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Actualité France - Page 376

  • Dédié aux gens qui croient que les choses vont toujours dans le même sens ...

     

    ... Et Atlantico précise : « D'après une étude publiée par le Journal of Democracy (voir ici), 72% des Américains nés avant la Seconde Guerre Mondiale jugent essentiel de vivre dans une démocratie. Chez les millenials (nés entre les années 1980 et 2000), ce chiffre tombe à 30%. Comment expliquer cette perte d'attachement à la démocratie en quelques décennies ? S'agit-il réellement d'une défiance vis-à-vis de la démocratie elle-même, ou est-ce plutôt la conséquence d'un sentiment d'uniformisation, de standardisation de l'offre politique ? » A méditer, n'est-ce pas ?  •

  • Elisabeth Lévy : « Le peuple, voilà l'ennemi ! »

     

    Par Vincent Tremolet de Villers  

    A l'occasion de la parution du dernier numéro de Causeur, Elisabeth Lévy a donné un long entretien à FigaroVox [24.07]. Exceptionnellement, vous le lirez en entier en cliquant sur Lire la suite. Elle y décrypte les ravages de l'opposition entre le peuple et les élites sur fond de Brexit et d'attentats. En beaucoup de points, nous partageons ses analyses, évidemment pertinentes. Y-a--t-il des sujets de désaccord ? Sans doute. Nous laissons au lecteur le soin de les déceler. Mais sur l'essentiel, quel talent ! Quelle lucidité et quel bon sens ! LFAR

     

    627969587.jpgDans votre (savoureux) éditorial vous reprochez à Anne Hidalgo d'avoir rétabli les octrois. Quelques pages plus loin, vous félicitez le prolo anglais d'avoir voté contre « les élites » London-bruxelloises. Vous virez populiste ?

    Merci pour savoureux ! Vous avez raison, l'interdiction des vieilles voitures à Paris et le fanatisme européiste sont deux expressions du mépris prononcé des élites pour le populo qui pense mal, vote mal, vit mal et qui, en prime, sent mauvais. Au mieux des grands enfants qui ne savent pas ce qui est bon pour eux, au pire des barbares qui, avec leurs tas de ferraille pourris, menacent les bronches délicates de nos chérubins élevés bio. Je précise que je suis contre les maladies respiratoires et pour la paix entre les peuples, mais dans les deux cas, Brexit et pseudo mesures anti-pollution, c'est une idéologie qui est à l'œuvre, et cette idéologie s'emploie à détruire tout résidu du passé, qu'il s'agisse des nations ou des bagnoles ! Alors vous qualifiez ma critique ironique de « populiste », dernière insulte à la mode. C'est marrant, autrefois, défendre les intérêts du populo (alors appelé classe ouvrière), c'était le comble du progressisme. Aujourd'hui, cela signe votre appartenance à la réaction, allez comprendre. En réalité, « populisme » est le nom que la gauche donne au peuple quand le peuple lui déplait. Dans notre émission « L'Esprit de l'Escalier » sur RCJ, Alain Finkielkraut a eu la bonne idée d'exhumer le fameux poème de Brecht qu'on cite sans le connaître. Brecht, qui est pourtant communiste, l'écrit pendant la répression de la grève ouvrière de 1953 à Berlin-Est. Il trouve un tract du Parti qui déclare que « le peuple a perdu la confiance du Gouvernement ». Et Brecht conseille ironiquement à ce dernier de « dissoudre le peuple et d'en élire un nouveau ». Et c'est exactement ce que la gauche essaie de faire depuis trente ans. Le peuple vote mal ? Changeons de peuple ! Le peuple ne veut pas la poursuite de l'immigration massive ? Changeons de peuple ! Le peuple a peur de l'islam ? Changeons de peuple ! Le peuple veut rester un peuple ? Changeons de peuple ! Autrement dit, la gauche, représentante autoproclamée du peuple, ne se demande jamais comment répondre à ses aspirations ou inquiétudes mais comment lui faire entendre raison, enfin c'est une façon de parler, car elle utilise plutôt le prêchi-prêcha, l'invective et le chantage. Dans le cas du Brexit on aura tout eu : si vous votez « oui » vous irez en enfer ; puis, ce sont les vieux, les bouseux alcooliques (et les consanguins, non?) qui ont voté Brexit ; et enfin, ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, la preuve ils ont changé d'avis. Quand un peuple dit « non », c'est « oui », on connaît la musique….

    « Le peuple n'a pas toujours raison » a dit Daniel Cohn-Bendit au sujet du Brexit…

    Quel aveu ! Désolée, mais si, en démocratie, le moins pire des systèmes comme on le sait, le peuple a par principe raison. Voilà pourquoi la destruction de l'école, sous de fallacieux prétextes égalitaires, est dangereuse : si le peuple a raison, il vaut mieux qu'il soit éclairé et capable de se forger une opinion autonome, on sait ça depuis Condorcet. Au passage, puisque c'est toujours cet exemple que Cohn-Bendit et les autres sont prêts à abattre sur la tête de l'électeur récalcitrant, si le peuple décide démocratiquement d'amener Hitler au pouvoir, il est déjà trop tard. Du reste, ce n'est pas ce qui s'est passé en 1933, d'abord parce qu'Hitler n'a pas obtenu la majorité, ensuite parce que l'atmosphère pré-terroriste de la campagne était tout sauf démocratique. Rappelons cependant que le peuple britannique n'a pas voté pour l'arrivée de Hitler au pouvoir, ni même pour « sortir de l'Europe » comme l'a annoncé Le Monde, mais pour quitter l'Union européenne. Alors revenons sur terre. Il me semble à moi que ce que l'histoire a fait, l'histoire doit pouvoir le défaire et qu'il ne faut peut-être pas en faire un tel plat. Du reste, avez-vous remarqué comme depuis l'attentat de Nice, le Brexit apparaît comme beaucoup moins cataclysmique ? Seulement, pour Cohn-Bendit et pour un certain nombre de mes confrères, la construction européenne n'est pas un fait historique, c'est une religion. Le vote britannique aura au moins eu le mérite de leur faire avouer qu'ils ne sont pas démocrates. C'est leur droit. Mais quand on se rappelle que les mêmes, quelques semaines plus tôt, rivalisaient dans l‘attendrissement et l'admiration pour Nuit debout et ses merveilleuses logorrhées citoyennes, on peut au moins exploser de rire. Leurs contorsions pour expliquer que, finalement, la démocratie participative c'est chouette mais qu'il ne faut pas en abuser, m'ont fait passer quelques bons moments.

