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Actualité France - Page 304

  • Difficile rentrée

     

    Par Hilaire de Crémiers 

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    À quoi sert le remaniement ministériel ? 

    Tout était nouveau ; tout devait être beau, facile, agréable. C’était il y a un an. La France ne pouvait que sortir du marasme et les Français que retrouver leur enthousiasme. L’illusion n’a pas duré le temps d’une année. Macron s’est cru un cas unique ; il ressemble de plus en plus à ses prédécesseurs : même chute de popularité, même déception, même recherche désespérée dans toutes les directions d’électorats divers et variés pour regarnir sa gibecière vidée, et jusqu’aux chasseurs ! Cet exercice le force à des contradictions insurmontables qu’aucun « en même temps » ne résoudra.

    le-ministre-de-la-transition-ecologique-et-solidaire-nicolas-hulot-ici-le-27-juin-2018-a-paris_6080750.jpgNicolas Hulot a quitté le gouvernement. C’était prévisible. Il l’a fait sans ménagement ; il a démissionné sans se présenter devant le chef de l’État ni devant le chef du gouvernement. Il s’est cru insulté ; il a insulté en retour ! Il avait le sentiment d’être un pantin, ce qui était évident. Le ministre de la Transition écologique ne peut être qu’une sorte de caution morale dans un gouvernement de techniciens, pour ne pas dire de technocrates, chargé de faire adopter des mesures économiques commandées par Bruxelles et sous la pression d’une conjoncture de moins en moins favorable. L’écologie politique n’est qu’un discours. Arrêter le nucléaire est impossible et serait suicidaire ; construire des éoliennes sur tous les horizons commence à indisposer les Français qui se sentent violenter. Le reste ne peut être que des mesurettes entre l’absurde, l’inutile, le superflu qui coûte toujours cher. Hulot n’est pas à plaindre ; il retournera à cette écologie profitable qui est sa marque de fabrique et qui lui donne de solides revenus. Son discours se vendra d’autant plus cher.

    À l’heure où s’imprime ce numéro de Politique magazine, le successeur n’est pas encore connu. Il suffit de savoir que Daniel Cohn-Bendit a été, un moment, pressenti pour comprendre que Macron n’a pas changé de stratégie. Le prochain titulaire, quel qu’il soit, sera donc nécessairement un sous-Cohn-Bendit et un sous-Hulot ! Un choix pour la com’ et un choix par défaut !

    Le chef de l’État ne sait pas ce qu’est la France. Il joue avec des notoriétés médiatiques, des équilibres d’influence. Sa politique dite d’ouverture s’enferme sur elle-même ; elle s’enroule inéluctablement dans un cercle fermé de connivences qui ne tournent qu’autour de sa personne. À quoi sert le remaniement ?

    80c3ac97e4ec9fa251766baab9fb79a5-patrimoine-je-ne-veux-pas-etre-un-cache-misere-stephane-bern-menace-de-quitter-sa-mission.jpgC’est si vrai que Stéphane Bern fait savoir aussi son mécontentement. Et, lui, il sait de quoi il parle : le patrimoine français, il le connaît et vraiment : villages, villes, clochers, châteaux. Il a vu, commenté, apprécié ; il défend et promeut avec sincérité, s’étant lui-même personnellement mis à la tâche. Il ne fait pas de politique : il cherche à sauver des monuments ; il essaye de trouver de l’argent ; il travaille ; il fixe des priorités. Le ministère de la Culture est dirigé n’importe comment ; y a sévi jusqu’à aujourd’hui une dame qui est en froid avec la justice, qui, enivrée par son poste, s’est crue arrivée et qui est incapable d’assurer les directions de son ministère dont plusieurs sont privées de titulaire. Le ministère ne vient pas en aide à une personnalité comme Stéphane Bern ; il dépense son maigre argent à tout-va pour des questions de prestige et sur les choix idéologiques et capricieux de Madame. Sa sotte suffisance a déjà fait démissionner la commission chargée des commémorations nationales. Maintenant, elle a décidé, pour faire plaisir aux gens d’argent – telle est la macronie –, d’écarter des décisions concernant le patrimoine les architectes des bâtiments de France : ces hauts fonctionnaires d’une remarquable culture – nous en avons encore – sont les vrais gardiens de notre patrimoine. Stéphane Bern menace de démissionner lui aussi ; il ne veut pas être condamné à jouer les utilités. Alors qui, demain, au ministère de la Culture ?

    La macronie est-elle capable d’offrir un candidat de valeur ? Et Macron est-il capable de choisir en dehors de ses calculs personnels. À quoi sert le remaniement ?

    À prendre tous les ministères, les uns après les autres, y compris les régaliens, les mêmes problèmes se posent partout : la Justice, l’Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères, l’Économie et le Budget. Ni la sécurité intérieure, ni la sécurité extérieure ne sont assurées ; la France est envahie et n’est pas défendue. Les migrants sont livrés aux passeurs et aux marchands de sommeil. Et les Français doivent payer et toujours payer…Et ne parlons pas de Madame Schiappa qui a soulevé l’indignation de toutes les associations de défense des enfants mineurs pour son refus de fixer un âge minimum de protection légale de l’enfance face aux prédateurs sexuels. À croire que… Mais elle est connue pour sa propre littérature et son soutien personnel à toutes les déviances ! C’est qu’on est en macronie.

    40321010_762783734060210_4002064566660890624_o.jpgLes Français se sont trompés d’homme fort : une fois de plus ! Il faudrait un gouvernement resserré et rassemblé avec de fortes personnalités, toutes vouées au seul service de la France. Car, après tout, c’est pour cet unique but qu’il existe un État français. Les Français sont lassés des discours ; ils sont indignés d’un chef de l’État qui passe sont temps à l’Étranger à les insulter. Et qui pense qu’il n’existe pas plus de Français que de Danois ! Macron lutte contre « le nationalisme », c’est sa ligne électorale, tout en étant obligé de constater que le « nationalisme » renaît partout. Concrètement, il alimente celui des autres pendant qu’il ne cesse d’affaiblir politiquement, économiquement, socialement, ce qui peut rester encore de forces françaises.

    Cet homme n’aime pas la France, il s’aime lui-même. À quoi sert le remaniement ?    

    Hilaire de Crémiers

    A lire sur Lafautearousseau ...

    Un coup de chapeau à Stéphane Bern pour son courage dans la défense du patrimoine !

    La démission de Nicolas Hulot une catastrophe nationale ? Faut rire !

  • Société & Insécurité • Xavier Raufer : « Reprendre le contrôle des quartiers »

     

    Nouveau Microsoft Publisher Document.jpgXavier Raufer est un essayiste, expert en questions de criminalité. Il a publié des ouvrages consacrés à la criminalité, au terrorisme et à l'insécurité urbaine.

    Il participe régulièrement à diverses publications de presse ou émissions télévisées.

    On écoutera avec intérêt la vidéo qui suit, où, interrogé par Boulevard Voltaire, il analyse avec réalisme, lucidité et expertise, la situation et les conditions d'une reprise de contrôle de ce qu'on nomme pudiquement les quartiersLFAR 

     

      La chaîne officielle de Xavier Raufer,

  • Société & Immigration • Et il a menacé sa femme de lui couper les pieds… Logique !

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante et pertinente chronique de Catherine Rouvier, [Boulevard Voltaire, 4.09] qui, sur fond d'intelligence, de subtilité et d'humour, comme à son ordinaire, dévoile et rappelle bien des vérités sur les conséquences de l'immigration islamique massive en France tirant tout le parti qu'il est possible du laxisme de notre système politico-judiciaire. 

    Catherine Rouvier a participé à plusieurs de nos réunions en Provence. Et nous gardons un très bon souvenir de sa présence parmi nous ...  LFAR 

     

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    Faut-il, comme le Comité des droits de l’homme des Nations unies nous le demande si gentiment dans son avis à la France sur l’affaire Baby Loup, faire droit aux demandes de la minorité musulmane ? 

    Sachons bien qu’elles forment un tout qui, dans une affaire jugée actuellement à Aix-en-Provence, montre le bout de son nez, ou plutôt le bout de ses pieds.

    Sabri est musulman, et très logique : puisque la charia condamne les voleurs à avoir les mains coupées, les fugueurs, comme sa femme, doivent être condamnés à avoir les pieds coupés, ce dont il l’a, du coup, menacée si elle persistait à vouloir le quitter.

