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Actualité France - Page 388

  • Fondamentaux d'Action Française • Le « coup de force »

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un Article de Stéphane BLANCHONNET paru sur à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

    659173882.jpgL'originalité de l'Action française ne se voit nulle part aussi nettement que dans sa doctrine du « coup de force ». N'ayant jamais cru que la question du régime puisse être tranchée par le jeu ordinaire des élections, elle n'est pas un parti royaliste. N'ayant pas la naïveté de penser que le pouvoir puisse être pris par une conspiration de « cagoulards » isolés et sans relais dans les corps constitués, elle n'est pas non plus un groupuscule tenté par la clandestinité.

    Sa vocation est de conspirer « à ciel ouvert », de créer un « état d'esprit royaliste » en répétant sans cesse ses raisons contre la République et pour la monarchie, mais aussi un état d'esprit favorable au coup qui renversera un régime que sa faiblesse condamne nécessairement et régulièrement à des crises susceptibles de le tuer.

    De la lecture des textes de stratégie écrits par Maurras (qu'il s'agisse du subtil Mademoiselle Monk ou du vigoureux Si le coup de force est possible) se dégagent deux concepts clés : l'occasion et la direction. L'occasion, c'est la crise, que le peuple soit dans la rue contre le pouvoir ou que la nullité des institutions ait provoqué un désastre militaire ; la direction, c'est notre capacité à influencer le restaurateur de l'ordre, dont la survenue est aussi inéluctablement écrite dans les lois de la physique sociale que les conditions qui auront produit la crise, d'une part à tenter le coup, d'autre part à donner à ce coup une issue royale.

    Les conséquences pratiques de ce programme sont claires : la nécessité de connaître et de propager notre doctrine de salut public, en particulier auprès des élites civiles et militaires du pays réel, la nécessité d'entretenir dans nos rangs et dans l'opinion l'état d'esprit favorable à l'insurrection (état d'esprit qui ne se confond pas avec un simple romantisme de l'action), la nécessité de construire des réseaux solides dans tous les secteurs de la vie nationale, qui seront en mesure de faciliter et de servir le coup. 

    Repris de A rebours

    Voir aussi ...

    Fondamentaux d'Action Française • Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

     

  • Religion & Société • L'islam, principale ligne de fracture entre les intellectuels

     

    par Vincent Trémolet de Villers

    Une remarquable réflexion pour Le Figaro [22./04] sur un sujet maintes fois évoqué dans Lafautearousseau mais qui est ici approfondi et actualisé.

     

    ob_b41265_vincent-temolet-de-villers.jpgAlain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Michel Onfray ou Eric Zemmour ont longtemps été les seuls à dire sans tricher ce qu'ils voyaient. Mais, depuis les attentats islamistes de Paris et de Bruxelles, la prise en compte du réel est en train de modifier profondément le monde de la pensée.

    On peut avoir le visage découvert, les cheveux aux vents et se voiler volontairement l'esprit. Ce port du voile-là n'a jamais été obligatoire mais celui qui, en France, se risquait à le retirer pour voir les conséquences d'une immigration inconséquente, celui qui osait exprimer sa crainte de voir fleurir les barbes et pousser les minarets a longtemps subi le supplice réservé aux apostats. Les gardiens du dogme le jetaient dans les ténèbres, les comités de surveillance le faisaient poursuivre par les juges, les relais d'opinion accolaient à son nom tous les péchés du monde.

    S'il lui prenait la fantaisie de ne plus chercher les convulsions antisémites dans les salons de la vieille France ou les sacristies des églises mais dans les territoires délaissés par l'école, la police, la justice, on criait au racisme. Il valait mieux raser les murs et rester bien au chaud derrière la bonne grille de pensée. Le nouveau clergé disait le bien et le mal, le salut et l'enfer. Nul n'y croyait guère mais, l'histoire le prouve, on peut aussi pratiquer une religion sans y croire.

    Accepter de voir

    Et puis, un à un, malgré tout, essayistes, philosophes, écrivains ont arraché le voile. Ils ont accepté de voir. Ils ont même accepté de dire. Les gardiens de la révolution ont bien tenté de les poursuivre, de les faire renvoyer de leurs journaux, de leurs télévisions, de leurs radios, de les mener de force devant les juges: rien n'y fit, leur succès était trop grand et la population les portait aux nues.

    Ils pouvaient être journalistes comme Eric Zemmour, philosophes comme Alain Finkielkraut et Michel Onfray, romanciers comme Michel Houellebecq, essayistes comme Pascal Bruckner et Elisabeth Lévy. Par paresse (ou par malveillance), ils furent assimilés les uns aux autres, sous le vocable de néoréactionnaires. Pourtant, en l'espèce, il était hasardeux de faire des amalgames. Leur seul point commun était d'avoir retiré le voile, d'avoir appelé un chat un chat et un attentat islamiste, un attentat islamiste.

    En dix ans, ce surgissement du réel a bouleversé toutes les lignes de la vie des idées. L'antiracisme a perdu la tête et la main jaune est devenue folle. Les potes d'hier se sont déchirés et la génération SOS a essaimé au Parti socialiste, certes, mais aussi chez Dieudonné. Bernard-Henri Lévy s'est élevé contre le drapeau noir du califat tandis qu'Edwy Plenel a fait du musulman le prolétaire, la victime, le juif du XXIe siècle.

    La gauche morale à l'heure de l'examen de conscience

    « Le catholique zombie », voilà l'ennemi, proclamait Emmanuel Todd quelques mois après que les fous d'Allah eurent tué de sang-froid journalistes, policiers et juifs de l'Hyper Cacher, tandis que des bouffeurs de curés prenaient la défense des chrétiens d'Orient. Il a fallu un deuxième carnage, le 13 novembre, pour que d'autres, à leur tour, viennent dire ce que chacun voyait à l'œil nu. La gauche morale, enfin, faisait son examen de conscience. Celle qui ne combattait que des ennemis déjà vaincus - le fameux homme-blanc-de-plus-de-50-ans - a découvert dans la nuit de Cologne que « la victime » pouvait être « un bourreau ». Elisabeth Badinter qui, elle, n'a jamais été dupe, a souligné la hiérarchie morale du parti de l'Autre : « Ce que cette affaire de Cologne a démontré c'est que, quand ce sont des étrangers qui sont en cause, alors les priorités changent. »

    La gauche, qui ricanait devant Le Petit Journal sur tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de la transcendance, s'est souvenue que l'homme était un animal religieux. Jean Birnbaum (Un silence religieux, Seuil) s'est fait l'écho de Saint- Exupéry qui, au milieu de la guerre, écrivait au général X : « Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles, faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien […] Rien qu'à entendre un chant villageois du XVe siècle, on mesure la pente descendue. » Cette lettre, celle d'un homme plongé dans la nuit du monde entre la croix gammée et le drapeau rouge, résonne curieusement aujourd'hui. L'auteur de Citadelle, en effet, connaissait l'ennemi, mais se demandait si cette connaissance suffisait au sursaut d'un pays et d'une civilisation.

    L'État islamique et ses épigones ne nous disent pas autre chose. L'islamisme conquérant, celui des bombes mais aussi celui du voile intégral et des prières de rue, nous pose la même question: « Qui êtes- vous ? ». Nous, nous savons qui nous sommes, nous disent les djihadistes, mais vous qui êtes-vous ?

    À cette question, les réponses sont multiples : « Je suis Charlie », « je suis terrasse », « je suis Bruxelles ». « Qui est Charlie ? » se demande-t-on, tout de même. Certes, la terrasse du Petit Carillon à la nuit tombée illustre un peu de notre art de vivre, mais peut-on répondre au cri d'« Allah est grand » par un verre de mojito ? Et Bruxelles est-elle la « ville-monde » que le maire vante comme un modèle pour tout l'Occident ou « la capitale de l'Europe des soumis, d'une infinie laideur » dont parle l'écrivain Jean Clair ?