     

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  • Société • Face au terrorisme islamiste, osons une riposte culturelle

     

    Par Louis Manaranche

    Les terroristes peuvent être à la fois des déséquilibrés et des islamistes, estime Louis Manaranche. Face à eux, une riposte culturelle est nécessaire. pour laquelle l'expérience des Chrétiens peut être essentielle.[Figarovox 20.07]

     

    Qui sont ces terroristes ? La réponse n'est jamais évidente et elle l'est encore moins dans le cas de Nice. Sur les réseaux sociaux, on s'écharpe pour savoir s'il s'agit d'un simple déséquilibré ou d'un authentique islamiste radical répondant aux mots d'ordre de Daech. Quelques voix, comme celle de Jean-Pierre Denis, se sont fait entendre avec raison pour souligner que les deux options n'étaient pas exclusives.

    La propagande de Daech, la fascination autour de sa vision totalisante et morbide de l'islam, troublent des esprits fragiles et leur donnent une forme et une modalité de passage à l'acte, sublimant celui-ci. La caricature d'identité religieuse qu'offre Daech vient répondre, tragiquement, au vide identitaire et aux fragilités humaines et sociales de personnes qui peuvent être aussi bien des Irakiens ou des Syriens que nos voisins de pallier. En France, Daech est devenu le miroir inversé de la société contemporaine. À la sécularisation répond un dieu tout-puissant vengeur, à l'émancipation féminine répond l'assujettissement, à un certain irénisme humaniste répond le culte de la guerre et de la violence.

    Mais que l'on ne s'y méprenne pas: il ne s'agit pas d'une «réaction» ordinaire. Les vidéos diffusées reprennent des codes connus des jeunes par le cinéma et les jeux vidéos, les technologies utilisées sont dernier cri, les pulsions exploitées sont les mêmes que dans les films gores ou pornographiques. Daech est une radicalisation résolument moderne. Qu'il s'agisse de l'hypertrophie de l'individu - l'ego des terroristes, prompts à faire des selfies macabres et à se faire connaître par les chaînes d'actualité est d'un narcissisme remarquable -, qu'il s'agisse de la fascination pour l'image ou encore de la sollicitation de la libido, tout est fait pour séduire une jeunesse ancrée dans son époque. En ce sens, Daech joue la carte de la séduction et non de la conversion authentique. Ce n'est pas avant tout ma vie qui doit changer, même pour se conformer à des règles rigoureuses qu'on est libre d'apprécier à sa guise, c'est un acte criminel qui vient, enfin, donner un sens à toute ma vie, souvent petite et décevante, parfois peu conforme, comme à Nice, aux principes censés la régir.

    Qu'il y ait, dans un certain ordre, une réponse militaire à cette vague de folie meurtrière qui déstabilise le monde entier et frappe particulièrement la France est une chose importante. Toutefois, une autre réponse est nécessaire. Il s'agit de la riposte culturelle. Que l'on ne croie pas que j'aie la naïveté d'imaginer qu'amener des jeunes en quête identitaire au TNP ou à l'Opéra soit la solution à tous nos problèmes. Non, la culture a un sens bien plus profond ; c'est une manière d'incarner l'humanité et d'habiter la terre, qui embrasse les dimensions politique et spirituelle. L'honorer passe par la transmission passionnée de notre patrimoine innervé par Athènes, Rome et Jérusalem, pour ce qu'il a d'éminemment vivant et non comme un étendard encombrant. Cela passe par l'éveil du sens critique et interprétatif au contact du livre et de l'oeuvre d'art, antidotes à l'image éphémère... La tension et la possible réconciliation entre la foi et la raison, l'articulation entre l'individu et la communauté, la question de la dignité égale de l'homme et de la femme sont autant de problématiques qui émergent alors, avec d'autant plus de pertinence qu'on les a saisies dans leur histoire.

    Dans ce contexte, les chrétiens ont, je crois, un rôle particulier à jouer, évidemment sans exclusive. À eux, d'abord, de montrer qu'une foi religieuse authentiquement vécue n'a rien à voir avec la radicalité islamiste violente. L'annonce de leur foi dans le Christ passe par ce premier témoignage. Une Église qui vit de la foi, de l'espérance et de la charité, si elle rayonne, rend encore plus hideux Daech et ses sbires. Mais il y a plus que cela. Avec les tenants d'autres traditions philosophiques et spirituelles, en refusant radicalement le quant à soi, les chrétiens ont la mission de montrer comment ils ont lentement co-élaboré un dialogue entre la foi et la raison, entre le spirituel et le temporel, entre le religieux et le culturel, qui n'est pas une compromission. La densité de cette réflexion et l'exigence de la quête de sagesse qu'elle permet, si on les prend au sérieux, devraient rendre inconcevable que l'on cherche le sens et l'ouverture transcendante de son existence chez les fondamentalistes barbares 2.0.

    Transmettre notre culture et en donner le goût, ne pas repousser hors du champ public la question spirituelle, offrir cet enracinement intelligent partout par l'éducation, telle est la condition du réarmement moral auquel on appelle. La tâche est ardue mais la petite espérance chantée par Péguy ne fait jamais défaut dans « la République, notre royaume de France »...

    Louis Manaranche

    Louis Manaranche est agrégé d'histoire et président du laboratoire d'idées Fonder demain. Son livre Retrouver l'histoire est paru en 2015 aux éditions du Cerf.

