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Rechercher : Rémi Hugues. histoire

  • Égypte : Islamisation ou chaos. Ou les deux. (II/III)

    1. L’Armée égyptienne pèse d’un poids considérable, autant par le budget qu’elle contrôle, et ses dérivés (comme l’immobilier), que par la force qu’elle peut déployer. Équipée par les États Unis depuis Camp David (1978). Le 8 décembre au matin, l’armée égyptienne a mis en garde les Frères musulmans, rejetant les méthodes du président Morsi, à savoir les pleins pouvoirs qu’il venait de s’octroyer afin de faire adopter en force une constitution théocratique. Elle laissa une option aux Frères musulmans : oui aux élections législatives pour élire une assemblée constituante, mais à la condition qu’ils ne présentent pas des candidats partout ; afin qu’ils ne soient pas majoritaires dans la future assemblée et pour qu’ils ne puissent pas y faire rédiger une constitution islamiste. Cependant, galvanisés par leurs succès et disposant alors d’une immense popularité, les Frères musulmans revinrent sur leur engagement et ils décidèrent de présenter partout des candidats. A l’issue du scrutin ils obtinrent la majorité parlementaire, ce qui leur permit de dicter la future constitution. L’armée qui avait été bernée tenta bien de s’opposer à la rédaction de la constitution islamiste mais les islamistes répliquèrent en lançant des masses vociférantes dans la rue. Devant ces démonstrations de force, l’armée choisit de reculer. 

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    Elle revint sur le devant de la scène le 22 novembre 2012, quand le président Morsi signa un décret s’autorisant à prendre les pleins pouvoirs, et quand il fixa  au 15 décembre la date du référendum constitutionnel dont le but était de faire de l’Égypte une théocratie. Des manifestations énormes se produisirent alors, regroupant tous ceux qui ne voulaient pas d’une telle constitution. Les Frères musulmans qui ne s’attendaient pas à une telle réaction populaire furent pris au dépourvu et leurs locaux pris d’assaut par la foule et incendiés. La police égyptienne n’existant plus, ils se trouvèrent alors en grand danger physique et totalement dépendants de l’armée qui reprit ainsi la main. Le 4 décembre, la Présidence étant sur le point d’être prise par les manifestants, l’armée sauva le président Morsi en l’exfiltrant, puis elle le ramena après l’avoir placé sous sa "protection". Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le président Morsi laissa entendre que le référendum serait repoussé. Sans que nous ayons la plus petite preuve, il nous semble cependant fondé de voir la main des Américains dans ce qui se décide à la tête des Armées égyptiennes. Il n’est pas concevable qu’elle soit entièrement équipée, entièrement instruite et la maintenance assurée par Washington sans que des pions n’aient été placés aux endroits stratégiques. Rappelons aussi que le canal de Suez, artère de navigation d’importance mondiale, est totalement sous la protection de l’Armée. Cette observation étant faite, ce corps est nécessairement soumis aux turbulences de l’islamisme. Et nous doutons beaucoup que les Américains puissent en contrôler tous les aspects.

    2. Une population aux revenus moyens ou faibles, toutefois misérable. C’est elle que l’on a vu sur la place Tahir, elle qui considère que la révolution a été confisquée, que l’espoir de réformes s’est évanoui. Fonctionnaires, petits cadres, essentiellement du tertiaire, étudiants sans espoirs. Si les islamistes (Frères musulmans et salafistes) ont remporté les différents scrutins organisés depuis la chute de Moubarak, leur accession au pouvoir nourri un sentiment de confiscation de la révolution. Les islamistes n’étaient en effet les penseurs ni les instigateurs du soulèvement populaire incarné par le "peuple de la Place Tahrir". Ce dernier avait pour cœur une jeunesse ouverte aux idées libérales et n’appelait pas à une prise du pouvoir par l’islamisme politique.

    3. Une intelligentsia brillante avec des noms internationalement connus à des postes prestigieux, Boutros Boutros-Ghali (copte), Mohamed El Baradei, une communauté de magistrats et de juristes qui tiennent toute leur place dans la société.

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    Boutros Boutros-Ghali (ci-dessus) et Mohamed El Baradei (ci-dessous)

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    4. Les islamistes, composés de salafistes, et de frères musulmans. Il est important de fixer le vocabulaire. L’islamisme est l’addition de l’intégrisme (suivre l’intégrité du texte) et du fondamentalisme (mise en pratique du texte). La conséquence est que des expressions comme « islamisme modéré » n’ont aucun sens, car on est islamiste ou on ne l’est pas. Les salafistes prêchent le retour à la vie du prophète, ce qui a deux conséquences immédiates, le rejet de toute frontière entre les pays (une frontière n’a aucun sens pour eux) et une totale indifférence au monde moderne. Le fils du roi Farouk, Fouad II, vient de déclarer (il vit en exil en Suisse) : "On ne gouverne pas une nation à coups de fatwas". Le charabia occidental, français en particulier, décrit l’approche des Frères comme "une conception englobante" de la tradition musulmane ! C’est une périphrase de la novlangue pour dire que l’islam est une organisation complète de la société, où le religieux et le séculier ne sont JAMAIS séparés. Les Frères musulmans ne font pas mystère qu’une autorité est placée au-dessus du peuple, celle de Dieu, verrouillant un corpus impossible à approcher par le commun dans toute la vie de la société : politique, juridique, sociale, morale, scientifique, culturelle … Si nous pouvions cesser de nous raconter des contes (hélas pas ceux des Mille et Une nuits), nous retiendrions le mot d’ordre lancé par les Frères pour les législatives : "L’Islam est la solution". Nous nous satisfaisons de peu, car ils démentent en même temps, vouloir promouvoir un État conforme à la Charia, sans que l’on réalise que c’est l’Armée qui s’est mis en travers. Pour combien de temps ? Car ne sous-estimons pas le poids de l’islam dans les Armées. 

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    Emblème des Frères Musulmans, et portrait de leur fondateur, Hassan El Banna : "Allah est notre objectif. Le prophète Mahomet est notre chef. Le Coran est notre loi. Le djihad notre voie..."

     

    5. Les coptes. Une communauté chrétienne évaluée à 10% de la population, soit autour de 8 millions. Désormais violemment tourmentée dans une totale indifférence internationale la communauté subit les mêmes persécutions que tous les chrétiens d’Orient, prenant leurs sources dans les mêmes mosquées .... Leur situation est d’autant plus tragique que l’Histoire nous dit qu’ils sont les plus anciens des Égyptiens, et donc enracinés dans une terre qu’ils aiment et qu’ils vénèrent. Mais il devient indéniable qu’ils ne peuvent plus se défendre dans tous les actes de la vie quotidienne. Pour ne citer que la Justice, où la dose de Charia (loi musulmane) ne cesse d’envahir les Lois, il leur est signifié qu’ils n’ont plus leur place sur leur terre. Jusqu’aux multiplications d’actions violentes, attentats et saccages des lieux de cultes. Avec pour seule alternative, la conversion à l’islam ou le cercueil, qui résonne dramatiquement notamment en France… La communauté copte aux États Unis est de 400.000 personnes environ, et le Wall Street Journal vient d’estimer à 100.000 ceux fraîchement immigrés après l’élection des Frères Musulmans au Caire. Tous disent "notre pays est devenu méconnaissable". Les dernières violences connues sont celles du dimanche 7 Avril 2013 devant la cathédrale copte du Caire, qui a laissé deux tués. Ils ont perdu l’espoir de voir l’État les défendre, avec un président Morsi dans la main de ses "Frères". 

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    6. Et une entité presque toujours oubliée, l’université Al Azhar, et son sceau de gardienne du dogme des sunnites, 80 % des musulmans du monde… L’institution vit une crise, mais en a-t-elle conscience ? Depuis le coup d’État de Nasser, accrochée au pouvoir politique quasi dictatorial, elle n’a pas su élaborer un discours réformateur sur la pluralité au sein de l’islam égyptien. Elle n’a pas réussi à formuler des propositions nouvelles dans le domaine théologique et juridique. Le grand imam a subi les évènements au point de mettre en jeu la légitimité d’Al Azhar, en estimant qu’il fallait ouvrir les portes en grand aux Frères Musulmans (leur bras politique, le Parti Liberté et Justice) et aux salafistes (Al Nur). Et se mêle tout ce que l’on aurait espéré ne pas trouver : des interdictions de telles productions culturelles et saisie d’ouvrages, des déclarations conservatrices et radicales, la progression lente mais inexorable des courants salafistes, lesquels se concentrent sur l’islamisation des espaces publics, des vêtements féminins, du langage, imprégnés de maximes religieuses et de versets coraniques; ils ferment les rues pour les prières, assaisonnées de propagande qui instaure une hégémonie symbolique. Jusqu’aux ascenseurs qui sont l’objet de toute leur attention. Il n’y a aucun doute que ces fractures religieuses vont aller en croissant puisqu’ils participent désormais au gouvernement. Depuis le début de l’explosion populaire, le père jésuite égyptien Henri Boulad ne cesse de tirer le signal d’alarme, sans être entendu. S’il fallait une preuve de plus, parlons de l’explosion exponentielle des fatwas. Cette production désordonnée se traduit par une compétition entre fatwas politiques, doctrinales et sociales, opposant prédicateurs et muftis. Le tout échappant complètement à Al Azhar. La nature des fatwas en dit long sur le délire dans lequel le fanatisme est embarqué : sur l’urine du Prophète, sur l’allaitement, sur la possession d’objets d’art. Une telle dérive fait dire aujourd’hui à quelques intellectuels que la crise égyptienne résulte de la destruction de l’ordre autoritaire… (à suivre). 

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  • Nuit, Silence et Amulettes… par Champsaur

    L’auteur a passé une quinzaine d’années dans les Services Spéciaux français, dans des activités opérationnelles, SDECE nom changé en DGSE. C’est donc perplexes et éberlués que nous sommes nombreux à avoir observé le déluge sur des activités de la NSA, sigle ne signifiant nullement Nuit, Silence et Amulettes, mais National Security Agency.

     

    Ce département de la communauté du renseignement américain est très connu des professionnels ainsi que de la littérature spécialisée, ce qui représente au niveau international beaucoup de monde. Même s’il ne l’est pas du grand public …

     

    Et donc cette vague d’étonnements, de surprises feintes, d’indignations théâtrales, d’affabulations accusatrices ont certes occupé des pages et des heures de media, mais sans que l’on perçoive le but de cette agitation, qui de toute évidence ne modifiera pas l’utilisation intensive de moyens techniques sophistiqués pour la promotion des intérêts des États Unis d’Amérique. 

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    A Fort Meade, au plus près des oreilles de la NSA... :

    http://www.liberation.fr/monde/2013/06/26/a-fort-meade-au-plus-pres-des-oreilles-de-la-nsa_914019

    Les Services Spéciaux ont toujours cajolé des devises ronflantes. La DGSE affiche un Nox generat lumen, ou Ad augusta per angusta. La NSA américaine « They serve in silence ».

    Il est très cocasse de lire ou d’écouter des anciens des Services français, ayant vaguement tenu des postes de responsabilités, venir doctement offrir des explications, alors qu’ils furent plutôt inexistants lorsqu’ils étaient en fonction…

     

     

    Un peu de vocabulaire

    Une série de synonymes : codage et code secret, chiffrement et chiffre, encryptement, cryptologie, les mêmes mots pour désigner l’action rendant illisible un message. Une fonction d’un service d’écoute est de « décrypter » le signal intercepté. C’est donc la course entre l’épée et le bouclier. Il est important de souligner que la France possède depuis l’origine de cette fonction (vers 1900) les meilleurs spécialistes des codes secrets, spécifiquement en la personne des mathématiciens des laboratoires de mathématiques de Normale Sup et de l’X, tel Jacques Stern (ci dessous, ndlr).  

    jacques stern.jpg

    http://www2.cnrs.fr/presse/communique/947.htm

     

     

    Classifié : c’est la mention attribuée à une information qui décide de son niveau de confidentialité et du droit à son accès, protégé par la Loi. Les échelles de classification sont variables selon les pays. Peu d’industries en sont pourvues.

    Les natures du signal à transmettre, il n’y en a que trois : voix, texte ou image.

    Les supports : il n’y en a que deux, le fil (aujourd’hui la fibre optique), et les ondes, transitant majoritairement par satellites.

