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Actualité France - Page 371

  • Royalisme • Un visuel pour confirmer et faire savoir ce que l'Institut BVA nous a appris

     

    Sur cette excellente nouvelle pour l'avenir et la crédibilité de nos entreprises, on pourra tout d'abord se reporter à l'article que Lafautearousseau a publié mercredi 31 août : C'est l'Institut BVA relayé par LCI qui nous l'apprend ...

     

    Différents commentaires ont suivi, parmi lesquels celui-ci, excellent, signé de Gilbert CLARET

    « Ce sondage BVA est une bonne nouvelle car il démontre une tendance diffuse, certes modeste mais réelle, favorable à une restauration royale.

    Cette tendance découle sans doute du désir croissant de la population qui se sent française dans ses plus profondes racines (et ce sentiment existe aussi bien chez des personnes récemment immigrées), d'un retour aux sources bimillénaires du pays qui sent le besoin de retrouver des repères et des fondations grâce auxquels l'espoir en France pourrait renaître.

    La république semble vouée à conduire le pays vers une dissolution de l'idée qu'il a toujours eu de lui et qu'il a encore de lui. Elle laisse le pays quand elle ne l'encourage pas à sombrer dans un néant de culture et d'égalitarisme social théorique, forcené et forcé au niveau le plus bas, comme si la pauvreté pour tous était sa suprême référence, dans l'enfouissement des souvenirs du passé et de de son histoire même quand elle fut glorieuse, comme si elle cherchait à tout lui faire oublier au risque que le pays se perde en une entité abstraite de perfection imaginaire, idéologique, arbitraire et contrainte. » 

    Visuel : Action Française - Provence

  • C'est le moment de relire les publications de Lafautearousseau sur le cas Macron

    Entretien du 8 juillet 2015, dans l'hebdomadaire Le 1

     

    Retrouvez les publications de Lafautearousseau sur le cas Emmanuel Macron 

    Décidément, nous aurons tout lu, tout vu, tout entendu ! La voie est libre !  [9.07.2015]

    Le buzz s'est fait autour du remarquable entretien donné par E. Macron [10.07.2015]

    Quelle extraordinaire déclaration d'E. Macron, chers lecteurs de LFAR   [16.07.2015]

    Le réalisme commande le Roi par François Marcilhac [20.07.2015] 

    Royaliste, Emmanuel Macron ? Ce qu'en pense Bertrand Renouvin [27.07.2015]

    Un royaliste dans le gouvernement français par Peroncel-Hugoz [10.08.2015]

    Emmanuel Macron, « en marche » vers l’Elysée ? par Olivier Pichon [13.04.2016]

    J. Leroy : Macron m’inquiète. Le prendre au sérieux avant qu’il ne soit trop tard [18.04.2016]

    Emmanuel Macron va présider les fêtes de Jeanne d'Arc à Orléans ... Redira-t-il qu'il nous manque un roi ?  [LFAR - 28.04.2016]

    Emmanuel Macron fêtera Jeanne d’Arc ? Bonne nouvelle ! par Charlotte d'Ornellas [1.05.2016]

    Un ministre chez les Vendéens par Olivier Pichon [28.08.2016]

     

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  • Au JT de France 2 • Les « espèces invasives et nuisibles » : Pas de mauvais esprit, SVP !

     

    2504458051.3.jpgLe soir de sa rentrée, en fin du JT de 20h, David Pujadas « envoie » un reportage sur, dit-il, quelque chose dont il faut se méfier, un fléau de notre temps, qui cause des ravages considérables et qui peut même se révéler désastreux. Effet anxiogène et ambiance cataclysmique garantis...

    La voix off nous apprend que ces espèces invasives, carrément appelées nuisibles, sont apparues vers la fin du XXe siècle chez nous, qu'elles ont d'ores et déjà colonisé des zones entières du pays et, qu'avec leur taux très élevé de fécondité, elles menacent les espèces indigènes. Elles modifient l'état des lieux, transforment les paysages, chassent les espèces autochtones : un vrai désastre...

    Mais, attention, qu'allez-vous imaginer ? Nous parlons bien de la même chose, au moins : les ragondins et les écrevisses rouges de Louisiane qui pullulent dans le marais poitevin. Pourquoi, vous pensiez à quoi ?  • 

  • Rentrée scolaire • Quand Jack Lang soulage sa conscience

     

    Par Eric Zemmour 

    Une critique acérée et argumentée de la politique éducative sous le quinquennat de Hollande signée Jack Lang. C'est une loi d'airain : les ex-hôtes de la Rue de Grenelle confient tous leurs remords au papier. Ce que fait ici Eric Zemmour, plus que d'un homme, c'est la critique du Système en soi-même. Qui détruit la France et ses enfants. Soi-disant ceux de la République. En quoi son analyse rejoint la nôtre, nous intéresse.  LFAR

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC'est un classique de la vie politique française. Tout ministre de l'Éducation nationale, aussitôt qu'il a quitté les ors délavés de la Rue de Grenelle, devient le procureur le plus impitoyable de ses successeurs, avec une prédilection pour ceux de son camp. Jack Lang ne fera pas exception à cette règle d'airain. Il a été ministre de l'Éducation nationale il y a vingt-quatre ans. Lui au moins s'en souvient. Son livre est bref, mais la charge est lourde. Bien sûr, en vieux loup de mer, Lang prend soin d'éreinter le bilan des années Sarkozy, qu'il qualifie avec nuance de « vandalisme d'État ». Mais on sent vite que sa « colère » vise ailleurs. Plus tard, plus loin, plus haut. Vincent Peillon est déchiqueté sans ménagements ; brouillon et velléitaire ; sa loi de « refondation » est verbeuse, inutile ; sa réforme des rythmes scolaires calamiteuse ; ses cours de « morale laïque » ridicules : « La morale, tout court, est par définition laïque. »

    Avec Najat Vallaud-Belkacem, Lang se fait plus doucereux, mais c'est comme le loup avec le Petit Chaperon rouge, pour mieux la dévorer. Sa réforme du collège est louée dans son « architecture », mais dynamitée dans chacune de ses dispositions : suppression du latin, des classes bilangues (critiquée au nom de la défense de l'arabe !), des classes européennes, Lang condamne tout, de la langue pédantesque des pédagogistes aux tergiversations sur la chronologie dans les programmes d'histoire. Ne lui en déplaise, Jack Lang tient parfaitement son rang au milieu des « réactionnaires », « élitistes » et « pseudo-intellectuels » dénoncés par sa soi-disant protégée rue de Grenelle.

    Il fait pire. Ou mieux. Il n'hésite pas à reconnaître que « cette fois c'est établi : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis ». Phrase qui lui aurait valu les foudres de tous les progressistes quand il était ministre.

    Mais pris par l'enthousiasme du pénitent, notre apostat ne s'arrête pas en si bon chemin. « Si l'on compare aux années 60, on a perdu l'équivalent d'une année scolaire entière entre l'entrée en CP et la fin de troisième. » Il s'appuie sur les travaux de Stanislas Dehaene en imagerie du cerveau, pour reconnaître l'incontestable supériorité de la méthode syllabique d'apprentissage de la lecture ; et sur un rapport de l'Inserm pour s'inquiéter que « les enfants des familles monoparentales multiplient les signes de moindre réussite scolaire ». Se souvenant avec nostalgie de sa jeunesse, Lang fait l'éloge de l'internat au cadre rigoureux qui a sauvé l'enfant chahuteur qu'il était, et n'hésite pas à critiquer Mai 68, et la gauche qui a « érodé sans le souhaiter la belle notion d'autorité ». En guise de révolution scolaire, il prône : « La langue d'abord. Belle écriture… Lecture à voix haute. » On se pince pour y croire. On regarde la couverture pour être sûr que le livre est signé Lang. On entend le tombereau de brocarts que Lang lui-même et ses habituels acolytes progressistes ont déversé (et continuent de déverser) sur tous ceux qui n'ont eu que le tort de dire la même chose que notre auteur mais avant lui : et pourquoi pas le retour de la plume Sergent-Major ? La nostalgie populiste digne du film Les Choristes ne fait pas une politique… Passéisme… Café du commerce…

    Mais il faut aller au-delà de cette légitime vindicte. La guérilla systématique menée par l'amicale des anciens ministres de l'Éducation nationale contre leurs successeurs contraste avec l'impression laissée à tous les observateurs d'une remarquable continuité depuis quarante ans. Les majorités changent, les réformes se succèdent, mais c'est toujours la même politique. Les ministres se succèdent, mais la rue de Grenelle reste. La rue de Grenelle et sa cohorte de technocrates et de spécialistes de sciences de l'éducation, pédagogistes zélés, dont Philippe Meirieu est la figure emblématique et tutélaire.

