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Actualité France - Page 381

  • Philippe de Villiers écarte définitivement toute candidature pour 2017 ... Il a bien raison !

     

    Aucun des nombreux prétendants actuels à la magistrature suprême ne trouve grâce aux yeux du fondateur du Mouvement Pour la France (MPF), qui estime que le système politique est au bord de l'effondrement. C'est ce que confirme un scan politique de Figarovox signé par Marc de Boni et Arthur Berdah [15.06]. 

    « J'ai quitté la vie politique il y a six ans. Je n'ai pas envie de replonger dans cette piscine sanguinolente où crocodiles et caïmans se mangent entre eux », tranche Philippe de Villiers, interrogé par le magazine nationaliste en ligne France ce mercredi. N'en déplaise à ses nombreux soutiens qui espéraient le voir de nouveau porter la candidature d'une « droite dure », conservatrice et identitaire, qui a échoué à se fédérer lors des journées de Béziers, l'ancien député vendéen ne rempilera pas, six ans après avoir quitté la scène politique. « Je n'ai absolument aucune envie de redescendre dans l'arène et je pense que la métapolitique a plus d'influence que la politique aujourd'hui. Par mes livres et mon Puy du Fou, j'ai fait passer beaucoup plus d'idées qu'en restant la énième écrevisse de la bassine », explique-t-il.

    La politique, très peu pour lui. « Je regrette de n'avoir pas compris plus tôt qu'il était inutile d'entrer dans une compétition sans avoir l'argent et le système médiacratique nécessaires : on se fait alors démolir et salir », détaille Philippe de Villiers. Et le fondateur du Mouvement Pour la France (MPF) devrait même se tenir à bonne distance des débats : il ne soutiendra « personne » dans la primaire de la droite. Si Jean-Frédéric Poisson trouve quelque grâce à ses yeux - « c'est quelqu'un de très bien qui a une pensée juste et des convictions » -, ce dernier a le défaut « d'être avec les Républicains, c'est-à-dire un parti qui corrode toute forme de conviction », déplore-t-il.

    Un FN pas assez porté sur l'Islam et l'immigration

    S'il admet nourrir une estime certaine pour Marion Maréchal-Le Pen, Philippe de Villiers s'interroge cependant sur les intentions de Marine Le Pen, échaudé par les positions récemment exprimées au sein du FN sur l'avortement et le mariage pour tous. « Est-ce qu'elle veut vraiment s'occuper de la France ? Elle ne parle que trop rarement d'islam et de l'immigration. Elle parle d'une France apaisée. Mais cette France-là nous semble si loin, il faudra beaucoup de courage pour y parvenir, et cela commence par une claire énonciation des problèmes et des drames qui nous assaillent », estime le créateur du Puy du Fou.

    Dans ces conditions, il ne faudra pas s'attendre à la voir soutenir un candidat au premier ni au second tour de la présidentielle, prévient-il. « Le civisme aujourd'hui n'est pas lié au fait d'urner en colonne (sic). Je pense que les prochaines échéances ne seront pas dans les urnes, elles seront beaucoup plus graves et importantes… Les gens iront chercher des personnes loyales à la France, et qui mettent la France au-dessus de leurs caprices personnels », estime Philippe de Villiers, qui annonce : « Le système va mourir et ce n'est donc pas le moment d'aller s'y précipiter.» « Il faut laisser les politiciens s'user les uns contre les autres. Un pays qui va devoir choisir entre Sarkozy, Juppé, Fillon ou Hollande est un pays qui va mal », diagnostique l'ancien eurodéputé. 

    Marc de Boni et Arthur Berdah

  • Jean Sévillia : « Au lieu de créer une rue Robespierre à Paris, débaptisons les autres »

    Portrait de Maximilien de Robespierre, vers 1790, musée Carnavalet  

     

    La Conseillère de Paris Danielle Simonnet a formulé le vœu qu'une rue de Paris porte le nom du révolutionnaire Maximilien de Robespierre. Dans un entretien paru sur Figarovox [13.06], Jean Sévillia donne son point de vue : cette décision serait une position régressive et une grave erreur historique. Point de vue partagé à 100% par Lafautearousseau !

     

    XVM06e8d676-796d-11e5-ba18-c49418e196fb - Copie.jpgLa conseillère de Paris (Parti de Gauche) Danielle Simonnet propose la création d'une rue Robespierre à Paris. Cette demande avait déjà été formulée, sans succès, en 2011. Que vous inspire cette proposition ?

    On observe une constante à l'extrême gauche qui consiste à vouloir à tout prix ressusciter le mythe de la Révolution en général et de Robespierre en particulier. Mais il s'agit d'une position régressive. Jusqu'aux années 1960, l'histoire universitaire de la Révolution française était écrite par les marxistes ; la Terreur était assumée en tant que telle par la gauche qui estimait qu'elle était une phase nécessaire d'un processus historique. François Furet, communiste dans sa jeunesse, homme de gauche devenu libéral et qui n'a jamais adopté le point de vue contre-révolutionnaire, a joué un rôle considérable dans le monde intellectuel en bouleversant la façon d'envisager cette période. Furet a travaillé sur la Révolution, et s'est demandé comment distinguer 1789 de 1793. Dans ses premiers livres, il estime que 1793 est un dérapage par rapport à 1789, puis, au fur et à mesure, il vient à la conclusion que 1789 portait en elle les germes de 1793.

    A partir de 1970, après les travaux publiés par Furet, la gauche n'ose plus défendre la Terreur. A l'exception de cette extrême gauche qui réactive le mythe de Robespierre, allant à l'encontre des données actuelles de la recherche historique. A titre d'exemple, la biographie de Robespierre récemment publiée par Jean-Clément Martin - universitaire qui refuse par ailleurs de considérer qu'il y a eu un « populicide » (selon le mot de Babeuf) en Vendée en 1793-1794 - laisse un profond malaise car on a l'impression que l'auteur cherche à exonérer Robespierre des crimes de la Terreur, au mépris de la réalité historique.

    On devrait plutôt débaptiser les rues Robespierre qui existent depuis des dizaines d'années. Robespierre est l'homme de la Terreur qui justifie la violence et le pouvoir totalitaire avant la lettre. Dans notre pays qui se veut le pays des droits de l'homme et qui se vante d'avoir mis en œuvre la démocratie moderne, exalter Robespierre, qui a contribué à déclencher des mécanismes politiques totalement contraires aux droits de l'homme et à la démocratie est un non-sens.

    Mais précisément, le Parti de Gauche dénonce une manipulation historique dans la représentation actuelle de Robespierre…

    Manipulation historique ? C'est un compliment qui peut être retourné ! Rappelons que Robespierre est cet homme qui était un piètre orateur mais qui a conquis son aura par le verbe au club des Jacobins. Son magistère de la parole séduit cette gauche qui ne voit pas l'aspect monstrueux et glacé d'un personnage sans vie privée, un idéologue pur et sans âme. Dans un discours de février 1794, il défend « la Vertu sans laquelle la terreur est funeste et la Terreur sans laquelle la Vertu est impuissante » - défendant une alliance indéfectible entre la Vertu et la Terreur. Y sont défendus la pureté révolutionnaire absolue et le don de soi pour une cause idéologique. Le décret du 22 prairial - 10 juin 1794 - qui institue la Grande Terreur et précède d'un mois la chute de Robespierre est sidérant en ce qu'il postule que chacun est suspect et même potentiellement coupable. Ne sont prévus, en matière de justice, ni système de défense, ni accusation, ni interrogatoire, ni même de témoins ! C'est le règne de l'arbitraire total. La France est livrée à une secte criminelle. Est-ce un hasard si Pol Pot admirait Robespierre ?

    Dans le Dictionnaire critique de la Révolution française dirigé par François Furet et Mona Ozouf paru en 1988, Patrice Gueniffey écrit dans un article pertinent : « Robespierre porte le discours idéologique à son plus haut degré d'accomplissement parce qu'il est lui-même l'idéologie incarnée ». Ou encore : « La Terreur est dans ce magistère de la parole que Robespierre porte à son niveau le plus accompli. Aussi son art rhétorique n'est-il pas simplement une arme parmi d'autres dans le combat politique: cette parole terrorise ». Ces deux phrases me paraissent résumer ce que fut ce funeste personnage de Robespierre, qui est un ancêtre des totalitarismes modernes. 

    Rédacteur en chef adjoint au Figaro Magazine, essayiste et historien, Jean Sévillia est notamment l'auteur de Historiquement correct et de Histoire passionnée de la France, tous deux parus aux éditions Perrin.

