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Actualité France - Page 381

  • Livres & Actualité • Êtes-vous Érasme ou Machiavel ? par Éric Zemmour

     

    La réédition d'un des classiques de la philosophie politique de la Renaissance n'a pas pris une ride. Et elle provoque ces réflexions d'Eric Zemmour [Figarovox 23.06] dont les dirigeants européens, à l'heure du Brexit, pourraient bien faire leur profit s'ils avaient le temps et le goût de lire. Les lecteurs de Boutang ne manqueront pas d'y retrouver la figure du Prince chrétien. Peut-être la plus actuelle de toutes celles qui pourraient sauver nos sociétés de la médiocrité contemporaine et notre civilisation de son déclin. Ceux de Maurras y retrouveront l'antique sagesse de la philosophia perennis, la sagesse éternelle.  Lafautearousseau

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgOn devrait offrir ce livre à Pierre Moscovici. Et à tous ceux qui, comme notre commissaire européen, nient avec véhémence les racines chrétiennes de l'Europe. Tous ceux qui, comme lui, crient au racisme ou à l'islamophobie lorsqu'un impudent ose paraphraser le général de Gaulle en rappelant les origines gréco-romaines et judéo-chrétiennes des peuples français et européens. Cet ouvrage est L'Éducation du prince chrétien, d'Érasme. Il s'intitule aussi : Ou l'art de gouverner. À l'époque, cher Pierre, les deux expressions sont synonymes.

    L'éditeur a eu la bonne idée d'inscrire la version originale en latin face à sa traduction en français. Encore un clin d'œil sarcastique à une de nos éminences socialistes de la Rue de Grenelle. La prose est ciselée, élégante et concise. Il n'y a pas une page qui ne soit truffée de références aux philosophes grecs, aux empereurs romains et aux prophètes juifs, donnés alternativement en modèles ou repoussoirs à nos princes chrétiens. Érasme fut un de ces grands humanistes de la Renaissance sur les épaules de qui nous autres, pauvres nains modernes, continuons de nous pavaner, même Pierre Moscovici.

    L'Éducation du prince chrétien est un de ses livres les plus célèbres qui fut un énorme «best-seller» à son époque, traduit dans toute l'Europe. Son inspiration nous montre que la Renaissance ne fut pas cette entreprise de déchristianisation que nos contemporains futiles veulent y voir. Érasme était un grand lettré, écrivant en latin et lisant le grec ancien, mais n'en continuait pas moins l'œuvre de l'Église qui, dès le Moyen Âge, avait élaboré un portrait du prince idéal, soucieux du bien commun, la fameuse Res publica, tout en s'efforçant de corseter les instincts belliqueux des princes et de limiter les dommages des guerres sur les populations. Son véritable opposant n'est donc pas l'Église, même si l'ouvrage d'Érasme sera mis à l'index dans la fureur de la Contre-Réforme par le concile de Trente en 1559, mais Machiavel.

    Les deux hommes sont nés la même année, en 1469. Leurs sources antiques sont les mêmes, mais ils n'en font pas le même usage. Ils partent du même mot en latin, virtus, mais n'en ont pas la même lecture. Pour Érasme, virtus donne vertu, au sens où nous l'entendons aujourd'hui, tempérance, mesure, justice, paix. Avec Machiavel, on revient à l'étymologie de virtus: vir en latin signifie homme ; et la « vertu » devient pour l'italien cette quête indispensable de l'énergie virile amollie par les « vertus » féminines.

    Érasme vient de Vénus et Machiavel de Mars. Érasme appelle tyran ce que Machiavel appelle grand prince. Érasme façonne un roi-philosophe à la Platon ; Machiavel, un politique retors et impitoyable. Celui-ci recommande à son prince d'être à la fois « lion et renard » quand celui-là rejette ces comparaisons animalières en citant Diogène à qui on demande quel est l'animal le plus nuisible: « Si tu parles des bêtes sauvages, c'est le tyran ; si tu parles des animaux domestiques, c'est le flatteur.»

    Il est vrai que les deux hommes ne conseillent pas le même personnage. Érasme écrit à un jeune homme de seize ans qui s'apprête à hériter d'un Empire déjà édifié : Charles Quint ; Machiavel murmure à l'oreille d'un prince italien qui rêve d'unifier l'Italie derrière lui : Laurent de Médicis. « Les mots domination, empire, royaume, majesté, puissance, sont païens et non chrétiens ; le pouvoir chrétien n'est rien d'autre que l'administration de l'État, la bienfaisance et la protection.» Érasme est l'anti-Machiavel. Les monarques de la Renaissance furent dès lors sommés d'être Machiavel ou Érasme, comme plus tard on serait Voltaire ou Rousseau, de Gaulle ou Pétain, Sartre ou Camus, Rolling Stones ou Beatles.

    Mais trêve de plaisanterie. Machiavel restera l'éclatant et révéré maître à penser de nos grands politiques et de nos grands conquérants ; Érasme est le père spirituel souvent méconnu de nos monarchies administratives et de nos États-providence. Machiavel sépare la morale privée de la morale publique ; Érasme cherche à les réconcilier. La grande lignée politique française, de Richelieu à de Gaulle, en passant par Bonaparte, est fille de Machiavel. Mais les pacifistes à la manière de Jaurès ou de Briand, ou les démocrates-chrétiens pères de l'Union européenne d'après-guerre, ou même les partisans du droit d'ingérence au nom des droits de l'homme, sont sans le savoir les héritiers d'Érasme. La paix est le bien suprême d'Érasme, la guerre est pour Machiavel la continuation de la politique par d'autres moyens.

    Mais les deux hommes sont aussi complémentaires qu'ils sont opposés. Machiavel sert à conquérir le pouvoir, Érasme à le conserver. Machiavel gagne les élections, Érasme gère le pays. Certains de ses préceptes devraient inspirer nos gouvernants actuels : « Le meilleur moyen pour un prince d'augmenter ses ressources est de limiter ses dépenses… Ce n'est pas la quantité des lois qui fait la santé de l'État.» Pour les défenseurs impénitents de l'assistanat : « Le prince doit veiller tout particulièrement à garder le moins possible de ces oisifs au sein de son peuple: soit il les poussera à travailler, soit il les expulsera du pays.» Pour les obsédés de l'égalité, qui confine à l'égalitarisme : « Il n'y a pas d'égalité quand tous ont les mêmes prérogatives, les mêmes droits et les mêmes honneurs. C'est même là parfois la pire inégalité.» Pour tous les maniaques du PNB : « Il y a trois sortes de biens : les biens de l'âme, les biens du corps, et les biens extérieurs ; il faudra veiller à ne pas mesurer le bonheur de la cité essentiellement par les biens extérieurs.» Et l'avertissement le plus actuel pour François Hollande qui vaut cent sondages, venu directement d'Aristote : « Deux mots renversent les pouvoirs : la haine et le mépris.»

    Enfin, un petit dernier pour la route : « Il ne faut pas se lier étroitement à des peuples qu'une religion différente nous rend étrangers… Ces peuples, nous ne devons ni les faire venir vers nous ni tenter de les approcher.» Un ultime cadeau pour vous, cher Pierre… 

    Eric Zemmour           

  • Médias • Jean-Michel Apathie, un journaliste aux basques du système

     

    par Aristide Leucate

    Jean-Michel Apathie fait partie du système, ne s’en cache pas et peut même, à l’occasion, en incarner la quintessence jusqu’à la caricature. Comment s'opposer au Système ? Antiquus, dans les commentaires de Lafautearousseau donne la juste réponse : « Ne rien laisser passer (...) pointer tous les mensonges, les tentatives de pervertir les esprits. Mettre en lumière toutes les contradictions, les incohérences et les intentions équivoques. Ne jamais se laisser amollir par une apparence de sincérité. Combattre inlassablement la république. » C'est ce qu'Aristide Leucate fait ici, à propos de Jean-Michel Apathie, dans cet excellent billet. [Boulevard Voltaire, 22.06].

     

    3266751844.jpgJean-Michel Apathie fait partie du système, ne s’en cache pas et peut même, à l’occasion, en incarner la quintessence jusqu’à la caricature. De ce point de vue, on citera Jean-François Kahn, autre tenancier dudit système, le talent et l’intelligence en plus : « C’est un type d’une arrogance incroyable. Il pense être les médias à lui tout seul, ne supporte aucune critique. C’est un excellent intervieweur mais un mauvais chroniqueur, qui mouline deux idées obsessionnelles, le déficit et la dette, alors qu’il nous fait le coup de l’objectivité incarnée ! » (Le Monde, 18 avril 2013).

    Arrogant est le mot. Mais encore, dispensateur de leçons, livreur de satisfecit en tout genre, parangon des vertus démocratiques. Et puis aussi représentant d’une certaine anti-France, celle du mépris de caste pour les petites gens et leurs défenseurs (au hasard), Zemmour, Le Pen, Dupont-Aignan.

    Dans le dernier numéro du mensuel politique de la rive gauche, Charles, Apathie revient sur ces personnalités qui eurent l’outrecuidance de commettre le crime de lèse-Apathie. Pour ce dernier, Dupont-Aignan est un « crétin », Zemmour un indécrottable « misogyne » « d’extrême droite » et Marine Le Pen une « conne » atrabilaire et « violente ». Fermez le ban, circulez, il n’y a rien à voir !

    Munis de tels viatiques, les intéressés n’ont plus qu’à balancer leurs frusques « réacs » achetées à La Belle Jardinière, et à opter pour une enseigne plus « fun », plus « 2.0 », comme disent les « métrosexuels », s’ils souhaitent regagner l’estime de cet ancien militant du PS aux basques du système.

    Le premier eut l’affront de lui demander, sur le plateau du « Grand Journal » de Canal+ (13 avril 2012), de dévoiler son salaire qu’il jugeait vraisemblablement mirobolant au regard de son utilité pseudo-journalistique dans un PAF (paysage audiovisuel français) sursaturé de saltimbanques se prenant pour Rouletabille. L’autre se récria, furibard, phobique, à l’instar de Dracula face au soleil. Pourtant, ce « pilier du “Grand Journal” [dont les] interventions sont à la croisée de l’information et du divertissement » (sic) percevait, « au titre de sa participation au “Grand Journal”, 400.000 euros par an […], soit 1.200 euros par prestation quotidienne » ainsi qu’« un salaire annuel de 250.000 euros comme directeur adjoint de la rédaction de RTL » (Emmanuel Schwartzenberg, « Les stars TV soumises à l’impôt Hollande ? », Le Figaro, 16 avril 2012).