    Dans Situation de la France, Pierre Manent en appelle à la « marque chrétienne » de notre pays. Mais quelle est cette marque ? Celle d'Alain Juppé et du pape François qui la revendiquent pour justifier l'accueil sans mesure des réfugiés, ou celle de Philippe de Villiers qui s'incline devant l'anneau de celle « qui voulait bouter les Anglais hors de France » ?

    En créant le Printemps républicain, Laurent Bouvet a déclaré vouloir retrouver les fondements de la laïcité à la française. Mais est-ce celle de Viviani, qui voulait éteindre une à une les étoiles du ciel ? Celle de Ferdinand Buisson, qui rêvait d'instituer une religion républicaine ? Celle de Christiane Taubira, qui invoque la laïcité pour justifier le développement infini des droits individuels ? Celle de Jean-Louis Bianco ou celle de Manuel Valls ? Celle de Joseph Pagnol, le maître d'école universel, ou celle des transhumanistes ?

    « Que faut-il dire aux hommes ? », s'interrogeait Antoine de Saint-Exupéry à la fin de sa lettre. L'islamisme conquérant nous impose, à son tour, cette question.

    Dans un dialogue inoubliable publié cet été par Le Figaro Magazine, Alain Finkielkraut et Michel Houellebecq tentaient d'y répondre. « Dieu est parti, disait l'auteur de L'Identité malheureuse, et il ne dépend pas de nous de le faire revenir. Je crois que ce qui est mort pour de bon en France comme dans le reste du monde occidental, c'est la croyance en la vie éternelle.» Il poursuivait : « On ne peut pas décider de croire à nouveau dans la vie éternelle - et c'est le destin de l'Occident. » … « Alain, je suis en net désaccord là-dessus, répondait Michel Houellebecq.Ce sont ceux qui croient à la vie éternelle qui survivent. La religion gagne toujours à la fin. » Plutôt que de s'écharper sur les menus à la cantine et les coiffes des hôtesses de l'air, on rêve d'un débat qui soit à cette altitude. C'est peut-être illusoire, mais il n'est pas interdit d'essayer. 

    Vincent Tremolet de Villers

  • Livres & Société • Les Saint-Just du samedi soir

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN 

     

    arton8470-7b8cd.jpgIl est en France un philosophe qui s'oppose à la « ferme des mille vaches » et à la construction d'un aéroport à Notre-Dame-des-Landes, et qui use de sa notoriété médiatique pour dénoncer les conditions indignes de l'élevage productiviste et les absurdités de la course à la bétonnisation aéroportuaire et mondialiste : en somme, certains, à cette rapide description, pourraient croire qu'il était, au regard de ces combats qu'il est l'un des seuls intellectuels français à assumer publiquement en France, le bienvenu sur cette place de la « Nuit debout » contestatrice de tant de scandales environnementaux et sociaux... Et pourtant ! Après quelques dizaines de minutes passées à écouter les intervenants des débats, Alain Finkielkraut en a été chassé comme un malpropre par quelques extrémistes qui, le plus souvent, n'ont même pas pris le temps de le lire, se contentant de quelques slogans et arguments faciles. Quelle déception, quelle colère peut-on éprouver devant une telle situation absurde et, il faut le dire, éminemment révoltante ! 

    Le philosophe Alain Badiou, maoïste pas vraiment repenti, n'a pas, lui, hésité à discuter avec son confrère maudit par les nouveaux Saint-Just du samedi soir, et un livre en est né, qui mérite d'être lu*. D'autres, qui n'ont pas la notoriété de Badiou ou de Finkielkraut, ont été invités dans l'émission que ce dernier anime, depuis des années, sur France-Culture, sans censure aucune, et ont pu faire valoir des idées parfois fort éloignées de celles de leur hôte...  

    Je suis d'une tradition dans laquelle on discute beaucoup, et je n'ai jamais hésité à franchir quelques barrières idéologiques pour chercher à comprendre, mais aussi à convaincre mes adversaires, parfois en vain. Je me souviens, entre autres, d'un débat sur la question universitaire organisé par le groupe anarchiste de l'université de Rennes2 auquel je m'étais rendu, accompagné de quelques monarchistes : la surprise était grande parmi les libertaires qui, refusant d'entamer le dialogue avec nous, avaient préféré annuler leur réunion et quitter les lieux... Cela, en définitive, m'avait plus agacé qu'amusé car j'ai toujours trouvé choquant ce genre d'attitude d'exclusion et de fermeture : que l'on ne parle pas de débat et de liberté d'expression si l'on n'accepte pas celle des autres !  

    Il n'est de pire sourd que celui qui ne veut entendre, dit le proverbe, et les excités qui ont poursuivi M. Finkielkraut de leur vindicte l'ont aisément et méchamment prouvé en refusant, non même sa parole, mais sa simple présence, sans doute trop bruyante à leur ouïe délicate de maîtres censeurs... « Messieurs les censeurs, bonsoir ! », lâchait Maurice Clavel en quittant le plateau de télévision après le caviardage d'une phrase de son reportage sur la Résistance, phrase qui mettait en cause le président Pompidou... Son cri du cœur est aussi celui de ceux qui, aujourd'hui, veulent pouvoir parler envers et contre tout, même si cela n'a pas l'heur de plaire aux Saint-Just qui, en un héritage qui n'a rien d'illégitime au regard de son histoire, se revendiquent d'une République qui ressemble trop, ainsi, à une place de Grève ou de la Révolution façon 1793... 

    La République, par ces quelques fanatiques (qui ne peuvent être, je le crois, confondus avec les premiers initiateurs de la Nuit debout chantant la Marseillaise en descendant dans le métro, le premier soir...), retrouve ses mauvais démons qui, semble-t-il, ne l'ont jamais quittée... Il est dommage que, du coup, ils assassinent un mouvement qui, malgré ses excès et son folklore, avait quelque légitimité à être et à faire valoir... 

    * L'explication, débat entre MM. Badiou et Finkielkrault, animé par Aude Lancelin, éditions Lignes, 2010.

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • JEUNESSE : LA FAILLITE MORALE DE LA GAUCHE

    par François Marcilhac 

    500021990.jpgJusqu’où la gauche descendra-t-elle ? Je ne parle ni des sondages ni des élections partielles, mais de sa faillite morale. Il ne s’agit pas des nombreuses affaires dans lesquelles elle est engluée. Le candidat Hollande, en 2012, avait fait de la jeunesse sa priorité.  

    Quatre ans plus tard, le gouvernement socialiste, incapable d’offrir un emploi aux jeunes Français, cherche à les appâter en libéralisant l’usage de la drogue. Fumez, vous ne penserez plus que votre avenir est bouché ! Qui dira après cela que Hollande, à douze mois de la prochaine présidentielle, ne fait pas à nouveau de la jeunesse sa priorité ? D’autant qu’un drogué est rarement inscrit au chômage et cherche plus rarement encore du travail. Il n’apparaît dans aucune statistique de Pôle Emploi : c’est gagnant-gagnant ! Alors que le Premier ministre annonçait en parallèle, le 11 avril dernier, une série de mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes pour un coût de 400 à 500 millions d’euros par an, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a souhaité sur BFM TV que « le Parti socialiste ouvre un débat sur la fin de la prohibition » du cannabis. Certes, ce médecin de profession reconnaît que le cannabis « est une très mauvaise chose pour la santé publique, en particulier chez les jeunes », mais, compte tenu de sa large consommation, « il faut peut-être aller vers des mécanismes de légalisation contrôlée ».

