UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Actualité France - Page 302

  • Le Prince Jean de France dans Le Figaro pour les 60 ans de la Constitution de 1958 : elle n'est pas à abolir mais est inaboutie

    Jean de France, Duc de Vendôme MELANIE FREY/Le Figaro Magazine

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLe Duc de Vendôme a publié un article dans le Figaro du 7 octobre qui mérite de notre part toute notre attention, car il  s’intéresse dans ce texte aux institutions actuelles de la France.

    Nul n’est mieux placé que lui pour aborder ce sujet et c’est pour nous une bonne nouvelle que de voir notre Dauphin faire connaître sa pensée en termes mesurés mais pleins de sens. Il rappelle que la Constitution de 1958 avait été rédigée pour revenir à un modèle parlementaire équilibré dans la ligne de la Charte de 1815 : un régime doté d’une représentation permanente, mais dans lequel le chef de l’Etat ne soit pas seulement un symbole mais un arbitre, « garant de la continuité et de l’indépendance nationale ». Une définition à la quelle la monarchie traditionnelle correspond parfaitement. La permanence du Souverain, en cas de désaccord avec les assemblées, était assurée par le recours au référendum dont il gardait l’initiative.

    Malheureusement, comme le montre le Prince, le Général de Gaulle institua l’élection du président au suffrage universel ce qui accentua le caractère partisan du régime, dans lequel le président devient l’élu « des uns contre les autres » et « le chef du parti majoritaire ». Ainsi nous dit le Dauphin, « le caractère arbitral n’est plus assuré ». De plus ajouterions-nous, l’absence de soutien populaire a conduit à renoncer au référendum.  Le régime est donc gravement bloqué.

    Le Prince conclut en envisageant l’hypothèse où la Constitution pourrait être réformée pour accomplir pleinement les buts pour lesquels elle avait été rédigée, qui est la perpétuation de la France dans son indépendance retrouvée. Nous connaissons les conditions nécessaires pour que notre pays retrouve sa voie naturelle.  LFAR

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgLa Constitution de 1958 fête ses 60 ans.

    Dans notre pays, qui a adopté puis rejeté rapidement beaucoup de textes constitutionnels, cette longévité, qui fait de la Vème République le régime le plus long de notre histoire moderne après la IIIème République, est très appréciable. Surtout, les institutions approuvées par le peuple français le 28 septembre 1958 s'inscrivent dans la longue durée du régime parlementaire, fondé sous la Restauration, renforcé par la Monarchie de Juillet et qui avait été rétabli après le Second Empire dans l'attente du comte de Chambord. Le «grand refus» du prétendant et les circonstances politiques qui ont suivi, ont déséquilibré le régime que la monarchie royale devait équilibrer et le régime parlementaire s'est mué en régime d'assemblée sans que la IVème République ne parvienne à donner de la force aux gouvernements qui se succédaient. 

    En 1958, la Constitution de la Vème République a offert à la France ce qui lui manquait depuis 1877: un chef d'État arbitral, garant de la continuité et de l'indépendance nationale, véritable clef de voûte des institutions. Cette Constitution demeurait fondamentalement parlementaire puisque le principe de la responsabilité du Gouvernement devant l'Assemblée nationale était réaffirmé. Mais elle renforçait la démocratie en prévoyant le recours au référendum. D'éminents juristes ont considéré que la nouvelle Constitution instituait une monarchie démocratique et parlementaire, d'inspiration orléaniste - une Constitution devenue monarchie élective depuis que le Président est élu au suffrage universel.

    Jusqu'en 1969, le système institutionnel de notre pays impressionne par sa cohérence - même si l'autorité judiciaire reste par trop soumise aux injonctions de l'exécutif. La Constitution politique est adossée à une organisation administrative, héritage de l'Ancien régime, du Consulat et de la Restauration puisque Louis XVIII avait décidé de conserver l'acquis napoléonien. Cette administration forte, mais soumise au pouvoir politique, appuie le projet économique et social conçu pendant la Résistance et mis en œuvre à la Libération.

    Cependant, notre Constitution a révélé ses failles après le départ du général de Gaulle.

    La première tient au fait, déjà établi lors de l'élection présidentielle de 1965, que le président de la République est l'élu des uns contre les autres. Certes, le chef de l'État peut se hausser à la hauteur de sa fonction et incarner l'unité de la nation, mais en de trop rares moments de crise et sans jamais parvenir à se libérer de ses amitiés partisanes. La clef de voûte établie par la monarchie élective est fragile.

    La seconde résulte de la rivalité qui s'installe entre les deux pôles du pouvoir exécutif. Confit entre Jacques Chaban-Delmas et Georges Pompidou, entre Jacques Chirac et Valéry Giscard d'Estaing, entre Michel Rocard et François Mitterrand: hors des périodes de cohabitation, qui montrent la souplesse des institutions et rappellent leur nature parlementaire, ces guerres intestines ont gravement nui au fonctionnement régulier des pouvoirs publics.

    Ces failles n'ont pas été comblées par l'élection quinquennale du président de la République. Au contraire, un déséquilibre profond s'est installé dans nos institutions, aggravé par le fait que les élections législatives se déroulent immédiatement après l'élection présidentielle. Le temps du chef de l'État se confond avec le temps du Premier ministre et avec celui de l'Assemblée nationale, et il est scandé par les mêmes échéances électorales. Selon une logique implacable, le président de la République a pris en charge toute la politique de la nation au détriment du Premier ministre en titre et le chef de l'État est devenu, plus directement que jamais, le chef du parti majoritaire. La fonction arbitrale, qui se confond avec celle de chef de l'État dans notre tradition millénaire, n'est plus assumée de manière effective. Dès lors, il n'est pas étonnant que les Français, attachés à la symbolique politique, se prononcent à chaque élection présidentielle par des votes de rejet plus que d'adhésion.

    Malgré ses failles et ses dérives, notre Constitution n'est pas à abolir mais à transformer et à accomplir dans la perspective, inaboutie, que le général de Gaulle avait tracée au cours de son long dialogue avec mon grand-père. Je souhaite, dans la continuité des déclarations de mon grand-père et de mon père, que l'État soit, à nouveau, rétabli dans son indépendance selon sa vocation arbitrale afin qu'il soit pleinement au service de la France et des Français.  

    Jean de France, Duc de Vendôme

    Domaine Royal, Dreux, le 7 octobre 2018

  • Contre le règne des partis, quelles institutions ?

    Les Etats-Généraux tels qu'ils se sont ouverts en 1789
     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

    1262631406.jpg

    Les partis politiques sont épuisés, si l'on en croit le nombre d'adhérents à jour de leur cotisation, et l'opposition, sous ses diverses étiquettes, ne semble pas mieux se porter que le mouvement du président actuel : la seule évocation du cas du parti des Républicains, qui est censé regrouper les restes des formations qui se réclamaient du gaullisme et de la droite conservatrice ou libérale, est éloquent, comme le démontre un article paru dans le quotidien L'Opinion ce lundi 24 septembre 2018, sous le titre « A Paris, à peine 6 % des adhérents LR ont moins de 30 ans » : sur 6.099 adhérents parisiens (pour une métropole de plus de 2 millions d'habitants...), certains arrondissements comptent moins d'une dizaine de membres anté-trentenaires ! Et pourtant, ce parti est considéré comme le parti modéré le plus représentatif de la Droite et celui qui peut être appelé à diriger à nouveau le pays dans quelques temps. Mais que dire, aussi, du Parti Socialiste, encore au pouvoir il y a deux ans, ou des autres partis dits de gouvernement ? Quant aux partis contestataires, leurs effectifs ont fortement diminué depuis leurs échecs respectifs de l'année 2017, année durant laquelle le « dégagisme » a porté M. Macron à la présidence de la République, sans troupes véritables mais avec des ambitions certaines. 