    Pour ce phénix autoproclamé dont le brio intellectuel éclatant devrait nous aveugler, Apathie se défend plutôt mal. Versant dans un nominalisme affligeant, celui-ci ne suggère pas moins que, pour Dupont-Aignan, « à partir d’un certain salaire, on n’aurait plus le droit d’exercer un métier ? C’est très crétin, comme attitude. » Savoureux, venant de ce natif des Pyrénées… eût relevé Léon Bloy.

    Mais, en définitive, ce manque de perspicacité est symptomatique de ce que le grand reporter Jean-Jacques Cros appelle ces « journalistes d’en haut […] excessivement bien payés, apparaiss[a]nt dans les pages de la presse people, au point qu’on peut se demander s’ils appartiennent encore au même monde que le reste des journalistes. […] Ces journalistes ne considèrent pas que leur premier devoir est de surveiller le pouvoir en place. Nombre d’entre eux se voient plutôt comme des intellectuels, préférant analyser les événements et influencer les lecteurs plutôt que de reporter des faits » (Médias : la grande illusion, JCG, 2013). 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • Boualem Sansal : « L'ordre islamique tente progressivement de s'installer en France »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Ce qui nous intéresse ici ce n'est pas le personnalité controversée et ambiguë de Boualem Sansal. Mais son analyse en tant que telle. Après les meurtres de policiers à Magnanville par un islamiste, il compare ici [Figarovox 17.06] la situation actuelle de la France à celle de l'Algérie au début de la guerre civile. Les perspectives qu'il trace, en effet, glacent le sang.  LFAR

    2917551200.jpgDepuis un an, sur fond de tensions culturelles, la France vit au rythme des attentats. Dernier en date, l'assassinat à coups de couteau, revendiqué par l'État islamique, d'un policier et de sa compagne dans leur maison. Que vous inspire ce nouvel acte de terreur ?

    Ca me glace le sang. Voici venu le temps du couteau et de l'égorgement. Il est à craindre que cette méthode fasse florès, car un hadith célèbre prête au prophète Mahomet cette terrible sentence adressée aux mécréants: «Je suis venu à vous avec l'égorgement». On a vu combien Daech a pris ce hadith à la lettre et combien de milliers de personnes ont été égorgées comme des moutons, avec tous les raffinements que des esprits malades peuvent inventer pour exalter leur soif de cruauté. C'est le deuxième cas en France: en juin 2015, en Isère, un islamiste avait égorgé et décapité son patron puis accroché sa tête au grillage d'une usine. La méthode va certainement inspirer beaucoup de jeunes islamistes. Au couteau, eux ajouteront la caméra qui démultiplient l'horreur. Ils filmeront leur crime et balanceront le film sur les réseaux sociaux. Le terrorisme islamiste en Europe n'en est qu'à ses débuts, nous verrons avec le temps combien il sait être inventif: l'égorgement, le viol, l'empalement, l'éventrement seront au menu, comme ils le sont au Daech et comme ils l'ont été en Algérie à grande échelle, pendant la guerre civile. Au Daech comme en Algérie, les terroristes sont très fortement endoctrinés et encadrés: ce sont des soldats de la terreur, ils exécutent des ordres. En Europe, une telle organisation n'est pas possible, pas encore. C'est pourquoi les commanditaires et les stratèges du terrorisme islamiste mondialisé poussent à l'ubérisation du terrorisme, les instructions sont dans la toile à la disposition de qui veut devenir djihadiste et martyr.

    Peut-on vraiment comparer la France et l'Algérie?

    L'islamisme sait s'adapter, il se fiche de la culture du pays, il veut la détruire et imposer la sienne, et comme il a trouvé des recrues en Algérie il trouvera des recrues en France. Aujourd'hui, il les sollicite, les prie, demain il les forcera à assumer leurs devoirs de soldats du califat, et le premier de ces devoirs est de libérer l'islam de la tutelle de l'Etat mécréant qu'est la France. En Algérie, les maquis islamistes étaient pleins de jeunes qui ont été forcés de faire allégeance à l'émir de leur village, de leur quartier: c'était rejoindre le maquis ou se faire égorger ainsi que toute sa famille. S'il s'évade c'est la famille, voire tout le village, qui paie.

    Derrière le terrorisme, existe-t-il un problème plus large d'islamisation de la France ?

    C'est le but même de l'islam conquérant, gagner la planète, convertir toute l'humanité. Le terrorisme n'est qu'une méthode pour conquérir des territoires, soumettre leurs populations et les convertir par force, comme il l'a fait au Daech avec les communautés chrétiennes. C'est la méthode des islamistes radicaux, les djihadistes. Les islamistes modérés et les musulmans pacifiques récusent cette méthode, ils préfèrent la voie douce, la da'wa, l'invitation à écouter le message d'Allah, ou la prédication publique. Entre les deux méthodes, la conquête militaire et la da'wa, il y a tout ce que l'intelligence humaine a pu inventer pour convertir et enrôler. La France est un terrain très favorable à l'islamisation par la voie douce et par le moyen de la violence: elle est inquiète, divisée, épuisée, dégoutée. Les retours à la pratique religieuse se multiplient chez les musulmans et les conversions explosent.

    Une serveuse musulmane a été giflée à Nice parce qu'elle servait de l'alcool durant le ramadan…

    L'ordre islamique tente de s'installer en France, c'est un fait patent. En maints endroits, il est déjà installé. Dans un pays musulman, cette serveuse aurait été arrêtée et jetée en prison par la police. Durant le ramadan, la folie s'empare du monde musulman et fait commettre d'horribles choses. La faim et la soif ne sont pas seuls responsables, il y a que ce mois est sacré (c'est pendant le ramadan que Mahomet a reçu le coran, apporté à lui par l'archange Gabriel), les gens sont pris dans la ferveur et la bigoterie. Durant ce mois, certains imams sont littéralement enragés.

    Comment les islamistes s'y prennent-ils pour accroître leur influence ?

    La force des islamistes et des prédicateurs est la patience. Ils inscrivent leur action dans la durée. Une autre qualité est l'inventivité et leur capacité maîtriser les instruments à leur portée: les chaines satellitaires, Internet, les réseaux sociaux, les outils marketing, les techniques de communication, la finance islamique, le cinéma, la littérature, tout est mobilisé pour atteindre la plus grande efficacité. Dans les pays du sud, les islamistes n'ont que les moyens traditionnels pour avance, ils convoquent les vieilles recettes de charlatanisme, la sorcellerie, la magie, le maraboutisme, ils investissent les mosquées, les souks, les stades, les fêtes religieuses, les hôpitaux. L'action sociale n'a pas de secrets pour eux. Dans tous les cas, ils n'ont aucun souci d'argent, les donateurs généreux et intéressés ne manquent pas.

    Bombarder Daech peut-il régler la question ?

    Elle n'est une solution que si elle est accompagnée d'une intervention militaire au sol menée par les pays arabes. Pour compléter, il faut ensuite installer à demeure une mission onusienne pour reconstruire la région, disposant d'une force armée capable d'empêcher les représailles. 

    XVMcf18d192-349c-11e6-b0d9-b6a14f932977-137x200.jpg

    Boualem Sansal est un écrivain algérien censuré dans son pays d'origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Son dernier livre 2084, la fin du monde est paru en 2015 au éditions Gallimard. 

    Alexandre Devecchio

  • Terrorisme islamiste : de François Baroin à Thomas Legrand, ces sophismes épatants...

     

    Par François Davin

     

    Jeanne d'Arc 2013 282.jpgAu lendemain du massacre terroriste/islamiste du 13 novembre, à Paris, on avait eu droit a un stupéfiant sophisme de la part de François Baroin : , le « bébé Chirac », pour les intimes, issu d'une famille où l'on est franc-maçon de père en fils ... Lequel en substance, raisonnait ainsi :

    1. ce qui vient de nous frapper, c'est le fanatisme religieux;

    2. il faut donc extirper toute trace de religion dans la vie publique;

    3. comme nous allons entrer dans la période de Noël, interdisons les crèches dans tout espace public (mairies, aéroports, places etc...).

    Il fallait le dire, c'est vrai, il fallait oser : eh ! bien, il a osé, et il l'a fait, et il l'a dit...

    Aujourd'hui, toujours après un massacre terroriste/islamiste (pas chez nous cette fois, mais en Floride, à Orlando, « l'affaire Omar Mateen »), voici qu'un autre grand sophiste devant l'Eternel, Thomas Legrand, remet çà, si l'on peut dire, et à sa façon.

    Ce fut le 14 juin, dans sa matinale, à 7h25, sur France inter...

    Tout le monde a su rapidement que le carnage d'Orlando a été commis au nom de Daech, organisation terroriste qui, du reste a revendiqué le crime très vite. Il a fallu un peu plus de temps pour que l'on apprenne que le sieur Mateen était lui-même homosexuel, qu'il fréquentait assidûment le Pulse - la « boîte » où il a commis son crime - et qu'il postait régulièrement des photos « intimes » de lui. Ses connaissances et amis, les drag-queens du Pulse et même son ex-femme l'ont abondamment confirmé. Il aurait peut-être même été en relation intime avec un séropositif, mais à son insu, d'où peut-être son désir de vengeance...

    Retour à notre matinale de Thomas Legrand. Ni Daech ni l'homosexualité ne retiennent son attention : ce qui a tout causé, dit Legrand, ce sont « les religions », et, en particulier, la chrétienne. Pourquoi ? Parce que, en condamnant l'homosexualité, « les religions », mais surtout le christianisme, exécré par Thomas Legrand, arment les assassins !

    Bravo !

    Même Baroin, qui, dans son genre était tout de même allé assez loin, n'était malgré tout pas allé aussi loin.

    Faudrait-il donc que le Pape, usant de son infaillibilité - que, du reste, Thomas Legrand récuse, comme tout ce qui vient de l'Eglise catholique - proclame le devoir impérieux pour tout homme et toute femme, sur terre, de se convertir illico à l'homosexualité ? On n'aurait, alors, plus aucun crime du type Orlando ?

