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Actualité France - Page 379

  • Changer les noms des rues et des places des villes : une très sale habitude républicaine

    Place du marché à Thionville

     

    Par Pierre de Meuse

     

    4172691570.jpgLe conseil municipal de Thionville en Lorraine a décidé de changer la dénomination de la place du Marché située au centre de la ville, et de la nommer dorénavant « Place Anne Grommerch », du nom du député du lieu, décédée en avril dernier après avoir été maire de 2015 à 2016. Et ce, contre l’avis d’une grande partie des habitants de cette ancienne cité, qui se sont mobilisés pour refuser cette modification arbitraire. En effet, cette place se nomme ainsi depuis sa construction, à l’époque où Thionville était terre d’Empire, et les pouvoirs successifs à travers les annexions depuis 1559 ont conservé cette appellation, symbole d’identité et de permanence de cette ancienne commune foraine.

    Changer les noms des rues et des places des villes est une très sale habitude républicaine, qui a pour origine l’arrogance des démiurges, ceux qui veulent refaire le monde à partir de zéro. Les hommes de parti adorent s’attribuer une renommée éternelle et obliger les administrés à prononcer leur nom alors même que leur mémoire s’est effacée, le plus souvent à juste titre. Or les anciens noms des voies furent adoptés spontanément par les habitants, dans un usage commun, qui combine la nécessité, la commodité, la fierté ou même l’humour. Leur origine est populaire, et leur permanence séculaire est une richesse dont personne ne devrait avoir le droit de les déposséder. Les noms sont suggestifs, quelquefois pittoresques, ils évoquent un passé lointain, en bref, ils sont un élément d’enracinement, une tradition vivante. Cette valeur est malheureusement méprisée par nos élus qui, depuis deux siècles, s’ingénient à affubler nos villes des patronymes des hommes politiques de leur couleur. Des généraux qui ont plus souvent perdu que gagné des batailles, des députés qui se sont signalés par leur sectarisme, des chefs d’Etat étrangers ou des écrivains « engagés » reçoivent ainsi une consécration formelle, qui affirme la victoire définitive d’un parti sur l’autre. Combien d’avenues Henri Barbusse, ou Général Sarrail, ou Waldeck Rousseau, ou Armand Bédarrides ? Et des lieux urbains acceptés et retenus par tous, débaptisés injustement comme Le Cours La Reine, ou L’Etoile, ou la Plaine, la Madeleine ou le Sablon ? C’est avec ce type d’attitude que les noms des villes et même des nations sont modifiés. Tsaritsyne est devenu Stalingrad puis Volgograd. Ourga est devenu Oulan Bator ; Chemnitz est devenu Karl-Marx stadt. Pendant bien longtemps, les français ont accepté cette dépossession sans mot dire. Il semble que cela soit en train de changer. C’est pourquoi cette initiative frondeuse des habitants de Thionville nous paraît positive. Nous ne nous soucions pas de savoir s’il y a des motivations partisanes dans cette campagne pétitionnaire. L’important est qu’elle se réfère à une identité historique incontestable et dénuée de sectarisme. C’est pourquoi, afin de permettre l’institution d’un référendum, je recommande la pétition Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom. Si les édiles veulent une immortalité illusoire, qu’ils la concrétisent en baptisant des voies dans les ZAC, ZUP et autres quartiers enviables qui témoignent pour les générations futures des merveilles de la modernité triomphante, mais non dans le centre historique de nos villes. 

     

    Change.org.mairie-de-thionville-je-veux-que-la-place-du-marché-garde-son-nom

  • Embrassons-nous, Folleville ! Mais qu'est-ce qui les fait tant rire ? Drôle de régime, c'est sûr !

  • Brexit : l'art de diaboliser les dissidents

     

    Mathieu Bock-Côté

    a publié sur son blog [27.07] une réflexion profonde qui nous intéresse particulièrement, nous qui devrions être classés parmi les opposants fondamentaux au système dominant. Mathieu Bock-Côté est, selon l'expression de Michel de Jaeghere, « mieux qu'un réactionnaire, un antimoderne », lorsqu'il constate « le caractère illusoire de la démocratie dans laquelle on pense évoluer ». Et lorsqu'il ajoute : « On s’imagine qu’en démocratie, le peuple est souverain. C’est de plus en plus faux. » Ainsi, comme jadis Bainville ou Maurras, Mathieu Bock-Côté dissipe les nuées qui nous enveloppent. Il faut en être reconnaissant, selon nous, à ce jeune intellectuel brillant, mais surtout perspicace et profond. Il n'est pas le seul de sa génération. Et c'est une grande chance.  Lafautearousseau 

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgLe référendum sur le Brexit a été un formidable révélateur du caractère illusoire de la démocratie dans laquelle on pense évoluer. On s’imagine qu’en démocratie, le peuple est souverain. C’est de plus en plus faux. On constate ces jours-ci ce que veut dire évoluer dans un système idéologique qui se prend pour le seul visage possible de la réalité – un système idéologique qui s’incarne dans un régime politique avec des capacités coercitives variées et bien réelles, et qui prétend mater le peuple au nom de la démocratie. Autrement dit, derrière les institutions démocratiques, il y a une idéologie à laquelle nous devons obligatoirement adhérer. Et ceux qui n’y adhèrent pas pleinement sont sous surveillance. Ce qui m’intéresse, ici, c’est le statut réservé à l’opposition dans le système idéologique dans lequel nous vivons. Je distinguerais, essentiellement, deux figures possibles de l’opposition. 

    Les opposants modérés 

    Il y a d'un côté les opposants « modérés », « respectables », « responsables » : ce sont les opposants qui ne contestent pas les principes même du système dans lequel nous vivons mais qui demandent seulement qu'on les applique avec modération, qu'on évite les excès idéologiques. Devant l’enthousiasme progressiste, ils n’opposent pas une autre philosophie. Ils opposent généralement leur tiédeur, ou à l’occasion, un certain scepticisme sans dimension politique. Mais fondamentalement, ils évoluent dans les paramètres idéologiques et politiques prescrits par l'idéologie dominante : ils n'en représentent qu'une version plus fade. Évidemment, les êtres humains ne sont pas toujours parfaitement domestiqués par le système idéologique dans lequel ils vivent. Si de temps en temps, les opposants modérés se rebellent un peu trop contre l'idéologie dominante, on les menace clairement : ils jouent avec le feu, flirtent avec l'inacceptable et seront relégués dans les marges du système politico-idéologique, avec une vaste compagnie d'infréquentables. 

