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Actualité France - Page 384

  • Médias • Grand journal, Petit journal : requiem pour « l'esprit Canal »

     

    Pour Théophane Le Méné, le départ de Yann Barthès du Petit journal marque le déclin de la gauche canal dont les rires forcés ne font plus illusion. [Figarovox, 10.05]. De cette caste, il trace ici un remarquable et féroce portrait. Celui d'une engeance calculatrice, doctorale, artificielle et vulgaire ... sur le déclin.  LFAR

     

    1554643691.2.pngJusqu'il y a peu, le concept était rodé, minuté. Il portait le nom de Grand journal et déclinait ses conjugaisons comme l'hydre aligne les têtes. Sous la baguette d'un présentateur en vogue, quelques chroniqueurs plus ou moins connus y allaient de leur partition pour dérouler le fil du talk-show, une articulation de reportages, de sketchs, d'interviews politiques, d'un moment culturo-littéraire et d'une multitude de bonnes blagues qui n'étranglaient, en tout état de cause, pas ceux qui dînaient derrière leur poste. Le sourire bright, le teint bronzé et la verve éloquente, quelques beaux esprits se posaient en arbitre des élégances, refaisaient le monde et les faces, sous les applaudissements d'un public trié sur le volet, à l'affût des petites lumières habilement dispersées qui leur dictaient d'applaudir ou de huer, selon que l'invité était puissant ou misérable. On y retrouvait des noms connus du showbiz germanopratin, des actrices ayant échoué dans l'érotisme qui gémissaient désormais sur des cartes météo et quelques normaliens moins portés sur la phénoménologie que soucieux d'apparaître en phénomène télégénique.

    A tout seigneur, tout honneur. Aucune demi-mesure dans le traitement des sujets ou des invités. Il y avait ce qui était bon et juste et le reste. Il y avait les respectables avec qui l'on s'émouvait, s'amusait, et plaisantait. Il y avait les infréquentables, les factieux, les intolérants. Pour ceux-là, pas de quartier. On ne les invitait pas pour qu'ils puissent s'exprimer mais pour les railler, tourner en ridicule leur cause, réduire ad hitlerum leurs idées. Etrillés sur place, les malheureux n'avaient d'autres choix que de subir les assauts de questions et les apostrophes énoncées en certitudes sans pouvoir y répondre ni invoquer, pour le geste, les droits de la défense que même la sainte Inquisition garantissait. Entre deux gaudrioles subtilement placées pour annoncer l'hallali, les babines pavloviennes se déchaînaient pour se partager les restes : c'était la curée.

    A côté de ces attaques en meutes, il y avait les reportages et les chroniques qui reprenaient, de « manière caustique, détournée ou décalée », l'actualité. Primus inter pares, Le Petit journal, présenté par le flamboyant Yann Barthès. D'abord partie intégrante du Grand journal, la chronique était devenue depuis peu une émission à part entière et succédait à la grand-messe, comme une dernière salve, un dernier tour de piste, où, durant 15 minutes encore, il s'agissait de moquer toujours plus ceux qui ne nous ressemblaient pas. Le scénario était impitoyable. On riait des physiques ingrats, on mettait en exergue les bourdes, les impairs ou même les bégaiements des politiques. Les interviews se résumaient à des questions délibérément indiscrètes ou tout simplement idiotes, comme pour marquer le niveau de celui qui est interrogé. On glissait des micros dans les meetings, dans les manifestations, et on guettait la phrase choc, celle qui, retirée de son contexte, apparaît évidemment comme stupide ou inadmissible. Et on se gargarisait d'une dignité que les autres n'avaient pas, on se plaisait et on se complaisait, on s'aimait de ne pas aimer ce qui, à nos yeux, n'était pas aimable.

    Qui étaient alors ces nouveaux maîtres du paysage audiovisuel français ? Qu'incarnaient-ils sinon la subversion assumée du véritable journalisme, du traitement consciencieux de l'information au profit d'un ersatz fondé sur le divertissement, comme pour esquiver la réalité ? Les témoignages de deux enfants prodigues revenus à la maison du bon sens sont, sur ces questions, éloquents. Ollivier Pourriol, philosophe et écrivain fut, un an durant, l'intello de service. Pour un salaire de 10 000 euros par mois, il avait la lourde charge de placer quelques laïus culturels au cours de l'émission. Jamais pourtant il ne trouva sa place et fut très rapidement réduit au silence. De cette expérience malheureuse, le philosophe en a tiré un livre [1] où l'on découvre avec effarement l'envers du décor : ces livres qu'on lui conseille de ne pas lire sinon la première page, la dernière et la page 100, pour faire illusion ; les discussions, l'air de ne pas y toucher, sur l'argent (« Ce que tu trouves trop aujourd'hui, tu trouveras ça normal quand tu auras passé toutes tes soirées coincé entre Copé et Rihanna ») ; le mépris de l'intelligence (« Sois plus dans l'humeur. Sois moins cérébral. Essaye d'être un peu moins intelligent »)… N'en jetez plus. Solweig Lizlow, la miss Météo du Grand journal durant la saison 2011/2012, garde elle aussi un souvenir amer de cette expérience. Dès le départ, son rôle est clair : jouer « une pouffe décérébrée » pour « séduire les 7-13 ans et les cadres sup' ». Sur ses anciens collègues, l'estocade est fulgurante : « J'ai dû cohabiter chaque jour avec des gens hautains et dédaigneux de la classe sociale qu'ils jugeaient inférieur à eux ».

    L'argent, la bêtise, l'ignorance, le mépris, l'entre-soi, tout un programme sur fond de lutte des classes. On se souvient d'un Nicolas Dupont-Aignan excédé par les simagrées narquoises de ses interlocuteurs, alors qu'il évoquait la souffrance des Français, qui n'hésita pas à tancer Michel Denisot sur le montant de son salaire. Embarras général et tentatives de couper court à la question furent ses seules réponses. En fait d'ignorance, faut-il aussi rappeler cette photo de Yann Barthès pris en flagrant délit de « quenelle », lui qui quelques jours avant dénonçait le geste haut et fort ? « L'esprit Canal +, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible », remarquait très justement Alain Finkielkraut alors qu'il dénonçait l'enfantement de l'humoriste controversé par cette société du spectacle, de la vacuité, du ricanement et de la bouffonnerie. Que dire encore de la propension ahurissante de ces comédiens professionnels à dénoncer un conformisme dont ils sont l'exemple achevé

    C'était l'émission culte, le monument de la télévision française, l'impertinente séquence cathodique et glamour devant laquelle bon nombre de Français se retrouvaient tous les soirs. Une engeance qui régnait un peu partout comme une mélodie trop écoutée dont on n'arrive plus à se défaire. Mais jusqu'à quand ? « Tout le monde regarde [cette émission] pour savoir pourquoi tout le monde regarde », expliquait Ollivier Pourriol pour justifier les audiences de la chaîne. Depuis plusieurs mois, celles-ci sont en berne. Bolloré a racheté Canal +, la gauche morale déprime et même les rires forcés ne font plus illusion. Yann Barthès s'en va pour rejoindre la chaîne dont il fallait se moquer parce que l'un de ses patrons avait confié à des annonceurs qu'elle vendait du temps de cerveau disponible.  •

    Théophane Le Méné

  • Société • Responsabilisation écologiste.

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa cause écologiste est la grande oubliée de cette année 2016 après une COP 21 pleine de promesses et vide d'actes concrets, et elle ne jouera sans doute pas un grand rôle dans la détermination électorale de la prochaine présidentielle, surtout si Nicolas Hulot n'y participe pas et que Mme Duflot n'obtient pas (sauf manœuvre de la droite républicaine) les signatures d'élus nécessaires à toute candidature. Tout comme elle est la grande perdante de l'actuelle confrontation autour de la loi El Khomry... Bien sûr, il y a le référendum prochain du 26 juin sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne concernera que les électeurs de Loire-Atlantique et n'aura sans doute guère d'impact sur la suite des événements, chaque camp annonçant sa décision de ne pas respecter le résultat du vote s'il ne leur est pas favorable : échec programmé de la démocratie, et pas seulement locale ! 

    Et pourtant ! Jamais la cause écologiste n'a été aussi nécessaire et les échéances aussi proches sur le plan environnemental, mais qui, dans le monde politique ou dans la société, s'en soucie ? Même les participants à « Nuit debout » ne semblent guère motivés par le sujet, certains n'ayant pas hésité à chasser de leur lieu de rassemblement le seul philosophe médiatique à se préoccuper de la cause animale et à écrire (et parler) contre le système de concentration bovine initié par la ferme des mille vaches, c'est-à-dire Alain Finkielkraut. 