    Il n’y a que trois manières de récupérer du renseignement, ce que Richard Nixon appelait les Arts de la nuit :

    * Par source humaine (donc un agent qui trahit; un de nos maîtres nous enseignait que recruter un agent, c’est fabriquer un traitre);

    * Par intrusion clandestine dans des locaux;

    *Enfin par moyens techniques, autrement appelés interceptions.

    En dernière analyse, il n’y en a pas d’autres.

     

     

    Un peu d’histoire

    La NSA américaine fut créée formellement en Novembre 1952, en agrégeant plusieurs services d’écoutes qui fonctionnaient depuis l’entrée en guerre des États-Unis.

    (lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/National_Security_Agency)

    JULIUS ET ETHEL ROSENBERG.jpgAvec le Projet Manhattan (fabrication de l’arme atomique), la nécessité apparut de renforcer la protection du secret contre l’espionnage soviétique dès le début des recherches (1942). Un des résultats le plus connu fut l’arrestation et l’exécution des espions soviétiques Julius et Ethel Rosenberg (photo, ndlr), les États Unis préférant essuyer une violente campagne des relais de Moscou plutôt que de dévoiler la source de leurs informations (en l’espèce les interceptions radio).

    Notons que la NSA n’a jamais réellement caché la puissance de ses moyens et son efficacité. L’action la plus spectaculaire vers le public ayant été en Juillet 1995 la déclassification de quelques archives (autour de 2.900 télégrammes soviétiques du KGB vers des illégaux aux USA, une goutte d’eau) de l’opération Venona, avec parfois des pseudonymes transparents (confirmation que Pierre COT était un agent soviétique), et d’autres conservant leur mystère (un ou une collaboratrice immédiate de De Gaulle à Alger en 1943, source soviétique, et identité connue des seuls Américains);

    (lien : http://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Venona)

    Au cours des cinquante dernières années la proportion de renseignements obtenus par moyen techniques a considérablement augmenté, représentant par exemple 90% de la production de la DGSE. La raison en est la facilité, moins dangereux que les deux autres procédés. De surcroit intercepter des ondes ne relève pas de l’atteinte à la vie privée. D’où la considérable montée en puissance de la NSA. Qui se chiffre par son budget. On répertorie seize services de renseignement américains pour un budget de 53 milliards $ (soit presqu’exactement la totalité du budget de la défense français; à noter que l’activiste américain Steve Aftergood avance le montant de 75 milliards $ …). Dans cette enveloppe la NSA pèse 11 milliards $, ce qui est absolument considérable (soulignons la disproportion avec le budget total de la DGSE soit 780 millions $, plus 73 millions $ de fonds spéciaux)

    La France est suspendue aux Services américains pour son propre renseignement, autant qu’elle est une cible.

    La lutte conjames woosley.jpgtre le terrorisme avancé par Washington, est un prétexte éventé depuis longtemps. Les quelques affaires dites françaises, proposées au public par nos Services dans ce domaine (DCRI) viennent de chez eux. Nous savons depuis bien longtemps que la mission de la NSA est le renseignement politique et économique dans le seul intérêt des États Unis d’Amérique, avec une surveillance tout azimut. En Mars 2000 le patron de la CIA, James Woosley (photo, ndlr), déclarait dans le Wall Street Journal que le renseignement américain espionnait tous les concurrents pour des raisons économiques.

    Une bonne synthèse du bond technologique accompli ces dernières années par la NSA est toute entière dans la revue « Wired » de Mars 2012, détaillant la construction d’un gigantesque centre de stockage et de traitement dans l’Utah :

    http://www.wired.com/threatlevel/2012/03/ff_nsadatacenter/all/ 

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Utah_Data_Center

     

    Il faut être très clair qu’il n’y a aucune possibilité de légiférer pour contrôler cette activité qui n’empiète qu’à la marge sur la vie privée. Un appel via un téléphone portable suit un circuit très complexe dont une branche est par nature en transmission radio, donc ouvertement accessible.

    Cette montée en puissance considérable de la NSA va de pair avec le développement des « data centers » où la France et l’Europe ont un retard dommageable, voire auront d’énormes difficultés à en retrouver la maitrise, si jamais…

     

    La réponse de la France à cette situation est médiocre et relève du coup de menton. Ce fut à partir de 2003 une agitation pusillanime autour du concept foireux de « l’intelligence économique », et du « patriotisme économique », beaucoup de salive, beaucoup de papiers, beaucoup de temps perdu. Alors que les Américains ont créé les structures simples pour distribuer au mieux le produit du renseignement industriel et commercial vers leur tissu économique, la France n’a cessé de se pénaliser en s’interdisant de fournir la maigre moisson de ses Services à ses entreprises. Les plus acharnés à organiser cette frontière sectaire entre l’activité économique privée et l’État, n’ont pas eu la décence de se taire depuis que les media glosent abondamment sur les activités de la NSA. Sans le talent de John Le Carré.

    Les cris de chat huant poussés par certaines autorités de la France peuvent laisser penser que les fonctionnaires ne lisent pas les journaux ! Alors qu’est public le budget de la défense américain qui est égal à la somme des budgets de la défense de tous les autres pays du monde.

    Rien n’est confidentiel dans ce qui est écrit ici et la littérature professionnelle à la disposition du public est particulièrement copieuse.

  • Fin de partie pour le Régime ? par Hilaire de Crémiers*

    Le peuple français en a assez, celui qui travaille, qui vit, qui croit dans son pays. Il n’est plus représenté ; il n’est pas gouverné ; il est matraqué. 

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    C’est sans issue. Les institutions de la Vème République ont été si affaiblies qu’il faut prévoir qu’elles ne résisteront pas à l’ébranlement qu’elles subissent aujourd’hui et qui n’est que le début d’un séisme économique et social d’amplitude inconnue. La contrainte des événements est trop forte, le quinquennat trop fragile, le gouvernement trop hétéroclite et dans ses membres trop impotent, la majorité parlementaire trop divisée, trop apeurée, à vrai dire aujourd’hui trop minoritaire dans le pays pour être qualifiée encore, sinon de nom, de « majorité ». Rien dans l’état actuel de nos institutions n’est capable de s’opposer avec quelque force et raison à ce qui va advenir inéluctablement dans les prochains mois. La population commence à le pressentir ; les parlementaires qui visitent leur circonscription à s’en affoler ; les préfets à avertir avec la gravité requise ; le gouvernement enfin à s’en rendre compte quoiqu’avec retard, tout en s’illusionnant de formules et de faux espoirs comme c’est si souvent le cas en pareilles circonstances quand une situation se dégrade.

    Un chef qui n’en est pas.

    Même François Hollande doute, sinon de lui-même, car il est fat, mais de sa position exacte dont il cherche vainement l’équilibre, depuis longtemps rompu ; son malaise se sent jusque dans son élocution et ses comportements hésitants. C’est qu’il ne sait rien de la politique, la vraie, celle de la France dont les constantes pour tout esprit averti se retrouvent de siècle en siècle : il ne s’y est jamais intéressé comme tous ceux de son espèce et ne l’a étudiée qu’à travers les schémas conventionnels de ses études de bourgeois bohème et médiocre. Si on ne voit pas cet aspect personnel qui porte sur la qualité intime de l’homme, il n’est pas possible de comprendre à l’avance la tournure tragique que vont prendre les événements. Tout historien de la vie politique française sait que le chef de l’État doit avoir en France une certaine étoffe. Le drame qui survient réside dans cette première et fondamentale constatation. L’homme n’est pas à la hauteur. D’ailleurs, dans le monde politique officiel y en a-t-il seulement un ?

    En attendant c’est lui qui est là et quelle guigne ! Pas un Français ou à peu près qui ne le pense et ne le dise. Dans les bistrots, dans les salons, dans les halls de gare, partout ! Comment pourrait-il appréhender ce qui se passe ? Comme tous ses pareils, sans connaissance profonde, toujours dans le superficiel, pire sans goût véritable, ignorant de l’art français, donc de l’artisanat, méprisant tout ce qui relève des PME, en fait homme des grands groupes, des structures établies, de la finance immorale et apatride qu’il ne dénonce que pour mieux s’en servir comme n’en témoigne que trop un entourage sinistre d’individus sans scrupules qui l’ont aidé à asseoir son pouvoir, sans autre perspective que le minable « idéal » social-démocrate qu’il identifie à la République, n’ayant pour pratique que les micmacs politiciens et partisans, que peut faire un tel « type » à une telle place ?

    Maintenant, au bout de dix-huit mois de mandature, il se trouve seul devant lui-même, c’est-à-dire devant le néant. Chacun dans son gouvernement, dans ses réseaux, dans ce qui fut son parti, ne songe plus qu’à lui-même et, comme l’homme n’est pas fou, il s’en rend compte. Il n’arrivera jamais à remettre de l’ordre. En réalité – et ça se devine dans ses tâtonnements – il ne sait plus quoi penser ni de sa personne qu’il surestimait niaisement, ni de ses conseillers qui ne pouvaient que le décevoir, en particulier les économistes qui le persuadaient d’un rebond français et d’une « inversion » de la courbe du chômage sur laquelle il a engagé tout son crédit. Se méfiant désormais de ses familiers qui, comme lui d’ailleurs, ne commettent que des bourdes, il s’essaie, mais jusqu’ici sans résultat, à s’appuyer sur un Premier ministre falot, qui n’existe pas plus que lui : Jean-Marc Ayrault n’a aucun charisme ; il ne répond aux nécessités du moment que par des reculades qu’il effectue avec force coups de menton, et en diluant les difficultés présentes dans de vastes considérations hors de propos, tout comme ses ministres dont les seuls connus ne sont que des moulins à parole sans efficacité aucune.

    Contre le peuple, la lutte républicaine.

    Ce tableau n’est pas noirci à plaisir : il est tout simplement vrai. C’est celui que voient les Français. Aussi n’est-il pas étonnant que la révolte gronde. Alors que tout va mal, que les conditions de vie se détériorent, la seule préoccupation du gouvernement, sur ordre précis de ceux qui furent les maîtres financiers de la dernière élection présidentielle, fut de faire passer la loi dite du mariage pour tous, malgré l’opposition d’une grande majorité des familles françaises, et en y incluant par anticipation, et sans le dire, avec cette hypocrisie si caractéristique de ce milieu de prétendus dirigeants, tout ce qui s’ensuit et qui est proprement criminel sur le statut de l’enfant. C’est leur seul bilan. Quant au reste, ce gouvernement ne connaît que l’impôt et la taxe avec l’unique idée de faire payer les Français, de casser les familles, de pulvériser les patrimoines et d’englober le social dans l’étatique pour mieux dissimuler dans une opacité voulue la totale ineptie de leur gestion. Le peuple français, bien que tout soit fait pour l’abrutir, n’est pas totalement idiot et, malgré sa bonne volonté, il n’en peut plus. Il le dit, il le manifeste. Et ce n’est qu’un début.

    ayrault.jpgAlors, devant la colère qui monte de partout, alors que l’économie français s’écroule par pans entiers, en raison essentiellement des choix politiques absurdes maintenus depuis des décennies pas une classe politique coupée des réalités, Jean-Marc Ayrault ne trouve rien de mieux, pour reprendre la main, que de faire la « grande » proposition d’une « grandissime » réforme fiscale, et qu’il prétend mettre en œuvre tout de suite. Et d’inviter en premier les syndicats ! Ce qui est contraire à tous les principes constitutionnels, car c’est au peuple et à ses représentants de consentir à l’impôt. Pas aux syndicats ! Députés et sénateurs auraient dû hurler : ils ne viennent qu’après et uniquement dans le cadre des partis, ce qui est encore outrageant, car les parlementaires par eux-mêmes représentent, toujours selon les principes, la nation. Alors, pourquoi ce chantier ? Mais en raison d’une évidente collusion ! Les syndicats comme les partis sont discrédités. Tous les mouvements se font sans eux et même contre eux ; leurs discours de haine sociale et politique ne passent plus. Reste donc à Jean-Marc Ayrault à jouer ce jeu terrible mené tant de fois dans l’histoire de la République par ses prédécesseurs : dresser les appareils légaux qui se sont emparés des institutions et des lieux de pouvoirs, contre le pays réel, opération de survie pour un régime qui ne vit que de divisions, parti contre parti, classe contre classe, riches contre pauvres, banlieues contre centres-villes, paysans contre citadins… Là se résument toute sa mécanique et sa raison d’être. Rien n’est pire pour lui que de voir, face à lui, le pays tout entier se réunir pour clamer son « ras-le-bol ».