    Il était également très logique pour lui qu’ayant épousé sa femme alors qu’elle n’avait que treize ans en Turquie, il se soit énervé qu’elle ne lui donne pas d’enfants dès cet âge tendre, et ait pris une seconde épouse.

    Logique, enfin, que, finalement nanti de six enfants – trois avec la seconde… et trois finalement avec la première -, il supporte mal que la première fuie ses mauvais traitements en prétendant emmener la moitié de sa progéniture. Surtout si l’un des trois est un fils.

    Il a donc menacé de lui couper les pieds quand elle a voulu quitter le domicile bi-conjugal le 14 août, et retenu le petit troisième de force.

    aix_palaisjustice03b.jpgLe tribunal d’Aix-en-Provence (photo) l’a condamné à 18 mois, dont la moitié avec sursis. 

    Mais par-delà le délit de violence conjugale, la question de la polygamie est de nouveau posée.

    En avril 2017, au Canada, les juges ont décidé de poursuivre la polygamie. Il s’agissait de mormons : Winston Blackmore, 24 épouses et 146 enfants, et James Marion Oler, 4 femmes, qui comparaissaient pour « négligence » envers une jeune fille de 13 ans.

    Jusque-là, les juges étaient du même avis que l’ONU : interdire la polygamie enfreignait le droit à la liberté de religion. Jusqu’à ce qu’en 2014, la Cour suprême de la Colombie Britannique reconnaisse que poursuivre la polygamie était conforme à la Constitution. 

    En France, Code civil et Code pénal sont très laconique sur la question, n’évoquant que la bigamie. L’article 433-20 dispose sobrement : « Le fait, pour une personne engagée dans les liens du mariage, d’en contracter un autre avant la dissolution du précédent, est puni d’un an d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende. » Et l’article 147 du Code civil, héritier de la loi du 27 mars 1803, dispose encore plus sobrement : « On ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier. »

    La loi Pasqua de 1993 a bien tenté de bloquer l’immigration de familles polygames, et le Conseil constitutionnel, dans sa décision de 1993, à propos des étrangers vivant en France, a validé cette démarche, estimant que « les conditions d’une vie familiale normale sont celles qui prévalent en France, pays d’accueil, lesquelles excluent la polygamie »

    Mais, depuis, les situations de polygamie de fait comme celle de Sabri se sont multipliées. 

    On souhaiterait donc que le Conseil constitutionnel soit aussi clair sur la polygamie qu’il l’a été dans sa décision du 7 octobre 2010 relative à la loi interdisant la dissimulation du visage. 

    Il y avait, alors, approuvé le législateur qui « estimait que les femmes dissimulant leur visage, volontairement ou non, se trouvent placées dans une situation d’exclusion et d’infériorité manifestement incompatible avec les principes constitutionnels de liberté et d’égalité ».
     
    D’autant que, par sa décision toute récente du 6 juillet 2018, il inclut dans l’aide aux étrangers en situation irrégulière, au nom de la fraternité, les « familles ». ■  


    Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

     
  • Un coup de chapeau à Stéphane Bern pour son courage dans la défense du patrimoine !

     

    Par Pierre de Meuse
     

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    Nous connaissons tous Stéphane Bern. Ses reportages sur les familles royales sont souvent objet de discussions au sein du royalisme, une sensibilité à laquelle il appartient, sans pour autant que cette affection se traduise par un véritable engagement.

    Ce professionnel de la chose médiatique sait trop bien que sa renommée n’y résisterait pas. Pourtant, cet habitué des caméras de télévision vient de donner une preuve de son amour des héritages du passé qui mérite un coup de chapeau. En effet, et alors que Macron lui avait confié quatre mois après son arrivée à l’Elysée la mission de « défenseur du patrimoine en péril », Stéphane Bern annonce qu’il abandonnera son poste s’il continue à être traité comme une marionnette, « pour l’image » par le pouvoir « marchorépublicain ».

    L'animateur de France 2 et de RTL reproche en effet d’abord au gouvernement de ne pas lui donner les moyens d’accomplir sa tâche. A quoi bon alerter sur les châteaux qui menacent ruine, comme celui d’Osthouse, sur les églises romanes au bord de l’effondrement ou les hôtels particuliers délabrés, s’il ne peut mobiliser des fonds pour encourager les restaurations ? Bern dénonce l’accaparement des crédits par des chantiers pharaoniques :  ainsi 450 millions d'euros sont budgétés pour le Grand Palais à Paris. Une fois de plus, Paris prive la province du nécessaire au profit de son superflu. Surtout que les chiffres sont sans rapport : Bern n’a pas obtenu le déblocage des 20.000.000 d’euros nécessaires pour sauver 270 monuments !

    80c3ac97e4ec9fa251766baab9fb79a5-patrimoine-je-ne-veux-pas-etre-un-cache-misere-stephane-bern-menace-de-quitter-sa-mission.jpgMais il y a beaucoup plus grave que l’illustration de cette tare chronique du jacobinisme dans les finances publiques, et Stéphane Bern a eu le courage de le mettre en lumière, en dénonçant (photo) la loi en voie de promulgation, sur les aménagements du parc immobilier dite « loi Elan».            

    De quoi s’agit-il ? Cette loi fourre-tout (loi sur l'évolution du logement, de l'aménagement et du numérique !) a pour but de permettre aux élus locaux de décider la construction de logements sociaux permettant d’améliorer la salubrité et la « mixité sociale » et de lutter contre les inégalités. Apparemment rien de nouveau, mais le ministre de la « cohésion sociale », Jacques Mézard, un personnage emblématique du sud-ouest radical socialiste, a tenu à faire sauter tous les verrous qui préservaient les habitants des communes contre l’arbitraire communal et le vandalisme municipal. Et notamment les oppositions des défenseurs des monuments anciens que sont les architectes des monuments historiques. Le ministre se défend de vouloir « la peau » des architectes des bâtiments de France, et use d’une argutie dérisoire. Il évoque deux cas « extrêmement réduits » dans lesquels leur avis ne sera plus pris en compte :

    1. « les antennes de téléphonie mobile », en attendant l'arrivée de la fibre sur tout le territoire, ainsi que  

    2. « habitat indigne » qui « met en danger la santé ou la sécurité des habitants ».

    En ce qui concerne le premier point, c’est une nouvelle entorse à la règle de l’environnement protégé des monuments historiques, qui avait pour but d’empêcher l’édification de bâtiments parasites et qui se trouve ainsi privée de toute portée. D’autant que cet article 15 de la loi ne se limite pas aux antennes, mais concerne aussi les pylônes, ateliers et constructions techniques construits à proximité des monuments protégés, dans des quartiers historiques, sur des églises ou des châteaux.                                                             

    Le second point est encore plus lourd de conséquence : la loi, dans son préambule, entend lever « les verrous et les freins qui contribuent à immobiliser le système. Cela passe par la libération du foncier et la simplification de l’acte de construire, l’accélération des procédures administratives et l’encadrement des recours abusifs. Le texte promeut aussi des opérations d’urbanisme ambitieuses et partenariales pour tous les territoires. » En fait avec l'article 15, il suffira que des immeubles soient délabrés ou insalubres pour qu'ils puissent être rasés, quel que soit leur intérêt historique, sans que personne puisse s’y opposer. Il faut ici souligner ce que cette nouvelle règle a de destructeur. En effet, chaque fois qu’un bâtiment ancien remarquable est détruit, c’est systématiquement en raison de son caractère vétuste. Il n’y a pas d’exception à cette réalité. D’ailleurs, les municipalités qui veulent détruire un château, une église, un hospice ou une grange dîmière usent d’un procédé infaillible : il suffit de ne pas le réparer, de rendre impossible sa vente, d’interdire toute remise en état. Ainsi la seule voie restante est la démolition. Cela fait cent cinquante ans que ces techniques hypocrites et scélérates sont utilisées et le sont toujours. Chaque semaine, des monuments sont ainsi rasés pour laisser la place à des constructions indignes, tout simplement parce que les édiles sont trop incultes pour envisager la perte que représente la disparition des témoins du passé. Citons la magnifique tour templière de Vaour, détruite par la municipalité alors qu’une subvention totale de restauration était en cours d’émission immédiate, ou le château de la Rochette, ou le grenier d’abondance de Colmar, un bâtiment du XVIII° démoli par un maire ignare et vindicatif pour édifier..un parking. Il est bien évident que c’est exactement l’inverse qu’il faudrait faire : sanctionner lourdement les maires qui ne respectent pas les décisions des Bâtiments de France, et non pas abolir leur verdict.                             

