Un PS sans vergogne avec ses élus mis en examen, sa députée sous bracelet électronique... Etc. !

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La médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme est une décoration civile et militaire française créée par un décret du 12 juillet 2016.
Peuvent y prétendre les Français tués, blessés ou séquestrés lors d’actes terroristes commis sur le territoire national ou à l’étranger, ainsi que les étrangers tués, blessés ou séquestrés lors d’actes terroristes commis sur le territoire national ou à l’étranger contre les intérêts de la République française.
Si nous ne pouvons que saluer une démarche visant à rendre hommage aux victimes du terrorisme, nous sommes en droit de nous interroger en revanche sur le positionnement de cette médaille dans l’ordre protocolaire des décorations françaises. De fait, étant décernée par décret présidentiel, la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme se porte directement après l’Ordre National du Mérite (elle-même placée derrière l’Ordre de la Légion d’Honneur, l’Ordre de la Libération et la Médaille militaire), ce qui en fait la cinquième décoration dans l’ordre protocolaire.
Ce positionnement la place donc également, et légalement, avant les croix de guerre et celle de la valeur militaire, qui récompensent, quant à elles, l’octroi d’une citation pour conduite exceptionnelle ou action d’éclat au feu. Elle est naturellement aussi placée bien avant la médaille des blessés militaires…
C’est là que le bât blesse. Car si les victimes du terrorisme ont droit à toute notre sollicitude, elles ne peuvent en revanche se réclamer d’aucun volontariat dans la lutte contre l’ennemi, et moins encore d’acte de bravoure dans un contexte de guerre. On peut reconnaître une victime, l’assurer de la compassion de la nation, on peut l’indemniser le cas échéant, mais on ne saurait la récompenser.
Une récompense est faite pour saluer et sanctionner une action volontaire qui a nécessité du courage, de la détermination, de la bravoure. Une victime passive, n’ayant pas été en mesure d’entreprendre quoi ce soit pour lutter contre l’adversaire, ne saurait répondre à ces critères. Il n’y a donc pas lieu de confondre hommage et récompense, respect et mise à l’honneur, compassion et déférence. Il convient de hiérarchiser le mérite, la circonstance des blessures, l’engagement volontaire, avec justice et discernement.
Mais les dessinateurs trotskistes et obscènes de Charlie Hebdo, qui n’avaient cessé de vomir sur des institutions telles la police, l’armée ou l’Eglise, se sont vu octroyer la Légion d’Honneur à titre posthume, alors que des milliers de combattants, héros ignorés des derniers conflits, n’ont eu droit à aucune reconnaissance de leur vivant, et n’ont été cités que dans l’anonymat des cérémonies du souvenir.
Partant de ce triste constat, le choix du positionnement de la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme, décision fleurant un léger parfum de démagogie, n’étonnera plus personne. •
par Annie Laurent
Le port du "voile" et son développement actuel comportent des signes adressés aux musulmans et au reste du monde. Ils invitent également à des réflexions concernant aussi bien le regard que l’islam porte sur l’être humain que sur son projet conquérant.
Protéger la femme et assurer sa liberté ; rassurer l'homme et garantir sa vertu
Le jilbâb, dans ses variantes, met le corps féminin à l’abri de la concupiscence des hommes. "C’est un bouclier" (Bruno-Nassim Aboudrar, Comment le voile est devenu musulman, Flammarion, 2014, p. 155). La liberté et la sécurité de la musulmane sont conditionnées par le port de cet habit spécifique.
L’imam Hassan Amdouni, établi en Belgique, opposé au voile intégral, donne un sens identique au hidjâb.
"Le hidjâb est le moyen par lequel Dieu – qu’Il soit loué – honore la femme et met fin au marchandage forcé de son charme, et à l’agression répétée du regard convoitant des hommes ! A ce niveau, le hidjâb œuvre à la fois contre une déstabilisation de l’ordre social et contre le ravalement de la femme au niveau de l’objet" (Le hidjâb, Maison d’Ennour, Paris, 2001, p. 86).
Leïla Babès, sociologue française d’origine algérienne, en tire cette remarque : "Le mot d’ordre est le suivant : le corps de la femme est objet de désir sexuel, elle doit donc le voiler pour assurer la tranquillité des hommes" (Le voile démystifié, Bayard, 2004, p. 11).
Faut-il penser que l’islam considère l’homme incapable de maîtriser ses sens, au point de devoir enfermer la femme, soit chez elle, soit dans un vêtement enveloppant au dehors ?
"En déduire comme l’ont fait les exégètes, tout comme le font les musulmans aujourd’hui par la surenchère à laquelle ils se livrent, que la prescription a un caractère éternel et non circonstancié, c’est reconnaître que les hommes musulmans sont des hommes sans éducation, incapables de contrôler leurs instincts animaux"(L. Babès, op. cit., p. 32).
La retenue est pourtant recommandée à l’homme par le Dieu du Coran :"Dis aux croyants : de baisser leurs regards, d’être chastes. Ce sera plus pur pour eux. – Dieu est bien informé de ce qu’ils font"(24, 30).
Enfin, revêtu par une jeune fille, le "voile" indique que celle-ci est pieuse et sérieuse, donc prête à être épousée. Mais que dire de ces étudiantes qui portent un hidjâb arrangé avec affectation et coquetterie, sur un visage très maquillé et avec un pantalon moulant, comme on le voit en Egypte ou en Syrie ? Seule la chevelure présenterait-elle un élément troublant pour l’homme au point que la cacher devienne obsessionnel ?
Rappeler ou réintroduire la condition traditionnelle de la femme en islam
Lorsqu’il est imposé, et quelle qu’en soit la forme, le "voile" réintroduit dans l’univers mental musulman une conception traditionnelle de l’islam qui postule l’infériorité de la femme.
Il en devient l’emblème : « porter le voile de façon stricte, c’est vouloir se conformer à la Sunna du Prophète et assumer tout le discours coranique de la relation entre les deux genres » (Viviane Liati, De l’usage du Coran, Mille et une nuits, 2004, p. 271).
Négation de la femme en tant que personne
Le voile intégral suggère la négation de la femme en tant que personne, puisque l’expression du visage (tristesse, joie, rire, pleurs, etc.), reflet de l’intériorité, est le vecteur privilégié du dialogue entre semblables. Ce qui poussait Jihane Sadate, l’épouse de l’ancien président d’Égypte, à qualifier ses concitoyennes qui le portaient de "tentes ambulantes".
Témoignage d’une musulmane qui, ayant été contrainte de porter le niqab, recevait les félicitations de ses proches pour sa "perfection" : "Pourtant, en moi, il n’y avait plus rien. J’étais devenue rien. Sans visage, sans nom, sans volonté, sans désirs" (Zeina, Sous mon niqab, Plon, 2010, p. 88). Non sans souffrance, elle est parvenue à se libérer de ce voile oppresseur.