  • Société • Pokémon Go : quand l'Empire du Rien contre-attaque

     

    Par François-Xavier Ajavon     

    Le lancement du nouveau jeu géolocalisé de Nintendo connaît une ampleur planétaire. Pour François-Xavier Ajavon [Figarovox, 13.07], quand des multitudes se mettent à chasser frénétiquement des Pokémon virtuels, une réalité s'impose : le Rien a triomphé. Un rien démocratique ? LFAR 

        

    ajavon.jpgA quelques encablures du chassé-croisé des juilletistes et des aoûtiens, en pleine torpeur estivale, tandis que les Français dilapident leurs congés payés sur des plages surpeuplées pleines de touristes allemands en short, alors qu'un ennui palpable gagne toutes les rédactions, une information de premier plan est tombée sur les téléscripteurs du monde entier : l'humain vient enfin d'accéder à un plein accomplissement intellectuel grâce à un jeu : Pokémon Go. A l'heure où j'écris ces lignes seuls le Pape François, Elvis Presley et Michel Rocard ne se sont pas encore exprimés sur cette révolution dans la mutation de l'humain, créature animale déjà élaborée, vers encore plus de sophistication. La plupart de ceux qui ont une certaine mémoire des choses de la vie se souviennent de la précédente vague de Pokémon-mania qui avait envahi les cours de récréation hexagonale ; cette résurgence ne peut que nous rappeler les heures les plus sombres de notre Histoire. Alors de quoi s'agit-il ? D'une application ludique développée par Nintendo pour les Smartphones, exploitant leurs capacités de géolocalisation et leurs caméras intégrées, permettant d'incruster les Pokémons dans l'environnement des joueurs. Le but est, comme à l'époque de leur lancement il y a 20 ans, sous Alain Juppé, de les capturer et de les dresser. Au fil de leurs déambulations dans la ville, téléphones en mains, les joueurs se livrent donc à une « chasse » aux Pokémons virtuels. Il n'en fallait pas moins pour que des titres terrifiants surgissent dans la presse, avec des mots du type : « engouement planétaire », « folie », « buzz », « fureur », « frénésie », l'action Nintendo « s'envole » et bien entendu l'imparable « phénomène de société »… On a demandé leur avis à des psychologues, des sociologues, des experts de toute sorte. Hollywood songe à faire un film sur le sujet. Et naturellement on a tiré le signal d'alarme sur les périls auxquels s'exposent les joueurs, on a fait jouer le principe de précaution… A l'instar de la pratique de la perche à selfies, la chasse aux Pokémon n'est pas sans risque : elle peut en effet entraîner les participants le long de routes ou de voies ferrées, et la presse américaine signale déjà des cas de blessés. La radio-télévision belge a solennellement mis en garde la population du royaume au sujet des risques que présente la traque des Pokémons en voiture. Les autorités françaises n'ont pas tardé à se saisir officiellement du dossier ; face au risque de bousculade, de mouvement de foule, d'émeute, de Nuit debout ou de tout autre débordement, un rassemblement qui devait regrouper plus de 3000 personnes au Jardin du Luxembourg a été interdit par la Préfecture de Police de Paris. Et comme le moderne vit dans une société sans Histoire, plusieurs points de rencontre de chasseurs de Pokémons se sont trouvés dans le mémorial de l'Holocauste, à Washington. « Il est inapproprié de jouer à Pokémon GO dans ce musée, qui est un mémorial aux victimes du nazisme », a déclaré l'un des responsables des lieux. Des zombies, portables en mains, arpentent - le regard hébété - musées, lieux de culte, et hôpitaux. On sait encore peu de choses de leur vie intérieure. On ne sait pas vraiment s'ils sont heureux. L'histoire dira s'ils finiront eux-mêmes par devenir aussi virtuels que le monde qu'ils adulent. Ils auront, quoi qu'il en soit, occupé leur temps. Un bel exercice pour l'examen d'entrée à l'ENA serait de faire écrire aux futurs élèves une note expliquant ce prodigieux progrès de l'humanité - l'un des plus décisifs après le moteur à explosion et le Gin tonic - au Préfet Poubelle par exemple, ou à un quelconque type né au XIXème siècle.

    Résumons la situation : la fin de l'Euro de football a laissé un tel vide que l'actualité s'en trouve ainsi dominée par Emmanuel Macron, Jean-Marc Morandini, le coiffeur de François Hollande et les Pokémons. (Quatre noms désignant d'ailleurs la même chose : le grand Rien). C'est triste. Vivement le siècle prochain. 

    François-Xavier Ajavon 

    François-Xavier Ajavon est docteur en philosophie, chroniqueur dans Causeur        

  • Chronique du pays réel ... Dans le train de banlieue

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [20.07]. Par surcroît, le vocabulaire (titre) est maurrassien. Nous avons aimé.  LFAR

     

    amaurygil.jpgPlutôt que de disserter savamment et doctement sur l’islamisme et ses conséquences, de l’évoquer sur le ton de la conversation mondaine, feutrée et policée, j’ai eu envie d’en parler de manière plus directe en faisant la chronique du pays réel en 2016. Dans un train de banlieue de Paris-Montparnasse à Versailles-Chantiers sans rien de particulier ni de remarquable en fin d’après-midi…

    Une jeune femme voilée avec sa mère qui elle ne l’est pas et un bébé sont accroupies par terre, la poussette en travers du passage sur la plateforme du wagon. La plus jeune tapote constamment son portable tout en parlant entre ses dents à sa mère et à la cantonade. La plus jeune a un visage de madone, pâle et délicat, la mère a des traits fins en contradiction avec leurs attitudes. Elles boivent nerveusement au goulot d’un pack de jus de fruits toutes les dix secondes.

    Toutes deux sont très agressives, fébriles au dernier degré. Elles lancent sans cesse piques et railleries, pour la plupart infantiles, sur les « Françaises » autour d’elles. Elles leurs reprochent entre autres de se protéger du soleil avec un chapeau de paille et non avec un voile.

    « Ma sœur tu finiras en enfer »

    Intelligemment, les injuriées ne réagissent pas mais pâlissent de colère à vue d’œil. Les mains se crispent sur la lanière des sacs à main. Une gamine apparemment « issue de la diversité » se fait sermonner, elle porte un de ces shorts très courts à la mode : « Ma sœur tu finiras en enfer, je ne te juge pas mais Allah ne va pas aimer te voir indécente comme ça. »

    C’est la jeune femme voilée transpirant à grosses gouttes sous ses lourds vêtements, sans doute plus décents selon son jugement, qui lui dit cela…

    Elles engueulent un voyageur qui râle un peu car obligé de les enjamber, un type en « cycliste » violet et « ticheurte » vert pomme. Il est de suite traité de raciste. Le pauvre ne sait pas quoi répondre, rougit puis s’enfuit presque.