    Tous les ministres, qu'ils l'aient voulu de bonne ou de mauvaise grâce, ont été avant tout les porte-parole de leur administration. Tous ont mis en œuvre le programme « réformateur » voulu par les hiérarques de la Rue de Grenelle depuis les années 60, et même avant, depuis le rapport d'inspiration communisant de 1945, Langevin-Wallon. Tous les ministres ont été responsables sinon coupables de la dégradation continue de notre école, dénoncée à longueur de livres-témoignages par une cohorte de profs - à la suite du talentueux Jean-Paul Brighelli - ou de hauts fonctionnaires (rapport Obin) effarés par ce qu'ils voyaient et vivaient, jusqu'aux analystes les plus acérés, de Jean-Claude Michéa à Alain Finkielkraut. Tous les ministres, même ceux du général de Gaulle et de Georges Pomidou, Edgar Faure ou Joseph Fontanet, de droite ou de gauche, « républicains » ou « libéraux », ont été les complices, au moins passifs et impuissants, de cette machine éducative devenue folle, qui a confondu massification et démocratisation, a rejeté l'élitisme au nom de l'égalitarisme, a méprisé le mérite des meilleurs au nom du respect de tous, a dédaigné la transmission des savoirs au nom du « plaisir de l'enfant », a arraché tout sentiment d'amour de la France au nom de la repentance et du vivre-ensemble, et a transformé les classes en centres de propagande (théorie du genre, multiculturalisme, etc.) où sont surveillés, tancés et ostracisés les enfants qui pensent mal, que l'école s'est donné pour mission affichée d'arracher à leurs déterminismes et préjugés familiaux.

    Et tout cela au nom de la République, du progrès, de la Liberté, de l'égalité, de la fraternité !

    Une fois qu'on a refermé l'ouvrage de Lang, une dernière question se pose : pourquoi des ministres qui souvent ne manquaient ni de bonne volonté, ni de talent, ni même - ce qui devient fort rare - d'une grande culture - qu'ils s'appellent Chevènement, Bayrou, Jospin, Allègre, Ferry, Darcos ou Lang, etc. - ont-ils tous baissé pavillon face au tourbillon nihiliste charrié par leur administration ? Au lieu de dénigrer leurs derniers successeurs qui ne sont après tout que leurs médiocres héritiers, qui n'ont fait qu'achever le travail de destruction débuté sous leur magistère, ils devraient essayer de répondre à cette question. La réponse nous serait fort utile pour rebâtir sur ces ruines.   •

    « Cette fois c'est établi  : le niveau des élèves baisse. Trop d'études nationales et internationales convergent en ce sens pour que le doute soit permis »

    Jack Lang 

    « De Jack Lang », Éditions Kero, 120 p., 9,90 €.

    Eric Zemmour

    Article repris du Figaro du 01.09.2016    

  • C'est l'Institut BVA relayé par LCI qui nous l'apprend ...

     

    Texte intégral publié par LCI le 30 août ... Sans commentaires !  

     
    VIVE LE ROI – Selon un sondage, une partie non négligeable de l’opinion serait favorable à ce que la fonction de chef de l’Etat soit assumée par un roi, comme c’est le cas dans de nombreux pays européens.

    Abolie en France il y a 168 ans, la monarchie conserve encore et toujours des adeptes. Un sondage réalisé par BVA et publié ce lundi, indique en effet que de nombreux Français pensent que la présence d’un roi au sommet de l’Etat serait bénéfique pour le pays. Près d’un Français sur quatre estime par exemple que cela aurait des conséquences positives sur l’unité nationale (39%) et la stabilité du gouvernement (37%).  Ils étaient à peine 23% en 2007, année où un sondage similaire avait été réalisé. 

    Pour 31% des Français, remplacer le président de la République par un monarque donnerait une meilleure image de la France dans le monde (24% en 2007). L’institut de sondage note cependant un important clivage en fonction de la proximité politique de personnes interrogées. Sans surprise, les sympathisants de droite et du FN sont beaucoup plus ouverts à cette perspective que ceux de gauche. Quand à peine 20% des sympathisants de gauche estiment qu’un roi à la tête de la France peut avoir des conséquences positives sur l’unité nationale, ils sont 50% à droite et 55% au FN.  

    « Le contexte actuel pousse les Français à s’ouvrir à cette possibilité »

    Néanmoins, le changement de régime n’est pas pour de suite car seulement 17% des Français se déclarent réellement favorables à l’idée de voir un roi prendre les rênes du pays. Un chiffre qui lui n’a pas progressé depuis 2007. S’ils ne sont que 4% à gauche à être favorables au remplacement du chef de l’Etat par un monarque, ils sont en revanche 22% à droite. Un chiffre qui monte jusqu’à 37% pour les sympathisants FN. 

    Paradoxalement, si un tel remplacement peut avoir des conséquences positives aux yeux de certains Français, ces derniers ne sont pas tous favorables à une telle extrémité. A noter tout de même que près de trois électeurs sur dix (29%) se disent prêts à voter pour un candidat royaliste au premier tour de la présidentielle. « La série d’attentats qui a touché la France en 2015 et 2016 a mis au cœur du débat la question de l’unité nationale, dans un contexte de défiance à l’égard de l’exécutif, voire de la classe politique dans son ensemble. C’est probablement cette lassitude corrélée à de fortes attentes qui peut expliquer le regain d’intérêt pour un mode alternatif de régime », explique BVA.

    « Il apparaît donc que la proportion des plus convaincus par la monarchie est restée très stable en une décennie, que ce soit sur l’idée qu’un roi exerce la fonction de chef de l’Etat ou sur le vote certain pour un candidat royaliste. Pour autant, le contexte actuel pousse les Français à s’ouvrir à cette possibilité, surtout à droite et à l’extrême droite », conclut l’institut.   

    Enquête auprès d’un échantillon de 1099 Français, représentatif de la population française, âgés de 18 ans et plus et recrutés par téléphone puis interrogés par Internet du 22 au 23 août 2016. 

  • Périco Légasse : « La crise du lait révèle la violence féodale des multinationales »

     

    Par Alexandre Devecchio

    Un accord a été trouvé entre Lactalis et les producteurs de lait. Mais Périco Légasse démontre dans cet entretien que la situation n'est pas viable. Les éleveurs sont devenus les serfs d'un système agro-alimentaire devenu à la fois féodal et mondialisé [Figarovox 30.08]. De telles féodalités d'argent, mondialisées, concourent en effet à la destruction de nos mœurs et traditions et nous trouvons que Périco Légasse a bien raison. On peut en débattre ... LFAR  

     

    XVM9c1e5dd8-6ee0-11e6-9f91-caf284335945.jpgUn accord a été trouvé mardi sur le prix du lait entre les organisations de producteurs et le géant Lactalis. Il fixe le prix de la tonne de lait à « 290 euros en moyenne », a précisé Sébastien Amand, vice-président de l'Organisation de producteurs Normandie Centre. Cet accord résout-il la crise du lait ou est-il un pis-aller ?

    Ramenons les chiffres à des entités compréhensibles pour le grand public. 290€ la tonne, soit 1000 litres, cela correspond à 29 centimes d'euro du litre de lait. La négociation est partie de 25 centimes du litre, pour monter à 26 puis à 28 centimes. A ce prix là, ça bloquait encore. Un centime de plus ne compensera en rien le manque à gagner des éleveurs, dont le seuil à partir duquel ils commencent à «vivre» est de 39 centimes du litre. A 29, c'est un accord syndical lié à des enjeux politiques. A moins de 32 centimes le litre de lait, les éleveurs les plus en difficulté ne peuvent pas s'en sortir. Il faut dire aussi que la FNSEA a longtemps soutenu le système intensif en expliquant aux éleveurs que produire beaucoup à moindre prix leur ouvrirait le marché mondial. On déplore aujourd'hui plusieurs pendaisons par mois de producteurs ruinés ou désespérés. Il est clair que quelqu'un leur a menti. Espérons que cet accord soit le début d'une vraie harmonisation de la production laitière permettant à chacun de trouver son compte. Disons que c'est un premier pas.

    Comme vous l'expliquez dans votre dernier article publié dans Marianne, Lactalis payait le litre de lait 25 centimes d'euro aux éleveurs, soit 14 centimes au-dessous de son prix de revient. Comment en est-on arrivé là? Qui fixe les prix ?