Obstacles à des rapports humains paisibles et sains, le niqab et la burqa provoquent le regard des autres, ce qui est paradoxal.
"Ces musulmanes d’Occident [qui portent le voile intégral] se comportent comme des images. Et cela pour exprimer une religion, affirmer une culture qui abomine l’ostentation en général, celle des femmes tout particulièrement, et proscrit les images" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 19).
Le voile, quel qu’il soit, sépare. Il est ségrégatif et, comme tel, postule aussi la méfiance envers la femme.
"En voilant la femme, l’islam instaure le doute et la suspicion, non seulement à l’égard de celles qui ne se conforment pas à la norme, mais à l’égard de toutes les femmes. Car, en même temps qu’il dé-montre la femme, le voile en suggère toute la puissance magnétique sur les hommes. Voilée ou non, la femme reste donc un être dangereux, réduit à un corps qui fascine et qui inquiète." (L. Babès, op. cit., p. 44).
Un féminin masculin
C’est contre cette conception, inséparable de l’obligation du port du voile, que se sont élevés les pionniers du féminisme arabo-musulman, notamment le premier d’entre eux, l’Égyptien Qasim Amin (1863-1908), diplômé en droit de l’université de Montpellier et auteur de La libération de la femme, ouvrage qu’il publia au Caire en 1899.
Constatant l’absence de clarté du Coran qui, de toute façon, n’interdit pas aux femmes de montrer leurs visages, il en déduit que le voile relève de coutumes habillées d’un vernis religieux et qui n’ont rien de sacré. "Le voile n’est qu’une affaire de mœurs, pas de religion"(cité par Le Point, n° 2277, 28 avril 2016).
Il faut donc, explique Amin, adapter la tenue des femmes au bien de la société contemporaine. Or, à ses yeux, l’isolement, à la maison ou sous le voile dans la rue, est négatif socialement car il empêche les femmes d’être des "êtres complets" et de contribuer au progrès des sociétés islamiques. La pensée d’Amin encouragea les musulmanes à se débarrasser de leurs voiles. Le ton fut donné par sa compatriote Hoda Chaaraoui, qui se dévoila publiquement à Alexandrie en 1923.
D’autres intellectuels arabes ont suivi la voie d’Amin. L’un des plus connus est le Tunisien Tahar Haddad (1899-1935), auteur de La femme tunisienne devant la loi et la société (1930), ouvrage qui inspira le Code du statut personnel promulgué en 1956 à l’initiative du futur président Habib Bourguiba. Les femmes étaient désormais libres de choisir leur conjoint, de poursuivre des études, de travailler hors de leur foyer, de voter et d’être des citoyennes à part entière.
Ainsi, de nouvelles habitudes se sont propagées un peu partout jusque dans les décennies 1970-80, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’islamisme influence le retour du voile, par les idées, la persuasion et la finance.
Aujourd’hui, dans le chiisme (moins figé que le sunnisme), notamment en Iran, des savants se prononcent contre l’obligation faite aux femmes de se couvrir les cheveux. La réforme qu’ils préconisent est conçue comme allant de pair avec l’émancipation féminine. Ce courant se développe depuis l’élection, en 2013, de l’actuel président, Hassan Rohani.
Promouvoir le communautarisme, affirmer une identité et engager une stratégie de conquête
Le "voile" constitue une sorte de "certificat d’islamité", d’appartenance à la "meilleure communauté suscitée parmi les hommes" (Coran 3, 110), qui permet de distinguer les musulmanes des "mécréantes". "On se pose en s’opposant. Il y a une altérité irrémédiable et revendiquée" (V. Liati, op. cit, p. 270).
Promotion du communautarisme
Le "voile" accompagne des revendications identitaires qui s’affirment dans la vie privée et sociale (cf. le refus de la mixité entre adultes) par la réclamation de droits spécifiques, conformes à la charia (loi islamique), et, sous l’excuse de la liberté religieuse, favorise le communautarisme.
Telle est la position affirmée par Ahmed Jaballah, président de l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF, affiliée aux Frères musulmans), le 21 novembre 1989, à l’intention du Premier ministre d’alors, Lionel Jospin, au moment de la première "affaire du voile" à l’école, survenue à Creil.
"Vous laissez entendre que le Coran n’impose pas le foulard. Or le livre sacré des musulmans est très clair et très explicite, et ne laisse aucun doute sur le devoir de chaque musulmane de porter le voile"(Le Monde, 22 novembre 1989, cité par Gilles Kepel, À l’ouest d’Allah, Seuil, 1994, p. 280).
Revendication identitaire
Par ailleurs, le retour du voile, qu’il soit volontaire ou qu’il relève d’un conditionnement familial ou social, postule une identité qui ne veut pas se laisser corrompre par l’influence des mœurs occidentales, jugées néfastes. En témoigne cette discussion qui s’est déroulée dans l’Algérie française entre une métropolitaine, Marie, épouse d’un musulman mais refusant de se voiler, et sa belle-mère.
Marie : "Dieu n’a pas fait la figure des femmes pour la mettre derrière un rideau, honteusement ".
Sa belle-mère : "Les femmes de chez nous sont des filles de soumission et de patience et non des effrontées dont chacun, dans les rues, peut connaître le visage pour ensuite salir l’honneur" (B.-N. Aboudrar, op. cit., p. 93).
Stratégie conquérante
La propagation du "voile" en Europe, la solidarité envers les musulmanes "victimes" de la laïcité et la mobilisation de l’Oumma (la communauté islamique) sont au service d’une stratégie de conquête mise en œuvre par les réseaux liés aux Frères musulmans. C’est ce que démontre Paul Landau, spécialiste de l’islamisme, dans son enquête sur l’UOIF, Le Sabre et le Coran (éd. du Rocher, 2005). Projet auquel s’oppose le mouvement Objectif France, présidé par Rafik Smati, Français d’origine algérienne.
"L’évolution vers le radicalisme religieux au fil du temps me confirme dans la conviction que le foulard islamique n’est pas un attribut religieux, mais un outil de conquête politique. Ne soyons pas naïfs : le voile est un étendard de l’islamisme !" (Site Nouvelles de France, 27 avril 2016).
Pour conclure
Ce n’est pas en tant que vêtement – sauf dans ses formes aliénantes ou disgracieuses – que le voile islamique pose problème mais à cause du projet dont il est le vecteur, aussi bien dans les pays de tradition musulmane en cours de réislamisation que dans les pays où l’islam s’établit à travers l’émigration.