    Deux questions :

    1. Thomas Legrand est-il sérieux lorsqu'il délire ainsi, en public, à une heure de grande écoute ?

    2. Le PDG de Radio France est-il sérieux, lui qui laisse une antenne que nous payons tous, par nos impôts, à un élucubrateur de l'espèce de Thomas Legrand ? 

  • Alain de Benoist : « Les journalistes ne sont pas les victimes de la censure mais les vecteurs »

     

    Alain de Benoist se livre ici à une remarquable analyse de la situation actuelle du journalisme français [Boulevard Voltaire 22.06]. Il y a déjà trente ou quarante ans, Marcel Jullian nous annonçait la disparition de la censure, devenue inutile, pour les raisons actualisées qu'expose ici Alain de Benoist. Mais, sur un plan plus vaste, ce sujet nous renvoie à L'avenir de l'Intelligence, cet immense petit livre qui prophétisait dès 1905 notre âge de fer. Y-a-t-il aujourd'hui de nouvelles perspectives de cette réaction des intellectuels à laquelle Maurras appelait comme un élément essentiel d'une possible renaissance ? La réponse est oui, sans-doute.  LFAR     

     

    alain-de-benoist-1280x660.jpgLa presse, en France tout au moins, se porte de plus en plus mal. Pourquoi ?

    La mauvaise santé de la presse, longtemps maintenue sous perfusion étatique et subventions publicitaires, est aujourd’hui à peu près générale : baisse du tirage et de la diffusion, plans sociaux et licenciements, réductions de la pagination, cessions de titres, concentrations tous azimuts. Avec l’explosion du numérique, les gens lisent de moins en moins. Mais la principale raison de la crise est que la presse est discréditée. Les gens ne croient plus ce qu’ils lisent, parce qu’ils constatent un trop grand écart avec ce qu’ils constatent autour d’eux. Ils ont cessé de croire les journalistes comme ils ont cessé de croire les hommes politiques. Alors, ils arrêtent de lire – sans pour autant cesser d’être vulnérables. Dans L’Enracinement, Simone Weil écrivait déjà : « Le public se défie des journaux, mais sa méfiance ne le protège pas. »

    La France n’arrive plus qu’en 45e position au classement sur la liberté de la presse publié depuis 2002 par Reporters sans frontières (RSF), où l’on n’hésite plus à parler de « disparition du pluralisme ». Cela vous étonne ?

    Autrefois, la pensée unique, c’était un journal unique publié sous le contrôle d’un parti unique. Aujourd’hui, même s’il ne faut pas généraliser (il y a toujours des exceptions), il y a une foule de journaux, mais qui disent tous plus ou moins la même chose. On peut en dire autant des chaînes de radio ou de télévision. L’emprise déformante des médias résulte en grande partie de cette unicité de discours, qui trouve son parallèle dans le recentrage des discours politiques. La raison en est que la plupart des journalistes appartiennent au même milieu, où l’information, la politique et le show-business s’interpénètrent. Ils y multiplient les relations incestueuses, si bien que leurs opinions, plus ou moins identiques, se renforcent mutuellement.

    Nous ne sommes plus, par ailleurs, à l’époque où les journaux étaient dirigés par des journalistes, et les maisons d’édition par des éditeurs. Aujourd’hui, les grands journaux sont dirigés par des banquiers, des hommes d’affaires, des industriels de l’armement, tous personnages qui ne s’intéressent à l’information que parce qu’elle leur permet d’orienter les esprits dans un sens conforme à leurs intérêts. L’homogénéité mentale des journalistes est en adéquation avec les bases matérielles de la production. Le pluralisme n’est plus, dès lors, qu’affaire d’apparence. Un seul exemple : au cours de son récent voyage en Israël, Manuel Valls était interviewé par quatre journalistes différents (Paul Amar, Christophe Barbier, Laurent Joffrin et Apolline de Malherbe) représentant quatre médias différents : i24news, BFM TV, L’Express et Libération. Or, ces quatre médias ont un seul et unique propriétaire : Patrick Drahi !

    Les gens sont de plus en plus conscients de la désinformation. Mais ils l’interprètent mal. En dehors de quelques désinformateurs professionnels, généralement payés pour faire passer des informations qu’ils savent être mensongères, la grande majorité des journalistes est parfaitement sincère. Elle croit ce qu’elle dit, parce qu’elle est prisonnière de ce qu’elle propage. Les journalistes sont persuadés d’être toujours dans le vrai parce qu’ils sont eux-mêmes victimes des stratégies de persuasion qu’ils relaient.

    Il n’y a que la droite la plus ringarde pour croire que les journalistes sont des « gaucho-communistes » ou d’affreux « trotskistes ». L’immense majorité d’entre eux adhèrent en fait à la vulgate libérale-libertaire, ce mélange d’idéologie des droits de l’homme, d’antiracisme de convenance, de « progressisme » niais, de révérence au marché et de politiquement correct. Ils en reprennent tous les mantras, unanimes à condamner le populisme, le protectionnisme, l’identité, la souveraineté, tous persuadés que les hommes sont partout les mêmes et que leur avenir est de se convertir au grand marché mondial. Résultat : alors que dans la plupart des pays les journalistes sont les premières victimes de la censure, en France ils en sont les vecteurs.

    Le journalisme n’est pas un métier facile. Il demande de l’humilité. Aujourd’hui, c’est un surcroît de prétention qui y règne. Il suffit de voir l’arrogance des journalistes face aux hommes politiques et leur complaisance face aux vedettes du star system pour comprendre que l’idée s’est répandue chez eux que la fonction qu’ils occupent leur donne une supériorité intrinsèque sur leurs interlocuteurs et un droit absolu de diriger les consciences. Ingrid Riocreux décrit très bien cela dans son livre, La Langue des médias.

    Tandis que la presse papier se vend de moins en moins, les médias alternatifs, de Mediapart à Boulevard Voltaire, connaissent de plus en plus de succès sur Internet. Est-ce à dire que l’avenir de la « réinformation » passe par le numérique ?

    Marcel Proust écrivait, dans Jean Santeuil : « Les journalistes ne sont pas seulement injustes, ils rendent ceux qui les lisent injustes. » La contre-information, ou réinformation, que l’on trouve sur Internet constitue certes un utile contrepoids au « faux sans réplique » (Guy Debord) de la propagande officielle. Mais ce contrepoids s’exerce trop souvent par recours à une propagande en sens inverse, où le besoin de vérité ne trouve pas son compte. Un parti pris et son contraire, cela fait deux partis pris. Le grand problème des médias alternatifs est que, sur Internet, il n’y a pas de responsabilité de la part de ceux qui écrivent, et que le scepticisme peut y être facilement exploité par des détraqués : les réseaux sociaux sont un amplificateur naturel de fausses nouvelles. La « réinfosphère » vise à satisfaire ceux qui refusent la partialité des médias dominants, mais elle ne donne pas plus que les grands médias la possibilité de vérifier les informations qu’elle propose. Cela ne peut satisfaire ceux qui aspirent, non pas seulement à trouver quelque part le reflet de ce qu’ils pensent, mais à l’existence d’une vraie presse d’information. 

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

    Intellectuel, philosophe et politologue 

    Revue Eléments

     
  • Vous avez dit liberté de la presse ? Voici un avis américain qui est un brûlot !

     

    Rédacteur en chef du New York Times, lors d'un banquet - le 25 septembre 1880 - John Swinton se fâche lorsque quelqu'un propose de boire « à la liberté de la presse ». On méditera sa réaction, ses propos iconoclastes au regard du médiatiquement correct. Un brûlot. Et les lecteurs de Maurras rapprocheront ce que dit ici John Swinton de ce qui était exposé vingt-cinq ans plus tard dans l'Avenir de l'intelligence sur la condition des intellectuels de l'ère démocratique. Certes, la dite condition ne s'est pas améliorée, à l'exception de cette sorte particulière de liberté de publication que ménage Internet, où tout paraît à volonté. A satiété. Le meilleur et le pire, dans un grand désordre. LFAR

     

    NewYorkTimes.jpg« ...Il n'existe pas, à ce jour de l'Histoire du monde, en Amérique, de presse indépendante. Vous le savez et je le sais.

    Il n'y en a pas un seul parmi vous qui ose écrire ses franches opinions et si vous le faisiez, vous savez très bien qu'elles ne elles ne seraient jamais imprimées.

    Swinton-John.jpgOn me paye chaque semaine pour que je garde mes franches opinions hors du journal pour lequel je travaille. Vous autres aussi vous percevez des salaires pour la même chose  et celui d'entre vous qui serait assez fou pour écrire ses franches opinions se retrouverait dehors, dans les rues, à chercher un autre travail. Si je laissais mes franches opinions apparaître sur une édition de mon journal, avant vingt-quatre heures mon emploi se serait envolé.   

    Le travail du journaliste est de détruire la vérité, de mentir sans limite, de pervertir, d'avilir, de ramper aux pieds de Mammon, et de vendre son pays et sa race pour son pain quotidien. Vous le savez et je le sais. Alors qu'est-ce que c'est-ce que cette folie de vouloir porter un toast à l'indépendance de la presse ? 

    Nous sommes les outils et les vassaux des puissants et des riches, qui sont derrière la scène. Nous sommes leurs marionnettes, ils tirent les ficelles et nous dansons. Nos talents, nos facultés et nos vies sont la propriété d'autres hommes. Nous sommes des prostitués de l'intellect.

    Tout cela vous le savez aussi bien que moi .» 

     

    [Source : Labor's Untold Story, de Richard O. Boyer et Herbert M. Morais, publié par  United Electrical, Radio & Machine Workers of America, New York, 1955 - 1979)]

  • Martial Bild à L’Action Française : Le projet de TV Libertés ? « Remplacer BFM ou I-Télé ! »

      

    Martial Bild dirige la rédaction de TV Libertés (TVL). Se voulant à la pointe de la « réinformation », cette « web TV » a été créée il y a deux ans. Elle revendique désormais de grandes ambitions. Ajoutons qu'elle a fait toute sa place à la mouvance royaliste et / ou d'Action française. Il s'agit donc d'une chaîne que nous apprécions. Dont nous recommandons l'écoute ! Lafautearousseau

     

    maxresdefault.jpgL’Action Française 2000 : TVL s’impose de plus en plus comme le grand média audiovisuel de la « mouvance nationale ». Pouvez-vous nous raconter brièvement son histoire ?