    Qu’en termes délicats ces choses-là sont dites ! Comme si la solution était de baisser les bras en encadrant le mal ! Comme si l’augmentation de la consommation de drogue n’était pas l’effet d’une situation anxiogène dû avant tout à la crise et au délitement social ? Est-ce d’ailleurs un effet du hasard si, dans le même temps et alors que l’ouverture, voulue elle aussi par le pouvoir socialiste, d’une salle de shoot dans le Xe arrondissement de Paris, adossée à l’hôpital Lariboisière, fait toujours débat, la Fédération française d’addictologie recommande dans un rapport rendu public lundi 18 avril 2016 que la consommation de drogue soit également permise dans les centres d’accueil pour toxicomanes ? Ce qui aboutirait à une dépénalisation de fait non plus seulement de la consommation des drogues prétendument douces, telles que le cannabis, mais aussi des stupéfiants les plus dévastateurs.

    Que la gauche en soit arrivée là en dit long sur sa déliquescence morale. Quelle déchéance que de ne proposer comme horizon à la jeunesse de son pays que la libéralisation du cannabis, l’ouverture de salles de shoot et l’assistance avec la création, dès 18 ans, d’un revenu minimum d’existence, en remplacement, au nom d’un égalitarisme simpliste, du maquis actuel des minima sociaux. Oui, la gauche paniquée par la perspective en 2017 d’un nouveau 21-Avril, ne gouverne plus : elle fait campagne, tous azimuts, cherchant à raccrocher, par tous les moyens, même nauséabonds, des électorats qu’elle croyait captifs et qu’elle voit lui échapper. La dégradation préméditée de l’instruction, à laquelle préside Najat Vallaud-Belkacem, certes entamée par ses prédécesseurs de droite et de gauche, mais accélérée de manière méthodique par l’actuel gouvernement, est une composante de cette politique en direction à la fois de la jeunesse et de certaines « communautés ». Un peuple mal instruit est plus malléable, notamment à ces discours de haine qui, sous couvert de vivre-ensemble, sont ceux du communautarisme militant.

    Même si cela n’a pas profité au candidat socialiste aux régionales en Île-de-France, il est toutefois patent que la gauche cherche à communautariser, voire à racialiser de plus en plus sa propagande, opposant la France « périphérique », constituée des Français de souche et des immigrés assimilés, à la « diversité », soutenue par ces dhimmis masochistes qui ont les moyens de s’enfermer dans leurs beaux quartiers et espèrent que leur argent leur assurera durablement la tranquillité au sein du grand remplacement civilisationnel qu’ils ont d’ores-et-déjà acté. Il en est des spots « Tous unis contre la haine » prétendant dénoncer le racisme comme des 2 000 affiches visant à condamner les discriminations à l’embauche : en insultant, tout en l’inventant comme catégorie économique et sociale, le « Français blanc » comme profiteur et raciste, ces deux campagnes gouvernementales en cours cherchent, par un racialisme grossier, à créer cet apartheid mental que Valls a infusé dans le discours politique en janvier 2015, dans le seul but d’opposer de manière irrémédiable deux électorats : d’un côté les Français périphériques jugés irrécupérables car désormais tournés vers le FN, de l’autre, la « diversité », électorat de remplacement en cours de constitution.

    Cette politique racialiste et communautariste de la gauche est d’autant plus violente qu’il lui faut réparer deux bévues qui lui ont aliéné un électorat qui lui avait été acquis en 2012 : sa politique étrangère de lutte contre le terrorisme islamiste entamée dès janvier 2013 au Mali, comme la politique sociétale — mariage pour tous, théorie du genre enseignée à l’école. Comme quoi, contrairement à ce que pensent des esprits courts au FN, qui risque de s’en mordre les doigts en 2017, la gauche sait, elle, qu’il n’y a pas de sujets « bonsaïs » en politique. Comment ne pas voir également que les propos de mars 2015 de Vallaud-Belkacem sur le porc comme « aliment confessionnel » étaient un message communautariste envoyé à certains jeunes ?

    Rien ne dit évidemment que cette tactique abjecte réussira. Les « quartiers » sont d’autant moins revenus dans le giron de la gauche qu’elle en a perdu de nombreux et que la droite molle et le centre tiennent désormais le même discours et pratiquent la même politique. Hollande, qui dévisse dans les sondages, a peur : plus généralement la jeunesse, quelles que soient ses origines, lui échappe. Celle qui vote destine ses voix en majorité à la droite parlementaire ou au Front national. La gestion des manifestations, notamment de lycéens, contre la loi El-Khomri, comme celle de Nuit Debout sur la place de la République à Paris, pâle reflet des Indignados espagnols du début des années 2010, est délicate. Il s’agit d’éviter avant tout la constitution d’un Podemos français.

    Les violences policières, encouragées par le pouvoir et occultées par les médias aux ordres lorsqu’elles étaient dirigées contre les pacifiques Manif pour tous ou autres Veilleurs, pourraient, cette fois largement médiatisées, faire à gauche le jeu des dissidents. C’est pourquoi le pays légal ferme les yeux, partout en France, sur les nombreux actes de vandalisme des antifâ et autres gauchistes qui, largement infiltrés, lui ont toujours servi de police supplétive. Laisser libre cours au vandalisme — les commerçants de Nantes, Rennes ou Paris en font régulièrement les frais —, dans l’espoir d’en rendre responsable et de réprimer l’adversaire qu’on jugera utile de désigner, les patriotes, évidemment, qu’on prétend en toute bonne conscience « citoyenne » interdire d’expression : cette politique d’une gauche aux abois est vieille comme la République. A Marseille, les locaux de l’Action française ont été ces jours derniers plusieurs fois vandalisés et nos militants menacés de mort par les idiots utiles du système, sans que cela inquiète autrement la police, voire avec une certaine complaisance des médias de l’oligarchie. L’évocation récurrente par le gouvernement d’un risque de guerre civile n’a rien d’innocent. Pour la gauche, sera « républicain » tout ce qui permettra son maintien au pouvoir. 

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    L’ACTION FRANÇAISE 2000

  • Hijab Day : quand Sciences-Po hisse les voiles du politiquement correct

     

    Des étudiants de Sciences-Po Paris ont lancé l'opération «Hijab Day», invitant leurs camarades à « se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée », ce mercredi. Une initiative idéologique et déconnectée des réalités, estime Laurent Cantamessi. [Figarovox 20.04] Dans une tribune faite d'humour, d'imagination et de bon sens ...  LFAR

     

    A Sciences-Po chaque jour est une fête. Grâce à un bureau des étudiants hyperactif, l'année est plus rythmée qu'une semaine au Club Med. On connaissait bien sûr la Queer Week, «espace d'action et de réflexion autour des genres et des sexualités», organisée depuis 2010, dont la marraine était cette année la «lesbienne invisible» Océane RoseMarie. Cette année, durant une semaine en mars 2016, les étudiant-e-s et leurs professeur-e-s ravi-e-s ont pu admirer les stands de la Brigade du Stupre, ou celui du collectif GARCES dont l'animatrice confie « arpenter les manifs pour crier des misandries intersectionnelles et emmerder les mascu ». Après Océane Rosemarie, il se dit que le Concombre Masqué parrainera l'édition 2017, placée sous le signe de l'intersectionnalité heureuse et du mascu vaincu.