Selon Hanifa Chérifi, membre du Haut-Conseil à l’Intégration, les atermoiements de l’Etat français ont entraîné un processus dangereux pour l’unité nationale.
"Si l’on s’était donné le temps de la réflexion, on se serait rendu compte que le port du voile est un obstacle au processus d’intégration scolaire, sociale et, surtout, d’intégration dans le monde du travail"(Le Monde, 16-17 décembre 2001).
Il reste aux Etats européens à ouvrir les yeux sur cette réalité et à prendre les mesures qui s’imposent. Saisie d’une affaire concernant l’employée musulmane d’une entreprise belge qui refusait de retirer son foulard islamique sur le lieu de son travail, l’avocate générale de la Cour de Justice de l’Union européenne a estimé, dans ses conclusions, que cette interdiction "peut être licite car elle ne constitue pas une discrimination directe fondée sur la religion, dès lors que cette interdiction s’appuie sur un règlement général de l’entreprise interdisant les signes politiques, philosophiques et religieux visibles sur le lieu de travail" (Le Figaro, 1er juin 2016). •
Repris de Clarifier, La Petite Feuille Verte, juin 2016
Journaliste, essayiste, conférencière, spécialiste du Proche-Orient, de l'Islam et des chrétiens d'Orient. Docteur d'Etat en sciences politiques. Thèse sur "Le Liban et son voisinage" (Université Paris II). A participé comme experte au Synode spécial des Evêques pour le Moyen-Orient, convoqué par Benoît XVI en 2010.
Ouvrages : Guerres secrètes au Liban (1987) - Vivre avec l'Islam ? - Saint-Paul (1996) - L'Europe malade de la Turquie (2005) - Les chrétiens d'Orient vont-ils disparaître ? (2005) - L'islam peut-il rendre l'homme heureux ? (2012)
Le général Puga a quitté cet été les fonctions de chef d’état-major particulier du président de la République et a été nommé grand chancelier de la Légion d’honneur. Pour son départ de l’Elysée, où il était le plus proche conseiller militaire de Sarkozy puis de Hollande, Le Monde lui a consacré sa une et un article sur « Les mystères d’un acteur clé des six dernières années ». Deux pages de citations ou d’anecdotes rapportées au conditionnel par des anonymes. Rien de bien intéressant. En revanche, que ce père de famille nombreuse, catholique, conseille le président socialiste volage et athée, irrite au plus haut point l’auteur de l’article.
Même si le journaliste du Monde en doute, le rôle positif de Puga « l’Africain » dans les affaires du Sahel est indéniable. Il aura contribué, jusqu’au terme d’une brillante carrière, au succès de nos armes avec une incontestable légitimité opérationnelle. S’il n’a jamais affiché ses convictions, il ne les a pas non plus cachées. Elles ne l’ont pas desservi. Il termine sa carrière avec tous les honneurs, mais dans l’honneur. Ce que les circonstances ne permettent pas toujours : la question de la loyauté reste en effet très liée aux circonstances.
La discipline qui, comme chacun sait, fait la force des armées, exige du militaire une loyauté sans faille. Dans les régiments, navires de combats ou escadres aériennes, le chef doit s’attacher au bon fonctionnement de son unité, à sa meilleure préparation, au discernement des compétences. Mais il reste au niveau de l’exécution. Cela ne l’empêche pas d’imprimer sa marque et de rendre aux plus jeunes l’amour de leur pays. Il y faut de la prudence et un peu de courage. Mais un officier français peut aujourd’hui enseigner des vérités historiques, ordonner une prise d’arme pour Jeanne d’Arc, s’abonner à Politique magazine ou aller à la messe sans être radié du tableau d’avancement.
Tout autre est le travail de ceux qui, colonels, capitaines de vaisseau, officiers généraux ont accédé aux niveaux de conception en état-major central, là où les convictions, les appétits et le « déclin du courage » creusent des clivages inattendus. Il ne s’agit plus de faire fonctionner et d’obéir mais d’inventer, de rectifier, d’argumenter, de convaincre ; bref, de s’exposer au risque de déplaire. Les enjeux sont considérables : la vie de nos soldats et le succès des opérations, les milliards de la masse salariale et de la programmation militaire et, par-dessus tout, notre indépendance.
Il est enfin des circonstances où les honneurs ne sont plus compatibles avec l’honneur. Ainsi, pour faire « observer ses lois », la République a demandé aux militaires de massacrer des populations en 1793, plus tard de fracturer des sacristies lors des inventaires, de briser des grèves, ou encore, en Algérie, de trahir les engagements qu’on leur avait fait prendre. Ceux qui refusèrent, pour l’honneur, furent congédiés, embastillés ou fusillés. En 1961, condamné à la prison, le lieutenant-colonel Puga, père du général, en était.
Alors que la France lutte aujourd’hui pour sa survie, il en est encore, au Monde, pour écrire que « la mission incontestablement accomplie » du général Puga a été de « laver le nom du père et rendre à la lignée son honneur ». Le grand chancelier ne répondra pas à cette infamie. •
Source Le Figaro 14.09
Nous l'avons écrit ici même après l' « action » des frères Kouachi :
Les médias, la pensée unique, ont forgé, imposé le slogan « Nous sommes tous Charlie » et posé la « liberté d’expression » comme un absolu. Nous regrettons de dire que nous ne sommes pas de cet avis. Aucune liberté ne doit se considérer comme un absolu. Y compris la liberté d’expression, notamment celle de la presse qui ne devrait pas pouvoir manquer de s’imposer la règle, l’éthique, la déontologie qui donne à toute liberté sa définition et sa justification. C’est ce que Charlie Hebdo ne reconnaît pas, ne s’impose pas.
On ne se moque pas, selon nous, comme l'a fait Charlie Hebdo de façon pitoyable, de la souffrance des victimes d'un tremblement de terre, de celle de leurs proches, de leur pays.
Une fois de plus, Charlie Hebdo est allé trop loin, dans l'ignominie.
Hier, il a reçu des balles, pour prix de son comportement; aujourd'hui, c'est une plainte en bonne et due forme, approuvée par un pays presque tout entier.
Et - mais est-il nécessaire de le dire ? - par nous aussi ... •
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Illustration La Couronne
« L’union européenne est une sorte de chimère. Elle a construit toute une bureaucratie pour veiller au respect de règles libérales, qu’elle a malheureusement érigées en dogmes. Son administration n’est pas moins tatillonne que celle d’un régime socialiste. Il suffit de considérer les directives produites par Bruxelles sur des sujets aussi divers que la composition du chocolat ou la fabrication des fromages !
