des élus « Les Républicains » n’étant pas, il me semble, des séides de Marine le Pen, ainsi que des paroissiens et paroissiennes, ou encore des gens du quartier émus par la destruction de ce lieu de mémoire collective. Il y a au moins un motif de réjouissance. Ceux qui taxaient la justice et les forces de police de laxisme ou de lenteur dans le traitement des dossiers religieux en sont pour leurs frais, ils ont ici fait preuve d’une grande célérité véritablement admirable.

     

    C’est à se demander pour quelle raison on tarde autant à vider de la même manière les mosquées salafistes. Serait-ce par absence de réelle volonté politique ? Et puis les chrétiens, fussent-ils d’affreux intégristes, fussent-ils gallicans comme à sainte Rita, ont quand même un avantage. Ils sont censés tendre la joue droite, ainsi que le répètent comme un mantra les « bouffeurs de curé » qui aiment donner des leçons de foi aux croyants pour justifier leurs injures aux catholiques, telle madame Le Goïc. Et avec eux, aucun risque qu’une kalachnikov traîne dans le coin et soit utilisée. Ils sont aussi beaucoup moins coriaces que les « zadistes » de Notre-Dame des Landes.

    Il faut dire que, contrairement aux jeunes gens enthousiastes et romanesques qui occupent le bocage nantais, les zadistes de sainte Rita ce ne sont pas des électeurs PS potentiels pour 2017. Dans les médias, même après les tragiques événements de Saint-Étienne-du-Rouvray, les bonnes habitudes de dénigrement des catholiques ont la peau dure. Quand leurs curés ne sont pas pédophiles, ils sont forcément intégristes, comparables à Daech. Et ce ne sont pas les dénégations affolées des bons apôtres ecclésiastiques ou laïcs, ou la vidéo du père Franck Legros dansant sur des rythmes « mucho caliente » avec son aréopage de jeunes paroissiens circulant actuellement sur le net, qui changeront quoi que ce soit à ces idées reçues. 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

     

    A rapprocher du communiqué de l'Action française ci-après

    Dans la nuit du 2 au 3 août 2016, plus d’une vingtaine d’étudiants d’Action française a défendu l’église Sainte Rita. En effet, l’église est vouée à destruction devant la pression de promoteurs immobiliers voraces. La mobilisation des riverains, des élus et des catholiques parisiens, tous horrifiés par ce projet avait permis d’obtenir un sursis. L’abbé de Tanouärn a pu redonner vie à cette église, la rendant à sa fonction première en y célébrant des messes quotidiennes, ainsi qu’en y organisant des concerts et des conférences. 

    Aujourd’hui, alors que l’Etat islamique égorge des prêtres sur notre propre sol, la république se présente de fait comme son allié en œuvrant à la destruction de nos églises. En cela, elle continue l’entreprise de la Révolution et révèle sa vraie nature qui n’a rien à envier au pire des terroristes.

    Le lendemain des obsèques du Père Hamel, Cazeneuve envoie ses sbires persécuter les catholiques à défaut d’envoyer sa démission. Les forces du désordre ont détruit l’église et violenté de nombreux militants, un des deux prêtres a été frappé et traîné au sol, des élus municipaux et des députés ont été molestés.

    LE CATHOLICISME : UNE "RELIGION DE MERDE" ? Le commissaire de police, en profanant illégalement la messe, a fièrement lancé "religion de merde".

    L’abbé de Tanouärn appelle les fidèles à se joindre à la messe qu’il célébrera dimanche 7 août à 11h à Ste Rita, ou dans la rue.

    L’Action française est fière d’avoir été présente dans la défense vigoureuse de notre patrimoine culturel et spirituel et le sera toujours pour concourir au bien commun.

    Action Française

  • Yvan Blot : « Les terroristes potentiels sont très nombreux »

     

    par Ludovic Greiling

     

    1067266642.jpgRécent retraité de l’Inspection générale au ministère de l’Intérieur, Ivan Blot se consacre aujourd’hui à l’écriture. Dans Le terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire *, il développe une analyse originale de ce phénomène, tirée de son expérience.