    Si le mois de mars était celui de la guerre des genres, du dévoilement transgressif et de la chasse au mascu, en avril en revanche on ne se découvrira pas d'un fil à Sciences-Po puisqu'un autre collectif « d'étudiant-e-s » a décidé d'organiser cette fois un « hijab day » dans les murs de la vénérable institution qui doit quelquefois se fatiguer elle-même d'être de tous les combats. Après la récente polémique de la mode islamique, les étudiants de Sciences-Po ont dû penser qu'il était temps d'inverser la vapeur et de hisser les voiles pour voler au secours des minorités opprimées tout en restant trop tendance. Non mais c'est vrai quoi : H&M se lance dans le burkini et le petit hijab fashion et Sciences-Po devrait rester les bras croisés sans réagir ? Pas question, quand on étudie à deux pas des plus jolies enseignes parisiennes, de laisser passer la sortie d'une nouvelle collection printemps-été ! Et puis afficher sa solidarité avec les femmes voilées c'est bien, Esther Benbassa l'avait dit et Europe-Ecologie-Les Verts avait organisé une ‘journée hijab' contre la voilophobie il y a près de trois ans, en août 2013, dans le sillage de la styliste américaine Nazma Khan qui a lancé l'initiative reprise aujourd'hui dans 140 pays… sauf la France, se désolaient il y a quelques mois les initiateurs du World Hijab Day Lyon, « un événement destiné à déconstruire les préjugés », malheureusement interdit en janvier dernier par le méchant préfet Delpuech et la préfecture de Lyon, sous couvert d'état d'urgence. Heureusement que Sciences-Po Paris est là pour rattraper le coup ! Quand on pense que 116 pays ont pu tranquillement organiser une journée du hijab, que la ville d'Ottawa a même accepté que s'organise une journée d'ateliers d'essayage pour inviter les non-musulmanes à « porter le foulard islamique pour mieux comprendre la réalité des hijabis, leurs sœurs voilées », on comprend qu'un collectif d'étudiants de Sciences-Po ait décidé qu'il était temps que la patrie d'Yves Saint-Laurent, Dior et Chanel soit moins voilophobe et textilorétrograde. Et puis même Geneviève de Fontenay est d'accord : « Moi je les soutiens ces femmes musulmanes ! Quand on voit la mode française avec ses jeans troués et rapiécés, tout cet exhibitionnisme, soyons au moins tolérants ! » Avec une caution pareille, comment ne pas se sentir légitime ? Pour remercier Geneviève, les étudiants de Sciences-Po auraient dû imposer en sus du hijab celui du chapeau à large bord pour toutes les étudiantes. Que les réfractaires se rassurent cependant, Fatima Elo, présidente-fondatrice de l'association Politiqu'Elles, association féministe soutenant l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, expliquait ce mercredi matin à l'antenne de Jean-Jacques Bourdin sur RMC, que « personne ne sera forcé à porter le voile, c'est du volontariat ». Par contre, on ne s'assiéra plus à côté des grincheux voilophobes à la cantine.

    Fatima Elo expliquait également ce matin chez Bourdin que derrière l'initiative du Hijab Day de Sciences-Po, « l'idée était d'aborder la question du voile avec humour ». Apporter son joli foulard pour aborder avec humour le traitement des femmes voilées et même dans certains coins de banlieue de France où le port du voile n'est pas vraiment présenté comme du volontariat, c'est vrai que la blague était à faire, et les nombreuses intéressées qui subissent menaces, insultes et violences quand elles refusent de porter le voile ont dû bien rire à cette bonne blague et être soulagées que les étudiants de Sciences-Po s'intéressent enfin à leur sort. Comme les y invitait ce matin une twitto : « Aux nanas de @sciencespo qui font le #HijabDay n'oubliez pas de servir les garçons à table à midi et de mettre des gants pour serrer la main. »

    Mais la blagounette a l'air d'être mal passée, à en juger par l'avalanche de réactions négatives qu'elle a provoqué dans la presse. On pourrait presque croire que le sujet est devenu ces derniers temps un peu sensible… Et comme on n'est jamais aussi bien trahi que par les siens, voilà que l'antenne FN de Sciences-Po Paris produit un communiqué assassin : « Ce geste relève de l'imposture politique d'une bourgeoisie parisienne déconnectée des réalités sociales, qui exacerbe par ce jeu naïf les tensions communautaires ». Maudit Richard Descoings ! En instituant ses antennes ZEP et ses bourses à destination des étudiants plus défavorisés, l'ex-vénéré directeur de Sciences-Po a fait rentrer dans les murs une cohorte de jeunes loups qui ont grossi les rangs du parti lepéniste et lui ont permis de faire une entrée fracassante dans le pré carré du progressisme éclairé où il vient désormais s'autoriser à gâcher la fête en toutes occasions.

    Et puisqu'un malheur n'arrive jamais seul, voilà qu'un collectif d'empêcheurs de voiler en rond s'est rassemblé contre le Hijab Day pour proposer de contrecarrer l'initiative de l'association Politiqu'Elles, en organisant une odieuse agitprop' vestimentaire : « En réaction au « Hijab Day », qui propose aux étudiants de Sciences Po de venir voilés, nous proposons une journée pour s'habiller comme on veut : du crop top à la jupe longue, tout est permis ! (Sauf les collants chairs, évidemment depuis la jurisprudence Cristina Cordula). Pour les plus audacieux, un bikini peut même se tenter ! », proclame la page Facebook du « Bikini/Jupe/Robe/Whatever Day à Sciences-Po », organisé aujourd'hui à partir de 8h.

    Au XVIIe siècle, Miguel de Cervantès s'était moqué de la querelle des Anciens et des Modernes, opposant les partisans de l'imitation des modèles antiques à ceux qui voulaient s'en détacher:

    «Dans ce grand tumulte tous ensemble se jettoient leurs Livres à la teste, & se faisoient des armes de leurs Ouvrages. Vous jugez bien que les auteurs de petite taille, comme vous pourriez dire les In-Douze, n'eurent pas l'avantage dans ce démêlé ; certains géants qu'on appelle les Infolio les battirent à plate couture, et c'étoit une pitié de voir comme on en accabloit d'autres, qui n'avoient que des feuilles volantes pour leur défense.»

    La civilisation de l'écrit étant sur le déclin, nous voici parvenus à l'ère du bout de tissu politisé et médiatisé. A l'image des auteurs de Cervantès, verra-t-on à Sciences-Po, en ce jour de confrontation entre Hijab Day et N'importe quoi Day, les porteuses de voiles et leurs adversaires se battre à coups de foulards et de minijupes, le petit top skinny se confrontant au burkini, les hijabs volant dans les plumes des robes à frou-frou et la bretelle apparente lutter pied à pied contre la tunique musulmane de chez Mark&Spencers? L'affrontement promet d'être tendu comme une ficelle de string.

    Pour leur prochain coup d'éclat, les assos étudiantes de Sciences-Po devront en tout cas faire encore plus assaut d'originalité pour être à l'avant-garde de la subversion. Après la Queer Week et le Hijab Day, il va falloir sérieusement se creuser les méninges pour trouver quelque chose de nouveau et d'innovant. A l'approche de la clôture des primaires américaines, on pourra leur proposer d'organiser en juin un «Donald Trump Day». Chaque étudiant sera invité à venir coiffé d'un postiche blond pour rendre hommage au tribun new-yorkais d'avoir déconstruit de manière foucaldienne l'establishment politique de nos voisins d'outre-atlantique et fichu un fameux boxon au parti Républicain. Après la Queer Week, le Hijab Day et les Class Actions de tout acabit, ce serait la classe américaine, tout simplement. 

    Laurent Cantamessi    

    Laurent Cantamessi est co-animateur du site Idiocratie.        

  • « M. le Maudit » ? Non, Maurras contemporain capital

     


    2242691526.jpgAu jour anniversaire de sa naissance - 20 avril 1868 - Maurras est cité, honoré dans Le Réveil du Vivarais, le journal d’Annonay et du Nord-Ardèche.

    La citation reprise par ce média régional est d'une singulière actualité. Maurras est bien, selon l'expression d'Olivier Dard, un contemporain capital.

    Maudit seulement en apparence...  Présent en réalité. 

  • « La France va mieux » ... Ah bon ?

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu. 

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière... 

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle. 

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes... 

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ». 

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • La CGT en chute libre se radicalise ... Philippe Martinez se voit-il en petit père des peuples ?