    Martial Bild : TV Libertés est née officiellement le 30 janvier 2014 avec la diffusion, dans les conditions du direct, d’un journal télévisé appelé à devenir quotidien. Il n’est pas excessif d’affirmer que TV Libertés a constitué une véritable nouveauté dans le paysage médiatique français. Pour la première fois, il s’est agi de se donner les moyens d’une véritable alternative aux télévisions d’information interchangeables, simples chambres d’enregistrement de l’idéologie dominante. TV Libertés, tout le monde la voulait, mais personne n’y croyait... en dehors de Philippe Milliau, président de la chaîne, entouré de quelques amis. Grâce à lui, à son énergie et à sa détermination, le projet de télévision s’est concrétisé et a pris toute sa place au cœur de la réinformation. TV Libertés.com est devenu un lieu incontournable pour des dizaines de milliers de personnes. C’est une première réussite.

    Mais j’en ajouterais deux moins visibles mais aussi satisfaisantes : la création d’un lieu de débat et de bouillonnement intellectuel sans équivalent et la formation d’un génération de techniciens et de journalistes qui peuvent dorénavant s’affranchir du prêt-à-penser de la plupart des écoles de journalisme.

    J’ai utilisé pourdes raisons pratiques la très approximative expression « mouvance nationale » dans la question précédente parce qu’il apparaît évident, aux yeux de vos soutiens comme de vos détracteurs, que vous avez un point de vue. Comment définiriez-vous la ligne éditoriale de la chaîne ?

    Je ne sais pas si le terme de « mouvance nationale » est le plus adapté ou le plus approprié pour définir TV Libertés, mais il ne me gêne pas. En réalité, et c’est plus précis, TV Libertés se veut l’écho et le porte- parole de tous ceux qui défendent l’esprit français et notre civilisation européenne. C’est une vision très large qui nous permet de ne pas juger des parcours et des étiquettes passées de nos invités, mais de prendre acte de leur engagement présent à participer activement au destin de notre pays et de notre Europe. Et quand j’évoque la notion de « bouillonnement intel- lectuel », je me réjouis d’avoir donné la parole à plus de mille cinq cents personnalités, d’accueillir des animateurs d’émissions de grande qualité, d’avoir proposé plusieurs milliers d’heures de création audiovisuelle.

    Quels sont vos rapports avec les autres médias de la mouvance (encore une expression discutable) ?

    Mon vœu est que nous puissions travailler, en bonne intelligence, comme nous le faisons déjà avec tous les acteurs de l’information non conforme, de Présent à Méridien Zéro en passant par Le Salon beige et beaucoup d’autres, sans exclusive. La bienveillance à l’égard de tous les médias alternatifs est une priorité absolue, et je ne cesse de le répéter, il y a de la place pour tout le monde ! Ainsi, le 21 juin prochain, pour fêter l’été, nous lancerons notre webradio, Radio Libertés, avec des infos chaque heure, une matinale animée par Arnaud Menu, de la musique, du cinéma, etc. Le concept de cette radio est sans équivalent dans le PAR, le paysage audiovisuel de la réinformation. C’est donc un élément complémentaire à tout ce qui existe et qui va enrichir notre capacité à toucher tous les Français, à leur livrer autre chose que la bouillie médiatique de la presse mainstream.

    Que signifie pourvous la « réinformation » ? N’est- ce pas finalement une grille idéologique au même titre que celle utilisée parles médias mainstream, mais fonctionnant sur des préjugés contraires ?

    Le politiquement correct, façonné par la police de la pensée, s’est imposé au monde politique, culturel et économique avec l’aide et le soutien des médias classiques. La réinformation constitue alors une simple nécessité : fournir des points de vue sans censure ou forme d’autocensure. Une fois que cela est dit, il faut tout de suite ajouter que la réinformation se doit d’être exemplaire. En aucune manière, il ne s’agit de désinformer ou de travestir la réalité. On ne peut pas répondre au mensonge par le mensonge ou au manichéisme par le manichéisme. TV Libertés doit être synonyme de sérieux et de crédibilité afin d’éviter de ressembler à ceux qu’elle dénonce par ailleurs. Pour cela, il faut être constamment à la recherche de la vérité dont nous savons qu’elle est révolutionnaire et qu’elle rend vraiment libre .

    Cherchez-vous à recueillir vous-même directement l’information pour échapper à la logique du commentaire engagé ?

    L’objectif principal de TV Libertés est d’être un créateur d’informations. Dans ce but, nous sommes allés au cœur de Nuit debout mais aussi de la Manif pour tous. Nous nous sommes rendus à Calais au milieu de la jungle, aux frontières de la Hongrie avec les migrants, en Grèce pour mesurer la crise, en Ukraine et dans le Donbass en guerre. Dans le même temps, grâce à nos relais régionaux, nous nous mobilisons au quotidien pour fournir une actualité qui dépasse les choix préétablis et orientés de l’AFP, l’Agence France-Presse.

    Parallèlement à tout cela, nous assumons pleinement le fait d’être la caisse de résonance de toutes les droites françaises, tout en maintenant un esprit d’ouverture qui se retrouve, par exemple, dans notre émission Bistro Libertés ou Les Idées à l’endroit. Nous ne perdons jamais de vue que nous représentons un forme évidente de dissidence de parole et de pensée. Le statut de dissident est ici vécu comme un motif de fierté.

    Un journal télévisé quotidien, des magazines sur la culture, la santé, le sport... Tout cela nécessite des moyens humains et matériels importants ! Comment faites-vous ?

    Dès les débuts de la chaîne, nous avons opté pour un mode économique vertueux : le don appelé aussi financement participatif. Ce système nous délivre de l’emprise de tout lobby, banque, parti ou oligarque. Tous les organes de presse classique peuvent-ils en dire autant ? Nous ne rendons de comptes qu’à nos donateurs qui sont les gérants et les garants de notre liberté. En retour, ce mode de financement nous oblige à une gestion parcimonieuse et pointilleuse de nos moyens financiers pour assurer le développement et la pérennité de la chaîne. En langage plus clair : à TV Libertés, un sou est un sou...

    Quels sont les projets et les ambitions portés par TV Libertés pour l’avenir ?

    Notre projet, c’est de remplacer BFM ou I-Télé !

    Derrière la boutade, il y a cependant un fond de vérité. Dans l’esprit des dirigeants de notre groupe Libertés, rien ne doit nous arrêter dans la volonté, que ce soit grâce à TV Libertés, à Radio Libertés, au site web Eurolibertés, de doter les Français des outils les plus performants, pour leur permettre de comprendre les défis à venir, de construire le monde d’après. Nous sommes en passe de pouvoir gagner la bataille des idées... Quoi de plus stimulant, en somme ? 

    Propos recueillis par Stéphane Blanchonnet - L’Action Française 2000

    Action Française

    Radio Libertés

     

    Présentation de TV Libertés par Martial Bild

     

     

  • La liberté scolaire doit-elle s'exercer sous le contrôle de l'Etat ? Débat dans nos commentaires ...

     

    Les commentaires sont toujours allés bon train sur Lafautearousseau. Nombreux, parfois houleux, de qualité inégale - c'est le risque - mais souvent d'excellent niveau, ils ont contribué à faire de ce blog un espace de débats très vivant, unique dans la galaxie des sites royalistes en ligne. Ainsi, hier mardi, débat sur la question de savoir si la liberté scolaire doit - ou non - s'exercer sous contrôle de l'Etat. C'est la thèse de Pierre Builly qui affirme, non sans raison : « Contrôler les écoles islamistes, intégristes, évangélistes, créationnistes, toutes les écoles qu'une secte de cinglés peut instituer, ça me paraît une juste prérogative de l'État... ». A quoi un deuxième commentaire - signé Cédric - réagit ainsi : « Je suis assez de l'avis de Pierre Builly. A condition que l'Etat soit digne de confiance. Qu'il ne soit pas lui-même plus idéologue et sectaire que ceux sur qui son autorité devrait s'exercer. Et là, les choses se compliquent ...» Il s'en suivra un substantiel commentaire de Richard Portier - dont nous apprécions tous les interventions toujours pertinentes. Commentaire que nous reprenons ici intégralement. Une seule remarque : est-il juste de considérer que le système des écoles chrétiennes fonctionne parfaitement ? Le débat dira, le cas échéant, s'il n'y a pas à nuancer ce jugement.  LFAR 

     

    La-ministre-Najat-Vallaud-Belkacem-a-elle-aussi-brievement-porte-le-voile-au-Maroc_exact1024x768_l.jpgHélas ! Najat n'est pas une marionnette décérébrée! Mais une idéologue sûre de ses idées, de ses buts et des moyens de les mettre en pratique ou de les atteindre ! La seule chose qui pourrait ,en principe, la gêner un peu c'est la contradiction énorme générée par sa double appartenance ; comment peut-on être laîcarde en France et soumise a la charia (qui ne distingue pas le religieux et le politique) dans son coeur et sa culture, comme quand on va rendre hommage au Roi du Maroc, voilée et abandonnant pour l'occasion son statut et son nom d'épouse ? Comment peut-on être « gay-friendly » a Paris, avec la cohorte d'homosexuels de la politique et du spectacle, microcosme qui est le sien, de façon évidente ,et homophobe a Rabat comme l'Islam le prescrit et les musulmans l'appliquent, récemment d'horrible façon ?
    Curieusement, ses amis politiques ne lui reprochent rien... Pourquoi ? Mais parce qu'elle poursuit opiniâtrement, et avec efficacité, sa politique de destruction de l'identité française, point essentiel qui les rassemble.

    P. Bully croit-il que l'Etat ne contrôle pas, depuis 1905, et avec beaucoup de soin, le contenu, la forme et le fond, de l'enseignement des écoles chrétiennes ? La aussi le but n'est pas l'exercice d'une prérogative justifiée, voire nécessaire  si elle s'applique à toutes les confessions (est-ce et sera-ce le cas ?) mais bien la destruction d'un système qui dérange d'autant plus qu'il fonctionne parfaitement. Une bête question, d'ailleurs, pour finir : quand il n'y aura plus d'écoles chrétiennes, où les mange-curés de la gauche caviar enverront-ils leurs enfants ...? Peut-être a New York comme Sarkozy dont le petit dernier qui y a fait ses études, aurait demandé la nationalité américaine ... Qui peut bien l'avoir dégouté de la France ?