    Dans votre dernier livre, vous définissez le terrorisme islamiste comme un nouveau mouvement révolutionnaire, à l’instar du bolchévisme ou de la Terreur de 1793. Le jihad guerrier n’est-il pas consubstantiel à l’islam ?

    Je pense que n’importe quelle idéologie peut subir une mutation et devenir révolutionnaire. Regardez le socialisme : à la base, ce n’est pas un mouvement meurtrier. Le racialisme également était très développé au XIXe siècle et il ne donnait pas lieu à des violences. C’est la forme révolutionnaire de ces idéologies qui est meurtrière. Si l’islam contient des germes de violence que l’on retrouve aisément dans ses textes, c’est sa mue révolutionnaire intervenue dans les années 50 qui explique le terrorisme actuel. Quand je travaillais au ministère de l’Intérieur, j’ai été amené à m’intéresser à deux intellectuels musulmans qui étaient souvent cités par des personnages comme Oussama Ben Laden. L’un, le Pakistanais Al Mawdudi, mort en 1979, est le premier islamiste du XIXe siècle à prôner le retour au jihad pour réaliser une révolution islamique intégrale ; il utilise le terme « révolutionnaire » dans ses écrits. L’autre, l’égyptien Sayyid Qutb, membre de la confrérie des Frères musulmans qui a eu une influence énorme, interprète également tout le Coran dans un sens violent et totalitaire.

    Nous venons de subir deux massacres en plein Paris. Vous affirmez pourtant dans votre livre que les services français travaillent efficacement contre la menace islamiste…

    Il faut comprendre que, depuis près de dix ans, nous arrêtons en moyenne une fois par mois des préparatifs d’attaques majeures comme celle du Bataclan. Ces opérations ont été démantelées par nos services et ont valu à leurs auteurs d’être condamnés par la justice. Cependant, mis à part le projet d’attentat à la cathédrale de Strasbourg qui a été médiatisé, le reste est en général caché par nos gouvernants. En outre, il faut ajouter toutes les mesures de prévention – fouilles dans les aéroport, plan Vigipirate, etc. – qui ont découragé bien des velléités.

    Combien de personnes ont été condamnées en France pour avoir participé à de tels projets ?

    Plusieurs milliers… La loi antiterroriste de 1986, qui a été amendée depuis, permet d’arrêter avant un attentat les personnes ayant un lien avec une activité présumée terroriste, sans qu’elles aient encore commis la moindre action. Ces personnes font de la prison, certaines en ressortent, on les suit un peu puis c’est terminé. C’est pourquoi nous avons parfois de mauvaises surprises, comme l’assassinat récent d’un couple de policiers par un islamiste.

    Le premier ministre Manuel Valls et le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve préviennent désormais que d’autres attentats sont possibles. Cela paraît contre-productif sur le plan électoral. Comment l’expliquez-vous ?

    Je suppose que leurs services doivent leur dire qu’ils ne peuvent plus suivre tout le monde. Ils sont prévenus et ils ne veulent pas paraître stupides s’il y a de nouvelles attaques. La situation est grave. Les terroristes potentiels deviennent très nombreux. Et ils sont soutenus activement ou passivement par une large partie des populations immigrées. Je vous donne un exemple : la police commande aussi des sondages à des instituts spécialisés afin de tâter le pouls de la population. Les résultats ne sont pas rendus publics, mais ils sont parfois épouvantables. Par exemple, un nombre important des musulmans de France approuvent le terrorisme islamiste. Cela ne veut pas dire qu’ils vont devenir terroristes eux-mêmes, mais cela signifie qu’il existe une vaste complicité passive ou active.