    Par ailleurs, le système idéologique dominant n’est pas statique : il a tendance à toujours vouloir radicaliser les principes dont il se réclame. Un système idéologique a tendance, inévitablement, à vouloir avaler toute la réalité pour le reconstruire selon ses préceptes. D’une génération à l’autre, le progressisme étend son empire et tolère de moins en moins que des segments de la réalité s’y dérobent. Ce qui veut dire que l’opposition « modérée » doit s’adapter si elle veut demeurer « modérée » et dans les bonnes grâces du système idéologique : ses positions aujourd’hui considérées modérées seront peut-être demain considérées comme inacceptables puisque le consensus idéologique dominant aura évolué. Ce qui encore hier était toléré peut être aujourd’hui inimaginable ou simplement interdit. Par exemple, la défense de la souveraineté nationale est devenue une aberration idéologique aujourd’hui. Celui qui s’entête sur cette position encore hier tolérable mais aujourd’hui disqualifiée moralement deviendra un extrémiste malgré lui, même si ses convictions fondamentales n’ont jamais varié.

    En gros, l’opposition « modérée » et respectable, celle qui a mauvaise conscience d’être dans l’opposition mais qui s’y retrouve pour différentes raisons, doit toujours être vigilante et sur ses gardes pour parler le langage du système idéologique. Il lui suffit d’un écart de langage pour d’un coup subir une tempête médiatique en forme de rappel à l’ordre. Elle devra aussi de temps en temps donner des gages de soumission en partageant les indignations mises en scène par le système idéologique dominant : fondamentalement, l’opposition doit toujours rappeler qu’elle voit le monde comme le système idéologique dominant veut qu’on le voit, et se contenter de faire quelques petites réserves mineures qui souvent, même, passeront inaperçues. Dans son esprit complexé, il lui suffira à l’occasion de déplacer une virgule dans une phrase pour se croire emportée par la plus admirable audace.

    Les opposants « radicaux »

    Il y a une deuxième catégorie d’opposants : appelons-les opposants « fondamentaux » : ils ne sont pas seulement en désaccord avec l’application plus ou moins heureuse des principes du système idéologique dominant. Ils les remettent en question ouvertement. En d’autres mots, ils remettent en question un aspect fondamental du système et par là, son économie générale : ils se situent à l’extérieur du principe de légitimité qui traverse les institutions sociales et politiques et le système médiatique. Le système les désigne alors non pas comme des opposants respectables avec lesquels on pourrait discuter mais comme des radicaux, des extrémistes, des fanatiques, et en dernière instance, comme des ennemis du genre humain (ou du progrès humain). Ils sont disqualifiés moralement, on les présente comme les représentants d'une humanité dégénérée, avilie par la haine. Les sentiments qu’on leur prête sont généralement mauvais : nous serons devant la part maudite de l’humanité et on les associera aussi aux pires heures de l’histoire.

    Je note qu’on les désigne souvent d’un terme dans lequel ils ne se reconnaissent pas eux-mêmes. Ainsi, les partisans de la souveraineté nationale dans le débat sur le Brexit ne seront pas désignés comme des souverainistes, ni même comme des eurosceptiques, mais comme des europhobes – cette phobie référant aussi évidemment aux autres phobies qu’on leur prêtera par association. Mais c’est qu’il faut leur coller une étiquette bien effrayante pour faire comprendre au peuple qu’on se retrouve devant des mouvements ou des courants politiques peu recommandables et franchement détestables. S'il doit à tout prix en parler, le système médiatique devra faire comprendre à tout le monde que ceux dont ils parlent ne sont pas des gens respectables. Plus souvent qu’autrement, on les diabolisera. Dans certains cas, on les censurera moralement. Ou même légalement. Tous les moyens sont bons pour éviter que les opposants fondamentaux ne sortent des marges et quittent la seule fonction tribunicienne dans laquelle ils étaient cantonnés.

    Évidemment, il arrive que les événements débordent du cadre dans lequel on voulait les contenir. Il arrive que l’imprévu surgisse dans l’histoire : tout était supposé se passer d’une certaine manière, puis le peuple inflige une mauvaise surprise aux élites. Il arrive que le peuple s’entiche d’un vilain. Si jamais les opposants fondamentaux se rapprochent du pouvoir, on mobilisera la mémoire des pires horreurs de l’histoire humaine pour alerter le peuple contre ces dangereux corsaires. Et si jamais, par le plus grand malheur, ils parviennent à gagner politiquement une bataille, même en suivant les règles prescrites par le système idéologique, par exemple un référendum visant à sortir leur pays de l’Union européenne, on cherchera à neutraliser leur victoire, à la renverser et on fera preuve d’une immense violence psychologique et médiatique à l’endroit du peuple qui se serait laissé bluffer par les démagogues.

    De ce point de vue, on l’aura compris depuis le 24 juin, les Brexiters sont considérés comme des opposants fondamentaux, contre qui tout est permis. Leur victoire a frappé le système idéologique dominant dans ses fondements. Il faut donc annuler le référendum, le désamorcer politiquement, mettre en place un récit qui transforme un choix démocratique en aberration référendaire qui ne devrait pas hypothéquer l’avenir. Dans les prochains jours, dans les prochaines semaines, on peut être assurés que nos élites feront tout pour mater ce qu’il considère comme une rébellion inadmissible de la part de ceux qu’ils tenaient pour des proscrits et des malotrus. Pour nos élites, le référendum n’est qu’un accident : c’est un mauvais moment à traverser. Ne doutons pas de leur résolution à faire tout ce qu’il faut pour reprendre la situation en main. 

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d' Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.   

    Le blog de Mathieu Bock-Côté

  • Fondamentaux d'Action Française • L'AF et l'Eglise

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

    659173882.jpgUne des originalités de l'Action française est d'être un mouvement tout à fait laïc mais qui a joué un rôle central dans l'histoire de l'Église. Non seulement le parcours de l'AF dans le siècle est jalonné par des événements en rapport avec le catholicisme (défense des églises pendant les inventaires, polémique avec le Sillon, condamnation romaine) mais encore la condamnation de 1926 est une date-clé dans l'histoire de l'Église elle-même. Même si ses motivations n'étaient pas seulement doctrinales (comme le montre la levée sans contrepartie de cette condamnation en 1939), ses conséquences, en reversant le rapport de force entre modernistes et conservateurs, non seulement pour l'Église de France mais pour l'Église universelle, se feront sentir jusqu'au concile Vatican II et à la tempête révolutionnaire qui le suivra.