    Et pourtant ! La démocratie représentative contemporaine accorde aux partis une place prépondérante, au point que l'on peut supposer que, dans ce système, la démocratie est bel et bien, et uniquement, le règne des partis et de leurs servants, mais aussi de leurs financiers et commanditaires. Cela peut pourtant sembler exagéré et illogique au regard de la faible adhésion à ces partis et de la vacuité de leurs programmes, réécrits à la veille de chaque élection, au gré d'une adaptation permanente qui apparaît plus comme une nécessité électorale que comme un engagement vraiment politique... Il y a de quoi être perplexe devant les réunions d'avant-campagne durant lesquelles il est fait appel aux propositions des militants, celles-ci étant, en définitive, supplantées par des textes rédigés par des comités d'experts ou des technocrates, voire par des communicants pour lesquels la forme importe plus que le fond : en fait, il s'agit de conquérir le pouvoir, parfois sans idée précise de son exercice, ce que signalait, en son temps, François Mitterrand dont le livre fameux (et terriblement bien écrit tout autant qu'injuste pour le fondateur de la Cinquième République...) « Le coup d’État permanent » trouvera sa meilleure illustration durant le double septennat (1981-1995) de l'ancien lecteur de L'Action Française et rédacteur du bulletin royaliste L'Action angoumoise des années 30...

    incident1-1.jpgLe ras-le-bol français s'exprime souvent par une forme, plus verbale qu'active, d'antiparlementarisme et d'antipartisanisme qui, pour être compréhensible, n'en est pas moins proprement inefficace, et cela depuis fort longtemps, ne trouvant pas de débouché politique et confinant à une forme de désespérance qui, en définitive, permet au système d'éternellement perdurer sans trop d'inquiétude... L'abstention, que certains revendiquent comme une forme d'action politique de désaveu du système politicien, si elle peut être parfois fort sympathique et légitime, reste désespérément sans effet sur les politiques menées et les institutions : elle est juste révélatrice du malaise, et elle est évoquée en début de soirée électorale pour être totalement oubliée la minute d'après... Constatons qu'elle représente presque 60 % aux élections européennes sans que cela n'empêche ni la légitimation des élections ni les déclarations de victoire des partis, ni les élus de se déclarer les seuls représentants de la Vox populi, ceux ne votant pas (ou plus) étant renvoyés à leur « absence » et au silence. 

    La tradition royaliste ne refuse pas les partis, mais elle s'inquiète du règne de ceux-ci sur l’État, règne consubstantiel à la démocratie représentative : c'est une des raisons fortes de la nécessité royale pour la magistrature suprême de l’État, ainsi libérée des jeux de partis et des alliances politiciennes par la transmission héréditaire, la naissance ne s'achetant pas et le nouveau-né ne se choisissant pas plus que le jour de la mort de son prédécesseur n'est connu, a priori, de celui-ci et des autres... Cette « incertitude temporelle » qui est bien encadrée par des lois fondamentales de succession tout en restant profondément liée à la nature de l'homme elle-même, est sans doute une manière simple, la plus naturelle qui soit, de ne rien devoir aux partis et d'être le recours à ceux-ci lorsque la situation leur échappe et que le pays est menacé. 

    1654052_731908013552215_8115551183139222608_n.jpgAinsi, au regard de l'histoire tragique de la France au XXe siècle, s'il y a bien eu un de Gaulle en juin 1940 pour dépasser la défaite, il a manqué un roi en novembre 1918 pour gagner cette paix qui aurait permis d'éviter les malheurs du printemps 1940, malheurs dont les partis se sont vite exonérés en refilant le pouvoir défait à un vieux maréchal qu'ils étaient allés chercher dans son ambassade de Madrid... 

    Bien sûr, la Monarchie n'est pas un « sceptre magique », mais elle autorise à penser à une forme de démocratie qui ne doive pas tout aux partis, et qui n'en soit pas la prisonnière et, parfois, la victime expiatoire.  ■  

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • De l’art de continuer à creuser lorsqu’on a touché le fond

     

    Par Aristide Renou 

    Les photos montrant Emmanuel Macron langoureusement enlacé avec un jeune éphèbe à moitié nu, au torse virilement musclé et à la peau soyeuse, ont abondamment fait jaser, et cela se comprend. De même que celle où le jeune Ganymède fait un doigt d’honneur en direction de l’objectif, à côté d’un président hilare, serré tout contre lui et manifestement très heureux d’être là.

    43574655_2130634893930494_2994566157865844736_n.jpgMais on n’a peut-être pas assez prêté attention à ce que notre tactile Jupiter a dit ensuite, pour se justifier, lorsque ses conseillers en image l’ont eu informé que ces clichés avaient déclenché une légère agitation populaire et médiatique, oh, bien surprenante.

    Ce qui est un tort, car le poids des mots présidentiels est bien plus grand, lorsqu’on y réfléchit, que le choc de ces photos 43346244_2130634990597151_6605843543028137984_n.jpgsidérantes. Les photos ont été prises à l’improviste, et peut-être sont-elles en quelque façon trompeuses, comme souvent les photographies peuvent l’être. Les mots ont été choisis. Ils expriment la pensée de cet homme étrange qui nous gouverne, tout en étant suffisamment peu travaillés pour échapper à cet art de l’ « en même temps » qu’Emmanuel Macron manie si bien et grâce auquel il est parvenu, pendant un temps, à donner à chacun ce qu’il avait envie d’entendre.

    Écoutons-les, ces paroles présidentielles :

    « Ce qui fait que je me suis battu pour être élu face à Marine Le Pen et que je suis là aujourd’hui, c’est parce que j’aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, parce que c’est un enfant de la République, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire. […] Marine Le Pen n’est pas avec le peuple […]. Marine Le Pen, c’est l’extrême droite, et l’extrême droite ce n’est pas le peuple. Je suis président de la République et je ne laisserai à personne le peuple. »

    Que nous apprennent ces deux phrases emberlificotées mais parfaitement intelligibles ?

    Tout d’abord qu’Emmanuel Macron considère comme du racisme les critiques qui lui ont été adressées à propos des photos puisque, dans le vocabulaire progressiste qui est celui de notre président, le nom « Le Pen » est synonyme de « raciste », et, de manière générale, de tout ce qui est très vilain, haineux, excluant, et qui ne partage pas les « valeurs de la République », pour reprendre un autre de ses termes favoris. On voit que tout le monde n’a pas la chance d’appartenir au peuple, au peuple de Macron, s’entend, au peuple qui lui appartient, donc, puisqu’il entend ne le « laisser à personne ».

    On peut en déduire aussi que, sans doute, Emmanuel Macron considère comme tout à fait normal de recevoir à moitié à poil le président de la République, de lui caresser le torse devant des dizaines de personnes et de faire ostensiblement un doigt d’honneur en sa compagnie. Tout à fait normal lorsqu’on est Antillais, s’entend, car on a connu Jupiter plus sourcilleux sur l’étiquette avec d’autres « enfants de la République ».

    Nous apprenons ensuite que Macron considère le braquage comme une peccadille, puisque le terme « bêtise » qu’il utilise fait référence au fait que l’un des deux individus avec lesquels il s’est laissé photographier sortait de prison pour braquage. Ce qu’était précisément le forfait pour lequel cet homme avait été condamné en 2015 à cinq ans de prison ferme, les journaux ne nous l’apprennent pas. Mais si le terme « braquage » n’a pas été utilisé à la légère (et le juge qui l’a condamné a visiblement considéré que les faits étaient graves), cela signifie qu’il avait commis un vol à main armée, ce qui, selon le code pénal, est un crime passible de 20 ans de réclusion criminelle. Pas exactement un vol de sucettes ou un recel de bâtons, donc, mais pour notre président cet « enfant de la République » a simplement fait une « bêtise ». Comme d’autres ont cassé la vaisselle à maman et ont reçu pour cela pan-pan cul-cul.

    Nous comprenons mieux l’indulgence dont a bénéficié Alexandre Benalla de la part du président.

    Mais cette équanimité devant le crime ne doit pas nous surprendre puisque, pour notre président, faire des « bêtises », c’est simplement la faute à pas de chance. Vous êtes né là, alors vous faites des bêtises. Vous braquez un magasin par exemple. Ce n’est pas de votre faute, vous n’avez pas eu « la chance » de faire autrement, c’est tout.