    Ces chiffres sont impressionnants. Ils mettent en exergue l’inaction de nos gouvernements face aux flux migratoires. Ils sont pourtant prévenus des conséquences potentielles. Comment expliquer un tel laisser-faire ?

    Je pense qu’il existe une peur des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, qui a déjà condamné la France. On peut aussi mettre en avant le respect de certains traités internationaux que nous avons signés, mais aussi la crainte d’être traité de raciste. Quand le scandale de l’embauche d’islamistes dans une centrale nucléaire belge avait été révélé, on m’avait expliqué la raison : c’était la crainte d’être pointé du doigt pour discrimination qui avait guidé les décisions des recruteurs. Et puis il existe un état d’esprit général qui terrifie nos hommes politiques. Pour tarir les flux, il faudrait parfois faire l’usage de la force ; nos responsables sont très loin de l’envisager.

    Faisant valoir le principe de précaution, un nombre croissant d’observateurs affirment qu’il faudrait remigrer dans leurs pays d’origine une partie des populations musulmanes présentes en Europe. Qu’en pensez-vous ?

    Des politiques de remigration auraient pour effet de réduire la menace. Il est bien évident que s’il n’existe pas de terrorisme islamiste en Pologne ou au Japon, c’est en raison de l’absence des populations à risque. On peut ajouter que c’est en premier lieu auprès de ces populations à risque que nos services secrets travaillent pour contrer la menace terroriste.

    Pour contrer le terrorisme islamiste, vous évoquez également des mesures dites positives. Pouvez-vous les décrire ?

    La répression est nécessaire. Mais il faut aussi supprimer les terrains favorables à l’émergence de l’islamisme. Je vois pour cela quatre volets aux conséquences différentes. Le premier, c’est une éducation patriotique et l’enseignement solide de l’histoire de France. Je prends pour exemple ce qui se fait en Russie, avec succès, malgré l’importance des minorités musulmanes qui y vivent. Le second volet, c’est le rétablissement du service militaire, avec l’éducation et l’éthique dont il est porteur. La troisième proposition concerne le rétablissement d’une garde nationale, fondée sous les rois de France et supprimée en 1871 ; cette dernière serait triée sur le volet et permettrait aux citoyens de participer à la défense des frontières et de l’ordre public. Enfin, le dernier volet est diplomatique : il est temps de se mettre d’accord sur une politique antiterroriste au niveau international. Visiblement, l’OTAN et les états-Unis ne le veulent pas. L’organisation militaire vient ainsi de désigner la Russie comme son ennemi n°1, plutôt que l’état islamique ! 

    etiquette-blot-terrorisme.pngLe terrorisme islamiste, une menace révolutionnaire, d'Yvan Blot, Apopsix, 246 pages, 18 €

    A propos de l'auteur :

    Ivan BLOT, docteur ès sciences économiques, ancien élève de l'ENA, ancien député et inspecteur général honoraire au Ministère de l'Intérieur. Il est membre du Comité des experts du Centre d'analyse Rethinking Russia à Moscou et du Club de Discussion de Valdaï.  

    Repris du numéro de juillet - Août de Politique magazine > Commander ici !

  • Déni d'islamisme : le réarmement moral passe par un retour au réel

     

    Par Mathieu Bock-Côté          

    Masqué sous des justifications psychiatriques ou sociales, le déni d'islamisme continue de frapper, constate Mathieu Bock-Côté, pour qui, à force de dépolitiser les attentats, les Occidentaux savent pleurer, mais plus se battre. Nous sommes une fois de plus d'accord. Pourquoi reprenons-nous souvent les tribunes, les analyses, de Mathieu Bock-Côté ? Simplement, parce qu'elles vont au fond des choses, à l'essentiel, aux racines même du Système dominant : racines idéologiques,  mais aussi comportements et méthodes du totalitarisme révolutionnaire, ancien ou nouveau. Ce sont des analyses qu'un contre-révolutionnaire, par exemple maurrassien, eût faites à peu près de la même façon. Et que beaucoup d'autres font aujourd'hui, en dehors de nos cercles, en particulier parmi les jeunes intellectuels. Ce courant de réflexion est, pour nous, d'un intérêt - disons stratégique - tout à fait évident.  LFAR    