    Francoise-Nyssen-et-Stephane-Bern-Le-patrimoine-merite-des-idees-neuves_article.jpgPour l’instant le gouvernement s’est contenté de paroles lénifiantes, telle Françoise Nyssen (photo), la tristement célèbre ministre de la Culture, qui déplore les attitudes de Stéphane Bern, jugées « peu constructives ». A l’Elysée, on espère que le défenseur du patrimoine se montrera soumis comme les godillots de LREM, une fois sa colère passée. Au besoin, on accordera une publicité supplémentaire à son Loto du patrimoine, dont le bilan est modeste :1,3 million d'euros récoltés.

    Pourtant le patrimoine n’est pas une cause perdue. Chaque année, plus de 12 millions de Français visitent des sites riches de la culture et de l'histoire, à l’occasion des Journées du patrimoine. C’est une chance de communier dans le passé glorieux de notre pays, de nos provinces et de nos rois. Un sentiment plutôt inopportun dans cette dictature du prosaïque dirigée par Macron.     

    Pierre de Meuse
    Docteur en droit, conférencier, sociologue et historien.
  • Mathieu Bock-Côté : « Après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits »

     

    C'est à lire ! À discuter !

    Interview. Alors que l'opinion jauge la rentrée politique compliquée d'Emmanuel Macron, le sociologue québécois Mathieu Bock-Côté analyse ici pour Valeurs actuelles* le désenchantement d'une présidence qui avait, depuis le début, envoûté une bonne partie de la population et de l'opposition. 

    regis-debray_catherine-helie.jpgDans Le nouveau pouvoir, Régis Debray parle de « dépolitisation de la politique ». Emmanuel Macron a-t-il « dépolitisé » son action depuis son élection ?

    À certains égards, oui. Emmanuel Macron, très consciemment, a cherché à monopoliser l’aspiration au renouveau qui traverse la vie politique française depuis quelques années. Il s’est voulu le grand débloqueur d’une société bloquée. C’était de bonne guerre: qui n’aurait pas réclamé ce rôle ? Il s’est même cru prêt à enfiler les habits de l’homme providentiel : il se croyait assez grand pour eux. C’était peut-être un peu présomptueux.  

    Rappelons-nous les suites immédiates des législatives, après la victoire d’En Marche: Macron voulait manifestement rassembler dans son parti l’ensemble des volontés réformatrices. Plus encore, c’est à l’intérieur d’En Marche que devaient s’exprimer les contradictions raisonnables de la société et ses débats légitimes, Emmanuel Macron accomplissant finalement le vieux fantasme giscardien d’un parti rassemblant deux Français sur trois, dans une société purgée de ses passions tristes et renouant avec l’optimisme et le progrès. Le parti moderniste, résolument européen et partisan de la mondialisation heureuse, venait de rassembler ses troupes et de faire éclater les vieux clivages, qui le divisaient contre lui-même. Une France nouvelle, réconciliée avec son époque, allait émerger. Dans cet esprit, tout désaccord de fond avec la nouvelle présidence était assimilé à une forme d’extrémisme ou de populisme et devait être refoulé dans les marges – au mieux, c’était un reste pétrifié du monde d’hier qu’il s’agissait simplement de laisser mourir. Autrement dit, Emmanuel Macron a rêvé de recréer l’espace public en occupant tout son espace central, pour refouler ses adversaires dans la périphérie. 

    Il faut dire qu’il avait une situation stratégique exceptionnelle. Le paysage politique semblait en décomposition grave. Le FN s’est disqualifié lors de la présidentielle, la droite était cognée, hébétée, sonnée, groggy, la gauche classique semblait ramenée à un créneau très étroit, d’autant que Macron s’était en partie fait élire en occupant son espace politique. Macron pouvait redéfinir le jeu politique à son avantage en choisissant ses adversaires. Il y est parvenu pendant un temps en privilégiant son affrontement avec Jean-Luc Mélenchon, avec la complicité du système médiatique qui était très heureux de se débarrasser de la question identitaire, comme si sa présence dans le débat public relevait désormais d’un mauvais cauchemar dont la France serait sortie. Macron lui-même n’est pas très à l’aise sur ces questions: dans la mesure du possible, il s’en tenait éloigné.

    Mais la dynamique politique était inévitablement appelée à se recomposer. Macron ne pouvait rester éternellement maître du jeu. En politique, même le plus chanceux des hommes ne dispose pas éternellement d’une conjoncture idéale.

    « Il ne suffit pas d’avoir un jeune président charmant, cultivé et audacieux pour faire oublier que nos temps sont tragiques et que des questions comme l’immigration massive, par exemple, continuent de se poser brutalement à notre civilisation, comme on l’a vu cet été avec l’Aquarius. En d’autres mots, les questions politiques les plus fondamentales remontent à la surface et il faut y répondre politiquement. »

    Quand il est interrogé sur l’action qu’il met en oeuvre, Emmanuel Macron situe souvent sa réponse sur le terrain des résultats et de l’efficacité, et refuse de débattre de ses idées. Quelles sont les conséquences de ce positionnement sur la vie politique française ? 

    MV5BNzgwNTYzODY4OV5BMl5BanBnXkFtZTcwNTE2NzgzOA@@._V1_UY317_CR10,0,214,317_AL_.jpgC’est la posture classique de ce qu’on appelait encore hier la troisième voie, qui prétend faire une politique post-idéologique. Autrement dit, Macron reprend en ce moment la stratégie de Tony Blair (photo) , qui disait mener non pas une politique de gauche ou de droite, mais une politique efficace. La politique ne serait qu’une forme achevée de pragmatisme. C’est une manière de dissoudre la politique dans la seule gestion, et d’invisibiliser rhétoriquement le fondement philosophique de toute décision politique. Ce n’est qu’une illusion, évidemment: quoi qu’on pense, toute décision politique engage une certaine idée du monde, une certaine idée de l’homme. Et pour cela, les idées de Macron doivent être débattues. Il est nécessaire d’expliciter la philosophie macronienne, comme ont cherché à le faire chacun à leur manière Brice Couturier et Philippe Raynaud, qui en proposent une lecture à la fois favorable et convaincante dans deux ouvrages de grande qualité. 

    La grande question de notre temps est la question identitaire. C’est à travers elle qu’aujourd’hui, on renoue avec les fondements de la cité. Le préjugé matérialiste commun aux libéraux et aux marxistes ne doit plus nous faire écran : l’homme ne saurait se réduire à la simple gestion de ses besoins primaires, même si les questions économiques sont évidemment fondamentales. On pourrait en dire de même des questions sociétales. Encore la droite doit-elle s’emparer sérieusement de ces questions, ce que fait notamment un Bruno Retailleau, il faut le mentionner. Une question s’impose, finalement: dans quelle civilisation voulons-nous vivre ? Il importe alors de mettre en scène les désaccords fondamentaux qui aujourd’hui, émergent dans la vie publique, sans chercher à se cacher derrière un faux consensualisme. 

    Dans ce contexte, la droite a tout intérêt à assumer nettement son désaccord avec le président, et à ne pas se laisser intimider par ceux qui l’accusent de se « radicaliser » ou de se « droitiser »: ces accusations servent surtout à la neutraliser idéologiquement, à l’inhiber politiquement et culturellement. Elles sont normalement relayées par cette frange de la droite idéologiquement satellisée par la gauche et qui n’en finit plus de donner des gages de respectabilité au camp d’en face, pour enfin recevoir son brevet d’humanisme.

    « Ceux qui voudront défier véritablement Emmanuel Macron ne devront pas simplement se présenter comme de meilleurs gestionnaires des mêmes idéaux que lui, mais marquer une différence philosophique de fond sur leur conception du monde et de la France. »

    Peut-on établir un lien entre la disparition du politique et l’européanisation de notre vie politique ?