    Toute la tragédie est dans le mécanisme économique d'un système où c'est le client qui fixe le prix à son fournisseur et ne le paye qu'après avoir vendu la marchandise. Il paraît que nous sommes en économie libérale… Une situation même pas imaginable aux pires périodes de l'Union Soviétique. Qui fixe les prix ? En réalité la grande distribution, qui exige des tarifs chaque jour plus bas pour conquérir des parts de marché sur ses concurrents. Que ce mécanisme engendre un chaos retentissant lui importe peu. Les industriels sont obligés de s'aligner pour conserver leur référencement et imposent eux mêmes une tarification intenable à leurs fournisseurs, en l'occurrence les producteurs laitiers. A chaque échelon la même formule : tu cèdes ou tu dégages. Pour ne pas perdre le marché, transformateurs et producteurs finissent par plier. Au détriment de quoi ? De la qualité, de l'environnement, de la santé du consommateur et du bien être de l'agriculteur. Jusqu'au jour où ils ne peuvent plus tenir et là, ça craque. Et puis il y a le sacro-saint prétexte de la mondialisation, et des parts de marché à conquérir dans des échanges globalisés, avec la bénédiction de Bruxelles, qui a réussi à transformer le principe de « préférence communautaire », base du Marché commun de 1956, en hérésie subversive et anti-libérale. Ici décide la part de marché globalisée ! On voit le résultat, et pas qu'en agriculture. Ainsi la messe est-elle dite. Donc, gentil producteur, ou tu t'alignes sur les tarifs que je t'impose et tu crèves ; ou je vais chercher mon lait en Nouvelle- Zélande et tu crèves quand même. Ceux qui ont vu leurs confrères pendus au bout d'une corde en laissant une famille et une exploitation dans le désastre ont de bonnes raisons de manifester leur indignation et de s'insurger.

    Le consommateur n'a t-il pas aussi un rôle à jouer dans son comportement alimentaire ?

    En effet, et c'est le troisième paramètre. On explique depuis 40 ans au consommateur qu'il doit consacrer le moins de temps et le moins d'argent possible à son alimentation en lui proposant, à grands renforts de campagnes publicitaires, du bas de gamme à moindre prix. La bouteille de lait frais qu'il faut aller chercher une fois par semaine a été évacuée du réfrigérateur au profit de la brique en carton de lait stérilisé UHT à longue conservation que l'on peut acheter par pacs de 12 et stocker sous l'escalier. C'est tellement fatiguant d'aller chercher son lait, et son pain. Donc, on prend tout en grande surface pour le mois. Quelle honte ! Et pour faire quoi de mieux ? Le pain et le lait sont sacrés, on peut quand même faire cet effort minimum. Il ne s'agit pas de prendre son bidon en aluminium et d'aller acheter son lait cru à la ferme, cette époque est révolue (même s'il subsiste ici et là quelques héros), il s'agit de préférer du lait frais vendu sous une marque industrielle que l'on trouve dans la grande distribution. Bien que frais, et non UHT (Ultra Haute température, terrifiant procédé thermique qui aseptise tout pour donner un liquide gris clair et insipide), ce lait n'en est pas moins pasteurisé et peut se conserver sans aucun risque une semaine au frigo. Il coûte entre 0,76€ et 1,20€ du litre selon son origine, c'est quand même pas la ruine ! Même si l'on interpelle à juste titre Emmanuel Besnier, Michel-Edouard Leclerc et Xavier Beulin (président de la Fnsea qui a été obligé de prendre le train de la révolte en marche sous la pression de sa base mais qui incarne le dogme agissant d'une agriculture industrielle) sur l'état dans lequel se trouve nos paysans, il convient aussi d'interpeller le citoyen consommateur sur les responsabilités qui sont les siennes au moment d'accomplir son acte d'achat. En France, il a le choix et l'information, donc, s'il le peut et le décide, les moyens d'agir dans le bon sens.

    Lactalis est le numéro 1 mondial du marché du lait. Ce type de multinationale est-il désormais incontournable dans le secteur agro-alimentaire ?

    Les anciens se souviennent d'André Besnier, qui parcourait les routes de la Mayenne en carriole pour ramasser les fromages. C'était dans les années 1930. Lui succédant en 1955, son fils Michel a donné sa nouvelle dimension à l'empire Besnier, en rachetant une à une des laiteries dans le grand Ouest. Michel Besnier était un tempérament, personnage sans concession, que l'on avait connu au début avec sa camionnette H Citroën et qui finira comme premier industriel du lait en Europe. Défenseur acharné des fromages au lait cru et des appellations d'origine, il en a sauvé quelques unes, notamment le roquefort. Jusqu'au jour ou tout a basculé. De producteurs de fromages et laitages, les Besnier sont devenus des financiers de la globalisation, conservant quelques racines pour la vitrine, comme les camemberts Jort et Moulin de Carel, au demeurant excellents, et consacrant le reste de leur énergie à transformer le lait en parts de marché. Président, Bridel, Lactel, les marques se sont misent à fleurir, Salakis, Galbani, elles sont 56 à travers le monde. En 1999, le groupe Besnier devient Lactalis (ça fait plus consortium), grosse multinationale qui ne va cesser de croître. Michel Besnier décède en 2000 et c'est son fils Emmanuel, né en 1970, qui prend les rennes. Avec un chiffre d'affaires de 17 milliards d'euros, assorti d'un résultat net de 10,5%, cela en fait le premier groupe mondial et la 13e fortune de France, avec un patrimoine familial de 8,6 milliards d'euros. Non, cette vision du monde n'est pas inéluctable, et ne constitue en aucun cas l'avenir de notre agriculture, car si, pour maintenir ses profits, on est contraint de payer 25 centimes du litre de lait aux éleveurs français pour préserver des parts de marché qui, au final, ne profitent pas à la France, alors Lactalis ne peut être considéré comme un partenaire mais comme un adversaire de notre économie. Je le dis avec un profond respect pour les 15 000 salariés français de cette société qui sont fiers pour beaucoup d'en faire partie. Mais ils ne sont pas seuls dans l'univers du lait. Et le jour où il n'y aura plus d'éleveurs, ce pays sera mort. En aucun cas la part de marché ne doit passer avant l'homme, surtout si cet homme est le garant d'une valeur, d'un patrimoine, d'un environnement et d'une façon de vivre.

    Existe-t-il un seuil d'acceptabilité ?

    Par principe, le gigantisme conduit aux excès, car la dimension humaine devient dérisoire et obsolète dans des mécanismes planétaires. La seule chose qui compte, c'est le résultat. Financier pour les uns, humain pour les autres. Cette économie d'échelle grandit-elle l'humanité et protège-t-elle la planète ? Il semble bien que non. Beaucoup de multinationales de l'agro-alimentaire commencent à le comprendre. Echapper à la logique satanique de la baisse des prix pour préserver la ressource planétaire et le potentiel humain, là est l'essentiel. Richard Girardot, PDG de Nestlé-France, et Georges Plassat, PDG de Carrefour, l'ont clairement et courageusement signifié lors d'entretiens accordés au Figaro en 2015. Pour moi le modèle d'avenir n'est pas celui de Lactalis, qui fabrique 250 000 camemberts Président par jour dans son usine de Villedieu les Poêles, avec deux salariés aux manettes, en payant 25 centimes du litre de lait, mais La Société Fromagère de la Brie, à Saint-Siméon, en Seine-et-Marne, qui emploie 70 salariés et paye 40 centimes du litre de lait aux éleveurs. Deux logiques divergentes, avec le même objectif, vendre du fromage. Ce qui les distingue ? L‘une est devenue une banque dont la seule finalité est le profit financier, l'autre est restée une fromagerie. L'une nous conduit à la saturation de la ressource, l'autre nous permet d'envisager un avenir durable et rationnel. Mais pour cela il faut absolument que les modes de consommation évoluent et cela relève d'une prise de conscience citoyenne.

    Stéphane Le Foll, le ministre de l'Agriculture, a reconnu qu'il n'avait jamais rencontré Emmanuel Besnier, le PDG de Lactalis et qu'il n'avait même pas son portable. Est-ce le symptôme d'une mondialisation devenue folle qui laisse les politiques totalement impuissants ?

    Je me réjouis que Stéphane Le Foll, pour lequel j'ai la plus grande estime en ce sens qu'il est le meilleur ministre de l'Agriculture de l'histoire, et je pèse mes mots, n'ait pas le portable d'Emmanuel Besnier. D'ailleurs le ministre a un répertoire de numéros de portable beaucoup trop chargé et cela lui pourrit la vie. L'aveu du ministre disant qu'il ne peut rien faire est la réalité de notre système économique. C'est triste, mais c'est comme ça. En France, qu'on le déplore ou l'on s'en félicite, les prix ne sont plus fixés par le gouvernement et toutes les majorités parlementaires, avec le soutient actif de la FNSEA, ont accepté, dès 2003, la fin des quotas laitiers, la mesure la plus intelligente jamais prise dans l'Union Européenne. Produire en fonction de ce dont on a besoin pour réguler le marché et la demande tout en garantissant un revenu minimum aux éleveurs, c'était tout simplement génial. Un peu interventionniste, certes, mais tellement efficace. Mais l'école Barroso et la méthode Junker ont sévi. Rendons à Stéphane Le Foll ces outils-là et vous verrez qu'il nous fera des miracles. D'aucuns avaient annoncé le drame à partir de 2015. D'autres le démentait avec conviction: on allait ouvrir le monde aux producteurs de lait enfin libérés des contraintes étatistes d'une Europe enfermée sur elle même. Et vive le libre-échange globalisé, et vive la mondialisation heureuse! Pour l'heure, les seuls qui se soient enrichis sur ce secteur sont les exportateurs de lait en poudre industriel vers la Chine, les fabricants de yaourts néo-zélandais et les marchands de corde à nœuds …

    Peut-on aller jusqu'à parler d'une reféodalisation du monde ?