    Il y a dans les politiciens qui dirigent la France, une crainte latente et donc une haine du peuple véritable, surtout quand il n’adhère plus à leurs discours. « Le populisme », voilà l’ennemi ! Ils seront donc implacables ; car, pour reprendre le langage qu’ils affectionnaient dans leur jeunesse marxisante, ils encourent le risque de n’être plus bientôt qu’une superstructure obsolète et vouée à disparaître, selon les prédictions pour une fois exactes d’un Saint-Simon et d’un Marx. Ce dont ils ne veulent à aucun prix et peu leur chaut au fond qu’en France, en ce moment, six entreprises disparaissent par heure, mille emplois soient détruits par jour et qu’un paysan se suicide toutes les 48 heures. Ils ne manœuvrent que pour leur seul pouvoir. Comme toujours, depuis deux cents ans, ils ne le lâcheront que quand il ne sera plus intéressant de l’avoir. Ils sont comme ça. Il est de vrais amis du peuple, ce ne sont pas eux !

    * Analyse politique parue dans le numéro 124 (décembre 2013) de Politique magazine.

  • Il faudra pourtant bien en sortir....(1/4) : Depuis 1975, la République idéologique ”change le peuple”...

            En ce qui concerne l'immigration, nous recevons régulièrement des messages qui, pour être tous très différents les uns des autres, posent en réalité tous le même problème et qui, même avec des formulations parfois très éloignées les unes des autres, en reviennent toujours à la même question centrale : comment en est-on arrivé là, que proposez-vous, que faire pour "en sortir"... ?

             Pour essayer de répondre, non pas à tout le monde à la fois et d'un seul coup - c'est "mission impossible"...- mais, peut-être et au moins en partie, à l'essentiel des préoccupations de celles et ceux qui écrivent, nous allons tâcher de proposer ici un rapide survol qui s'efforcera d'abord de résumer la situation dans ses grandes lignes, et par redire, pour commencer, comment on en est arrivé là; puis nous évoquerons les remèdes dérisoires que propose le Pays Légal pour règler (?) des problèmes qu'il a lui-même, tel un apprenti sorcier, follement créés; ensuite, nous reprendrons ce que nous avons déjà écrit ici-même, à savoir qu'une des solutions pour "en sortir" pourrait être de mener ce que l'on pourrait appeler une politique des trois tiers ; et, pour ceux qui seraient sceptiques, on lira, comme une sorte de conclusion provisoire, l'opinion de Michel de Jaeghere... 

            Nos lecteurs pourront évidemment poursuivre le débat, en continuant à écrire ou en postant des commentaires; ils pourront aussi se référer à notre PDF "Contre la France métisse..."  :

    http://lafautearousseau.hautetfort.com/list/documents/conference_contre_la_france_metisse___pdf.html

            Aujourd'hui ....(1/4) : Depuis 1975, la République idéologique "change le peuple"...

            On connaît la celébrissime formule d'Edgar Poe, dans son Colloque de Monos et Una "...en dépit de la voix haute et salutaire des lois de gradation qui pénètrent si vivement toutes choses sur la Terre et dans le Ciel, des efforts insensés furent faits pour établir une Démocratie universelle...."

            Pour qualifier ce qui se passe en France depuis une quarantaine d'années, en ce qui concerne l'immigration, on pourrait s'inspirer de la formule, en la parodiant : depuis 1975, des efforts insensés furent faits pour établir des populations nouvelles en France, ce qui revient, concrètement, à "changer le Peuple" ! (1)....

             Mais, au final, et au vu des résultats de cette politique insensée, beaucoup en viennent publiquement à évoquer le risque de troubles violents et, tel le perroquet du conte de Bainville, donnent leur sentiment: "Ca finira mal !..."

             Car, force est de constater que la greffe que veut imposer le Pays Légal, dans son entreprise de subversion et de dynamitage de cette vieille nation historique qu'est la France, prend mal. Qu'elle ne prendra de toutes façons qu'en partie et que, pour une autre partie, elle ne prendra tout simplement pas.

             La situation créée artificiellement depuis 1975 est en effet explosive. Et, de fait, on ne se risque pas trop en disant que, de toutes façons, cela ne pourra pas durer éternellement, et que les choses ne pourront pas rester indéfiniment en l'état...

             "Cela fait 25 ans que l'on ment sur les flux migratoires" écrit sans détour Gérard François Dumont (2).

              La démographe Michèle Tribalat confirme ses dires, et explique que nous assistons à "un processus de substitution démographique" et à une véritable "séparation territoriale dans certaines villes de France" : en Seine Saint Denis, deux habitants sur trois , en moyenne, sont d'ores et déjà d'origine étrangère. Un taux qui atteint 80% dans certaines localités !

    immigration seine saint denis.JPG
    Quelque part dans la "Nouvelle France" :
    pas le Canada, mais la Seine-Saint-Denis, avec son nouveau "peuple" que nous impose le Système,
    en version accélérée depuis près de quarante ans...

                Rappelons-le très rapidement : l'accélération inouie de cette évolution est récente. Elle ne date que de 1975, lorsque Jacques Chirac, Premier Ministre, a décidé d'une part de recourir à un plus grand nombre de travailleurs étrangers, d'autre part d'instituer le regroupement familial. Deux mesures qui se sont révélées désastreuses, à la fois pour l'économie nationale et pour l'équilibre même de notre Société.

               Pour l'économie d'abord : en effet, l'arrivée soudaine d'une main d'oeuvre très bon marché a découragé les investissements destinés à la modernisation de notre appareil de production; elle a tiré les salaires vers le bas (ainsi s'explique en partie le fait que, très souvent, les salaires perçus réellement par les travailleurs sont insuffisants...); elle a enfin retardé les investissements dans la Recherche, vraie créatrice d'emploi, et permettant de préparer vraiment l'avenir. En somme, elle a déséquilibré notre économie, elle a empêché son assainissement, elle nous a fait entrer a reculons dans le nouvel environnement économique marqué par la mondialisation (3).

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    Gérard-François Dumont

                 Mais les conséquences sur le moral et le mental sont tout aussi désastreuses, et même encore beaucoup plus : elles peuvent même se réveler mortelles, et à brève échéance, pour la Nation Française. Les partisans de la "France métisse" se gargarisent des mots multiculturel, multiracial, multiethnique etc.. Mais cette France libaniséee/balkanisée qu'ils veulent imposer n'est rien d'autre qu'une juxtaposition fragile de communautés et de gens séparés par beaucoup de choses, et parfois par l'essentiel : leurs racines, leurs moeurs, leurs fondamentaux , pour employer un terme un peu pompeux, mais assez juste en l'occurrence. Sans compter que recevoir un aussi grand nombre d'étrangers en si peu de temps, rend mécaniquement impossible et l'assimilation et l'intégration.....

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    Michèle Tribalat

                 Seuls le temps et l'Histoire diront donc si, en cas de crise majeure comme en connaissent toutes les nations, cette fragile construction résistera ou si, comme au Liban justement, tout volera en éclat....

                 On le voit, la décision de Jacques Chirac en 1975 est lourde de conséquences, néfaste au point de vue économique, peut-être mortelle au point de vue de la constitution physique du Peuple Français.

                 Pour une décision de cette importance, touchant au coeur même de la Nation (qui constitue la France ?) le Peuple n'aurait-il pas dû être consulté ? N'aurait-il pas dû pouvoir se prononcer sur la présence et le nombre d'étrangers sur notre sol, ainsi que sur l'octroi éventuel de la nationalité française à ces étrangers....( à suivre...)

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    "Ethnique", disent-ils (!)...

    (1) : étant bien entendu qu'il y a deux façons de "changer le peuple" : dans son physique, comme nous l'évoquons ici, mais aussi, et surtout, dans son moral, dans son mental, dans son esprit : et, là, c'est dès ses origines, dès la Révolution et dès l'instauration de la République en 1875, que le Système s'est appliqué méthodiquement à "changer le peuple", en le coupant de ses racines, et en livrant une guerre incessante et sans merci à toutes les traditions constitutives de notre Être profond....

    (2) : dans Population et Avenir, janvier 2007.

    (3) : Voir dans la Catégorie "Vidéo/Audio/Conférences" la vidéo d'Eric Zemmour "Zemmour sur i-téle (vidéo): L'immigration pour faire baisser les salaires.....".

  • 8 juin 1795 : Un petit enfant martyrisé cesse enfin de souffrir. Ou : les Rois Martyrs...

                8 juin 1795 : Isolé, en proie aux terreurs nocturnes sans que jamais personne ne vienne répondre à ses détresses, rongé par la maladie dûe à ses conditions inhumaines de détention, le martyr d'un enfant de dix ans cesse enfin. La mort libère le petit Louis-Charles, duc de Normandie, devenu Louis XVII -et deuxième roi martyr- à la mort de son père, Louis XVI, premier roi martyr....

               "L'enfant emmuré tel un cadavre au sépulcre, tenu dans un total isolement affectif et social, rongé par la vermine, ses articulations déformées et semées de tumeurs, passa seul sa dernière nuit en ce monde, sans avoir jamais cessé de croire que sa mère était encore présente à l'étage au-dessus de lui."... (Edmonde Charles-Roux, de l'Académie Goncourt).

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               Portrait de Louis XVII, par Greuze, premiers mois de 1795 (peinture à l'huile, 466 mm x 368).

               Le portrait où l'enflure du visage, le teint blafard, l'attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d'après une impression directe.

               Greuze essaie une dernière fois d'idéaliser cette loque humaine que Laurent -le nouveau gardien, créole, que lui a affecté la Convention- a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux injectés de sang, assis semble-t-il sur son lit, avec une chemise et des bretelles, manquant de force pour se lever. Comme on n'a jamais retrouvé le profil tracé par Belanger le 31 mai 1795, le portrait de Greuze, où l'on sent une impression directe, est le dernier portrait certain de Louis XVII.

                Le portrait où l'enflure du visage, le teint blafard, l'attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d'après une impression directe.

               Greuze essaie une dernière fois d'idéaliser cette loque humaine que Laurent -le nouveau gardien, créole, que lui a affecté la Convention- a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux injectés de sang, assis semble-t-il sur son lit, avec une chemise et des bretelles, manquant de force pour se lever. Comme on n'a jamais retrouvé le profil tracé par Belanger le 31 mai 1795, le portrait de Greuze, où l'on sent une impression directe, est le dernier portrait certain de Louis XVII.

              Chateaubriand écrit à propos de Louis XVI, dans ses "Mémoires d'Outre-Tombe": "Le respect que doivent inspirer la vertu et le malheur du Roi saint et martyr rend tout jugement humain presque sacrilège." (Pléiade, tome 1, page 174).

              Comme souvent chez Chateaubriand, la phrase est heureuse. Ne conviendrait-il pas, cependant, de compléter cette formule, "le Roi martyr", et pour la rendre plus juste encore, de l'employer au pluriel: "les Rois martyrs" ?

              En effet, dans sa fureur haineuse, la révolution a bien assassiné "le" Roi en assassinant Louis XVI, et cela suffisait d'après elle, puisque, pour les révolutionnaires, avec et après cet acte, "le charme séculaire de la monarchie"(dixit Jaurès) était rompu.

              Mais ce point de vue, c'est celui des révolutionnaires, et quelqu'odieux qu'ait été cet acte, le Roi ne meurt pas ("Le Roi est mort, Vive le Roi !); à l'instant même où les roulements de tambour de Santerre annoncent le forfait, la Reine qui les entend, prisonnière au Temple, s'agenouille devant son fils, le petit Dauphin; car à cette seconde même, ce petit garçon de huit ans, Louis-Charles duc de Normandie, cesse d'être le petit Dauphin: il est devenu Louis XVII, Roi de France, roi de fait et de plein droit.

              Ce n'est que pour les révolutionnaires qu'il n'y a plus de Roi en France. Pour le Droit et pour la continuité historique, pour la France éternelle, la Royauté continue, même sans gouvernement ni puissance; même sous les traits d'un Roi-enfant né pour souffrir, et lui aussi martyrisé (il  mourut deux ans et quatre mois après son avènement, ce funeste 21 janvier 1793, la légitimité passant alors tout naturellement à son oncle, Louis XVIII). 