    Absolument. Ce lien est même fondamental : si on ne le fait pas, on ne comprend plus rien. Dans la modernité, le cadre national permet une démocratisation du politique: c’est dans ce cadre qu’un peuple peut délibérer des finalités qu’il entend poursuivre politiquement, dans la mesure où les hommes, pour débattre, ont besoin d’un monde commun, d’un univers de sens partagé et de repères dépassant leurs désaccords. Le politique quitte alors le registre de la gestion pour s’inscrire dans celui du projet collectif, qu’on ne confondra pas avec celui de l’utopie. Philippe Seguin, en son temps, l’avait deviné : qui largue la nation largue le politique. Le préjugé habermassien qui veut que le politique, pour renaître à l’heure de la mondialisation, doive être reconstitué au niveau supranational est désavoué par la LAbecedaire-des-Institutions_PierreManent.jpgréalité : il suffit de regarder l’Europe d’aujourd’hui pour constater que le niveau national demeure celui où le politique est substantiel. C’est là où se révèle le mieux sa part sacrée. J’ajoute que les nations ne sont pas des constructions artificielles sans profondeur, que l’on pourrait déconstruire pour composer ensuite aussi artificiellement de nouvelles formes politiques. On relira sur la question les travaux essentiels de Pierre Manent (photo)

    Je rappellerai un principe tout simple : la démocratie a besoin d’un peuple pour s’incarner, sans quoi, elle se dénature dans une forme de juridisme minimaliste qui laisse complètement l’aspiration des hommes à maîtriser leur destin. Et il n’y a pas de peuple européen au singulier. Dès lors, l’Europe telle qu’elle s’est construite depuis trente ans était une machine à neutraliser les peuples : pire encore, elle avait la tentation de dissoudre son être historique, comme si elle devait donner l’exemple d’un monde devant se vider de toute substance pour s’universaliser. Faut-il pour autant congédier l’Europe à la manière des Britanniques ? Si j’étais britannique, j’aurais voté en faveur du Brexit, mais la France n’est pas la Grande-Bretagne. Sa situation géopolitique n’est pas la même. Le choix n’est pas entre l’Europe des européistes et le saut vers le Frexit.

    « Il faut reconstituer politiquement l’Europe, mais non pas à la manière d’une superstructure technocratique désincarnée et autoritaire neutralisant et déconstruisant ses nations. La civilisation européenne n’est pas cette masse floue, aux frontières indiscernables qui en vient à dégoûter les peuples mais une réalité historique qu’on ne parviendra à constituer politiquement qu’en respectant la diversité des peuples qui la composent, et en ne cherchant pas non plus à les homogénéiser et les standardiser bêtement. »

    Il y a dans tout cela une dimension très pratique. Les souverainetés nationales sont en ce moment entravées et condamnées à l’impuissance : elles doivent se délivrer de ce qui les étouffe. Cela impliquera notamment de rompre avec le gouvernement des juges à l’européenne qui incarne une forme de despotisme droit-de-l’hommiste à la légitimité plus qu’incertaine. De ce point de vue, qui prend au sérieux la réforme de l’Europe est obligé de constater qu’à travers elle, on renoue avec la question du régime.

    Un peu moins d’un an et demi après son élection, la politique de Macron est critiquée pour la première fois pour son inefficacité (chômage, croissance, immigration, couacs du prélèvement à la source, démission de Hulot…). Vit-il un tournant de son quinquennat de ce point de vue-là ? 

    Ce qui me frappe, en ce moment, c’est le désenchantement assez brutal d’une présidence qui avait d’abord envouté une bonne partie de la population, et même, de l’opposition. Pendant quelques mois, on ne savait pas trop comment s’opposer à Macron. Élu par la gauche, il était même parvenu, avec un certain talent, à occuper une partie l’espace symbolique du conservatisme, en restaurant la verticalité de la fonction présidentielle, et en restaurant la dimension littéraire de la parole présidentielle. Macron ne faisait pas honte. Il redonnait même une certaine fierté aux Français.

    « Macron avait compris qu’il pouvait occuper une partie de l’espace de la droite à très peu de frais. De même, à coup de petites phrases bien calculées, il savait aussi occuper l’espace de la transgression. Sa popularité des derniers mois vient d’abord de là. Et c’est aussi par là qu’il déçoit, car il y a des limites à se maintenir au sommet grâce au pouvoir de l’illusion : la politique n’est pas qu’un théâtre. Un jour, la rhétorique doit se concrétiser, ou alors, elle devient exaspérante. »

    Mais vous avez raison, Macron se présentait comme celui qui réussirait là où les autres ont échoué. Il débloquerait la France. Il redonnerait de la vigueur à l’action publique. C’était l’anti-décliniste en chef. Qu’en est-il ? Ne soyons pas trop sévère. On ne change pas en un an de part en part, et cela, même si on opte pour la thérapie de choc, ce que Macron n’a pas fait. Il faudra encore du temps pour évaluer les effets de ses politiques sociales et économiques, sur lesquelles il voulait être évalué, même s’il commence à s’embourber. Mais ses adversaires seront en droit de lui demander : vous pensiez restaurer l’action publique et lui redonner sa noblesse. L’avez-vous fait ? Tout dépend des attentes du commun des mortels par rapport au pouvoir. Il sait qu’il n’est pas capable de miracles : mais il espère au moins quelques décisions résolues de la part de leaders ne reculant pas à la première tempête. 

    Alors que les résultats sont moins au rendez-vous, Macron a-t-il touché les limites de la dépolitisation, perçue jusqu’alors comme une réponse possible à l’instabilité politique et aux blocages issus des prétendues crispations idéologiques des représentants de « l’ancien monde »

    Nouveau monde, ancien monde, ces distinctions, pour moi, ne veulent pas dire grand-chose. Nous sommes ici victimes d’une sloganisation de la pensée politique. La vie politique, qu’on le veuille ou non, met d’abord en scène les contradictions qui traversent une cité et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps ! Des hommes s’affrontent, des valeurs s’affrontent, des philosophies s’affrontent. On peut bien refouler dans les marges toutes les contradictions fondamentales: on crée alors les conditions d’une révolte « populiste » ou du moins, on favorise le retour de la fonction tribunicienne, qui donne l’illusion d’une insurrection démocratique des classes populaires, alors qu’elle consacre leur sécession civique. Emmanuel Macron ne se sauve pas de la politique et découvre même que les familles politiques issues du « monde d’hier » sont bien plus résistantes qu’on ne le croyait. Dans le monde qui est le nôtre, Emmanuel Macron découvre l’opposition et constate que ses idées sont contestées et que sa majorité est contradictoire. Si vous voulez, après l’illusion du nouveau monde, le réel reprend ses droits.

    La volonté de gouverner « en même temps » pourrait-elle faire office d’idéologie si Emmanuel Macron se décidait à abandonner son discours technocrate pour « redonner du sens politique » à son action, comme le réclament certains de ses proches aujourd’hui ?

    Tout gouvernement, quel qu’il soit, gouverne selon le principe du « en même temps », dans la mesure où dans la cité s’expriment des aspirations humaines contradictoires mais également légitimes. Il y a au cœur de l’homme une aspiration à l’enracinement, mais il y en a aussi une au cosmopolitisme. Il y a une aspiration à l’appartenance, mais une autre à la dissidence. Il y en a une à la liberté, et une autre à l’égalité. L’art politique consiste à composer avec ces aspirations contradictoires, en sachant qu’elles sont inégalement répandues dans la population, et que d’une époque à l’autre, elles peuvent varier dans leur intensité. Un homme politique qui voudrait enfermer le monde dans une seule idée pourrait à bon droit se faire accuser de mutiler le réel et d’étouffer la vie qui s’exprime toujours dans mille contrastes, et dans de vraies et belles contradictions. 

    « Cela dit, l’en-même-temps macronien semble moins se présenter comme une doctrine transcendant les pôles contradictoires de la vie politique autour d’un projet sachant donner une direction à notre époque qu’à la manière d’une doctrine s’enfermant peu à peu dans ces contradictions, sans parvenir à les surmonter. »

    La-fete-de-la-musique-a-l-Elysee-les-incroyables-photos-d-Emmanuel-et-Brigitte-Macron-qui-font-la-fete.jpgMacron parle de la psychologie profonde des peuples mais en même temps, semble croire à leur dissolution dans un grand tout mondialisé, comme si la souveraineté française devait se transvider intégralement dans la souveraineté européenne. Il célèbre la culture classique française, au point même de l’incarner de très belle manière, mais il se permet aussi des pitreries culturelles (photo) qui ne sont pas à la hauteur de la fonction présidentielle. Il annonce une certaine fermeté en matière migratoire mais assimile aux passions tristes la peur de devenir étranger chez soi, qui hante aujourd’hui les peuples européens.

    Traduisons tout cela de manière prosaïque : on ne peut pas être éternellement Jean-Michel Blanquer et Marlène Schiappa. Un jour, il faut choisir.   

    * 5.09.2018

  • Brève • Que l'on nous pardonne : les émotions de Nicolas Hulot, les larmes de Nicolas Hulot, nous fatiguent ! ça suffit !

  • Cent fois d'accord avec Zemmour sur « L'insoutenable légèreté des verts » : Ils sont « odieux » !