     

    La représentativité des syndicats français est aussi nulle que celle de la représentation parlementaire. Mais on fait comme si ... Le roi est nu, mais il règne ou fait semblant. Combien de temps pourront durer les simulacres ? Croit-on que la crise institutionnelle, économique et sociale en cours sera résolue par les gauchistes plus ou moins paumés de Nuit debout ? LFAR

     

  • Alain Finkielkraut, Nuit debout et le fascisme des antifascistes

     

    Après l'expulsion d'Alain Finkielkraut de la place de la République par des participants de Nuit Debout, Mathieu Bock-Côté met en lumière l'état d'esprit sectaire de la gauche radicale. [Figarovox 18.04]. Il analyse le fascisme des antifascistes. Le plus radical, le plus totalitaire. Le plus réel aussi. Car au sens historique, comme au sens théorique, il n'y a jamais eu vraiment de tradition fasciste française ni de mouvement fasciste français qui compte. D'une part, le fascisme est passé, il appartient à une histoire déjà lointaine; d'autre part il relève de traditions étrangères spécifiques. Pas de la nôtre. N'en subsiste plus que ce que nous appelions, au temps de l'Union Soviétique et de l'Internationale communiste, le fascisme rouge. Chez nous, celui d'une certaine extrême gauche, nostalgique de la Terreur et du Goulag, le second découlant, d'ailleurs, de la première, Soljenitsyne l'a montré. Alain Finkielkraut traité de fasciste et expulsé de la place de la République comme tel, on le voit, cela ne prend plus. L'opinion le condamne majoritairement. Il arrive à l'Action Française, aux royalistes, de subir le même traitement. Les voilà désormais, en bonne compagnie.  LFAR

      

    Mathieu Bock-Coté.jpgPour ceux qui ont regardé les vidéos sur internet, la scène était insoutenable: alors qu'il se rendait place de la République pour observer directement, sans filtre médiatique, les manifestants rassemblés dans Nuit Debout, le philosophe Alain Finkielkraut a été agressé par des petites brutes se considérant probablement comme l'avant-garde de la révolution, les gardiens de la tolérance et les promoteurs admirables d'une démocratie enfin délivrée de sa pudeur libérale. Car à ce qu'on dit, à Nuit Debout, on réinvente la citoyenneté.

    On pourrait n'y voir qu'un fait divers. Mais on aurait tort. Car cette expulsion est terriblement révélatrice d'un état d'esprit sectaire étrangement encensé par les médias qui aiment bien jouer à la révolution de la jeunesse. «Bien fait pour sa gueule». « Qui sème le vent récolte la tempête ». Ces formules souvent reprises sur les médias sociaux nous rappelaient l'incroyable capacité de la gauche radicale à culpabiliser les victimes et à victimiser les coupables, pour ne jamais sortir de ses schèmes idéologiques confortables. Alain Finkielkraut est par nature un vilain, et il ne sera jamais autre chose.

    En se présentant dans un espace public censé mettre en scène une démocratie améliorée, Alain Finkielkraut se serait livré à une odieuse provocation, pour créer le buzz médiatique autour de sa personne. C'est un stratège rusé qui se serait présenté Place de la République pour se faire cracher dessus, se faire traiter de fasciste et ainsi donner une mauvaise image au mouvement citoyen. Et puisque Finkielkraut, excédé, finira par répondre à une femme qui l'invectivait ardemment, on présentera finalement sa brutalisation comme une simple échauffourée entre excités idéologiques.

    Finkielkraut a été chassé d'un espace public confisqué par une faction idéologique qui se prend pour le peuple en marche. Apparemment, une partie de Paris appartient désormais à un groupuscule révolutionnaire qui distingue ceux qui y sont les bienvenus et ceux qui ne le sont pas. Les militants les plus engagés de Nuit Debout n'acceptent pas dans leur vision de la démocratie la possibilité même du désaccord idéologique. Ils savent à l'avance quelles positions sont respectables et lesquelles ne le sont pas. Un des plus grands philosophes français n'était pas le bienvenu comme un simple témoin dans le peuple militant.

    Nuit Debout veut réinventer la démocratie en renouvelant en profondeur le débat public, en le délivrant de ses entraves institutionnelles. Officiellement, la démocratie représentative serait souillée et corrompue, et étoufferait la véritable délibération. Il faudrait désormais se connecter directement au peuple, en lui permettant de parler sans filtre. C'est le rêve éternel de la démocratie directe. Mais on constate que les militants de Nuit Debout sont prêts à injurier et calomnier certaines personnes associées à des idées qui ne sont manifestement pas les bienvenues dans la conversation démocratique telle qu'ils l'imaginent.

    Comprenons bien la logique : la démocratie directe se pratiquera dans un éventail idéologique assez restreint. Et même si nous sommes devant un mouvement qui se dit citoyen, on constate qu'il se permet de distinguer sans complexe ceux qui sont dignes d'être citoyens et ceux qui ne le sont pas. Il a là une forme d'aristocratisme militant qui ne dit pas son nom. Entre les citoyens éclairés et les autres, il y a une différence de statut qui fonde la légitimité de l'action militante. Les premiers ont eu la révélation progressiste: les autres sont dans l'obscurité et sont au mieux à plaindre.

    C'est le paradoxe de la démocratie directe : elle prétend approfondir la démocratie alors qu'elle s'ouvre à la logique de la meute en se permettant de conspuer la dissidence trop ouvertement affichée. La démocratie directe ne se croit véritable que lorsqu'elle est fusionnelle et donne à ceux qui s'y investissent le sentiment de participer à une unanimité révolutionnaire. Ceux qui ne se joignent pas au mouvement sont alors présentés comme des ennemis du peuple et même, de l'humanité. Ils ne posent pas des questions légitimes : ils polluent le bel élan révolutionnaire par la mauvaise foi. Ils ne témoignent pas d'une autre conception du bien commun mais cherchent à mutiler ce dernier. Il faut en finir avec eux.

    Dès lors, l'insulte suprême peut-être lancée : on accusera Finkielkraut de fascisme. La fascisation de l'adversaire permet ainsi d'en finir avec lui. Car on ne débat pas avec le fascisme : on le combat. Contre le fasciste, la violence est permise et même encouragée. On le chasse de l'espace public, on l'empêche de se présenter dans une agora théoriquement ouverte à tous, on l'interdira même d'écouter ce qui s'y dit: c'est un intrus, un agent contre-révolutionnaire qui vient épier les militants du monde meilleur. Le mouvement Nuit Debout, en se transformant en théâtre d'un triste lynchage, a dévoilé sinon sa vraie nature, du moins celle de certains de ses militants, qui carburent à un fanatisme progressiste étranger aux règles élémentaires de la civilité démocratique. 

    FigaroVox

    Mathieu Bock-Côté                                  

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

  • Jérôme Leroy : Macron m’inquiète ... Le prendre au sérieux avant qu’il ne soit trop tard…

     

    Qui est vraiment Emmanuel Macron, que pense-t-il, au fond; que veut-il, quelle serait sa politique ? Telle est la question que Jérôme Leroy s'est posée dans Causeur et à laquelle il tente de répondre. Avec son talent habituel... Macron avait surpris et intrigué - notamment les royalistes - par ses déclarations de l'an dernier où il exposait, entre autres choses, qu'il manque un roi à la France, du fait de l'incomplétude de la démocratie ... Déclarations plus réfléchies qu'il n'y paraît si l'on veut bien les relire attentivement. Mais ses quelques prises de position politiques - peu nombreuses, il est vrai - semblent confirmer les hypothèses que Jérôme Leroy hasarde ici à propos d'Emmanuel Macron. Sans-doute est-il un acteur politique encore non-identifié. Restant à définir. On verra ce qu'en pense Jérôme Leroy, avec, malheureusement, d'assez bonnes chances de ne pas se tromper ... LFAR

     

    Pour tout dire, Emmanuel Macron m’inquiète. Je sais bien que l’ami Desgouilles a finement analysé le but de la manip quand le ministre de l’Economie a créé En marche !, à savoir qu’il s’agissait d’un moyen pour Hollande de griller Valls qui se retrouve triangulé sur son créneau social-libéral ou qu’Adrian Dambrine le réduit à une arnaque intelligente d’un ambitieux conscient du vide intersidéral de la politique française. Et pourtant il m’inquiète parce qu’il dispose de deux atouts dont sont dépourvus ses adversaires : il est sincère et il est désinhibé.