     

    3222752275.jpgOn commence à s'y habituer : à chaque attentat terroriste, une bonne partie du système médiatique active le logiciel du déni d'islamisme. Cela a aussi été le cas après l'attentat de Nice. Une chose semble plus importante encore que de pleurer les victimes et d'encombrer les lieux du crime de fleurs et de bougies: c'est de dépolitiser l'attentat. Dans la mesure du possible, on multipliera les hypothèses qui nous éloignent d'un constat pourtant enregistré depuis longtemps dans la conscience populaire : la paix perpétuelle à laquelle nous aspirions dans la dernière décennie du vingtième siècle a été fracassée une fois pour toutes. L'islamisme nous a déclaré la guerre. Il ne nous est plus possible de croire que la guerre appartient à la préhistoire de l'humanité occidentale et qu'il suffirait d'étendre à travers le monde la logique des droits de l'homme pour l'éradiquer une fois pour toutes. Mais le système médiatique travaille fort à nier cette réalité.

    Il y a d'abord la piste psychiatrique. Le terroriste serait un déséquilibré, un fou furieux, un maniaque, un psychopathe, mais pas un islamiste. En un mot, il n'y aurait aucune signification politique à un tel attentat : on devrait le considérer comme une forme de catastrophe naturelle - mais la nature qui se déchaînerait ici sur les sociétés serait la nature humaine et ses failles hantées par de sombres fantasmes de destruction. On ne saurait inscrire le crime dans une trame plus vaste et d'aucune manière, on ne devrait l'expliquer idéologiquement. Le crime n'est plus vraiment un crime : c'est un malheur, une malédiction, un rappel de la part incompréhensible de la condition humaine. C'est ainsi que plusieurs, comme le premier ministre canadien Justin Trudeau, ont parlé d'un acte « insensé » plutôt que de reconnaître dans l'attentat de Nice un épisode dans la guerre de l'islamisme contre l'Occident. Faut-il comprendre, dès lors, que les seuls terroristes qu'on prendra au sérieux sont ceux qui paient leurs impôts à temps, mangent de manière équilibrée et qui ont une connaissance fine du Coran ?

    Il y a aussi la piste de l'exclusion sociale : l'homme qui se rendrait coupable d'un attentat serait en fait une victime de la société où il vit. Seule la désespérance sociale le rendrait sensible aux sirènes islamistes. Plus encore : l'exclusion qu'il subirait le pousserait à cette forme de résistance condamnable mais compréhensible que serait le terrorisme islamiste. Il y a plusieurs années, on avait déjà expliqué ainsi les assassinats de Mohamed Merah. Dans nos sociétés qui marginaliseraient les populations issues de l'immigration, la petite criminalité et la grande devraient être considérées comme des actes de résistance. En un mot, l'islamophobie serait à l'origine de l'islamisme. Peut-être est-ce une manière de garder mentalement le contrôle des événements : se dire coupable, c'est demeurer responsable des événements, c'est conserver une emprise sur eux. Si la civilisation occidentale s'amende suffisamment, la guerre cessera et la paix reviendra. Il faudrait s'ouvrir toujours davantage à la diversité pour contenir et refouler l'islamisme.

    On oublie une part essentielle de ce qu'on pourrait appeler la théorie de la guerre révolutionnaire, qui consiste justement à exciter les marges, les éléments sociaux instables et fragiles, pour faire naître chez eux une vocation au Djihad. Il s'agit justement d'exciter les pulsions morbides et de les convertir en un désir terroriste. Les vidéos relayés par l'État islamique où on voyait ses soldats et militants se transformer en égorgeurs avaient justement cette vocation. Pour le dire autrement, il s'agit de mobiliser les marginaux et les déclassés en les retournant contre l'ordre établi. C'est ainsi qu'un homme qui n'était pas fiché par les services de renseignement peut rapidement prendre un étendard et se retourner contre ses concitoyens qu'il ne voit pas comme des compatriotes. Celui qui se laisse convertir peut ainsi espérer une forme de gloire morbide qui transfigurera son existence en devenant un martyr glorieux d'une guerre sainte contre un Occident malfaisant.