     

    Elles me voient lire le journal dans lequel je me suis abstrait depuis le début du voyage pour les décourager de me provoquer. Bien sûr, il parle de la tuerie de Nice. Elles lancent prenant à témoin le reste du wagon dont un « lascar » avachi sur un strapontin qui s’en fout comme l’an 40 et les regarde avec un mépris appuyé : « De toute façon, c’est la faute des juifs les attentats, ils les organisent pour que les gens ils soient racistes contre les musulmans parce que ce sont les juifs qui dirigent la France… »

    Je suis resté jusqu’à Versailles sans changer de wagon pour voir jusqu’où elles iraient dans l’abjection plus ou moins consciente, elles vont loin, très loin dans la haine. Elles sont loin d’être les seuls dans leur cas, leur haine se banalise, métastase progressivement toute la société. Elle n’a besoin de personne. Elle naît de trop de lâcheté, de compromis, de fuites des responsabilités…

    Et dans le même temps je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était deux pauvres femmes complètement égarées, voulant que le monde brûle dans la guerre, le sang et les larmes pour se consoler de leurs frustrations. C’est ainsi que sont engendrés les totalitarismes, non ? Ces deux femmes à la limite du pathologique, personne n’aurait pu les raisonner. Car il est bien trop tard pour cela…   

    Amaury Grandgil

    blog mesterressaintes.hautetfort.com

  • LA DÉMISSION DU PAYS LÉGAL

    Le « réfugié » afghan qui a agressé à la hache des voyageurs dans un train bavarois... 

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpg« Ce qui nous menace, c’est la montée des populismes » : les Français étaient dûment alertés par le chef de l’Etat en personne, au cours de son traditionnel entretien du 14 juillet, sur les dangers pesant sur eux. C’était quelques heures avant qu’une Chance pour la France « radicalisée » ne participe à sa façon à la fête nationale en déboulant au volant de son camion sur la célébrissime Promenade des Anglais, à Nice, massacrant quatre-vingt-quatre promeneurs — bilan encore provisoire à cette heure. 

    Certes, Hollande avait consenti du bout des lèvres que « la menace terroriste n’est pas moins importante », mais Valls n’a-t-il pas prévenu les Français dès janvier 2015 qu’il faut désormais s’habituer à « vivre avec » ? C’est lassant de devoir toujours se répéter. Proroger l’état d’urgence après le 26 juillet ne servirait donc à rien. A minuit, le discours avait changé.

    LA COLÈRE DU PAYS RÉEL

    Le cérémonial est désormais bien rôdé. Une intervention télévisée en pleine nuit, le cheveu brossé de frais en arrière et la mine endeuillée, le soutien, y compris financier, assuré aux familles des victimes et aux blessés (après la gestion sociale du chômage, la gestion sociale du terrorisme), l’annonce de (la prorogation de) l’état d’urgence, l’appel à l’unité nationale et à des réactions dignes, puis un déplacement sur les lieux du massacre, Hollande, Valls, Cazeneuve, dans l’ordre ou le désordre, chacun courant sa longueur dans ce tiercé funèbre, avec pour seule préoccupation d’éviter tout trébuchement puisque, de toute façon, il faut s’habituer à vivre — et mourir — « avec » !

    Sauf que cela ne marche plus. Valls et les membres du gouvernement se sont fait copieusement huer par nos compatriotes, sur la Promenade des Anglais, lundi, au cours de l’hommage national. « Indigne ! », s’est exclamé notre donneur professionnel de leçons, avec le regard hébété d’un Ceausescu soudainement conspué par la foule. Le pays réel a osé contester son autorité ! Hollande a eu raison de nous prévenir : « Ce qui nous menace, c’est la montée des populismes ».

    PASSIVITÉ ET SOUMISSION

    Devant le trop-plein de cadavres, les Français ne tolèrent plus qu’on se moque d’eux. Car, pour être Churchill, il ne suffit pas de déclarer à nouveau, cette fois dans Le Journal du dimanche (17 juillet) : « Je dois la vérité aux Français : le terrorisme fait partie de notre quotidien pour longtemps ». Les larmes et le sang que Valls nous promet ne sont pas ceux que la lutte apporte avec soi : ils sont les fruits de la passivité et de la soumission, l’honneur en moins. Son seul objectif ? Réussir jusqu’au printemps 2017 à dédouaner l’exécutif des prochains carnages. Les appels à la cohésion et à l’unité nationales de Hollande sont de la même eau : entacher moralement toute critique de l’inaction gouvernementale. Une instrumentalisation politicienne du patriotisme qui donne la nausée. Le roi est nu désormais. Et la colère monte.

    Car ce sont bien les mots de passivité devant l’ennemi et de soumission aux événements qui viennent à l’esprit quand on entend Valls donner des leçons de stoïcisme au pays réel pour mieux réserver son air martial — ne sommes-nous pas en guerre ? — non pas aux islamistes présents par milliers sur le territoire national ou aux délinquants étrangers encore plus nombreux, mais à ceux qui oseraient critiquer l’action de l’exécutif. « Je ne veux pas de polémiques inutiles », a-t-il asséné. Se croit-il le vizir du nouveau sultan de Turquie pour « vouloir » ou « ne pas vouloir » ce qui relève encore, du moins en France, de la liberté d’expression et de la presse ? Quant à son autorité morale, qu’en reste-t-il avec son refus de prendre les mesures qui s’imposent en termes de fermeture des frontières, de déchéance de nationalité, d’expulsion des délinquants étrangers — le cas de Nice —, de binationalité, de réforme du renseignement et de renseignement pénitentiaire — un « plum-pudding  » pour le très compétent Cazeneuve — de traitement des radicalisés, — la calinothérapie ne suffit manifestement pas — ou de surveillance efficace des sujets à risque, sans compter les retours de Syrie ? Depuis l’affaire Merah en 2012, tous les terroristes sont des Chances pour la France. Ce n’est pas nous qui le disons : ce sont les faits.