     

    2293089609.14.jpgA cette heure, sans-doute éviterons-nous Daniel Cohn-Bendit ministre. Mais quelle déchéance pour l'Etat, le Gouvernement, la fonction présidentielle ! Après la démission de Nicolas Hulot en direct sur France Inter, sans qu'il en ait avisé quiconque, nous aurons eu droit ce weekend au déballage médiatique de Daniel Cohn-Bendit lui-même, à son récit des propositions qui lui étaient faites pour succéder à Hulot, à l'étalage de ses états d'âme, à la confirmation (définitive ?) de son refus ... Quel luxe ! Nous n'aimons guère les mots excessifs et grandiloquents. (Toujours les mêmes !) Mais il s'agit-là d'une honte, d'un scandale dans l'Etat. D'une autre gravité que l'affaire Benalla qui a surtout excité les esprits superficiels. Que valent ces écologistes politiques ? C'est ce qu'explique ici Éric Zemmour avec qui nous sommes cent fois d'accord. [Figaro magazine de vendredi dernier] LFAR   

     

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    Le cimetière des éléphants écologistes est plein à craquer.

    Avant Nicolas Hulot, il y avait eu Cécile Duflot, Dominique Voynet, Antoine Waechter, Brice Lalonde. Et tant d'autres, dont les noms ont déjà été oubliés. Ministres démissionnaires ou virés, présidentiables lilliputiens, apparatchiks enfermés dans leurs combines de partis, ou idéalistes victimes de querelles picrocholines, les verts n'ont jamais réussi à s'imposer dans la vie politique française, alors même que leurs thématiques, au départ marginales, étaient reprises par tous.

    Leurs habitudes groupusculaires font ressembler leur vie partisane à un dinosaure de la IVe République. Leur manie gauchiste et égalitariste coupe toutes les têtes qui dépassent. Leur millénarisme exalté de secte les rend inaptes aux compromis de la politique. Hulot n'a jamais réussi à trouver sa place sous Macron, comme o-CECILE-DUFLOT-facebook.jpgDuflot (photo) n'avait pas réussi à s'entendre avec Valls, et comme Voynet avait passé sa vie gouvernementale à chouiner sous Jospin. Napoléon disait: «Je commande ou je me tais.» Les verts disent: «Je commande ou je pleurniche.»

    Les écologistes français ne s'entendent pas avec le «monde du business», a expliqué Hulot. Mais ils ne s'entendent pas non plus avec la technostructure nucléaire d'EDF, ni avec les agriculteurs utilisateurs de pesticides, ni avec les automobilistes qui veulent aller travailler, ni avec les amoureux des paysages qui refusent de les voir abîmés par les éoliennes.

    Les écologistes ne sont ni de droite ni de gauche. Ils sont contre la mondialisation capitaliste, dénoncent les traités de libre-échange avec l'Amérique du Nord ou le Japon, mais interdisent la fermeture des frontières aux migrants. Ils sont partisans du local pour les salades et du global pour les hommes. Ils exaltent le droit des peuples indiens à défendre leur identité en se fermant aux autres, mais traitent de fascistes et de racistes le peuple français ou ses voisins européens qui ont le même désir. Ils sont affolés à juste titre par l'exploitation excessive des ressources naturelles, mais se refusent à voir que la première raison en est l'explosion démographique sur la planète. Ils rejettent avec véhémence les expériences sur les animaux, mais approuvent celles sur les humains à l'image de la GPA. Ils défendent la dignité animale, mais ne disent mot de l'abattage rituel sans étourdissement pour ne pas être accusés d'islamophobie. Ils prétendent lutter contre les émanations de CO2, et vitupèrent le nucléaire, seule énergie pourtant décarbonée. Ils prétendent pouvoir gérer l'État, mais rejettent avec véhémence la nation. Leurs contradictions sont innombrables et finissent par les rendre inaudibles, incompréhensibles, odieux.  

    A lire dans Lafautearousseau ...

    La démission de Nicolas Hulot une catastrophe nationale ? Faut rire !

  • Enracinement • Patriotisme

     

    par Claude Wallaert

     

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    L’espace politico-médiatique est envahi par la République et ses prétendues valeurs centrées sur un catalogue de principes abstraits dérivés de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.

    Essayez de dire à des jeunes gens de vingt à trente ans, même charmants et pleins de bonne volonté, que la République est un accident de l’histoire de France : presque à chaque fois, vous verrez leurs yeux s’emplir de réprobation stupéfaite. C’est qu’en effet, la République est la référence suprême de leur conscience politique, et la France n’est tout au plus qu’une entité géographique, fruit d’une histoire qu’en général ils ne connaissent pas ou très mal, par morceaux épars fortement teintés de pseudo-culture marxisante.

    Mais, fort heureusement, cette imprégnation néfaste des esprits n’est pas totalement victorieuse : il existe des agents « résistants » tels que les liens familiaux, l’expérience des aînés et, bien sûr, ce qui subsiste du socle chrétien de notre nation. Ce terreau bienfaisant nourrit en particulier un certain nombre de catégories professionnelles dont la raison d’être dépasse par essence le banal et vulgaire utilitarisme ; c’est le cas par exemple du personnel médical, des enseignants dévoués à leur tâche (si toutefois ils ne sont pas trop « idéologisés »), des militaires, de certaines associations… Sans oublier le paradoxal et mystérieux engagement des prêtres et des moines contemplatifs. En effet, l’activité de ces personnes favorise des rapports à autrui faits de compétence, de générosité, de capacité d’écoute, de don de soi, voire d’abnégation, dispositions essentiellement subversives par rapport à l’intellectualisme stérile du rousseauisme et aux spéculations du libéralisme marchand.

    L’émotion provoquée par la mort héroïque du colonel Beltrame est un signe patent de cette subversion bienfaisante ; « son sacrifice nous oblige », a dit Emmanuel Macron lui-même lors de son hommage prononcé aux Invalides. Nous oblige, comme « noblesse oblige ». Sacrifice qui réveille notre part de patrie, laissée plus ou moins endormie dans une chambre oubliée. Sacrifice qui, loin d’écraser, rend libre, car il est porteur de cette vérité qui donne du sens à la vie, fût-elle des plus ordinaires.

    Le chevalier d’Assas mourut à la bataille de Clostercamp, en 1760, pendant la guerre de Sept ans ; envoyé en reconnaissance à l’aube, il était accompagné par le sergent Dubois de sa compagnie du Régiment d’Auvergne ; surpris et cernés par l’avant-garde ennemie, ils sont menacés de mort s’ils donnent l’alerte ; et c’est le fameux cri : « À nous, Auvergne, c’est l’ennemi ! ». Le sergent est tué aussitôt. Blessé mortellement, le chevalier répéta plusieurs fois avant de succomber : « Enfants, ce n’ai pas moi qui ai crié, c’est Dubois. » Héroïsme de l’humble sergent, noble élégance de son chef.

    Dans cette histoire, comme dans celle du colonel Beltrame, la France est là, comme elle est présente dans la surnaturelle audace de Jeanne face à ses juges, dans l’extraordinaire abnégation du poilu de Verdun, et dans la vie secrète et donnée au sein des monastères ; cet héritage nous oblige en effet, et dans une dimension totalement absente de celui de la Révolution. 

  • Royautés • Copenhague, où Emmanuel et Brigitte Macron rencontrent une reine « pour de vrai ». Et le couple héritier ... 

    Emmanuel et Brigitte Macron, S.M. la reine Marghrete II

     

    A lire dans Lafautearousseau ...

    Danemark : Dédié aux royalistes qui croient que les monarchies nordiques ne servent à rien

     Chronique d’une Saint Sylvestre au royaume du Danemark

    Panique au royaume de Danemark, après que la Reine a déclaré refuser le modèle multiculturel40410423_762783667393550_2502241916515516416_o.jpg

    Emmanuel et Brigitte Macron en compagnie du couple héritier du royaume de Danemark ...

  • La démission de Nicolas Hulot une catastrophe nationale ? Faut rire !

     

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    On le sait : la démission de Nicolas Hulot a été pour ainsi dire latente, continûment, du premier au dernier jour d'exercice de ses fonctions ministérielles.

    Il ne fait aucun doute que le président de la République le savait, l'acceptait, comme prix du coup de com’ qu'avait été l'entrée d'Hulot au Gouvernement.  Le Gouvernement et les journalistes le savaient aussi. C'était l'épée de Damoclès de Nicolas Hulot. Elle est tombée mardi matin. 