    Les rapports de Maurras avec la Foi sont eux-mêmes l'enjeu d'un débat récurrent. Les choses ne sont pourtant pas si complexes. Né dans une famille catholique (sa mère était une femme très pieuse), Maurras fait ses études dans des écoles religieuses et débutera même sa carrière d'auteur dans des publications catholiques. Mais pour des raisons à la fois personnelles (la surdité qui le frappe très tôt) et intellectuelles (il y aurait beaucoup à dire sur ses rapports difficiles avec les notions d'infini et d'absolu), il perd la Foi, qu'il retrouvera à la fin de sa vie, comme en témoignent les beaux vers de sa « Prière de la fin », tout en en restant un « beau défenseur » de l'aveu du pape saint Pie X lui-même !

    2609299798.jpgL'accusation la plus fréquente portée contre l'AF en cette matière serait d'avoir "instrumentalisé" l'Église. Cette idée, contredite par la formule de saint Pie X déjà citée, ne résiste pas à l'examen. Maurras voit dans le catholicisme la composante principale de l'identité morale, esthétique et spirituelle de la nation française et, au-delà de la France, il identifie catholicisme et civilisation parce que l'Église a opéré dans l'expression de ses dogmes comme dans sa structure hiérarchique et ses rites, la synthèse de l'héritage helléno-latin et du christianisme. On est loin de la conception voltairienne d'une Église-gendarme, tout juste bonne pour le petit peuple ! 

    Les rapports concrets de l'AF avec l'Église se situent quant à eux dans la tradition de la monarchie française, à la fois respectueuse du magistère de l'Église dans sa sphère mais jalouse de son indépendance en matière temporelle. Ce sain gallicanisme, pas du tout hérétique, se voit autant dans la défense de la neutralité du Saint-Siège pendant la Grande guerre que dans le non possumus respectueux mais ferme de 1926. 

    Repris de L’AF2000 - A Rebours

    Voir aussi ...

    La monarchie

    Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

    Le « coup de force »

    La civilisation

  • Autorité bafouée... De quoi parle-t-on ? Faut-il en rire ?

    Figarovox : François Hollande sur le perron de l'Élysée, mardi à Paris. - Crédits photo : CHARLES PLATIAU/REUTERS

  • « Le Roi, pourquoi pas ? » Le dossier de Politique magazine sur le royalisme aujourd'hui

    Un visuel d'aujourd'hui  © Action française Provence

     

    Le numéro d'été de Politique magazine - qui vient de paraître et dont un tirage supplémentaire est déjà presque épuisé - présente un dossier qui était très attendu sur les royalistes français aujourd'hui. 

    On peut y lire les articles - ou les interviews - de Jean-Baptiste d'Albaret, Jean Sévillia, Franck Ferrand, Louis Durtal, Bernard Pascaud, Christian Franchet d'Esperey, Louis Lorphelin, Yves Morel, Philippe Mesnard, Jacques Trémolet de Villers et Raphaël de Gislain. Le dossier se conclut par un entretien avec le prince Jean de France, duc de Vendôme.

    A compter de ce jour, nous mettons ce dossier progressivement en ligne. Les lecteurs de Lafautearousseau en auront ainsi pleine connaissance.

    « Il ne faut pas se contenter de bien faire, disait Georges Pompidou. Il faut aussi le faire savoir. »  Les royalistes français ne font pas exception.  Lafautearousseau  •

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    Numéro de Juillet-Août de Politique magazine ♦ Commander ici !

  • « Aujourd’hui, le royalisme »

    Le comte de Paris et ses petits-fils Jean et Eudes, en 1987, à Amboise où des milliers de royalistes s'étaient rassemblés. Mais l'événement avait rayonné bien au-delà des cercles monarchistes 

    par Jean-Baptiste d’Albaret

     

    Le 21 janvier dernier, ils étaient plusieurs centaines rassemblés en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, à Paris, pour la traditionnelle messe en mémoire du roi Louis XVI.  Survivance désuète, folklore, nostalgie ? La question intrigue les médias qui ne manquent jamais d’envoyer quelques caméras pour couvrir l’événement. Qui a dit que la France était la plus monarchique – et peut-être la plus royaliste - des républiques ? En 1987, feu le comte de Paris réunit à Amboise ses fidèles pour titrer ses petits-fils Jean et Eudes duc de Vendôme et duc d’Angoulême. En pleins préparatifs du bicentenaire de la Révolution, la cérémonie fait l’ouverture des journaux télévisés ! Le 21 janvier 1993, à la surprise générale, plusieurs milliers de personnes affluent vers la place de la Concorde pour commémorer le deux centième anniversaire du martyre du roi dont Emmanuel Macron a déclaré que le peuple français n’avait « pas voulu la mort »... Macron royaliste ? Il y aurait de quoi sourire. Et pourtant, la réflexion du ministre de l’économie, que l’on sait proche de personnalités connues pour leurs sympathies monarchistes, a plus d’épaisseur qu’il n’y paraît. Dans un sondage publié récemment par Atlantico, une majorité de Français ne se disaient-ils pas prêts à porter au pouvoir un candidat non issu d’un parti ? De fait, c’est dans cette absence de plus en plus durement ressentie au sommet de l’état d’un principe fédérateur, facteur d’équilibre politique et de paix sociale, qu’il faut replacer la « petite phrase » de Macron. Elle traduit une « sensibilité monarchiste » d’autant plus répandue au sein de la population que les institutions de la Ve République perdent toute substance. C’est sans doute aussi dans cette perspective qu’il faut comprendre le succès des émissions, des livres et des spectacles historiques dont témoigne, par exemple, l’engouement populaire autour du Puy du Fou, le parc de loisirs créé en Vendée par Philippe de Villiers.