    LA LOURDE RESPONSABILITÉ DE SARKOZY ET HOLLANDE

    Ce terrorisme islamiste sur notre sol est la conjonction d’une politique étrangère criminelle, dont Sarkozy et Hollande partagent la lourde responsabilité, et d’une immigration incontrôlée, qu’ils ont favorisée en même temps que le communautarisme islamique. Comment ne pas être indigné de voir Sarkozy, le 15 au soir, à la cathédrale de Nice, lui qui, en tant que ministre de l’intérieur, a supprimé la prétendue double peine, ce qui fait de la France un sanctuaire international pour les racailles, dont le tueur du 14 juillet, puis organisé, en tant que président de la république, l’invasion migratoire de la France et la déstabilisation de la Libye, avant de soutenir celle de la Syrie ? Faut-il rappeler qu’il a toujours publiquement regretté que la France n’ait pas participé à l’invasion américaine de l’Irak, cause directe de l’émergence de l’Etat islamique ? Est-il besoin d’insister sur ses liens, toujours actifs, avec les Etats du Golfe financeurs du terrorisme islamiste ? Hollande n’a fait que poursuivre, voire aggraver la politique entamée par Sarkozy, y compris en matière de complicité avec le Qatar ou l’Arabie Séoudite. Après tout, les islamistes faisaient du « bon boulot » en Syrie, comme l’a déclaré un jour Fabius, alors aux affaires étrangères. Le problème, c’est qu’ils ont commencé à faire du « bon boulot » aussi en France...

    Oui, le mot qui traduit le mieux cette complicité passive du pays légal avec l’ennemi, est bien celui de démission. Ou plutôt de désertion, puisque nous sommes en guerre. Empêtré dans son idéologie droit-de-l’hommiste, immigrationniste, mondialiste, ses compromissions étrangères douteuses, souvent sonnantes et trébuchantes, son atlantisme servile, sa soumission à l’hégémonie allemande — Hollande et Sarkozy solidaires de Merkel dans l’accueil d’un million de pseudo réfugiés [1] —, son indifférence au destin d’une nation à laquelle il ne croit plus, son mépris de classe du pays réel, le pays légal a démissionné, si bien que l’Etat, qu’il a confisqué, ne remplit plus sa fonction première, qui est de protéger les Français de l’invasion étrangère. Le terroriste islamiste est désormais chez lui chez nous, les zones de non-droit lui servant à se dissimuler comme les caches du désert algérien protégeaient naguère le GIA — des zones de non-droit dont la loi « égalité et citoyenneté » (sic) en cours d’examen au Parlement imposera la dissémination sur tout le territoire. Les plus grands massacres sont à venir.

    QUE VEUT LE PAYS LÉGAL ?

    Le 18 juillet 1936, il y a quatre-vingts ans, les premières troupes du général Franco débarquaient dans le sud de l’Espagne. Personne jusque-là n’avait pu mettre en cause son légalisme. Jusqu’au jour où il lui fallut choisir entre deux loyautés qui d’ordinaire se complètent mais étaient devenues antinomiques : la loyauté envers l’Etat, la loyauté envers le peuple. Depuis des mois, la république laissait massacrer les opposants, les religieux, les simples citoyens par milliers. A un moment donné, il a dû penser que cela suffisait. En décidant d’armer « le peuple » et les « milices ouvrières », la république faisait alors le choix de la guerre civile.

    Ce qui est sûr, c’est que nous n’en voulons pas pour la France. Mais que veut le pays légal ? 

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

    [1] Ce mardi 19 juillet nous apprenons qu’un bébé Merkel — un mineur « réfugié » afghan — a agressé lundi soir à la hache des voyageurs dans un train bavarois... Vérité islamiste en-deçà ...et au-delà du Rhin ! Ce même mardi, en France, un islamiste a agressé une mère et ses trois filles dans un village de vacances, dont les tenues lui déplaisaient… Encore un déséquilibré ?

  • Nuits de violences dans le Val d'Oise : La République danse sur un volcan !

    Photo REUTERS

  • Sainte Marianne, priez pour nous !

     

    par Alex Verrier

    Une chronique sympathique parue dans Boulevard Voltaire [20.07] et qui ne manifeste pas - texte et image ! - une considération particulière pour les valeurs de la République. Ou même pour la République tout court. Nous approuvons.  LFAR

     

    7ded6fbab431ca726fc2dd3b4fdcc732.pngLa République semblerait parfois manquer d’imagination. En écoutant les incantations de ses tenants, on la pensait pourtant novatrice et moderne dans ses valeurs et ses pratiques.

    Une gazette locale en ligne rapporte, en effet, en ce mois de juillet, les manifestations de notre fête nationale dans un petit village vauclusien. En illustration de l’article, une photo nous montre un brancard de procession supportant le buste de Marianne, porté par quatre « jeunes républicains » (sic), qui a fait le tour du village suivi par la foule. Il faut l’avouer, la première chose qui m’est venue à l’esprit est une furieuse ressemblance avec une de ces processions un peu désuètes, à la mémoire du saint local, qu’on croise parfois au détour d’une ruelle à l’accent provençal. On imagine sans mal qu’ici, le maire et son écharpe ont tenu lieu de curé et de soutane, la foule scandant des « Je vous salue Marianne », le temps de retourner à la mairie, où les bigotes auront nettoyé la poussière du piédestal.

    Par mimétisme, la Révolution avait déjà singé le mariage catholique, en inventant un mariage civil. Bien évidemment dépourvu du caractère religieux et sacré, celui-ci n’était plus qu’un contrat civil.

    Faisant fi du ridicule, les ayatollahs de la République ont, récemment, tenu à inventer un baptême républicain. Comme si on entrait dans la grande communauté des hommes éclairés…

    Attaqué de toute part par le communautarisme, les difficultés sociales, la crise d’identité, ce qui ne devrait être in fine qu’un régime politique semble chercher à se raccrocher à des symboliques, des rites et des institutions qui ont balisé la France chrétienne.