    Sa démission a été théâtralement annoncée et présentée comme une catastrophe nationale â un pays qui en risque de si graves et de si sérieuses ! Elle n'était qu'un acte de goujaterie. On ne craint ni la ridicule dramatisation de l'insignifiance, ni de prendre la dite insignifiance pour un événement considérable. Il ne l'est en rien, de la plus expresse évidence. 

    Journaliste, homme de spectacle et de télévision - comme Donald Trump - il feint de prendre sa décision en direct sur France Inter, chaîne de ses débuts, temple de toutes les formes de la cléricature et du militantisme médiatique gauchards. Au mépris de tous les usages, de tous les protocoles, de l'État qu'il a prétendu servir, de la fonction présidentielle, qu'il dit respecter et dont il se fiche, etc. Comme de la pure et simple courtoisie. Nicolas Hulot s'estime au-dessus de ces contingences. Il signe son mépris du Politique et en manifeste la déchéance. D'ailleurs, Emmanuel Macron fera son éloge à Copenhague deux jours plus tard ... 

    Que dire de Nicolas Hulot ? Pas grand-chose qui ait rapport avec les intérêts de la France, sinon qu'il faut toujours se méfier des saintes-nitouches, de ceux à qui l'on donnerait le Bon Dieu sans confession. Ils ont souvent à confesser de bien plus lourds péchés que le commun des mortels.  Le monde médiatique - dont il est une créature - n'a cessé d'encenser Nicolas Hulot. Il a fait sa popularité, dont on sait que notre homme a tiré beaucoup d'argent. Pour Nicolas Hulot, deuxième ministre le plus riche du Gouvernement, l'écologie militante semble avoir été d'abord une affaire de rapport. Nous nous garderons de le juger. Mais d'autres le font : son patrimoine déclaré (7,5 millions d'euros), ses neuf véhicules à moteur (six voitures, deux scooters, un bateau), ses nombreux déplacements en hélicoptère, ont fait jaser. Claude Allègre, vrai scientifique et malheureux ministre, le traitait d'escroc. Pascale Mitterrand, la petite-fille du défunt président, l'accuse de l'avoir violée. Les petits-saints aux mains pures ne sont pas toujours tout blancs. Passons. 

    Reste une question que nous poserons sans la traiter car il y faudrait au minimum un autre article : faut-il un ministère de l'écologie, avec le risque que cette dernière ne soit qu'idéologie utopique et abstraite, pur concept, démagogie obligée, coup de com’ permanent ? Ne vaudrait-il pas mieux que des cellules en charge des réels aspects écologiques des dossiers soient constituées au sein des ministères où se décident des choses concrètes : Agriculture et alimentation, Industrie, Transports, Santé,  « Territoires » … etc. ? 

    Nous sommes aussi sensibles que tout un chacun aux beautés de la nature, à la qualité de la vie et des créations humaines, à l'avenir de la planète... Nous refusons en revanche que ce souci fondamentalement légitime soit transmué en idéologie utopique, en soutien à la marginalité de certains, et, en fin de compte, en démagogie, spectacle, enjeu électoral, et tout ce qui s’ensuit. 

    Nicolas Hulot était archétypique de cette écologie-là. On ne nous fera pas prendre sa démission pour une catastrophe nationale.   

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Catherine Rouvier : T’as voulu revoir Paris, ou les joies de la rentrée

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante et pertinente tribune de Catherine Rouvier, [Boulevard Voltaire, 29.08] qui revient indirectement sur le cas Hulot et les folies écolos  sur fond d'intelligence, de subtilité et d'humour, comme à son ordinaire. On sourira sans vulgarité, ce qui devient rare.

    Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et nous en gardons un très bon souvenir ...  LFAR 

     

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    Mes collègues bobo sont en dépression. Nicolas nous a quittés, la planète est en danger. Elles avaient voté Macron parce qu’il allait libérer les animaux des servitudes patriarcales de l’homme blanc, vider les villes des pots d’échappement et faire des centrales nucléaires des asiles pour migrants.

    Et voilà que patatras ! Tendu comme un arc, un tic lui tirant l’œil gauche, un rictus amer au coin de la bouche, celui qui devait faire tout ça a déclaré forfait. Il s’en va. Et la planète mourra.

    Je tente de relativiser. Il nous fait le coup du « Après moi le chaos ». C’est classique, pas d’affolement. Mais je vois bien que la grande peur millénariste est de retour, et que l’apocalypse est pour demain.

    Je leur conseille donc la fuite. Vite, à vos vélos, le chat à l’avant, trois tenues en nano-fibres à l’arrière, les sabots de bois aux pieds et hop ! N’oubliez pas les bougies. Ni les silex pour les allumer !

    Je ne suis pas de bonne humeur.

    Ce matin, jour de rentrée, l’appli PayByPhone m’a refusé obstinément le stationnement de mon auto au tarif « résident » de 9 euros la semaine. Pendant les vacances, ma carte a sournoisement expiré.

    Au tarif « visiteur », je devrais payer 4,30 euros de l’heure, et très peu travailler, car « la durée maximale autorisée est de 6 heures. Ce délai dépassé, un FPS à 50 euros vous sera automatiquement facturé. » Impossible.

    Apres dix SMS à mon proprio injoignable pour obtenir les trois dernières quittances, mise à sac de l’appartement pour retrouver ma taxe d’habitation et trois échecs de connexion au site de la mairie de Paris pour faire renouveler ma carte, j’abandonne. Une appli anglophone chasse l’autre. Avec YesPark, je trouve en cinq minutes une place de parking au mois.

    Allez, oubliés les soucis. C’est bon de retrouver Paris. Du bus, je guette le carrefour de la rue Soufflot d’où, soudain, l’immense silhouette du Panthéon. Puis ce sera l’univers minéral intemporel et majestueux de la place… Mais non ! C’est une blague ? La place est jonchée d’innombrables blocs de pierre abandonnés et de caisses contenant des arbustes chétifs, le tout parsemé de-ci de-là de mobilier urbain en pin brut. Là, une grande table, ici, un banc, certains posés de travers, comme des radeaux jetés au hasard sur des flots déchaînés par un marin ivre. J’enrage.

    Et voilà que je trouve, en plus, ces ushuaïennes en pleurs…

    Pendant qu’elles boudent, je tapote, fébrile, « place du Panthéon » et j’apprends qu’un « architecte, un paysagiste, un socio-ethnographe et un expert en insertion sociale » ont collaboré à ce chef-d’œuvre et que cette « coproduction des nouveaux usages » a permis de « configurer les dispositions futures » ». Cette littérature m’évoque celle tout aussi obscure des restos branchés : « poulet fumé au foin accompagné de topinambours safranés infusés au romarin »

    En tout cas, c’est juste ce qu’il faut à mes collègues endeuillées !

    Je leur signale que, cette semaine (dixit Google), un « apéro du jeudi » s’y tiendra.

    Elles pourront y apporter leurs salades aux algues, leurs biscuits sans gluten, leurs tisanes glacées au thym, et même de la beuh importée du Cofyshop de la rive droite où elle est désormais vendue en toute légalité.

    Et y rêver, loin de mes railleries sacrilèges, à la panthéonisation de Nicolas. ■  


    Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

     
  • Sacrés Jean-François Kahn ... et Victor Hugo !

     

    th.jpgJean-François Kahn : « Victor Hugo ne se reconnaîtrait pas dans l'Europe d'aujourd'hui »

    Ayant écrit deux essais sur l'auteur des Misérables, le journaliste et écrivain, fondateur de l'hebdomadaire Marianne, décrit l'incroyable trajectoire politique de Victor Hugo - du monarchisme conservateur au républicanisme très avancé. [Les éditions Pluriel viennent de rééditer dans un même tome deux essais de Jean-François Kahn consacrés à Victor Hugo :  « Hugo, un révolutionnaire » et « L'Extraordinaire Métamorphose »].

    De l'entretien qu'il a donné à Alexandre Devecchio pour le Figaro Magazine (dernière livraison - 24.08) nous retenons les passages les plus actuels. Toutes réserves faites, évidemment, sur la pensée politique de Victor Hugo comme de Jean-François Kahn. Intéressantes malgré leur manque de cohérence !  LFAR

     

    victor-hugo.jpgHugo croyait dans les États-Unis d'Europe. Serait-il toujours européen, actuellement ?