             Donc, même si la révolution a prétendu tuer "le" Roi, dans sa folie criminelle (qui a instauré l'ère des effroyables totalitarismes modernes) il y a bien eu deux Rois Martyrs, Louis XVI et son fils Louis XVII. Sans oublier, dans cette trilogie de souffrances et d'inhumanité, la Reine Marie-Antoinette. C'est bien une Famille qui a été volontairement, délibérément, lucidement, massacrée.

             Il ne s'agit plus de pardonner aux bourreaux parce qu'ils ne savaient pas ce qu'ils faisaient, mais bien au contraire parce qu'ils savaient ce qu'ils faisaient .....

             Il s'agit donc de pouvoir enfin regarder ce passé en face, afin de pouvoir le surmonter et le "dépasser". Mais on ne peut "dépasser" qu'une faute reconnue et assumée comme telle, clairement nommée, datée, identifiée. Les russes l'ont fait avec leur famille impériale, qu'ils ont canonisée; ils ont ainsi "tourné la page" de 1917, apaisé et "purifié" leur passé. Or leur révolution vient de la nôtre, qui est la matrice de leur totalitarisme marxiste-léniniste (comme elle est, en Allemagne, la matrice du totalitarisme nazi, tous deux fils jumeaux de la Terreur et de l'idéologie révolutionnaire de la Convention). 

              Ce qu'ont fait les russes là-bas il faut le faire  ici: comme semblait déjà le suggérer Chateaubriand ("le Roi saint et martyr") : il faudra bien, un jour, canoniser la famille royale, Louis XVI, Marie Antoinette et Louis XVII ("les" rois martyrs et non "le" roi martyr). Et ce, non par nostalgie ou folklore, encore moins par esprit de vengeance, mais comme un acte fort et plein de sens. Afin de renouer -comme l'on fait les russes- les fils rompus de notre histoire; afin de "recoudre" après qu'on ait "taillé" (pour reprendre la formule de Catherine de Médicis); afin de pouvoir tourner cette page ouverte en 1793, et qui ne pourra l'être que lorsque les faits qui ont été perpétrés seront reconnus comme tels. Car tant qu'il n'y a pas pleine conscience et plein rejet d'une faute, il ne peut y avoir de nouveau départ, sur des bases assainies et apaisées.

              Il faut s'accommoder de la révolution-fait, mais se dépêtrer de la révolution-idée. Et le cycle ne sera achevé, la page tournée que lorsque les crimes et la barbarie de la révolution auront été reconnus et établis, donc dépassés, comme tels...

  • 26 millions de royalistes, par Alain Decaux.

              Voici le texte complet de l'excellent article d'Alain Decaux, paru sous le titre "26 millions de Royalistes."

              Il s'agit du premier article d'une série de neuf, écrits chacun par une personnalité différente, et regroupés sous le titre global "Journal de l'Histoire 1788".

              L'ensemble a été publié dans "Le Figaro", du 13 juillet 1988 au 25 août 1988.           

              Le 13 juillet 1788, on le sait, un cataclysme tel que nul en France n'en avait gardé la mémoire accabla l'Ouest de la France: la grêle s'abattit partout avec une telle violence qu'elle anéantit la moisson. Fallait-il être grand clerc pour en déduire que le pain, en 1789, serait rare et que donc il serait cher. On n'avait vraiment pas besoin de cela, alors que surgissaient déjà tant de raisons d'inquiétude et non moins de sujets de mécontentement. Quelques temps plus tôt, un voyageur anglais, Arthur Young, agronome de profession et observateur d'instinct, notait: "Une opinion prévalait, c'est qu'on était à l'aurore d'une grande révolution dans le gouvernement." Vers la même époque, un des derniers ministres de Louis XVI, Calonne, avait, dans un rapport adressé au Roi, formulé un diagnostic plus sombre encore: "La France est un royaume très imparfait, très rempli d'abus et, tel qu'il est, impossible à gouverner." Une révolution imminente, un pays impossible à gouverner: pourquoi ?

              L'étrange de l'affaire est que, dans son ensemble, la France ne s'est jamais aussi bien portée. Oubliées, les épouvantables famines qui avaient désolé le règne de Louis XIV, celle de 1709 ayant à elle seule causé deux millions de morts. Éloignées, les grandes épidémies qui, au XVIII° siècle encore, avaient répandu la terreur. Qui plus est -et c'est peut-être l'élément capital- de 1715 à 1792 le territoire national n'a connu aucune invasion étrangère. Que découvre l'étranger qui, en 1788, parcourt la France? Un pays de 26 millions d'habitants -le plus peuplé d'Europe- dont l'opulence le frappe. Une nation en pleine expansion économique. Une agriculture de plus en plus prospère. Un commerce florissant. Paris est, pour le monde entier, l'incarnation d'une civilisation portée à son plus haut degré. Toute l'Europe parle français.

              Le problème, le vrai problème, est que, si la France est riche, l'Etat est ruiné. Du Roi jusqu'au plus humbles des citoyens, les français cherchent éperdument la solution d'une crise dont on sent qu'elle menace jusqu'à l'existence de la nation. Pour le Roi et ses conseillers, cette solution doit rester financière. Pour le plus grand nombre de français, elle ne peut que devenir politique.

                             L'évidence des réformes.

              Le colossal déficit accumulé d'année en année depuis si longtemps ne pouvait être réduit à néant que par le vote de nouveaux impôts. Cependant seuls les États Généraux, élus par l'ensemble de la nation, pouvaient voter des impositions supplémentaires. Ils n'avaient pas été convoqués depuis 1614. Fallait-il les réunir ? Le poids total de l'impôt reposait sur le Tiers État. Le clergé et la noblesse en étaient dispensés. L'occasion se présentait d'une plus grande équité fiscale. Fallait-il la saisir ? Le siècle tout entier aspirait, non pas à une révolution mais à des réformes. Le premier, Montesquieu avait souhaité un état libéral. Rousseau avait exposé les principes idéaux d'une démocratie égalitaire. Avec son extraordinaire alacrité, Voltaire avait donné la priorité à la liberté individuelle et à la tolérance. Jamais des théoriciens n'avaient rencontré si prodigieux écho. Toute la France cultivée les avait lus. Pour une raison évidente: ils s'adressaient à des esprits préparés.  

                Depuis plusieurs décennies, la bourgeoisie avait mobilisé une grande partie de la fortune de la France. Elle ne pouvait et ne voulait plus accepter les privilèges réservés à la noblesse, par exemple celui, exorbitant, qui, depuis 1781, accordait aux seuls nobles le droit de devenir officier. Non seulement elle les trouvait injustes mais humiliants. Qui dira la part des humiliations dans la naissance des révolutions ? Les paysans, dans leur majorité, étaient devenus propriétaires de leurs domaines. Mais ils devaient toujours au seigneur dont dépendait autrefois leur terre une incroyable quantité -jusqu'à 70% de leur revenu- de droits en nature ou en argent. Si la bourgeoisie enrageait, la paysannerie gémissait. Les cahiers de doléances qui devaient précéder la convocation des États Généraux allaient unanimement réclamer l'égalité devant l'impôt, l'égalité civile, l'accès aux emplois selon le mérite et non selon la naissance, l'accès de tous aux grades militaires. Tout ce qui pour nous est aujourd'hui la règle. Tout ce qui restait alors à conquérir.

                              Demain les États Généraux.

              Comme tout est allé vite! L'année 1788 s'ouvre, le 4 janvier, par un réquisitoire du Parlement contre les lettres de cachet qui permettent, sans jugement et par simple décision royale, de faire arrêter les citoyens. Soutenus par l'opinion, les parlementaires vont plus loin: ils réclament la liberté individuelle comme un droit fondamental. Le 3 mai, le Parlement affirme que le vote des impôts appartient aux États Généraux. En mai et juin, le Parlement de Grenoble entre en rébellion contre l'autorité royale. Le 11 juin, des émeutes éclatent à Dijon et à Toulouse. Le 14 juin, Grenoble réclame la convocation des États Généraux. Le 19 juin, Pau s'enflamme. Le 21 juillet, à Vizille, cinquante ecclésiastiques, cent soixante cinq nobles, deux cent soixante seize membres du Tiers État réclament les Etats Généraux.

              Le 8 août, Louis XVI capitule: les États Généraux seront convoqués pour le 1° mai 1789. Le 16 août, l'État doit suspendre ses paiements. C'est la banqueroute. D'évidence, ceci explique cela. Le 26 août 1788, le Roi rappelle Necker. Le retour aux affaires de ce grand bourgeois, suisse, protestant et libéral, fait croire à un peuple enthousiaste que la France est sauvée. Au début de novembre, une société de pensée qui réunit La Fayette, Mirabeau, Sieyès, Condorcet, Talleyrand, réclame que le nombre des députés du Tiers État soit doublé par rapport à ceux de la noblesse et du clergé. Elle demande que les votes, aux États Généraux, soient comptés par tête et non par ordre. Elle revendique -voilà qui est nouveau- un gouvernement représentatif. Le 27 décembre, Necker accepte le doublement du Tiers.

              Ainsi s'achève l'année 1788. Une immense gratitude monte vers le Roi Louis XVI en qui l'on voit le restaurateur des libertés. Il n'y a pas un seul républicain en France (1). "Nous sommes nés pour chercher le bonheur", écrit Madame Roland. Il n'est, pour préoccuper les esprits pessimistes, que cette catastrophe climatique qui a anéanti la moisson. Les optimistes répondent que dans un an on n'en parlera plus.

              Dans un an, le 13 juillet 1789.......

    (1): voir lA note "Royauté, évolutions, Révolution...." dans la Catégorie "République ou Royauté ?".

  • Voeux d'espérance pour une annnée qui s'annonce difficile....

            Mais, au fond, quand "les choses " ont-elle été faciles ? Il y a eu, c'est vrai, dans l'histoire de l'humanité, des périodes fastes, des moments de grâce, pourrait-on dire : la Grèce de Périclès, l'apogée de l'Empire romain avec les Antonins, la Florence des Médicis, le Grand siècle en France... Encore ces époques-là, pour exceptionnelles qu'elles furent, connurent-elles malgré tout des déboires, des guerres, des difficultés, des aspects plus sombres... Et, finalement, c'est - hélas... - Bainville qui a raison : "Tout a toujours très mal marché"....

            Croit-on que "les choses" aient été faciles à la chute de l'Empire romain, pour Saint Augustin qui mourrait dans sa ville assiégée par les barbares, ou pour les Gallo-romains qui voyaient leurs villes détruites et pleuraient leur bienfaisante Pax romana ? Au Moyen-Âge de la Guerre de Cent ans, à laquelle s'ajoutaient la Peste et les Famines ? En France, sous la révolution, quand la folie s'empara du pouvoir en asservissant le pays sous la Terreur et le Génocide ?...

            Alors, oui, c'est vrai, et il est inutile d'essayer de se le cacher, sous un optimisme de façade qui ne serait que benêt : nos temps sont durs. "...Mais ce sont nos temps", comme le dit le Prince Jean, et, si l'on peut envier ceux qui ont eu la chance de vivre sous Périclès, ou sous les Antonins, ou sous les Médicis, ou sous Louis XIV... il est beau aussi, dans la nuit, de croire à la lumière.... Et il est beau, selon le mot de Léon Daudet, d'être des "mainteneurs malgré tout"; et de réaliser l'exhortation de Mistral, "Mau-despié de l'erso que lou sapo, adusès vosto clapo per mounta lou clapié.." (Et, malgré la vague qui le sape, apportez votre pierre pour élever l'édifice...").

            Ce n'est donc pas de lamentations dont nous avons besoin, mais d'engagement et de résolution. En renouvelant, une fois de plus, notre volonté d'oeuvrer pour la France et pour le Bien commun.

           Dans cinq jours, on célèbrera le six centième anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc : voilà un grand et bel exemple d'action et d'engagement, en des temps plus que difficiles. Et Jeanne montre bien le chemin : elle a sauvé la France, en remettant en place la Légitimité.