    Dominé pendant cinquante ans par l’Action française et son journal, puis connaissant bien des avatars au cours des dernières décennies, le royalisme français semble ainsi retrouver une certaine vigueur au moment où il a quasiment disparu politiquement en tant que force organisée. On aurait tort cependant de l’enterrer trop vite. L’Action française, non sans un certain panache, court après son passé glorieux et connaît actuellement une renaissance militante qu’il lui faudra pérenniser. La Restauration nationale regroupe l’ensemble des fédérations royalistes de province et organise des conférences avec des personnalités prestigieuses sur tout le territoire. La Nouvelle action royaliste (la NAR) publie Royaliste, mais fonctionne essentiellement comme une société de pensée au moyen de ses fameuses conférences-débats des « mercredis de la NAR », fréquentées par des intellectuels de tous horizons. L’Alliance Royale continue courageusement à labourer le terrain électoral. Le Groupe d’action royaliste (GAR) approfondit les questions sociales. Sur Internet, le royalisme est présent tous les jours grâce à l’excellent site « lafautearousseau », premier « quotidien royaliste sur le net ». Ailleurs, des journalistes, des penseurs, renouvellent son héritage. Gérard Leclerc à France Catholique. Frédéric Rouvillois et Jacques Trémolet de Villers dans leurs articles et dans leurs livres. Hilaire de Crémiers qui, dans Politique magazine et La Nouvelle Revue Universelle, poursuit une réflexion originale sur les institutions.

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    Le prince Jean à Amboise en 1987. Il vient d'être titré duc de Vendôme 

    Sans exclusive ni esprit de chapelle, ces plaies du royalisme, voici donc le vaste dossier de ce numéro d’été de Politique magazine : où en est, 146 ans après l’établissement de la République, l’idée royale en France ? Quelle est aujourd’hui sa signification et sa portée ? L’enquête nous a menés jusqu’au domaine royal de Dreux où réside l’héritier des rois de France. Il faudrait, explique en substance le duc de Vendôme, que notre pays retrouve les vertus capétiennes qui ont fait son génie. De Macron au prince Jean, souhaitons que chacun puisse trouver dans cet « état des lieux » du monarchisme français des bonnes raisons de l’espérer ! 

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    Dossier à suivre ...

     

  • RÉPUBLICAINS, VRAIMENT ?

     

    Le farouche républicanisme des Français s'accommode d'un attrait certain pour les dynasties étrangères. Une contradiction qui pourrait renvoyer à un transfert inconscient.

     

    PAR JEAN SÉVILLIA *

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgEtrange, étrange. Les Français sont républicains, et le proclament sur tous les tons. Leurs pensées sont républicaines, leurs institutions sont républicaines, tout comme leur devise nationale. Dans ce pays, tout doit être républicain pour bénéficier d'une vraie légitimité politique, intellectuelle et morale. Le seul ordre valable est l'ordre républicain, la seule bonne école est l'école républicaine, les seuls partis autorisés à gouverner sont les partis républicains. C'est le triomphe, et même l'apothéose, de la République.

    Ces mêmes Français, néanmoins, sont émus lorsque la princesse Kate met au monde un nouvel héritier de la Couronne d'Angleterre, fascinés par la beauté de la reine des Belges et sensibles à la sympathie qu'inspire le jeune roi d'Espagne., Étrange.
    Dans son essai Être (ou ne pas être) républicain (Cerf, 2015), l'historien du droit Frédéric Rouvillois a montré comment l'usage intempérant du mot « république » a fini par renvoyer à un concept indéfinissable. 

    L'apparente contradiction entre le farouche républicanisme des Français et leur intérêt avéré pour les dynasties étrangères, fût-ce sous l'angle glamour, pourrait renvoyer de même à un concept indéfinissable : étant républicains chez eux mais attirés par les monarchies étrangères, les Français ne sont pas des républicains à l'état pur, mais des monarcho-républicains. Il est à cet égard permis de se demander si l'attrait qu'exercent les têtes couronnées d'Europe chez nos compatriotes ne procéderait pas d'un transfert inconscient : le roi de France n'étant plus, l'instinct royaliste national s'exercerait en quelque sorte par procuration, en s'appliquant à des princes d'ailleurs.
    Hors catégorie apparaît ainsi Élisabeth II. Ses anniversaires, ses chapeaux et ses châteaux : la presse française, et pas seulement la presse people, ne cesse de scruter les faits et gestes de celle qui a dépassé la durée de règne de la reine Victoria. Et nul de nos médias, par ailleurs si prompts à rappeler à temps et à contretemps les « grands principes » (républicains), ne s'offusque de l'insolente popularité, chez nos voisins britanniques, de cette souveraine qui a enterré on ne sait combien de présidents de la République chez nous. Personne, en France, ne prendrait le risque de réclamer l'abolition de la monarchie anglaise. Pourquoi ? Le républicanisme français serait-il donc à géométrie variable ? Les monarchies belge, espagnole, luxembourgeoise ou nordiques bénéficient également d'un capital de sympathie même s'il varie de pays à pays. De quel tréfonds monarchique est issue cette sympathie ?

    Si l'on se tourne vers l'histoire, le phénomène est également frappant : les Romanov ou les Habsbourg, sujets de multiples livres, remportent un vif succès, attisé par la compassion que suscitent les malheurs subis par ce% dynasties détrônées.

    Permettra-t-on une dernière question ? Chez les catholiques, en dehors de la reconnaissance de la fonction pétrinienne et du légitime respect que tout membre de l'Église romaine doit au Saint-Père, n'y a-t-il pas, dans l'attention portée au pape, une part provenant d'un réflexe monarchiste ? Décidément, les Français sont d'étranges républicains.


    * Jean Sévillia publie le 22 septembre aux éditions Perrin Écrits historiques de combat, qui rassemble pour la première fois en un volume Historiquement correct, Moralement correct et le Terrorisme intellectuel, revus, actualisés et enrichis d'une préface inédite.

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    Dossier à suivre ...

  • Cameron, Farage, Johnson, des lâches ? Quand la critique française tourne à la schizophrénie

     

    Par David Desgouilles           

    Suite aux démissions de Farage, Cameron et Johnson, les critiques  vont bon train : ils quitteraient le navire après l'avoir sabordé. Dans cette humeur intelligente parue sur Figarovox [4.07], David Desgouilles au contraire, souligne que cet esprit de responsabilité manque cruellement aux dirigeants français. Les médias hexagonaux ignorent la tradition politique anglaise, dont les institutions, polies par l'usage - multiséculaire - plus que par l'idéologie, sont, en un sens, plus démocratiques que les nôtres, sous notre funeste République idéologique.  LFAR  

     

    559665896.pngOn les avait accusés de démagogie, de surfer sur les peurs. On les avait accusés d'avoir menti pendant la campagne pour le «leave». On avait même laissé entendre qu'ils avaient armé le bras du meurtrier de Jo Cox.