    Il ne se reconnaîtrait pas dans l'Europe d'aujourd'hui qui synthétiserait, à ses yeux, le pire de la chèvre et le pire du chou. Il y a d'ailleurs chez Hugo ambivalence. Il n'a de cesse d'appeler de ses vœux les États-Unis d'Europe, à quoi succédera la « République universelle », mais, ultrapatriote, il n'imagine pas un instant que Paris n'en soit pas la capitale et le français la langue officielle. Il préside régulièrement le Congrès de la paix mais, en 1870, il appelle à la guerre totale contre l'envahisseur prussien.

    Vous soulignez la radicalité et la modernité de son œuvre. Que nous dit Hugo de notre époque? Les Misérables est-il toujours un livre d'actualité ?

    Je suis convaincu qu'il aurait stigmatisé la dérive monarchico-présidentialiste (les institutions de la Ve République n'auraient pas été sa tasse de thé) que révèle le fait qu'un simple subalterne se croit tout permis dès lors qu'il est le chouchou du roi, mais qu'il aurait dénoncé tout autant la déconnexion entre cette affaire de cornecul et l'hystérie politico-médiatique qui en a fait un mixte de l'affaire Dreyfus et de l'incendie du Reichstag.

    Il faut lire certains poèmes tardifs ou posthumes : on a l'impression qu'ils dénoncent le stalinisme (ou même le communisme en général : « ayant vu les abus, ils disent - supprimons ! Puisque l'air est malsain retranchons les poumons ! »), les Khmers rouges et Daech, l'intervention américaine en Irak, la financiarisation néolibérale, l'intégrisme islamique, le « politiquement correct », la réaction droitière et le gauchisme (« l'un refait le donjon, l'autre refait le cloître »). On croit ici qu'il évoque Laurent Wauquiez ou Jean-Luc Mélenchon, parfois Emmanuel Macron.  ■ 

  • Alain de Benoist dit ici de justes et belles choses sur les vertus sociales de la jeunesse et sur celles des « anciens » ...

      

    Par Alain de Benoist

    Ces derniers jours, Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire plusieurs entretiens qui nous intéressent à l'évidence. Celui-ci en particulier [11.08]. Il y exprime des idées, au sens fort, fondamentales. Lisez !  LFAR   

     

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    « Quand les « vieux » n’ont plus rien à nous apprendre c’est le passé qu’on oublie… »

    L’espérance de vie ne cesse de s’allonger. Ce phénomène n’est pas anodin, surtout depuis que les personnes âgées ne sont plus prises en charge par leur famille, comme c’est encore le cas en Afrique, mais par des établissements spécialisés qui coûtent de plus en plus cher et dans lesquels ils sont souvent maltraités. Une raison de plus pour ne pas vouloir vieillir ?

    D’abord, rien ne garantit que l’espérance de vie va continuer à augmenter, et donc que les enfants nés dans les années 2000 vivront plus longtemps que leurs parents (on a même quelques bonnes raisons d’en douter). D’autre part, l’espérance de vie en bonne santé et l’espérance de vie tout court ne sont pas la même chose (en France, 79-85 ans pour l’espérance de vie, 62-63 ans pour l’espérance en bonne santé), d’autant que la seconde augmente plus vite que la première. Mais vous avez raison, le sort de ceux qu’on appelle aujourd’hui pudiquement des « seniors » est souvent peu enviable. Il ne faut certes pas généraliser, mais dans le meilleur des cas, les vieux sont des pépés et des mémés qu’on aime bien, surtout quand ils peuvent rendre des services (garder la maison, nourrir le chat et s’occuper des enfants), dans le pire des vieillards à qui l’on n’a plus rien à dire et dont on attend, avec plus ou moins d’impatience, le transfert aux soins palliatifs, quand on ne les abandonne pas dans une supérette sur l’autoroute pour pouvoir partir en vacances !

    Il y a, à cela, de multiples causes. J’en vois au moins deux. La première tient au fait que la famille nucléaire exclut de plus en plus les grands-parents. L’évolution de l’habitat rend le plus souvent impossible la traditionnelle coexistence des générations. Et l’accélération sociale fait que les seniors ne peuvent plus transmettre leur expérience aux plus jeunes, dont le mode de vie et l’environnement technologique diffèrent radicalement de ce qu’ils ont eux-mêmes connu.

    L’autre raison est plus fondamentale. Aujourd’hui, on peut aimer les vieillards bien qu’ils soient des vieillards, mais il est très rare qu’on les respecte parce qu’ils sont des vieillards. Autrefois, c’était l’inverse. On respectait les vieux parce qu’ils étaient des « anciens » et qu’on vénérait les ancêtres. Toutes les sociétés traditionnelles rendent un culte aux ancêtres, parce que c’est à eux que l’on doit la tradition d’où sont sortis les mœurs et qu’ils ont été les fondateurs de la lignée. Pensez à ce que représentait le mos maiorum pour les Romains. L’idéologie du progrès a discrédité le passé, qui n’aurait plus rien à nous dire parce que demain sera nécessairement meilleur. Ce qui compte, c’est l’avenir, et donc la jeunesse qui va inventer un homme nouveau, tandis que le passé ne propose que des vieilleries, de croyances et de valeurs dépassées. Les vieux peuvent avoir des histoires à nous raconter, mais fondamentalement, ils n’ont rien à nous enseigner, car nous vivons dans un monde différent. La figure du père a elle-même été discréditée, à plus forte raison celle du grand-père. C’est la raison pour laquelle l’infanticide passe aujourd’hui pour le crime le plus horrible, alors qu’autrefois c’était le parricide.

    D’un côté, notre société magnifie la jeunesse, mais de l’autre, ce sont désormais les « seniors » qui, bénéficiant d’un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne, sont l’objet de toutes les sollicitations publicitaires. La vieillesse serait-elle devenue un marché comme les autres ?

    Le senior est, à l’origine, un titre de respect : c’est de ce mot latin, dont la variante dénasalisée était seiior, que viennent le « sieur », le « sire » (cas-sujet du précédent), le « seigneur » (dérivé de la forme accusative seniorem) et la « seigneurie », le « monsieur » (« mon seigneur »), le « messire », le signor(e) italien, le señor espagnol, le senyor catalan, le sir des Anglais. Aujourd’hui, c’est une litote qu’on emploie pour faire croire aux anciens qu’ils sont encore jeunes. Et comme on leur a mis dans la tête que l’objectif de l’âge adulte est de refuser par tous les moyens de vieillir, que de surcroît ils disposent en effet souvent d’un pouvoir d’achat supérieur, ils constituent un marché juteux pour l’empire de la marchandise, qui leur propose mille recettes pour rester « toujours jeunes ». Cela n’empêche évidemment pas de voir aussi dans la jeunesse un marché très profitable. La logique du profit est ainsi faite qu’elle recouvre tout ce qu’elle peut avaler, même ce qui naguère ne pouvait être ni acheté ni vendu.

    En politique, les Français paraissent être à la fois nostalgiques de la figure du « vieux sage », le général de Gaulle ou Antoine Pinay, et très demandeurs de celle des « jeunes loups », comme Emmanuel Macron, voire des « jeunes louves », comme Marion Maréchal. Ces deux aspirations ne sont-elles pas contradictoires ?

    ulysse.jpgJe ne crois pas. Chaque âge à ses vertus et il n’est pas interdit de les apprécier toutes : l’énergie et le savoir, la combativité et la sagesse, le chevalier et le roi, le guerrier et le philosophe, etc. Dans les récits homériques, si Achille représente l’intensité, Ulysse (Illustration) représente la durée, ce qui n’empêche pas les Troyens comme les Grecs de respecter Priam ou Agamemnon. Dans le schéma trifonctionnel de l’idéologie indo-européenne tel que l’ont restitué Georges Dumézil et quelques autres, la première fonction (la souveraineté politique, juridique et religieuse) et la deuxième (la fonction guerrière) se complètent très bien. Il en reste heureusement encore quelques traces dans l’esprit de nos contemporains. 

    Intellectuel, philosophe et politologue

     
     
    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier 
  • Macron aujourd'hui au Danemark en quête de la « souveraineté européenne »

    L'usine Peugeot de Khodro, près de Téhéran, en 2016. (Photo BEHROUZ MEHRI/AFP) 

     

    soleil.jpgEmmanuel Macron entame aujourd'hui au Danemark sa tournée nordique à la recherche de la souveraineté européenne. Il ne la trouvera pas tout simplement parce qu'elle n'existe pas. Voici ce que nous en disions le 14 août. Rien n'a changé ...  

    C'est un fait que, nonobstant les ventes perdues, parfois considérables, la quasi-totalité des entreprises européennes, notamment celles du secteur automobile, aéronautique, et de l'énergie, mais pas seulement, ont plié bagage en Iran.