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    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières            

  • Zemmour : « Le foot, c'est la guerre »

     Police et supporters, samedi 11 juin à Marseille

     

    « Les hooligans - qui ne sont pas tous anglais - se voient comme les derniers chevaliers d’une époque matérialiste et dévirilisée », note Éric Zemmour, pour qui « il y a un classement chez les hooligans comme à la sortie de l'ENA ou chez les joueurs de tennis ». Zemmour est catégorique : « Le foot, c’est la guerre. Il en a toujours été ainsi. La guerre symbolique. La guerre sublimée. La guerre par d’autres moyens ». Même si la guerre sur le terrain débouche parfois sur une vraie guerre (Cf. le conflit entre le Honduras et le Salvador à la fin des années 60).

    « Il y a une trentaine d’années, le foot a été arraché aux classes populaires. Il est devenu le temple du fric », regrette Éric Zemmour, pour qui tout est représentation et spectacle. « La violence des classes populaires n’est plus canalisée, incarnée sur le terrain ni dans le stade. Elle s'exprime dans la rue », conclut-il. 

     

     

    Après écoute de ce billet où Zemmour dit tout en peu de temps et peu de mots de l'histoire, de la sociologie du football et de sa réalité d'aujourd'hui, lire aussi ...  

    L’Euro-guerre par Louis-Joseph Delanglade [Lafautearousseau 13.06]

     

  • OSONS LA FRANCE

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgQue retenir du Rendez-vous de Béziers, organisé par son maire, Robert Ménard, sous l’injonction « Oz ta droite » ? Tout d’abord que son succès, plus de 2000 participants venus de toute la métropole et même d’outre-mer, dans des conditions de déplacement rendues difficiles par l’incurie du pouvoir, est la preuve qu’il correspondait à un besoin. 

    Celui du pays réel de se faire entendre sans le truchement d’une classe politique largement discréditée. Nous parlons bien de pays réel, car il n’est pas question pour nous, royalistes, d’entrer dans l’opposition entre « peuple de droite » et « peuple de gauche », inhérente au régime républicain. Mais s’il est vrai que les Français qui sont venus participer à ces tables rondes « osaient » s’affirmer de droite, toutefois, par leur diversité et leur souci de l’avenir du pays, ils représentaient bien le pays réel dans toute son étendue.

    NON À LA DROITE DE CONTREBANDE

    La classe politique ne s’y est pas trompée. Et a usé de divers moyens pour discréditer cette rencontre de patriotes de toutes origines. Tout d’abord en la diabolisant. A gauche, SOS Racisme convoqua de maigres troupes pour venir manifester, sur l’ordre du préfet, devant le Palais des Congrès où se tenait, samedi après-midi, des tables rondes. La presse régionale, propriété de l’homme d’affaires et ministre radical Jean-Michel Baylet, a évidemment rendu compte de ces journées avec son objectivité coutumière. Quant à la droite molle, elle a ignoré l’événement en brillant par son absence, du moins officiellement. Car celle dont Robert Ménard a dénoncé, dans son discours de clôture du dimanche, la tendance à « ne passer qu’en contrebande le temps d’une élection » la frontière du politiquement correct, était présente dans la personne de certains intervenants, voire au sein même de l’organisation du rendez-vous, ce qui a permis de vérifier que le jeu de dupes est bien terminé. Certaines oreilles ont sifflé, les Français n’acceptant plus le double-jeu ni la lâcheté politique et morale. Mais le message a certainement perdu en clarté ce qu’il avait gagné en publicité. En revanche, des personnalités de la droite traditionnelle, bien connues pour leur indépendance d’esprit, telles que Jean-Frédéric Poisson, Xavier Lemoine ou Christian Vanneste, étaient là.

    PARTIS POLITIQUES : UNE LOGIQUE TOTALITAIRE

    Quant au Front National, la venue de ses représentants a été plus brève que prévue. Pour une histoire, paraît-il, de marche-pied : où va se nicher, chez certains, le souci du bien commun ! Descartes démontrait le mouvement en marchant. De même, il ne suffit pas de revendiquer le patriotisme : pour être crédible il faut le pratiquer en ne rajoutant pas la division à la division. Le pays ne peut plus se le permettre. Mais le Front National ressemble désormais à l’ex-UMP et au Parti socialiste, le centralisme démocratique en plus — c’est son côté ringard. Doit-on s’étonner du départ anticipé de Marion Maréchal-Le Pen, esprit libre s’il en est — ce n’est pas l’Action française qui dira le contraire ? Mais c’est la logique même des partis politiques, totalitaire au sens où ils ont tendance à se prendre pour le tout, qui est en cause. En gazouillant de façon grossière contre « l’extrême droite » réunie à Béziers, Philippot a seulement démontré qu’il refuse le débat avec les Français et qu’il considère toute parole libre comme un crime de lèse-Tsarine. Dommage, car si cette agression gratuite d’un électorat plutôt favorable ou gagnable devait désormais servir de ligne politique au Front, ses bastions acquis ces derniers années risqueraient de se transformer en 2017 en autant de villages Potemkine. Les résultats de 2016 sont déjà en demi-teinte et, devant l’épreuve de la réalité, l’enracinement du Front se révèle souvent celle d’un château de cartes.

    De plus, quel manque d’élégance, en parlant d’ « extrême droite », que d’user à l’égard des patriotes de tous horizons réunis à Béziers de la même malveillance que les médias de l’oligarchie à l’égard du Front national. Syndrome de Stockholm ? Ou simple servilité à l’égard du système ? Philippot, en cherchant à marquer contre le camp patriote dans sa diversité, a surtout marqué contre le sien. Délibérément ? En tout cas l’impatience, accompagnée de fébrilité, est mauvaise conseillère. Le SIEL en revanche, en dehors duquel le Rassemblement Bleu Marine est une coquille vide, n’a pas abdiqué sa personnalité. Marine Le Pen est-elle capable de comprendre que c’est le meilleur service que Karim Ouchikh pouvait lui rendre ? Rien n’est moins sûr.

    UNE VOIE ÉTROITE

    Quoi qu’il en soit, la voie empruntée par Robert Ménard est étroite, entre les piranhas de l’ex-UMP désireux de ramener au bercail un électorat de plus en plus tenté de lui faire défaut l’année prochaine et un Front national dont la psychorigidité signe son alliance objective avec Les Républicains. Certains, parmi les intervenants, étaient venus à Béziers racoler ouvertement pour Sarkozy. Ils ont été remis à leur place par la « base » mais celle-ci hésitera-t-elle à « voter utile », le moment venu, surtout si le FN, qui n’a jamais ni gouverné, contrairement au FPÖ autrichien, ni voulu gouverner, fait tout, par peur des responsabilités, pour échouer en 2017 en repoussant les électeurs de droite vers Sarkozy, voire Juppé ?

    Les experts invités par Ménard étaient, eux, venus pour la plupart faire un diagnostic équilibré de nos difficultés dans les différents domaines et tenter d’y répondre en élaborant des propositions via un dialogue, parfois difficile, parfois constructif, souvent émotif, avec la salle. La démocratie participative — Ségolène Royal la voulait, Robert Ménard l’a faite — est d’un apprentissage ardu. Tout cela demandera d’être retravaillé. Approfondi. Sans plus ignorer les sujets qui fâchent, notamment sur l’Europe ou l’économie, même si le prix à payer est l’affirmation d’une totale indépendance — la liberté est toujours un risque. La question de la structure se pose, de même que celle de la loyauté à l’égard de tous les patriotes qui avaient fait le déplacement.

    LES DIX AXES DE SALUT NATIONAL DE L’ACTION FRANÇAISE

    Hollande est aujourd’hui soupçonné, pour sortir de l’ornière sociale dans laquelle il s’est lui-même fourvoyé, mais ce sont les Français les plus modestes, comme toujours, qui paient le prix fort, de vouloir recourir à un de ces compromis de basse politique dont il est coutumier : ne pas modifier le texte sur le travail mais, sur le modèle de ce qu’ont déjà obtenu les routiers ou les intermittents ou que pourraient obtenir les dockers, faire miroiter à la CGT, contre la fin des grèves, des concessions dans les négociations actuelles à la SNCF, à Air France ou à la RATP. Le pays va mal. Des frondeurs en peau de lapin, qui profitent grassement du système, soufflent sur les braises sans prendre aucun risque, tandis qu’Emmanuel Macron joue sa partition : celle d’un technocrate qui juge le politique dépassé. Il est plus que temps de rompre avec un système qui s’autoreproduit au mépris de l’intérêt général. C’est d’un projet à long terme que la France a besoin. L’Action française, pour sa part toujours prête au compromis nationaliste, y travaille sans relâche. Elle avait défini, en 2012, dix grands axes de salut national à l’aune desquels elle avait jugé les programmes des candidats. Cet été, elle consacrera son université à les actualiser et les approfondir. Certaines des propositions qui ont émergé à Béziers rejoignent les siennes. Tant mieux. C’est la convergence des patriotes qu’il faut souhaiter. Osons la France, plus encore que la droite. Encore faut-il que tous les patriotes osent jouer le jeu.