    Richard Portier  • 

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    LA LIBERTÉ SCOLAIRE, UN COMBAT DE CIVILISATION

  • Rappel : notre page Facebook réactivée vous accueille ...

     

    Après 4 à 5 mois de restructuration, notre page Facebook Lafautearousseau royaliste est, depuis le 10 mars dernier, réactivée. Chacun peut de nouveau y venir, s'y exprimer, nourrir les débats, prolonger la vie déjà très active de notre quotidien royaliste dans la ligne de l'Action française.

    Qu'on se le dise ! Qu'on y accoure ! LFAR  •

  • LA LIBERTÉ SCOLAIRE, UN COMBAT DE CIVILISATION

     

    par François Marcilhac 

     

    Fr-Marc.jpgNajat Vallaud-Belkacem serait-elle en train d’obtenir en 2016, mais par des moyens détournés, ce qu’en 1984 Alain Savary n’avait pu réaliser, à savoir la disparition de la liberté de l’enseignement ? En tout cas, les mesures qu’elle a annoncées ce jeudi 9 juin sont gravissimes puisqu’elles remettent en cause une liberté fondamentale garantie par la Constitution. 

    En quoi consistent-elles ? Non seulement à renforcer les inspections — malveillantes ? — dans les familles qui exercent leur droit d’instruction auprès de 25 000 jeunes ou dans les établissements hors contrat — un millier d’établissements, dont 300 confessionnels –, mais surtout à passer d’un régime de déclaration d’intention à un régime d’autorisation préalable. Bref, à substituer l’arbitraire à la liberté. En clair, désormais, pour ouvrir une école hors contrat, il faudra avoir obtenu préalablement l’autorisation du ministre de l’éducation ...et des lobbies dont il est le pantin. C’est pourquoi le député du Parti chrétien démocrate Jean-Frédéric Poisson, vent debout contre ce coup de force, a prévenu qu’il saisirait l’instance de la rue de Montpensier, s’il en était besoin. Car ce que vise le pouvoir socialiste, ce sont bien « les libertés pédagogiques, intellectuelles, religieuses et philosophiques » revendiquées haut et fort par ces établissements, comme l’observe Guillaume Drago, professeur à l’Université Panthéon-Assas Paris II, dans La Croix du 8 juin.

    L’UMP EN RÊVAIT, LE PS LE FAIT

    Gageons que Stalinette n’en a cure. Outre que les garanties apportées à nos libertés par les « Sages » sont à géométrie variable, Poisson est bien seul à droite. Et pour cause : la collusion de l’ex-UMP et de la gauche est totale sur le sujet. A plusieurs reprises la « droite » a déposé des propositions de lois au Parlement en vue de supprimer la liberté de l’enseignement : au Sénat, en 2013, et récemment à l’Assemblée nationale, où le député Eric Ciotti et vingt-huit de ses collègues LR ont présenté un texte « visant à renforcer l’encadrement des établissements privés hors contrat et à limiter les possibilités de dérogation à l’obligation scolaire ». L’Association des maires de France, dirigée par François Baroin, qui se rêve déjà en premier ministre d’un Sarkozy réélu président, n’avait-elle pas déclaré, fin 2015 : « La facilité, permise par la loi, de créer sous forme associative des structures scolaires confessionnelles interroge [sic] l’AMF » ? L’UMP le voulait, le pouvoir socialiste le fait. Qu’il s’agisse de l’Europe, du syndrome atlantiste, de l’invasion migratoire, de la promotion du communautarisme, de la destruction de la famille, et maintenant de l’école, l’union antinationale entre la gauche et la droite mondialistes existe déjà dans les faits. Pas besoin de Juppé pour la sceller ! Du reste, en s’apprêtant à violer la Constitution par voie d’ordonnance, le pouvoir socialiste rend service à l’UMP en empêchant la médiatisation d’un débat parlementaire qui n’aurait pas manqué d’interroger les Français sur cette collusion. Des petits services qu’on se rend entre amis...

    L’ISLAMISME A BON DOS

    La crainte de la radicalisation islamiste des jeunes échappant à l’école officielle a évidement bon dos. Peut-être l’argument est-il sincère chez Les Républicains, ce qui prouverait, s’il en était besoin, que nous avons affaire à la droite la plus bête du monde. En fait, nul besoin d’inspections ou d’autorisations préalables pour juguler l’islamisme. Comme pour les mosquées salafistes, la police suffit pour connaître les foyers de radicalisation et fermer, tout en respectant nos libertés constitutionnelles, les « écoles » qui poseraient problème. Mais Belkacem le veut-elle, elle qui, au contraire, après sa bévue sur l’enseignement de la théorie du genre à l’école, qui est mal passé auprès des populations immigrées, a décidé de favoriser, dans l’espoir stupide de l’encadrer au sein de l’institution, le repli identitaire islamiste, par exemple en déclarant que le porc est un « aliment confessionnel » ou en promettant l’enseignement de l’arabe dès le CP — assuré par qui, au fait ? Comme le remarque encore le professeur Drago, « ce sont en réalité de nombreux établissements catholiques que l’on veut atteindre », non pas ceux d’un enseignement diocésain domestiqué par le pouvoir — en ce sens, Savary a réussi : l’enseignement diocésain a été, sinon officiellement, du moins idéologiquement intégré à l’enseignement public —, mais ceux qui revendiquent leur liberté et refusent le pédagogisme. Ultime vengeance contre des catholiques redevenus indisciplinés et revendicatifs depuis la Manif pour tous ?

    LA HAINE DE LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE

    Plus profondément, c’est la haine de la liberté de conscience qui anime le pouvoir, car les établissements catholiques indépendants ne sont pas les seuls visés. Les établissements laïques le sont tout autant, comme ceux de la Fondation Espérance banlieues, créée en 2012 pour favoriser le développement d’écoles indépendantes d’excellence en plein cœur des banlieues. Et qui réussissent là où l’école publique échoue. Il en est ainsi de l’établissement Alexandre-Dumas, à Montfermeil, ville de la Seine-Saint-Denis dont le maire est un certain... Xavier Lemoine. On comprend qu’Anne Coffinier, la directrice générale de la Fondation pour l’école, qui concourt à l’essor d’établissements scolaires libres, ait annoncé, dans un communiqué publié le 9 juin, sa décision de contester la légalité des mesures décidées par le pouvoir.

    D’autant que Belkacem entend également supprimer la liberté pédagogique en imposant à ces établissements le respect des programmes de l’Education nationale. Car elle a un double défi à relever : imposer partout, au nom d’un égalitarisme mortifère, ses réformes ravageuses que parents et enseignants, dans leur grande majorité, rejettent, tout en remédiant à la fuite vers les écoles indépendantes que ces mêmes réformes provoquent. D’ailleurs, ce n’est pas sans un mélange d’ingénuité et de cynisme qu’elle avoue avoir décidé ces mesures en raison de « l’augmentation importante du nombre d’élèves scolarisés dans des établissements privés hors contrat ». S’est-elle demandé pourquoi ? Quand elle ose parler de remédier à des « enseignements trop lacunaires, voire attentatoires aux valeurs républicaines » (Conférence de presse du 9 juin), à la fois on croit rêver et on comprend sa priorité. Car les enseignements lacunaires et ce qui va avec, l’échec scolaire, c’est elle qui les organise, à travers ses réformes du collège et des programmes, la destruction de l’apprentissage de l’orthographe — et de l’orthographe lui-même avec l’imposition de la « réforme » de 1990 —, la disparition des classes bilangues ou du latin et du grec, les enseignements fourre-tout imposés par les Diafoirus du pédagogisme et improvisés par les Trissotin de l’interdisciplinarité, ou encore l’interdiction idéologique ... et budgétaire du redoublement. En revanche, elle ne supporte pas que les élèves échappent à l’endoctrinement mondialiste, sociétal et communautariste que recouvre sa priorité de transmettre les « valeurs républicaines ».

    La défense de la liberté scolaire est, elle aussi, un combat de civilisation.

    L’Action française 2000

  • Malika Sorel : « Nos élites mettent en péril un édifice de plus de mille ans »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    Après le meurtre revendiqué par Daech d'un policier et de son épouse dans leur maison de Magnanville, Malika Sorel remonte aux sources de la décomposition française. Nos hommes politiques ont méprisé l'Histoire, explique-t-elle, mais celle-ci s'est invitée à leur table [Figarovox 17.06] ... Il en résulte une puissante et lucide analyse critique des hommes, des politiques et de l'idéologie du Système. Contre lequel le sentiment des peuples européens se dresse aujourd'hui toujours davantage.   LFAR

     

    2917551200.jpgSon dernier livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, vient de se voir décerner le prix littéraire Honneur et Patrie de la Société des membres de la Légion d'honneur. « Honneur » et « patrie », deux mots qui résument parfaitement le parcours de Malika Sorel. Au Haut Conseil de l'intégration comme à travers ses livres, cette patriote incandescente continue de se battre pour empêcher que la France ne se défasse. Lors de son discours de remerciements, elle a longuement cité l'historien et résistant, Marc Bloch : « La France, la patrie dont je ne saurais déraciner mon cœur. J'y suis né, j'ai bu aux sources de sa culture. J'ai fait mien son passé, je ne respire bien que sous son ciel, et je me suis efforcé, à mon tour, de la défendre de mon mieux ». Soixante-quinze ans après l'auteur de L' Étrange Défaite, Malika Sorel redoute que la cohésion nationale vole en éclats. Comme son père spirituel, l'essayiste impute la responsabilité de cette profonde crise existentielle aux élites. Nos dirigeants politiques ne croient plus en la France et c'est le peuple qui paye le prix de ce renoncement.

    Depuis un an, sur fond de tensions culturelles, la France vit au rythme des attentats. Dernier en date, le meurtre, revendiqué par l'État islamique, d'un policier et de sa compagne dans leur maison des Yvelines. Est-ce le symptôme de ce que vous appelez la décomposition française ?