    Ou, peut-être, vous poignardez une vieille dame pour lui arracher son sac à main, et avant, pour faire bonne mesure et pour passer le temps, vous la violez. Ou quelqu’autre amusante « bêtise » encore. Parce que vous n’avez pas eu la « chance » de naître ailleurs, et qu’il n’existe aucune raison valable de cantonner l’excuse du « pas de chance » à certains méfaits.

    Vous avez dit culture de l’excuse ?

    Alors voilà, notre président, sachez-le, aime « chaque enfant de la République », ce qui prouve certes que son cœur est très vaste, mais, comme il est impossible d’aimer à l’identique les criminels et leurs victimes, et que son indulgence va manifestement à ceux qui ont commis des « bêtises », à ces pauvres « enfants » qui n’ont pas eu de chance, nous devons en déduire que ceux qui subissent ces bêtises n’ont pas droit à autant d’affection présidentielle. Ce qui est bien normal puisque, en général, les victimes demandent que justice leur soit rendue, c’est-à-dire que celui qui leur a fait du mal souffre à son tour. Mais puisque les bêtises, c’est la faute à pas de chance, une telle demande est assurément très méchante et, à tout le moins, ne doit pas être satisfaite.

    XVM157a9dc6-b6a7-11e8-93c1-0a2feb26def8.jpgCe qui est sans doute pourquoi l’action de Nicole Belloubet, au ministère de la Justice, ressemble si fort à celle de Christiane Taubira que seuls les observateurs les plus attentifs seraient capables de discerner une différence. Ce pourquoi aussi Emmanuel Macron a tranquillement renié sa promesse, faite pendant la campagne électorale, de construire 15 000 places de prison supplémentaires. Ce pourquoi, probablement, deux mois après les faits, notre très affairée président n’a toujours pas répondu à la mère d’Adrien Perez, poignardé à la sortie d’une discothèque, à Grenoble. Pensez donc, la malheureuse réclame justice… Ce pourquoi enfin, peut-être, son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb s’est spectaculairement exfiltré du gouvernement : sans doute n’a-t-il pas très envie d’être comptable du bilan sécuritaire qui s’annonce.

    On dit parfois que certaines paroles sont lourdes de sens mais, lorsque ces paroles excusent implicitement le crime, et qu’elles sont prononcées au plus haut sommet de l’État, on pourrait tout aussi bien dire qu’elles sont lourdes de sang. Emmanuel Macron a peut-être fait, et dit, quelques « bêtises » durant sa visite aux Antilles, mais ce n’est certainement pas la faute à pas de chance. 

    Aristide Renou
    Politique magazine
  • Éric Zemmour : « Je suis nostalgique et réactionnaire »

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgZemour a publié le 12 septembre un nouveau livre événement. Après plusieurs autres dont le retentissement a été immense. Ce sont les livres encore et toujours  qui font le mouvement des idées et à terme c'est le mouvement des idées qui produit les évolutions politiques majeures. La lecture reste une condition essentielle de la compétence politique !   

    On n'est pas nécessairement d'accord en tout et pour tout avec Éric Zemmour. La proximité de sa pensée avec celle de l'Action française, c'est à dire avec la nôtre, est néanmoins évidente. L'entretien ici - sur RTL, le 10.09 - est court. Le courage intellectuel et le patriotisme d'Éric Zemmour ne sont guère contestables. On ne peut que les saluer et en faire notre profit.  ■  LFAR  

     

    10'20'' 

    destin-francais-1118916-264-432 - Copie.jpg

  • Le mot « race » interdit d'usage et de Constitution ? Ce que Thierry Maulnier en a dit ...

     

    « Le racisme, tel que nous l'avons vu remplir les camps d'extermination, était horrible dans ses conséquences et sans doute absurde dans son principe. Il n'existe peut-être aucune race pure, on ne pourrait en créer une, supérieure morphologiquement ou cérébralement, que par minutieux métissages, comme on fait pour les chiens ou les chevaux. Si cela a lieu un jour, ce sera l'oeuvre des savants, non des prophètes politiques. Du reste, l'homme, tout au long de son histoire et sans doute de sa préhistoire, nous apparaît comme un animal de guerre et les guerres font oeuvre de métissage. Mais si les groupes humains, parce qu'ils se font la guerre, ont tendance à se métisser, ils ont tendance aussi à affirmer leur identité, à s'inquiéter, à se protéger lorsqu'ils sont menacés par une invasion de population étrangère. Pour conjurer cette xénophobie toujours prête à se réveiller, faut-il excommunier la notion même de race ? Faut-il nier ce qui est le fruit de l'histoire, de la terre, du climat, de la culture de groupe, des moeurs (endogamie) ? Ne voir dans le Juif comme le veut Sartre, qu'un produit de l'antisémitisme, nier que les aptitudes culturelles des Blancs et des Noirs puissent être différentes, c'est, à la limite, affirmer l'identité du Pygmée et du Tetsu, du Boschiman et de l'Esquimau. Aucune particularité ne peut donner des arguments pour asservir des hommes ou pour les rejeter hors de l'humain, mais le refus de la réalité n'est pas le bon moyen d'avoir prise sur elle. »   

     

    Thierry Maulnier

    41pOuqo0erL._SX320_BO1,204,203,200_.jpg

    Les Vaches sacrées - Gallimard, 1977

  • Et pourtant…

     
    par Louis-Joseph Delanglade
     

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    A Colombey-les-Deux-Eglises, ce jeudi 4 octobre, M. Macron cherchait, paraît-il « à se placer dans les pas du général de Gaulle » (Le Monde).

    Intention louable certes car cela devrait d’abord l’inciter à (re)prendre de la hauteur, évitant ainsi la stérile critique purement politicienne et surtout la condamnation justifiée d’indignes écarts de conduite. En cette période de grande incertitude internationale, M. Macron pourrait donc, nous le lui suggérons, s’inspirer des fondamentaux de la politique étrangère gaullienne. On connaît sa double obsession, multilatéraliste et européiste. Cependant, le multilatéralisme ne se décrète pas et, on le voit avec M. Trump, ce qui compte 5ab4d641e1a44766cfb5fd8cb18a1487-colombey-les-deux-eglises-emmanuel-macron-celebre-les-60-ans-de-la-ve-republique_0.jpgd’abord c’est la puissance. La puissance justement, c’est bien ce qui manque à l’Europe version U.E., que sa nature même et ses « valeurs » vouent à l’impuissance. De Gaulle l’avait bien compris, lui pour qui l’Europe était d’abord une réalité géographique et historique permettant l’association et la coopération d’Etats désireux d’être plus forts ensemble. 

    L’arrivée au pouvoir de M. Trump a, c’est un fait, bousculé la mondialisation enragée qui tenait lieu de credo à la plupart des chefs d’Etat occidentaux et asiatiques. En signifiant clairement que les Etats-Unis ne voulaient plus être floués, M. Trump n’a fait que mettre en oeuvre, sans aucun ménagement, une politique dictée à l’Amérique par son instinct de survie. La menace chinoise, fondée sur une stratégie du long terme, ne fait en effet plus aucun doute pour personne. Menace commerciale et industrielle, mais aussi financière et technologique - et pourquoi pas militaire le moment venu ? Or, le slogan « America first », s’il contredit toutes ces « valeurs » que nous aimons tant à exhiber de ce côté-ci de l’Atlantique, se trouve bel et bien conforté par une réalité très simple, à savoir que les Etats-Unis restent la puissance mondiale dominante : une puissance toujours capable d’imposer sa volonté aux quatre coins de la planète, comme le montre l’exemple des décisions concernant l’Iran. 

    Ce faisant, M. Trump a toutefois ouvert un boulevard à une réelle ambition politique et militaire européenne, soulignant a contrario l’impuissance de l’Union a être autre chose que ce qu’elle a toujours été : une association de comptables et de gestionnaires. M. Macron, sans doute le plus fervent des chefs d’Etat européistes, peut-être par ambition personnelle, doit bien l’admettre : l’Union reste inerte, traumatisée qu’elle est par le Brexit, freinée par une Allemagne vieillissante que contrarie le protectionnisme américain, minée de l’intérieur par la montée d’une légitime colère populaire. 