    L’ACTION FRANÇAISE 2000

    Voir aussi ...

    Université d'été de l'Action française

    et deux autres points de vue sur le rendez-vous de Béziers et ses suites

    Que s’est-il passé à Béziers ? par Dominique Bonnétable

    Éric Zemmour : À Béziers, une défaite aux allures de prise de conscience

  • L’Euro-guerre

    Violents affrontements, samedi soir, à Marseille sur le Vieux-Port, entre Anglais et Russes 

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Entêtement ou fermeté ? L’avenir tranchera mais la France, par la voix de M. Hollande, n’a pas envisagé une seconde de renoncer à l’organisation du championnat d’Europe de football. En plein état d’urgence dûment motivé par le danger terroriste et dans un contexte social agité et violent - sans parler de l’adversité climatique… Il faut dire que l’enjeu est d’importance. On nous promet en effet - outre la victoire de l’équipe de France, deux millions et demi de spectateurs dont une majorité de visiteurs étrangers, presque un milliard et demi d’euros de « retombées économiques » et, surtout, une image de la France plus belle que jamais aux yeux du monde. On pourrait dès lors, comme M. Séguéla, faire des rêves bleus (B.F.M., lundi 6 juin). On doit plutôt faire preuve d’un scepticisme raisonnable. A moins d’être « programmée », la victoire des Bleus n’est pas certaine du tout ; la manne financière attendue couvrira à peine le coût des inondations; quant à l’image de la France, M. Lambert lui-même, président du Comité d’Organisation de l’Euro, la juge (France Inter, vendredi 10 juin) déjà gâchée par l’entassement des ordures et les difficultés dans les transports publics. 

    La vérité est que nous sommes entrés vendredi 10 dans une nouvelle guerre, la guerre du football. Envoyé spécial de La Gazette de France aux Jeux olympiques d’Athènes de 1896, Charles Maurras comprend vite que, loin d’unir, la compétition sportive divise les nations. D’une certaine façon, M. Podalydès, sociétaire de la Comédie française et grand amateur de football, ne dit pas autre chose lorsque, comparant « le commentaire » d’un match au « compte rendu d’une bataille napoléonienne » (La Croix, 9 juin), il affirme : « Ce sont des guerres symboliques que se livrent les clubs et les nations. » 

    Peut-être est-ce pour cela que l’on accorde un crédit disproportionné au moindre geste, au moindre mot de joueurs qui, pour la plupart, malgré leur talent balle au pied, ne brillent pas par leur intelligence et s’expriment souvent comme des voyous, des crétins ou des mégalomanes (est-il besoin de citer des noms ?). Que des multi-millionnaires en culottes courtes puissent être considérés sérieusement pour autre chose que ce qu’ils sont, c’est-à-dire des multi-millionnaires en culottes courtes… qui jouent à la baballe, voilà qui est extravagant et qui permet de juger une époque.  

    Ces joueurs, et c’est grave, sont en effet le reflet de notre société. Un individualisme forcené, jusques et y compris sur le terrain, d’ailleurs, les motive dans le moindre de leurs caprices. Sans doute sont-ils aimés pour cela. Certains gladiateurs étaient peut-être de véritables « vedettes » dans la Rome antique mais ils jouaient leur vie à chaque combat et finissaient, tôt ou tard, par mourir dans l’arène. Et, surtout, on n’attendait d’eux aucun avis, aucune leçon de morale ou de politique. 

    Une guerre et des combattants de parodie. On fait ce qu’on peut. On a ce qu’on mérite. C’est l’époque. « Allez les Bleus quand même », mais sans illusion. 

  • Maurras : « Non, les patries n'étaient pas dissociées ; la guerre non plus n'était pas morte. »

     Charles Maurras à 25 ans, autour de 1895

     

    A propos des Lettres des Jeux Olympiques*

     

    athens-1004336_960_720.jpg« La quatrième lettre : Les Nations dans le stade et la course de Marathon contient une page qu'on a trop souvent citée pour que je n'évoque pas ici un événement qui touche à une heure décisive de ma vie d'esprit.

    Un jeune aristocrate libéral pacifiste, le baron Pierre de Coubertin. avait organisé les Jeux Olympiques d'Athènes, en vue de resserrer la paix qui, depuis à peu près vingt ans, régnait sur le continent. Loin d'étouffer les passions nationales, tout ce faux cosmopolitisme les exaspéra, et les scènes de rivalité auxquelles j'assistai dans le stade m'avertirent. Non, l'assemblée des peuples, leur contact matériel n'aboutissait pas à les unir, au contraire ! Et leur internationale sportive était furieusement susceptible, tant chez les vieux peuples, comme les Grecs, que chez les jeunes, comme les Américains. Non, les patries n'étaient pas encore dissociées ; la guerre non plus n'était pas morte. (C. M. I952.) »**

     

    * Antbinéa, édition Flammarion. Appendice, pages 277 et suivantes.

    ** Anthinéa, d'Athènes à Florence, Œuvres Capitales, p. 183 - 184, Flammarion, 1954

    Voir aussi ...

    Lettres des Jeux olympiques (Les 6 lettres, intégrales).

  • Euro • Violences entre Anglais & Russes à Marseille .... Vidéos exclusives Lafautearousseau

      

    Hier, l'Euro se jouait à Marseille. Mais ce sont des scènes d'extrême violence entre Anglais et Russes  sur le Vieux-Port et ses abords, qui ont fait l'actualité.  Y compris sur les grandes chaînes anglaises et russes. ...

    Voici 4 vidéos exclusives LFAR qui en donnent de spectaculaires vues d'ensemble.  

     

     Vidéo : © F.O. MARSEILLE

     

     Vidéo : © F.O. MARSEILLE 

     

     Vidéo : © F.O. MARSEILLE 

     

     Vidéo : © F.O. MARSEILLE

  • Société • Ivan Rioufol : À Nice, la charia ne passera pas

     

    Par Ivan Rioufol      

    Dans ce billet d'humeur qu'on ne peut qu'approuver [Figarovox, 8.06] Ivan Rioufol réagit au récent incident survenu à Nice : une serveuse a été frappée par deux hommes pour avoir servi de l'alcool pendant le ramadan.

     

    2048x1536-fit_une-serveuse-de-bar-place-des-terreaux-de-lyon-le13-avril-2011-cyril-villemain-20-minutes.jpgLes féministes, les démocrates, les républicains, la gauche, la droite ... ont-ils si peu à dire devant les intimidations de l'islam radical qui veut imposer la charia ? Cette fois, c'est une serveuse d'un bar du centre de Nice qui a été violemment agressée par deux hommes, lundi au premier jour du ramadan, parce qu'elle servait de l'alcool. L'un d'eux, en arabe : « Tu devrais avoir honte de servir de l'alcool en période de ramadan (…) Si j'étais Dieu, je t'aurais pendue ». Elle (musulmane, pratiquant aussi le ramadan) : « Tu n'es pas Dieu pour me juger ». Les deux hommes feignent de partir, puis l'un revient et gifle à toute volée la jeune femme qui s'effondre. Elle explique à l'Obs : « Ce n'est pas parce que je sers de l'alcool que je n'accomplis pas mon devoir. Si je le fais c'est parce que je suis serveuse. En Tunisie, j'exerçais le même métier et je n'ai jamais eu le moindre problème. Je ne pensais pas qu'en France, pays de libertés, je puisse être agressée pour ça ». Les indignés ne se bousculaient pas, ce mercredi, pour dénoncer cette violence machiste et obscurantiste, dont l'un des auteurs serait de surcroit un étranger en situation irrégulière. Il est vrai que cette terreur intégriste est déjà le quotidien des cités françaises gagnées par le salafisme et par l'emprise des Frères musulmans. Cela fait des années que la République, désarmée et conciliante avec les minorités, recule devant ce totalitarisme islamiste qui a pour objectif revendiqué de dominer l'Occident droit de l'hommiste, y compris sur son propre sol. Les féministes de salon, qui le 15 mai annonçaient face au sexisme : « Nous ne nous tairons plus », sont de ces innombrables tartuffes qui rampent devant l'islam politique, qui se comporte de plus en plus comme en terrain conquis. Qu'attendent-elles pour déclarer, à la barbe des illuminés : « La charia ne passera pas ! ».