    MALIKA SOREL - Au fondement de la citoyenneté existe un principe de transcendance par le politique. La République avait su maintenir ce fil qui s'élève au-dessus de chaque citoyen et assure ainsi la cohésion de l'ensemble. Ce lien a été défait. Depuis près de quarante ans, l'État a œuvré, de manière directe ou indirecte, à scinder la France en groupes, en communautés. D'un État garant de la cohésion nationale, nous sommes passés à un État qui parle « diversité », « minorités », « communauté musulmane », « banlieues », « territoires de la politique de la ville ». L'État n'a eu de cesse de répondre aux revendications des uns et des autres, dressant parfois sans l'avoir souhaité les uns contre les autres. Les principes républicains ont été pris comme variables d'ajustement, nous entraînant ainsi vers une décomposition assurée. Qui sème le vent récolte la tempête.

    Il aura fallu bien peu de temps à nos élites de commandement pour mettre en péril un édifice que les rois de France et les républiques avaient mis plus de mille ans à bâtir. La cohésion nationale menace désormais de voler en éclats. Nul ne peut prévoir quel sera l'événement déclencheur. Les hommes ont méprisé les leçons de l'Histoire, et comme chaque fois que cela se produit, la voici qui s'invite à table. Il est urgent de retisser le lien de confiance entre le peuple et le politique. Cela ne se pourra tant que les politiques persisteront à refuser de mener les réformes de fond qui s'imposent.

    Comment en est-on arrivé là ?

    La défense de la France n'a pas toujours servi de boussole. Pire, la France s'est parfois trouvée indirectement désignée comme cible. Ce n'est pas autrement qu'il convient d'analyser les campagnes, y compris de la part d'institutions de la République, qui instruisent depuis le début des années 80 un procès à charge contre les Français, accusés d'être des racistes prompts à discriminer les personnes d'origine étrangère. Ce long procès a semé les graines d'un ressentiment dont notre société n'a pas fini de payer le prix. Il convient également d'évoquer l'évolution des programmes scolaires, dont une des conséquences est d'avoir porté atteinte à la transmission d'un héritage culturel partie intégrante de l'identité des Français. Citons la diminution au fil du temps des heures allouées à l'enseignement de la langue française, ou encore la modification d'un certain nombre d'enseignements au prétexte d'adapter notre société à l'évolution du monde. C'est ainsi que nos élèves peuvent se retrouver soumis au feu d'un intense matraquage idéologique dans des domaines tels que l'histoire, la mondialisation et les migrations internationales, l'esclavage et la colonisation présentés le plus souvent comme du fait des seuls Occidentaux - le reste étant plutôt occulté -, le développement durable. Durable, le mot magique ! Tout doit devenir durable, sauf la patrie qui est sommée de s'effacer. Cela concourt à ce que les jeunes générations se construisent une image dépréciée de la France.

    Le peuple n'a-t-il pas lui aussi une part de responsabilité ?

    Bien sûr ! Mais il existe une hiérarchie dans les responsabilités. C'est au politique qu'incombe la mission de veiller sur le maintien de la cohésion nationale, en un mot sur la paix civile. Même si les individus de notre époque pensent, pour beaucoup, tout savoir - c'est l'une des conséquences de l'égalitarisme -, ils ne détiennent pas toutes les informations utiles à la décision et à l'anticipation. Les politiques et la haute administration, si ! La responsabilité des citoyens réside dans le fait qu'ils ont trop longtemps privilégié la politique de l'autruche et, de ce fait, ceux des hommes et femmes politiques qui leur vendaient des chimères. Ils ont balayé les très rares qui leur tenaient un langage de vérité et de responsabilité. Le système politique est verrouillé de l'intérieur par les personnels en place qui cooptent leurs clones, et de l'extérieur par le peuple lui-même.

    Lorsqu'elle leur déplaît, les citoyens des démocraties rechignent à regarder la réalité en face. Comme l'avait prophétisé Alexis de Tocqueville, ils évitent tout ce, et tous ceux, qui pourrait gâcher leurs menus plaisirs. Aussi, tant qu'ils ne sont pas touchés dans leur propre vie, ils préfèrent verser dans le relativisme, voire le déni. Dans nos sociétés devenues individualistes, l'individu tend à primer sur la communauté des citoyens, chacun oubliant que les idéaux dont il tire profit ne peuvent perdurer sans l'engagement quotidien de tous à les porter et à les protéger. Chassez le réel, il revient au galop.

    Depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, n'assiste-t-on pas malgré tout à une renaissance du patriotisme dans notre pays ?

    Nous assistons à la renaissance de l'expression du patriotisme qui a longtemps été muselé, en raison des suspicions qui pesaient sur lui depuis la Seconde Guerre mondiale. La présence du Front national, propulsé sur le devant de la scène par François Mitterrand comme l'avait rappelé Roland Dumas, a ensuite servi d'arme de dissuasion. Tout ce que touchait ce parti devenait aussitôt intouchable et infréquentable. Ainsi en a-t-il été du drapeau et de La Marseillaise. Ce n'est que depuis les attentats que les Français ont pu se les réapproprier sans risquer l'opprobre. Souvenez-vous : en 2007, la candidate à l'élection présidentielle Ségolène Royal après avoir fait entonner l'hymne national lors d'un meeting et formulé le souhait que les Français aient « chez eux le drapeau tricolore », avait précisé que cela marquait « une étape historique pour la gauche ». Edifiant !

    Avec les attentats, les Français ont réalisé qu'ils formaient les parties d'un tout, qu'ils appartenaient au même corps, et que c'est leur identité qui était visée. Malgré le matraquage auquel ils sont soumis depuis des décennies, malgré un projet d'Union européenne, qui s'est transformé en machine à broyer les nations considérées comme des obstacles à une intégration plus poussée, le peuple est là, toujours vivant. L'inconscient collectif a resurgi pour guider les Français. Il n'y a là rien d'étonnant puisqu'une grande part de l'identité se transmet au travers des gestes de la vie courante.

    Le continent européen, dans son ensemble, n'a pas connu de trouble majeur depuis la dernière guerre mondiale. C'est pourquoi les citoyens se sont assoupis. Ils ont fini par croire que la paix allait de soi. A présent qu'ils la sentent menacée partout en Europe, ils resserrent les rangs.

    Une serveuse musulmane a été giflée à Nice parce qu'elle servait de l'alcool durant le ramadan. Comme en témoigne cette affaire, les musulmans sont parmi les premières cibles des islamistes. Pourtant, beaucoup hésitent à condamner ces derniers. Comment l'expliquez-vous ?

    Contrairement à ce qui a été répandu en France, les premières cibles n'ont pas été les musulmans, mais des non-musulmans. Il n'est qu'à lire des ouvrages tels que Les Territoires perdus de la République (2002), d'Emmanuel Brenner, ou encore Banlieue de la République (2012), de Gilles Kepel, pour comprendre pourquoi certains quartiers ont été désertés. Dans ce dernier, on lit par exemple le témoignage de Murielle, ancienne militante communiste : « On ne se sent même plus chez nous. On se sent très gênés […] C'est grave.» Nul n'évoque jamais la souffrance de tous ceux qui se sont résignés à quitter des lieux dans lesquels ils avaient passé une partie de leur vie. Le sentiment d'exil sur ses propres terres est bien plus traumatisant que l'exil en terre étrangère. Il n'est qu'à lire les témoignages de dissidents des régimes totalitaires du XXe siècle pour en saisir la mesure.

    De même, la souffrance est vive chez ceux de l'immigration extra-européenne qui ont rejoint l'Europe pour ce qu'elle était, une terre de liberté, et qui sentent à présent cette liberté se dérober sous leurs pieds. Plus l'Etat se révèle faible et montre son impuissance, plus les personnes issues de l'immigration extra-européenne se trouvent dans l'obligation de sacrifier la République face à leur groupe d'origine, dont les pressions vont croissant avec la poursuite de l'immigration. Ces personnes n'ont guère d'autre choix. Les flux migratoires, par leur importance, ont créé les conditions de la formation de répliques des sociétés d'origine sur les terres d'accueil. C'est un phénomène tout à fait naturel et spontané, vrai pour toutes les diasporas, sans arrière-pensée de nuire. Il n'en demeure pas moins que les frictions naissent sitôt que les fondamentaux culturels, qui se traduisent au quotidien en codes de savoir-être et de vivre-ensemble, rencontrent des points d'incompatibilité. Dans le cas qui nous concerne ici, ils sont loin d'être mineurs puisqu'ils touchent à des principes du pacte social et moral qui lie les Français entre eux, comme le respect de l'existence d'une liberté individuelle, donc du droit de choisir sa vie privée ; l'égalité hommes-femmes ; la laïcité, qui est étrangère aux sociétés d'origine, comme l'avait écrit en juin 2003 l'islamologue Mohammed Ibn-Guadi dans une tribune au Figaro, où il exposait que « l'islam a toujours été politique ».

    Les êtres humains ne se résument pas à de simples machines. En migrant, ils emportent avec eux leur système de principes et de valeurs, leur regard sur les autres et le monde. Et c'est humain ! Ce qui est arrivé à Nice, ou à Orlando - même s'il n'y a aucune commune mesure - est une illustration du fait que l'intégration se joue sur le registre de l'identité et non sur les questions d'ordre matériel. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'existence d'une liberté individuelle et d'un libre arbitre qui sont perçus comme invivables et qui peuvent déclencher un torrent de haine et de violence. Respecter les règles de la démocratie exige un lourd apprentissage. Il est préoccupant de voir à quel point cette donnée a été négligée par les élites des terres d'accueil.

    C'est pourquoi, aussi bien la décision d'Angela Merkel d'accueillir massivement des réfugiés en provenance de terres qui n'ont pas vécu les mêmes pages d'histoire culturelle et politique, et ne possèdent pas de ce fait les codes du vivre-ensemble des sociétés européennes, que les prises de position récurrentes du pape François, qui ne cesse de venir fustiger un prétendu égoïsme des Européens et de les exhorter à accueillir davantage de migrants, sont profondément choquantes. Elles témoignent d'un piètre niveau de sensibilité à ce qui advient : une situation dramatique pour tous, migrants et descendants d'immigrés compris. Si l'erreur est humaine, persévérer est diabolique.

    Doit-on craindre un scénario à la Houellebecq ?

    Aujourd'hui, tout comme en Algérie dans les années 90, le passage à l'action est encouragé par la perspective d'une victoire qui n'est plus de l'ordre de l'impossible, d'autant que les rouages de l'Etat et des partis politiques ont d'ores et déjà été investis, de même que des personnalités politiques de tout premier plan.