    CzpmCIaXAAA5Kmo.jpgL’occasion était - et reste - belle de refonder l’Europe, sur ses propres réalités - au premier chef historiques et culturelles - et de proposer comme base nécessaire une véritable configuration politique. Et pourtant M. Macron ne change ni de discours ni de politique européenne, s’en tenant à une variante de celle dite du « cabri ».    

  • Livres & Actualité • Foutriquet II en marche... funèbre

     

    Par Rémi Hugues 

    Nos lecteurs seront heureux de retrouver ici Rémi Hugues qui, dans le cadre de la sortie de son ouvrage Mai 68 contre lui-même, nous a proposé, chaque jour du mois de mai dernier, une série d'articles qui ont fait date, formant un substantiel dossier Spécial Mai 68, rédigé pour Lafautearousseau, toujours consultable sur le blog ... Le temps a passé. Il s'agit ici des tribulations d'Emmanuel Macron, à travers une intéressante recension du dernier opus de Jean-Michel Vernochet.  LFAR

     

    Photo.png

    « Notre » président est en chute libre. Lâché par l’opinion publique, dont on mesure l’humeur par des sondages, desquels sortent depuis quelques semaines des résultats catastrophiques pour l’exécutif, Macron voit chaque jour que Dieu fait les défections se succéder. À la rentrée l’écolo businessman Nicolas Hulot a quitté le gouvernement. Puis ce fut le tour, Christian Estrosi, le puissant maire de Nice, d’exprimer sa décision de cesser de soutenir Macron, passant de « constructif » à opposant. Et maintenant, Gérard Collomb, en première ligne durant l’affaire Benalla, de s’évader du navire, faisant fi de l’injonction élyséenne qui l’intimait de rester aux avant-postes de la « Macronie ». 

    La grande affaire de l’été, ce scandale monté en neige par les médias, a gravement endommagé la start-up gouvernementale de Monsieur Macron. Elle résulte certainement de la rivalité mimétique qu’entretiennent ce dernier et Matthieu Pigasse, qui en tant que co-propriétaire du journal – Le Monde – déclencha l’hallali estival, par l’intermédiaire de la plume d’Ariane Chemin. Cette affaire, qui a fait d’un vulgaire chargé de la sécurité de Jupiter Ier une star nationale, aussi célèbre que MʼBappé et consorts... un homme, qui, a-t-on appris récemment, aime sortir son pistolet, non quand il entend le mot « culture », mais lorsqu’il pose pour un selfie ! 

    Alexandre Benalla est un immigré qui s’est choisi un prénom français – le vrai serait Hacène. Avec son prénom yncrétique l’homme semble tout droit sorti du roman d’anticipation Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley.

    Il s’agit, à cet égard, de s’intéresser au milieu d’origine de ce Huxley, frère de l’ardent supporter du darwinisme, pour savoir qui sont les véritables commanditaires du « Grand Remplacement », un concept forgé par Renaud Camus, plutôt que de s’imaginer la tenue d’une réunion de chefs du village africain imitant la scène des protocoles des sages de Sion, où la délibération consisterait à trouver la meilleure solution pour faire disparaître les Européens, fautifs d’avoir colonisé le continent noir. 

    À leur place, disent les tenants de cette théorie du « Grand Remplacement », doit émerger un homme nouveau, fruit d’un métissage, qui serait relié à ses semblables non par un lien social au sens fort où l’entendait Augustin d’Hippone, mais par le fétichisme de la marchandise, c’est-à-dire l’attraction qu’exercent piscines à débordement, smartphones dernier cri et berlines luxuriantes. 

    Il suffit de se promener dans le centre-ville de Marseille (bientôt la Canebière, au nom peu hallal, sera-t-elle rebaptisée Cane-thé-à-la-menthe ?) ou dans les transports en commun franciliens pour s’apercevoir ce qu’il nous est promis, à nous, descendants des Hyperboréens. 

    Le « Grand Remplacement » est précisément le premier sujet traité par l’iconoclaste essayiste traditionaliste Jean-Michel Vernochet dans L’imposture (chez l’éditeur Kontre-Kulture), ouvrage dans lequel il s’efforce de déterminer la nature réelle du projet que Macron dessine pour la France. Selon cet ancien journaliste au Figaro Magazine et à Radio Courtoisie, Macron ambitionne tout bonnement de parachever sa destruction. 

    1901356836.jpgLa feuille de route de l’énarque ex-fondé de pouvoir de la banque Rothschild n’est pas seulement de renforcer la soumission du pays réel (la France) au pays légal (la République) mais l’anéantissement pur et simple de ce vieux pays qui jadis s’enorgueillissait d’être la fille aînée de l’Eglise. d’où son tropisme cosmopolite et même sa « négrophilie » un tantinet lubrique signalée par l’humoriste Patrice Éboué dans une vidéo diffusée sur Twitter. Mais essaye-t-il seulement de la dissimuler au public ? 

    La crise migratoire actuelle parachève cette entreprise de démolition. L’État français voit ainsi, note Vernochet, les instruments de sa souveraineté lui être ôtés, notamment les services publics. Or la puissance publique ne disparaît pas pour autant, elle passe juste sous pavillon européen, onusien ou américain. Ce serait une erreur de penser que la « décomposition de l’État souverain » décrite par l’auteur coïnciderait avec l’accroissement des libertés publiques. Celui-ci avance que Macron est l’intendant d’un ordre qui entend « régenter le moindre détail de nos vies » (p. 58). 

    Les deux hommes, bien que l’un soit progressiste et l’autre réactionnaire, s’accorderaient néanmoins sur une chose : l’importance du pouvoir médiatique. Cette puissance qui contribua de manière décisive à l’élection de Macron, souvenez-vous des affaires Pénélope Fillon et Étienne Chatillon, ce même Macron la dénonça au moment de l’affaire Benalla. Vernochet soutient que le Quatrième pouvoir, la presse, est devenu le Premier. Lors de l’élection présidentielle de 2017 elle a « fait d’un presque inconnu un chef d’Etat en brûlant toutes les étapes d’un ordinaire cursus honorum. » (p. 103) Le vrai titulaire du pouvoir n’est pas Macron, il n’est que le polichinelle de Rothschild & Cie, le fidéicommis, pour reprendre un vocable cher à notre auteur, des bancocrates qui règnent par le truchement des médias qu’ils contrôlent. 

    Et cette réalité existe depuis de nombreuses années : dans L’argent d’Émile Zola l’homme d’affaires Saccard achète un journal catholique en difficulté, « L’espérance », pour faire la promotion de sa Banque Universelle. Le romancier était naturaliste, la collusion entre la finance et les médias qu’il mit en lumière, n’était en rien le fruit de son imagination mais un fait réel qu’il avait découvert dans le cadre de ses recherches préalables à l’écriture de son livre. 

    Si le volume de Jean-Michel Vernochet manque d’un réel fil conducteur explicitement posé dans un exorde introductif – on pense d’après le titre que le livre est un portrait de Macron, puis le début se focalise sur le « Grand Remplacement » sans aucune mise en perspective entre les deux éléments –, ce qui lui donne un côté brouillon ; il est utile dans le sens où il présente des faits et des réflexions originales. 

    Il nous renseigne, en particulier, sur ces lois qui sont votées en toute discrétion, parce qu’elles revêtent une dimension totalitaire, ou carrément anti-nationale. Qui a entendu parler du décret n° 2017-1230 du 3 août 2017 relatif aux provocations, diffamations et injures non publiques présentant un caractère raciste ou discriminatoire, mentionnée page 52 ? Ou de la loi du 7 mars 2016 instituant un contrat d’intégration républicaine (C.I.R.), en lieu et place du contrat d’accueil et d’intégration (C.A.I.), évoqué page 94 ? 