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           Cette Légitimité dont nous voyons bien, depuis longtemps, mais d'une façon de plus en plus évidente maintenant, même et surtout pour le grand public, qu'elle fait défaut aux Institutions qui prétendent guider le pays, alors qu'elles ne font que l'enfoncer dans un lent et continuel déclin, avec son cortège de pauvreté, chômage, dette, violence, pression fiscale excessive, injuste et, surtout, inefficace....

            Cette Légitimité qui nous conduit tout naturellement à nous tourner vers la Famille qui l'incarne et qui en est la dépositaire : la Famille de France. Nous redisons donc notre attachement indéfectible, en premier lieu, au Comte de Paris, Chef de la Maison de France. Ensuite, au Dauphin, le Prince Jean, à son épouse, la Princesse Philoména et au petit prince Gaston, dont on sait qu'il attend, dans les semaines qui viennent, un petit frère ou une petite soeur : l'arrivée de ce second enfant dans le couple princier est un beau symbole de fraîcheur, d'optimisme et d'espérance en l'avenir, en ces temps où dominent le gris et le morose....  

            On nous permettra aussi, après avoir présenté nos voeux à la Famille de France, de les présenter à lafauteraousseau : que sa progression continue, que son audience s'élargissse encore, non pas, bien sûr, pour nous congratuler nous-mêmes, mais pour mieux faire entendre une voix qui n'a d'autre ambition que de servir la France et le Bien commun. Vous le savez, nous vous en informons régulièrement, les progrès de votre quotidien sont continus, et les statistiques de fréquentation restent ascendantes. Ce mois-ci, nous venons de dépasser, pour la première fois, les 100.000 "pages lues" par mois (101.459, très exactement...), et notre prochain objectif - si votre aide ne se dément pas, c'est pour bientôt... - est d'arriver - pour les dépasser ensuite... - aux 30.000 visites mensuelles.

             Mais il y a plus important que ces chiffres : c'est ce qu'ils recouvrent. "Donnez-leur des raisons", disait Maurras. Ces plus de "cent mille pages lues" ce mois-ci, ces "30.000 visites" mensuelles que nous aurons bientôt, à quoi correspondent-elles ? Ceux qui viennent sur lafauteraousseau, ce n'est pas pour y lire des bandes dessinées, ni des brèves de comptoir, genre café du commerce : mais pour y consulter, par exemple, les quatorze vidéos de nos Cafés politiques, dans lesquelles tout le monde peut trouver la transmission d'un corps d'idées, d'un ensemble de doctrines, cohérents et forts.

            Si l'on examine l'ensemble de ces 14 Cafés politiques que nous avons tenus, à Marseille, en 2010 et 2011, tous enregistrés en vidéo, tous mis en ligne sur nos blogs, tous à la disposition de ceux qui, à tout moment, veulent s'informer ou se former, notamment les plus jeunes, l'on s'apercevra que nous y avons traité, dans l'esprit véritable d'une Action française actuelle, les sujets les plus cruciaux, pour la société française et l'avenir du pays : la théorie du Genre; la Crise; la Présidentielle; les Printemps arabes; la Mondialisation, Babel effondrée; l'identité nationale face à l'immigration; la tyrannie de la bien-pensance; guerre économique et nationalismes....

            Encore ces Cafés ne sont-ils qu'une petite partie de tout ce que peuvent trouver sur le Blog ceux qui cherchent à découvrir nos Idées : il y a aussi les Grands Textes, les PDF, les Documents audios et vidéos, les Albums, et tout ce qui va venir s'ajouter cette annnée..... : il est clair que nous allons continuer à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour poursuivre et amplifier l'action entreprise : il suffit de voir les projets que nous avons d'ores et déjà annoncés et présentés, d'un mois de janvier exceptionnel au mois de septembre qui permettra de donner tout son relief à l'annnée Maurras...

            "Ce n'est pas de la louange que nous voulons pour nous. C'est de nos idées, c'est de notre méthode qu'il importe de dire du bien. Ce sont elles qui sont de bonnes conductrices. C'est à elles que nous devons de déchiffrer la réalité, de ne pas nous perdre dans la forêt obscure. Bonne méthode, justes idées, soyez remerciées et, pour les jours à venir, conduisez-nous encore".

             Ces mots de Bainville, dans L'Action française du 2 janvier 1915, tracent notre voie pour l'année - et les années... - à venir.

           Et vous ? Continuerez-vous à participer à cette action, à oeuvrer avec nous, dans la même direction, en redoublant vous aussi d'efforts pour donner des ailes à vos idées ?

           Bonne année à ces Idées, pour la France, pour le Bien commun, pour et par les Princes..... 

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  • Notre entretien sur Charles Maurras à Martigues, avec Georges Bourquard, du Dauphiné libéré...(IV/V)

    MAURRRAS CANOTIER.jpgL'antisémitisme de Maurras...

    Nous avons surabondamment parlé de ce sujet sur le Blog, en répondant, par exemple, à des articles ou des déclarations d'un Bernard-Henry Lévy, d'un Alain-Gérard Slama ou d'autres....

    Comme pour de précédentes questions, nous avons donc renvoyé Georges Bourquard à ce qui se trouvait sur Lafautearousseau, et notamment à notre PDF M. le Maudit ...

    Nous ne devons pas craindre de parler franchement de l'antisémitisme de Maurras. Au contraire, il faut l'expliquer, le remettre dans son contexte et, le comparant à d'autres, montrer que Maurras fut finalement bien moins antisémite que beaucoup de gens lourdement encensés de nos jours. Et, en tout cas, bien différemment.

    Il faut être sérieux, et, surtout, il faut être juste et honnête. Ce que l'on n'est pas, avec Maurras et son antisémitisme...

    Sans remonter plus loin que lui - ce qui nous fait tout de même presque 2.000 ans... - force est de constater que, depuis que l'Empereur Titus, accomplissant la prédiction de Jésus, a détruit le Temple de Jérusalem, et emporté à Rome tout ce qu'il contenait, l'antisémitisme est une réalité assez largement partagée, qui transcende les époques, les pays, les peuples, les religions, les philosophies, les partis politiques. Celui qui se donnerait pour tâche de collecter les citations antisémites du monde entier, toutes cultures, toutes religions, toutes couleurs de peau, toutes époques, toutes opinions politiques ou philosophiques etc. confondues réaliserait sans peine un gros bouquin. Et l'on serait surpris des gens que l'on y "rencontrerait". D'ailleurs, nous réaliserons ce travail, un jour.

    maurras,chemin de paradisNous avons donc rappelé à notre interlocuteur que Napoléon dispose d'un tombeau grandiose aux Invalides, lui qui déclarait sans sourciller des juifs : "Ce sont des sauterelles et des chenilles qui ravagent la France" ! Et que Voltaire avait, lui aussi, les honneurs officiels, au Panthéon. Il a pourtant bien écrit ceci : "C'est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre". (Voltaire, Article "Tolérance" du Dictionnaire philosophique. Il appelle ailleurs les juifs "...ces ennemis du genre humain...", un "peuple barbare, superstitieux, ignorant, absurde", et un "peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent..."

    Vraiment, le Système honore de ces gens, et a de ces fréquentations !

    N'est-il pas étrange, dans ces conditions, d'entendre toujours et à tout bout de champ le refrain "Maurras antisémite", alors que nul ne s'émeut du grandiose hommage rendu à ces deux antisémites que furent Napoléon et Voltaire ? Ou bien on rêve, ou bien on vit dans le mensonge, la tartufferie, l'hypocrise. Et, comme on ne rêve pas, la conclusion s'impose, d'évidence.

    Un exemple éloquent du traitement particulier réservé à Maurras : alors que Léon Poliakov, dans le tome III de son Histoire de l'Antisémitisme, fait de Voltaire "le pire antisémite français du XVIIIème siècle", Roland Desné défend Voltaire : "Ce n'est pas parce que certaines phrases de Voltaire nous font mal que nous devrions le confondre dans la tourbe du persécuteur".

    Ah, bon ? On fait pareil pour Maurras, alors ? Sinon, pourquoi deux poids et deux mesures ? La réponse est claire, ne soyons pas naîfs : c'est qu'il s'oppose au Système sur le fond; qu'il en a fait une critique, au sens propre, radicale, au point que nombre de ses démonstrations, de ses conclusions, sont, en fait, passées dans le domaine public; que ses adversaires, eux-mêmes, en sont imprégnés, s'en servent, les reprennent; et que l'idéologie qui sous tend le système s'en trouve irrémédiablement affaiblie. Est-ce pardonnable ?      

    Ceux qui reprochent son antisémitisme au seul Maurras - et pas aux autres ! - feraient bien de... lire Maurras ! Ils y trouveraient, par exemple, cette phrase : "L'antisémitisme est un mal si l'on entend par là cet antisémitisme de "peau" qui aboutit au pogrom et qui refuse de considérer dans le Juif une créature humaine pétrie de bien et de mal, dans laquelle le bien peut dominer. On ne me fera pas démordre d'une amitié naturelle pour les Juifs bien nés."

    Il est intéressant de rapprocher cette phrase de Maurras de ce cri de "Mort aux Juifs" que l'on entend, aujourd'hui, de façon tout à fait habituelle et banale (et "l'affaire Ilan Halimi" n'est pas si loin...), dans ces 1.500 (et plus...) zones sensibles repertoriées par le Système. Car il s'agit bien là d'un antisémitisme de peau, d'un racisme que, justement, Maurras condamne. Et le parti qui doit se sentir le plus gêné aujourd'hui avec l'antisémitisme, c'est le Parti socialiste, le parti du Président, qui a raflé 93% du "vote muslman" dans ces banlieues où règne et s'étale un antisémitisme chaque jour plus agressif et plus décomplexé.

    La vérité toute simple est que l'antisémitisme existait bien avant Maurras, et n'avait pas eu besoin de lui pour naître, croître et prospérer; de même, l'antisémitisme existe toujours après Maurras, et n'a toujours pas besoin de lui pour continuer sa course.

    Enfin, sur le ton de la plaisanterie, mais appliqué à une chose sérieuse, nous avons rappelé à Georges Bourquart cette phrase de Lionel Jospin, parlant de l' "héritage" de Mitterand, qu'il acceptait "sous réserve d'inventaire". Georges Bourquart se souvenait évidemment très bien de ce moment de télévision, et est convenu que, ce que l'on permettait à Jospin, on devait le permettre aux royalistes et à ceux qui se réclament de Charles Maurras...

    Alors, oui, nous pouvons et nous devons faire un inventaire de l'héritage de Maurras. Que cet inventaire remette en cause son antisémitisme, celui qu'il professait, ou non. Ou d'autres points, de sa pensée ou de son oeuvre.

    Et, lorsque nous nous adressons à des jeunes de 18 ans, quels en sont les aspects qui nous intéressent le plus et que nous leur présentons ? 

    A l'intérieur, c'est le Maurras de L'Avenir de l'Intelligence, celui qui a démonté le mécanisme qui nous a conduits à notre actuel Âge de fer, dans lequel les forces de l'Argent, de l'Or, dominent sans partage et ont tout asservi...

    maurras,chemin de paradisA l'extérieur, c'est le Maurras de Kiel et Tanger, celui qui a montré comment la France, dès qu'elle renouera avec sa politique et sa diplomatie traditionnelle, pourra "manoeuvrer et grandir" : il lui suffira de recommencer à faire ce qu'elle a toujours fait, au cours des siècles, c'est-à-dire fédérer autour d'elle les petites et moyennes nations, qui, seules, ne peuvent s'exprimer, mais, si elles s'unissent à la France, forment - avec elle - un bloc capable de parler aux plus grands empires... 

    Oui, Maurras a encore quelque chose à nous dire ici et maintenant, et sur les sujets majeurs de notre aujourd'hui; oui, on a besoin de Maurras; et ceux qui se privent de son intelligence, et qui privent l'Intelligence française de sa contribution, au motif qu'il professait un certain  antisémitisme – qui, après tout, s’apparente, derrière la violence des mots, à l’attitude politique que De Gaulle et Mitterrand, eurent parfois à l’égard des Juifs - ne rendent pas un bon service au Pays.