    Ce renoncement à résister au nazislamisme, soutenu par une extrême gauche qui voit dans le musulman le nouveau damné de la terre, est évidemment la pire des solutions pour éviter l'affrontement civilisationnel. A ce compte, en effet, la France millénaire est vouée à disparaître à terme sous un multiculturalisme laissé à la loi du plus fort, du plus brutal. Ce sont ces risques que je décris, dans La guerre civile qui vient (Editions Pierre-Guillaume de Roux, mars 2016). Si les médias audiovisuels maintiennent l'omerta sur mon essai, je constate que Gérald Darmanin, maire LR de Tourcoing (nord), partage pour sa part l'analyse. Il déclare (l'Opinion, lundi) : « Non seulement la guerre civile couve mais, si elle advient, est sera la pire de toute : elle sera religieuse ». Il serait loisible de discuter ce point : je crois cette guerre davantage politique que religieuse, dans la mesure où elle défend un projet de société cohérent défendu par un islamo-gauchisme qui consolide ses alliances. Mais Darmanin à raison, quand il met en garde contre la montée en puissance des exigences communautaires, qui se multiplient dans l'indifférence des politiques. C'est ainsi que vient d'être lancée, sous les encouragements d'Edwy Plenel (Médiapart), Téléramadan, « la revue des musulmans qui en ont marre de s'excuser d'exister ». Ses promoteurs (dont Mouloud Achour, ex-animateur sur Canal +) écrivent : « Nous sommes le Grand Remplacement. Sûrement pas celui que les fous peuvent fantasmer. Nous sommes un grand remplacement naturel (…). Nous sommes le Grand Remplacement d'un système archaïque (…) ». Renaud Camus ne dit pas autre chose. Au fait, Téléramadan prendra-t-elle la défense de la jeune femme humiliée par ces brutes?   

    Ivan Rioufol 

    Ivan Rioufol est éditorialiste au Figaro. Retrouvez ses chroniques sur son blog.

  • Les Veilleurs à Nuit debout ou la « nuit des morts vivants »

     

    Une analyse d'Alexandre Devecchio

    « Les veilleurs » ont été chassés de Nuit debout à Paris par des « antifa » ultra-violents. Derrière cet épisode, Alexandre Devecchio voit l'émergence d'une « génération zombifiée » qui donne libre cours à ses pulsions nihilistes. Derrière l'anecdote, une réflexion intéressante ...  LFAR

     

    Devecchio.jpgDes morts assoiffés de sang s'attaquent aux vivants. C'est le scénario aussi simple qu'efficace de La Nuit des morts vivants. Sortie en 1968, ce film d'épouvante signé George Romero connaît un succès critique et public immédiat, devient culte et ouvre la porte à une véritable saga. Derrière les scènes gore se cache un discours subversif : la métaphore d'une humanité déshumanisée, la critique d'une Amérique zombie capable de basculer à tout moment dans l'ultraviolence. Le second épisode de la série, justement intitulé Zombie (1978) est encore plus politique. L'histoire se déroule dans un centre commercial assiégé par une armée de morts-vivants. Les zombies qui s'agglutinent aux vitres évoquent la cohue des soldes et le film sonne comme une charge contre la société de consommation.

    Ce mercredi 8 juin, Nuit debout a pris des allures de nuit des morts vivants. Alors que le mouvement fête son « 100 mars », le « grand soir » annoncé se transforme en crépuscule morbide. Les Veilleurs, mouvement de réflexion né de la Manif pour tous, sont venus pour échanger, naïvement persuadés de partager avec les noctambules un même combat contre le néo-libéralisme mondialisé. Mais les « coucous » catholiques ne sont pas davantage les bienvenus que les philosophes trop curieux. Comme Alain Finkielkraut, il y a quelques semaines, le petit groupe est chassé de la place de la République désormais privatisée par les prétendus contempteurs de la loi de la jungle du marché. Réfugiée sur une passerelle du Canal Saint-Martin, quai de Valmy, la petite troupe tente d'insuffler un peu de poésie dans ce monde de brutes. Assis à même le sol, une vingtaine de Veilleurs, de tous les âges, entonnent des chants, lisent des textes de Bernanos ou de La Fontaine.

    arton10672.jpgLe répit est de courte durée. Une autre nuit debout commence alors : les yeux exorbités, le visage déformé par la haine, une horde sauvage de punks à chien, armée de barres de fer, de tessons de bouteilles, et de poings américains, débarque pour en découdre. Les intrus, qui tentent de résister pacifiquement, sont rapidement encerclés, et pour certains, en particulier les plus âgés, roués de coups. Les journalistes présents qui tentent de prendre des photos sont immédiatement menacés. Les passants, indifférents profitent du « spectacle  » en sirotant une bière comme devant un match de foot, tandis que la police arrive après la bataille. Certains observateurs jugent l'épisode anecdotique et renvoient dos à dos « Veilleurs » et « antifa ». C'est faire fi de la brutalité effrayante des assaillants. La scène, loin d'être insignifiante, témoigne au contraire de la déliquescence d'une partie de la jeunesse et de la gauche.

    Derrière des slogans aussi élaborés que « Cassez-vous les fachos ! » ou «connards d'homophobes ! », ces militants radicaux qui se revendiquent de Nuit debout  cachent mal leur vacuité idéologique. La déconstruction soixante-huitarde s'est muée en désintégration. L'anarchie joyeuse de la génération Cohn-Bendit en rage destructrice de la « génération radicale ». Le gauchisme culturel en inquisition vociférante. Au nom de la liberté, ces sans-culottes post-modernes font régner leur terreur. Au nom de l'antifascisme, ces résistants autoproclamés imposent leur loi. Leur combat politique n'est qu'un prétexte pour donner libre cours à leurs pulsions de violence. S'ils ne sont pas armés de kalachnikovs, leur mélange de fanatisme et de nihilisme est le même carburant que celui des pantins de Daech, décérébrés par le consumérisme et manipulés par les salafistes. Pascal Bruckner ne disait pas autre chose quand dans Le Figaro il s'inquiétait de la jonction éventuelle entre « les casseurs » et « les fous de Dieu ». Nous en sommes heureusement très loin, mais cette « nuit des morts-vivants » témoigne de la fragmentation inquiétante de la jeunesse française et de l'émergence d'une génération « zombifiée ». 

    Alexandre Devecchio           

    Alexandre Devecchio est journaliste au Figaro en charge du FigaroVox. Chaque semaine, il y observe le mouvement des idées. Il est également co-fondateur du Comité Orwell. Retrouvez-le sur son compte twitter @AlexDevecchio

  • Société • Quand le capital carbure au halal

     

    par Aristide Leucate 

    L’islam est un marché juteux, même s’il est particulièrement difficile de déterminer avec précision son importance économique. C'est ce qu'Aristide Leucate expose ici [Boulevard Voltaire 10.06] avec pertinence et, justement, précision.

     

    aristide-leucate.jpgEt si le « grand capital » était hautement plus responsable de l’islamisation de nos pays que les musulmans eux-mêmes, en dépit de leurs nombreuses et incessantes revendications communautaristes, elles-mêmes complaisamment relayées par des élus plus soucieux d’entretenir leur clientèle électorale que du bien commun ?

    À en croire notre quotidien vespéral de « référence », « comme l’explique l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler dans Comprendre le halal (Edipro, 2010), le marché halal a été inventé par les pays occidentaux, dans les années 1970-1980. Afin d’exporter leurs carcasses dans les pays musulmans, les producteurs de viande (comme le volailler Doux, par exemple) les ont abattues selon le rite halal. Il s’agissait alors d’un marché de “dégagement” pour des produits de faible qualité ou en surproduction. La demande a ensuite émergé en France par le biais des populations immigrées » (Le Monde, 8 juin).

    L’islam est un marché juteux, même s’il est particulièrement difficile de déterminer avec précision son importance économique – que l’on peut, malgré tout, estimer entre 3,5 et 5,5 milliards d’euros. Qui plus est, toujours selon Le Monde, ce marché « est en croissance continue, selon Nielsen : + 7,3 % entre 2015 et 2016, + 20 % depuis 2013. De quoi aiguiser l’appétit de certains acteurs industriels. »

    En outre assiste-t-on à une relative désinhibition marketing de ces mêmes industriels et de la grande distribution qui n’hésitent plus, aujourd’hui, à afficher plus clairement – jusque sur les ostensibles panneaux publicitaires ornant les couloirs du métro ou les entrées de villes et vantant des produits « fièrement halal » – leur ciblage ethnique. Il en va ainsi des marques plus spécifiquement halal comme Wassila, Zakia, Samia ou Isla Délice, jusqu’à celles plus généralistes comme Herta, Fleury-Michon, Pierre Martinet et même Labeyrie. De leur côté, les enseignes ne sont pas en reste et l’on ne compte plus les tapageurs « le goût de l’Orient » chez Auchan, « toutes les saveurs du ramadan » chez Carrefour, « Spécial Orient » chez Intermarché, sans oublier les chaînes de restauration rapide qui, à l’instar de KFC ou de Quick, ont, depuis longtemps, intégré le régime « sans porc » dans leurs menus. Chez ces gens-là, on ne fait déjà plus dans la dhimmi-mesure.