    Mais le monde est re-féodalisé. Et comme il faut ! Que sont Goldman Sachs et Lehman Brothers sinon des féodaux de la finance mondiale? Quand ils échouent au poker boursier après avoir fixé leurs conditions aux Etats, qui taille-t-on ? Mais le bon peuple, c'est-à-dire le contribuable. Que sont les cinq centrales de grande distribution en France qui se partagent 90% du marché de la consommation sinon des nouveaux féodaux qui imposent leurs tarifs ? Que se passe-t-il quand le serf, c'est à dire le fournisseur, se rebiffe ? Eh bien il est « déréférencé », c'est-à-dire exclu des rayonnages. Aujourd'hui le procédé est plus vicieux : « Désolé, à cause de vos anciens tarifs le système informatique vous a classé code 4 et les commandes ont été annulées. Nous réparerons cela à la prochaine négociation…». Que sont les firmes de la vente de l'eau, de l'électricité et du téléphone sinon les nouveaux féodaux du grand système de tuyauterie générale ? Allez dire au répondeur automatique que vous ne voulez taper ni 1, ni 2, ni 3 mais que vous refusez la énième augmentation directement prélevée sur votre compte bancaire. Eh bien on vous coupe le robinet sans préavis. Ne reste que l'application du droit de cuissage…

    Face à un tel rouleau compresseur, quelles solutions: boycott, circuits courts, protectionnisme ?

    Le boycott est une arme très efficace dans les cas extrêmes. Sans doute ce risque a-t-il pesé pour beaucoup dans la négociation de Laval. S'il y a la jacquerie du croquant, il peut aussi y avoir la révolte du consommateur. Pour ce qui est de la tragédie agricole que notre pays traverse avec sa dose de misères et de souffrances, il serait heureux que les décisions soient prises au niveau de chaque Etat par des gouvernants libérés de contraintes communautaires inadaptées. Il y en avait une de bonne et on l'a tuée. Les gouvernements doivent être garants de l'autosuffisance alimentaire du pays avec priorité à la production nationale, puis communautaire. L'initiative « Produire en France » lancée par Yves Jégo et Arnaud Montebourg est en ce sens exemplaire. Il faut évidemment une protection taxée contre les concurrences déloyales de produits importés qui ruinent notre économie et détruisent nos emplois. On nous dit, gare aux représailles ! Faisons le bilan chaque fois que le cas se présente et il y aura des surprises. Il faut une information parfaite sur les produits alimentaires, avec origine et mode de fabrication. Stéphane Le Foll, encore lui, a réussi une prouesse en imposant la traçabilité sur les plats et produits transformés après le scandale des lasagnes au cheval. Malgré l'hostilité de Bruxelles, le ministre a tenu tête et la mesure sera effective à partir du 1er janvier 2017. Comme quoi, quand un homme politique déterminé se dote des moyens adéquats il parvient à ses fins… Et puis, surtout, il faut éduquer le consommateur, cela a été dit cent fois, depuis l'école, et là nous allons interpeler tous les candidats à la présidentielle sur leur programme. Faire en sorte que le client de demain soit avisé et informé afin qu'il se nourrisse en toute connaissance de cause. Enfin, mobiliser les citoyens dans le sens d'une consommation durable et responsable favorisant les produits français. Le plus grand mensonge du jour est que bien se nourrir coûte cher. C'est faux. Archi faux. La malbouffe ruine et tue, tout le reste est hypothèse. En tout cas ce qui peuvent revoir leurs mœurs alimentaires en ce sens sont des millions en France. A eux d'agir, de dire stop. Payer 1,20 € un litre de lait pour sauver un paysan, protéger un patrimoine et préserver un environnement ce n'est pas cher. Manger c'est voter, alors à table citoyens ! 

    Alexandre Devecchio           

  • Migrants et autres « envahisseurs » : de Jacques à François...

     

    2504458051.3.jpgJacques, c'est Jacques Bainville; et François, « pour le meilleur et pour le pire », c'est notre Pape actuel.

    D'où cette réflexion de Bainville, qui nous revient à l'esprit :

    bainville.jpg

    « Je me demande si le Pape n'est pas trop loin des contingences de ce monde depuis qu'il a cessé d'être un souverain temporel.

    Et peut-être, jadis, en lui donnant à gouverner un morceau de terre, Pépin le Bref s'était-il dit : "Comme cela, le Saint-Père verra que ce n'est pas si facile de faire régner entre les hommes la paix et l'amour"... » 

    Jacques Bainville, Doit-on le dire ?, Les Belles Lettres, 2015

  • Ségolène Royal, l'Iran, le voile,et nous, et nous et nous....

    Ségolène Royal, aux côtés de la vice-présidente iranienne, Massoumeh Ebtekar, à Téhéran, le 28 août 2016 

     

    3578948983.jpgLe quotidien La Provence d'hier lundi 29 août approuve Ségo, « vêtue d'un voile, comme l'exige la loi iranienne ».

    Elle a raison : il est juste d'obéir aux lois du pays d'accueil. Et à ses coutumes, ou, le cas échéant, à ses lois, si sur un sujet particulier, il en existe une.

    Par exemple, en France, sur les plages, la coutume est de porter un maillot, au choix, « deux pièces » (couramment appelé « bikini ») ou « une pièce » ...  •

  • Les Corses ne veulent pas de leçons de morale antiraciste

     

    Par Alexandre Devecchio            

    « Les Corses ne veulent pas de leçons de morale antiraciste » : C'est ce qu'expose Paul-François Paoli dans cet entretien donné à Figarovox [25.08] après la rixe de Sisco en Corse. Entretien où il revient sur le climat très dégradé qui règne sur l'Île de Beauté entre Corses et Maghrébins. Nous trouvons son analyse intéressante et juste, sans que pour autant nous entrions par là dans quelque autre aspect que ce soit de la question corse.   LFAR

     

    3551699360.jpgCinq personnes ont été placées en garde à vue la semaine dernière à la suite de la rixe survenue à Sisco. Parmi les gardés à vue, « trois frères d'une même famille maghrébine et deux villageois de Sisco », a indiqué le procureur de Bastia. La garde à vue porte sur « des violences avec armes » pour les premiers, et « violences en réunion » pour les seconds. « A l'origine des incidents se trouvent les membres de la famille maghrébine qui ont souhaité privatiser la plage », a également déclaré le procureur de Bastia, selon France 3 Corse. Avant d'ajouter : « On a d'une part une logique d'appropriation de la plage qui relève du caïdat, et de l'autre une réaction inadaptée des villageois de Sisco ». Que cette décision vous inspire-t-elle ? Peut-renvoyer dos à dos des « voyous » apparemment munis d'armes et des villageois qui semblent en légitime défense ?

    Connaissant cette petite plage de Sisco dans le cap corse et qui est très exiguë, je me doutais un peu que c'était une affaire de territoire plutôt qu'un incident dû à une manière de s'habiller. Les jeunes corses ont sans doute eu l'impression d'être de trop. Ce que nous acceptons depuis très longtemps sur le continent, l'incivilité, l'arrogance ou la violence de certains jeunes maghrébins qui ne sont pas forcément religieux, les Corses ne sont pas près de l'accepter et ils ont raison. On ne peut évidemment pas mettre sur le même plan les agresseurs et les agressés, puisque en l'occurrence ce sont les jeunes Corses qui l'ont été.

    Les médias ont parlé d' « affrontement communautaire » entre Corses et Maghrébins. Où est passée la France ?

    J'étais en Corse durant le mois de juillet, notamment dans la banlieue de Bastia et j'ai ressenti la tension monter après la catastrophe de Nice. J'ai entendu des propos incendiaires venant de jeunes corses au sujet des « Arabes ». Nul n'ignore qu'entre Corses et Maghrébins, ce n'est pas le grand amour. Les communautés ont plutôt tendance à vivre séparées et l'idée diffusée par certains nationalistes selon laquelle la Corse serait une nation en train de se construire avec tous les habitants de l'île relève du mythe. La société corse est tolérante mais elle n'est guère assimilationniste. Pour qu'assimilation il y ait, il faut des mariages mixtes entre Magrébins et femmes corses et je n'en ai pas rencontré beaucoup en cinquante ans de fréquentation. Par ailleurs, depuis quelques années, la pression musulmane s'accentue. Il y a désormais beaucoup de femmes voilées dans la banlieue de Bastia. On ne peut pas dire que ce soit le signe d'une assimilation en cours.

    Dans votre livre, vous faites le parallèle entre certains jeunes corses et certains jeunes « franco-algériens » qui sont français juridiquement parlant, mais n'attribuent plus à la nationalité française de valeur affective. Pouvez-vous développer ?