    À quand une apparition ou un miracle de sainte Marianne, succédané de la Vierge Marie ? 

     
    Viticulteur
  • « Le terrorisme islamiste n'est pas soluble dans le bien-être matériel »

     

    Par Guillaume Perrault 

    « Après des décennies de mauvaise conscience, la France doit retrouver l'estime de soi et se sentir légitime à assumer des décisions » : Malika Sorel-Sutter a donné au Figaro un nouvel entretien [18.07] très intéressant suite à la tragédie de Nice. « Est-ce un état d'esprit qu'il faut changer ? Oui » nous paraît être l'essentiel de cet entretien. Et l'essentiel tout court.  LFAR

     

    XVM82f302c6-4cf5-11e6-b862-dbb9db7f780e.jpgQue penser de l'identité du terroriste présumé, un Tunisien vivant à Nice, délinquant de droit commun mais inconnu, semble-t-il, des services de renseignements ?

    La nationalité n'est plus une donnée suffisante, ni même pertinente, pour comprendre ce qui se produit. Ce même individu aurait pu être tout aussi bien franco-tunisien, ou franco-ce-que-l'on-veut, ou même français de souche récemment converti puis radicalisé sous l'effet d'un prosélytisme soutenu. Le virage amorcé par les principaux pays sources de l'immigration en vue de renouer avec leurs fondamentaux religieux aussi bien que l'évolution géopolitique des dernières décennies incitaient à la plus grande prudence. Or, partout en Europe, ce n'est pas cette option qui a été choisie. Les sociétés occidentales, devenues temples de la consommation, se sont laissé convaincre par les faiseurs d'opinion que le bien-être matériel était la clé de tous les problèmes ou presque. Nice, après d'autres terrifiants événements, y apporte un cinglant démenti.

    Quelles politiques de fond vous semblent urgentes ?

    Vaste programme! Il faut déployer, simultanément, l'ensemble des actions qui s'imposent. Dès 1981, Georges Marchais réclamait de « stopper l'immigration officielle et clandestine ». C'est une nécessité. En effet, l'importance des flux migratoires a fini par rendre quasi impossible l'intégration culturelle d'une partie de ceux qui se trouvaient déjà sur le sol européen et entraîné la régression du niveau d'intégration d'une partie des enfants de l'immigration. Par ailleurs, une réforme du Code de la nationalité doit être menée pour que les élites ne puissent plus s'affranchir du Code civil, qui ordonne que « nul ne peut être naturalisé s'il ne justifie de son assimilation à la communauté française ». L'octroi de la nationalité française doit être une mesure individuelle, en aucun cas groupée et encore moins automatique. Affubler un être humain d'une identité qu'il n'a pas pleinement faite sienne peut engendrer souffrance et, en cas de dissonance identitaire, violence retournée contre soi ou les autres. Le droit du sol doit être aboli, ainsi que l'acquisition de la nationalité française par mariage. La carte d'identité française, rappelons-le, outre qu'elle confère le statut d'architecte du projet de société, constitue également un titre de propriété sur une terre.

    Est-ce un état d'esprit qu'il faut changer ?

    Oui. En dépit des moyens considérables que la France consacrait au volet immigration-intégration, les élites, plutôt que d'en faire état, ont persisté dans la politique de la culpabilisation-repentance et de la « lutte contre les discriminations », qui aboutit à faire passer chaque Français pour un raciste potentiel. Comment espérer une cohabitation harmonieuse après avoir semé tant de graines de ressentiment? Il doit être mis un terme à toutes les actions politiques qui ont pour fondement ces idéologies, à commencer par la discrimination positive que les élites s'appliquent à déguiser sous de nobles appellations. Faire tomber les masques est le chemin obligé pour restaurer notre démocratie. L'éducation des jeunes générations est le nerf de la guerre. Une partie de ce qui a été fait devra être repensée, et parfois défait, à commencer par la dernière réforme du collège ou l'introduction des langues d'origine à l'école primaire. La langue est un enjeu décisif. Enfin, il faut restaurer et sanctuariser la liberté d'expression. Seul un langage de vérité permettra une large prise de conscience de la vulnérabilité de la France.

    Peut-on prendre des mesures plus contraignantes que celles qui existent déjà sans que le Conseil constitutionnel les déclare contraires à la Constitution ?

    Le défi que les Français doivent relever est celui de la continuité historique de la France et de son peuple. Le général de Gaulle, qui «était d'un réalisme froid», selon l'expression de l'historien François Kersaudy, serait-il resté passif ou aurait-il brisé ses fers pour prévenir l'irrémédiable ? Pour de Gaulle, « un homme peut avoir des amis ; une nation, jamais ». Un homme d'État ne perd jamais de vue l'intérêt supérieur de la nation. Par la gravité extrême de la situation dans laquelle elle se trouve, la France a besoin d'hommes et de femmes de cette trempe. Les autres pourront revenir amuser la galerie quand la paix sera revenue.

    Si nous sommes en « guerre », comme l'assure le premier ministre, doit-on renoncer à certaines activités du temps de paix comme les rassemblements de masse, cibles de choix pour des carnages ?

    Le président aussi dit que nous sommes en guerre, et tous deux répètent en boucle qu'il nous faut rester unis. Unis sans condition? Pour ce qui est des rassemblements de masse, à moins de considérer que notre pays doit cesser de vivre, nous ne pouvons pas tout interdire. Les annulations ou interdictions ne doivent être prononcées qu'au cas par cas, sur la foi de renseignements faisant état de menaces précises ou de suspicions fortes. Une interdiction globale n'écarterait pas la menace. C'est le fond du sujet qui doit être traité. Nous payons ici le prix de l'impéritie de notre classe politique, dont le renouvellement ne se fait plus qu'à la marge. Les Français ont accepté ce qu'ils n'auraient jamais dû : être dépossédés de leur liberté d'être français. Ils auront à cœur de reconquérir ce droit. 

    Dernier ouvrage publié: « Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ? » (Fayard, novembre 2015), prix littéraire « honneur et patrie de la société » des membres de la Légion d'honneur.