    Cela ne date pas d'hier. Les théoriciens révolutionnaires ont toujours su qu'ils ne pouvaient pas se fier à leurs seuls moyens et qu'ils devaient travailler les contradictions sociales inscrites au cœur des sociétés qu'ils veulent bouleverser. Et le fait est que l'appel au Djihad trouve un écho dans les banlieues islamisées issues de l'immigration qui sont la cible d'une propagande antioccidentale permanente, par ailleurs relayée par un système médiatique qui les entretient dans ce sentiment victimaire. L'islamisme y trouve un bon terreau et pousse ainsi à la guerre civile entre les nations européennes et les communautés issues de l'immigration musulmane. On pourrait pousser plus loin la réflexion : qu'on le reconnaisse ou non, la perméabilité absolue des frontières contribue à ce climat anxiogène. Quoi qu'en disent les théoriciens de la diversité, une communauté politique exagérément hétérogène est appelée à vivre des contradictions culturelles de moins en moins soutenables.

    Le système médiatique semble vouloir préserver à tout prix le fantasme de la diversité heureuse, quitte à se couper du commun des mortels et à s'installer dans un univers parallèle. Il y a quelque chose de navrant à constater la puissance médiatique de ce logiciel contribuant à déréaliser l'agression subie depuis quelques années par la nation française, en la dispersant en milliers de faits divers dépolitisés, auxquels on refusera toute perspective d'ensemble. L'Occident sait pleurer mais ne sait plus vraiment combattre - il ne veut pas accepter qu'en guerre, on ne fonctionne plus comme en paix. Évidemment, ceux qui exigent une politique toute faite à la manière d'une douzaine de mesures bien identifiées contre l'islamisme s'illusionnent : bien évidemment, on peut et doit mener une guerre contre l'islamisme intérieur et extérieur mais elle ne sera pas gagnée en quelques mois. Mais ceux qui parlent du nécessaire réarmement moral des nations occidentales visent juste.

    On se demande encore comment certains ont pu s'opposer à la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables de trahison ou de terrorisme. Ne permettait-elle pas de redonner au moins symboliquement une certaine force à l'idée de citoyenneté ? De la même manière, on comprend l'irresponsabilité criminelle de ceux qui consentent à une immigration massive qui crée les conditions d'une fragmentation massive des pays de la vieille Europe. Qui croit encore qu'il faille s'ouvrir à toutes les différences, sans distinguer entre celles qui sont compatibles avec le monde occidental et celles qui ne le sont pas ? Autre question : jusqu'où les sociétés occidentales accepteront-elles de voir la logique des droits de l'homme retournée contre elles, comme si elles devaient s'immoler sur l'autel d'un universalisme si radical qu'il les empêche de se défendre lorsqu'on les agresse ? 

    Le réarmement moral passe d'abord par un retour au réel. 

    Mathieu Bock-Côté         

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.   

  • « Si le père Hamel n'est pas martyr, alors qui l'est ? »

     

    Par Guyonne de Montjou    

    Jean-François Colosimo, écrivain, théologien et éditeur, décrypte pour Figarovox [28.07] l'attentat, inédit sur le sol français, qui a notamment coûté la vie à un prêtre octogénaire dans son église. Un dialogue d'un grand intérêt où, comme d'ordinaire, Jean-François Colosimo va au fond des choses, à l'essentiel.  LFAR

     

    XVM395dab50-54b8-11e6-91e4-fb78b463148e.jpgCet attentat dans une église, visant des fidèles, était-il selon vous inévitable?