    Dans mon dernier livre, j'ai mis l'accent en effet sur un phénomène de dissociation entre la nationalité administrative et le sentiment d'identité. Que moult jeunes maghrébins, notamment pourvus de la double nationalité, ne se sentent pas français est une réalité patente ; les drapeaux algériens brandis durant les manifestations sportives en témoignent. Pour ce qui est des Corses, c'est différent. Le nationalisme a en effet accentué la dissociation entre la nationalité française officielle des Corses et leur sentiment d'être exclusivement corses. Pour autant lors de l'affaire de Sisco on a pu constater que l'Etat de droit avait bien fonctionné. Si les Corses, même nationalistes, acceptent que la justice soit rendue dans cette affaire, c'est qu'ils acceptent la légitimité de l'Etat et c'est une très bonne chose.

    Peut-on les mettre sur le même plan ? Pour les jeunes corses, le sentiment d'appartenance est souvent réel. Pour les jeunes Franco-Algériens qui n'ont parfois jamais mis les pieds dans leur pays d'origine, cela ne traduit-il pas surtout un sentiment de défiance à l'égard de la France ?

    Cette affaire de Sisco est en effet assez emblématique des fractures ethniques qui travaillent la société française depuis longtemps. En Corse, ces fractures sont à vif parce que les Corses ont un lien quasi-organique avec leur terre et ils sont réactifs quand ils ont l'impression que des étrangers se comportent comme sur un territoire conquis. Le slogan « On est chez nous » scandé par les manifestants qui sont allés dans le quartier de Lupino pour en découdre avec les agresseurs marocains n'est nullement raciste en lui-même. Il signifie qu'en Corse, ce sont les Corses qui décident de ce qui se fait ou ne se fait pas. Dans les années 70 et 80, il y avait souvent des bagarres entre jeunes corses et jeunes allemands qui, l'été, défrayaient la chronique. Personne ne parlait de racisme. Simplement les jeunes locaux avaient l'impression que les Allemands, nombreux sur les plages à l'époque, se comportaient de manière arrogante. En Corse, le meilleur moyen d'être accepté est d'être discret et de se conformer aux us et coutumes locales. L'arrogance et l'exhibitionnisme, d'où qu'ils viennent, sont mal perçus.

    Beaucoup de jeunes musulmans se reconnaissent de plus en plus dans la Oumma … Bien au-delà du cas corse, l'affaire de Sisco est-elle le miroir des fractures françaises ? Peut-on aller jusqu'à parler de « balkanisation de la France » ? Que peut-on faire face à ces phénomènes de sécession culturelle et territoriale ?

    Il pourrait y a avoir un risque de balkanisation si l'Etat républicain qui est sensé détenir le « monopole de la violence légitime » pour reprendre la formule de Max Weber n'assume plus ses fonctions répressives. A quoi bon être strict sur cette question du burkini si des femmes en burka peuvent faire leurs courses sur les Champs Elysées alors que la loi l'interdit ? Le port de la burka est beaucoup plus agressif symboliquement que celui du burkini. Il signifie ni plus ni moins ceci : je vis chez vous, parmi vous, mais vous n'avez pas le droit de me regarder alors que j'ai moi-même ce droit. La vraie raison de la non-intervention de l'Etat hollandais est la peur. L'Etat hollandais a peur des troubles qui pourraient s'ensuivre si les fonctionnaires de police faisaient respecter la loi à Marseille, à Roubaix ou en Seine-Saint-Denis. En Corse, cette faiblesse de l'Etat est très mal perçue. Les Corses n'ont pas envie de recevoir des leçons de morale antiraciste et des cours de valeurs républicaines venant de gens qui ferment les yeux depuis si longtemps sur ce qui se passe dans ces quartiers où les salafistes sont comme des poissons dans l'eau. Et l'on comprend, du coup, pourquoi le récent communiqué du FLNC contre les islamistes n'a guère soulevé de protestation en Corse. Si L'Etat est défaillant dans la lutte contre l'islamisme, d'autres s'en chargeront. 

    Paul-François Paoli est chroniqueur littéraire au Figaro et essayiste. Il a publié dernièrement Quand la gauche agonise (éd. du Rocher, janvier 2016). 

    Alexandre Devecchio

    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro en charge du FigaroVox. Chaque semaine, il y observe le mouvement des idées. Passionné par le cinéma, la politique et les questions liées aux banlieues et à l'intégration, il a été chroniqueur au Bondy blog. Il est également co-fondateur du Comité Orwell. Retrouvez-le sur son compte twitter @AlexDevecchio            

  • Islam : une greffe qui ne prend pas !

     

    par François DAVIN

     

    24839943.3.jpgHUMEUR L'une des scènes les plus désopilantes du film "Les Visiteurs" est celle où Godefroy entre dans la baignoire tout habillé, Jacquouille prenant lui-même son bain - si l'on peut dire ! - après lui, et lui aussi tout habillé. Je ne suis personnellement jamais entré dans la salle de bain d'un des membres du Conseil d'Etat au moment où il prenait sa douche : la prend-il tout habillé, en costume-cravates, chaussettes et chaussures au pied ? Je n'en sais rien, mais après l'arrêté du Conseil sur le Burkini, cette vision farfelue et grotesque m'a traversé l'esprit...

    La vérité est que nous avons des moeurs, en France, depuis des siècles; comme tous les autres habitants de tous les pays du monde. Ces moeurs sont ce qu'elles sont, et nous n'avons pas à nous en justifier, tout simplement parce que nous sommes chez nous, et que, chez nous, nous vivons de la façon qui nous semble la bonne. Que cela plaise à X ou Y nous importe peu; que X ou Y n'aime pas nos façons de faire, c'est son problème. Si quelqu'un veut vivre « à l'orientale », eh bien qu'il ou elle aille vivre dans un pays oriental. Si « quelqu'une » veut manifester sa foi musulmane sur les plages, eh bien qu'elle aille sur une plage d'un pays musulman. Chez nous, à la plage, on s'est toujours baigné sans chercher à manifester son catholicisme, ou son athéisme, ou son taoïsme ou son je-ne-sais-quoi : il suffit de regarder les enluminures médiévales de Fouquet pour voir le roi Louis IX et son armée se baignant nus dans une rivière...

    La réalité est qu'avec le burkini, on a une provocation de plus de l'Islam militant, et que cet Islam nous n'en voulons pas chez nous. Le Conseil d'Etat peut bien dire ce qu'il veut, en fonction des lois et de l'esprit d'un Système que nous combattons dans ses fondements mêmes, cela ne changera rien. Chirac a initié une greffe en 75 avec ses décrets scélérats sur le « regroupement familial » : cette greffe ne prend pas, et les Français sont de plus en plus nombreux à être excédés d'entendre tous les jours parler de l'Islam. Il faudra donc peut-être bien, un jour, changer nos lois, mais, en réalité, ce qu'il faut faire c'est régler le problème de l'immigration de masse et, pour cela, changer de Système. Ce qu'il faut faire, c'est une révolution. L' « alter-révolution » ... 

  • Reportage • Un ministre chez les Vendéens

     

    par Olivier Pichon

     

    olivier-pichon-1.jpgPar les hasards du calendrier j’assistais à la cinéscénie du Puy du fou le vendredi soir 19 aout, jour où le ministre de l’économie avait choisi de de se rendre. Tout sourire, notre ministre fut accueilli chaleureusement par Philippe de Villiers, son fils Nicolas, président du Puy du Fou et Laurent Albert, directeur général.

    Point d’imposants service d’ordre ni d’oppressant cordons de sécurité : le Puy du Fou n’est pas le parc des Prince et l’on a pu remarquer l’étonnante sociabilité du public, son civisme naturel notamment dans les files d’attente. Le ministre et son entourage n’ont pu  ignorer cette spécificité puyfolaise ! On soulignera qu’il ne s’agissait pas d’une invitation mais d’une volonté du ministre de voir à quoi ressemblait cet incroyable phénomène qui attire 25000 dans le Grand Parc et 14 000 pour la cinéscenie. Je me suis laissé dire que c’était la première fois qu’un ministre en exercice se rendait ainsi en ces lieux, ce qui mérite d’être souligné lorsque l’on sait que le Puy du Fou,  dont le modèle économique est une exception, n’a jamais bénéficié de la moindre subvention publique. Son président se  plait couramment à le rappeler  et n’entend pas tendre la sébile.