    De ce côté de la Manche, les médias français ont brillé par leur quasi-unanimisme pour vouer aux gémonies les leaders du «leave», Boris Johnson et Nigel Farage. Mais ils ne les avaient pas encore taxés de lâcheté. C'est chose faite, désormais. Boris Johnson a renoncé à se porter candidat au poste de Premier ministre de Sa Gracieuse Majesté. Quant à Nigel Farage, il abandonne la présidence de son parti, l'UKIP. Et nos médias, encore à l'unisson, de fustiger la trouille du duo. Johnson et Farage n'assumeraient pas leurs responsabilités. Ils quitteraient le champ de bataille piteusement après avoir engagé leurs troupes dans un bourbier. Cameron n'est pas mieux loti. C'est le recours au référendum, qu'on lui reproche, à celui-là. Et il se tire ensuite, l'apprenti-sorcier!

    Le problème, c'est que toutes ces accusations, lorsqu'on prend la peine de les examiner plus de trente secondes - ce qui devrait normalement être à la portée d'un journaliste - tombent à plat. Boris Johnson aurait bien voulu assumer ses responsabilités. Il comptait bien s'asseoir dans le fauteuil de chef du gouvernement, 10 rue Downing Street. Mais il en a été empêché par son parti, un parti dont les trois-quarts des parlementaires étaient favorables au «remain». Quant à Nigel Farage, il avait fait du Brexit le combat de sa vie. Il avait prévenu que c'était la mère des batailles et qu'il ne quitterait la politique que cet objectif réalisé. Président d'un parti qui n'a pas de groupe parlementaire aux Communes, il ne pouvait pas accéder aux responsabilités. Dans ce contexte, accuser Johnson et Farage de les fuir, c'est être soit un imbécile, soit un menteur. Quant à David Cameron, il démissionne parce qu'il menait cette bataille pour le «remain» et que, désavoué par son peuple, il en tire les conclusions qui s'imposent comme l'avait fait le Général de Gaulle en 1969 à l'occasion du référendum sur la régionalisation.

    Au delà de la partialité évidente - et habituelle, s'agissant de la construction européenne - qui transpire de ces accusations sans fondement, on peut aussi voir de la schizophrénie dans l'attitude de la majorité de nos médias. Alors qu'on se plaît à fustiger - souvent à juste titre - le peu de renouvellement de la vie politique française, et qu'on dénonce ceux qui s'accrochent à leurs postes, on critique vertement ceux qui, de l'autre côté de la Manche font passer leurs idées avant leur destin personnel. A cet égard, ce référendum en a dit plus long sur l'état de notre débat public que sur celui de nos amis britanniques. 

    David Desgouilles  

    David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il est l'auteur de Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel, publiée aux éditions Michalon.          

  • Famillle de France • Quand le domaine royal de Dreux arbore fièrement le drapeau français aux Armes de France

     

    Jeudi dernier [7.07] en fin d’après-midi,  à l’occasion du match de football opposant le coq gaulois à l’aigle allemand, le domaine royal de Dreux arborait fièrement comme chez de nombreux Français un drapeau tricolore, mais celui du domaine royal de Dreux était quant à lui couronné en son sein du Blason royal de France. 

    Le-prince-Jean-de-France-avec-le-drapeau-concu-par-La-couronne.jpgCe drapeau a été créé il y a 2 ans par le blog de La Couronne qui avait lancé auprès de ses lecteurs une souscription afin de faire réaliser par la Maison des Drapeaux, un nouveau drapeau royal de France : Bleu , Blanc, Rouge, avec, en son sein, le blason royal de France. Fort du très grand succès de ces deux souscriptions, La Maison des Drapeaux a alors décidé l’année dernière de le commercialiser à son tour sur son site internet.

    L’exemplaire qui flottait fièrement hier sur le Domaine royal de Dreux pour soutenir nos joueurs de football, a  été offert à l’héritier de la Maison de France, S.A.R. le prince Jean de France, le 2 juin dernier lors du baptême de son fils le petit prince Joseph de France (Merci à Patrick B. V. pour ces photos) 

    Source : La Couronne

  • Société • Cohn-Bendit, disciple de Rivarol ?

     

    Cette question en apparence incongrue, Georges Michel l'a posée assez judicieusement dans un intéressant billet de Boulevard Voltaire [5.07] qui a le double mérite de susciter la réflexion et de nous rappeler la grande figure de Rivarol. Cohn-Bendit a gardé du trotskysme et de la foi révolutionnaire de sa jeunesse, le culte des élites conscientes, des forces révolutionnaires comme fer de lance et surtout guides des peuples attardés. Il est bien vrai que les peuples n'ont pas toujours raison, que comme le dit Steiner, « la démocratie, ça vous donne aussi Adolf Hitler.» Mais Cohn-Bendit oublie de relever que les élites trahissent plus souvent la destinée, les intérêts d'un peuple que ce peuple lui-même. Et c'est éminemment le cas des élites dévoyées d'aujourd'hui. On sait que, pour nous, le dilemme insuffisance politique des peuples - désintérêt des élites pour la communauté historique dont elles procèdent - se résout assez bien par la monarchie royale qui lie une famille-chef à la destinée politique de tous.  LFAR   

     

    865f954cd878d7db6568a7a2f493cb71.jpeg.jpg« Quelle haine, quelle rage de la part des européistes. Merci, mes chers amis, de montrer votre vrai visage. Au lendemain du Brexit, j’avais fait une conférence de presse en disant aux Français : écoutez-les bien, regardez-les bien dans les jours qui viennent et vous verrez, alors, le vrai visage de l’Union européenne et de ses défenseurs. » C’est par ces paroles que Marine Le Pen s’adressait à ses collègues du Parlement européen mardi 5 juillet.