    Il nous invite en outre à s’essayer toujours à penser au-delà de la doxa ; par exemple, l’obligation des 11 vaccins pour les écoliers n’est peut-être pas tant un complot contre l’intégrité physique de nos enfants fomenté par l’industrie pharmaceutique avec la complicité de la ministre stipendiée ès Santé Agnès Buzyn, qu’un moyen de prévenir les risques d’épidémies venues de l’étranger. Le choléra qui sévit actuellement en Algérie est là pour le souligner. Certaines écoles ont dû traiter cette très inquiétante problématique à la rentrée 2018.      

    Et Vernochet nous fait découvrir, enfin, en vertu de sa grande érudition, des pépites qu’il déterre du vaste terrain en friche de la connaissance universelle. L’idole de la sociologie française, Émile Durkheim, un misogyne ? Oui, il écrivit la chose suivante : « L’inégalité [entre les deux sexes] va également en s’accroissant avec la civilisation, en sorte qu’au point de vue de la masse du cerveau et, par suite, de l’intelligence, la femme tend à se différencier de plus en plus de l’homme. La différence qui existe par exemple entre la moyenne des crânes des Parisiens contemporains et celle des Parisiennes est presque double de celle observée entre les crânes masculins et féminins de l’ancienne Égypte. » (cité p. 14) N’y aurait-il pas lieu dès lors d’ôter le nom de ce descendant « d’une lignée de rabbins » des manuels de Sciences économiques et sociales (S.E.S.) ? Voilà un nouveau combat à mener, chères féministes ! 

    L’imposture prédit l’impopularité actuelle du chef de l’État, qui, paraît-il, est de plus en plus isolé. Si les Français n’ont pas attendu sa sortie pour réaliser que le président qu’ils ont choisi est un imposteur dont le profil est à mi-chemin entre Benjamin Braddock (Le Lauréat) et Jordan Belfort (Le loup de Wall Street), ceux qui voudront comprendre les ressorts de cette disgrâce spectaculaire auront à lire ce précieux nouvel opus de Jean-Michel Vernochet.  

    vernochet_0.jpg

    L'imposture,
    de Jean-Michel Vernochet,
    107 p., éd. Kontre-Kulture, 2018, 13 €  

    images.jpg

    Affiche d’information de l’école primaire « National » (Marseille)

  • Un météore dans le ciel politique français ?

     

    580234331.2.jpg

    Emmanuel Macron ne sera-t-il qu'un météore inattendu, très vite apparu et très vite disparu dans le ciel politique français ?

    La question est récurrente ces jours-ci à l'heure des mauvais sondages, des doutes et des départs plus ou moins fracassants, en tout cas indignes, parmi les plus proches du chef de l'État ; à l'heure des « affaires », qu'elles aient eu ou non l'importance que l'agitation des médias, des partis et des assemblées leur a conférée ; à l'heure des impasses - surtout l'obstination européiste qui ne conduit nulle part parce que personne ne veut vraiment du fédéralisme de Macron en 42854247_1714857268624358_8101024579067052032_n.jpgEurope ;  enfin, à l'heure de la rupture avec les Français sur quelques sujets qui touchent à leur être profond : l'immigration, le multiculturalisme, la repentance, le dénigrement de ce qui est français, les fréquentations douteuses, les photos inacceptables en fort mauvaise compagnie ; sans compter le chômage et la pauvreté ; en bref, à l'heure des déceptions qui font qu'entre Emmanuel Macron et les Français, en tout cas la plus grande partie d'entre eux, le courant ne passe pas ou plus.  

    On a fait quelque crédit au départ à cet homme jeune, brillant et audacieux, comme les Français les ont toujours aimés. Qui 54627661.jpgrecevait Poutine à Versailles et Trump sur les Champs-Elysées pour admirer et applaudir l'armée française. Qui fêtait ses quarante ans à Chambord... Dans l'ombre du roi-chevalier. Un vrai roi, celui-là, pas une apparence ... 

    Ce capital crédit - en attente de voir - consenti au jeune Macron d'il y a un an est donc largement entamé. Mais est-ce qu'il se trouve quelqu'un en position de le recueillir ? Les Français qui, sans savoir du tout qui il était, ont applaudi il y a un an au « dégagisme » opéré par Emmanuel Macron, comme un de ces coups d’Etat légaux dont notre République est coutumière, verraient-ils d'un bon œil le retour des politiques exécrés, évincés hier ? C'est plus que douteux. Les Français ne sont pas si sots. Une majorité considère que ces politiciens faillis ne feraient pas mieux qu'Emmanuel Macron. Ont-ils tort ? Reporteraient-ils alors leur attachement, leurs espoirs et même une certaine adhésion sur les partis dits populistes, en nombre suffisant pour les porter au pouvoir ? Cela aussi, pour l'heure, nous paraît douteux. 

    Alors quid ? Nous nous sommes de fait habitués à être gouvernés par des hommes qui sont en place par défaut. Sans réel consentement, sans adhésion, sans lien affectif quelconque. Nous sommes devenus une drôle de démocratie, si tant est que nous n’en ayons jamais été une. 

    En fait, avec Macron, les Français ont peu ou prou cru ou espéré en une sorte de changement de régime. En tout cas en un « autre chose », fût-il mal défini. Macron s’est gardé de les détromper. Au contraire. 

    Au bout d'un peu plus d'un an, ils constatent que presque rien n'a changé. Ils se disent comme jadis : « Non vraiment c'était pas la peine, non pas la peine assurément de changer de gouvernement ». Et ils retombent dans leur scepticisme, leur indifférence, leur morosité ou, s'ils sont lucides, leur inquiétude et leur colère. Les esprits simplistes se réjouiront ou se lamenteront, selon leur camp, qu'Emmanuel Macron « dévisse » comme il est dit dans les médias. C'est ne pas voir plus loin que le bout de son nez ... Le problème politique français passe largement le cas Macron, X ou Y. 

    laic.jpgLa question du régime n'a jamais cessé de se poser à la France depuis la Révolution, comme en témoignent les dix-huit régimes qu’elle a connus, dont cinq républiques. Cela, Emmanuel Macron lui-même l'a compris. Il l'a dit en termes explicites, inattendus et spectaculaires. Les premiers mois de son quinquennat ne sont, en creux, que l'illustration de ce manque de roi qu'il a en même temps diagnostiqué et tenté de combler dans la forme sinon dans le fond tant il est vain de chercher à concilier un principe et son contraire. Et, l'autre jour, Zemmour avouait considérer que le message républicain est désormais désuet. Macron est la preuve qu'un régime désuet peut s'inventer un renouvellement pour, quoique épuisé, durer encore un peu. Il semble bien que ce ne peut être pour très longtemps, ni pour de bien grandes choses ... Il finit d’ailleurs par arriver un jour ou même les petites deviennent difficiles.   

    Retrouvez l'ensemble des chroniques En deux mots (99 à ce jour) en cliquant sur le lien suivant ... 

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • Les deux parenthèses molles

    par Claude Wallaert 

    2939591524.jpg

    Jupiter ou voyou ? 

    C’était par un bel après-midi d’été, dans la mairie d’un bourg du centre de la France. Une petite assemblée se tenait dans la salle des mariages : onze adultes et quatorze enfants. Tous étaient joyeux, propres et pimpants : il s’agissait pour le maire, ceint de son écharpe tricolore, de remettre à une jeune femme la médaille de la famille française ; cette décoration a été créée en 1920 pour honorer les mères de quatre enfants et plus, de nationalité française. La maman du jour avait un mari, neuf enfants, et visiblement attendait le dixième … Le maire lut un hommage chaleureux qui montrait qu’il aimait bien ces administrés un peu atypiques. La maman remercia en quelques mots, avec un beau sourire, sans oublier personne, et en terminant par son mari, qui se tenait à ses côtés, aussi ému qu’il l’avait été quelque vingt ans auparavant, devant un autre maire, dans un autre village. Ensuite, on déboucha quelques bouteilles, on servit chouquettes et gougères, à la grande joie des enfants qui se mirent à courir partout…

    Dominant la scène, accroché au mur dans son cadre officiel, le président Macron, le sourcil conquérant, affichait son sourire de premier de la classe, les poings accrochés au bureau élyséen, campé entre les molles parenthèses de ses bras.