    Quand un ministre va au devant du pays réel

    Emmanuel Macron au Puy du fou, c’est un peu Tintin au Congo. Tout en soulignant des « divergences réelles » avec Philippe de Villiers, le ministre du gouvernement Valls, a profité de son déplacement pour fustiger le « sectarisme » et les « oppositions stériles » qui paralysent la France, entre volonté de synthèse à la Bayrou et goût évident du paradoxe voire de la provocation : « L’honnêteté m’oblige à vous dire que je ne suis pas socialiste (…). Mais quelle importance ? Quand vous êtes ministre, vous êtes ministre de la République et, donc, vous servez l’intérêt général. »  Dont acte. Pourtant, dans le contexte que l’on sait, est-il aujourd’hui si courageux d’abandonner les vieilles lunes du socialisme et de tirer à vue sur une ambulance aux allures de corbillard ? Cette « confession » n’a rien d’un hasard et ravive le souvenir de la fracassante déclaration royaliste du ministre l’an dernier ; devant une telle abjuration, les dévots de la gauche sont de nouveau vent debout…

    Dans la tête d’Emmanuel Macron

    Mais une question demeure. Mesure-t-il le gouffre qui le sépare, lui, ce bourgeois parisien,  ministre et banquier d’affaires, du petit peuple réuni ce soir-là au spectacle ? Paris, à seulement 400 kilomètres du Puy du Fou, cet autre monde qui est le sien! Le plus libéral des hommes du gouvernement, qui salue en Philippe de Villiers l’« entrepreneur culturel », a- t-il bien entendu le message de la cinéscenie ? Emmanuel Macron a-t-il quelque chose de commun avec Jacques Maupillier et  ce vieux marchand ambulant sur la scène, qui racontent l’histoire douloureuse de leurs ancêtres et les blessures de leur peuple, opprimé au nom de l’idéal républicain ? A-t-il vraiment saisi le sens de cette aventure, lui qui affirme que la défense du bien commun passe par la république, laquelle n’a jamais reconnu la cause vendéenne ?

     A-t-il compris aussi le travail bénévole de milliers de Puyfolais ? Le banquier n’en connait pas le prix et le ministre n’en taxera jamais la valeur ajoutée. Comprend-il qu’il participe malgré lui à la reconnaissance de l’œuvre qui  n’est pas autre chose que l’affirmation  de la fierté vendéenne et l’exhumation d’un passé, nié et effacé pendant deux siècles et enfin libéré par la magie du Puy du Fou et le  talent de son créateur ? Assistant au spectacle, il ne lui aura pas échappé que les colonnes infernales, massacreurs de femmes et d’enfants, arrivent par la gauche de la grande scène. Et, lui qui évolue dans un monde de nains politiques, aura-t-il entendu  qu’il était entré : « sur une terre de géants et de genêts en fleurs » ? (Napoléon, cité dans le texte du programme rédigé par Philippe de Villiers)

    En est-il sorti indemne ? A-t-il bien lu le grand mot qui s’inscrit sur la façade du château à la fin du spectacle : « Liberté » ?

    Puisse ce monument d’éducation populaire, qui émerveille tant les foules, apprendre à nos élites le retour au réel,  à l’heure où le pays tout entier est menacé de perdre et sa mémoire et son identité. En assistant, nous dit  le programme du spectacle, à ce «  Mystère » (au sens médiéval) du troisième millénaire dépositaire d’un message transcendant ». Le siècle qui commence en a, en effet, grand besoin. 

    Repris du site de Politique magazine - A consulter - Et s'abonner au magazine !

  • Livres • Le nouveau Zemmour++

     

    Cela fait quelques temps qu'un nouveau livre d'Eric Zemmour est toujours un événement. Nous n'avons pas encore lu, ni vu de critiques d'Un quinquennat pour rien, qui paraît chez Albin Michel. Voici, en tout cas, pour l'instant, la présentation qui en est faite par l'éditeur. En attendant la suite.  LFAR 

     

    Le quinquennat hollandais a glissé dans le sang. Avec une tache rouge vif indélébile. Les attentats contre Charlie, l'Hyper Cacher de Vincennes, et la tuerie du Bataclan annoncent le début d'une guerre civile française, voire européenne, et le grand défi lancé par l'Islam à la civilisation européenne sur sa propre terre d'élection.

    Ce retour du tragique tranche avec la débonnaireté présidentielle qui confine à la vacuité. Comme si l'Histoire avait attendu, ironique, que s'installât à l'Elysée le président le plus médiocre de la Ve République, pour faire son retour en force. Comme si le destin funeste de notre pays devait une nouvelle fois donner corps à la célèbre formule du général de Gaulle après sa visite au pauvre président Lebrun, égaré dans la débâcle de 1940 : « Au fond, comme chef de l'Etat, deux choses lui avaient manqué : qu'il fût un chef et qu'il y eût un Etat ». Comme si la dégringolade n'avait pas été suffisante, pas assez humiliante, de Pompidou à Sarkozy. Ce dernier avait été élu président pour devenir premier ministre; son successeur serait élu président pour devenir ministre du budget. Un quinquennat pour rien. 

    Éric Zemmour est un des éditorialistes français les plus redoutés et les plus lus ou écoutés (RTL, Le Figaro Magazine et Le Figaro). Il conduit le talk-show « Zemmour & Naulleau » chaque mercredi soir sur Paris Première. Il est également l'auteur de plusieurs romans et de nombreux essais polémiques. Son dernier livre, Le suicide français, s'est vendu à 500 000 exemplaires.

  • Actualité • ... Au dessus du Conseil d'Etat, il y a encore le peuple français ... Gare au démenti !

  • Culture & Education • Robert Redeker : « L'école s'applique à effacer la civilisation française »

     

    Par Patrice de Méritens

    Nous partageons pleinement l'analyse sans concession de la situation, qui est donnée ici, comme les solutions proposées. Simplement, à l'inverse de l'auteur, nous pensons que l'universalisme idéologique républicain est à la source du refus de la fraternité nationale et du mépris de l'identité française. [Entretien Le Figaro, le 26.08] LFAR

     

    En ne remplissant plus sa fonction traditionnelle de transmission, l'école de la République est devenue une fabrique de zombies et d'individus hors sol, explique le Robert Redeker dans L'École fantôme, un essai percutant dans lequel il analyse les causes de ce désastre et trace des voies pour l'avenir.

    Robert Redeker est un philosophe à l'esprit lucide et au verbe tranchant. Il le paye depuis dix ans en vivant loin du monde sous garde rapprochée, suite à une chronique célèbre où il dénonçait les intimidations de l'islamisme. Auteur de nombreux ouvrages, il n'a cependant jamais cessé de publier du fond de sa retraite. Il livre aujourd'hui un terrible constat de ce qu'est devenue l'école en France. Crise de l'enseignement, crise de l'éducation, crise de la vie. Selon lui, il n'y a pas d'école sans une pensée de l'homme, de la société et de l'identité nationale, toutes notions qui ont profondément été bouleversées depuis 1981.

    17178152.2.jpgLa question de l'école n'a-t-elle pas pris une dimension quasi ontologique en cette période de trouble ?

    L'école de la République est un village Potemkine laissant croire, tel ce trompe-l'œil de propagande, qu'existe toujours, derrière ce mot, ce que les Français supposent être leur école. Par exemple, toute une propagande tente de faire croire, en dépit de l'aveuglante évidence, que le baccalauréat est encore un diplôme et un niveau, que l'école a encore des exigences intellectuelles. Même est le mot, qui a été sauvé, autre est la réalité, qui a été chamboulée. L'école en France a été assassinée, le fantôme de ce qu'elle fut porte son nom. Désignons les assassins. Le pédagogisme, avec à sa tête son âme damnée, Philippe Meirieu, et à sa solde toute la bureaucratie de l'institution. Najat Vallaud-Belkacem, via la réforme du collège, a parachevé le meurtre de l'école de la République avec une rage peu commune.

    « L'enseignement doit être résolument retardataire» , a dit Alain. Il ne prépare l'avenir qu'en plongeant l'élève dans le passé. L'école ne doit pas être explicitement ordonnée au progrès (social, humain, politique), mais à la conservation, qui passe par la transmission de contenus. Or, depuis 1981, réforme après réforme, l'école ne cesse de s'éloigner de sa raison d'être. Elle refuse désormais de transmettre le savoir, spécialement le savoir littéraire, devenant, selon le mot de Jean-Claude Michéa, « l'enseignement de l'ignorance ». Fabriquer des ignorants - en substituant à l'enseignement l'« apprendre à apprendre » - est désormais la pratique de notre système scolaire.

    Voulue, planifiée, organisée, cette destruction poursuit obstinément un but anthropologique : la fabrication d'un homme nouveau, le remplacement du type d'homme tel qu'il existe dans les nations européennes depuis des siècles par un type inédit. Un homme hors sol, déraciné, un zombie hébété. Un homme échangeable avec tous les autres hommes de la planète. Un homme aussi abstrait qu'un numéro : l'homme indéterminé. Un homme équivalent à tous les autres hommes - sur le fond de la confusion entre l'égalité et l'équivalence. Cette perspective rend compte de toutes les récentes réformes, puisque pour la réaliser il faut empêcher l'accès des jeunes générations à la haute culture, changer, à travers des dispositifs comme les ABCD de l'égalité, les cours en heures de propagande pour la transformation anthropologique. Les propos de Najat Valaud-Belkacem laissent toujours paraître cette ambition : changer l'homme, changer la femme, faire émerger un homme nouveau et une femme nouvelle.