    Quelle haine, quelle rage, effectivement ! Le même jour, Daniel Cohn-Bendit, invité de la matinale de France Inter, n’y est pas allé par quatre chemins : « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison », phrase qui pourrait devenir culte et n’est pas sans rappeler celle-ci : « Lorsque le peuple est roi, la populace est reine. » On la prête souvent à Talleyrand, mais elle serait de Rivarol, répondant à Mirabeau pour qui « la souveraineté ne pouvant être que dans la volonté générale, le peuple seul était roi ».

    Cohn-Bendit, disciple d’Antoine Rivarol, le pamphlétaire royaliste, mort en exil à… Berlin en 1801 ? Je n’irai pas jusque-là, mais avouez qu’il y a des similitudes étranges. Rivarol était un esprit brillant, aimant fréquenter les salons, polémiste en diable, doté d’une facilité rare d’élocution. « Il avait de l’ambition sous un air de paresse », écrivait Sainte-Beuve à son propos. Ne pourrait-on pas, en effet, reprendre cette description pour notre Dany multinational ?

    « Il faut arrêter de dire que le peuple a toujours raison. » Par cette phrase, Daniel Cohn-Bendit, député européen durant 20 ans (de 1994 à 2014), défenseur inconditionnel de l’Union, en révèle ainsi le vrai visage : celle d’une construction hors-sol aux mains d’une élite apatride s’estimant au-dessus des peuples. La souveraineté résida, durant des siècles, en la personne du monarque. Puis vint le temps du peuple souverain. « La rue est son palais ; une borne son trône. Son sceptre est une torche ; un bonnet sa couronne », écrivait Rivarol. Cohn-Bendit le dit un peu différemment en évoquant les pires heures de notre histoire : « Quand un peuple vote pour l’extrême droite, quand un peuple vote pour le nazisme, il n’a pas raison. Même si c’est le peuple. »

    a-list-of-famous-antoine-de-rivarol-quotes-u4.jpgTout comme Rivarol (le style en moins), Cohn-Bendit n’a jamais fait dans la nuance, et enchaîner sur la faute du peuple britannique, après cette évocation du nazisme, il fallait quand même oser : « Et quand les Anglais savent qu’ils se sont trompés, le peuple anglais a voté à 52 % pour le Brexit, maintenant 10 à 20 % des Brexitiens, ils le regrettent. Donc, faisons attention avec ces arguments d’un Montebourg complètement crétin contre les peuples… »

    Cohn-Bendit, les années et les kilos en plus, retrouve sa rage adolescente, non plus pour mettre à bas la société bourgeoise dont il a tant profité sa vie durant, mais pour défendre l’Union, cette sorte de cité aristocratique qui se vengerait à la fois des peuples et des monarques. C’est là, peut-être, que l’on arrêtera la comparaison, que d’aucuns trouveront incongrue, entre Dany le Rouge et Rivarol le Blanc.

    Cohn-Bendit va même jusqu’à proposer des listes « transeuropéennes » dans un collège unique de l’Union européenne pour les prochaines élections européennes. Les peuples disent plus de nations ? Eh bien, Cohn-Bendit répond : plus d’Europe ! Il crachera sa dernière dent avec ce mot dans la bouche, peut-être à Berlin. Quelle haine, quelle rage ! 

    Colonel à la retraite
  • SPORT • Foot des nations : 1 - Foot du fric : O

     

    David Desgouilles suit l'Euro 2016 avec passion. Comme nombre de Français. Dans cette excellente et très politique humeur, publiée sur Figarovox [8.07] il affirme la permanence des compétitions où s'affrontent les équipes nationales. En sport, comme en politique, les nations reprennent aujourd'hui la main. De fait, elles ne l'ont jamais perdue qu'en apparence. Rien ne les remplace. On nous excusera de le souligner : c'est là un raisonnement d'Action française, formulé par un certain Charles Maurras, lors des premiers jeux olympiques de l'ère moderne, tenus à Athènes, un mois d'avril de 1896 ...  LFAR

     

    559665896.pngPlus de dix-neuf millions de téléspectateurs en France hier soir pour voir la revanche de Séville! Pourquoi cet engouement ? Pourquoi les matches de club ne suscitent plus, depuis longtemps, un tel succès ? Pourquoi, comme beaucoup, je fais partie de ceux qui snobent désormais les matches de ligue des champions, y compris ceux des clubs français, alors que je n'aurais jamais loupé un match de coupe de l'UEFA il y a trente ans et que je continue à regarder les compétitions entre les nations ?

    Tout a basculé en décembre 1995, quand la Cour de justice de Luxembourg décida de supprimer le caractère national des équipes européennes de club. Ce fut le célèbre - mais funeste - arrêt Bosman. Depuis, l'argent est allé à l'argent. Le football était déjà un business, mais encadré. Comme d'habitude les institutions européennes ont fait sauter les cadres. Il n'est pas étonnant que le football des nations devienne alors une valeur refuge pour les peuples, qui ont de plus en plus de mal à s'identifier aux équipes de « galactiques » bâties à coups de milliards. Certes - ne soyons pas naïfs - les sélectionnés ne jouent pas gratuitement pour leurs équipes nationales. Mais il n'empêche, le championnat d'Europe des Nations ou la Coupe du monde offrent ce supplément d'âme qu'on ne retrouve guère dans la ligue des champions. Parce qu'il y a des peuples. Parce qu'il y a des nations. Et que les peuples s'identifient à l'équipe de leur nation.

    L'Islande, ce peuple de trois-cent-mille habitants a ainsi envoyé un dixième de sa population en France. Un dixième ! Ce foot des nations rejoint en quelque sorte notre vieille coupe de France, avec ses petits poucets qui créent la surprise et l'engouement populaire. Le Cameroun de Roger Milla, ou l'Islande de 2016, c'est un peu Calais, c'est un peu Chambéry. L'identification, le sentiment d'appartenance ne se décrètent pas. Et surtout, ils ne s'achètent pas. Voilà pourquoi le PSG de Mustapha Dahleb et de David Ginola faisait davantage rêver que celui de Zlatan. Voilà pourquoi l'arrogant Cristiano Ronaldo, pourtant déjà sevré de titres avec le Real, pleurera ou sera ivre de joie selon le résultat de dimanche, parce que, par dessus tout, il rêve d'un titre avec le Portugal, son pays. Et puisqu'on ne peut pas éviter le sujet de notre sélection désormais qualifiée pour la finale, parlons-en. Cette équipe est aimée car elle est aimable. Parce que Didier Deschamps, comme Michel Hidalgo et Aimé Jacquet naguère, a su en faire un groupe au service de l'intérêt collectif, là où Domenech lisait les communiqués d'un groupe miné par les egos. Les joueurs sont fiers de porter ce maillot, on le sent et on les aime.