    C’était au moment où, dans cette paisible campagne, résonnaient encore, quoique un peu assourdis, les échos du tintamarre Benalla. Ce jeune homme de 26 ans a provoqué, en effet, un beau chahut à retardement, puisque les faits reprochés remontent au premier mai dernier, ce qui a mis au jour, comme l’on sait, des « curiosités » relatives à son salaire, à ses privilèges, ses ambitions présumées, et bien d’autres choses encore, attestées ou non, qui font les délices des journalistes qui ne savent pas comment vendre leur papier d’été. Il ne s’agit pas d’un criminel, non, mais à coup sûr de ce qu’on appelle un trublion, un intrigant, dont l’ambition un brin tapageuse et exhibitionniste a eu l’heur de plaire au personnage tout fier dans son cadre présidentiel ; notre jeune président serait-il tiraillé entre la majesté jupitérienne, et un certain tropisme décadent, voire quelque peu canaille ?

    1901356836.jpgOn peut le penser : qu’on se souvienne en effet de la fête de la musique, qui a vu Monsieur et Madame Macron recevant publiquement à l’Élysée, et avec la plus grande familiarité, un groupe de danseurs LGBT, dont l’un portait sur son ticheurte l’inscription « Fils de migrants, noir et pédé ». Quel contraste surprenant entre la véhémence grandiose des célébrations républicaines au Louvre et à Versailles, et les gesticulations adolescentes du jeune Emmanuel et, encore dernièrement, ses effusions dans les bras de la pulpeuse présidente de la Croatie, dont la valeureuse équipe venait pourtant de perdre la coupe du monde de football !

    photo_originale.jpgTout cela, en réalité, est à l’image de notre France : il y a encore des cloches qui sonnent dans le ciel de villages paisibles, des parents généreux, des enfants aimés et joyeux, des entrepreneurs intrépides, un superbe savoir-faire français, bref un patrimoine ancré et porteur d’avenir. Il y a aussi les caïds féodaux de la drogue, les zélateurs médiatiques d’un futur frelaté, la tourbe bourdonnante des partis politiques promoteurs d’ambitions dévoyées, et le pays en voie de désertification spirituelle, donc en danger de mort…

    Et dans son cadre officiel, sourcil conquérant, sourire ambigu, campé devant une fenêtre de l’ancien hôtel d’Évreux, Macron regarde ces deux France sur lesquelles il n’a aucune prise ; ses bras sont deux parenthèses molles… 

  • Sommes-nous dans les années trente ?

    Edouard Daladier et André François-Poncet, ambassadeur à Berlin (années trente)
     
    Par Jean-Philippe Chauvin
     

    1262631406.jpg

    Les vives polémiques sur les propos et les attitudes de l'actuel président, conjuguées avec les débats non moins vifs sur ce que l'on a le droit ou pas de dire, et qui a le droit, ou non, de s'exprimer, sont la manifestation de cette « dissociété » qui a pris l'avantage sur la communauté nationale (que certains voudraient résumer à un « vivre-ensemble » qui n'existe pas, ou plus) et sur l'agora intellectuelle que d'autres nommaient jadis « la république des lettres ».

    L'hystérisation contemporaine, qui se répand plus vite que du temps de l'imprimé grâce aux réseaux sociaux numériques, est parfois désespérante et elle nuit à la véritable discussion qui nécessite du temps et de la réflexion, ainsi qu'elle autorise la possibilité de se tromper ou d'être convaincu par d'autres arguments que les siens propres. Aujourd'hui, les délateurs, jadis félicités sur les assignats républicains des années 1790, sont les maîtres de jeux de plus en plus sombres et violents. 

    une-plaque-de-nom-de-rue-en-francais-pour-rue-de-la-republique-byb67h.jpgQuand, dans la lignée des inquiétudes « de gauche » médiatisées, quelques historiens et « Insoumis » évoquent les « funestes années trente », je pense pouvoir leur rétorquer quelques choses simples, et ouvrir, au sens noble du terme, la discussion sans préjugé : 

    1. Ces fameuses années furent d'abord, avant de sombrer dans la tragédie, des temps de recherche et de débats intellectuels dont les revues de l'époque, qu'elles se nomment RéactionEsprit,L'Ordre Nouveau ou La Revue du XXe siècle restent les preuves imprimées : les nouvelles pistes de la pensée antilibérale ; la critique de l'Argent et, pour certains, de la Technique ; la réflexion permanente sur les institutions et, au-delà, sur l'esprit du politique ; etc. Tout cela mérite le détour, et les partisans actuels de la décroissance y trouvent certaines de leurs références utiles à la compréhension du monde contemporain, de Georges Bernanos à Jacques Ellul, entre autres. 

    2. La liberté d'expression y était, en France, plus reconnue que dans nombre de pays limitrophes, même si cela s'accompagnait d'une violence de ton et, parfois, d'action, et que la République n'aimait pas toujours la contradiction, au point de faire assassiner, en son nom propre ou par d'autres qu'elle, quelques opposants trop virulents, comme au soir d'émeute du 6 février 1934... 

    3. Si les extrêmes ne sont guère recommandables, il n'y a néanmoins pas de « fascisme français » malgré les pâles copies de l'Italie mussolinienne chez les partisans du « Faisceau » (disparu dès 1927) de Georges Valois ou les « francistes » de Marcel Bucard, plus groupusculaires et mythomanes que vraiment actifs. Sans doute le traditionalisme moderne de Maurras, si critiqué et parfois fort critiquable par ailleurs, a-t-il empêché, et c'est tant mieux, l'éclosion d'un jacobinisme fasciste ou d'un totalitarisme hexagonal. 

    maulnier songeur.jpg4. Les problèmes contemporains, et le contexte général, sont-ils semblables à ceux d'hier ? C'est sans doute là qu'il y a, effectivement, le plus de similitudes avec les années trente : une ambiance délétère sur la scène internationale et une montée des exaspérations populaires dans nombre de pays, y compris en France, avec la rupture entre élites mondialisées et classes populaires et moyennes, entre les métropoles et les périphéries, en particulier rurales ; le retour de la question sociale, très souvent couplée à la nationale ; les « questions sociétales » qui ne sont que l'autre formulation de la crise de civilisation évoquée jadis par Thierry Maulnier (photo), Emmanuel Mounier et Jean de Fabrègues, entre autres. Mais les réponses d'aujourd'hui sont-elles forcément celles d'hier ? 

    Sans doute peut-on constater que les « non-conformistes » des années trente (dont Maulnier et Fabrègues furent « les lys sauvages ») ont échoué à imposer leurs idées à la tête de l’État avant 1958, même si de Gaulle, en bon lecteur des « néo-41U3SlEZAbL._SX235_BO1,204,203,200_.jpgmaurrassiens » (sans en être lui-même, malgré une légende tenace véhiculée par les hommes de Monnet, et reprise par Mauriac), en reprendra ensuite les grandes lignes dans sa Constitution de la Cinquième République et dans sa tentative (avortée) de résolution de la question sociale : l'inachèvement du règne gaullien et ses limites bien réelles, en renvoyant les principales idées des revues « hors-système » aux catacombes, ont enterré presque (ce « presque »qui laisse encore un espoir, n'est-ce pas ?) définitivement les espérances de ceux qui les animaient. Si les royalistes peuvent en concevoir quelque amertume, cela ne doit pas être une excuse pour déserter le combat intellectuel et politique et, au-delà, civilisationnel... « L'espérance, c'est le désespoir surmonté », clamait Bernanos. 