Parfois, l’Europe me fait penser à ce film de Terry Gilliam, « Brazil » : c’est un monde Kafkaïen. Pour faire cesser ces dérives, il faut une grande liberté intérieure, ce qui manque à nos politiques : ils ont du mal à résister à la pression des médias, qui les somment de réagir instantanément, sans aucun recul.
Pourtant, on pourrait tout à fait imaginer une confédération fondée sur la subsidiarité : ce que les États peuvent faire eux-mêmes ne doit pas leur être enlevé.
L’Europe telle que je la conçois serait fondée sur la coopération entre les nations, celles-ci choisissant librement de s’associer pour de grands projets d’envergure mondiale. C’est l’Europe d’Airbus et d’Ariane. Pas besoin de structures permanentes, pas besoin de Commission européenne pour construire un avion… Et si nous nous accordons sur des buts plus politiques, veillons à respecter l’identité de chaque pays, ce qui est de moins en moins le cas.
Le peuple français en sait quelque chose, puisque ses représentants ont contredit son expression directe en votant un traité presque identique à celui que les citoyens avaient refusé par référendum. Ce décalage entre les institutions et le peuple est antidémocratique et particulièrement inquiétant : il nourrit l’amertume et le ressentiment.
L’Europe se fait contre les peuples et sans l’homme. Allons-nous commettre la même erreur que l’Union Soviétique ? » •
Pléthore de candidats à la candidature : à droite, à gauche, bientôt au centre et jusque dans le résidu qui subsiste du parti écologiste où, déjà, trois candidats se sont déclarés.
Et voilà Macron qui arrive dans l’arène, après Montebourg, son prédécesseur à l’Économie. Il est donc tant de gens qui s’imaginent qu’ils sont faits pour être un jour, l’un ou l’autre, chef de l’État ! Mettons à part ceux qui se présentent comme des témoins de leurs convictions et qui comptent les faire valoir à cette occasion, tel Frédéric Poisson à droite.
Tout le reste a, paraît-il, des « idées », et affirme unanimement que la solution se trouvera au bout « d’un débat d’idées ». Ils le pensent aujourd’hui, mais s’ils perdent demain, alors ? Croit-on que pour cela ils changeront d’idées ? Quelle hypocrisie ! Ah, « ces débats » dont ils se gargarisent tous ! Comme si, pour remplir la fonction de chef de l’État, il fallait passer un concours ; et encore un concours de « débatteurs », comme on dit pour essayer de parler français ! Ces prétendus « débats » qui n’en sont pas tant ils sont complètement formalisés, vont devenir l’actualité française pendant neuf mois !
Chacun y va donc de son livre, son programme, ses « idées », ses « réformes », la présentation de ses « cent premiers jours », comme s’il y était. Quand ce n’est pas la même chose, ça se ressemble, puisqu’il s’agit de faire face aux mêmes échéances et aux mêmes nécessités. Car la France est malade, tout le monde le sait. Malade de quoi ?
De son État impotent et prépotent, de ses finances obérées, de son économie étouffée sous des charges accablantes, de son chômage endémique, de ses fonctions régaliennes dont la justice, l’ordre intérieur, les finances, la défense même et la diplomatie, sont détournées de leur finalité, de son éducation dite nationale qui n’a plus rien de national et qui est devenue un immense « foutoir », de son administration pléthorique et inefficace autant que tatillonne, de ses innombrables gabegies qui alimentent le système clientéliste dont vivent les apparatchiks, enfin, et maintenant surtout, d’une insécurité permanente due à une folle politique d’immigration et à une non moins folle politique de la ville qui font que des quartiers entiers échappent pratiquement à tout contrôle et que n’importe quoi peut survenir à tout instant.
Les gens avertis le prédisent et le Premier ministre l’a, lui-même, annoncé : les attentats n’ont fait que commencer. Qu’une tension extérieure s’ajoute à la tension intérieure, un drame… et qu’arrive-t-il ? Dans un tel cadre, il n’y a que Hollande qui se croit un chef d’État et qui va encore pérorer, de jour en jour, pour nous le faire accroire.
Et les autres ? Et Macron qui vitupère le système mais qui en fait partie ? Peuvent-ils l’être davantage ? Et chacun de s’illusionner et de donner ses recettes. « Il n’y a qu’à », « faut qu’on », tout y passe en quarante recettes et cinquante points, sauf que l’essentiel n’est jamais abordé. Puisque à aucun moment ces candidats, qui ne vivent que dans l’espoir d’être élus, ne remettent en doute le régime dont ils attendent tout par principe et qui est la cause véritable et proportionné de tous ces maux qu’ils détaillent en vain. Ils prétendent remédier aux conséquences. Comme toujours ! Conséquences inéluctables « d’une cause qu’ils chérissent ». Alors, au vrai, « tout changer pour que rien ne change » ? Quelle inutilité ! Que d’énergie et d’argent gaspillés ! Tout ça pour être au second tour devant Marine Le Pen, car c’est ce à quoi se résument toutes ces superbes stratégies.
A l’heure où tout est bousculé dans le monde, comme le Brexit en a donné l’exemple, où les prochains référendums italien et hongrois risquent de bouleverser la donne européenne, où l’élection présidentielle aux États-Unis révèle de nouvelles lignes de force, où les tensions se multiplient sur la planète et où la sécurité et l’avenir même des Français sont en jeu, est-il permis de se payer le luxe de tels concours de beautés, de tels psychodrames partisans, de telles violences politiciennes qui ajoutent encore à la division de la nation ? Tout éclate, tout est éclaté.
Il y aurait incontestablement mieux à faire. La France a des atouts ; elle aurait une politique à mener, comme le montre encore le dossier de ce numéro de Politique magazine. Elle n’aurait besoin que d’un vrai chef d’État. Dans l’état actuel des choses, rien ne permet hic et nunc d’en dire plus. Mais les circonstances pourraient amener la France à s’en choisir un hors des contraintes des partis. Tout est possible. Il ne faut pas désespérer. n
François Mitterrand fut, en son temps, affublé du quolibet de « madone des aéroports ».
Aujourd'hui, comment qualifiera-t-on François Hollande ? Le JT de 20h de France 2 nous a appris qu'il avait passé quatre jours pleins avec des journalistes, pour réaliser pas moins de cinq livres d'entretiens au total. Pendant ce temps-là, il ne passait qu'entre deux et cinq heures avec des ministres à la charge aussi importante que, par exemple, celle qui incombait à Emmanuel Macron !
Est-ce bien raisonnable ?
Mais était-ce bien raisonnable, aussi, d'envoyer à l'Elysée un « sous-préfet aux champs » - pour reprendre Alphonse Daudet - qui avait mis « son » département en faillite ?... n
Publié le 11 mars - réactualisé le 12 septembre 2016
En réponse à un lecteur [Camelot] qui, hier, dans les commentaires, disait vouloir en savoir plus sur notre royalisme. D'autres éléments de réponse suivront ...