    Sa sincérité transparaît dans le moindre de ses discours, sans doute parce qu’il a un fonds idéologique très cohérent. Macron est le fils naturel de Jacques Attali et d’Alain Minc. Macron est sincèrement convaincu que non seulement la mondialisation est inévitable mais que de toute façon, elle est un bienfait, l’aboutissement d’un processus historique qui nous fera enfin sortir… de l’Histoire ! Cette sortie de l’Histoire, ce désir de sortie est d’abord manifeste chez lui dans ce ni droite ni gauche qu’il professe, ou plutôt dans ce et de droite et de gauche. Il n’est pas le premier à dire que ces catégories sont obsolètes, archaïques, que les Français n’y croient plus. Seulement, lui, il le pense vraiment.

    L’économie au-dessus de tout

    On lui a fait le mauvais procès de reprendre un vieux slogan du FN lui même repris de l’extrême droite doriotiste des années 30. Sauf que dans le cas du FN, il ne s’agit pas de nier l’existence de la droite et de la gauche, bien au contraire, mais de les dépasser de trouver une synthèse qui s’appellerait la patrie. On se souvient de Le Pen père en 2002 : « Je suis économiquement de droite, socialement de gauche, nationalement de France ». Macron, évidemment, lui ne songe même plus à dépasser la droite et la gauche, à unir les républicains des deux rives, voire à la façon de Giddens, le théoricien de Blair, à trouver une voie médiane entre le marché et le plan, et à réguler a minima le libéralisme.

    Pour lui, la droite et la gauche n’existent simplement plus parce que la politique n’existe plus. Le primat de l’économique est total, l’Etat est une survivance archaïque, la nation est la responsable des guerres et des crispations nationalistes. La communauté trouve grâce à ses yeux dans la mesure où elle est gérable et digérable par le marché, voire lui sert de débouchés et de moteur.

    A-t-on entendu Macron s’indigner sur les marques de prêt-à-porter converties, si je puis dire, à la mode islamique ? Et pourquoi donc le ferait-il ? Dans la logique d’un Macron et des libéraux pur jus dont il fait partie, la seule loi qui existe, c’est celle de l’offre et de la demande. Si H&M, Uniqlo ou encore Marks & Spencer griffent des hijabs, ce n’est pas parce qu’ils collaborent avec l’envahisseur, c’est juste parce qu’il y a de l’argent à se faire et ceux qui attendent de marques, quelles qu’elles soient, d’être le rempart de la civilisation chrétienne ou de la laïcité se font des illusions. Ce qui compte, c’est de vendre, y compris des armes à l’Arabie saoudite, notre allié et néanmoins berceau de l’Etat islamique.

     

    Le marché, son horizon indépassable

    Macron, lui, est « en marche ». En ne se prononçant pas sur ces vieilles questions (à peine une opposition discrète à la déchéance de la nationalité qui ne lui coûte rien puisque la nationalité est devenu quelque chose de très secondaire pour lui), il évite les hypocrisies et les incohérences de Valls qui s’oppose à la salafisation des esprits en France mais continue de dealer sur le plan international avec Riyad ou le Qatar.

    Elle est là, la cohérence dangereuse de Macron : le marché est un horizon indépassable qui n’a même pas vraiment besoin de la démocratie telle qu’on la connaissait. N’a-t-il pas déclaré à plusieurs reprises qu’être élu est « un cursus honorum d’un temps ancien » ? Ce qui signifie que le pouvoir est ailleurs désormais et que le seul poste qui vaudrait encore le coup, tant que la Vème République existe, c’est la présidence, un poste clé pour faire sauter les derniers tabous, forcer les derniers verrous.

    Et qu’a-t-il en face de lui ? Précisément une droite libérale qui ne veut pas aller jusqu’au bout de sa logique parce que son électorat reste conservateur sur les questions de société et qu’il devient très compliqué d’expliquer qu’il ne faut rien interdire en économie mais ne pas vouloir que les gays se marient, que les ventres des femmes se louent à l’année pour porter des bébés ou que le shit soit en vente libre. Et de l’autre côté, si l’on peut dire, une gauche radicale qui se radicalise sans jamais poser la question de l’immigration comme armée de réserve du capitalisme,  la question de l’Union européenne comme cadre indépassable des politiques austéritaires qui ne sera jamais cette union fraternelle et égalitaire dont continuent de rêver les internationalistes, contre toute évidence. On pourra lire à ce titre les analyses d’Aurélien Bernier dans le dernier numéro de Causeur.

    Macron lui n’a plus ces vieilles pudeurs, ces vieilles contradictions : il a déjà vu à quoi ressemblait le futur parce que, et je dis ça sans ironie, il est visionnaire : un monde pacifié, dématérialisé, où des nomades hyperconnectés échangeront à l’infini des données dans la grande paix bleue d’une utopie sans fin. Ca ne vous fait pas envie ? Vous avez tort, encore un effort et vous serez en marche…  

    Jérôme Leroy
    Ecrivain et rédacteur en chef culture de Causeur.

  • Société • Nuit debout : une contestation confuse

     

    par Gérard Leclerc

     

    GERARD LECLERC.JPGC’était vraiment faire preuve d’un optimisme déraisonnable que d’escompter du mouvement intitulé Nuit debout un renouveau de la politique, ou simplement de son expression. Contrairement aux espoirs d’un Gaël Brustier, qui avait cru voir se dessiner Place de la République l’amorce d’une réplique du Podemos espagnol, on est obligé de constater que cette offensive, qui fait pourtant si peur au gouvernement, est promise à l’échec dès à présent. Cela n’aura même pas été une parodie de Mai 68. L’époque n’est plus la même, une crise sans fin s’est substituée à la croissance des Trente Glorieuses. Et puis le climat intellectuel à changé du tout au tout. Il y a un demi-siècle, on vivait encore, du moins une partie notable de la jeunesse intellectuelle, en pleine eschatologie marxiste. Les groupuscules gauchistes, qui avaient encadré la révolte, étaient tous tributaires du souvenir de la révolution bolchévique, dont on avait célébré le cinquantenaire un an avant 1968.

    Certes, il y avait déjà une modification perceptible, détectée par Maurice Clavel. Le langage de 68 était marxisant, mais il voulait dire autre chose que Marx. Quand le situationnisme s’en mêlait, on comprenait que changer la vie, ce n’était pas mettre ses pas dans ceux du camarade Lénine. C’était quand même croire à des lendemains qui chantent. On n’en est plus là, aujourd’hui. Le gauchisme soixante-huitard n’a plus de raison d’être. Alors quoi ? Quelle idéologie viendra donner une formule crédible à des aspirations qui s’expriment de la façon la plus confuse ?

    La seule efficacité de Nuit Debout aura été de mettre plus encore en difficulté un gouvernement de gauche, qui cherche désespérément une issue à l’impasse infernale dans laquelle il se trouve coincé. Sa tentative de réforme, à la façon du chancelier Schröder en Allemagne, a abouti à un projet informe, où la patronat furieux ne retrouve plus rien de ce à quoi il avait applaudi. C’est pourquoi, avec Jean-Pierre Le Goff, on a envie de dire que cet ersatz de 68 constitue « le symptôme de la fin d’un cycle historique en décomposition ». Rien de réjouissant en tout cela.

    France Catholioque

    Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 13 avril 2016.

  • Justice & Société • Légalisation

     

    par Ph. Delelis

     

    Lettre 24 – Ricca à Ibben (extrait légèrement modifié)

    J’ai ouï raconter du roi, des choses qui tiennent du prodige, et je ne doute pas que tu ne balances à les croire… Ici, mon ami, les gens sont étranges. Un ministre proche du monarque annonçait récemment qu’un débat devait naître sur la légalisation du chanvre indien. Il suscitait immédiatement un immense tollé chez les opposants et même à la cour. Pourtant, Usbek te le confirmera, nous étions tous deux persuadés que la substance était déjà licite dans ce pays. En effet, pas moins de dix-sept millions de personnes disent avoir déjà essayé le cannabis et sept cent mille avouent en être des consommateurs réguliers.