    De plus, la semaine dernière, la « pénurie » de carburant a montré à l'envi combien il est illusoire de demander aux consommateurs de refréner leur voracité énergétique, ceux-ci se précipitant vers les stations d'essence pour remplir des réservoirs parfois déjà presque pleins, comme s'ils avaient peur de manquer de leur dose quotidienne de pétrole : d'ailleurs, c'est cette ruée qui semblait parfois confiner à une panique irraisonnée qui a véritablement transformé la prédiction de pénurie en... pénurie ! Le quotidien breton Ouest-France évoquait une multiplication par cinq de la consommation à la pompe dans certains endroits, preuve de cet emballement dément. 

    Sans une responsabilisation de la population, la protection et pérennisation d'un environnement naturel favorable à l'homme et à la biodiversité restera un vœu pieux, pourra dire celui qui est seulement démocrate. Mais le royaliste ira plus loin et rappellera que sans un État digne de ce nom et conscient des devoirs des sociétés et des limites de notre planète, rien ne sera possible, concrètement. Un État lui-même responsable, non seulement devant les hommes du présent mais aussi devant les générations à venir... 

    Mais cet État, qui ne doit pas être obsédé par l'immédiateté ni par quelque popularité électorale (dont on sait que, souvent, elle ne dure que le temps que vivent les roses et que fanent les promesses), ne peut être « seulement démocratique » : il lui faut cette forme monarchique qui inscrit le politique dans la durée et la continuité, et cette spécificité royale qui fait du souverain un « père » soucieux de la santé et de l'avenir de sa famille, et qui s'effacera, le jour venu, devant son héritier en lui transmettant l'héritage  préservé et, éventuellement, agrandi et embelli. C'est cet État qui, lui-même hautement responsable devant l'histoire et les familles, pourra responsabiliser autrui, citoyens comme entreprises, autant par l'exemple que par la promotion d'un modèle de société « enraciné »... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Livres • Gabrielle Cluzel : « Il n’y a rien à sauver du féminisme ! »

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

    Journaliste, rédactrice en chef à Boulevard Voltaire, Gabrielle Cluzel exécute l’idéologie féministe dans un petit livre aux formules ciselées.

     

    Le titre de votre livre est une référence à La Cérémonie des Adieux de Simone de Beauvoir…

    L’œuvre de Simone de Beauvoir puise largement dans la frustration d’être née à une époque qui réservait peu de places aux femmes intellectuelles. D’une certaine façon, le beauvoirisme est un bovarysme ! Comprenez bien que dans la France patriarcale de l’après-guerre, il a bien fallu que le féminisme se nourrisse, pour prospérer, d’un certain terreau d’injustice et de colère… Le problème, c’est qu’après avoir exigé la libération des femmes, il a prétendu libérer la femme d’elle-même et, ce faisant, l’a purement et simplement niée. Il est devenu une idéologie, une sorte d’utopie qui pouvait avoir un impact dans des sociétés riches et prospères mais qui apparaît pour ce qu’elle est dans un monde fragilisé comme le nôtre : une tyrannie plus ou moins feutrée qui prétend occulter le réel en dictant aux femmes – et aux hommes – leur conduite. Adieu Simone : il n’y a rien à sauver du féminisme !

    Où voyez-vous des brèches dans l’idéologie féministe ?

    Les féministes ne peuvent pas éternellement nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Elles font un bruit épouvantable pour imposer que l’on dise « madame « la » ministre » plutôt que « madame « le » ministre », mais on ne les entend plus quand il s’agit de dénoncer de vrais scandales. Qu’elles s’en prennent au laxisme judiciaire qui fait de notre pays une jungle où s’exerce la loi du plus fort. Car, bien évidemment, cette loi s’exerce au détriment des femmes, plus faibles physiquement – et oui ! – que les hommes. C’est d’ailleurs aussi pourquoi elles sont victimes de harcèlement. Encore un brillant « acquis » du féminisme qui, en œuvrant pour la libération sexuelle, a contribué à faire tomber les conventions qui régissaient somme toute assez bien les rapports entre les hommes et les femmes. Et je ne parle même pas du silence radio des féministes sur les risques sanitaires de la contraception et sur la souffrance morale d’une IVG. Quant au traitement dégradant subi par certaines musulmanes, jamais une voix ne s’élève pour le dénoncer. Mais la réalité est cruelle. On l’a vu au moment des événements de Cologne où le Titanic féministe s’est écrasé sur l’iceberg islamique…

    Mais, tout de même, ne faut-il pas se réjouir que la femme soit aujourd’hui l’égale de l’homme ?

    Cela dépend de quoi on parle. Promouvoir des femmes, non pour leurs compétences, mais parce qu’elles sont des femmes, j’appelle cela un système condescendant et odieusement sexiste. Il résume d’ailleurs l’erreur fondamentale du féminisme qui voudrait faire croire aux femmes qu’il leur faut choisir entre leur cerveau et leur désir de maternité. à mon avis, il devrait être tout à fait possible de mener de front une carrière professionnelle et une vie de famille épanouie. On attend le candidat qui proposera une politique familiale intelligente, valorisant les différents aspects de la féminité et de la masculinité. 

    Adieu Simone, de Gabrielle Cluzel, Le Centurion, 127 p., 11,90 euros.

  • Questions à un Tartuffe : « Ultra-royaliste au Maroc, je suis ultra-gauche en France... Je suis... Je suis...»

     

    Par François DAVIN

     

    JBD Résolution 150.jpgA l'occasion de la désolante et pitoyable « sortie » sur le cas du joueur au mauvais esprit non sélectionné en équipe de France de foot, Jamel Debbouze a cru devoir ajouter sa voix à celles des soi-disant antiracistes.

    Il a probablement perdu une bonne occasion de se taire...

    Jamel Debbouze s'est marié en grande pompe à Marrakech, encensé par tout ce qui compte dans le Palais et dans le petit monde de la monarchie, et, bien sûr par « Sa Majesté » (comme dit Jamel) elle-même. Une « Majesté » sur laquelle, d'ailleurs, il ne tarit pas d'éloges, notamment pour son action en faveur de la Culture.

    Nous ne lui reprocherons certes pas d'être un inconditionnel d'une monarchie que le Maroc a bien de la chance de posséder, parce qu'elle conduit le pays d'une main ferme face à l'islamisme terroriste et, aussi, parce qu'elle conduit également le pays - dans la mesure de ses possibilités - sur la voie d'un développement maîtrisé et bien mené, au service du Bien commun... 

    Nous ne lui reprocherons pas, non plus (voir la photo ci dessus), de faire à celui qu'il appelle si volontiers - et à juste titre -  « Sa Majesté » un baise-main qui est presque à la limite du défi aux lois de la pesanteur et de l'équilibre (ne descends pas plus bas, Jamel, tu vas te casser la figure...)

    Nous lui demanderons seulement de nous expliquer une chose : on le sait - ici, en France - ce grand royaliste de Djamel Debbouze est un fervent partisan de Ségolène Royal, en particulier, et de tout ce que le PS et la gauche comptent comme bobos/gauchos/trotskos dans le parti immigrationniste et la nébuleuse sanspapiériste et migrantiste.

    Or, allez voir au Maroc s'il fait bon être « sans-papier », c'est-à-dire, pour parler vrai, « clandestin ».

    Par ailleurs, et jusqu'à plus ample informé, Mohammed VI est bien le fils d'Hassan II. Celui là même que plusieurs journalistes et têtes pensantes de la gauche en général, et du Parti Socialiste en particulier, n'ont cessé de vomir : qui ne se souvient du livre « Notre ami le Roi », dans lequel la gauche essayait de régler ses comptes avec Hassan II, et pour parler comme tout le monde, le descendait en flammes : tout y passait, avec en point d'orgue l'affaire du bagne de Tazmamart.

    648x415_image-extraite-emission-canal-le-grand-journal-segolene-royal-jamel-debbouze-12-avril-2006.jpgSégolène Royal - et le Parti Socialiste avec elle, et la nébuleuse sanspapiériste/migrantiste, et les bobos/gauchos/trotskos etc. etc. - fréquentent donc allègrement et sans aucun remords, ni scrupules le très bon ami - Debbouze - du très fidèle fils - Mohammed VI - de ce monstre absolu que toute cette mouvance dénonçait et injuriait hier !

    Tout cela serait simplement cocasse si, au fond, cela ne posait un problème : dans la pratique du grand écart, et du double jeu, a-t-on le droit d'aller aussi loin, d'être hypocrite, tartuffe et malhonnête à ce point, d'un côté comme de l'autre ?

    Où est Montesquieu, lui qui parlait de « Vertu » ? 