Au moment même où nous voyons se réunir, réfléchir, agir, une nouvelle génération d'Action française courageuse, ardente et décidée, qui réveille, en un sens, des énergies plus anciennes, il est bon que l'Action française rappelle et pose ses fondamentaux. S'il y a lieu de les discuter, de les actualiser, sans en renier le fond, il sera toujours temps, ensuite, une fois nos principes posés, d'en débattre et d'en décider. Dans la tradition et dans l'esprit de l'Action française.
Mardi dernier [08.03], nous avons publié une réflexion utile de Stéphane Blanchonnet* sur ce quadrilatère maurrassien repris des premières publications de Maurras sur la monarchie à réinstaurer pour le salut de la France : Dictateur et Roi, prélude à son Enquête sur la Monarchie, ouvrage qui sera volontairement publié en l'année 1900, ouvrant ainsi le XXe siècle. Voici ce même quadrilatère maurrassien vu par Sébastien L. dans le cahier d'Action française n°3, supplément au n° 2177 d'Aspect de la France du jeudi 31 janvier 1991. Il y a donc 25 ans. L'article porte le titre : La Monarchie que nous voulons. Le rédacteur est un jeune militant d'Action française de cette période [il a alors 20 ans, tout juste] qui a fait son chemin, depuis. Il y pose, avec pertinence, nos fondamentaux, selon nous, pérennes. Lafautearousseau
« Oui ou non l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée est-elle de salut public ? »
La question que pose Maurras au début de son enquête sur la Monarchie écarte les présupposés, les sentiments et les préjugés. Elle est concise, directe et rationnelle, car c'est sur le terrain de la raison, celui-même sur lequel se croit fondée la démocratie que le Martégal défend et batit la Monarchie. Aujourd'hui, alors que six quarts de siècle nous séparent de la dernière expérience monarchique et que l'idée royale a été systématiquement défigurée par les républicains, nous devons défendre nos idées, retrouver ce ton maurrassien clair, dense, précis, presque socratique, qui seul imposera la monarchie face aux nuées démocratiques. Ainsi avons-nous utilisé le « quadrilatère » maurrassien (une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire, décentralisée) pour esquisser, en esprit puis en acte, LA MONARCHIE QUE NOUS VOULONS.
Une Monarchie Traditionnelle
Pour commencer, il semble indispensable de rappeler que la Monarchie n'a jamais été un modèle fixe, un prêt-à-porter ; elle a su au contraire s'incarner dans différents registres tout en gardant l'esprit qui était le sien. C'est cette continuité à travers les changements nécessaires qui caractérise le vrai sens de la tradition qui, d'après Paul Valéry, « n'est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l'esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de toutes autres en d'autres temps ». Ainsi, nous ne voulons pas restaurer une monarchie figée en un XVIIIéme siècle oublié, mais rétablir ce qui est d'abord un principe, principe d'autorité, de responsabilité et d'unité, et qui saurait s'incarner dans notre propre réalité économique, politique, culturelle et sociale.
Une Monarchie héréditaire
L'hérédité du pouvoir est sans doute le principe qui a été le plus attaqué depuis trois siècles. Pourtant que représente-t-il réellement lorsque l'on a écarté toute la mythologie méritocratique ? Il apparaît que l'hérédité a ce premier avantage d'éliminer la compétition pour le pouvoir, c'est-à-dire la radicalisation des conflits d'intérêts. Elle assure ainsi un Etat fort, indépendant et arbitre capable d'entreprendre des réformes administratives, économiques et sociales ou de laisser des libertés aux citoyens, sans craindre d'être toujours renversé. L'hérédité permettra à la nation d'être enfin gouvernée et non plus seulement gérée à court terme comme c'est le cas en république. De plus, le pouvoir étant à l'origine indépendant des forces d'argent, il peut gouverner sans, et même contre elles, et seul le roi héréditaire a pu châtier les Semblançay et les Fouquet que le régime actuel eût laissé courir. Enfin, l'hérédité assure la médiation active du peuple avec ses propres racines historiques : la nation, c'est la naissance, c'est-à-dire la reconnaissance d'une continuité historique.
Une Monarchie antiparlementaire
La tradition et l'hérédité étant posées, on pourrait être tenté d'y ajouter une institution parlementaire censée assurer la représentation populaire.
« A d'autres cette demi-royauté bourgeoise et parlementaire plus décrépite encore s'il le faut » s'écriait Maurras. Le parlementarisme, qui suppose l'existence de partis, est le contraire même de la monarchie qui est faite pour unir. D'ailleurs, le parlementarisme au niveau de l'Etat ne représente personne puisqu'il ne repose pas sur les réalités économiques, politiques et sociales mais sur le jeu formel des partis.
La Monarchie, au contraire, chercherait une représentation du pays réel par de multiples assemblées locales, culturelles et professionnelles souveraines en leur ordre et capables de défendre les intérêts de leurs membres. Nous n'en voulons en effet absolument pas au vote.
« L'ancienne France votait beaucoup, précise Maurras, cela est oublié. Cela reste vrai tout de même. On y votait pour quantité d'objets pour lesquels le Français moderne reçoit avec respect le choix et les volontés des bureaux ». Ce à quoi nous en voulons, c'est au système qui regroupe arbitrairement les individus en fonction de leurs opinions ou de leurs options métaphysiques dans le cadre de partis peu adaptés à la juste détermination de l'intérêt général. Et c'est pourquoi nous luttons pour la restauration d'une monarchie antiparlementaire où, les Français pourront, grâce à de multiples assemblées fédérées par un pouvoir indépendant, être représentés dans leurs intérêts tangibles et concrets, et ainsi passer du stade d'administrés abrutis et atomisés, à celui de citoyens responsables et actifs.
Une Monarchie décentralisée
Nous avons parlé de représentation d'intérêts locaux ; en effet antiparlementarisme et décentralisation sont deux caractères indissolublement liés. Nous sommes antiparlementaires parce que partisans d'une renaissance des collectivités locales. Cette volonté de promouvoir les richesses et les diversités de notre pays de façon intégrale est une composante essentielle de notre nationalisme. Nous voulons laisser s'organiser le pays réel en multitude de républiques locales, autonomes et souveraines, compénétrées les unes les autres et capables de prendre en main leur avenir. Mais ces communautés ne peuvent rester liées entre elles sans un tiers-pouvoir. Comme l'expliquait Pierre-André Taguieff, « il doit y avoir un troisième membre qui doit être “hors jeu” en quelque sorte. C'est la monarchie comme pouvoir transcendant, d'où la nécessité que le roi ne soit pas élu ou choisi, mais qu'il vienne d'ailleurs, qu'il soit inconditionnel ».