    Mais, depuis quelques années, le « business halal » étend consciencieusement son empire commercial et, s’aventurant au-delà des berges de l’alimentaire, accoste sur les rives, non moins lucratives, de la mode (Dolce & Gabbana, Yves Saint Laurent, Zara et leurs collections « spécial ramadan »), de la cosmétique ou de la finance. Les banques islamiques spécialisées dans le prêt non usuraire fleurissent, çà et là, allant même jusqu’à ouvrir leurs dépôts aux non-musulmans, à l’instar de NoorAssur, créée en 2012, qui assure que « la finance islamique est un compartiment de la finance responsable, non spéculative et éthique, l’éthique n’ayant ni couleur, ni religion ». L’argent n’a pas d’odeur, même chez les mahométans.

    Du moins le croit-on car, à la différence du christianisme qui, dès l’Évangile, fit son aggiornamento à l’égard du pouvoir temporel, l’islam est, par essence, une idéologie totale ne dissociant guère la cité d’Allah de celle des hommes (pour paraphraser Augustin d’Hippone). Dès lors, toute entreprise, fût-elle drapée dans le voile pudique des intentions ouvertement les moins prosélytes, sert nécessairement la cause de l’Oumma.

    En ce domaine, les parts de marchés sont commensurables aux conquêtes territoriales. L’implantation d’une mosquée n’est jamais neutre, le cultuel se tapissant prudemment derrière le culturel et, a fortiori, derrière l’économique. 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste 

  • Charles Maurras : Lorsque Proudhon eut les cent ans…

     

    A peine plus de cent-cinquante ans après sa mort [1865], Pierre-Joseph Proudhon ne cesse d’intéresser la réflexion contemporaine [voir plus loin]. Le mouvement socialiste français et européen eût sans-doute été très différent si les idées de ce penseur considérable y avaient prévalu sur celles de Marx. L'histoire du XXe siècle, probablement sauvée des totalitarismes, et la réalité du nôtre auraient été aussi tout autres. On sait qu'il y eut, autour des années 1910 et suivantes, un cercle Proudhon à l'Action française ; et l’on va voir que Maurras ne niait pas qu'on pût le ranger, « au sens large », parmi « les maîtres de la contre-révolution ». Le texte qu’on va lire ici est certes daté, motivé, comme souvent, par les circonstances. Maurras y exprime néanmoins, à grands traits, le fond de sa pensée sur Proudhon et y manifeste, après réserves et nuances, la considération tout à fait particulière qu’il a toujours eue pour ce grand penseur et patriote français.  Lafautearousseau

     

    Au lendemain du jour où l'Italie fête le centenaire de Cavour, nous verrons une chose horrible : le monument Proudhon, à Besançon, sera inauguré par M. Fallières*. Le fonctionnaire qui représente l'Étranger de l'intérieur, la créature des Reinach, Dreyfus et Rothschild officiera devant l'image du puissant écrivain révolutionnaire, mais français, à qui nous devons ce cri de douleur, qu'il jette à propos de Rousseau : « Notre patrie qui ne souffrit jamais que de l'influence des étrangers… »

    Les idées de Proudhon ne sont pas nos idées, elles n'ont même pas toujours été les siennes propres. Elles se sont battues en lui et se sont si souvent entre-détruites que son esprit en est défini comme le rendez-vous des contradictoires. Ayant beaucoup compris, ce grand discuteur n'a pas tout su remettre en ordre. Il est difficile d'accorder avec cet esprit religieux, qu'il eut vif et profond, sa formule « Dieu, c'est le mal », et, dans une intéressante étude du Correspondant, M. Eugène Tavernier nous le montre fort en peine d'expliquer son fameux « La propriété, c'est le vol ». Nous remercions Proudhon des lumières qu'il nous donna sur la démocratie et sur les démocrates, sur le libéralisme et sur les libéraux, mais c'est au sens large que notre ami Louis Dimier, dans un très beau livre, l'a pu nommer « Maître de la contre-révolution ».

    Proudhon ne se rallie pas à la « réaction » avec la vigueur d'un Balzac ou d'un Veuillot. Il n'a point les goûts d'ordre qui dominent à son insu un Sainte-Beuve. Ses raisons ne se présentent pas dans le magnifique appareil militaire, sacerdotal ou doctoral qui distingue les exposés de Maistre, Bonald, Comte et Fustel de Coulanges. La netteté oblige à sacrifier. Or, il veut tout dire, tout garder, sans pouvoir tout distribuer ; cette âpre volonté devait être vaincue, mais sa défaite inévitable est disputée d'un bras nerveux. On lit Proudhon comme on suit une tragédie ; à chaque ligne, on se demande si ce rustre héroïque ne soumettra pas le dieu Pan.

    Son chaos ne saurait faire loi parmi nous, et nous nous bornerions à l'utiliser par lambeaux si ce vaillant Français des Marches de Bourgogne ne nous revenait tout entier dès que, au lieu de nous en tenir à ce qu'il enseigne, nous considérons ce qu'il est. De cœur, de chair, de sang, de goût, Proudhon est débordant de naturel français, et la qualité nationale de son être entier s'est parfaitement exprimée dans ce sentiment, qu'il a eu si fort, de notre intérêt national. Patriote, au sens où l'entendirent les hommes de 1840, 1850, 1860, je ne sais si Proudhon le fut. Mais il était nationaliste comme un Français de 1910. Abstraction faite de ses idées, Proudhon eut l'instinct de la politique française ; l'information encyclopédique de cet autodidacte l'avait abondamment pourvu des moyens de défendre tout ce qu'il sentait là-dessus.

    Et, là-dessus, Proudhon est si près de nous que, en tête de son écrasant réquisitoire contre les hommes de la Révolution et de l'Empire, à la première page de Bismarck et la France **, Jacques Bainville a pu inscrire cette dédicace : « À la mémoire de P.-J. Proudhon qui, dans sa pleine liberté d'esprit, retrouva la politique des rois de France et combattit le principe des nationalités ; à la glorieuse mémoire des zouaves pontificaux qui sont tombés sur les champs de bataille en défendant la cause française contre l'unité italienne à Rome, contre l'Allemagne à Patay. »

    — Quoi ? Proudhon avec les zouaves pontificaux ?

    — Oui, et rien ne va mieux ensemble ! Oui, Proudhon défendit le Pape ; oui, il combattit le Piémont. Au nez des « quatre ou cinq cent mille badauds » qui lisaient les journaux libéraux, il s'écriait, le 7 septembre 1862 : « Si la France, la première puissance militaire de l'Europe, la plus favorisée par sa position, inquiète ses voisins par le progrès de ses armes et l'influence de sa politique, pourquoi leur ferais-je un crime de chercher à l'amoindrir et à l'entourer d'un cercle de fer ? Ce que je ne comprends pas, c'est l'attitude de la presse française dominée par ses sympathies italiennes. Il est manifeste que la constitution de l'Italie en puissance militaire, avec une armée de 300 000 hommes, amoindrit l'Empire de toutes façons. » L'Empire, c'est ici l'Empire français, dont je vois le timbre quatre fois répété sur mon édition princeps de La Fédération et l'Unité en Italie.

    « L'Italie », poursuivait Proudhon, votre Italie unie, « va nous tirer aux jambes et nous pousser la baïonnette dans le ventre, le seul côté par lequel nous soyons à l'abri. La coalition contre la France a désormais un membre de plus… » Notre influence en sera diminuée d'autant ; elle diminuera encore « de tout l'avantage que nous assurait le titre de première puissance catholique, protectrice du Saint Siège ».