    Comment cela serait-il possible sans une acclimatation, non pas seulement des plants, mais aussi et surtout de la législation ? Mais ce n’est pas tout : la France est aussi ce pays où on lance un projet de loi pour libéraliser le marché du travail mais qui se transforme progressivement en texte anti-entreprises, où l’on pénalise le recel d’un délit que l’on supprime par ailleurs (la consommation de services sexuels à titre onéreux), où les gens se lèvent la nuit pour se tenir immobiles sur une place publique sans que l’on sache s’ils se couchent le jour, un pays où l’on a récemment inventé des bourses pour les non-étudiants, des portiques de taxation montés puis démontés à grand frais, des portiques de gares montés puis neutralisés (on aime les portiques ici, surtout s’ils ne servent à rien : même l’Arc de Triomphe ne permet plus le passage des troupes).

    C’est aussi un État dans lequel on crée de grandes régions que les habitants ne parviennent pas à nommer autrement que par des locutions ridicules, où le nombre de fonctionnaires ne cesse de croître tandis que la dette publique s’aggrave, où l’on pousse à l’exil la jeune génération… Tous ces prodiges nous paraissaient s’expliquer par une consommation régulière et donc légale de substances hallucinogènes. Mais non, c’est interdit.

    C’est bien la même terre qui nous porte tous deux ; mais les hommes du pays où je vis, et ceux du pays où tu es, sont des hommes bien différents.

    Merci à Montesquieu   

  • Médias • Retour sur « La Provence » : Quels sont les émoluments de monsieur Mazerolle ?

     

    Un commentaire sagace de Jean-Louis FAURE 

    à la suite du communiqué de la Fédération Royaliste Provençale que nous avons publié hier vendredi

     

    La Provence. De monsieur Mazerolle ? Un peu de papier pour allumer la cheminée ou sa pipe.

    Au hasard, mis de côté récemment, dans la même semaine :

    • après le remaniement qui a figé d’admiration le monde entier, la Provence titre le 12 Février dernier à la Une en caractères gras « Hollande réussit son coup » et s’ensuit un baratin inepte.

    • et le 14 Février suivant, weekend où monsieur Mazerolle nous étale sa sagacité, « Un désastre présidentiel ; les manœuvres de François Hollande désespèrent jusqu’à ses propres partisans ».

    561205_le-journaliste-olivier-mazerolle-a-paris-en-janvier-2012.jpgSimple question : quels sont les émoluments de monsieur Mazerolle ?

    Oui, rien d’autre que du papier à usage domestique salissant … 

    Repris des commentaires de Lafautearousseau [15.04.16]

  • La France ne peut pas se permettre de « rater » 2017

     

    par François Marcilhac

     

    500021990.jpgS’il y a une chose qu’on ne reprochera pas à Manuel Valls , c’est de manquer de cynisme. Il a ainsi osé déclarer au Journal du Dimanche du 3 avril : « Je ne pense pas que l’on gagne une présidentielle sur un bilan, ni qu’on la perde sur un bilan. On la perd si on ne se projette pas dans l’avenir, si on n’a pas de vision ». 

    Après cinq ans de mandat, un président souhaitant se faire réélire n’aurait donc pas à être jugé par les Français sur ses réussites et ses échecs, ou encore sur ses promesses trahies, mais uniquement sur sa « vision », sa capacité à se projeter « dans l’avenir ». Le mandat échu, cinq années à la tête du pays ? Pour du beurre ! comme disent les enfants. C’est tellement plus pratique comme ça ! Et le Premier ministre d’ajouter : « Je ne vois pas d’alternative à François Hollande à gauche. » C’est possible, même si nous, nous en connaissons plein, à gauche, qui se voient comme des alternatives au sultan actuel, à commencer par le vizir lui-même. Mais, même si c’était le cas, qu’importe ? L’élection présidentielle a pour fonction, du moins théorique, de nommer à la tête de l’Etat le meilleur pour la France, non pour la gauche, ou pour la droite. Mais à force de réduire la France à la République, régime des partis, on finit par réduire celle-ci au parti politique qui prétend l’incarner le mieux...

    Dans ce même entretien, pour mieux écarter l’hypothèque d’un bilan effectivement catastrophique, Valls en revient aux attentats. Le seul bilan qu’il accepte de présenter ? Celui des lois antiterroristes, dont l’usage à moyen terme dira si elles ne sont pas avant tout dirigées contre nos libertés fondamentales, le terrorisme se révélant alors un prétexte bien utile pour empêcher les patriotes de s’exprimer, ce que Cazeneuve a déjà commencé à faire en interdisant et faisant réprimer de manière violente des manifestations pacifiques mais politiquement incorrectes, le pouvoir socialiste récidivant, trois ans après les Manif pour tous... Le terrorisme, un prétexte bien utile, aussi, pour ne pas avoir à s’expliquer sur ses échecs en matière économique ou sociale. Ni, précisément, sur le manque de « vision » ou l’incapacité à « se projeter dans l’avenir » d’un président qui n’aura réussi à mener à son terme que la loi sur le prétendu mariage pour tous et, pour tout le reste, aura surtout prouvé son incompétence notoire. Quelle vision, par exemple, sur la réindustrialisation du pays ? Ou sur le tournant agricole qui se dessinait pourtant depuis plusieurs années aux plans européen et mondial, avec l’abandon de la politique agricole commune et l’aggravation de la concurrence déloyale, comme au plan phytosanitaire ? Pour ne pas parler de la politique étrangère ni de la submersion migratoire.

    Sa reculade piteuse sur la déchéance de nationalité, faute d’avoir obtenu d’un Sénat de droite qu’il vote le projet de loi constitutionnelle dans les mêmes termes qu’une Assemblée de gauche, est une illustration criante de l’incapacité du chef de l’Etat à se hisser à la hauteur de sa fonction. Alors que la grande majorité des Français y semble favorable, pourquoi ne pas avoir décidé de passer par la voie référendaire après avoir constaté les blocages politiciens contre un projet dont la dimension symbolique devait, théoriquement, réunir la nation ? Parce qu’en homme de la IVe République, François Hollande considère que donner directement la voix au peuple, c’est commettre un péché contre l’esprit de la république ; parce que, de plus, la pratique a totalement été discréditée en 2005 aux yeux du pays légal, le peuple ayant sur l’Europe osé ne pas suivre les consignes de l’oligarchie. Hollande craignait-il par ailleurs que les Français, même d’accord avec la déchéance de la nationalité — le premier article, sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence étant plus technique —, n’en profitent pour le désavouer dans les urnes sans attendre 2017 ?

    2017... La France peut-elle se permettre de « rater » 2017 comme elle a déjà « raté » 2007 et 2012 ? La situation est chaque jour plus grave et le fait que de plus en plus d’intellectuels, même et surtout de gauche, s’interrogent sur les questions de civilisation est un signe qui ne trompe pas. Car il en est de la France et des vieilles nations d’Europe comme des corps affaiblis : ils sont plus exposés au développement des maladies que les autres. C’est lorsque les défenses naturelles sont déjà anémiées par un premier agresseur, que le second voit sa progression facilitée. Nous en sommes là, nos nations ne sont plus que de grands corps malades et les attaques du terrorisme islamiste qu’elles subissent ne sont pas la cause du mal, mais l’effet d’un mal premier, qui prospère tel un parasite sur une plante qui ne sait plus se défendre, je dirais un « épiphénomène », si le mot avait encore son sens véritable. En grec, que le pays légal ne veut plus qu’on sache, les « épiphénomènes », ce sont les symptômes qui apparaissent subitement. en pleine lumière. Le grec le dit également de l’ennemi, qui surgit, du fourré, par exemple. Pour être seconds, donc, rien de secondaire dans de tels « épiphénomènes ».

