1882 : Mort de Frédéric Le Play
Photographie de Frédéric Le Play vers la fin de sa vie (non datée)
De Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, pages 2644/2645) :
"...Procédant par une observation minutieuse d'un petit nombre de faits, suivie d'une généralisation (méthode de la monographie), il aboutit à la conclusion que la disparition de la paix sociale en Europe est due aux "faux dogmes" de 1789, à la croyance en la perfection originelle de l'homme et en l'égalité naturelle. La science sociale doit au contraire, selon lui, se fonder sur la conception chrétienne pessimiste de l'homme et sur le Décalogue : la société européenne sera réorganisée sur le triple fondement de la morale religieuse, de la propriété (liberté de tester), de la famille, "cellule sociale" fondamentale, à l'image de laquelle doit se modeler l'organisation professionnelle, dans laquelle les grands propriétaires et les patrons joueront un rôle patriarcal. Les tendances paternalistes de Le Play exercèrent une grande influence sur certains catholiques sociaux et sur l'école d'Action française..."
http://www.annales.org/archives/x/leplay.html
Avec Albert de Mun, voir l'Éphéméride du 6 octobre), La Tour du Pin (voir l'Éphéméride du 1er avril), Alban de Villeneuve Bargemon (voir l'Éphéméride du 8 août), Le Play fait partie de ces Légitimistes trop souvent ignorés aujourd'hui, et injustement traités, à qui Michel Mourre a rendu justice, dans son Dictionnaire encyclopédique d’Histoire, article Légitimistes (page 2624, extrait) :
"…Ce serait faire une caricature que de représenter tous les légitimistes comme des nostalgiques du passé, fermés aux problèmes de leur temps ; bien au contraire, ils furent les premiers, avec les socialistes, à dénoncer les méfaits du capitalisme sauvage. Villeneuve-Bargemon, dans son Traité d’économie politique chrétienne (1834) et Villermé, dans sa grande enquête de 1840 sur la condition ouvrière, furent les précurseurs du catholicisme social. Bénéficiant de la confiance d’une grande partie des masses rurales, les légitimistes firent campagne, souvent en liaison avec les républicains, contre le régime électoral censitaire de la Monarchie de Juillet. Leur force électorale se manifesta après la Révolution de 1848, avec 100 élus à l’Assemblée constituante (avril 1848) et 200 à l’Assemblée législative (mai 1849). Cédant à l’affolement suscité par l’émeute socialiste de juin 1848, la plupart des députés légitimistes se réunirent avec les orléanistes dans le "parti de l’Ordre" . Fermement hostiles au coup d’Etat du 2 décembre et au second Empire, ils apparurent, après les défaites de 1870, comme les hommes de l’ordre et de la paix et eurent de nouveau près de 200 élus à l’Assemblée nationale élue en février 1871.
Ils incarnaient toujours la vieille France rurale, mais, avec Albert de Mun et La Tour du Pin, ils continuaient aussi à affirmer leurs préoccupations sociales et leur soucis de défendre les ouvriers contre les abus du capitalisme..."