    Votre livre, Décomposition française. Comment en est-on arrivé là ?, s'est vu décerner mercredi 8 juin le prix littéraire « Honneur et Patrie » de la Société des membres de la Légion d'honneur. Lors de votre discours de remerciements, vous avez cité Victor Hugo : « Tôt ou tard, la patrie submergée flotte à la surface et reparaît. » Malgré la noirceur de votre constat, vous conservez l'espoir. Pourquoi ?

    Les Français aiment la France même s'ils se sont fait une spécialité de la dénigrer, produit d'un certain snobisme qui s'est répandu dans la société. A présent qu'ils ont compris que leur destin était intimement lié au sien, et qu'ils ne lui survivraient pas en tant que peuple, ils vont s'attacher à réparer l'injustice qu'ils ont commise à son égard. C'est donc un engagement pour la justice, et la justice finit toujours par triompher. Victor Hugo le dit : « le vol d'un peuple ne se prescrit pas », et « on ne démarque pas une nation comme un mouchoir ». Les exemples abondent dans l'Histoire qui viennent attester de la justesse de son propos.  

    Alexandre Devecchio

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  • Il n'a pas tort Méluche ! Tuer Hollande et quelques autres ... Ou mieux : le Système ... Courage !

    Couverture de Valeurs actuelles, semaine en cours ...

  • Le massacre des innocents

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    La liste s’allonge des victimes de l’islamo-terrorisme. La question que tout le monde se pose est de savoir que faire. Or, la seule chose inadmissible, c’est de se refuser les moyens de se battre contre l’ennemi. De rester, comme le fait M. Hollande, dans la consternation, la condamnation, la déploration, l’incantation, etc., inventant « un état d’urgence proclamé […] un état d’urgence en caoutchouc, où tout ce qui devrait être dur est mou », selon M. Zemmour (R.T.L., jeudi 16). 

    Comme d’habitude, il y a ceux pour qui l’honnêteté intellectuelle passe après les convictions idéologiques. Qui n’a pas entendu à la radio ou à la télévision, lors des mille et un débats sur le sujet, la petite musique du négationnisme ? Ainsi, moins de deux jours après l’assassinat des deux policiers, M. Wieviorka, éminent sociologue de réputation internationale (et très proche du P.S. dont il est un des inspirateurs), distille d’un ton paterne (France 5, mercredi 15) qu’on ne peut associer les mots islam et terrorisme, au motif que ce serait « stigmatiser » toute une communauté. Il n’y aurait donc que des victimes (des jeunes, des homosexuels, des policiers, des journalistes, etc.) au sort desquelles on daigne compatir, sans craindre la contradiction car ces victimes ont bien été ciblées, c’est-à-dire stigmatisées par les tueurs de l’islamo-terrorisme. M. Onfray, mieux inspiré, répond indirectement le lendemain (R.M.C., jeudi 16) qu’existe bel et bien un islam islamiste et terroriste, que le nier revient à nier la filiation entre stalinisme et goulag et que l’islam n’a pas à bénéficier d’un régime de faveur qui l’exonérerait de ses turpitudes. 

    Il y a aussi ceux qui prêchent l’acceptation, si ce n’est la soumission. M. Legrand, après avoir expliqué qu’au fond on ne peut pas faire grand chose, enjoint, dans sa prédication matinale (France Inter, mercredi 15) « à tous les citoyens de prendre sur eux, de décider collectivement de traverser cette épreuve qui reste numériquement moins meurtrière (et de très loin) que les guerres et les révolutions que nous avons déjà vécuesou même les accidents de la route ». Donc, pas la peine de s’inquiéter, ça va passer : c’est la « résilience », nouveau terme à la mode. 

    Le gouvernement va plus loin. Tandis que M. Valls prévient que « d’autres innocents perdront leur vie » pendant encore « dix à vingt ans » (France Inter, mercredi 15), M. Cazeneuve (France 2, mardi 14) rappelle que, si tout doit être fait, il n’est pas question de dépasser la ligne rouge, celle des valeurs de la République. Que chacun sache donc que l’assassin des deux policiers, M. Larossi Abballa, mis sur écoute pendant quatre mois, n’a jamais rien dit qui aurait pu inciter, par principe de précaution, à le mettre hors d’état de nuire. Mais pourquoi donc ces écoutes ? Parce que, déjà connu pour de nombreux faits de droit commun (vol, recel, violences), il avait été condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, en 2013 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes ». Evidemment, maintenant que le RAID l’a liquidé, on ne peut plus l’arrêter. Entretemps, il a tué deux policiers. Mais les valeurs de la République sont sauves : périssent les Français plutôt qu’un principe. 

    Jean-Paul Sartre voyait des coupables partout. En tout cas, la responsabilité et la culpabilité politiques de ceux qui nous gouvernent et de leurs inspirateurs est entière : les autres sont les victimes désignées, et en l’occurrence innocentes, de leurs fautes et de leur idéologie. 

  • Robert Ménard : « La novlangue gouvernementale est un crachat sur la tombe des victimes ! »

     

    Le point de vue de Robert Ménard dans Boulevard Voltaire [15.06]

     

    1974250593.jpgRobert Ménard, un attentat aux États-Unis, un autre dans la banlieue parisienne, des cibles différentes, des moyens différents, mais un point commun : l’islamisme. La condamnation institutionnelle est unanime mais elle sonne faux. Partagez-vous ce sentiment ?

    C’est bien pire que cela. Si ces assassinats nous affligent profondément, s’ils nous emplissent de colère, la parole officielle, politique ou médiatique, elle, nous écœure. Écouter Hollande ou Valls, c’est avoir irrésistiblement envie de vomir de mépris et de dégoût. Comment une nation comme la France peut-elle être dirigée par de tels homoncules ? Leurs voix sont mornes, leurs mots sont vides, leurs faces sont froides. La démocratie nous contraint de les subir encore onze mois. Onze mois durant lesquels le pire du pire peut se passer. Dans n’importe quel pays où le mot « devoir » renvoie à une éthique personnelle, un Bernard Cazeneuve aurait démissionné. Il ne le fait pas. Cet homme n’a plus de ministre que le titre. Il est désormais le maître des cérémonies funéraires du régime. C’est l’homme qui enterre : les policiers comme la vérité.

    La novlangue était insupportable lorsque l’on parlait du chômage ou de l’insécurité. Désormais, elle est un crachat sur la tombe des victimes. Elle est, d’une certaine manière, la complice des attentats de demain. Complice car lorsqu’on connaît le nom du coupable et qu’on ne le prononce pas, c’est qu’on le couvre.

    J’étais au commissariat de Béziers aujourd’hui pour l’hommage officiel aux deux policiers tués à Magnanville. J’ai écouté le message officiel de l’État. Pas une fois les mots d’« islam radical » n’ont été prononcés. Cela fait écho à tous ces « experts » et autres journalistes qui, sur les chaînes d’info, après le carnage d’Orlando, s’interrogeaient doctement pour savoir s’il s’agissait d’un acte homophobe ou d’un acte lié à l’islam radical. Un peu comme si, en 1945, on s’était demandé si les morts de Treblinka étaient victimes de l’antisémitisme ou du nazisme…

    On ne vaincra pas nos ennemis si nous ne les nommons pas. Ce sont des islamistes radicaux. Ils nous haïssent en tant que Français et Européens. Ils sont les enfants de l’immigration de masse. À 95 %, ils sont nés sur notre sol ou y ont grandi. Ils sont aussi les fils du laxisme judiciaire, car presque tous ont commencé leur carrière comme voyous de cités. Des cités où la France déverse, depuis trente ans, des milliards et des milliards d’euros. Désormais, et pour les années qui viennent, ce sera eux ou nous.

    Quelle différence faites-vous entre islam et islam radical ?

    Une différence très simple : le second tue, et tue en masse comme en détail. À Orlando, 49 homosexuels ont été assassinés par un fils d’immigrés afghans. Il existe, dans le monde, treize pays où les homosexuels risquent la mort. Aucun n’est chrétien. Aucun n’est bouddhiste. Aucun n’est animiste. Tous sont musulmans. Tous sont radicaux.

    Ces attentats renforcent la communautarisation. Que faire ?

    Je crois que c’est trop tard. C’est terrible à dire, mais c’est trop tard. Le vivre ensemble qu’on nous a promis est une cohabitation, dans le meilleur des cas dans l’indifférence, dans le pire dans la violence. Du reste, nous approchons désormais de la phase deux de la désintégration de la France. Quand on voit un ministre de l’Éducation décider d’imposer l’apprentissage de la langue arabe à l’école, de quoi parle-t-on ? D’une autre langue comme l’anglais ? Certainement pas. Il s’agit d’apprendre dans l’école de la République la langue d’origine d’un nombre grandissant d’enfants étrangers ou naturalisés grâce au droit du sol, mais aussi la langue du Coran. Et quand je vois que le ministre qui exige cet apprentissage a deux nationalités, qu’il est français mais aussi marocain, je pose la question : dans quel pays au monde un ministre peut-il avoir deux nationalités ? Mais aussi deux discours… Car Mme Najat Vallaud-Belkacem, qui prône en France les cours de gender, la promotion de l’homosexualité à l’école, aurait-elle la même position au Maroc ? Non, évidemment. 

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
  • Livres • Russophobie : haine et passion d’une universitaire

     

    par Dimitri de Kochko

    Dans Les Réseaux du Kremlin, Cécile Vaissié dénonce, parfois violemment, des tentatives d’influence du Kremlin sur les affaires intérieures des pays européens. Un brulot sans fondement, bourré d’approximations et caractéristique de la « Russophobie » ordinaire explique Dimitri de Kochko, journaliste, président de l’association France-Oural, mis en cause par Cécile Vaissié.

    Le pamphlet récemment publié sur de prétendus «réseaux du Kremlin en France» est un bon exemple de la désinformation que nous subissons aujourd’hui dans le cadre d’une guerre de l’information qui aboutit à des fractures sociologiques graves dans notre pays.