    Il y a quelques années, un député européen luxembourgeois avait expliqué que l'idéal serait que, dans l'Union européenne, les équipes nationales ne soient plus composées des joueurs citoyens de leurs nations, mais des habitants européens de celles-ci. Si sa proposition avait été suivie d'effet, Griezmann aurait joué pour l'Espagne, Zlatan pour la France, Giroud et Lloris pour l'Angleterre. Heureusement, cette idée folle n'a jamais vu le jour. Qu'on le veuille ou non, les Nations d'Europe existent, et elles peuvent même exister hors des institutions européennes. Ce que le Général de Gaulle avait exprimé si bien dans sa fameuse diatribe sur Dante, Molière et le volapük intégré, le championnat d'Europe des nations de football qui s'achèvera dimanche l'a illustré de la plus belle manière. En politique comme en football, les Nations sont de retour, car les peuples le souhaitent. Daniel Cohn-Bendit, en amoureux du football mais en contempteur des peuples « irrationnels », devra bien s'y résoudre. 

    David Desgouilles           

    David Desgouilles est membre de la rédaction de Causeur. Il est l'auteur de Le bruit de la douche, une uchronie qui imagine le destin de DSK sans l'affaire du Sofitel, publiée aux éditions Michalon.

  • Traditions • Tout ce qui est Racines est bon : Tous les sept ans, les Ostensions du Limousin...

     

    Les ostensions limousines ont été inscrites au Patrimoine immatériel de l'UNESCO. Pour les « racines chrétiennes » de la France, c'est plus qu'un honneur : une sorte de consécration et, en tout cas, de reconnaissance... 

     

    1969913464.jpgTous les sept ans - depuis l'an de grâce 994 ! - le Limousin honore ses saints par des processions. On sort les reliques, on les montre (en latin : ostendere) en des processions spectaculaires accompagnées de reconstitutions historiques dans les rues pavoisées : 

     http://catholique-limoges.cef.fr/diocese/ostensions.php  

    Les dernières ostensions ont eu lieu en 2002 puis en 2009 : c'étaient alors les 71èmes ! Soit, en 2016, les 72èmes.

    Les premières ostensions eurent lieu le 12 Novembre 994.

    La population souffrait d’une terrible maladie provoquée par un champignon, l’ergot de seigle, parasite des céréales de fin de récolte utilisées pour faire le pain. Les malades souffraient comme si un feu ardent les brûlait de l’intérieur, d'où le nom de cette épidémie : le mal des Ardents (du latin ardere, brûler). Les évêques, abbés et seigneurs d’Aquitaine réunis en concile à Limoges décidèrent de lever les restes de Saint Martial afin d’endiguer l’épidémie. Suite à ces processions et aux prières adressées au saint patron de la ville,  le miracle se produisit, l’épidémie cessa. 

    Les Ostensions Limousines célèbrent donc le miracle des Ardents. Au début, ces cérémonies religieuses avaient lieu lors d’évènements ou circonstances particulières puis en 1518, l’usage s’établit de les célébrer tous les 7 ans. Les reliquaires et trésors religieux sont exposés au cours des processions auxquelles participent la population locale. Après l’ouverture des reliquaires selon des rites précis, les reliques elles-mêmes sont exposées à la vénération des fidèles.

    Les rues des communes ostensionnaires sont décorées, ornées de fleurs, tout le monde participe : les autorités civiles et militaires, le clergé et les confréries oeuvrent ensemble, défilant religieusement dans les rues de chaque ville ou village.

    Les ostensions mêlent ainsi le religieux et le profane, la dévotion et le spectacle. C’est un moment fort de rassemblement, une affaire de culture commune, de racines et d’identité limousine.

    En 2009, le sdernières ostensions aurent lieu dans quatorze communes, presque toutes en Haute-Vienne.

    C'est traditionnellement Limoges qui ouvre les cérémonies, recevant pour l'occasion non seulement les communes environnantes mais aussi des délégations de toutes les paroisses ostensionnaires. On célèbre à Limoges saint Martial (le premier évêque de la ville, ci dessous), saint Aurélien, son successeur, saint Loup, qui fut évêque de la ville au VII° siècle, et sainte Valérie, la première martyre de l'église d'Aquitaine.             

    1930272106.jpgLes processions s'y déroulèrent les 18 et 19 avril, avec l'ouverture des châsses.

    Le 8 mai, saint Blaise fut honoré à Javerdat, le 21 mai les saints Gaucher et Faucher le seront à Aureil, village situé à quelques kilomètres de Limoges. Gaucher est le fondateur d'Aureil, et Faucher fut son disciple; ils vécurent au XIIème siècle.

    Le 23 mai, une procession nocturne parcourut les rues du village d'Aixe, décorées de fleurs. On y célèbre Alpinien, compagnon de saint Martial.

    Le 24 mai, Saint Léonard de Noblat fit mémoire de son fondateur, Léonard, ermite franc du Vème siècle. Une grande procession historique parcourut les rues de la ville mediévale, en recevant le concours d'une délégation bavaroise.

    Mille figurants en costumes se retrouvèrent le 31 mai à Rochechouart, où l'on vénèra saint Julien de Brioude, soldat romain martyrisé sous Dioclétien, en 304. Le 1er juin, a Esse, dix saints furent escortés. Le 6 juin, au Dorat, ce fut le tour des saints Israël et Théobald, deux chanoines du XIème siècle.           

    4284626061.jpgEnfin, le point d'orgue des ostensions eut lieu le 28 juin à saint Junien : une grandiose procession historique de mille cinq cents figurants rendit hommage à saint Junien et à son maître Armand, du Vème siècle.