    Oui. Daech mène aussi une guerre de religions. Dans un conflit, il est essentiel de savoir désigner l'ennemi. Il n'est pas moins indispensable de connaître la manière dont l'ennemi vous définit. Dans la représentation de Daech, il n'est pas tant question de l'Occident, des Américains ou des Européens, que du « camp des juifs et des croisés»  ou du « royaume de la croix ». Qu'un prêtre soit égorgé dans son église nous paraît inouï, c'est pourtant ce qui se produit, dans l'indifférence, au Proche-Orient depuis une décennie. D'un coup, la mondialisation, qui est un univers de flux financiers, numériques, migratoires, abolit les distances et les différences. L'effet retard de notre prise de conscience explique notre sidération. Le déni la nourrit également: voyez le temps qu'ont mis les autorités françaises à reconnaître que les 21 Egyptiens décapités sur une plage en Libye en février 2015 l'avaient été parce qu'ils étaient chrétiens, précisément coptes.

    Comment analysez-vous cette sorte de cécité ?

    Nous sommes pris dans une logique historique inversée: le projet européen est une uchronie hors du passé, du présent, tendue vers un pur avenir de paix, de fraternité et… de consommation. Il s'agit de constituer l'empire du bien, neutre, capable d'accueillir toutes les altérités et de désarmer toutes les hostilités. Mais pour réaliser cette abstraction, il faut se couper de ses racines et se conjuguer éternellement au futur. L'Europe, dans sa Constitution même, nous ordonne d'être anhistoriques.

    Et pourtant les terroristes, en attaquant cette église mardi matin, ont voulu frapper un symbole…

    C'est là le paradoxe. Pour le califat réinventé par Daech, l'histoire détermine le présent: nous sommes les héritiers du christianisme. Les djihadistes nous assignent à notre identité religieuse, même si nous nous échinons à affirmer qu'elle ne nous concerne plus.

    Cet attentat marque-t-il, selon vous, un tournant ?

    Oui. D'une part, parce que la notion même de sanctuaire que représentent diversement le temple, la vieillesse, la périphérie, l'anonymat, s'en trouve annulée. D'autre part, parce que le fait chrétien, sans lequel la France est inconcevable, longtemps minoré, ne peut plus être ignoré. Là encore les pouvoirs politiques et médiatiques ont leur part de responsabilité: on s'émeut régulièrement et à raison des actions de vandalisme contre les cimetières juifs et musulmans tandis que les mêmes actions contre les cimetières chrétiens sont largement passées sous silence.

    Pensez-vous que la réponse de l'Eglise qui consiste à tendre l'autre joue, à s'aimer les uns les autres, puisse être interprétée comme un aveu de faiblesse ?

    C'est pourtant la seule bonne réponse! Les évêques sont des guides, chargé du peuple des fidèles. Ils doivent empêcher que l'on réponde à la haine par la haine. Mais ils font aussi œuvre publique. Daech espère que des représailles antimusulmanes finiront par survenir en Europe et que s'ensuivra une guerre civile généralisée. C'est un piège qu'il revient à l'Eglise de prévenir. Ce n'est en rien une position naïve: c'est le catholicisme qui, avec saint Augustin et saint Thomas, a fait en sorte que la guerre soit encadrée par le droit afin qu'elle ne tourne pas à la pure barbarie.

    Diriez-vous que le dialogue avec l'Islam est possible ?

    Le christianisme est engagé dans un effort permanent de dialogue avec l'Islam. C'est une entreprise souvent décevante, toujours difficile, mais nécessaire. Comme le disait l'orthodoxe Olivier Clément (1921-2009), les musulmans méritent notre «respect têtu», c'est-à-dire que nous menions avec eux un dialogue persévérant parce qu'exigeant, autant fondé sur la vérité que sur l'humanité.

    Comment distinguer islam et islamisme dès lors que les ferments de violence se trouvent dans les textes sacrés de cette religion ?