    L’ouvrage, signé d’une dénommée Cécile Vaissié, enseignante à l’université de Rennes II, n’a rien d’universitaire : les erreurs, les à-peu près, les contre-vérités, les clichés et préjugés, les injures et diffamations, camouflées mais réelles, y abondent. A commencer par la description même de ces pseudos «réseaux du Kremlin» : s’il y a des réseaux du Kremlin en France, ils ne concernent certainement pas les gens décrits dans cet ouvrage. Ouvrage de commande ? On peut légitimement poser la question tant les termes et même le vocabulaire utilisés sont identiques à d’autres livres et articles qui paraissent un peu partout en Europe depuis la crise ukrainienne. Le contenu de ce livre, écrit dans un style de mauvaises fiches de police par moments, est en effet totalement public et transparent. On le retrouve très largement, en différentes langues, sur internet.

    Un style de fiches de police

    On est très loin d’un John Le Carré dont les excellents romans d’espionnage sont cités complaisamment par les copains politiques de l’auteur à propos de ces fameux « réseaux du Kremlin en France ». Quant aux personnes mises en cause,  elles n’ont qu’un seul droit : celui de se taire ! Le but essentiel de tels écrits est de discréditer tous ceux qui ont une opinion différente. Notre otanienne, pro-américaine tendance néo-cons inconditionnelle, rajoute aux clichés russophobes ranimés lors de la guerre froide, des affirmations mensongères et des allusions non sourcées. On cite les commentaires de ses amis sur facebook (sic)… On commente les papiers d’organes de presse totalement engagés… Méthodes plus que limites d’un auteur qui, par ailleurs, fait preuve d’un mépris professionnel assez odieux à l’égard de certains de ses collègues que, visiblement, elle n’aime pas !

    Petit florilège. Au hasard des pages, on apprend qu’à l’ambassade de Russie, on «sert le caviar à pleine louches». Rien que ça ! Que la Russie subit une crise économique terrible (ce qui est vrai), que le gouvernement russe est incapable de sortir le pays de la pauvreté (ça pourrait devenir intéressant avec une argumentation solide) mais que, en même temps, l’argent coule à flots. Et si l’argent coule à flot, c’est, évidemment, pour subventionner « l’extrême droite », notamment le Front National en France et, par allusions glissantes, d’autres hommes politiques qui ont le tort à ses yeux de ne pas penser OTAN mais Europe. Là aussi, des affirmations, mais aucune preuve ou enquête sérieuses. Renseignez-vous Mme Vaissié ! En ce qui concerne le Front national, le prêt qu’il a obtenu d’une banque chypriote appartenant à un oligarque russe  – et non au Kremlin – est loin d’être avantageux. Et tout est à l’avenant dans ce livre peu rigoureux, bourré d’approximations.

    Une cible prioritaire

    L’une de ses cibles favorites, celle qui trahit sans doute le plus sa xénophobie, voire son racisme profond contre les Russes en tant que peuple, sont les émigrés et descendants d’émigrés russes en France. Bien sûr, l’auteur se défend d’éprouver de tels sentiments, à la manière de l’antisémite dont « le meilleur ami est un juif »… Ces émigrés se sont organisés depuis des lunes en diverses associations d’intérêts et d’orientations très différentes. Depuis 2010, une partie d’entre elles (quelque 170 en 2015) se sont regroupées en un forum qui a élu un Conseil de coordination. Ce dernier a demandé à être reconnu par l’État russe qui l’a intégré dans son programme mondial de coordination de ce qu’ils appellent « les compatriotes ». Terme pris au sens très large, puisque des non-russes y participent. Le but du Forum était justement d’établir une coordination horizontale, notamment entre les écoles, et une meilleure relation avec les représentants russes et les régions et institutions russes. Tout cela est public et affiché sur un site internet ouvert (www.conseil-russes-france.org). L’auteur sympathise elle-même avec une coordination ukrainienne (pro-Kiev) qui pourtant n’hésite pas à faire de la politique et à jeter des anathèmes. Au point d’exiger de Canal plus le retrait d’un documentaire qui lui déplaisait. Ce que les épouvantables russes n’ont jamais fait, malgré la pléthore de films russophobes sur plusieurs chaînes !

    Des attaques ad hominem

    Jouissant de l’immunité de fait quand on injurie ou discrimine des Russes, contrairement à d’autres nationalités, ethnies ou religions, la professeur de russe (qui doit être bien malheureuse d’avoir à traiter d’une nationalité qu’elle abhorre à ce point) se lance dans des attaques ad hominem. Parmi les cibles, M. Dimitri Chahovskoy, descendant d’une famille princière qui a émigré après la révolution. Rien que cela lui vaut les lazzis de Vaissié qui n’hésite pas à écrire que « selon certains, il était proche du KGB »… On ne sait pas où, comment, pourquoi, mais c’est dit. Autre « prince » attaqué : M. Alexandre Troubetskoy, accusé de tous les maux et évidemment soupçonné des pires avanies. Là encore, sans rien de précis, sans rien qui soit prouvé. Mais Alexandre Troubetskoy est directeur du Dialogue franco-russe, une organisation qui, par essence même, est consacrée au business franco-russe. Tout est public, sauf évidemment les négociations commerciales. Les efforts consentis pour sauvegarder un bon climat d’affaires sont pour le moins légitimes pour une telle organisation et ses dirigeants. Mais cela n’effleure même pas l’esprit de Mme Vaissié qui accuse le député Thierry Mariani, coupable de penser que de tels échanges allant dans l’intérêt de la France et de la Russie, vont également dans l’intérêt de l’Europe tout entière. Cette dernière idée étant tout simplement insupportable aux atlantistes inconditionnels comme Vaissié qui nie dans son «ouvrage» toute influence américaine en France et ne s’indigne pas de l’opacité des négociations du Tafta avec ses modèles d’outre Atlantique, ni des neuf milliards de la BNP dont ont été privés les chômeurs français, dont ceux d’Alstom, livrée bien bizarrement à General Electric (à ce propos, voir ce qu’en dit le député Jacques Myard).

    Thèses douteuses

    Parmi les cibles «émigrées», il y a l’auteur de ces lignes. Contre-vérités et allusions diffamatoires abondent. D’abord, s’appuyant sur une thèse pour le moins douteuse car l’auteur n’est pas venue interroger les personnes concernées, Vaissié cite entre guillements des paroles que je n’ai jamais pu prononcer, tant elles sont absurdes et incohérentes, sur le statut du Conseil de coordination dont j’ai été le premier président. Présentées comme un grand secret, les discussions sur le statut juridique sont en fait publiques. La problématique, faussée par Vaissié, portait sur la nécessité ou non de donner un statut juridique au forum, par définition assez volatile et de ce fait ingérable… Ma position est totalement inversée, à en croire l’interprétation que donne Vaissié de la thèse citée. Elle n’hésite pas ensuite à reprendre un vieil argument, employé contre moi par les partisans du régime de Kiev. Une facture d’une association, signée par moi, de 5 000 euros (bien 5 000 euros, pas 5 millions, à l’heure des Panama papers avouez…) trouvée, dit-elle, dans le palais de Yanoukovitch et fournie sans doute par des services ukrainiens ou des partis d’extrême droite qui ont joué le rôle que l’on sait (sauf Vaissié) dans la prise de pouvoir à Kiev. Cela permet à l’auteur de m’accuser «de gagner de l’argent» et de donner des leçons de déontologie journalistique, ce qui de sa part est particulièrement mal venu. D’abord, on ne voit pas ce que le Kremlin a à voir là-dedans, puisqu’il s’agit d’une affaire ukrainienne. Ce sont effectivement des parlementaires ukrainiens, d’ailleurs de diverses tendances, qui ont demandé à l’association des russophones de les aider à organiser un voyage à Paris pour qu’ils puissent rencontrer leurs homologues français. Leur ambassade, qui aurait dû s’en charger, sabotait tout, selon leurs dires, car elle était tenue par un partisan de Youchtchenko, le président battu aux élections par Yanoukovitch. Ayant travaillé en Ukraine, je connaissais des membres de la délégation. Nous avons donc fait profiter ces Ukrainiens d’un tarif négocié dans un grand hôtel parisien. Nous avons également organisé une rencontre avec la presse et l’association a fourni une de ses salariées pour la traduction, durant trois jours. C’est ce que couvre cette facture. Mais, soit le travail des services ukrainiens est incomplet, soit l’honnêteté de Vaissié est encore prise en faute. Il se trouve que nous n’avons jamais reçu ce remboursement. Ce qui doit être visible dans les documents comptables…  Vaissié reprend aussi d’autres calomnies dont j’ai déjà été victime : le magazine Les Inrocks m’accusait l’an dernier de jouer au DRH pour un organe de presse «poutinien» pour lequel je ne travaille même pas ! Aucune vérification de la part du journaliste et de la rédaction du magazine. Pour faire bon poids, Vaissié en rajoute : elle affirme que la photo d’illustration du magazine en question me montrait dans les studios de «Pro Russia», une télévision internet, dans lesquels je n’ai jamais mis les pieds… Bien sûr, j’ai droit aussi aux dénonciations de type stalinien du journal Libération, auxquelles j’avais répondu sur internet. Vaissié, pseudoenquêtrice, ne se donne pas la peine de la citer. C’est dire le sérieux de cet écrit.

    Jugements à géométrie variable

    Dans la même veine, les «rappels» historiques de Vaissié valent leur pesant de cacahuètes, comme aimerait à écrire « la professeure » pour faire peuple. Ainsi le coup d’État à Kiev, le 22 février 2014, se serait produit parce que «Yanoukovitch est parti» ! Comme ça ? Tout d’un coup ? Quant aux jeunes fédéralistes brûlés vifs à Odessa le 2 mai 2014, dans le silence général de la presse occidentale, alors que l’internet était plein d’images insupportables quelques heures après l’événement ? Ils ont mis le feu eux-mêmes ! Là, cela devient franchement nauséabond. Evidemment, elle ne dit rien sur les bombardements et les massacres commis contre la population ukrainienne du Donbass par les troupes et les détachements néo-nazis (ils en arborent même les insignes) venus de l’ouest. On a pourtant tué Kadhafi pour avoir bombardé sa population.

    En un mot, ce livre c’est beaucoup de pages pour rien, si ce n’est pour alimenter encore une haine bien inutile entre Européens. Ces derniers n’ont-ils pas déjà été suffisamment saignés au siècle dernier – les Russes plus encore que les autres ? Pas assez pour des gens comme Vaissié. Odieux !