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    Guillaume Perrault    

    Grand reporter au Figaro et à FigaroVox       

  • Le massacre des innocents

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgC’était le 14 juillet au soir, et, comme de nombreux curieux, je contemplais à la télévision les beaux éclats du feu d’artifice de la Tour Eiffel. Et puis, il y a ce bandeau jaune « alerte info » qui défile soudain et qui annonce ce qui n’est encore qu’un « incident », un camion qui a renversé des passants à Nice lors des festivités de la tombée de la nuit. Quelques minutes plus tard et durant toutes les heures qui suivent, ce sont les images de panique d’une foule en course pour éviter le pire, celles d’un camion blanc qui s’engage sur la promenade des Anglais et ce bilan « évolutif » passé de quelques victimes à 74 à deux heures du matin, puis 84 à l’aube : encore, encore le terrorisme, les morts, les larmes ! 

    Depuis janvier 2015, le même scénario se répète à intervalles de quelques mois, et les mêmes discours et les mêmes coups de menton, les mêmes cérémonies funèbres, les « Je suis… » qui se suivent et, malheureusement, se ressemblent malgré la variété des noms accolés à ce début de phrase. Et, chaque fois un peu plus, les poings qui se serrent… 

    Ce 15 juillet au matin, la télévision montrait, sur la route du malheur provoqué par celui dont je ne prononcerai pas le nom pour ne pas lui accorder la moindre célébrité, l’image d’une poupée sur le bitume, seule, abandonnée, couchée… Quelques minutes après, sur les réseaux sociaux, je retrouvais la même poupée, mais en des circonstances bien différentes : elle était bien là, à même le sol, comme renversée, mais, à côté d’elle, à la toucher, sous la lumière « bleu cruel » des gyrophares, il y avait une couverture dont dépassait une sorte de bonnet ou de casquette, une couverture qui couvrait une forme, un corps, un visage… Un enfant, dont la poupée semblait veiller le corps désormais sans vie. 

    Cette fois-ci, mon café du matin avait un goût de cendres, une amertume violente : la mort d’enfants nous choquent plus encore que d’autres, il faut bien l’avouer ! Les innocents, pense-t-on, comme si les autres victimes l’étaient moins parce qu’elles avaient vécu plus longtemps : bien sûr, ce sentiment n’est pas forcément « juste » mais il est commun, croit-on, à toute l’humanité. Qu’y a-t-il de plus cruel, de plus injuste que la mort, quelle qu’en soit la forme, d’un enfant ? Dans une famille, c’est « l’absence » la plus douloureuse… 

    Mais les islamistes et leurs alliés s’en moquent, et leur « cause » semble justifier tous les moyens, tous les crimes. Les paroles glaçantes du terroriste Carlos, ce fameux « Il n’y a pas de victimes innocentes », doivent nous permettre de comprendre, non pour excuser mais pour combattre, l’esprit de la Terreur aujourd’hui incarné par les troupes formelles et informelles de L’Etat Islamique. Avons-nous oublié le « massacre des innocents » provoqué, selon le Nouveau Testament, par Hérode ; les enfants de Vendée « écrasés sous les pieds de nos chevaux », selon le général Westermann, au nom de la République en 1793 ; ceux d’Oradour-sur-Glane brûlés comme les adultes dans l’église du village et ceux exterminés pour être nés juifs durant la guerre mondiale de 1939-45 ; les enfants de Beslan, retenus en otage et exécutés en septembre 2004 par des rebelles tchétchènes ; les trois enfants assassinés froidement devant et dans leur école à Toulouse par l’islamiste M. en mars 2012, simplement parce qu’ils étaient juifs ? 

    Les enfants sont des cibles doublement symboliques parce qu’elles sont à la fois la suite des générations précédentes et leur avenir, et que les frapper, c’est chercher à trancher ce fil de la transmission, ces racines qui permettent à une  nation, démographiquement comme spirituellement, de s’épanouir encore et toujours. Ils ne sont pas visés par hasard, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Et puis, l’assassinat d’enfants, s’il horrifie les populations, les terrifie aussi, ce qui est un moyen pour ces terroristes d’espérer désarmer ou, du moins, de paralyser, par « sidération », les sociétés visées, surtout dans des démocraties parfois plus sensibles à l’émotion qu’à la raison. 

    Il y a aussi le risque de voir (ou de laisser) fracturer l’unité d’un pays, non celle qui peut s’exprimer à travers les jeux parlementaires ou politiques pour le bien commun du pays, mais celle, plus profonde, qui lie les communautés, les particularités et les personnalités entre elles, non dans ce « vivre l’un à côté de l’autre » (formule de l’individualisme, qu’il soit personnel ou communautaire) mais « vivre l’un avec l’autre », non dans la confusion mais dans la reconnaissance de traits communs issus de l’histoire (et, parfois, de ses confrontations), de ces héritages dont, certes, nous pouvons vouloir nous détacher ou que nous pouvons contester (« la vraie tradition est critique », disait avec grande raison Charles Maurras), mais qui sont aussi le terreau de la nation vivante. 

    Ne donnons aucune joie ni aucune paix aux terroristes du moment : l’unité de la France ne doit pas être une argutie politicienne et ne peut être confondue avec les manœuvres d’un gouvernement aux abois ou d’une opposition exaspérée, elle doit être une réalité vécue, forte, puissante. Ce n’est pas l’uniformité ou l’indivisibilité mais la reconnaissance d’une « particularité française », historique, politique comme géopolitique, et, sans doute, civilisationnelle ; c’est la reconnaissance d’une « diversité ordonnée », de cette « nation plurielle » qui est la France et qui n’est pareille à aucune autre. 

    L’unité de la France, c’est un « équilibre » au sens fort du terme, équilibre parfois mis à mal par l’histoire et par le Pouvoir lui-même quand il oublie ses fonctions régaliennes et ses devoirs de Bien commun, mais équilibre qu’il faut conserver si l’on veut que perdure ce que « nous » sommes, et que nous puissions vivre, tout simplement et librement, notre destin de Français, nés ici ou adoptés, au sens le plus fort et noble du terme… 

    Pour que les enfants de France vivent, mais aussi tous les enfants, en France, d’ici ou de passage…

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Le spectacle qui fait le buzz au festival d'Avignon, salle pleine tous les soirs ...