    « Protestants et anglicans le comprennent et s'en réjouissent ; ce n'est pas pour la gloire d'une thèse de théologie qu'ils combattent le pouvoir temporel et demandent l'évacuation de Rome par la France ! » Conclusion : « Le résultat de l'unité italienne est clair pour nous, c'est que la France ayant perdu la prépondérance que lui assurait sa force militaire, sacrifiant encore l'autorité de sa foi sans la remplacer par celle des idées, la France est une nation qui abdique, elle est finie. »

    Portrait_of_Pierre_Joseph_Proudhon_1865.jpgEt, comme ces observations de bon sens le faisaient traiter de catholique et de clérical, « oui », ripostait Proudhon, « oui, je suis, par position, catholique, clérical, si vous voulez, puisque la France, ma patrie, n'a pas encore cessé de l'être, que les Anglais sont anglicans, les Prussiens protestants, les Suisses calvinistes, les Américains unitaires, les Russes grecs ; parce que, tandis que nos missionnaires se font martyriser en Cochinchine, ceux de l'Angleterre vendent des Bibles et autres articles de commerce. » Des raisons plus hautes encore inspiraient Proudhon, et il osait écrire : « La Papauté abolie, vingt pontificats pour un vont surgir, depuis celui du Père Enfantin, jusqu'à celui du Grand Maître des Francs-Maçons » , et il répétait avec une insistance désespérée : « Je ne veux ni de l'unité allemande, ni de l'unité italienne ; je ne veux d'aucun pontificat. »

    Deux ans après avoir écrit ces lignes, Proudhon expirait ; assez tôt pour ne pas assister à des vérifications qui devaient faire couler à flots notre sang, mutiler notre territoire, inaugurer le demi-siècle de l'abaissement national ! Cet « immense échec » qu'il avait prévu sans parvenir à comprendre, comme il le disait encore, « l'adhésion donnée par la presse libérale française à cette irréparable dégradation », confirma point par point ce regard d'une sublime lucidité. L'unité italienne et l'unité allemande nous ont fait perdre tout à tour la prépondérance qu'assurait notre force militaire et l'autorité qu'imposait notre foi. Le cléricalisme a été vaincu, le pape dépouillé, et l'on nous a imposé ce gouvernement dont la seule idée stable est l'abaissement du Saint-Siège, le règne de la franc-maçonnerie et de ses grands maîtres divers. Si l'Empereur a disparu, sa politique dure ; la parti républicain en a été quarante ans légitime et fidèle héritier.

    Certes, et nous l'avons dit, avec Dumont, avec Georges Malet, avec le Junius de L'Écho de Paris, aux avocats de l'empereur : rien n'efface cette responsabilité napoléonienne que Napoléon III lui-même rattache à la tradition de Napoléon Ier ; mais la vérité fondamentale établie, il faut en établir une autre et rappeler aux hommes de gauche, que leurs aînés, leurs pères, leurs maîtres et, pour les plus âgés, eux-mêmes, en 1860, ils étaient tout aussi Italiens et Prussiens que Napoléon III ! Sauf Thiers, en qui s'était réveillé l'ancien ministre de la monarchie, l'élève de Talleyrand, qui fut l'élève de Choiseul, tous les républicains et tous les libéraux du dix-neuvième siècle ont été contre le Pape et contre la France avec l'Empereur des Français. Il faut relire dans Bismarck et la France ces textes décisifs auxquels nous ramène Bainville ; le ministre Ollivier développant à la tribune la thèse idéaliste des nationalités et M. Thiers, traditionnel pour la circonstance, s'écriant : « Nous sommes ici tantôt Italiens, tantôt Allemands, nous ne sommes jamais Français », toute la gauche applaudissait qui ? Émile Ollivier ! Guéroult défendait l'unité allemande, Jules Favre, un des futurs fondateurs de la République, déclarait le 4 juillet 1868 que nous n'avions « aucun intérêt à ce que les rivalités se continuent entre les deux parties de l'Allemagne » !

    Telle était la tradition révolutionnaire impériale ou républicaine et Proudhon s'y étant opposé presque seul, la présence de M. Fallières au monument de Proudhon est plus qu'un scandale, c'est un contresens. Je partage sur la personne de M. Fallières le sentiment de Léon Daudet l'appelant le plus lâche et le plus méprisable des ruminants ; et l'appréciation de Jacques Delebecque, telle qu'on la lira plus loin sur l'harmonie de cet animal et de la fonction constitutionnelle, me semble l'expression de la vérité pure. Mais le nom de Proudhon met en cause plus que la personne ou la magistrature de M. Fallières ; le nom de Proudhon met en accusation le régime avec son revêtement de blagologie nuageuse, avec son fond de sale envie et de bas appétits. Ce grand nom de Proudhon frappe d'indignité et Fallières, et sa présidence et la démocratie parce qu'il évoque le grand nom de la France et l'étoile obscurcie de notre destin national. Ce régime ne signifie que le pontificat de la maçonnerie que Proudhon avait en horreur. Il ne figure rien que les hommes et les idées que Proudhon combattait en France, en Europe, partout. Proudhon était fédéraliste ; que lui veut cette république centralisatrice ? Il était syndicaliste ; que lui veut cette république étatiste ? Il était nationaliste et papalin ; que lui veut cette république anticatholique, antifrançaise ?

    Je ne sais quelles bouffonneries l'on débitera à la louange de ce grand écrivain sorti, comme Veuillot et tant d'autres, des entrailles du peuple ; mais les lettrés devront répondre à la venue de M. Fallières par la dérision et le peuple par les huées.

     

    Charles Maurras   
    * Les 13, 14 et 15 août 1910, à Besançon, est inaugurée une statue en bronze de Pierre-Joseph Proudhon, réalisée par le sculpteur bisontin Georges Laethier. La décision d'ériger cette statue dans sa ville natale a été prise un an auparavant à l'occasion du centenaire de sa naissance et a donné lieu à une souscription et a un concours de sculpteurs. La statue n'existe plus, fondue (comme de nombreuses autres) par les nazis durant l'Occupation. Elle a été remplacée par la suite.
    **1907 
    Paru dans les Cahiers du Cercle Proudhon, n° 1 de janvier 1912 (le texte date de 1910).
  • Réflexion et débat passionnants sur le socialisme à la française et Proudhon

     

    Un débat exceptionnel sur TV Libertés. Dans « Les idées à l’endroit », avec Alain de Benoist, découvrez un dialogue de haut vol avec un invité exceptionnel : Michel Onfray mais aussi Olivier François et Thibault Isabel. Tous ensemble, ils s’intéressent au sociologue français Pierre-Joseph Proudhon. 

     

    TV Libertés

     

    Pour aller plus loin sur Pierre-Joseph Proudhon voir aussi l'entretien du Cercle Henri Lagrange avec Thibault Isabel…

     

     Cercle Henri Lagrange

  • Jusqu’où ?

     

    par Hilaire de Crémiers

    Tout se dégrade très vite dans le système actuel. La question est de savoir jusqu’où le pays peut descendre.

     

    157e493dd19d0d2ee135205f081739f9_Hilaire.jpgJusqu’où ? C’est la question que se pose tout le monde. Une minorité de blocage peut-elle arrêter toute la France ? Qu’est-ce que la CGT ? Aujourd’hui ? Et Sud ? Et l’UNEF ? Martinez et Martinet ont-ils tant de pouvoir ? Que représente au juste ce syndicalisme ? Des pourcentages dérisoires, tout le monde le sait. Mais ce sont eux qui mènent la danse. Ils ont la volonté de nuire. Apparemment ils en ont la capacité. Les autres salariés, à leur corps défendant, contraints, résignés ou finalement entraînés, leur laissent la situation en main. FO se mettra-t-elle sur la même ligne ? Les réformistes ne peuvent pratiquement rien. Qui peut quoi ?

    En cette fin de mois de mai où nous mettons sous presse, les raffineries et les dépôts d’essence sont bloqués les uns après les autres. Le gouvernement a tenté d’en libérer deux, mais la CGT a décidé de contourner les forces de l’ordre et de reprendre ses positions. Elle y mettra les moyens et arrivera sans doute à ses fins. L’activité dans les zones qui sont pour le moment les plus touchées, commence à sérieusement se ralentir : en particulier tout ce qui relève du transport, hommes et marchandises, et c’est beaucoup de nos jours, ainsi que tout ce qui fonctionne au pétrole et à ses dérivés. Le reste s’en ressent : plus de livraison. Demain tout le pays peut être paralysé. Il suffit de peu : quelques jours à peine. La CGT n’a rien à perdre, tout à gagner ; elle joue maintenant sa crédibilité. Elle sera la centrale syndicale qui, au prétexte de défendre la cause des salariés, se sera imposée au gouvernement ; c’est le but recherché.