    Le second président de la Vème République, George Pompidou, lors d’un discours à l’école libre de sciences politiques, le 8 décembre 1972, cita un passage de Kiel et Tanger : 

    « S’agissant de la France, de sa place et de son rôle dans le monde, il faut d’abord en prendre la mesure. Quelqu’un qui n’a jamais été mon maître à penser, tant s’en faut, Charles Maurras, a, dans Kiel et Tanger, dès 1910, prévu le monde actuel, je cite : « composé de deux systèmes : plusieurs empires avec un certain nombre de nationalités petites ou moyennes dans les entre-deux. Un monde ainsi formé, continue Maurras, ne sera pas des plus tranquilles. Les faibles y seront trop faibles, les puissants trop puissants et la paix des uns et des autres ne reposera guère que sur la terreur qu’auront su inspirer réciproquement les colosses. Société d’épouvantement mutuel, compagnie d’intimidation alternante ». C’est bien là ce que nous voyons, n’est-ce pas ? J’en conclus que l’action de la France, aujourd’hui puissance moyenne typique, est simple et évidente...»

  • Pas de tribunal de Nuremberg pour la Force Brute. Vae victis … par Champsaur (II/II)

    etats-unisDes milliers de pages ont été écrites sur ce sujet depuis que la supercherie a été éventée, mais c’est le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz qui a certainement été le plus synthétique, le plus documenté et le moins complaisant.

    La plupart de ses papiers sont traduits en français et publiés dans les Échos.

    Quelques liens : 

    http://archives.lesechos.fr/archives/2011/LesEchos/21014-76-ECH.htm?texte=stiglitz

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/0201613015822-le-11-septembre-dix-ans-apres-215191.php

    http://archives.lesechos.fr/archives/2011/LesEchos/21013-31-ECH.htm?texte=stiglitz

    http://archives.lesechos.fr/archives/2008/LesEchos/20161-68-ECH.htm?texte=stiglitz

    http://archives.lesechos.fr/archives/2008/lesechos.fr/03/11/300248711.htm?texte=stiglitz

    Conséquences matérielles

    On inclut généralement dans ce chapitre les pertes humaines, outre les destructions matérielles. Dès 2006, soit trois ans après le début de l’invasion, une étude très précise, conduite avec une méthode contrôlée et incontestable, concluait à 655.000 tués. La recherche fut conduite par une équipe conjointe d’épidémiologistes américains (université John Hopkins) et irakiens. L’armée de Saddam Hussein avait disparu, le décompte ne couvrait donc que les atteintes à la population civile. Publié dans le Washington Post le 11 Octobre 2006, lien :

    http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/10/10/AR2006101001442.html

    Le chiffre de 1 million de morts avancé par Kucinich en 2012, depuis le début de l’invasion est donc vraisemblable. Ce qu’ont coûté les attentats interconfessionnels est à inclure dans le décompte. Les attentats aveugles continuent sans qu’ils ne fassent plus la une des media à l’Ouest (dernier d’envergure, le 30 Septembre dernier).

    La guerre civile a entrainé des mouvements de population à une échelle catastrophique pour le pays, et la région. Les chiffres de plusieurs ONG s’accordent sur 2 millions de personnes déplacées et réfugiées.

    Le bilan humain est un véritable saccage qui ne fait l’objet d’aucune réprobation internationale, du moins à la hauteur du désastre. 

    etats-unis

     

     

    Conséquences financières

    Outre le coût intrinsèque de la guerre, autour de 12 milliards mensuels, il faut ajouter 600.000 pensions d’invalidité (donc sur les années à venir), que Stiglitz chiffre à un minimum de 600 milliards.

    Sans faiblesse il accuse l’administration Bush d’avoir financé cette opération par un crédit malsain, la bulle immobilière et sa crise des subprimes, qui a déstabilisé pour longtemps le système financier international. Il n’est pas courant de lier ainsi cette guerre insensée à la crise économique mondiale. Stiglitz est un des rares à le faire. Dans différents cénacles où l’on aurait dû réfléchir au sujet, j’ai souvent posé la question tant du financement de cette guerre en particulier, que d’un budget de la défense absolument délirant puisqu’il est égal à la totalité des budgets de défense de tous les autres pays. Je n’ai jamais eu de réponses très claires. Comme s’il était interdit de dénoncer la folie d’un pays qui a perdu ses repères. Stiglitz use d’accusations très dures pour dénoncer une comptabilité trompeuse, incomplète et des failles dissimulées.

    "...Même si Bush pouvait être pardonné d’avoir enrôlé l'Amérique et la plupart du reste du monde dans une guerre sous de faux prétextes et d’avoir sous-estimé le coût de l'entreprise, il n'a en revanche aucune excuse pour la façon dont il a choisi de la financer. Sa guerre a été la première guerre de l'histoire entièrement payée à crédit..."

    On se souvient on que le baril de pétrole était à 25 dollars à la veille de cette guerre, contre 88 dollars aujourd’hui.

    Et bien entendu la corruption engendrée par la gabegie qui accompagne toutes les guerres, se chiffre là aussi en milliards de dollars : information du 22 Février 2011, 40 milliard de dollars ont disparu du Fonds de développement pour l’Irak...

     

    Conséquences morales

    etats-unisVue comme une armée d’invasion, les anglo-américains ont été assez vite confrontés à la réaction classique d’une résistance locale, avec tous les ingrédients bien connus des courants multiples. La déstabilisation du système en place, exacerba en premier lieu le conflit chiite – sunnite. Pour leur part les chrétiens d’Irak furent rejetés presqu’immédiatement, n’ayant ouvertement le choix qu’entre la valise ou le cercueil.

    L’aveuglement que nourrit un messianisme totalitaire, conduit l’Amérique à installer un âge de terreur sous couvert de décider du Bien et du Mal. Ou à cautionner des parodies de procès.

    La règle internationale de ce qui définit le crime de guerre ne s’applique pas aux États Unis d’Amérique. Un peu comme il y a des génocides impardonnables, et d’autres sans intérêt. Et Stiglitz rappelle que "…la force réelle de l'Amérique, plus que sa puissance militaire et économique, est son "soft power", son autorité morale. Et cela, aussi a été affaibli : les États-Unis violaient les droits humains fondamentaux tels que l'habeas corpus et le droit de ne pas être torturé. Son engagement de longue date pour le droit international a été remis en question…" 

    Sur le lien entre la morale et la politique vu par les États Unis on lira avec profit l’article suivant dans dedefensa , lien :

    http://www.dedefensa.org/article-la_politique_de_la_morale_rubrique_analyse_volume_22_n18_et_19_des_10_et_25_juin_2007_19_07_2007.html

    La dérive cynique avait commencé bien avant l’invasion, avec les embargos mis en place sans grand rapport avec des actions militaires. La sortie de mme Albright interviewée dans une émission, avait fait le tour des pays arabes, et aurait dû inciter certains hauts responsables à plus de prudence avant d’aller déjeuner avec elle (je pense en particulier à Hubert Védrine qui parle de sa chère Madeleine avec des trémolos dans la voix …). Malgré toute l’énergie dépensée pour faire disparaître les archives, voici ce que l’on retient :

    etats-unisEn 1996, lors d'une émission de 60 Minutes ("Punishing Saddam", 12 Mai,1996) sur CBS, Lesley Stahl a posé la question suivante à la Secrétaire d'État des États Unis, Madeleine Albright:
    "Nous avons entendu qu'un demi million d'enfants étaient morts (en Irak). Je veux dire, c'est plus d'enfants décédés qu'à Hiroshima. Et vous savez, est-ce que le prix en vaut vraiment la peine?"
    Albright a répondu,
    "Je crois que c'est un choix très difficile, mais le prix... nous croyons que le prix en vaut la peine." (Elle était ambassadrice américaine à l'ONU à l'époque).

    Et l’UNICEF publia en Août 1999 le premier rapport documenté corroborant ce chiffre de 500.000 enfants de moins de 5 ans, disparus faute de médicaments.

    Dans un tel contexte il était mortel pour l’indépendance de la France de s’intégrer de plus en plus dans le commandant centralisé de l’OTAN, plombant ainsi notre diplomatie et détruisant des décennies de politique arabe crédible. Accrocher notre politique étrangère aux outrances américaines était indigne de ce que nous connaissons du monde arabo-musulman. Même si les arabes gardent quelques souvenirs de notre indépendance, nous sous-estimons la haine qui habite la population arabe et perse contre la bannière étoilée. Il est irresponsable de rejoindre ainsi "La Force Brute".

    Le troupeau d’hallucinés, G. W. Bush en tête, qui conduisait les États Unis, avaient inspiré aux commentateurs un parallèle pertinent (à cette époque, on craignait beaucoup une pandémie de grippe aviaire) : les trois fléaux du Moyen Age étaient la guerre, les épidémies, et l’obscurantisme…

    En guise de conclusion, tout est dit en quelques lignes dans les mémoires de Greenspan :

    Pendant dix-huit ans, Alan Greenspan fut le directeur général de la FED. Donc regardé comme l’homme le plus puissant du monde. Ce qu’il dit (Le temps des turbulences, JC Lattès, sept. 2007) : "...l’attention du monde développé pour les affaires politiques du Moyen Orient a toujours été liée de façon critique à la sécurité du pétrole … Je déplore qu’il soit politiquement déplacé de reconnaître ce que tout le monde sait : l’un des grands enjeux de la guerre d’Irak était le pétrole de la région…"

    On peut le croire ! 

    etats-unis

  • En marge du 600ème anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc... : l'hommage à Henri Bataille, qui a beaucoup oeuvré p

            Profitons d el'occasion pour apporter quelques rappels et précisions sur le site de Vaucouleurs et l'oeuvre d'Henri Bataille... avec l'article de Pierre Bénard, docteur ès-lettres, dans la revue "Sites et Monuments", qui rappelle tous les aléas rencontrés par M. Bataille dont la vie entière a été vouée à faire vivre le site historique de Vaucouleurs contre vents et marées politiques (1).... 

            http://www.herodote.net/La_maison_natale_de_Jeanne_d_Arc-monument-156.php

     

    jeanne d'arc tour des anglais.JPG 

     

    La fameuse "Tour des Anglais" dernière oeuvre restaurée par Henri Bataille grâce au mécénat d'un Anglais rencontré fortuitement dans les rues de Nancy lorsqu'il avait contacté des banques pour le financement de ses travaux.  

            AU SECOURS DE VAUCOULEURS

            Vaucouleurs, du côté de "France" -la France du quinzième siècle- s'annonce par de graves paysages, forêts, prés exigus, clairières de champs bombés aur horizons sauvages, villages dans l'ombre de leur ravin. C'est octobre, les hameaux le font savoir comme ces calendriers des travaux déroulés, dans des quadrilobes, au soubassement des églises. Voici les tas de bois en vue du long hiveer. Sur la planche, le cochon que l'on vient de tuer fait -on m'excusera- un noble cadavre. Une échelle oscille dans un pommier. A Couvertpuis, Biencourt, Ribeaucourt, le temps s'est arrêté et l'automne d'aujourd'hui est l'automne d'hier et de toujours. Connaissez-vous les jolies portes, le pont, le site de Montiers-sur-Saulx ? Les bois, au bord des petites routes, commencent à peine à s'effeuiller. Dans l'ombre humide, des géants veillent, revêtus de mousses somptueuses, auxquels l'imagination, sur cette terre à merveilles, s'empresse de prêter un caractère fatidique.

            A quelques lieues d'ici, au coeur de hauts pays battus des vents, Grand propose à la solitude les vestiges de l'époque où ses murs enfermaient un sanctuaire prestigieux que Camille Jullian nomme "le plus fameux des temples d'Apollon celtique". Sous les portiques de Grand on pratiquait l'oniromancie : la nuit venue, après le sacrifice, le consultant entrait dans le sommeil qui devait lui offrir le rêve propre à le renseigner. Lumières de la nuit, oracles du songe... Par Houdelaincourt, Rosières-en-Blois, on gagne Vaucouleurs et les eaux d'une Meuse non moins paradoxale, "endormeuse" au dire de Péguy, et en même temps éveilleuse, conseillère de résistance, maîtresse d'énergie.

            M. HENRI BATAILLE, sur les bords de la Meuse ne dort pas.

            Depuis 1928, il veille et se dépense dans un site qu'il honore comme l'auxiliaire providentiel de la vocation de Jeanne d'Arc.

            Depuis 1928 ! C'est beau, ce long effort qui se poursuit soixante-deux ans plus tard, long effort inspiré, soutenu par une ardeur inextinguible, entrepris tout juste cinq siècles après l'apparition de Jeanne au pied des tours de Vaucouleurs !