    Et que faut il conclure de la si profonde amitié - en France - d'une des championnes des socialistes (et de l'ensemble de la Gauche avec elle) avec ce royaliste marocain avéré, partisan inconditionnel de « Sa Majesté » Mohammed VI, qui reprend et prolonge, avec fierté - il a bien raison - l'héritage et la leçon politique héritée de son père, Hassan II  ? 

  • Eric Zemmour : « Le prénom, c’est la France ! »

     

    Éric Zemmour revient sur la proposition d’Oz ta droite d’imposer la francisation des prénoms… Et répond à Nicolas Domenach. Un remarquable billet. LFAR  •

     

    3'45''

  • Que s’est-il passé à Béziers ?

     

    par Dominique Bonnétable

     

    Le rendez-vous que Robert Ménard avait proposé ne manquait pas d’intérêt : débattre en toute liberté des sujets qui réunissent ou divisent la droite nationale française, contribuer à réduire les hostilités, permettre l’établissement d’un consensus de nature à remettre en cause le « Front républicain » et donc la domination idéologique de la Gauche. Faire contrepoids, enfin, à la tendance jugée trop socialisante, sur le plan sociétal et sur le plan économique, de Florian Philippot. Le maire de Béziers avait bien fait les choses : les bâtiments publics avaient été préparés pour accueillir les participants, dans une ville dont la propreté et la bonne tenue témoignaient de l’efficacité de son nouvel édile. Malheureusement les personnes que Ménard avait choisies pour animer cette réunion et réaliser cette mission n’étaient pas toutes nécessairement les mieux placées pour cela, et cette situation s’est révélée dès les premières minutes de parole. L’ouverture des débats avait été confiée à Yves de Kerdrel, rédacteur en chef de « Valeurs actuelles », et à Denis Tillinac, écrivain réputé. Or, le premier, qui ne fait pas mystère de son désir de voir Sarkozy revenir aux affaires, ou à défaut Fillon ou Juppé, a considéré que son ennemi désigné était le Front National, déclarant en liminaire qu’il existait une « extrême-extrême droite sectaire » qui défendait le dirigisme et combattait les lois du marché. Quant à Denis Tillinac, au cours d’un exposé destiné à définir la « Droite », au cours duquel il a répété avec talent que la Droite, ce sont « des sentiments, des valeurs et des images », laissant ainsi les idées à la Gauche, il a soutenu que le Front National était depuis l’origine un soutien du parti socialiste. On aurait pu penser que les résultats des dernières élections régionales dissuaderaient quiconque de répéter ce type de slogan absurde, mais le mépris du réel est enraciné chez certains. Quoiqu’il en soit, après cela, il était évident que les seules personnalités politiques présentes, à savoir Marion Maréchal Le Pen et Louis Alliot allaient se trouver de trop et quitter les lieux. M. Ménard lui-même répéta pour faire bon poids qu’il n’était pas là pour « servir de marchepied au Front National ». Les choses avaient donc mal commencé. Le lendemain, les débats furent inégaux et marqués, comme il en est toujours, par les oppositions personnelles et partisanes : ainsi Mme de La Rochère refusa de se trouver en présence de Mme Bourges à la même table ronde sur la famille. A noter tout de même, et au grand dam de M. de Kerdrel, une étonnante et complète unanimité contre l’Union Européenne, tant parmi les intervenants que parmi les participants, au premier rang desquels Hervé Juvin, qui donna un échantillon de sa rigueur et de son audace. Malheureusement, la teneur des tables rondes ne permit pas de déboucher sur des propositions solides : les 51 articles de la motion finale, malgré leur bon esprit, sont quelquefois redondants et même démagogiques, et surtout laissent de côté l’économie, l’Europe et notamment l’euro, la politique étrangère et les questions idéologiques, pourtant essentielles. On n’a pas abordé l’idéologie de la non-discrimination, ni l’idéologie mortifère des droits de l’homme. En bref, seules les questions secondaires faisaient l’objet d’une proposition. Evidemment, les mandants de M. de Kerdrel, actionnaires de sa revue, n’auraient pas aimé qu’il en fût autrement. Or, pour faire de la force en faveur du clan national, on ne peut pas faire l’impasse sur la remise en cause de la démocratie idéologique.

    En conclusion, et malgré les tentatives timides de Robert Ménard pour atténuer l’effet de ses propos, la réunion se solde par un demi-échec pour leurs organisateurs : ils ne pourront se fonder sur ses résultats pour passer à l’action, et les relations entre FN et Ménard seront compromises quelque temps. Quant à Kerdrel, il ne pourra réaliser son but inavoué, à savoir arracher suffisamment de voix au Front National pour mettre en selle son candidat libéral et atlantiste. Il reste le plaisir d’avoir pu rencontrer des personnalités marquantes, d’avoir resserré les liens avec nos amis de près ou de loin, d’avoir échangé des propos roboratifs et d’avoir pu apprécier la qualité de la gestion municipale de Béziers. Ce n’est pas tout à fait rien.

  • Au-delà de Verdun, quelle France ?

     De Gaulle et Adenauer sortant de la cathédrale de Reims le 8 juillet 1962. © AFP

    par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa bataille de Verdun apparaît désormais aussi lointaine que le Moyen âge aux yeux de nos contemporains, en particulier des plus jeunes : le siècle qui nous en sépare n'a pas été avare du sang des hommes et l'histoire a ici un goût de cendres et de sang, et Verdun rime trop avec Pétain pour que la mémoire n'en paraisse, du coup et injustement, ambiguë. Et pourtant ! Oublier Verdun, n'est-ce pas renier une part de notre histoire, aussi douloureuse soit-elle, et nous abandonner aux vents distraits de l'amnésie qui, en définitive, n'est jamais rien d'autre qu'une peur devant ce qui pourrait encore arriver de terrible ? L'amnésie est reposante, au moins un temps : elle est périlleuse, si elle se veut refoulement et non refondation. 

    Jadis, nous fêtions une victoire et les Allemands commémoraient une bataille : aujourd'hui, la France et l'Allemagne en ont fait une occasion « européenne », comme pour mieux se prémunir d'une contemporanéité qui bouscule les mythes d'hier et les élites bien-pensantes, d'où cette condamnation désespérée et unanime chez les officiels des « populismes » qui pousseraient au repli sur soi et, évidemment, à la guerre... Pourtant, à bien écouter le gouvernement républicain et son président, j'avais cru entendre et comprendre que, déjà, nous étions en guerre sans même que les nationalistes des différents pays d'Europe puissent en être tenus, quels que soient leurs défauts, pour responsables : les islamistes jettent leur haine en rafales sur les terrasses et dans les autres lieux publics, sans aucune hésitation ni remords, et la République se met en état d'urgence faute d'être, simplement, un État digne de ce nom et des attentes que les peuples, légitimement, doivent pouvoir placer en lui pour leur assurer protection et secours. 

    Plutôt que la triste mascarade de ce couple Hollande-Merkel, improbable et définitivement déséquilibré au bénéfice de notre voisine germanique, je préfère repenser à l'accolade De Gaulle-Adenauer et à ce traité de l’Élysée du début 1963, fameux traité franco-allemand sciemment saboté par le sinistre Jean Monnet, cet atlantiste qui se faisait passer pour « européen » quand il n'était que « l'homme des Américains » selon l'amère formule gaullienne. En fait, c'est à cette date que tout (ou presque) s'est joué : à l'idée d'une entente concrète et fondatrice entre deux nations souveraines, s'est substituée ensuite l'idéologie d'une Europe fédérale et supranationale, négatrice à la fois de l'histoire et de l'avenir possible d'une indépendance des pays d'Europe à l'égard des grandes puissances, qu'elles soient politiques ou économiques, empires ou multinationales... 

    On peut regretter cette occasion manquée de 1963, mais on peut aussi penser, désormais, à de nouvelles alliances et, simplement, à la possibilité d'un avenir français libre de ses choix et de son destin, en amitié possible et vraie avec ses voisins et en accord avec son histoire propre : pour cela, encore faudrait-il un État et, plus encore, une magistrature suprême de celui-ci qui incarne la France et non une partie électorale de celui-ci, cette dernière fût-elle majoritaire au terme d'un second tour d'élection présidentielle. 

    Là encore, la Monarchie n'est pas une « revanche » mais une chance et elle ouvre le champ des possibles, à l'intérieur comme pour l'extérieur, car, si elle a de la mémoire, elle n'en fait pas une politique, mais elle est « la France », celle qui n'a pas besoin de parader pour être et durer, par delà les générations et au-delà des ressentiments anciens, et qui peut, sereinement, tendre la main au-delà des tranchées et des barricades de l'histoire à ceux qui veulent bien la prendre... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Derrière l'antiracisme de Cantona, le racisme anti-Français

     

    Un point de vue d'Aymeric Patricot          

    « Deschamps a un nom très français. Peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. » a déclaré Eric Cantona à propos du sélectionneur de l'équipe de France de football. Aymeric Patricot analyse l'inconscient anti-blanc et anti-Français contenu dans de telles affirmations. Une tribune dans Figarovox [30.05], une réflexion, une argumentation,  avec lesquelles l'on est d'emblée en empathie.  LFAR  

     

    IMG_2223.jpgDans le genre très en vogue des accusations croisées de racisme, l'affaire qui oppose aujourd'hui Eric Cantona et Didier Deschamps est un cas d'école. Non seulement on y voit un accusateur progressivement placé en position d'accusé à mesure que ses propos, faciles et bas, sont placés sous les projecteurs, mais on y découvre aussi combien certaines formes d'antiracisme relèvent d'un racisme certes apparemment inoffensif, puisque sanctifié par la doxa, mais néanmoins virulent.

    Je ne m'étendrai pas sur les compétences effectives de Benzema et de Ben Arfa, que je suis incapable d'évaluer. Qu'ils aient été écartés de la sélection nationale sur des critères ethniques, comme le suggère Cantona, semble en tout cas improbable, du moins si l'on en juge par le passé de Deschamps lui-même. De toute façon, là ne me paraît pas constituer la dimension la plus brûlante de l'affaire.

    Non, ce qui me sidère est qu'Eric Cantona, après avoir lancé ses accusations de manière irresponsable - on sait comme l'étiquette de racisme est infâmante - puisse se permettre, pour appuyer ses allégations, de dauber sur les origines de Deschamps lui-même. On assiste alors à un discours effrayant de bêtise et de mépris de la part d'un homme qui se présente pourtant comme un antiraciste convaincu.

    Qu'on en juge: «Deschamps a un nom très français. Peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Personne dans sa famille n'est mélangé avec quelqu'un, vous savez. Comme les Mormons en Amérique.»

    Tout d'abord, ce que monsieur Cantona sous-entend, plutôt que «français», c'est «franco-français» puisqu'il utilise plus loin dans sa déclaration le mot français pour désigner Ben Arfa. Sans la rendre tout à fait explicite, Eric Cantona établit donc une distinction, parmi les Français, entre ceux qui ont au moins une origine extra-européenne et ceux qui n'en ont pas, avalisant une notion, celle de Français de souche, qu'il serait sans doute le premier à dénoncer dans la bouche d'un autre.

    Ensuite, on sent tout ce que les origines franco-françaises sont méprisables à ses yeux. La remarque sur le fait que Deschamps soit le seul à détenir un nom français est d'une ironie outrée, presque absurde, mais sous-entend bel et bien l'idée que Deschamps serait le dernier d'une race vouée à disparaître et qu'il y a quelque chose d'honteux dans cette position. Il est également permis de se demander si cette saillie n'est pas inspirée à Cantona par un jeu de mot implicite sur ces «champs» dont serait issu Deschamps, c'est-à-dire ces campagnes symbolisant, dans l'imaginaire collectif, la source fantasmée du peuple français blanc.

    La réflexion, enfin et surtout, sur le fait que la famille du sélectionneur français ne se soit jamais mélangée. Ce serait donc une tare, aux yeux de Cantona, que de ne pas avoir eu la chance, un jour ou un autre, de croiser la route sexuelle et procréatrice d'un membre d'une autre communauté. Pour le dire autrement, selon Cantona, il existerait une hiérarchie entre les métisses et les «races non mêlées». A ce propos, il ne s'agit pas bien sûr de critiquer la notion de métissage. Simplement, jeter l'opprobre sur ceux qui ne seraient pas encore assez métissés me paraît à la fois imbécile et dangereux. Se permet-on d'ironiser sur le fait que d'autres que les Blancs, eux non plus, ne se métissent pas forcément?

    On devine que l'insulte «consanguin» a dû venir aux lèvres de Cantona, celle-là même qui avait fleuri sur certaines banderoles dans un stade de football à propos des Chtis. La consanguinité est récemment devenue l'un des clichés courant sur les Blancs. Certes, Cantona préfère faire référence aux Mormons «qui se reproduisent entre eux», mais cette curieuse comparaison ne cherche pas moins à dénoncer le caractère sectaire et dégénéré de la famille Deschamps, ainsi que son ancrage dans un christianisme perçu comme mortifère.

    Passons sur l'absurdité de telles attaques puisque «Eric Cantona» ne sonne pas moins français, en tout cas pas moins européen, que «Didier Deschamps». En fait, du haut du couple qu'il forme avec Rachida Brakni, Eric Cantona s'estime sans doute en position de pouvoir distribuer les bons points de diversité raciale, se réservant le droit d'insulter ceux qui, malgré eux, ne disposent pas dans leurs veines de suffisamment de sangs mêlés. C'est, par une inversion courante des critères raciaux du fascisme, la race métisse élevée au rang des races maîtresses. C'est aussi, tout simplement, et avec l'effarante bonne conscience de celui qui se croit incarner l'homme de demain, un excellent témoignage de ce que peut être, précisément, la haine raciale.

    Espérons donc que Didier Deschamps maintiendra sa plainte et que le procès, s'il se tient, ne se contentera pas de juger l'éventuelle calomnie mais se prononcera bien sur le deuxième aspect de l'affaire, moins commenté mais plus grave à mes yeux: le racisme caractérisé de celui qui se fait une profession de dénoncer les racistes. D'autant que les prétendues justifications de Cantona, deux jours plus tard, n'ont fait que révéler un peu plus la laideur de sa pensée - s'il en y a une. 

    Aymeric Patricot           

    Professeur et écrivain, Aymeric Patricot a récemment publié «Les petits Blancs» (Point seuil) et «Les vies enchantées - enquête sur le bonheur» (Plein jour).

    A lire aussi ...

    Lettre ouverte à Eric Cantona [François Davin - Lafautearousseau - 28.05]

  • France Inter aux mains d'une bande où l'extrême vulgarité a sa place

     

    Selon Michel Onfray - il a évidemment raison -, France Inter, service public, a été privatisé par une bande. Une ou plusieurs bandes. Et, en tout cas, le matin, à l'heure de la plus grande écoute, par celle de Patrick Cohen, président ridiculement adulé d'une sorte de cour admirative mêlant grands prêtres de la politique (française ou internationale), humoristes aux propos surtout vulgaires, ponctués par les rires niais des présents au studio [Léa Salamé, Thomas Legrand ...], enfin des invités pressés de se soumettre au formatage idéologique de la bande. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de moments intéressants dans cette matinale très orientée. Mais qu'elle est sous-tendue par une idéologie gaucharde et déconstructiviste, dispensée par des journalistes qui sont d'abord des militants. Et ont en effet privatisé la chaîne.

    En d'autres temps, le billet de Charline Vanhoenacker que l'on pourra suivre ci-dessous, aurait déclenché une levée de boucliers ... Basses vulgarités sur Jeanne d'Arc (Oh ! Non ..et gloussements de Patrick Cohen, hirsute et barbu); à propos de Charles Beigbeder, allusion aux jeunes entrepreneurs des années 40 - inévitables - et pour finir, évocation de Frédéric Beigbéder, le frère de Charles, et donc perspective pour la « jeunesse française » d'« un sacré plaidoyer pour la drogue ». La drogue, sa dépénalisation, obsession constante des journalistes de cette matinale ... On nous dira que tout cela n'a pas d'importance. Qu'il suffit de ne pas écouter. Nous ne sommes pas d'accord.

    Ce « billet » de Charline Vanhoenacker aurait suffi au début du siècle dernier - au temps de l'affaire Thalamas, par exemple - à déclencher une riposte de nombreux Français attachés aux symboles nationaux. Et décidés à faire taire leurs insulteurs. Qui s'en chargera aujourd'hui, politiques responsables ou Camelots du Roi des nouvelles générations ?  • 

     

     

     2 minutes 15 secondes de vulgarités

  • L’âme de l’Europe

    Le pont Charles, à Prague, sur la Moldau

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    L’appellation « Union européenne » pourrait n’être bientôt plus qu’une simple alliance de mots, c’est-à-dire un excellent exemple d’oxymore, tant les pays semblent peu unis, tant les peuples semblent mécontents. Depuis des mois, le groupe de Visegrad (dénomination à forte connotation historique), qui réunit Pologne, Hongrie, Tchéquie et Slovaquie, s’oppose résolument aux injonctions de Bruxelles et de Mme Merkel sur les migrants. Le 6 avril, les Pays-Bas ont rejeté par référendum l'accord d'association entre l’U.E. et l’Ukraine. Le 22 mai, le candidat des nationaux autrichiens a échoué d’un rien (trente mille voix) à l’élection présidentielle. Le 23 juin prochain, les Britanniques devront décider de leur maintien dans l’Union.  

    Les commentateurs patentés de la pensée politique correcte nous expliquent que les pays de l’ex-Europe de l’Est, toujours traumatisés par le joug soviétique, seraient trop sourcilleux sur leur indépendance et leur identité; que les Hollandais n’auraient été que 30% à voter; que les Autrichiens ont quand même élu celui que soutenaient tous les partis de l’extrême gauche à la droite mondialiste; et qu’en Grande-Bretagne enfin les sondages donnent le « oui » à l’Union en tête. Tout cela est vrai mais occulte l’essentiel : la vague qualifiée avec mépris et condescendance de « populiste », car jugée dangereuse pour la démocratie prétendument « représentative », monte et continuera sans doute de monter jusqu’à se transformer peut-être un jour en déferlante. 

    Le cas autrichien est exemplaire. Le Monde (22 mai) y voit «  la fin d’une ère pour les partis traditionnels ». M. Zemmour (R.T.L., 24 mai) entend sonner « le glas du clivage droite-gauche traditionnel tel qu'il s'était incarné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Cette remise en cause des grands partis du système qui ne concerne pas que l’Autriche « précise les fondements économiques, géographiques, sociologiques, idéologiques de nos affrontements de demain ». Tout le monde ne fait pas preuve de la même lucidité. Ainsi M. Védrine, après avoir justement critiqué la « référence implicite aux années trente » lorsqu’il est question de populisme et admis que « le vrai problème en Europe aujourd’hui, c’est le décrochage des peuples » (France Inter, 24 mai), pense qu’« il faut parler aux 60% de déçus ». On peut s’étonner que lui, d’habitude mieux inspiré, ne comprenne pas que c’est l’Union en tant que telle qui est rejetée, l’Union en tant que négatrice de la véritable Europe, celle des mille et une diversités, celle qui n’apparaît même pas sur les billets de la monnaie commune. 

    Non, l’Union n’est pas l’Europe mais une caricature pitoyable, avant tout héritière de la CECA et de la C.E.E. Quand on entend, après tant d’autres du même tonneau, M. Moscovici, Commissaire européen, s’exprimer sur les ondes de France Inter (26 mai), on comprend vite ce qu’est, ou plutôt ce qu’a vocation à être cette Union européenne : un « euroland » fédéral et libéral, partenaire soumis des Etats-Unis d’Amérique et complètement déconnecté des réalités humaines, culturelles, religieuses et historiques de la vieille et authentique Europe. Cette Europe-là veut vivre. C’est ce que montre semaine après semaine une poussée populiste qui, malgré les inévitables excès et dérives, est l’expression de l’âme même de l’Europe.

     

  • Famillle • Il paraît que la fête des Mères menace la paix sociale…

     

    par Marie Delarue

    Une réflexion [Boulevard Voltaire du 27.04] sur l'indigne projet de remplacement de la Fête des Mères par une stupide fête des gens que l’on aime. Jusqu'où ira la volonté de déconstruction sociale des gens en place ? LFAR

     

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    Sur le fond, je trouve que la directrice ne va pas assez loin. Pourquoi ne pas instaurer une grande journée pour les enfants GPA-PMA ?

    Par générosité d’âme, la directrice de l’école maternelle de Prignac-et-Marcamps, en Gironde, a décidé de ne pas fêter cette année les mères et les pères, mais d’organiser plus globalement une « fête des gens que l’on aime ». Un mot a été mis dans le cahier de liaison des enfants pour expliquer que la décision avait été prise « au vu de situations familiales délicates de certains enfants ».

    Grande sagesse de la directrice qui a, paraît-il, reçu une avalanche de compliments. Dont cette maman qui a confié au Figaro : « J’ai été enthousiasmée de voir que l’école avait la délicatesse de penser à toutes les situations familiales des enfants qu’ils accueillent. »

    On notera au passage que « l’école », sujet féminin singulier, est devenue dans la bouche de cette dame un masculin pluriel. C’est sûrement ce qu’on appelle intégrer la réforme de façon subliminale…

    Sur le fond, je trouve que la directrice ne va pas assez loin. Parce qu’entre nous, viser les mères célibataires, les couples homos et les familles décomposées-recomposées, c’est un peu restrictif. Voire mesquin. Que fait-on des petits issus de gamètes et d’ovocytes sur catalogue ? Pourquoi ne pas instaurer une grande journée pour les enfants GPA-PMA ?

    Déjà que la situation de nos petites têtes blondes, brunes, rousses, raides et frisées (je n’ai oublié personne ?) dans l’école de la République devient bien compliquée, il ne faudrait pas instaurer de nouvelles discriminations. C’est vrai, on leur a supprimé la crèche pour effacer l’Enfant Jésus du paysage ; puis le sapin de Noël parce qu’il renvoyait à Noël, qui renvoyait à la crèche et encore à l’Enfant Jésus. Lequel était gardé par le bœuf et l’âne gris. Oui, mais voilà, les religions de l’Inde ne mangent pas de bœuf, qui est une vache sacrée, tout le monde sait cela. Heureusement, on ne sache pas qu’il y ait eu un cochon au-dessus de la mangeoire divine… Mais bon, hein, il y a longtemps que le cochon est banni des écoles pour ne pas offenser juifs et musulmans. Dans la série des exécutions sommaires, on a aussi envoyé Gaspard, Melchior et Balthazar se faire voir chez les Grecs avec leur galette. On a, avec raison, jugé l’Épiphanie doublement condamnable. D’abord parce que le sort, ignorant de l’égalité républicaine, fait avec la fève un roi qui choisit une reine et vice versa. Ensuite parce qu’il se dit que les Rois mages étaient venus d’Orient pour adorer l’Enfant Jésus (voir plus haut). Et ça, dans une classe de 2016, ça n’est pas supportable.

    Et quand on en a fini avec les interdits religieux, il faut compter avec la peur. Celle des maires qui font dans leur froc et ont (un exemple) décidé d’interdire aux familles les kermesses de fin d’année au nom de « l’état d’urgence ». Au cas où mémé Malika arriverait avec sa kalach planquée sous sa robe, ou que tonton Ahmed aurait confectionné un space cake au TNT, ou que tata Fatou aurait gonflé au gaz sarin les paquets de fraises Tagada…

    Et pendant ce temps-là, les gros bras de la CGT – état d’urgence ou pas – allument tous les jours des feux sur les routes, montent des barrages, bloquent les ports, assèchent le pays et ruinent l’entreprise et le petit commerce.

    Mais attention, hein, faudrait pas que les petits enfants souhaitent une bonne fête à maman et à papa, ça pourrait mettre la paix sociale en danger !   

     
    Ecrivain, musicienne, plasticienne
  • Histoire & Actualité • Black M: ça dé-rappe pas mal à Verdun

     

    par Slobodan Despot

    Ce Dimanche 29 mai, le Président François Hollande et la chancelière Angela Merkel commémoreront les 100 ans de la bataille de Verdun. 

    La mémoire otage de la polémique : Pour rendre l’hommage que les morts méritent, il faut des gestes absolument solennels, absolument simples, absolument impartiaux. De la musique classique, par exemple, mais certainement pas du rap. C'est ce que Slobodan Despot expose ici - assez longuement - [Causeur 25.05] en termes très justes, stimulants et nobles ; et quand il écrit : « Les morts de Verdun et des autres golgothas de la Grande Guerre demeurent l’unique trait d’union entre tous les vivants de la France moderne, nation profondément divisée. Tragiquement, obstinément divisée par sa Révolution, maladie qu’elle a exportée vers le reste du monde, et dont tout le monde cherche à se remettre… sauf son foyer originel » c’est bien intéressant. Nous sommes attentifs. Approbatifs ...  LFAR

     

    Il n’y a pas de hasard, même quand on s’appelle Samuel Hazard, qu’on est maire de Verdun et qu’on a l’idée loufoque de convier un rappeur pour fêter — pardon : commémorer — le centenaire de la plus funeste bataille de tous les temps.

    Il n’y pas de hasard chez Hazard, mais il y a du danger (hazard en anglais). Un danger dont M. Hazard et ceux de sa coterie dirigeante n’avaient peut-être pas conscience et qui a abouti à l’annulation de leur happening.

    Petit préalable linguistique

    Les réseaux sociaux sont entrés en ébullition sur leur aile droite sitôt l’annonce du concert de Black M. Comment pouvait-on placer, hurlaient-ils, un tel événement sous le patronage d’un « rappeur antifrançais » ? Je déteste les pléonasmes. Un « rappeur antifrançais », c’est comme un « arrosoir mouillant ». Le rap est afrançais dans le meilleur des cas, étant importé sans sous-titres des ghettos de New York. Quoi ? On me dit qu’ils « râpent » en français ? Voyons ! L’accentuation d’une langue est son premier signe distinctif, et celle du rap dit français véhicule la phonétique d’une langue étrangère. Heureusement, cela a pour vertu d’entraver la compréhension des textes.

    Pour ma part je m’arrête là. Que ces MM. Casquette-à-l’envers soient antifrançais tombe sous le sens, même quand tout sens leur est étranger. Le caractère culturellement hostile du genre est peut-être difficile à capter pour la troisième génération de Français abreuvée de musiquettes anglosaxonnes hâtivement traduites. Si les grands-pères ont pu avaler le trémoussement écervelé des yéyés, comment reprocher aux petits-fils de gutturaliser leur parler ordinaire et de systématiquement mettre l’accent sur la première syllabe à la manière de Cabrel ?

    Dilemmes musicaux

    Les patriotes français n’auraient pas dû s’emporter contre M. Hazard, ni l’abreuver d’insultes jusqu’à lui faire annuler son spectacle. Cette campagne prouve leur manque de discernement. Ils auraient dû au contraire lui être reconnaissants. Black M n’est « représentatif » de la France d’aujourd’hui qu’aux yeux des propagandistes du melting pot global et de quelques communautés bien définies. Il ne risquait en aucun cas de « détourner » ou de « brouiller », ni même de « salir » la mémoire de Verdun. Au contraire, les indignations qu’il soulevait allaient bien au-delà du camp qui vote FN. Chaque famille française, qu’elle soit de droite ou de gauche, a laissé des ancêtres dans ce charnier et la simple idée de chanter sur leurs sépultures doit révulser plus de cœurs qu’on n’ose se l’avouer. En obtenant son bannissement, on l’a mis, lui et ses soutiens, dans la position enviable de victimes.

    Ce qui étonne, dans cette affaire, c’est la parfaite incongruité de l’ensemble. Avec un peu d’habileté, la mairie de Verdun aurait pu rassembler plutôt que diviser. Mais était-ce son but ?

    Il existait jusqu’il y a peu, et il existe encore dans certains pays, une musique taillée sur mesure pour les événements de ce genre. Cela s’appelle le classique. C’est vieillot, mais approprié. A Verdun, le Requiem de Fauré s’imposerait de lui-même. Sur les ruines de Palmyre, Assad et Poutine ont dépêché un grand orchestre symphonique, non le chanteur pop à la mode qui aurait « rallié les jeunes ». Mais la France n’est ni la Russie ni la Syrie. Au pays de festivus festivus, on enterre les morts aux sons des Rita Mitsouko « parce que le défunt les aimait bien et qu’il aurait voulu qu’on s’éclate plutôt que de faire la gueule ». Au pays de festivus festivus, la musique solennelle et l’état d’âme qui y correspond sont du dernier ringard. Le choix qui s’offrait à M. Hazard était donc, somme toute, assez restreint.

    Mais on aurait pu monter par exemple un opéra rock sur Les héros de Verdun avec Johnny dans le rôle de Joffre et Nina Hagen dans celui de von Falkenhayn, version trans. Un spectacle bling-bling-consensuel qui aurait été au patriotisme ce que les Enfoirés sont à la solidarité sociale. Avec une bonne orchestration et des paroles débordantes de pathos, on aurait « fait vibrer » toute la France frivole, c’est-à-dire beaucoup de monde. Mme Hollande et M. Merkel auraient pu monter sur scène sous les ovations, et les détracteurs de ce kitsch tudesque eussent passé pour de vils ronchons. Esbroufe, émotion, confusion : « Certes, c’est démago ! Mais quels beaux airs ! Quels interprètes ! »

    Or il n’en est rien. M. Hazard n’a rien trouvé de mieux que de convoquer l’antidote parfait à toute tentative de consensus national, le répulsif absolu. Offrant du même coup la mémoire de Verdun, malmenée mais intacte, tout entière aux forces de la réaction. Sur un plateau ! Comme on leur a offert Jeanne d’Arc. Comme s’il préparait secrètement son passage au FN…

    Un succès continu dans l’échec

    A tout bien prendre, il est surprenant qu’un pouvoir démonétisé n’ait pas su plus habilement exploiter une telle commémoration. Les morts de la Grande Guerre sont l’un des rares sujets sur lesquels les Français, en gros, peuvent tomber d’accord. Une de leurs dernières valeurs sacrées, également. Or que fait-on ? On s’empresse de les bafouer en invitant, littéralement, des rappeurs à danser sur leurs tombes.

    La symbolique de ce geste absurde est multiple et, à chaque fois, hautement significative.

    Tout d’abord, elle s’inscrit dans une course à l’abîme engagée de longue date. Pour tomber aussi bas dans l’estime de ses sujets — pardon : de ses concitoyens —, le pouvoir français n’a pas seulement failli sur les indices matériels de la gouvernance : chômage, sécurité, niveau de vie, prestige international. Il a aussi, et surtout, multiplié les provocations symboliques comme s’il avait voulu s’aliéner des franges de plus en plus vastes de l’électorat.

    Quelle urgence y avait-il à mobiliser la crédibilité et les ressources de l’État autour du Mariage pour tous, qui ne concerne, en tout état de cause, qu’une part très mince de la population ? A-t-on songé que l’électeur de base, fût-il socialiste, qui peine à boucler les fins de mois, pouvait avoir sur cette urgence une opinion très différente de celle de l’« intelligentsia créative » du Marais et de la Rive gauche ? Seule conséquence à portée historique : l’émergence par contrecoup de la Manif pour tous, embryon d’une Tea Party à la française.

    Quel besoin avait-on d’imposer des vulves conceptuelles à Versailles et des arbres de Noël en forme de plug anal sur des places où se promènent les familles ? D’inventer des ministres de la Culture qui ne lisent rien, pas même le prix Nobel français ?

    Qu’avait-on à soutenir diplomatiquement, au Moyen-Orient, des terroristes sanguinaires que les structures de sécurité du même État français considèrent comme une menace de premier plan ?

    Quel goût étrange, enfin, suggérait-il de perturber la paix des morts qui ont défendu la patrie avec des spectacles qui martèlent à grands coups de décibels le triomphe de l’étranger ? Voulait-on donner raison à Renaud Camus en attestant que les ex-colonies, sous tutelle anglo-saxonne, avaient déjà accaparé le pouvoir culturel en France, faute d’avoir physiquement remplacé sa population ?

    On observe dans les régimes à la dérive ce besoin de scandaliser leur propre population, comme s’ils voulaient inlassablement se donner des garanties de leur toute-puissance. Nous reviennent en mémoire l’élévation du cheval de Caligula au rang de sénateur, les palais blancs de Ceausescu dans une Roumanie crevant de faim, l’ostentation Duvalier et les mille carnavals africains.

    Le pouvoir des symboles

    Ceci nous conduit à un rapprochement hautement symbolique. Le projet de rap à Verdun survient au moment même où la France est gouvernée par diktat. Le recours à l’article 49.3 pour faire passer une loi sur le travail sans doute nécessaire revient à assommer le malade pour lui administrer un vaccin. Il achèvera de discréditer l’économie libre et de conforter dans son assistanat une nation dont les conditions de travail sont parmi les plus socialisées et les plus protégées en Europe. Encore un contrecoup (non) désiré ? La France serait-elle gouvernée à coups d’oxymores ?

    A ce point, un autre parallèle s’impose. Au moment même où les manifestations se multiplient en France, la Russie fête le jour de la victoire sur le nazisme, goujatement boudée par les Occidentaux. Au moment où le chef de l’État français, d’une impopularité jamais vue dans l’histoire, s’entoure de robocops, le chef de l’État russe assiste au défilé militaire au ras du sol, à hauteur d’homme, et non du haut de la fameuse tribune des apparatchiks. A l’heure où le pouvoir français délègue aux rappeurs le soin de commémorer ses combattants, le chef de l’État russe prend la tête du Régiment immortel en brandissant la photographie de son père, combattant et blessé de guerre. Ces symboles, qui ont dû impliquer un effort de sécurité colossal, sont d’une puissance historique.

    Changer de paradigme

    Mais il serait faux de réduire cet abîme à une affaire de personnel. Verdun est un symbole trop lourd et trop vaste pour la France actuelle, quels qu’en soient les dirigeants.

    Les morts de Verdun et des autres golgothas de la Grande Guerre demeurent l’unique trait d’union entre tous les vivants de la France moderne, nation profondément divisée. Tragiquement, obstinément divisée par sa Révolution, maladie qu’elle a exportée vers le reste du monde, et dont tout le monde cherche à se remettre… sauf son foyer originel.

    Pour leur rendre l’hommage que ces morts méritent, pour parachever le service qu’ils ont rendu à la nation, il faut des gestes absolument solennels, absolument simples, absolument impartiaux. Il s’agit de réintégrer dans un même corps les deux moitiés d’une âme déchirée sans qu’aucune ne s’y sente humiliée. Aucune idéologie ne peut accomplir cela à elle seule. C’est pourquoi la Russie a restauré sa foi sans renier son passé soviétique. C’est pourquoi son armée qui n’a pas changé ses insignes rouges défile derrière le signe de croix de son ministre de la Défense… lui-même bouddhiste. Les Russes, renaissant après quatre générations de cauchemar communiste, ont compris cette simple vérité encore totalement inaccessible aux élites françaises : que l’idéologie, c’est la division.

    Pour accomplir sa réunification, la France n’a pas besoin de héros. Mais elle a besoin de gens humbles, sans idéologie et impartiaux. Ce qui est peut-être encore plus rare.

    La tactique du Diable

    Mais les polémiques créées autour de Verdun vont masquer encore un autre aspect de cet héritage, peut-être le plus important à l’échelle de l’humanité. Le message Verdun dépasse les frontières de la France et les bornes de 14-18. Il est époqual : il nous fait entrer, tous, dans une autre époque.

    Dans le pays où je suis né, en Serbie, on a connu aux côtés des Français le versant héroïque de la Grande Guerre : les Dardanelles, le front de Salonique. D’où cette fraternité d’armes qui s’est transformée en fraternité tout court entre nos nations. Mais Verdun, la Somme, c’est son aspect purement mécanique. Aucune fraternité ne s’en dégage, juste le sentiment de l’absurde et du dégoût. Verdun annonce la sortie de l’Histoire du mâle européen. Dada, le surréalisme, le nazisme y prennent leur source. La massification, l’écrasement de l’humain par les moyens dont il s’est doté, y trouvent leur expression parfaite. Notre transformation rapide dans le ratorium puis la grande fourmilière des visions de Zinoviev, c’est là qu’elle commence.

    Je possède chez moi l’intégrale de l’Illustration, couvrant la période 1914-1919. Pour une grande part, c’est un catalogue d’armements. J’ai passé des heures à y survoler un défilement monotone de chiffres et de rodomontades technologiques. A chaque numéro, nous avions l’arme décisive qui allait permettre de les exterminer comme des blattes. Notre canon de 75, nos fusils supérieurs… On y voit déjà l’esquisse des « bombes intelligentes » et des « bombardements chirurgicaux » qui ne sont jamais que de nouveaux carnages. Je ne pouvais m’empêcher d’imaginer la même vantardise dans les Bildzeitungen de l’autre camp.

    Deux hordes de fous qui s’entre-tuent en clamant que l’autre n’est pas humain ! Les guerres de tribus, où la bataille est résolue par l’affrontement à la massue de deux champions délégués par chaque camp, sont infiniment plus civilisées et plus sensées que ce délire scientiste !

    Car les batailles du front de l’Ouest n’avaient rien, à vrai dire d’un combat. Cela revenait, pour les soldats, à affronter des forces élémentaires, des ouragans meurtriers, en priant la Providence. Les célèbres Orages d’acier de Jünger en témoignent : le pur bonheur d’être vivant, la satisfaction d’avoir tué son adversaire plutôt que d’être tué. Sans sentiment. Sans haine. Comme de survivre à un raz-de-marée. Comme de faire boucherie.

    Mieux encore, ce roman ironiquement appelé Civilisation, de Georges Duhamel, qu’on aurait dû faire lire dans tous les lycées en ces années de jubilés et qu’on s’est empressé d’enterrer malgré son prix Goncourt. On y voit la civilisation moderne incarnée par un autoclave soufflant et sifflant, un lazaret où l’on rafistole à la chaîne des machines humaines cassées par la guerre mécanisée. Un système de destruction autoalimenté, sans but ni raison, d’où la volonté humaine est exclue.

    Le fleuve des morts de Verdun charrie toutes ces ombres-là. Les réduire à une rivalité entre la culture rap et l’idéologie du Front national est une obscénité et une offense non seulement à l’égard de ces morts ou du sentiment patriotique, mais envers l’humanité entière. Tout compte fait, je reviens sur mon hypothèse de départ : peut-être savaient-ils parfaitement ce qu’ils faisaient. Si le Diable avait une tactique pour monter encore plus les peuples contre eux-mêmes, il ne s’y prendrait pas autrement. 

    Slobodan Despot

    directeur des éditions Xénia.

  • Médias • « Libé » contre Bastié : quand le dénigrement tient lieu de pensée

     

    par Samuel Piquet

    Un excellent article [Causeur, 25.05] sur les méthodes d'une certaine presse, en l'occurrence à propos d'un entretien de Libération avec Eugénie Bastié. On sait l'intérêt et la sympathie que nous portons aux publications de cette dernière. Une excellente occasion d'y revenir. LFAR

     

    On a tout à fait le droit de ne pas aimer Eugénie Bastié et d’être en désaccord profond avec ses idées. Mais cela n’affranchit pas nécessairement de tout effort d’analyse ou d’argumentation. Dans son papier consacré à la journaliste et paru la semaine dernière, Libération nous en a davantage appris sur les méthodes d’une certaine presse qu’il ne nous a fait connaître l’auteur d’Adieu Mademoiselle.

    « Certitudes datées », « idéologie naphtaline », « discours décliniste »… Dès la fin du premier paragraphe, Eugénie Bastié est discréditée, non pas par l’incohérence de ses idées, encore moins par des contre-arguments (quasi inexistants tout au long de l’article) mais simplement parce que les idées qu’elle défend ne sont pas modernes. Sous prétexte que tout n’était pas « mieux avant », tout serait nécessairement mieux maintenant ? Aucun retour en arrière, dans aucun domaine que ce soit, ne pourrait jamais être judicieux ? Tout pas en avant serait infailliblement une avancée ?

    C’est ce que suggère implicitement le quotidien lorsqu’il qualifie la journaliste d’« étoile montante de la réacosphère ». D’emblée, on comprend que ce qui intéresse Libération n’est pas de savoir si Eugénie Bastié a des idées, encore moins de chercher à comprendre si celles-ci sont défendables, mais plutôt de la classer dans un groupe inventé de toutes pièces afin de savoir si celle-ci en est une « figure ».

    C’est ainsi que chaque question censée servir de problématique au journal est en réalité biaisée et s’apparente davantage à une question rhétorique qu’à une tentative de réflexion : « Deuxième question : à quoi sert Eugénie Bastié ? » Outre qu’on pourrait se poser la même question au sujet de la journaliste chargée de pondre ce papier et de toute personne vivant sur terre si l’on est pourvu d’un tant soit peu d’humilité, le sous-entendu donne le ton : Eugénie Bastié ne sert pas à grand-chose, sinon à faire figure de « bonne cliente », « dans l’air du temps » si l’on en croit Libé.

    Un pensée non-binaire, c’est si compliqué…

    thSUDYSLZ4.jpgMais ce sont sans doute les critiques sur le livre de la journaliste qui en disent le plus long sur les pratiques de certains médias. « Le résultat est un gloubi-boulga pernicieux », commente la journaliste en charge du papier, Johanna Luyssen, avant de préciser : « Que comprendre de ce mélange troublant droite-gauche-chais pas quoi, Houellebecq et Bernanos, Elisabeth Lévy et Finkielkraut, Muray et Michéa, le tout saupoudré d’idéologie post-Manif pour tous mais aussi de décroissance ? »

    Il semble, en réalité, que le « gloubi-boulga » soit moins provoqué par le livre que par la difficulté pour Johanna Luyssen de comprendre une pensée qui ne soit pas binaire. Qu’on ne puisse pas avoir des idées de droite sur tous les sujets alors qu’on est catholique et qu’on travaille au « Figaro », ça échappe complètement à l’esprit de logique de la journaliste qui voulait pouvoir remplir toutes ses cases pour mieux caricaturer Eugénie Bastié et lui reprocher ainsi d’être une caricature.

    Libération ne peut envisager ce mélange que comme un calcul « pernicieux ». Si l’on « saupoudre » ses idées réactionnaires d’idées plus modernes ou plus progressistes, ce ne peut être que dans l’unique but de mieux faire passer les premières.

     

    Cette manie de remplacer les arguments par des listes est également caractéristique de notre époque pour laquelle la respectabilité a priori de l’interlocuteur prévaut sur son discours. On se contente de placer des noms les uns à côté des autres, en espérant que la seule évocation de certains d’entre eux au côté de celui de la journaliste suffise à effrayer les potentiels lecteurs.

    Heureusement, la conclusion du papier, qui révèle l’attitude d’Eugénie Bastié à la fin de l’entrevue avec sa consœur de Libé, nous met d’accord sur un point avec l’auteur de l’article : « Touchante, [Bastié] hasarde un : “j’espère que je vous ai convaincue”. Le plus effrayant étant qu’elle paraît sincère. » On ne peut qu’abonder dans le sens de Johanna Luyssen : quelle naïveté en effet d’avoir pu penser qu’un débat d’idées pouvait influencer une opinion et qu’un journaliste de Libé pourrait, ne serait-ce que sur un sujet, tomber d’accord avec un représentant de la « réacosphère » !

    « Un homme qui lit, ou qui pense, ou qui calcule, appartient à l’espèce et non au sexe ; dans ses meilleurs moments il échappe même à l’humain » disait Marguerite Yourcenar dans Mémoires d’Hadrien. Grâce à nos médias, aucun risque : nous avons les deux pieds sur terre. 

    Samuel Piquet

    Voir aussi ...

    Eugénie Bastié

    Ses idées

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    Adieu Mademoiselle [19 €]

  • Les propos choc de Nadine Morano

     

    par Yves Morel

    Nadine Morano a encore défrayé la chronique, et ce n’est pas peu dire. En effet, elle a tenu sur Canal+, au cours de l’émission Le Supplément, des propos iconoclastes jugés racistes par toute la classe médiatique.

     

    La députée européenne, qui n’a pas la langue dans sa poche, s’est permis de dire : « Regardez la gare du Nord, on n’a plus l’impression d’être en France, on a l’impression d’être en Afrique ». Ali Baddou, animateur de l’émission lui ayant alors demandé : « La gare du Nord, c’est l’Afrique ?», Mme Morano a répondu : « Je vous laisse juger par vous-même, et je laisse aussi juger tous ceux qui viennent de regarder pourquoi il y a dans ce quartier toute une concentration d’une population dont on voit bien que c’est une population immigrée, dont on voit bien que c’est une population qui est concentrée dans ces quartiers, comme vous avez plein de ghettos en France ».
    Conséquence : explosion de réactions indignées sur Facebook, Twitter et tous les réseaux sociaux. Des régiments de bons esprits sonnent le tocsin, vaticinent et annoncent le retour des temps maudits, la déferlante du racisme et la montée continue de l’extrême-droite, qui réussit son entreprise de lepénisation des esprits et tient désormais un discours aussi « décomplexé » que « nauséabond ».

    Des vérités d’une évidence pourtant criante

    En réalité, Nadine Morano n’a fait qu’énoncer une vérité évidente, tout comme elle l’avait fait le 26 septembre dernier lors de l’émission On n’est pas couché, sur France 2. Seulement cette évidence, nos classes politique et médiatique ne veulent pas l’admettre. Elle est pourtant on ne peut plus criante. Des communes entières de la région parisienne (Saint-Denis, Montreuil, Stains, Bobigny, Sevran, entre cent autres), de la banlieue lyonnaise (Villeurbanne, Vénissieux, Saint-Fons, Feyzin, Saint-Priest, etc..), des quartiers de Marseille, de Toulouse (le Mirail), de la conurbation lilloise, de Rouen, du Havre et de partout ailleurs sont devenus de véritables enclaves étrangères, peuplées majoritairement de maghrébins, de turcs et d’africains et où les petits commerçants traditionnels cèdent la place aux boucheries halal, aux pizzerias et boulangeries turques, aux kebabs et aux restaurants exotiques, dont les rues sont parcourues par des femmes voilées et des hommes en djellabah, dont les cliniques et les cantines se trouvent contraintes de proscrire la viande de porc, et où le ramadan vaut aux riverains français de souche un mois de nuit bruyantes et sans sommeil.

    Certes, la plupart des habitants d’origine extra-européenne ont la nationalité française et sont donc des « Français de papier », mais ils ne le sont pas culturellement. Car, contrairement à ce que l’on nous serine sans cesse, ces gens ne s’intègrent pas à la communauté nationale et ne souhaitent pas le faire au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour pouvoir évoluer sans difficulté dans notre société. Ils parlent français, fréquentent nos écoles, respectent en général nos lois, mais ils ne se sentent pas français et demeurent attachés d’âme, de cœur et de tripes à leur religion, à leurs coutumes, à leur mode de vie, au pays de leurs ancêtres. Et on ne saurait les en blâmer. Comment auraient-ils envie de s’intégrer à une nation déclinante, qui a abdiqué sa souveraineté à Maastricht et à Lisbonne, qui a perdu sa prééminence politique en Europe, se voit sans cesse tancée par Bruxelles et Berlin en raison de ses déficits budgétaires, dont l’Etat vend ou laisse vendre ses grosses entreprises, ses grands aéroports, ne peut plus financer son système de protection sociale et ses services publics, lesquels tombent en décrépitude, et ne parvient à rémunérer ses fonctionnaires qu’en recourant à des emprunts à l’étranger, où les conditions de vie et de travail de ses habitants se dégradent toujours plus ?

    D’autant plus que pendant les deux septennats de M. Mitterrand, les politiques, les médias et l’intelligentsia leur ont chanté leurs droits éminents sur tous les tons et les ont expressément incités à affirmer leurs spécificités culturelles respectives, au motif qu’ainsi « la France de toutes les couleurs » « s’enrichirait de ces différences » en raison des bienfaits assurés de la « diversité ».

    Tout cela n’est que trop évident et que trop connu, mais nos journalistes, nos hommes de radio et de télévision, nos intellectuels, nos politiques ne veulent ni le reconnaître, ni même le voir, et ils prétendent condamner leurs compatriotes à cette mauvaise foi et cette cécité délibérée. Et lorsqu’une personnalité comme Mme Morano enfreint cette règle perverse et ose dire ce que le monde sait, voit et constate tous les jours, elle est aussitôt accusée de « dérapage », taxée de racisme, accusée de tenir des propos « nauséabonds » (ou « nauséeux »), revêtue de la robe d’infamie et clouée au pilori. Or, Nadine Morano ne dérape pas, elle ne fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, ce que tout un chacun sait et voit. Y compris ceux qui appartiennent à une tendance politique opposée à la sienne. Nous nous permettrons ici de mentionner des témoignages personnels à l’appui de cette assertion.

    Il y a de cela trente ans, un adjoint au maire de Montreuil, membre du parti communiste, nous disait (hors antenne) que sa ville ressemblait à une ville africaine et qu’elle était peut-être « la deuxième ville du Mali ». A Villeurbanne, plusieurs personnes qui, il y a trente ans également, arboraient fièrement l’épinglette « Touche pas à mon pote », de SOS Racisme, et applaudissaient à tout rompre aux proclamations de M. Mitterrand (et de Madame) et des socialistes en faveur de l’immigration, de la pluralité ethnique et culturelle et du métissage sans frein, pestent aujourd’hui contre ce qu’elles appellent « l’invasion ». Il y a de cela quelques mois, une professeur documentaliste, de sensibilité socialo-écologiste (et électrice de Hollande) affirmait qu’au quartier des Minguettes, de Vénissieux, où elle est en poste, elle avait « l’impression d’être à l’étranger ». A Clermont-Ferrand, un instituteur, socialisant lui aussi, déclare « ne plus pouvoir voir les Arabes » du quartier de son école, qui peuplent sa classe à hauteur de 80%.

    Ce n’est pas Nadine Morano qui dérape, ce sont nos médias et nos chefs politiques

    Non, en dépit de tout ce que nos terroristes intellectuels des médias et de la classe politique nous affirment, tous ces gens (de gauche pour la plupart) ne sont pas racistes, ne sont pas immondes, et leurs réflexions n’ont rien de « nauséabond ». Simplement, ils souffrent dans leur être et dans leur vie quotidienne car ils ont le sentiment justifié de ne plus être chez eux, d’être devenus des étrangers dans leur propre pays, et de n’avoir pas même le droit de gémir et de se plaindre sans se voir voué aux gémonies. Ils en ont assez de se voir contraints à cet aveuglement intellectuel et moral, à ce conformisme, à ce politiquement correct imposé par des Yann Moix qui juge le mot « race » indécent et affirme tranquillement que « demain la France sera peut-être musulmane » et que le respect de la laïcité impose absolument de ne rien tenter pour s’opposer à ce que Renaud Camus appelle « le grand remplacement » ou « le changement de peuple ». Au fait, dans quelle ville ou dans quel quartier vit Yann Moix ? Et dans quelle ambiance professionnelle évolue-t-il ?

    Non, Nadine Morano ne dérape pas, ce sont nos maîtres des médias et nos chefs politiques qui dérapent, et ce depuis fort longtemps, et qui, au nom de leur idéologie universaliste, mondialiste et égalitaire, ont fait ressembler notre pays à ce qu’était l’Empire romain d’Occident au Ve siècle, celui des grandes invasions barbares et de la chute finale. Voilà la vérité.  

     

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de la Nouvelle Revue universelle