Voici posées les grandes lignes de la monarchie que nous voulons, c'est-à-dire la monarchie française adaptée à notre temps.
N'oublions pas cependant que « l'objet vrai de l'Action française, ce n'est pas, à bien dire, la monarchie, ni la royauté, mais l'établissement de cette monarchie, l'acte d'instituer cette royauté ». Seul notre engagement militant prouvera la possibilité d'une telle restauration, et même son imminence si elle est servie par des citoyens actifs, prêts à mourir avec joie, avec bonheur, pour notre Sire le roi de France. n
* Le Quadrilatère maurrassien vu par Stéphane Blanchonnet.
Merci à Philippe Lallement qui nous a transmis ce texte.
Le château de Versailles, théâtre d’un trafic de faux meubles anciens, est au cœur d’un nouveau scandale révélateur de liaisons dangereuses entre marchands et institutions.
À l’approche de la biennale des antiquaires, qui ouvre ses portes ce 10 septembre, il est une affaire que la touffeur estivale n’a pas fait oublier. Elle touche à l’arrestation, avant l’été, d’un grand expert en sièges anciens parisien et de quelques-uns de ses complices, accusés d’avoir fourni rien moins qu’à Versailles, des copies de mobilier royal.
Une douloureuse affaire remettant tour à tour en cause les capacités professionnelles des conservateurs du lieu, les modalités d’acquisition et d’accroissement du patrimoine culturel public, les liaisons – parfois dangereuses – avec le marché et l’usage du mécénat.
Un expert au-dessus de tout soupçon
L’affaire de Versailles est des plus inquiétantes. Compromettant leur éthique professionnelle, des artisans de talent, souvent restaurateurs de nos musées nationaux, sont à l’origine de ces faux présumés, ou de ces originaux douteux d’excellente facture, auréolés du crédit de l’expert.
En l’espèce, Bill Palot, employé d’une grande galerie parisienne, personnage en vue et haut en couleur, chargé de cours à la Sorbonne et « Monsieur-je-sais-tout » du mobilier du XVIIIe siècle. Il a vendu ces faux meubles plusieurs millions d’euros. L’appât du gain est ici le mobile du crime, mais aussi la jouissance d’abuser une grande institution culturelle.
Les conservateurs se retrouvent, curieusement, en première ligne dans ce dossier. Leur responsabilité est pourtant bien difficile à définir. L’ère des conservateurs experts, grands savants, est révolue. Nous sommes à l’ère des organisateurs, des gestionnaires, des généralistes. Les nécessités de la mobilité professionnelle, la valorisation de la polyvalence font le reste.
Réaliser des acquisitions et organiser des expositions sont les deux facettes nobles du métier, réservées à quelques élus. Acheter, a fortiori cher, des œuvres majeures, c’est le pinacle d’une carrière aboutie.
Il existe pourtant des mécanismes simples pour réduire la marge d’erreur. C’est, tout d’abord, la collégialité du processus d’acquisition (respectée ici). L’édiction de divers codes de déontologie, ou le suivi de « bonnes pratiques » comme l’interdiction de collectionner dans sa spécialité, ainsi qu’une distance prudente avec les marchands.
Versailles : ses monuments, son climat
En l’espèce, le scandale est d’une ampleur inégalée parce qu’il a lieu à Versailles. On se souvient que ce qui fut le musée des gloires de la France est devenu, sous la férule de Jean-Jacques Aillagon, un laboratoire de la relation nouvelle entre le marché et le patrimoine public. Un climat bien particulier, l’ancien président du château ayant toujours été très lié avec l’un des plus grands collectionneurs d’art contemporain, François Pinault.
Ces achats fastueux ont été financés par le mécénat tandis que le classement « trésor national » de ces faux était obtenu du ministère de la Culture pour maximiser les déductions fiscales offertes aux généreux donateurs.
Ainsi la mariée était trop belle. Des pièces exceptionnelles tombant à pic pour meubler des pièces en cours de rénovation, des acquisitions majeures pour faire fonctionner la communication et la pompe à mécénat : le marché a tout simplement répondu à la demande… •
Par Eric Zemmour
Notre société de classes moyennes est minée par la prolétarisation et les inégalités. Et l'angoisse du déclassement hante les jeunes générations. A travers le dernier ouvrage du sociologue Louis Chauvel*, il en décrypte les causes systémiques [Figarovox - 7.09] et cette analyse nous intéresse - elle débouche sur la constatation d'un monde en ruine ... LFAR
Les sociologues sont fatigants. Ils nous assomment de chiffres, de courbes, de graphiques. Ils nous bombardent de statistiques, afin de nous faire passer leur idéologie pour la réalité, comme si nous ignorions le mot célèbre de Mark Twain : « Il y a trois types de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques. » Ils écrivent dans une langue ampoulée, pleine de néologismes de Diafoirus jargonnant. Ils conversent avant tout entre eux, échangeant arguments et invectives par-dessus notre tête. Louis Chauvel n'est exempt d'aucune des tares de sa corporation. Cet amoureux fou de la grande littérature viennoise du début du XXe siècle, de Zweig à Musil, donne parfois à le lire l'impression de s'être imprégné des lourdeurs syntaxiques de la langue germanique.
Il y a deux livres dans le livre de Chauvel, ce qui le rend encore plus difficile à digérer. Mais chacun des deux est édifiant et instructif. Passionnant. Le premier est dans la continuité de ses précédents ouvrages : la mise en exergue de l'inexorable prolétarisation de la classe moyenne française, et en particulier de sa jeunesse qui subit la domination sans partage de la génération bénie du XXe siècle, celle des baby-boomers, jadis jeunesse dorée, désormais retraite en or massif. Le second livre dans le livre est une charge contre les sociologues qui ont contesté ses travaux et conclusions. Chauvel y est acerbe et convaincant : « La première idée que retiennent les étudiants en première année de sociologie est que la nature n'existe pas, que tout est construction sociale, et que la notion même de réalité est controversée et donc suspecte… Donc rien n'est vrai, tout est permis… La notion même de réalité n'existe pas… De cette sociologie de la déconstruction, il est resté un monde en ruine. » Chauvel arrose large puisqu'il accable avec pertinence « les tenants de la modernité liquide (qui) liquident la modernité » et « la péremption d'une large majorité du personnel politique et intellectuel qui vit encore dans un monde que les autres ont vu disparaître il y a trente ans ».