    Vers quoi cette volonté politique se dirige-t-elle ?

    L'école contemporaine est régie par la volonté de substituer la société à la nation et au peuple. La société à la place de la nation, que l'on hait ! La société à la place du peuple, que l'on méprise ! Cette école veut engendrer une société d'équivalents - non d'égaux - qui n'a besoin ni d'héritage, ni d'Histoire, ni de racines, dont la culture n'est plus que la culture de masse, l'inculture génératrice d'hébétude. C'est à la constitution de ce type de société que travaille la réforme du collège. Le démantèlement des matières au profit des enseignements décloisonnés et l'abandon des enseignements systématiques visent à former des humains intellectuellement déstructurés.

    Toutes ces réformes combattent le rôle initial de l'école : conserver la civilisation. Précisons : la civilisation française, le type français d'homme et de femme, la manière française d'habiter le monde, d'être un humain, l'amour de la belle langue, l'attention portée aux mots, au bien parler. Elles s'appliquent à liquider le peu qui demeure de civilisation française dans l'enseignement. La volonté de transformer la société s'accompagne de la volonté d'effacer la civilisation française. Afin d'arracher les enfants de France à la terre de France, à son Histoire, car la terre et l'Histoire sont en France la même chose, l'Education nationale dépayse les décors des livres d'apprentissage de la lecture. Dans la région toulousaine, des enfants apprennent à lire dans un ouvrage, Zékéyé et le serpent python, dont le personnage principal, un garçonnet fictif, Zékéyé, vit au Cameroun. Il est fortement conseillé par tous les inspecteurs, ces sous-officiers zélés chargés de contrôler l'adhésion des maîtres à l'idéologie officielle. Ce dépaysement arrache les enfants à leur pays afin de les empêcher d'entrer en fusion avec son histoire et sa culture, afin de prévenir le risque d'enracinement dans cette histoire et cette culture.

    Comment expliquer cet acharnement destructeur ? Par le sanglot du maître blanc, version scolaire du sanglot de l'homme blanc exhibé par Pascal Bruckner. La repentance, qui pousse à fausser les programmes scolaires, masque mal la haine. La haine d'une partie de la jeunesse pour la civilisation française est partagée par une fraction de l'élite politique, administrative, le monde du spectacle et, hélas, une partie des enseignants. Avec ses programmes actuels, basés sur la honte française d'être soi, l'école entretient cette haine. En enseignant la culpabilité de l'Occident, en sacrifiant les grandes figures de l'histoire de France, l'école empêche la fusion entre la jeunesse et la France, faisant involontairement le lit du terrorisme.

    Quel diagnostic culturel portez-vous sur les dernières décennies ?

    La vulgarité d'esprit, qui se fait sentir partout, jusqu'aux sommets de l'Etat quand Mme le ministre de l'Education parle de «bruits de chiottes» jusqu'à la télévision publique, quand une amuseuse ignare d'«On n'est pas couché» soutient faussement à l'antenne que Descartes s'est réfugié en Hollande pour fuir les persécutions religieuses catholiques sans que personne ne bronche. Cette épidémie de vulgarité, corollaire du double raz-de-marée, celui de l'ignorance, celui de l'insignifiance, renvoie à la crise de l'école.

    Les Français ne parlent plus français. Il suffit de les écouter dans la rue. Il suffit d'écouter la radio, de tendre l'oreille aux propos des politiciens. Hollande s'exprime dans un français rachitique, au vocabulaire sommaire et à la grammaire simpliste, multipliant les fautes et les grossièretés (ainsi sa manie du redoublement du sujet). La langue française a été peu à peu remplacée par son ersatz, un faux français, une langue de supermarché ou d'aéroport. L'école est responsable de ce désastre. Il y a un lien entre la langue et la pensée. Quand on parle et écrit mal, pauvre, déstructuré, on pense et écrit mal, pauvre, déstructuré. La pauvreté de la langue entraîne la pauvreté de la pensée. L'affaiblissement de l'enseignement du français entraîne l'abêtissement des Français. Cet abêtissement est voulu par l'école. Nous risquons, à cause de la trahison de l'école, de devenir un peuple de chasseurs de Pokémons !

    Le phénomène le plus significatif, symptôme de toutes les crises, index de toutes les décompositions, horoscope d'une plongée dans la barbarie, est la disparition de la langue française. La langue perdue ! La langue, que l'école refuse d'enseigner sérieusement. Songez à la récente habitude d'employer « juste » pour « seulement » ou « simplement » ; monument d'inculture collective autant que témoignage de l'échec de l'école, cette faute répercutée par tous les médias revient à employer en français le mot « juste » dans son sens anglais (« just ») et non dans son sens français. Ceux qui veulent rendre un peuple barbare savent qu'il faut au préalable le rendre syntaxiquement et lexicalement pauvre. Cet appauvrissement est la triste réussite de l'école de la République!

    Que vous inspire l'enseignement de l'arabe dès le CP ?

    Son effet le plus assuré sera de maintenir en France un peuple parallèle, hors de l'histoire de ce pays, hors de sa culture, en rébellion contre cette histoire et cette culture. Cet enseignement ne va pas éradiquer la haine de la France et de sa culture que l'on constate dans une partie de la population mais au contraire (tout comme l'enseignement de l'Histoire des empires africains) va l'entretenir et l'attiser. Pour assimiler, il faut déraciner sans état d'âme. L'enseignement de l'arabe va en sens inverse. Il serait beaucoup plus intelligent d'enseigner dès le CP le latin et le grec, ainsi que ces parties du génie national que sont les langues régionales.

    Qui détient le pouvoir actuellement au sein de l'enseignement ?

    Plutôt que des personnes, la vérité est : l'idéologie. L'idéologie poststructuraliste, celle de la French Theory et des cultural studies américaines, qu'on appelle parfois gauchisme chic. C'est un magma indigeste de clichés sur les minorités, de compassion victimaire, de haine de la haute culture et de repentance. Dans cette optique, le but de l'école n'est plus la transmission du savoir, d'un héritage national, mais la correction des inégalités ethniques et la promotion des minorités. Soit : construire le vivre-ensemble… Pour la première fois, un ministre et cette idéologie sont entrés en épousailles parfaites. Tout se passe comme si Najat Vallaud-Belkacem avait été sécrétée par cette idéologie, comme si elle en était l'incarnation humaine.

    La droite n'a-t-elle pas été partie prenante dans cette entreprise de démolition ?

    Encéphalogramme plat : la droite n'a aucune pensée sur l'école. Elle ne s'intéresse qu'aux coûts, laissant, même quand elle est au pouvoir, à la gauche la direction idéologique du système. Les uns et les autres désintellectualisent le métier de professeur pour le changer en assistante sociale, aide-psychologue, animateur socio-culturel. Droite et gauche ne veulent plus que les professeurs enseignent. Que les professeurs professent. On aimerait - l'effondrement du niveau du lycée y travaille autant que les officines ministérielles de formatage, les IUFM devenus ESPE, s'en occupent - qu'ils fussent aussi incultes que leurs élèves. Les uns et les autres organisent, par les nouvelles missions qu'ils confient aux enseignants, le remplacement des hussards noirs de la République par les urgentistes du libéralisme.

    Quelles sont vos solutions - et quelle est votre vision de l'avenir ?

    Le but assigné aujourd'hui à l'école est l'apprentissage du vivre-ensemble. Celui-ci est une machine de guerre contre la fraternité, il est antirépublicain. Il conduit - comme l'attestent les propos sur l'Histoire tenus par Najat Vallaud-Belkacem cités dans le livre - à un enseignement clientéliste et communautariste conforme au semblant de politique mené par le Parti socialiste, la politique des minorités ethnico-sexuelles. La fraternité fusionne, le vivre-ensemble disjoint. On promeut le vivre-ensemble dans la mesure où l'on refuse la France. Puisque c'est le vivre-ensemble qu'il faut organiser, on n'enseignera plus rien. L'ignorance et le vide scolaires s'articulent parfaitement à la centralité destructrice du vivre-ensemble. Le vivre-ensemble ne détruit pas que la fraternité, préparant une société antifraternelle, il détruit également l'enseignement dans sa globalité, le savoir et la culture.

    La mission de l'école : donner à chaque enfant l'héritage auquel il a droit, celui de la culture, celui de l'Histoire. De l'école doivent sortir des héritiers. Or, pour des raisons idéologiques, l'école de la République contemporaine fabrique volontairement des inhéritiers.

    Que faire ? Rétablir la culture générale, qui est insupportable au système car elle rend peu malléable. L'esprit est un os, a dit Hegel - quelque chose contre quoi tout bute. Quelque chose, comme le montre le cas Soljenitsyne, qu'on ne peut réduire en cendres. La culture générale est l'esprit en ce sens-là, un os. Cet horizon implique de rétablir le latin et le grec, l'Histoire, un enseignement systématique du français, de remettre au goût du jour l'analyse logique et grammaticale, de rendre toute sa place à l'apprentissage par cœur de la poésie. Soit : développer, via l'Histoire et la littérature, un enseignement qui fasse aimer la civilisation française. 