    Elles ont obtempéré sans broncher. La double menace de rétorsions sur le marché américain et de pénalités financières étatsuniennes pour les transactions avec l'Iran simplement parce qu'elles se traitent en dollars, ont amplement suffi à contraindre les entreprises européennes à se retirer sans délai du marché iranien. Peugeot-Citroën renonce à 300 000 véhicules annuels, Airbus à des intentions de commandes de l’ordre de 100 avions, et ainsi de suite.

    http___o.aolcdn.com_hss_storage_midas_ea8f4497f5413b8041c682f899dcefc5_206359961_RTX2YHNJ.jpgQu'importe que la plupart des États signataires du traité sur le nucléaire iranien conclu sous Obama le proclament toujours en vigueur : après que Trump l'eut déchiré (mai 2018) et qu'il eut rétabli les sanctions qui frappaient l'Iran, ce traité s'est vidé de tout contenu. Les velléités de résistance européenne, un temps affirmées, parfois en termes bravaches, ont fait long feu. On a pensé à résister, on a envisagé de s'organiser pour cela. Puis, on a abandonné, calé, renoncé. Paroles verbales, volonté faible, réactivité nulle ! Résister était trop difficile, eût demandé trop d'efforts... Notamment des accords monétaires et financiers avec la Russie et sans-doute aussi avec la Chine. Les Européens n’en ont pas eu la volonté ni le courage. 

    Il faut bien en tirer les conclusions. s'agissant de la prétendue « Europe puissance ».  

    Qu'on le regrette ou non, et sans-doute faut-il le regretter, les faits sont là. Ceux qui ont dit, cru, professé que l'addition de 27 ou 28 économies nationales formant un marché unique de cinq cents millions de citoyens-consommateurs, constituaient ipso facto une puissance, et - pourquoi pas ? - la première du monde, ont été des naïfs, des incompétents ou des marchands d'illusions.  

    Trump démontre qu'il n'y a de puissance économique et d'ailleurs aucune autre d'un type quelconque, notamment militaire, qu'adossée à une souveraineté. Trump incarne la nation américaine. Il décide souverainement en son nom. Mais il n'y a ni peuple, ni nation, ni État européens. En conséquence, il n'y a pas davantage d’ « Europe puissance ».

    Il nous faut bien nous répéter : il n'est, même en matière économique, de réelle puissance que politique.  

     

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    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Au-delà des affaires, la question institutionnelle

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

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    L'affaire Benalla a largement empoisonné l'été présidentiel et montré quelques failles du système de M. Macron : l'absence de relais véritablement enracinés dans le pays ; un personnel politicien et parlementaire macronien peu efficace, voire trop arrogant pour être entendu par l'opinion publique ; une communication élyséenne maladroite ; la fragilisation de l'image d'autorité du président, soupçonné d'autoritarisme et sa dégradation aux yeux des États étrangers, certains trop heureux de voir les difficultés de la magistrature suprême française occulter leurs propres faiblesses... 

    Il faut pourtant replacer cette affaire dans son contexte et ne pas en faire ce qu'elle n'est pas, dans une dérive qui reste une tendance lourde et facile des médias et des oppositions en régime démocratique d'opinion. L'affaire Benalla est un scandale qui touche la magistrature suprême de l’État, mais ce n'est pas, pour autant, une crise d’État comme certains ont pu le dire ou l'écrire : le régime ne va pas s'effondrer et la République n'a pas tremblé sur ses bases, qu'on le regrette ou non. En revanche, c'est bien plutôt une « crise d'état d'esprit », et, en cela, elle dépasse largement les seuls protagonistes de cette affaire : c'est aussi ce que voulait signifier le slogan popularisé par le Groupe d'Action Royaliste cet été : « Le Roi avait d'Artagnan, le Président a Benalla ! ». La comparaison entre les deux noms et les deux régimes a, d'ailleurs, fait mouche dans la rue et parmi ceux qui ont aperçu cette formule au hasard de leurs déplacements estivaux... 

    Un de nos interlocuteurs résumait par une autre formule (approchante) cette affaire : « Quand la Monarchie suscite le service et la fidélité, la République, elle, valorise les grands principes... et favorise les opportunistes ». Cela n'a pas empêché la Monarchie de connaître aussi des scandales et des courtisans, mais sa nature même empêchait les dérives inhérentes à la logique propre et à la pratique des institutions républicaines, et pouvait préserver l'autorité de l’État qui, non élu en sa magistrature suprême, ne dépendait pas des coteries ou des arrangements entre les plus puissants : un Nicolas Fouquet fit d'ailleurs les frais de cette politique d'indépendance de la Monarchie à l'égard des féodalités de l'Argent, et c'est d'Artagnan lui-même qui, sur ordre du roi Louis XIV, se chargea de l'arrêter au sortir d'un conseil des ministres. Cela paraît inenvisageable dans la République actuelle, et, au regard de l'histoire des cinq Républiques françaises, cela semble bien une constante depuis Danton, corrompu au plus haut point et qui, exception marquante et néanmoins sinistre, le payera de sa tête au nom d'une vertu républicaine que Robespierre incarnera dans le sang et qui fera regretter l'ancienne justice royale, plus mesurée en comparaison. 

    danton.jpgNéanmoins, la pression de l'opinion publique ou, plutôt, celle des médias et des réseaux sociaux, se fait désormais derrière des écrans, ce qui évite à la République d'avoir à affronter des manifestations de rue comme celles, tragiques en leur terme, des mois de janvier et février 1934, initiées et emmenées par l'Action Française et ses Camelots du Roi dont plusieurs seront alors tués par une République aux abois et toujours scandaleuse. Soyons précis : les affaires actuelles, pour ce que l'on en sait et ce qu'en feuilletonne Le Canard enchaîné avec gourmandise, sont bien mineures au regard de l'affaire Stavisky, du nom de cet autre « Monsieur Alexandre », ou de celles qui concernent les multinationales de la chimie (Monsanto, Bayer), de l'agroalimentaire ou des « GAFAM » états-uniens, celles-ci privant le budget de l’État de plusieurs milliards d'euros chaque année  ! En fait, Benalla, Kohler ou Nyssen, au-delà de leurs fautes respectives et évidemment condamnables, au moins politiquement et moralement, ne sont que des leurres qui, parfois, nous empêchent de voir le plus grave et le plus inquiétant, cette main-mise des féodalités financières et économiques sur nos sociétés et sur les États politiques contemporains, ce que dénonçait, dans une scène d'anthologie, le « Président Beaufort » (Jean Gabin) devant un parlement houleux et furieux de voir sa proximité avec les milieux d'affaires ainsi mise en lumière par celui qui paraît bien le seul homme libre de l'assemblée, ce que la République parlementaire ne peut, d'ailleurs, longtemps supporter... Que dirait-il aujourd'hui ! 

    Le-président.jpgDepuis ses origines tumultueuses, la République a un vrai problème avec l'Argent, une forme d'addiction qui est la règle quand la Monarchie, elle, cherchait et réussissait souvent à ne pas en être dépendante, aidée en cela par le principe de la transmission héréditaire : « la naissance ne s'achète pas », diront les théoriciens royalistes du XXe siècle, ce qui assure, d'office, une véritable indépendance de la magistrature suprême de l’État à travers la personne du roi qui s'est « contenté » de naître « fils de roi » et qui doit attendre l'événement le plus triste qui soit, la mort de son prédécesseur, de son propre père le plus souvent, pour monter sur le trône. Cet avantage de la Monarchie repose aussi sur une approche liée à sa tradition plus politique que financière, et à sa compréhension de la fameuse formule issue de l'Antiquité romaine : « L'Argent est un bon serviteur mais un mauvais maître ». Le général de Gaulle avait, sous son règne présidentiel, traduit la citation par « L'intendance suivra » qui remettait l'Argent à sa place, qui ne doit pas être la première, mais cela ne dura que le temps des fondateurs de la Cinquième République. 

    Ce qui manque à la magistrature suprême de l’État aujourd'hui en République (même cinquième et malgré de Gaulle), c'est cette indépendance véritable à l'égard des puissances d'argent et cet enracinement dans le temps et l'histoire qui permettent la fidélité à l'Auctoritas et le service désintéressé de l’État : en cela, la République, hors quelques idéalistes, hommes d'honneur ou honnêtes commis, ne peut susciter ces d'Artagnan qui, pourtant et en ces temps de mondialisation déstabilisante, seraient fort utiles à la France...    

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin