Lettre ouverte à Sophie Montel, tête de liste du Front National Bourgogne

Par Pierre de Meuse
Madame,
Lors de votre discours du 1° mai, vous avez cru devoir formuler ce que vous pensiez être la ligne de votre mouvement politique, sur la législation familiale. Vous avez ensuite réitéré ces propos dans un entretien avec le magazine « Causeur ». Je dois vous dire que les prétendues fractures dans le Front National me laissent froid. Je ne suis nullement choqué par les sorties antilibérales de M. Philippot et d’ailleurs, n’étant pas adhérent du Front, je n’ai pas à intervenir dans ces débats. Cependant, vous avez émis des opinions en l’occurrence qui nécessitent quelques développements, car elles touchent à la politique fondamentale, celle qui édifie les poteaux indicateurs de la vie et de la mort collective, de l’ami et de l’ennemi.
Vous commencez par prendre position au sujet de la loi Veil qui selon vous, ne devrait pas être remise en cause. C’est pourtant un sujet de discussion légitime car de quelle loi Veil parle-t on ? Est-ce la version initiale de la loi ou celle appliquée aujourd’hui, et dont sa promotrice affirme que, si elle avait su ce que l’on ferait de son texte, elle ne l’aurait pas proposé au vote des assemblées. Vous, en revanche, vous ne vous posez pas ces questions, vous estimez que cette loi, comme du reste la loi Neuwirth, doit être « sanctuarisée ». Permettez-moi de sourire à cette lecture, car l’emploi de ce terme suggère une référence au sacré qui paraît pour le moins inattendue pour traiter de ce sujet. Rappelons tout de même ce que Pierre Chaunu et Jacques Dupâquier disaient au sujet de la baisse de natalité induite par ces réformes qui auraient dû, selon eux, être accompagnées de mesures correctrices, ce qui n’a pas été le cas. On peut douter que vous acceptiez le débat sur le sujet car vous affirmez alors avec force que « le Front national défend le droit de la femme à disposer de son corps ». Là, il est vrai, on change clairement de registre. En reprenant sans la discuter la maxime de Gisèle Halimi, et de son MLF, vous passez d’une question politique objet d’un débat objectif à un postulat de nature philosophique, dont je ne pense pas que vous ayez évalué toutes les conséquences. Et ne croyez pas que seuls les catholiques traditionnels vont être en désaccord avec vous. Cette formule, expression de l’individualisme le plus irresponsable, écrase en effet avec mépris les droits des autres catégories du genre humain, et surtout les droits des sociétés naturelles. En effet, si chaque femme a le droit unilatéral de décider seule si le fœtus qu’elle porte est une simple masse parasite à rejeter ou une nouvelle personne pour agrandir la famille, la nation et le peuple, c’est considérer que ni le père ni la société n’ont leur mot à dire. Faut-il vous rappeler que l’individu seul n’est rien sans la société ? D’autant que si, comme vous le prétendez, le Front National partage votre opinion, on voit mal comment il pourrait sans incohérence continuer à lutter pour la patrie et contre l’immigration. S’il n’existe pas de devoir impérieux de continuer l’héritage national, si la nation n’est pas le résultat de la filiation mais d’un choix personnel, alors pourquoi se battre contre le grand remplacement ? Qu’auraient dit nos grands parents si leurs chefs, en les conduisant à l’assaut avaient déclaré : « et le soldat a le droit de disposer de son corps. » Le parallèle n’est pas absurde : à Sparte seuls avaient le droit d’avoir leur nom gravé sur les pierres tombales les guerriers tombés au combat et les femmes mortes en couches. Pardonnez-moi, mais je ne trouve pas cela ridicule. Je ne trouve pas non plus que ces grecs mettaient, comme vous dites, « la femme plus bas que terre ». Vous combattez avec raison la vision islamique de la femme, mais cette religion a beau être réductrice et obscurantiste, elle est cependant moins opposée aux règles de la politique naturelle que la maxime fondatrice du féminisme extrémiste. Il me semble, Madame, que vous n’avez pas pris en compte toutes les implications de vos affirmations. Il est encore temps pour vous de les reformuler. Je nous le souhaite à tous, adhérents du Front ou simples électeurs.
Pierre de Meuse