    Elle s’en sortira toute ragaillardie. Elle s’affaiblissait ; la radicalisation la renforce. Les autres seront dans l’obligation de suivre ou elles seront soupçonnées de trahison. Telle est la logique toute simple qu’elle met en place, nationalement et vigoureusement. Donc elle n’a aucune raison de plier devant les ordres du gouvernement. Pour elle, Hollande et Valls ne comptent plus, la gauche gouvernementale non plus ; ils sont catalogués définitivement comme « sociaux-traîtres ». Le grand patronat, elle le toise, et il va voir ce qu’il va voir ; quant aux Français moyens, aux usagers, aux artisans, commerçants, à tous ceux qui travaillent pour vivre, la CGT s’en moque comme d’une guigne. Tout doit être sacrifié pour le combat qui, comme toujours en pareil cas, est décisif.

    Tout sera affecté très vite

    Rien à cette heure n’arrête le mouvement enclenché. La SNCF, la RATP, vont progressivement s’essayer à la grève ; à partir de début juin elle sera reconductible systématiquement. Les dockers se mettent de la partie : les ports seront entravés. Les aéroports vont subir des grèves. Après les transports, l’énergie. Une centrale nucléaire, celle de Nogent-sur-Seine, débute au jour d’aujourd’hui le débauchage. Tout sera fait pour que les autres suivent ; ça peut aller très vite et très loin.

    Le jeu devient dangereux à tout point de vue, y compris la maintenance. C’est fait exprès, comme tout le reste. Plus d’électricité ? Qui imagine les conséquences dans la société si fragile et si dépendante d’aujourd’hui ? Tout serait, sera affecté, et peut-être dès le début du mois de juin : usines, hôpitaux, services, transports, informatique, tout. Et l’Euro de football ? La CGT brandit là l’arme de dissuasion massive. Elle en a encore d’autres avec sa fidèle alliée l’UNEF : reproduire le schéma de 1968, mettre en l’air les examens et casser un peu plus les universités et l’Éducation nationale. Il est si facile de se croire des héros, à peu de frais.

    Que peut faire le gouvernement ? Rien ou très peu de chose. Alain Vidalies, le très improbable secrétaire d’État aux Transports, du même tabac que ses tout aussi inconsistants congénères du gouvernement, n’expliquait-il pas encore fin mai qu’il n’y avait aucune pénurie d’essence, que tout allait bien et qu’il n’y avait pas de souci à se faire ? Le gouvernement avait la situation en main. Le « ça va mieux » d’Hollande, repris en boucle ! Le pouvoir pour lequel visiblement aucun d’entre eux n’est fait, les rend tous idiots. Valls déclare d’une voix ferme que « la voie où s’engage la CGT est sans issue ». Soit. Puis il martèle devant les députés : « la CGT ne fait pas la loi dans ce pays ». Et alors ? Pense-t-il que Martinez et Martinet en seront impressionnés ?

    Ni Juppé, ni Fillon, ni Chirac, ni Villepin n’ont fait reculer les syndicats et la rue. Ils ont tous été obligés de retirer leurs lois. Chirac, président, a même fait mieux avec la loi dite du CPE en 2006 : il l’a promulguée et abrogée le même jour ! Valls n’a tenu ferme que devant la Manif pour tous : des catholiques dans la rue et par centaines de milliers, c’était bon à gazer. La République n’avait pas peur : elle arrêtait et jugeait à tour de bras. Alors pas de pitié ; la loi était la loi ; pas question de céder. Et, de fait, les foules catholiques sont gentilles et, au fond, si dociles. Le gouvernement n’affrontait aucun risque. « Nous ne lâcherons rien », criaient les manifestants ; c’est le pouvoir qui n’a rien lâché !

    Le bras de fer

    Aujourd’hui, il en va différemment. Tout le monde parle d’un bras de fer. La « légalité » républicaine a en face d’elle une « légitimité » démocratico-révolutionnaire qui, idéologiquement et selon l’échelle de valeurs du système, vaut plus qu’elle, car pareille légitimité qualifiée de populaire est, à l’origine et par principe, la véritable source de la prétendue légalité. Telle est la rhétorique d’une implacable logique. Et toute cette gauche ne connaît que cette rhétorique avec laquelle ils ont tous été élus et dont ils vivent. Hollande et Valls également. Il suffit de rappeler leurs discours de naguère.

    Or, en un mot, selon cette rhétorique démocratique, ce gouvernement de gauche qui a été élu par les voix de gauche, n’est plus véritablement de gauche. A preuve, la loi El Khomri qui a été faite « pour le patronat » et dans l’intention d’assouplir le marché du travail en changeant « la hiérarchie des normes sociales ». Peu importe s’il ne reste pratiquement plus rien de ladite loi et si même les accords dits d’entreprise sont réduits à la portion congrue. L’argumentaire est repris inlassablement : le droit du travail serait remis en cause ; on crie à la précarisation des salariés. Le peuple de gauche se révolte.

    Il accuse – et fort justement – Hollande de mensonge ; il ne tient pas ses promesses ; et de fait ! Que n’a-t-il promis pour gagner des voix à gauche et à l’ultra-gauche ? Tout était bon à l’époque. C’était oublier que, tout socialiste qu’il fût et bien qu’il maniât rhétoriquement l’exécration à l’égard de la finance et de l’argent, il était tenu lui aussi comme tout politicien par l’argent et les hommes d’argent, soumis à la finance nationale et internationale et, tout simplement, dépendant de Bruxelles dont il est un affidé et un obligé consentant. Hollande, comme tous les autres, ne peut que suivre des consignes et la France, depuis des décennies, et plus gravement encore ces derniers temps, se trouve ainsi mal prise entre, d’une part, son socialisme d’État auquel elle semble consubstantiellement vouée, et, d’autre part, un libéralisme imposé de manière tout aussi autoritaire et contraignante par les instances européennes. Au fond, Hollande est comme les autres ; il n’a jamais choisi. L’affaire lui retombe sur le nez.

    Que manque-t-il ?

    Et la France subit les inconvénients des deux systèmes opposés, aussi totalitaires l’un que l’autre et qui la tiraillent en tout sens. Elle n’a plus personne pour lui définir sa voie. à la tête de l’État, elle a un homme qui n’a jamais réfléchi à ces questions, qui récite en public ses fiches de grand dadais d’étudiant et ses consternantes banalités de politicien démagogue et immature : l’Europe et la social-démocratie ! Son univers de mots ! Valls n’a aucune idée, sinon celle de jouer un rôle qui le revêt d’importance. Il s’identifie à la République. Mais laquelle ? Sans majorité ? Ni populaire ni parlementaire ? Pendant que Macron marque sa différence et se place pour un avenir de plus en plus proche, hors de la pagaille gouvernementale.

    Ce mauvais film peut-il durer longtemps ? L’Euro foot commence dans quelques jours ; après il y aura le Tour de France. La CGT en profite pour continuer la pression. La loi El Khomri est maintenant au Sénat. La droite sénatoriale va la remanier. Elle repassera à l’Assemblée nationale. Leroux, le chef des députés socialistes, est à la manœuvre : il pensait trouver un accommodement en réécrivant l’article 2 qui aura perdu tout intérêt, afin de séduire syndicats et députés et ainsi empêcher si possible la motion de censure en cas de 49-3. Valls l’a rappelé à l’ordre. Il se rigidifie. Pour casser ? Serait-ce son issue ? Tête haute… et préservant son avenir, aujourd’hui compromis ? Ou va-t-il céder ?

    Voilà ce qu’on appelle dans les démocraties avancées, en France singulièrement, faire de « la politique ». Le peuple français dans son fond en est dégoûté. Les candidats de droite prétendent prendre la suite l’an prochain, à grands coups de réformes dont aucune ne va à l’essentiel : leurs programmes sont tout aussi trompeurs ? Ce n’est pas de la politique, ce sont des chiffres.

    La République française n’est plus qu’un mensonge officiel qui couvre des bandes et des gangs qui rêvent tous de passer à l’assaut de l’État. Les cassures sociales se multiplient ; le monde musulman évolue de plus en plus à part comme l’ont montré encore récemment les journées du Bourget.
    La police et les forces de l’ordre sont excédées, épuisées. Le gouvernement en use et en abuse. Une voiture de police a brûlé, ses occupants ont failli être assassinés. La justice relâche les coupables ! L’atmosphère nationale se dégrade tous les jours; l’économie ne peut pas se restaurer dans un tel environnement malgré les discours lénifiants des zozos qui nous gouvernent. Il suffit qu’une panique s’empare de nos créanciers pour que les finances de la France s’effondrent.

    Nul ne sait ce que sera l’Europe de demain. L’Autriche nous a donné en mai un fort signal, l’Angleterre, en ce mois de juin, un autre. Quelle illusion de croire que tout continuera comme avant ! Les prochains attentats surprendront tout autant que les précédents. Il manque à la France un gouvernement de salut public. Pas révolutionnaire. National.   