Reste le cœur du sujet. Chauvel cultive et approfondit son intuition d'origine : le fossé inégalitaire se creuse et entre les classes sociales et entre les générations. Nous avons fermé, depuis les années 1980, la parenthèse enchantée des Trente Glorieuses et nous revenons à marches forcées vers le monde inégalitaire d'avant la guerre de 1914. Nous renouons avec la traditionnelle loi de Pareto: 80% du patrimoine sont possédés par les 20% les plus riches. Chauvel explique que les statistiques officielles sont faussées en France parce qu'elles ne tiennent pas compte de l'élément moteur de ces inégalités : les prix du logement et ce qu'il appelle la « repatrimonialisation » des hiérarchies sociales. Quelques chiffres éclairent sa brillante démonstration : « Les professions intermédiaires disposaient en 1978 d'un niveau de vie supérieur à la moyenne française de 39%; aujourd'hui, l'écart n'est plus que de 17%. » Au cœur de cette prolétarisation de la classe moyenne, il y a la marginalisation de la jeunesse au profit de son aînée : « Si la tendance générationnelle dont continuent à bénéficier jusqu'à présent les premiers baby-boomers s'était maintenue, le niveau de vie de ceux nés en 1980 serait de 30 % plus élevé. »
Chauvel a bien compris que la massification scolaire a accéléré cette évolution ; et que l'inflation des diplômes a entraîné une dévaluation des titres universitaires et du premier d'entre eux : le baccalauréat. Par rapport à ses travaux précédents, Chauvel ajoute une comparaison internationale bienvenue et constate les effets redoutables de la mondialisation, en retrouvant dans ses chiffres les intuitions des premiers opposants à la « globalisation », qui avaient deviné que l'émergence des riches des pays pauvres se ferait au détriment des pauvres des pays riches : « En 2000, 88% de la population française comptait parmi les 20% les plus aisés à l'échelle mondiale. 75% en 2010. » Ce que Chauvel appelle « le grand déclassement ». Le discours de Chauvel ne va pas sans contradictions: « Ce qui relie jeunes, femmes et immigrés est le fait de représenter une concurrence menaçante pour les insiders déjà en emploi dans les années 1970. » Chauvel rejoint ainsi, sans le vouloir et sans l'avouer, la cohorte honnie par lui de ces sociologues et technocrates libéraux qui, fustigeant « la préférence française pour le chômage », appellent à faire sauter les protections sociales qui ne bénéficient selon eux qu'à ces fameux insiders. Comme eux, il ne veut pas voir que, selon la déjà ancienne analyse de Christopher Lasch, reprenant les intuitions de Marx, ce sont justement les patrons qui ont fait entrer sur le marché du travail toujours plus de femmes et d'immigrés, afin de peser sur les salaires d'ouvriers blancs et chefs de famille qui leur coûtaient de plus en plus cher.
Quoi qu'il en soit, Chauvel a bien compris la logique implacable de notre régression : « Les institutions sociales héritées de la Libération tiennent encore à leur structuration institutionnelle mais risquent de devenir des coquilles vidées de leur organisme vivant. »
Il communie ainsi lui aussi à sa manière dans le « c'était mieux avant ». Mais c'est un « c'était mieux avant » prudent, un « c'était mieux avant » bien-pensant, de gauche, sociologique, politiquement correct. Un « c'était mieux avant » égalitaire. Un « c'était mieux avant » social-démocrate. On privilégie l'économique, on insiste sur les inégalités sociales et générationnelles, on ne cherche surtout pas à s'aventurer dans la question taboue des différences ethniques, culturelles, religieuses. L'identité ne peut être que productrice « d'anomie ». On a peur de ce qu'on y trouverait. Nostalgie de la France des Trente Glorieuses, cette France des classes moyennes qui marchait vers un destin apaisé à la scandinave, dont Chauvel oublie seulement qu'elle était homogène - à l'instar d'ailleurs de son modèle originel, l'Amérique blanche des suburbs des années 1950. Et que ceci explique - en partie - le bonheur de celle-là. Comme si au dernier moment, le poids de sa culture sociologique l'inhibait et l'illusionnait encore. •
* La spirale du déclassement. Louis Chauvel, Seuil, 208 p., 16 €.
« Il ne revient pas au droit d'oublier que la France est une nation pourvue d'une histoire et d'une culture. »
Entretien avec Vincent Trémolet de Villers donné au Figaro, le 9.09.2016
[Entretien sur lequel nous reviendrons]
S’imaginer que l’islam est soluble dans la démocratie et que la République va le régenter comme elle a régenté, à sa façon, l’Église de France, est une illusion mortelle. Les premiers à en payer le prix seront les musulmans français.
Le Conseil d’État a tranché. Saisie en référé-liberté par la Ligue des droits de l’homme et le Collectif contre l’islamophobie en France, la haute juridiction administrative, le vendredi 26 août, a suspendu en appel l’arrêté municipal pris le 5 août dernier par le maire de Villeneuve-Loubet, le député LR Lionel Luca. Cet arrêté interdisait sur les plages de sa commune jusqu’au 15 septembre le port de ce costume de bain couvrant intégralement le corps, qu’on appelle « le burkini », en raison du trouble à l’ordre public et de la provocation que pouvait constituer cette tenue ostentatoire dans l’espace public pour une population traumatisée par les récents attentats.
Le Conseil d’État par son ordonnance prend ainsi parti sous des allures d’impartialité juridique et constitutionnelle. Et de manière décisive puisqu’il crée à cette occasion une jurisprudence qui ne manquera pas d’être étendue non seulement à tous les arrêtés municipaux pris dans le même sens, mais encore à tous les cas similaires – et il y en aura et ils seront créés exprès ! Les autres arrêtés, celui de Cannes déjà, bientôt celui du maire de Nice sont tous voués au même sort… Ainsi qu’à l’avenir – il faut le prévoir – toute décision de la puissance publique ou de toute autorité, quelle qu’elle soit, y compris professionnelle, qui s’essaierait à arrêter ou freiner des manifestations d’appartenance affichée à un islamisme militant, sachant, de surcroît, que probablement la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg et la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg auront tendance, l’une et l’autre, à incliner leur jurisprudence sur la même pente du laxisme généralisé.
Incompréhension et méconnaissance
La rapidité des décisions, accélérée par les procédures en référé, aggrave le sentiment tragique d’une incompréhension totale de la situation par de hauts magistrats qui, sous des lambris dorés, bien payés, archi-protégés et déchargés des soucis de la vie, de plus par position affiliés, à quelques exceptions près, à l’idéologie dominante de la prétendue « gouvernance » actuelle, décident – car, au-delà du vocabulaire juridique, c’est le vrai sens de leur décision – qu’il n’y pas, qu’il ne saurait y avoir en République française de problème avec l’islam. Rien : les attentats n’existent pas, la volonté de « radicaliser » les rapports sociaux et de s’approprier l’espace public de la part d’un islam conquérant, non plus. Donc pas de trouble à l’ordre public, affirme le Conseil d’État. Donc liberté doit être assurée – liberté de conscience, liberté d’aller et venir, liberté d’opinion – de revêtir la tenue de son choix dans l’espace public, y compris sur la plage, du moment qu’il n’est pas porté atteinte aux lois de la République ; le burkini n’est pas la burqua ni le voile intégral.