     

    Nous ne détestons personne ... Mais enfin, vous trouvez, vous, que c'est bien le moment ? Prévu pour être monté à Paris, bien-sûr, au mois de novembre ... Les bobos vont se précipiter en masse. Bonne chance !

  • En finir avec le règne du hashtag mobilisateur et de la résonance émotionnelle

     

    Par Anne-Sophie Letac

    Une très belle réflexion, dans une tribune d'hier sur Figarovox, qui confirme en termes vivants et avec profondeur ce que nous-mêmes écrivions ce 18 juillet. Anne-Sophie Letac y constate que les médias en général et davantage encore les réseaux sociaux servent de caisse de résonance aux attentats. Le risque est alors grand de suivre la « voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective ». Nous n'avons rien à ajouter à cette très exacte analyse.  LFAR   

             

    duel_2.jpgEn 1973, le premier film de Steven Spielberg, le thriller allégorique Duel, mettait en scène un camion semi-remorque personnifié par ses gros phares globuleux, qui poursuivait sans visage ni raison la voiture d'un voyageur de commerce au nom métaphorique, David Mann, afin de l'écraser. Mann, l'Homme, faible et sans défense, se trouvait confronté à une version déshumanisée et arbitraire du mal, dont il finissait par triompher dans une confrontation directe avec la machine, le David à la petite voiture rouge acceptant le duel et projetant dans l'abîme le Goliath de tôle et d'acier. Dans l'attaque terroriste de Nice, le camion criblé de balles et l'homme abattu ne sont en revanche qu'un triomphe piteux sur la machine aveugle, puisque le camion frigorifique, version quatre saisons et maraîchage niçois de Duel, lancé par la volonté démoniaque d'un conducteur parfaitement identifié, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, a réussi à broyer les os de 84 êtres humains. Pourtant, Duel a quelque chose à voir avec cette épouvante. Le choix du camion relève certes en partie d'un terrorisme «artisanal», d'une réponse à l'injonction de l'Etat islamique de tuer les «méchants et sales Français» de « n'importe quelle manière », y compris en les égorgeant au couteau ou en les écrasant en voiture. Mais sa transformation en machine de mort prouve aussi que le terrorisme islamiste appartient pleinement à la civilisation technologique et déshumanisante que dénonçaient Spielberg dans Duel ou Georges Lucas dans l'un de ses premiers films, THX1138. La machine porteuse de progrès retournée contre l'homme, voici ce qu'incarne l'attentat de Nice.

    Si la technologie nourrit généreusement le terrorisme, celui-ci est aussi enkysté comme un parasite dans une civilisation de l'image dont nous maîtrisons aussi mal les conséquences que celles du nucléaire. L'attentat terroriste est conçu pour être vu et filmé, ou du moins pour que ses effets le soient, et nous obéissons docilement à cette injonction implicite. Les journaux sont pleins d'images de badauds qui « smartphonent » l'horreur. Le téléphone qui filme un être humain en train de mourir ou une panique de rue pose la question morale de l'obscénité du geste, la question juridique de la non-assistance à personne en danger, mais aussi plus froidement la question de la complicité inconsciente de toute une civilisation. Le rituel d'après attentat est sinistrement bien rodé : les réseaux sociaux transmettent rapidement les informations, partagent les vidéos amateurs, les avis de recherche et autres safety check, laissant les médias traditionnels pédaler derrière. L'onde de choc se propage, générant l'effroi et son corollaire, l'empathie, la résonance compassionnelle, le règne du hashtag mobilisateur.

    En effet, la compassion est mise en scène selon un rituel qui crée, à peine les traces de sang effacées, des lieux de mémoire instantanés. L'émotion collective est canalisée par des fleurs et des bougies, des cellules psychologiques, des marches blanches. L'exigence d'immédiateté conduit au pire : les journalistes interviewent des gens qui viennent de perdre leur enfant, on emploie l'horrifiante expression « commencer à faire son deuil » associée à « se reconstruire » quelques heures après le drame, ou celui de « tragédie » (qui renvoie à une situation indépendante de la volonté humaine) au lieu de l'approprié « crime de masse ». De manière révélatrice, on confond systématiquement le choc immédiat et le traumatisme, syndrome de longue durée et imperceptible dans l'instant. Parce que c'est télégénique, les victimes se doivent d'être immédiatement « traumatisées », alors que le vrai traumatisme ne survient, que le vrai deuil ne se vit, on le sait fort bien, que des mois plus tard, dans l'indifférence générale. L'obscénité des intérêts financiers est à peine masquée : un représentant des hôteliers de Nice affirme ainsi que continuer à faire du tourisme est un acte citoyen, des experts psychiatres crédibilisent l'inanité de l'analyse instantanée. Les grandes chaînes d'information bavardent, relayant sans filtre le frère tunisien qui dédouane le meurtrier, les voisins plus sceptiques mais pas plus crédibles, ou l'avocat de l'épouse commis d'office pour la défendre.

    L'omniprésence de l'image, la cacophonie de la parole nous intiment de regarder l'événement comme on visionnerait un film d'horreur, et de le mettre à distance aussi rapidement qu'il nous a été présenté. Il ne nous laisse, si nous ne nous en défendons pas, que la voie étroite et faussement vertueuse de l'indignation et de l'émotion collective. Assuré que l'indignation est « unanime », que l'hommage est « pudique », que les badauds sont « bouleversés » et que la terreur « n'épargne pas ceux qui l'ont côtoyée » (sic), le spectateur flotte dans une téléréalité impitoyable qui empêche de nommer l'ennemi. Ainsi, encore plus téléréel que nous, encore plus immédiat, vient d'apparaître sans crier gare le fast muslim, le radicalisé à grande vitesse, qui à peine la dernière pute baisée et le dernier verre avalé, rachète instantanément sa vie par un meurtre de masse. 

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    Anne-Sophie Letac

    Agrégée d'histoire, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure, Anne-Sophie Letac enseigne la géopolitique en classes préparatoires au Lycée Lavoisier et à Intégrale. Elle anime le blog La passoire et les nouilles et tient une chronique sur FigaroVox.      

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