    « L'Ecole fantôme », de Robert Redeker. Editions Desclée de Brouwer, 208 p., 17,90 €. En librairie le 1er septembre.

    Patrice de Méritens           

  • Société • Comment Depardieu a donné une leçon d'histoire à Hollande et Valls

     

    Par Bruno Roger-Petit

    A la suite d'un entretien donné au Figaro par Gérard Depardieu - où il dénonce une élite politique, médiatique et culturelle sans « distinction » ni ambition - Bruno Roger-Petit a donné dans Challenge un article qu'un lecteur - et ami - nous a transmis. L'article date du 19.06.2015 mais n'a rien perdu de son actualité ni de son intérêt. Nous laissons à l'auteur la responsabilité de son coup de griffe assez inutile et d'ailleurs injustifié à Eric Zemmour. Quant à Depardieu, malgré ses folies récurrentes, il a joué les grands rôles, s'est frotté à la haute littérature, s'est passionné pour les meilleurs textes et pour les auteurs essentiels; il a, par lui-même, le goût de la grandeur, du panache et du style. Son mépris pour les élites d'aujourd'hui en découle naturellement. Dédié au président normalLFAR 

     

    2561423477402.jpgLes chemins de la désespérance mènent droit à la lucidité. Gérard Depardieu en administre un éclairant exemple, ce mardi 16 juin, dans un entretien publié par le Figaro. Depardieu n’est pas qu’un acteur énorme qui profite de son immense popularité pour multiplier les provocations. Il est bien plus que cela, pour qui veut bien aller au-delà des sentences que les médias qui le sollicitent s’empressent de populariser pour les besoins de leur renommée.

    Si ce que dit Depardieu pèse aux yeux de ses contemporains, c’est bien parce qu’il fait écho avec les préoccupations du temps. Depardieu n’est pas Guillaume Canet, consensuel et émollient, bien dans l’air du temps, surfant jusqu’à l’indécence sur la vague des bons sentiments et les Petits mouchoirs de l'époque en veillant bien à ne déranger personne. Depardieu est authentiquement français à raison de ce qu’il n’est pas gros, mais énorme. Depardieu est là pour déranger, bousculer, casser.

    On serait François Hollande et Manuel Valls, seuls et abandonnés par les forces vives d’un pays saisi par le déclinisme, gouvernants sans boussole en quête des moyens de raviver l’optimisme et l’espérance parmi les Français, on lirait et relirait Depardieu dans le Figaro. On y trouve en effet un diagnostic sur l’état de la société française à travers la représentation de ses élites, dans tous les domaines, d’une acuité exceptionnelle.

    « Le verbe était de haute volée »

    Depardieu éclaire le présent par le passé : « J’étais ami avec Michel Audiard, comme avec Jean Carmet, Jean Gabin… Le verbe était de haute volée. Ils avaient tout ce qui nous manque aujourd’hui. Pas de la distance, mais de la distinction. Maintenant, personne ne se distingue de rien, à commencer par les hommes politiques. Journalistes, acteurs pareil. On ne vit pas dans un monde où l’on peut se distinguer ».

    « La France s’ennuie », dit en substance Depardieu. Elle s’ennuie parce que dans tous les secteurs de la vie publique, politique, médiatique, artistique, elle ne produit plus rien qui ait pour ambition de se distinguer. Qu’on ne s’y trompe pas, Depardieu ne fait pas dans le « C’était mieux avant » à la Zemmour. Il n’est pas question pour lui de tomber dans l’engourdissement d’une nostalgie identitaire qui précède le tombeau. Non. Si Depardieu évoque ce que fut le cinéma d’avant, celui des Audiard, Gabin ou Carmet (il a oublié son copain Blier - ce génie - au passage) c’est pour regretter que de tels monstres aient disparu, et que ce phénomène est aussi, à travers le cinéma, le révélateur d’une France qui s’ennuie à l’image d’un cinéma où rien en distingue.

    Depardieu a raison. Le cinéma français a toujours été le reflet de la vitalité française. On a les films que l’époque mérite. Et les stars qui vont avec. Songeons à ce qu’est devenu, par exemple, le spectacle de la cérémonie des César. Les Morgan, Gabin, Noiret, Deneuve, Rochefort, Marielle, Léotard, Ventura, Coluche ou Depardieu des années 70/80 ont été remplacés par Manu Payet, Kev Adams et les anciennes Miss météos de Canal Plus. Le cinéma français n’est plus qu’une suite de téléfilms à sketchs, produits dérivés des amuseurs de Canal Plus, dont le dernier avatar, le film « Connasse » est l’emblème parfait. Jacques Audiard est un arbre qui cache la forêt du vide. Qui oserait aujourd’hui, produire un film comme le Corbeau de Clouzot, sur l’état de la société française ?

    Une France tout à la fois pépère et mémère

    Depardieu voit juste. Le cinéma français est le reflet d’une France sans héros à distinguer. Une France tout à la fois pépère et mémère. Une France normale. Une France désespérément normale. Or une France normale est une France qui s’endort. Une France de Bidochon. Sans ambition et sans dessein. De ce point de vue, François Hollande, qui a été élu en promettant de renoncer à toute distinction, en proclamant qu’il serait un « président normal », est bel et bien le pendant politique de ce qu’est le cinéma d’aujourd’hui. Depardieu a tout bon. Tout se tient. La France 2015 panthéonise les grandes figures du passé parce que ses contemporains ne se distinguent en rien. Et quand elle tient un Prix Nobel de littérature, la ministre de la Culture en charge avoue qu’elle ne l’a pas lu. Même ceux qui devraient être distingués ne le sont pas. Quel vertige...

    Sous Mitterrand, le cinéma célébrait Noiret, Rochefort et Marielle, Signoret, Deneuve et Baye. Sous Hollande, on célèbre Kev Adams, Manu Payet et Guillaume Canet, les Miss météo et la « Connasse » de Canal Plus.

    Sous Mitterrand, les ministres s’appelaient Mauroy, Joxe, Badinter, Defferre. Même un simple Secrétaire d’Etat pouvait se nommer Max Gallo. Sous Hollande, à trois ou quatre exceptions près, on ne connaît même plus les noms des ministres. Qui sait aujourd’hui le patronyme du Secrétaire d'État chargé du Commerce extérieur, de la Promotion du tourisme et des Français de l'étranger auprès du ministre des Affaires étrangères et du Développement international ?

    Une partie de l’élite française moque Depardieu. Depardieu, le monstre. Depardieu, le copain de Poutine. Depardieu, l’autodestructeur. Depardieu, Chronos dévorant ses enfants. Depardieu qui se vend à n’importe qui, n’importe où. On même vu, en son temps, un Premier ministre, empreint de la « normalité » de l’époque, accuser Depardieu de trahison. « Minable » avait dit le premier chef de gouvernement de l’ère Hollande lorsque Depardieu avait annoncé son exil volontaire pour la Belgique, avant de choisir, in fine, la Russie. Surtout condamner Depardieu et refuser de la comprendre. Casser le miroir qu’il nous tend, à l’insupportable reflet.

    Peut-on réveiller un peuple qui s’ennuie ?

    Une sphère non négligeable de l’élite politique, médiatique et artistique de l’époque se refuse à comprendre que Depardieu se donne à Poutine parce que la France le désespère. Poutine n’est pas un président normal. Poutine se distingue parce qu’il a de l’ambition pour son pays et son peuple. Depardieu choisit Poutine comme on lance un ultime appel au secours. Paradoxalement, c’est par patriotisme que Depardieu brandit l’étendard de Poutine. Pour réveiller un peuple en proie au déclinisme sur fond de mésestime de lui-même. Quand Depardieu proclame que « Les Français sont plus malheureux que les Russes », il constate une évidence que l'élite française persiste à nier.

    Depardieu pose la bonne question : peut-on réveiller un peuple qui s’ennuie, doute, avec une élite anesthésiante et conformiste ? Peut-on plaider pour le retour de l’optimisme et de l’ambition quand on se prétend président normal ? Ou se poser en Premier ministre avocat d’une réforme du collège qui promeut un enseignement de l’histoire qui ne distingue pas la France dans ce qu’elle emporte de plus exaltant auprès de jeunes consciences ?

    Depardieu sera-t-il enfin entendu ? Ecouté ? Lui-même en doute. On lui laissera le mot de la fin, tout en souhaitant qu’il se trompe : « Moi, je suis au-delà de la révolte. C’est fini ça. J’adorerais donner des coups à condition que j’en prenne. Je parle de vrais coups, qui font saigner. Pas de petites polémiques sur le fait que je ne veuille pas payer mes impôts. La masse est bête. Et ceux qui font la masse, c’est-à-dire les journalistes, encore plus bêtes ».