            Ces tours de Vaucouleurs, que gouvernait Robert de Baudricourt, elles abritaient en 1428, l'une des toutes dernières flammes de la résistance française au nord de la Loire : le flot anglais et bourguignon recouvre tout, à telles enseignes que pour trouver, quittant le "sanctuaire" de la Meuse une autre place française, il faut marcher... jusqu'au Mont Saint-Michel.

            Ces tours de la cité de Vaucouleurs, on sent bien qu'Henri Bataille les vénère comme des dames autrefois puissantes et tutélaires, des fées de pierre déchues après avoir porté le destin de la France. Il se plaît à égrener, à faire chanter leurs beaux noms sonores : Gargasse, Saladin, Quiquengrogne, en exaltant ces heures dangereuses de 1428 où l'Anglo-Bourguignon campe devant Vaucouleurs. Robert de Baudricourt traite avec l'ennemi mais ne rend pas la place. Le temps gagné sera infiniment précieux. Dans Vaucouleurs, resté français, derrière ces tours assez vaillantes pour incliner les assiégeants à se contenter d'une capitulation conditionnelle, l'épopée de Jeanne d'Arc pourra se préparer, le salut pourra prendre forme. Henri Bataille avance de solides arguments pour appuyer sa thèse d'une reddition remise à Pâques ou à la Trinité.
    Et cette thèse va réveiller les questions éternelles de la stratégie de dissuassion et de la valeur des fortifications permanentes. Sautant encore cinq siècles en sens inverse, on se prend à rêver d'une certaine ligne Maginot et du cours qu'aurait pris l'Histoire si ce colosse n'avait souffert des infirmités que l'on sait...

            Voilà bientôt trois quarts de siècle qu'Henri Bataille s'est consacré à une double, à une triple défense et illustrtion : illustration du rôle historique de la cité de Vaucouleurs, matrice de l'aventure qui sauva la France ; illustration de la vertu politique de Robert de Baudricourt, négociateur heureux et collaborateur clairvoyant des destinées ; illustration, enfin des pierres qui protégèrent l'enfance de l'épopée, longtemps ensevelies sous la terre, sous les constructions parasites, sous le voile de l'oubli.

            En 1928, il dégage la basse-cour du château, la porte d'entrée, le pourtour de la crypte de l'ancienne chapelle et aussi le superbe tilleul multiséculaire qui se déploie en face de la vallée. Ce Schliemann d'une Troie qui ne fut pas prise roulera pour cette exhumation des milliers de brouettes...

            En 1932, il lui faudra lutter pour sauvegarder le site même du château, menacé de nivellement. Henri Bataille doit négocier avec l'huissier et le gendarme. Il l'emporte et pourra mener, jusqu'en 1954 -grâce à des dons, puis grâce au produit de ses efforts- des fouilles qui livreront le rez-de-chaussée de l'ouvrage, avec des murs très respectables pouvant atteindre six mètres d'épaisseur, des bases de tours et toutes les trouvailles que l'on pense. Comme des constructions plus récentes s'étaient accrochées au château, la Rumeur, qui ne chôme pas, prétend qu'il donne des vessies pour des lanternes en faisant passer de simples maisons pour la résidence de Robert de Baudricourt !

            Je passe sur quelques épisodes une autre page de l'oeuvre d'Henri Bataille : après le château, les murs de ville ! A partir de 1965, en effet, il acquiert sept propriétés à seule fin de pouvoir mettre en valeur les tours de l'enceinte qui reçut Jeanne d'Arc. Car la clôture de Vaucouleurs, partout rompue, subsiste comme en pointillé. Et de même que Vaucouleurs, dans la France envahie, fut un "clou de fidélité", de même ces tours soignées avec un zèle méticuleux forment grâce à Henri Bataille les clous précieux qui continuent de fixer cette cité à son glorieux passé.

            J'ai vu Henri Bataille sur la scène de ses grands travaux, les siens et ceux de son épouse, qui n'a pas cessé de se dépenser à ses côtés. Le château qu'il avait commencé de rendre à la lumière, hélas, disparaît de nouveau sous la végétation. Ces tâches sont trop souvent des supplices de Sisyphe... Mais Henri Bataille est tout courage et de toute confiance. Allez aux beaux jours sur la côte de Vaucouleurs. Il vous abordera, courtois et calme, pour remettre l'actuelle "porte de France" à sa place, qui est celle d'une construction du XVIIIème siècle posée sur une partie intacte -qu'il faut absolument dégager- de la porte qu'emprunta Jeanne allant sauver la France. A la mauvaise saison, Henri Bataille ne sera pas là pour vous faire visiter, gratuitement, selon son usage, la "Carcassonne de l'Est". C'est le temps de ses conférences, d'où il tire les ressources nécessaires pour sa mission. Les Anglais se montrent particulièrement généreux.

     

     

    (1) : Pierre Bénard - docteur ès-lettres - Revue "Sites et Monuments" - 1991

  • A propos d'un énième ”Crépage de chignon” - cette fois entre Fillon/Aubry - sur l'hydre fantasmatique de l'horrible et m

     (Nous ne souhaitons prendre parti "pour" personne, "contre" personne : ce serait renter dans le jeu de la division institutionnnalisée du peuple de France, sur laquelle repose, précisément, le Système idéologique qui déclasse la France et que nous combattons. Nous disons simplement qu'une représentation vraie des opinions du peuple est souhaitable, alors que la représentation actuelle est insincère : elle résulte de l'habileté florentine de Mitterand, et de la bêtise de ceux qui, après avoir commis la première erreur de tomber dans son panneau, en commettent une seconde, encore pire, et depuis des années maintenant : celle d'y rester ! Cela fausse la représentation nationale, et les pouvoirs politiques, économiques etc... qui en découlent, ce qui n'est ni sain ni bon pour la chose publique... Légale, certes, la carte politique de la France actuelle n'est pas "vraie" : tel parti gère telles communes, agglomérations de communes, départements, régions - et les pouvoirs qui vont avec - alors qu'il ne le devrait pas. C'est cela, en soi, que nous dénonçons, pas le fait que ce soit tel ou tel parti qui soit en cause....)

            Faut-il en rire ou en pleurer ?

            Faut-il partir d'un grand éclat de rire devant ceux qui, comme ce pauvre Mailly il y a peu, oubliant complètement le sens des mots et perdant carrément la raison, disait - en parlant de Marine Le Pen - que le national-socialisme n'était pas sa tasse de thé ?

            Ou, comme Guéant, déclarant que le programme de Marine Le Pen était "national et socialiste" et qui, devant l' "hénaurmité" de la chose, poussé par un vieux fond de bon sens qui lui restait, refusa quand même de tomber dans le panneau que lui tendait le journaliste : vous voulez-dire "national-socialiste ?"... 

           Ou bien faut-il être désolé du spectacle affligeant qu'offre ce pauvre Pays légal - "de droite", "du centre" ou "de gauche", toutes tendances confondues... - qui passe son temps à se jeter à la figure Le Pen et le Front national, les uns pour qui c'est l'anathème absolu, les autres se contorsionnant pour dire que, non, jamais, ils ne partageront ses valeurs ?

           Mais quand arrêtera-t-on, dans le pays de Pascal, de Descartes, de Montaigne..., de rabaisser ainsi le débat politique, qui est chose sérieuse, et de le faire descendre à un tel niveau de niaiseries, de crétinisme, d'imbécilités....

          Les deux derniers en date à avoir offert ce spectacle pitoyable et désolant de stupidité - redisons-le, au pays de Pascal, de Descartes, de Montaigne... - sont Martine Aubry et François Fillon (1)....

            Tout le monde sait bien ce qu'il en est : l'habileté florentine de Mitterand divisant la droite, et la stupidité de celle-ci tombant - et, maintenant, restant - dans le panneau. On a, d'un côté, ceux qui - avec la plus parfaite mauvaise foi - font règner la "terreur idéologique" et, de l'autre, ceux qui ont la bêtise d'y céder, et qui aggravent leur cas en continuant....

            Il ne s'agit évidemment pas, ici, de prendre la défense d'un parti politique républicain, comme les autres, ni de sa présidente, bonne républicaine, comme son père, et comme les autres. Notre originalité est de proposer la véritable alter-révolution aux Français, c'est-à-dire de leur expliquer que le salut ne peut venir que d'un changement d'Institution, et non d'un changement de personnel politique, qu'il s'agisse d'hommes ou de femme.

            Nous ne roulons donc pas plus pour Marine Le Pen que pour un autre, ou une autre, et, pour la prochaine élection, nous ne donnerons aucune consigne de vote : notre rôle nous suffit amplement, nous sommes les seuls à le tenir, et nul ne fera à notre place le travail que nous sommes les seuls à faire : nous n'avons donc aucune envie de nous en laisser distraire....

            Nous dénonçons simplement la mauvaise foi de la gauche et de l'extrême-gauche, qui ont cautionné sans jamais le condamner le marxisme-léninisme, et qui frayent très volontiers avec les révolutionnaires de tout poil, qui n'ont jamais fait amende honorable devant les monstruosités et les échecs du-dit marxisme léninisme. Et nous dénonçons à l'inverse la bêtise - à ce stade, ce n'est d'ailleurs même plus de la bêtise, c'est du crétinisme à l'état pur... - de ceux qui se laissent interdire de "jouer le jeu normal", comme dans tous les pays du monde, où toutes les tendances de la gauche comme de la droite, fussent-elle extrêmes, peuvent, si elles le souhaitent, s'allier, ou pas....

            Et nous disons qu'il n'est pas sain, et qu'on ne peut pas, vivre une vie politique normale, un débat d'idées normal, avec un jeu faussé à ce point. L'insincérité de la représentation nationale en découle directement : si la gauche gagne la Présidentielle, a-t-on entendu récemment, toute la France sera dirigée par la gauche. Oui, sauf que cela ne correspondra pas à la vérité des opinions, et qu'on aura une carte politique légale de la France qui ne sera pas celle de la verité des opinions politiques réelles de la France : l'exemple de la Provence en est un parmi tant d'autres : ayant voté à 65 % "à droite", elle est dirigée par un socialiste, Michel Vauzelle, ultra-minoritaire mais élu grâce au subterfuge d'outre-tombe que nous évoquions en commençant..... La carte politique de la France est donc faussée, et fausse. Légale, peut-être, mais, légitime, certainement pas : combien de communes, d'agglomérations de communes, de départements, de régions sont-elles gouvernées légalement par une gauche qui y est minoritaire, voire ultra-minoritaire, par ce détournement de la démocratie vraie...

            Par ailleurs, outre la déplorable image de la France que cela donne à l'étranger, est-il raisonnable, est-il sain, est-il normal qu'à tout bout de champ on entende le mot "nazi" dès qu'on dit quelque chose qui déplaît à une cléricature médiatique que Mélenchon dénonce fort bien mais dont il épouse le comportement sur ce sujet ? 40% des ouvriers voteraient Le Pen, selon plusieurs sondages concordants (et plus pour certains autres...) : y aurait-il donc 40% d'ouvriers nazis en France ? Le Parti communiste, pour qui la classe ouvrière a si longtemps voté, serait donc, dans ce cas, le plus grand parti "fascistogène" de l'histoire...

            Avec des débilités pareilles, quel débat politique de qualité, constructif et positif espère-t-on créer, en vue d'oeuvrer au Bien commun ? Le Bien commun ? Le Pays légal s'en fiche bien pas mal : il n'a en vue que la conservation de ses privilèges et le maintien de ses Bastilles

            Pour parvenir à cet objectif, tous les moyens sont bons : la reductio ad hitlerum permenante - dont ils savent très bien qu'elle est à la fois bête et méchante - n'a que cet objectif là..... Et cela est à dénoncer en permanence, à temps et à contretemps; c'est un problème, c'est un devoir, de salubrité publique, pour sauver le débat politique, et penser enfin, parler enfin, des choses sérieuses.....

    (1) :  le jeudi 2 février, sur France 2

    PS : on lira avec intérêt la réflexion suivante de Gérard Leclerc : FC LECLERC LE PEN.jpg

  • Entre la vieille Europe et la seule France...

    MAURRAS SOUTOU.jpg

    Editions Economica, Institut de stratégie comparée, 432 pages, 39 euros.