    Alors, que les royalistes de bonne volonté s'engagent, pour que ces nouvelles ou fantasmées « années trente » d'aujourd'hui ne débouchent pas sur le pire comme en 40, mais sur le Roi, « possibilité du Bien commun effectif », tout simplement ! Ce serait bien, tout compte fait, « la revanche de Maulnier », ou celle d'un autre « M » célèbre et controversé...   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Où Léon Bloy (avril 1914) donne une assez exacte description de notre chienlit

    Léon Bloy (1846-1917)

    Publié le 27 mars 2017 - Actualisé le 2 octobre 2018 

    « Atrophie universelle des intelligences, avachissement inouï des caractères, exécration endémique de la Beauté et de la Grandeur, obsèques nationales de toute autorité humaine ou divine, boulimie furieuse de jouissances, destruction de la famille et vivisection de la patrie, moeurs de cochons enragés, empoisonnement systématique de l'enfance, élection de chenapans ou de goîtreux dans les cavernes de la politique ou sur le trottoir des candidatures, etc., tels sont les fruits de l'arbre de la Liberté ».

            

    Léon Bloy, avril 1914

  • Quand la mémoire flanche

    Alger, 1957 ... 
    par Louis-Joseph Delanglade
     

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    Pendant la campagne présidentielle, de passage à Alger, M. Macron avait cru bon de condamner moralement la présence « coloniale » française en Algérie - condamnation évidemment inadmissible notamment au vu du contexte.

    Un peu plus tard, dans une interview au Figaro, il avait rééquilibré son propos : « Nous devons réconcilier des mémoires fracturées : celle des harkis, celle des pieds-noirs, celle des Français d'origine algérienne, celle des binationaux . » Cette fois, il s’agissait de traiter sur un pied d’égalité, en leur accordant à toutes la même légitimité aux yeux de l’Etat, des « mémoires » dont le rapport à la France n’est pas le même : harkis et pieds-noirs ne sont ni des immigrés ni des binationaux ; la mémoire des premiers fait partie de la mémoire française, celle des seconds est une mémoire étrangère et la conception mémorielle égalitariste de M. Macron n’est pas satisfaisante. 

    Or, voici que ce dernier vient de commettre une double faute en reconnaissant la responsabilité de l’Etat français dans la disparition à Alger en I957 de Maurice Audin. La première faute est de faire passer pour une innocente victime celui qui, au nom de son engagement communiste, n’aura été qu’un porteur de valises pour le compte du F.L.N., organisation terroriste avant l’heure en guerre contre la France. La dixième division parachutiste commandée par le général Massu n’a fait que son devoir en gagnant la bataille d’Alger, mission dûment confiée par le pouvoir politique. Quand on sait les atrocités commises par les combattants du F.L.N., quand on veut bien comprendre que ces atrocités constituaient un mode de combat, on voit mal comment nos soldats auraient pu répondre efficacement, sauf à utiliser tous les moyens. Celui qu’il faut bien appeler un traître a sans doute été arrêté et interrogé pour obtenir des renseignements visant à éviter des dizaines d’attentats perpétrés contre des civils. M. Macron n’avait donc pas à demander pardon à Mme veuve Audin. 

    La seconde faute aura été le moment choisi, quelques jours seulement avant le 25 septembre, « journée nationale d’hommage au harkis ». Il se trouve que, outre quelques décorations et quelques millions d’euros de mesures en leur faveur (le tout bien mérité, convenons-en), Mme Darrieusecq, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Armées, a annoncé pour décembre « une initiative mémorielle d’envergure […] une reconnaissance pleine et entière » de l’engagement puis du calvaire de ces soldats français en Algérie et en France même. Très bien. Mais comment ne pas penser que M. Macron, encore et  toujours soucieux de « travailler sur l'apaisement des mémoires » semble vouloir ainsi faire l’équilibre entre un Audin complice des terroristes et tortionnaires du F.L.N. et ces soldats français trahis et abandonnés par certains de leurs chefs ?  S’il y a eu faute de l’Etat voire de l’Armée, ce n’est pas pendant la bataille d’Alger, c’est plutôt lors du dénouement tragique de 1962.

    M. Macron se souvient mal et mal à propos. A force de vouloir faire du « en même temps » une sorte de méthode opératoire, il participe à un nivellement mémoriel inacceptable.   

  • Zemmour réagit à la polémique Nick Conrad : « Les Blancs ne sont qu’une expression pour dire les Français »

     

    Le clip « Pendez les Blancs » du rappeur Nick Conrad a suscité un tollé et a engendré de nombreuses réactions. Sur LCI, Eric Zemmour a dénoncé la « culture du rap francophobe (...) qui appelle au meurtre des Français » et qui se répand dans les banlieues. Ecoutez ! 

     

     

    La vidéo du rappeur Nick Conrad n'en finit plus de faire réagir. Invité de la matinale de LCI vendredi 28 septembre au matin, Eric Zemmour s'est lui aussi exprimé sur la chanson et le clip tournés à Noisy-le-Grand, accusés de racisme anti-blanc. « Ce n’est pas un acte isolé, c’est une culture. Ça fait longtemps : 10 ans, 15 ans que les rappeurs appellent à tuer les flics, appellent à tuer les Français, appellent à détruire la France. Je peux vous sortir des listes de chansons longues comme le bras. Ce n’est que le dernier » , a-t-il expliqué. 

    « Il y a une culture du rap francophobe qui déteste la France, qui déteste les Français, qui appelle au meurtre des Français. Les blancs ne sont qu’une expression pour dire les Français (...). Il y a une culture de la haine de la France qui s’est répandue dans d’innombrables banlieues. Alors heureusement, tous les banlieusards, même ceux qui sont de culture musulmane ne sont pas touchés, grâce à Dieu »  a ajouté celui qui a été sous le feux des critiques pour avoir critiqué le prénom d'Hapsatou Sy, la chroniqueuse de Thierry Ardison.

    Toujours sur les banlieues, assurant que la France se dirigeait vers une nouvelle guerre civile, Eric Zemmour a conclu ainsi ses propos : « Il y a aujourd’hui dans toutes nos banlieues une contre-société qui a créé un contre-peuple, avec une contre-civilisation qui repose sur l’islam. C’est ça la vérité de nos banlieues que l’on ne veut pas dire et que l’on ne veut pas croire. »  

     

  • Livres • Destin français, d’Éric Zemmour

     

    Par Gabrielle Cluzel  

    C'est une intéressante recension du dernier livre d'Eric Zemmour que Gabrielle Cluzel nous donne ici. [Boulevard Voltaire, 18.09].  

    Rappelons pour ceux qui l'ignoreraient que Gabrielle Cluzel participe - d'ailleurs toujours brillamment - à certains de nos colloques et conférences, dont quelques unes sont les siennes propres.   LFAR

     

    2654943674.jpg

    L’œuvre d’Éric Zemmour est un peu comme Star Wars : elle a commencé par la fin, et ce n’est qu’ensuite que l’on comprend, en revenant aux sources. Après Le Suicide français, voici Destin français, magnifique fresque historique qui tient de Bainville, de Castelot, de G. Lenotre, de Bordonove et n’est à la fois rien de tout cela. C’est l’Histoire de France incarnée, spirituelle, prophétie biblique : « Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées… » Le péché originel des parents sera expié par les fils. « L’Histoire ne repasse pas les plats », disait Céline, mais elle accommode les restes, pour les servir des siècles plus tard : « La France semble condamnée à revivre sans cesse la même histoire, à revivre sans cesse les mêmes passions délétères. »

    Zemmour compare la France à une mourante qui verrait défiler devant ses yeux toute sa vie : « Elle semble repasser par toutes les étapes de son existence millénaire. »

    Chaque chapitre est peu ou prou consacré à une figure emblématique – Clovis, Saint Louis, François Ier, Richelieu, La Pompadour, Robespierre, Napoléon, Clemenceau, Pétain, de Gaulle… – dont le destin s’est un moment confondu avec celui de la France, et dont le courage ou la pusillanimité, la clairvoyance ou l’aveuglement, la détermination ou la légèreté ont infléchi le cours de la vie de nos aïeux, et le cours de la nôtre qui lui est indissolublement lié.

    Il est des livres succincts dont on dit, riant, que s’ils tombent, ils ne risquent pas de vous casser le pied… Méfiez-vous de ne pas laisser choir celui-ci. Et pourtant, aucune longueur. Le livre est lourd mais la plume légère.