    Oui, ces attentas terroristes, ceux qui viennent d’ensanglanter Bruxelles après avoir ensanglanté Paris, ne sont que le surgissement de l’ennemi, tapi au cœur de nos cités, tapi après y avoir été enfanté et nourri, non-éduqué et non-enseigné, aussi, un surgissement lentement préparé, mûri, subventionné, même, par les milliards de la politique de la non-ville arrosant les « quartiers », à l’ombre d’une nation que ses élites ont reniée et qu’elles n’ont eu de cesse d’apprendre aux Français — comme aux Belges —, de souche ou néo, à renier eux aussi, les submergeant d’une idéologie mondialiste où les droits de l’homme, la honte de soi, la repentance généralisée étaient les instruments d’un affaiblissement généralisé de nos défenses naturelles. Car cette détestation, c’est le seul enseignement que ces élites ont méthodiquement transmis à tous ceux que cette idéologie mondialiste a depuis plus de quarante ans invités à venir et à ne surtout pas s’assimiler, parce que l’assimilation serait fâchiste, voire raciste. Elle est d’ailleurs contraire aux « valeurs » de l’Europe : « L’intégration est un processus dynamique, à double sens, de compromis réciproque entre tous les immigrants et résidents des pays de l’UE ». Tel est le principe de base, adopté le 19 novembre 2004 par le Conseil européen Justice et Affaires Intérieures... Vous n’avez pas la berlue : l’intégration, autrement dit le « vivre-ensemble », serait un « processus dynamique, à double sens » ! Inventé, surtout, en vue de détruire les peuples, en France au travers d’une République de la diversité en exemple du village planétaire, c’est-à-dire du marché globalisé. Par deux fois à Paris en 2015, en mars dernier à Bruxelles, le vivre-ensemble nous est revenu en pleine figure comme un boomerang. Et encore, ne retenons-nous que les principaux attentats.

    Le terrorisme islamiste n’est que l’épiphénomène sanglant de ce renoncement à soi, la face émergée de cet aveuglement devant ce raz-de-marée, prêt à nous submerger d’autant plus facilement que nous avons arasé toutes les digues. C’est pourquoi il ne suffit plus d’attendre ou d’observer des « signes » de renaissance, même et surtout lorsqu’ils touchent directement à notre mémoire nationale, comme le retour de l’anneau de Jeanne. Un signe, comme son nom l’indique, n’a de valeur qu’en dehors de lui-même. Il est inutile, trahi même, s’il n’invite pas à l’action et au rassemblement. « Besognons, et Dieu donnera la victoire ! » 

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

  • Déchéance nationale, nationalité et figure du roi

     

    par CHRISTIAN FRANCHET D’ESPEREY

     

    066.jpgC’est une plaisanterie bien connue, genre brève de comptoir, sur les responsables politiques dégringolant dans les sondages : ils vont finir par trouver du pétrole… Pour dire le vrai, le destin de François Hollande nous soucie peu. Sans doute parce qu’il n’a rien fait pour qu’on y attachât quelque intérêt, mais surtout parce que nous sommes lassés – avec, quand même, une pointe d’étonnement, malgré notre cuir bien tanné à cet égard – de son étrange obstination à se mettre lui-même hors-jeu. Il n’en demeure pas moins que cette descente aux abîmes nous glace le sang. Pourquoi ? Simplement parce que nous ne pouvons plus ignorer que c’est à notre propre effondrement que nous assistons, comme les passagers d’un avion en perdition dont l’équipage ne parvient plus à arrêter la chute. 

    Ce n’est pas le mur du son, mais le mur de l’absurde, du surréalisme sans queue ni tête qui a été franchi avec le débat sur la déchéance de nationalité. Un président, imaginant que les attentats du 13 novembre constituaient une chance inespérée de rassembler les Français autour de lui, chercha une grande idée consensuelle, et crut la trouver dans le retrait de la nationalité française aux terroristes : partant de cette idée simple, le voilà empêtré dans un imbroglio indémêlable, où les politiciens – de droite comme de gauche, tous pris à contre-pied – se déchirent au sein même de leurs formations respectives. L’absurdité est apparue dès que fut décidé qu’on ne ferait de personne un apatride : seuls les binationaux (qui sont plus de 3 millions) seraient concernés. Mais on créerait ainsi une inégalité entre binationaux pouvant être déchus et « mono-nationaux » ne le pouvant pas. Discrimination inacceptable ! Sans que les dénonciateurs ne paraissent s’alarmer de ce que l’inégalité, s’il y en a, est plutôt entre ceux qui ont le privilège d’avoir deux nationalités et les autres… Mais passons !  

    L’issue de l’affaire n’a, en réalité, strictement aucune importance, les terroristes patentés se fichant comme d’une guigne de leur nationalité, tout autant que de son éventuelle déchéance. En revanche, il se trouve qu’à l’occasion de ce débat, ont été soulevées des questions qui ne manquent pas d’attirer l’attention. On en mentionnera une, fort intéressante sur le fond, et aussi en raison de la personnalité de celui qui l’a évoquée. La question est de savoir si, face à un criminel terroriste, la véritable fonction des autorités, plutôt que de le priver de sa qualité de Français, n’est pas de le punir. Et même, en premier lieu, de prévenir le mal. C’est un des hommes qui « montent », Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, qui a défendu cette position : « On ne traite pas le mal, a-t-il dit, en l’expulsant de la communauté nationale ». Il se mettait ainsi en rupture avec la ligne officielle et le consensus rêvé par le président.  

    Personne ne sait encore qui est vraiment M. Macron et jusqu’où il ira. Ce qui est sûr, c’est qu’il fait une carrière, et que son réformisme libéral pur et dur a de quoi inquiéter. Mais on l’a découvert capable de propos tellement hétérodoxes, sur l’euro par exemple, qu’on le soupçonne – et dans ce soupçon, chacun pourra placer une pointe d’espérance – de valoir mieux que le bouillon d’inculture au sein duquel il évolue. Il eut un jour, on s’en souviendra peut-être, ces mots, plutôt étonnants dans la bouche d’un ministre socialiste en exercice : « Il y a dans le processus démocratique un absent. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort… La démocratie française ne remplit pas cet espace… Après de Gaulle, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au cœur de la vie politique… » Il n’y a là pas un mot à redire ! Comme si Macron avait placé côte à côte, dans sa bibliothèque, L’Homme révolté de Camus et le dernier livre de Frédéric Rouvillois !  

    Pour revenir à la déchéance de nationalité, on peut s’interroger sur ce que le ministre de l’économie pense du nationalitarisme révolutionnaire jacobin, qui a détruit la conception royale de la nation. C’est une réalité de fait que jamais un roi de France, confronté à un Français coupable de haute trahison, ne l’aurait rayé de la liste de ses sujets. Son unique souci aurait été de le voir déféré devant un de ces magistrats à qui lui-même déléguait son pouvoir de haute justice. À travers le juge, c’est à lui, le roi, garant de l’équité au sein de la collectivité française, que le criminel aurait eu affaire.  

    Mais que sait un Hollande du sens royal de la justice ? Et que sait-il de la nationalité, de la nation, de la France ? Entre les fiches absorbées pour le grand oral de l’ENA et celles où il a noté les misérables petits tas de secrets du PS, a-t-il eu un instant pour y réfléchir ? Tout ce que l’on sent de lui, tout ce qui suinte de sa personne prouve que, de la France, il ne ressent rien. La nation, il l’a mise en fiches pour être élu, puis en friches une fois élu.  

    Quand nous voyons, sur la plus belle terre qui soit sous le ciel, l’état de la France, son mal être, sa vie politique dépressive, son économie en déclin, sa misère sociale, sa diplomatie anémique et son influence dans le monde réduite à rien, il faut bien l’admettre : ce sont les 66 millions de Français qui souffrent aujourd’hui de la déchéance de leur nationalité, 66 millions de condamnés à la déchéance nationale.   

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