    Mais il faut citer aussi :

    Nexon, où l'on vénère saint Ferréol, évêque de Limoges du VIème siècle;

    Saint-Victurnien, où l'on célèbre le patron de la ville, Victurnien dont on dit qu'il serait venu d'Ecosse pour vivre en ermite en Limousin;

    Chaptelat, qui honore son plus célèbre habitant, saint Eloi, conseiller du roi Dagobert, fondateur de Solignac en 632 et évêque de Noyon-Tournai;

    Saint-Yrieix-la-Perche, qui célèbre son fondateur, Aredius ermite du VIème siècle qui fonda un monastère à Attane, futur Saint-Yrieix;

    Abzac, ancien prieuré-cure du diocèse de Limoges connu pour son pèlerinage septennal des saints Lucius et Emerite;

    Et Saint-Just-le-Martel, bourg de la banlieue limousine, qui vénère un petit berger qui vécut auprès du grand saint Hilaire de Poitiers au Vème siècle, saint Just.    

    1187123067.jpg

    Renseignements, informations : Maison du Limousin, 30 rue Caumartin, 75009 Paris (Tél.: 01 40 07 04 67).
     
    Tourisme de la Haute-Vienne (tél.: 05 55 79 04 04).   
  • Société • Les pieds nickelés de la lutte sociale et politique Brexiters, syndicalistes, nuit-deboutistes…

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [08.07]. Nous avons aimé.  LFAR 

     

    amaurygil.jpgLes oligarques nous mènent où ils veulent presque aussi facilement qu’un troupeau à l’abattoir, croyant nous faire prendre des vessies pour des lanternes le plus longtemps possible. Les peuples cependant expriment de plus en plus leur colère face à tant de mépris, de dédain à peine caché. Ils pensent parfois se trouver des leaders pour mener la révolte mais ceux-ci sont autant de pieds nickelés sans grande envergure qui se contentent de jouer leur « emploi » de comédie afin de continuer à bénéficier du système et que l’on continue de voir leur binette partout dans la presse. C’est à désespérer de se dresser contre les pseudo-élites de plus en plus déconnectées des peuples…

    En Grande-Bretagne les promoteurs passionnés du Brexit se dégonflent les uns après les autres. Ce sont autant de pieds nickelés, de Nigel Farage à Boris Johnson, le maire de Londres ayant la même tignasse que Ribouldingue. Ils ressemblent un peu à ces mauvais élèves qui n’en croient pas leurs yeux et leurs oreilles d’avoir réussi à convaincre le pion rassis de service de ne pas retourner en classe et de faire cours dehors. Et finalement ils ont l’air de songer que leur blague est allé un peu trop loin et abandonnent toute responsabilité laissant leur peuple aux mains de responsables dont le rêve humide récurrent est de faire de la Grande-Bretagne le « paradis fiscal » du monde entier. Ils reviennent sagement dans les rails.

    Personne n’est d’ailleurs plus vraiment certain maintenant que le Brexit sera réellement finalisé. Donald Tusk et Jean-Claude Juncker, le responsable européen qui parle aux ovnis, trouveront bien un moyen de ne pas tenir compte de ce vote, de le renvoyer aux oubliettes de l’histoire. Ils feront une petite leçon de morale aux mauvais élèves et tout rentrera dans l’ordre à coup de chantage économique, ainsi qu’en Grèce. Et Farage et Johnson font finalement partie du spectacle tout autant que les Le Pen en France, épouvantails utiles de la droite dire républicaine et de la gauche sociétale, tout autant que les autres politiques.

    En France, les opposants à la « loi travail », soit disant de Myriam El Khomri, alors que ses véritables auteurs sont quelques technocrates européens, ont décidé donc que la lutte sociale s’arrête pendant les vacances d’été. On me rétorquera que les utopistes de Nuit debout ont aussi décidé de remettre la révolution après leur séjour au camping des Flots bleus ou à Ibiza, ou chez Tata Geneviève à Nice. Quant aux « casseurs » anarchistes jusqu’au-boutistes, attention, s’ils ne se retenaient pas, on verrait ce qu’on verrait, ils font appel à la justice bourgeoise.

    Pour ne cependant pas totalement se ridiculiser des responsables syndicaux comme Jean-Claude Mailly prédisent des « surprises » pendant l’été, des actions ponctuelles qui marqueront les esprits… Des flash-mobs ? Une vente de tongs écrivant FO ou CGT sur le sable de la plage ? Une quête à la sortie des agences Pôle emploi ?

     

    Pourtant cette « loi travail » empêchera par ses conséquences sur de nombreux salariés, leur paupérisation, leur précarisation, de partir en vacances justement. Un peu moins de la moitié des Français n’en ont justement plus les moyens. C’est finalement à se demander si Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly ne jouent pas aussi leur rôle, leurs « emplois » de « repoussoirs » pour les élites, au sein du grand « Barnum consumériste » rentrant ensuite bien sagement à l’étable comme le reste du troupeau.

    Il faut dire que pour eux le pion rassis en chef, Manuel Valls, a décidé de siffler une bonne fois pour toutes la fin de la récréation en faisant jouer encore une fois le 49.3…

    Et les oligarques seront ainsi à peine inquiétés. Encore une fois… 

    Amaury Grandgil
    anime le blog mesterressaintes.hautetfort.com

  • Livres & Société • Se prémunir du danger terrroriste ....

     

    par CS 

    Comment les réseaux islamistes recrutent-ils ? Quels sont leurs ressorts psychologiques ? Comment s’insinuent-ils dans les cerveaux des jeunes au point que certains rompent avec leur famille et s’en vont mener des attaques « suicide » ? Ce sont quelques-unes de ces questions auxquelles Jean-Christophe Damaisin d’Ares tente de répondre dans un court mais dynamique et didactique ouvrage, né des attentats du 13 novembre dernier. L’auteur, spécialiste des opérations d’influence, décortique les liens qu’entretiennent l’islamisme et le terrorisme, dissèque les principaux courants de l’islam et ses influences réelles ou supposées,  décrit la typologie des recrues islamistes en insistant sur la perméabilité des jeunes gens, en perte de repères mais sensibles à certains messages radicaux et à l’espoir d’un futur soi-disant meilleur. Cet endoctrinement est, selon l’auteur, une opération  minutieusement menée et qui ne laisse pas de place à l’improvisation : entre repérage, approche, accroche, initiation, rencontre, échanges, convictions, nombreux sont les personnes en position de faiblesse, capables de tomber dans le piège mortel du terrorisme djihadiste. Un lecteur averti en vaut deux ! 

    Terrorisme islamiste – recrutement & radicalisation – Jean-Christophe Damaisin d’Arès – Editions JPO – 100 pages – 9,90 euros.