    Éric Zemmour l’a dédié à ses parents, et c’est à eux qu’il consacre les première pages, surprenant ses lecteurs qui le savent peu prompt à s’épancher – la proximité de Christine Angot, sur les plateaux, l’a sans doute vacciné. C’est qu’ils sont l’alpha et l’omega de ce bouquin-là : il leur doit son inextinguible fibre française. Pieds-noirs, descendants de Berbères soucieux de faire à Rome comme les Romains (donc, de donner des prénoms « du calendrier » à leurs enfants – confer une controverse récente), ils s’agacent de s’entendre qualifier de « juifs de France » quand ils se considèrent « Français juifs ».

    Éric Zemmour opte résolument pour le roman national, mais un roman qui ne s’inscrirait pas comme le Lavisse dans le courant romantique mais serait résolument réaliste : le féminisme beauvoirien tel que présenté par Éric Zemmour a quelque chose de bovarien, Simone aurait dû s’appeler Emma, James Rothschild a les traits de Nucingen et l’Italienne Catherine de Médicis les états d’âme d’une héroïne de Stendhal. Il les décrit comme ils sont, sans les noircir ni les idéaliser. Le manichéisme ne passera pas par lui et les titres des chapitres respectivement consacrés à Pétain et de Gaulle – « L’homme qu’il faut détester », « l’homme qu’il faut aimer » – parlent d’eux-mêmes. Il sort même du placard de grands oubliés, depuis longtemps remisés parce que trop étrangers à l’esprit du temps pour pouvoir être compris : qui connaît encore Bossuet, dont Zemmour écrit pourtant qu’il « réussit dans une langue d’une pureté inégalée la synthèse française du quadrilatère européen des racines juives, chrétiennes, grecques et romaines ». Qui sait encore que le comte de Chambord, par ce drapeau blanc dont il a fait « le test de sa liberté », a signé un « échec emblématique, matriciel même pour la droite française », « [annonçant] les défaites à venir pour pour ce courant conservateur ».

    On dit d’Éric Zemmour qu’il est misogyne ; il est surtout misanthrope. Atrabilaire amoureux d’une France volage, futile, mondaine, inconséquente et belle comme pas deux, dont il voit avec une acuité féroce tous les travers qui la font courir à sa perte mais dont il ne peut se déprendre. Et nous avec lui.   

    Ecrivain, journaliste
    Son blog
  • « Misère du sectarisme idéologique »

    Le Mont Saint-Michel rongé par les masses de touristes

     

    soleil.jpgMathieu Bock-Côté montre ici comment la gauche n'aime pas débattre avec la droite. Elle préfère la dénoncer, examinant à la loupe tout dépassement des lignes du politiquement correct pour mieux s'en offusquer et disqualifier le « fautif ». [Le Figaro, 14.09]..  LFAR

     

    tile00x02.jpg

    D'aucuns se sont montrés surpris devant le refus affiché de Pierre Rosanvallon d'éventuellement débattre avec Alain Finkielkraut. Dans l'esprit du commun des mortels, rien n'est plus naturel que la dispute entre intellectuels, et plus encore avec un philosophe comme Finkielkraut qui a consacré une partie importante de son existence à mettre en scène la vie des idées de la manière la plus féconde qui soit, avec son émission «Répliques».

    Et pourtant, quiconque lira Notre histoire intellectuelle et politique, le nouvel ouvrage de Rosanvallon, ne sera pas surpris. Avec une condescendance aussi mandarinale que caricaturale, il s'y pose en surplomb du débat à la manière d'un grand ordonnateur de la vie intellectuelle, et prétend surtout définir les paramètres et le périmètre du débat public, en décidant qui y sera admis comme un contradicteur légitime, et surtout qui ne le sera pas.

    Sans surprise, Rosanvallon s'inquiète à plusieurs reprises de la confusion des catégories intellectuelles dominantes, et, surtout, du brouillage supposé du clivage entre la droite et la gauche, la première empruntant sournoisement les habits de la seconde pour se légitimer. Son livre correspond à une volonté de remettre de l'ordre dans l'intelligentsia et chacun à sa place en resserrant les critères de la respectabilité, souvent au nom de la science dont on croit avoir le monopole.

    D'ailleurs, dans le livre de Rosanvallon, ils sont plusieurs à ne pas être considérés comme des intellectuels dignes de devenir des interlocuteurs. Rares sont les auteurs en désaccord avec lui dont il discute sérieusement la pensée. Il préfère les étiqueter. Un tel est un essayiste, l'autre n'est qu'un journaliste. Et ainsi de suite. Mais on ne personnalisera pas à outrance cette controverse, qui révèle surtout l'incroyable sectarisme d'une certaine gauche idéologique, pour qui le désaccord intellectuel fondamental a l'allure d'un scandale moral.

    On retrouve ici une constante historique: pour débattre avec la gauche, il faut être de gauche, et marquer son appartenance au camp du bien en affichant régulièrement des signes ostentatoires de vertu. Être de gauche, c'est d'abord vouloir être de gauche et faire ce qu'il faut pour le demeurer, en suivant la cadence donnée par l'avant-garde progressiste. Et il suffit de ne pas suivre le rythme pour devenir suspect. Le mot gauche conserve un pouvoir d'hypnose qui pourrait passionner un ethnologue se penchant sur l'intelligentsia. La gauche n'aime pas débattre avec la droite mais la dénoncer. Dans son univers mental, la droite n'est pas l'autre camp, mais un lieu de déchéance morale, reconnaissable à son odeur: y circulent des idées nauséabondes.

    Si on naît parfois conservateur, la plupart du temps on le devient, souvent lorsqu'on est heurté par le réel. Plusieurs des intellectuels qui, aujourd'hui, contribuent sans le dire ainsi à la pensée conservatrice en France viennent de «gauche». Mais du point de vue de ses anciens camarades, celui qui «passe à droite» ne change pas de camp parce qu'il a changé d'idées: il s'abîme. On ne passe pas à droite, on y dérive, comme si on rejoignait lentement le néant de la pensée.

    Dans le même esprit, lorsqu'on contredit trop ouvertement le politiquement correct, on dérape, manière comme une autre de reconnaître que la pensée officielle évolue dans un corridor très étroit surveillé par des contrôleurs médiatiques distribuant des contraventions idéologiques. D'ailleurs, les médias se questionnent de manière récurrente pour savoir s'il faut donner la parole à la droite. Est-ce qu'on ne contribuerait pas ainsi à sa normalisation médiatique? Il en est de même à l'université, où les cabales idéologiques sont régulières.

    Ce qui est en jeu, c'est le monopole de la parole publique légitime. Mais de Raymond Aron à Alain Finkielkraut, en passant par Jean-François Revel, Marcel Gauchet, Pierre Manent, Régis Debray et Pierre-André Taguieff, les grands intellectuels, d'où qu'ils viennent, sont non pas ceux qui tiennent d'abord à appartenir à un camp mais à penser l'histoire qui se fait en voyant ce qu'ils voient, pour reprendre la formule désormais consacrée.

    Une véritable éthique du débat public devrait nous amener non pas à débattre sous le signe du même, mais en mettant en scène les dimensions contradictoires mais également nécessaires de l'existence humaine qui doivent féconder la cité.

    L'homme a besoin tout à la fois de la liberté et de l'égalité, de l'enracinement et du cosmopolitisme, de l'ordre et de la dissidence: il s'agit d'articuler intelligemment ces pôles anthropologiques sans en abolir aucun, et en reconnaissant leur légitimité mutuelle. Dans cet esprit, le clivage gauche-droite, si on s'y enferme trop étroitement, étouffe la pensée. Qui s'y plie se condamne à une pensée rétrécie. Même les plus belles intelligences, lorsqu'elles s'y enferment, virent au sectarisme idéologique.  

    Mathieu Bock-Côté        

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, est paru aux éditions du Cerf [2016].

     

    Sur le même sujet lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Marin de Viry : « Comment le tourisme de masse a tué le voyage »