D’ailleurs de fins esprits n’ont pas manqué de rappeler que le même Conseil d’État, après la loi de 1905, avait suspendu un arrêté municipal qui interdisait le port de vêtements sacerdotaux dans l’espace public communal ! À un siècle de distance, le même principe de juste laïcité aurait inspiré le même genre de décisions. La religion mahométane a droit au même traitement que la religion catholique qui, elle, a été réduite, comme il convient en République, à « sa portion congrue ». Et Bernard Cazeneuve, notre ministre des Cultes, de se féliciter de cet esprit républicain d’égalité et d’équanimité.
Islamisme et musulmans
Et, pourtant, voilà la France divisée. Pour une question de costume de bain ! Avouons que c’est franchement ridicule. Les maires concernés n’en démordent pas et ils ont raison : c’est de leur responsabilité. Des députés de droite voudraient, du coup, légiférer. Une loi de plus, et sur un costume de bain ! Il y aurait mieux à faire. Et d’abord, comprendre ce qui se passe. L’islam, en tant que tel, bien que divisé à l’excès, a réussi à s’imposer auprès des autorités françaises. Les attentats l’ont servi, puisque, plus il est dangereux, plus la République le considère et, en quelque sorte, le chérit en tout premier lieu ; ses provocations pareillement intimident les gouvernants qui ne cessent de lui offrir des garanties pour « apaiser » la situation. Hollande est prêt à tout pour tenter de le séduire. Lui et tous ses pareils ne connaissent rien, ni à l’islam, ni au Coran, ni à l’histoire de la conquête islamique.
Cazeneuve pour renforcer, dit-il, l’islam de France, lui accorde tout dès maintenant, bafouant pour lui les règles élémentaires de la laïcité : une Fondation pour ses œuvres dont Jean-Pierre Chevènement serait le premier président (!), une nouvelle association cultuelle qui lui permettra de se financer en toute transparence (!), une nouvelle représentation qui ouvrira (!) l’islam sur l’ensemble de la société française, des imams formés au Coran par nos soins (!) avec des chaires d’islamologie, etc. En s’imaginant que le contrôle de l’État sur un islam qui ne connaît que l’Oumma aura un quelconque effet. Sarkozy s’y est déjà trompé. L’islam de France relève pour l’essentiel de pays étrangers et d’autorités non reconnues.
Il est possible, bien sûr, de s’entendre avec les musulmans de France, mais les musulmans surtout en France respectent ceux qui se respectent eux-mêmes et non ceux qui se renient. Ils savent parfaitement que tous ces Français qui tiennent l’État et les organismes publics, ont tout rejeté de leur passé, de leur foi, de leurs mœurs, de leur tradition : leur République n’a plus rien à voir avec la France réelle. Le mépris de tous ces politiciens, fils de famille, pour l’être même de la France, ne peut qu’entraîner en retour un pareil mépris à leur égard de la part des musulmans. Comment ne pas les comprendre ?
D’autant que tous ceux qui se sentent français, devinent à une telle attitude que la République s’apprête à les lâcher à la première occasion au profit de ceux qui jouent de la terreur. Comme autrefois en Algérie ! Le drame est en train de se nouer.
Le terrorisme, les provocations sont voulus, dans un premier temps, pour ébranler l’opinion publique française et, dans un deuxième temps – il ne faut jamais l’oublier –, pour ressaisir et enfermer la population musulmane sur elle-même en la terrorisant, moralement d’abord, intellectuellement ensuite, physiquement enfin. C’est en cours. Combien de Molenbeek en France ? Comme avait dit le ministre de la Ville, pour une fois bien inspiré.
Le pire est à venir
Le terrorisme islamique a fait plus de victimes dans le monde musulman que partout ailleurs. Qui se souvient des 90 000 harkis d’Algérie assassinés dans des supplices atroces ? Qui pense aux centaines de milliers de victimes de la guerre civile algérienne ? Et partout dans le monde aujourd’hui ? La République par sa politique absurde, par sa laïcité qui n’en est pas une et qui n’est qu’un reniement, par son incompréhension totale non seulement de l’islam mais du monde musulman, semblable d’ailleurs à son incompréhension encore plus grave de la France réelle, des Français de chair et d’os et de religion chrétienne, elle qui ne connaît que ses propres concepts abstraits et que des individus massifiés qui sont autant d’électeurs potentiels, est en train de préparer sur notre sol les pires drames qui se puissent imaginer.
Nos frères chrétiens d’Orient nous en avertissent. Mais la République se moque des chrétiens, malgré les voyages en risettes du président François auprès du pape François, comme elle se moque des musulmans qu’elle prétend manipuler à sa façon. Car, pour elle, tout est toujours manipulation : l’opinion, la politique, la religion. « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. » •
par Hilaire de Crémiers
Publié le vendredi 09 octobre 2015 - Réactualisé le vendredi 9 septembre 2016
Nous conseillons vivement d'écouter cette intervention d'Hilaire de Crémiers, lors du colloque « Dessine-moi un roi » du 9 mai 2015, à Paris.
L'esprit de ce colloque était de dessiner les contours de ce que pourrait être, dans différents domaines, la royauté que nous souhaitons pour la France. Excellente perspective à laquelle ce colloque a tenté - et à notre avis réussi - de donner le tour le plus concret possible.
Parmi les sujets évoqués, Hilaire de Crémiers devait traiter des religions dans leurs rapports avec la société et avec l'Etat. Thème dont on aurait pu croire qu'il avait perdu de son importance il y a vingt ou trente ans par l'effacement progressif des religions, mais qui tout au contraire a repris, aujourd'hui, toute son acuité. On comprendra aisément pourquoi en considérant l'actualité la plus quotidienne.
Hilaire de Crémiers, traitant parfaitement le sujet qui lui avait été donné, dresse, dans une première partie, un état des lieux de la question des religions, sous notre République et des problèmes aigus qu'elle recouvre; puis, dans une seconde partie, il évoque ce que serait, en matière religieuse, la position, la politique d'un roi de France. Il s'agit là d'un véritable précis de politique religieuse dont nos lecteurs doivent avoir connaissance.
Ne doutons pas qu'il s'agit, en réalité, d'un problème capital qui touche à l'identité française elle-même. LFAR •
Durée 28 minutes