    Toute religion porte en elle une tentation fondamentaliste qui lui est propre. Néanmoins, l'islam présente une porosité singulière à ses dérives exacerbées. Contrairement à l'idée répandue, les causes de la crise ne sont ni politiques, ni économiques. La réforme doit d'abord être d'ordre théologique, philosophique, exégétique. Le monde musulman rêve de retrouver son Age d'or. Il le fera non pas en renouant avec l'imagerie de la conquête, mais avec l'impératif de l'interprétation.

    Si les djihadistes nous lançaient un défi, quel serait-il ?

    Le défi est là, et démonisé. Les voilà qui nous disent: «Je suis prêt à mourir parce que je veux l'au-delà. Et toi, pour quoi es-tu prêt à mourir?» C'est là qu'apparaissent le gouffre et la béance de notre société horizontale qui ne connaît plus de verticalité. Tant que nous ne retrouverons pas l'évidence qu'il nous faut articuler notre communauté de destin à une forme ou à une idée de la transcendance, nous serons condamnés, désolés, à compter nos morts.

    Et l'idée de progrès ou celle d'Europe ne suffisent-elles pas à nous transcender ?

    Ce sont des idées mortes! C'est fini le progrès, l'utopie, Prométhée. Ces idées ont été le cœur noir des Lumières, soldé par le goulag, la Shoah et Hiroshima. L'homme européen a proclamé la mort de Dieu et c'est la mort de l'homme qui est advenue et qui se poursuit.

    Croyez-vous que les djihadistes sont des êtres archaïques, fonctionnant avec les codes du Moyen Age ?

    Pas du tout. Les djihadistes sont le parachèvement de la modernité. Leur crime allie le goût de la barbarie et l'exaltation de la technique. C'est la combinaison du sacrifice sanglant et de l'application Periscope (qui permet de diffuser une vidéo en direct via son smartphone, ndlr). Si on ne comprend pas cela, on continuera à dire des âneries! Non les islamistes ne sont pas en transition historique, ils ne viennent pas du Moyen Age, ils sont l'acmé du nihilisme.

    Vous semblez imputer ces attentats à la modernité…

    Je crois qu'il faut bien comprendre que la globalisation consiste en deux mouvements: le premier, centrifuge, qui veut produire un individu cloné à l'échelle planétaire selon un même axe et sur un mode identique ; le second, centripète, qui voit éclater les identitarismes reconstruits, tribaux et claniques à la bordure. La mondialisation, ce n'est pas l'un ou l'autre, mais les deux en même temps. La stérilisation et la virulence simultanément.

    Quelle solution ?

    Ce n'est pas pour rien que les djihadistes assaillent les églises en Orient et désormais en Occident. Ils les attaquent car là, précisément, est la réponse. Celle-ci ne se trouve pas dans les universités, les think tanks ou les ministères. Les djihadistes divinisent la mort. Le carnage est leur prière. La réponse consiste en la démonstration que non seulement Dieu est vivant, mais qu'il est «le Vivant». La réponse est résolument spirituelle.

    Jacques Hamel, ce prêtre octogénaire assassiné, est-il au sens strict un martyr ?

    Qui d'autre le serait, sinon ? Au moment de mourir, il célébrait la messe. Il se trouvait à confesser sa foi. Il a été égorgé comme l'agneau sur l'autel. Si lui n'est pas martyr, alors qui l'est? Les dieux de toutes les religions sont des dieux gagnants. Seul le Dieu des chrétiens consent à apparaître perdant en s'incarnant, en subissant le supplice, en mourant sur la croix. Pour mieux renverser la malédiction qui amertume l'histoire des hommes. 

    Jean-François Colosimo est essayiste et directeur général des Editions du Cerf. Il a récemment signé Les Hommes en trop. La malédiction des chrétiens d'Orient, chez Fayard. - Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA

    Guyonne de Montjou