  • Éric Zemmour : À Béziers, une défaite aux allures de prise de conscience

     

    Éventuellement pour en débattre, l'analyse d'Éric Zemmour : - Le rassemblement voulu par Robert Ménard est arrivé trop tard pour influencer les programmes des candidats à la présidentielle. Et trop tôt pour éclairer l'électorat du FN sur l'impasse de la ligne solitaire de sa patronne. [FigaroVox 3.06].

     

    522209694.jpgBien sûr, il y eut le claquement de portes si médiatique de Marion Maréchal-Le Pen. Bien sûr, il y eut la maladresse de Robert Ménard refusant ostensiblement d'être « le marchepied du Front national », alors qu'il s'est allié à ce parti pour conquérir la ville de Béziers. Bien sûr, il y eut les sifflets ici ou là dans la salle, des mouvements d'humeur. Bien sûr, il y eut les désillusions des libéraux modérés découvrant, effarés, la « radicalisation » de la base.

    Mais, à Béziers, l'essentiel était ailleurs. Robert Ménard avait voulu ce rassemblement pour faciliter la jonction entre les « Républicains » et le Front national. En tout cas la branche catho-libérale du FN, hostile à la ligne « gauchiste » de Florian Philippot, et la droite souverainiste de LR, hostile à Alain Juppé. Il a échoué sur toute la ligne. Marion Le Pen est rentrée chez sa tante ; et aucun leader de LR n'est venu. La première, malgré son jeune âge et ses convictions solides, ne méconnaît pas les logiques de parti ; et les seconds sont tous devenus des centristes qui appliquent le programme économique libéral voulu par Bruxelles et sont acquis, sans le dire, au multiculturalisme. Alain Juppé dit tout haut ce que tous, même Nicolas Sarkozy, pensent tout bas.

    Cette alliance impossible avant Béziers l'est demeurée après. Béziers est donc un échec. C'était écrit. C'était non une question de convictions ou d'ego, mais de tempo. Béziers est venu trop tôt ou trop tard. Trop tard pour influencer les programmes des candidats du FN et des Républicains à la présidentielle. Trop tôt pour éclairer l'électorat du FN et lui faire admettre que la ligne solitaire de sa patronne est une impasse. Une impasse valeureuse et puissante à 30 % des voix mais une impasse quand même, puisque même le général de Gaulle n'a pas gagné la présidentielle au premier tour !

    Alors, Béziers restera avant tout la ville où le « peuple de droite » a fait comprendre à ceux qui ne voulaient pas le comprendre où était l'essentiel : immigration, islam. Les journalistes se moqueront ou mépriseront, mais les classes populaires françaises, les fameux habitants du « péri-urbain », craignent avant tout « le grand remplacement ». Car ce grand remplacement n'est ni un fantasme paranoïaque, comme le prétendent les journalistes, ni même une manifestation ridicule de complotisme, comme en sont persuadés les leaders du FN eux-mêmes, mais la réalité, une réalité lente et inexorable mais impitoyable que vivent ceux qu'on ne veut pas entendre. Ce n'est pas pour rien si Renaud Camus fut le personnage le plus acclamé à Béziers et si ses thèses sur la « remigration » font peu à peu leur chemin dans les têtes. Un chemin lent et inexorable… 

    Eric Zemmour           

  • « Qui est l'ennemi ? » : L'exception Le Drian ...

     

    Il est de toute évidence parmi les ministres d'un gouvernement de bras cassés, celui qui parle le moins, qui s'exhibe le moins, et, en même temps, celui qui aurait tout â la fois, le plus de choses à dire, et probablement - fonction oblige - le plus de choses à taire. Sans-doute est-il aussi le plus compétent et, en tout cas, le plus efficace de cette malencontreuse équipe. Il fait, simplement, son travail. Dans « Qui est l'ennemi ? » Jean-Yves Le Drian réunit le fruit de ses réflexions sur les objectifs de la défense nationale. Un ouvrage qui a éclairé Eric Delbecque [Figarovox 1.06]. D'où l'intéressante recension qui suit.  LFAR

     

    sans-titre.pngLe livre Qui est l'ennemi de Jean-Yves le Drian aux éditions du Cerf est une bonne surprise. On appréhende toujours la parution d'un ouvrage d'un homme ou d'une femme politique. Que craint-on ? Une tentative d'autojustification ou une volonté de surfer sur l'air du temps. L'honnêteté commande de préciser qu'un a priori identique pèse désormais sur les « vitrines littéraires » des grands chefs d'entreprise. L'écrit papier est entré depuis bien des années dans la dynamique classique de la communication d'influence des grands dirigeants, même à l'ère du numérique. Or, ce n'est pas le cas de cette réflexion du ministre de la Défense sur la notion d'ennemi. Il est devenu tellement rare qu'un responsable ministériel fasse «  du fond» que l'on en demeure tout étonné…

    Clairement, on ne trouvera pas dans ses pages une logique intellectuelle dissidente (cela n'aurait d'ailleurs pas vraiment de sens pour un individu qui occupe cette fonction), mais la réaffirmation d'une préoccupation conceptuelle absolument indispensable pour quelqu'un dont la défense de la nation est la mission quotidienne.

    Que rappelle-t-il ? Que la guerre se pense ; ce qui implique de savoir définir l'ennemi ! Une évidence? Certes non dans le présent que les médias nous offrent. Les principes de base méritent désormais d'être récapitulés. Jean-Yves Le Drian parcourt donc à raison l'histoire de la guerre, des conflits classiques d'avant la Révolution française à la guerre totale, en passant par celle - napoléonienne - des nations. Ce qui lui permet de relever la particularité des confrontations contemporaines sans affirmer trop facilement que la lutte contre Daech s'inscrit dans le combat contre la figure du partisan. Au-delà du fait qu'il précise que l'ennemi n'est pas le rival, qu'il incarne un « Autre » radical, et qu'il se définit grandement de nos jours comme l'acteur collectif ou individuel qui agresse le premier, le ministre propose une tentative intéressante de caractérisation de Daech en mettant en lumière quelques faits utiles: ce n'est pas authentiquement un Etat, même si sa structure en présente certains traits ; c'est une idéologie particulièrement belliciste qui n'entend pas cesser ses assauts contre ceux qu'ils nomment les « judéo-croisés » ; c'est un phénomène politico-idéologique entretenant une indiscutable parenté avec la logique totalitaire. On peut d'ailleurs se réjouir que l'auteur n'oublie pas les fondamentaux et s'appuie sur Raymond Aron pour construire son analyse. Cela nous change de l'actuel nivellement des références…

    Un autre intérêt déterminant de ce petit texte consiste à lancer une piste insuffisamment exploitée. Même si des causes conjoncturelles ont pu « créer » Daech, les individus que la galaxie djihadiste recrute comptent au nombre des adversaires structurels des démocraties, et de la France en particulier. Ce qui fonde une réponse armée et lucide (n'espérant pas les convertir aux avantages de la négociation). Le ministre met enfin l'accent sur ce qui devrait nous obséder au plus haut point : vaincre Daech nécessite de comprendre que nous nous situons à l'intérieur d'une colossale guerre de l'information. Cependant, on ne fait pas militairement la guerre à une idéologie : il importe donc de contrer une propagande professionnalisée par une riposte informationnelle déconstruisant le discours des djihadistes. De ce point de vue, il apparaît que notre Etat est parfaitement démuni…

    Dernière chose à remarquer dans ces lignes ministérielles : une évocation de la « contestation de la domination technico-militaire occidentale » via le recours à un livre bien connu des spécialistes, La guerre hors limites, de Qiao Liang et Wang Xiangsui, deux officiers chinois. Ce texte fondamental explique l'émancipation de la guerre de la seule sphère militaire et son extension à de multiples espaces : économique, informationnel, numérique, etc. La référence interpelle car le personnel politique ne descend qu'exceptionnellement dans ce théâtre doctrinal un peu pointu…

    Au final, on termine cette lecture en imaginant un homme consciencieux et honnête, qui formule des interrogations liées mécaniquement à ses responsabilités (sans trop sombrer dans le service après-vente de ses propres actions) et qui n'est guère friand des escarmouches politiciennes et des dérisoires micro-crises médiatiques peuplant nos écrans… Même si l'on ne partage pas l'ensemble des analyses de Jean-Yves Le Drian, cela fait un bien fou et stimule l'esprit.  

    Eric Delbecque    

    Eric Delbecque est directeur du département intelligence stratégique de SIFARIS, chef du pôle intelligence économique de l'IFET et auteur de Idéologie sécuritaire et société de surveillance (Vuibert, 2015).