    Présentation de l'éditeur :

                Si le rôle de Charles Maurras dans la politique intérieure française reste connu (et très controversé), on oublie généralement qu'il existe un autre Maurras, celui dont le Président Pompidou disait en 1972 qu'il avait "prévu le monde actuel" avec soixante ans d'avance.

                Quelles furent ses thèses sur les relations internationales et les problèmes de défense ? Dans quels postulats s'enracinaient-elles ? Ont-elles connu une évolution entre Kiel et Tanger (1910) et sa mort en 1952 ? Furent-elles unanimement acceptées au sein de l'Action française ou des divergences s 'y exprimèrent-elles ? Les analyses de Maurras supportent-elles la confrontation avec les acquis de l'historiographie actuelle ? Quelle fut leur influence sur les décideurs politiques et militaires du XXe siècle, en particulier Charles de Gaulle ? Autant de questions qui, à ce jour, n'ont pas assez retenu l'attention des chercheurs.

                Aussi le présent ouvrage a-t-il l'ambition de faire oeuvre pionnière. Au carrefour de la philosophie politique, de la diplomatie, de la géopolitique et de la stratégie, les thèmes qu'il aborde ouvrent des perspectives inattendues sur l'histoire contemporaine.

    Table des matières

    Introductionpar Georges-Henri Soutou et Martin Motte

    I - CHAMP DE L’ENQUÊTE


    - Martin Motte : Kiel et Tanger

    - Charles Maurras : Que la France pourrait manœuvrer et grandir.

    - Georges-Henri Soutou : La réflexion de Charles Maurras sur les relations internationales, de 1896 à 1952 : entre la vieille Europe et la seule France.

    - Martin Motte : Maurras et l’ordre du monde.

    MAURRAS KIEL ET TANGER.jpg


    II - MAURRAS ANALYSTE DES RELATIONS INTERNATIONALES

    - Stéphanie Burgaud : Maurras et le triangle Paris-Berlin-Pétersbourg.

    - Patrick Louvier : Les fondements de la puissance britannique dans Kiel et Tanger : racines et prolongements d’une lecture institutionnelle de l’Angleterre édouardienne.

    - Frédéric Le Moal : Maurras et l’Italie, heurs et malheurs d’une nécessaire amitié.


    III - LES ARMES DE LA FRANCE


    - Dimitry Queloz : L’Action française et les questions militaires avant la Première Guerre mondiale.

    - Olivier Lahaie : A propos des jugements portés par Charles Maurras sur l’affaire Dreyfus, l’armée française et ses services de renseignements dans Au signe de Flore.

    - Anne-Aurore Inquimbert : La pensée maurrassienne dans les écrits d’un « officier de fortune » : Henri Morel (1889-1944).

    - Jean-Baptiste Bruneau : La marine et le monde : l’Action française face au désarmement naval (1921-1930).



    IV - DISCIPLES ET CONTINUATEURS


    - Jérôme Grondeux : Charles Benoist et l’attraction maurrassienne.

    - Christophe Dickès : Maurras-Bainville : une influence réciproque ?

    - Christophe Réveillard : La critique maurrassienne de la fédération politique européenne et son influence.

    - Georges Pompidou : Discours prononcé à l’occasion du centenaire de l’École libre des Sciences politiques, 8 décembre 1972 (extraits).


    Conclusionpar Georges-Henri Soutou

     

     

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                Le point de vue de Frédéric Le Moal (14 décembre 2009, lelitteraire.com):

    Une étude scientifique et novatrice sur la pensée de Charles Maurras en politique étrangère

                Maurras avait tellement raison qu'il en est devenu fou. Cette phrase prêtée au général de Gaulle suffirait à elle-même à révéler l'impact qu'a eu la pensée du chef de l'Action Française sur une bonne partie de la société de son temps. En 1972, Georges Pompidou reconnut qu'il avait prévu le monde actuel. Le livre dirigé par Georges-Henri Soutou et Martin Motte, fruit d'une journée d'études tenue à l'université Paris-IV Sorbonne, consacrée à la pensée de Charles Maurras sur la politique extérieure et les problèmes de défense, vient combler un vide historiographique. Nombreuses sont en effet les études consacrées à la pensée politique du chef de l'Action française, mais rares sont celles à s'être penchées sur les conceptions maurrassiennes en matière de politique étrangère. Maurras a pourtant traversé tout le premier XXème siècle, depuis la Belle Époque jusqu'à la Guerre froide (il meurt une année avant Staline !) et les débuts de la constructions européenne, via les deux guerres mondiales.

                 Les contributions sont rassemblées par thème : après une analyse générale de la pensée maurrassiennes, on passe à des études de cas (Allemagne, Russie, Italie, Royaume-Uni), puis aux questions de défense et enfin aux disciples et continuateurs de Maurras. Son ouvrage, Kiel et Tanger, sert d'axe structurant à l'ensemble du livre puisque Maurras y a rassemblé ses analyses de politique étrangère, constamment approfondies lors des différentes rééditions. Comme l'écrit Martin Motte, Kiel et Tanger vise à démontrer la responsabilité de la République parlementaire dans les échecs essuyés par la diplomatie française et établir la nécessité d'une restauration monarchique. A partir de là, Maurras construit toute une pensée dont les échos se font sentir pendant un demi-siècle. Maurras, à la fois européen et nationaliste n'est certes pas facile à comprendre pour les esprits de notre temps.

                  Et c'est tout le mérite de cette étude universitaire de le rendre intelligible. Les contributions dressent le portrait d'un homme complexe, animé d'une hostilité farouche vis-à-vis de l'Allemagne, mais qui comprend dès1923 les dangers de l'hitlérisme et du racisme national-socialiste, tout en se méprenant complètement sur le fascisme de Mussolini. Cet homme, méfiant à l'égard des alliances, imagine dans un premier temps une France prenant la tête des puissances moyennes pour mieux résister aux empires, avant de se rallier aux concepts de l'équilibre européen, avant d'exalter la France seule et une sorte d'égoïsme national, pour mieux résister à l'Europe allemande des nazis. Les recherches ici présentées confirment que Charles Maurras appartenait non seulement aux cercles des grands penseurs de son époque, mais surtout à celui des intellectuels influents. Georges-Henri Soutou écrit avec raison qu'il se situait pleinement dans les débats de l'époque et ne vivait pas sur une planète à part.

                  L'esprit critique des auteurs s'exerce constamment sur les analyses maurrassiennes, évitant ainsi à l'ouvrage la marque hagiographique. Rien n'est mis de côté des contradictions, des conclusions parfois aberrantes, des insuffisances de Maurras, mais aussi des qualités de sa pensée et de ses pertinences, lui dont l'influence se fait sentir, dans une certaine mesure, chez de Gaulle et chez Pompidou. Que démontre en fin de compte cette étude ? Que la pensée de Maurras, malgré ses erreurs et ses outrances, a bien saisi de nombreux problèmes de son temps et qu'elle a exercé une influence certaine et indiscutable sur les penseurs et les décideurs français du XXème siècle.

    MAURRAS AVENIR.jpg
    Oui, la pensée de Maurras a bien "saisi de nombreux problèmes de son temps"...
    Et notamment celui de l'Argent devenu Roi.
     C'est par la grâce de la Révolution -qui a supprimé le pouvoir du Sang- que l'Or règne aujourd'hui sans partage ...
    Si une part de l'oeuvre de Maurras a péri -mais c'est le lot commun de tout écrivain-
    une autre forme ce Printemps de Maurras, qui ne passe pas,
    qui reste d'une actualité et d'une présence inaltérables,
    car l'essentiel est toujours neuf.... 
  • La ”polémique” à propos de L'Evasion de Varennes : Touchés ! Touchée ! Touché !...

                    Oui, touchés, les tenants du Système ! Touchée, l’idéologie totalitaire ! Et touché, le mythe fondateur !…..

                    Il n’y a qu’à lire leur(s) réaction(s), pour bien comprendre qu’en fait ils ont très bien compris, et qu’ils ont tout compris. Avec Louis XVI, l’évasion de Varennes -que vient de rediffuser France 5 (1)- avec la Vérité enfin dite, sans artifices, c’est leur Système, basé sur le mensonge, qui est touché au coeur. Et cela, ils ne peuvent le supporter. Et, de leur point de vue à eux, ils ont raison…..

                    Pour suivre la polémique, deux Blogs :

    http://clioweb.free.fr/debats/varennes.htm

    http://revolution-francaise.net/2009/01/11/295-lettre-ouverte-madame-inspecteurs-pedagogiques-regionaux-histoire-geographie-academie-paris

    et, regroupées en un seul PDF, les cinq notes que nous avons, pour l'instant, consacrées à ce sujet: L'évasion de Varennes.pdf

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               Tout a commencé avec la lettre écrite par trois professeurs -rapidement signée par huit autres, avant qu'une petite centaine ne leur emboîtent le pas- qui protestent contre ceci: http://clioweb.free.fr/debats/1791evasion.pdf

               Lettre à laquelle -ambiance !...- les IPR ont répondu, entre autres : "...Faut-il à ce point rechercher des raisons d’exister, faut-il avoir tant de rancunes et des frustrations rentrées, faut-il avoir le goût des querelles rances pour susciter à partir de rien une agitation vide de sens ? Seul l’intérêt pour la falsification, la manipulation et l’intimidation semble constituer le moteur pathétique de votre lettre, diffusée à l’envi afin que son funeste objectif soit davantage assuré... ".

               La thèse des révisionnistes-négationnistes est archi-connue mais, remarquons-le, la nouveauté est que, maintenant, ils sont sur la défensive, et obligés de monter au créneau pour colmater les brèches de leur Bastille du mensonge: la Terreur était obligatoire et nécessaire, la jeune Révolution étant attaquée de l'extérieur et de l'intérieur, nous disent-ils. En somme, comme d'habitude chez les Révolutionnaires, c'est la faute des autres, jamais d'eux-mêmes ! Mais, s'il y a eu guerre et invasion du territoire national, qui a déclaré cette guerre stupide et funeste, sinon la Révolution ? Quel besoin y avait-il pour la France de déclarer la guerre à qui que ce soit ? Ce sont eux, les Révolutionnaires, et eux seuls, les responsables de la guerre qu'ils ont voulue, et de l'invasion qui s'en est suivie. Notons d'ailleurs, au passage, que Napoléon lui-même -pourtant héritier, continuateur et sabrede la révolution...- leur a donné tort, en épousant à son tour une "autrichienne" en 1810 (horresco referens...) !

                Pareil pour les Vendéens: il fallait les écraser, car leur soulèvement menaçait la jeune République. Mais s'ils se sont révoltés, c'est que la-dite République voulait leur imposer un viol des consciences. Il aurait été si simple de ne pas vouloir de guerre à l'Europe, et de ne pas vouloir imposer le Totalitarisme ! On n'avait ni invasion extérieure, ni soulèvement intérieur ! Mais, non, plutôt que de s'accuser eux-mêmes à travers leurs folies, les Révolutionnaires préfèrent accuser les autres, et voir dans les catastrophes qu'ils ont amenées, eux et eux seuls, la justification de la Terreur: chapeau !.....

                Mais, ces quelques propos étant dits, nous nous garderons bien de rentrer dans les détails, pour nous y noyer, ce que cherchent de toute évidence les signataires de cette sorte de pétition. Nous prendrons au contraire du recul. Pour constater que ce qui affole au sens propre du terme -ce qui les rend fous, et fous de tout: de rage et de peur- c'est tout simplement qu'on ose dire la Vérité. Qu'on ose parler des choses non comme ils disent -en mentant- qu'elles se seraient passées, mais comme elles se sont passées. Parce que, comme pour le Goulag stalinien, dès qu'on dit la Vérité, dès qu'on n'a pas peur, le Sytème s'effondre, lui qui ne tient que par le mensonge et la peur.....

                 Et, ils le savent très bien, si on commence par dire la Vérité sur Varennes, on la dira aussi sur le génocide vendéen, sur le Totalitarisme et la Terreur etc...etc... Et comme "la Révolution est un bloc...", ce bloc se détricotera dès qu'une maille sautera. Voilà pourquoi, pour la première fois depuis bien longtemps sur la défensive, ils font tout ce qu'ils peuvent pour essayer d'empêcher que le mécanisme infernal -pour eux, infernal...- ne se mette en place....

                  Question: n'est-il pas déjà trop tard ?.....

    (1): Diffusé une première fois par France 2, le 24 février 2009, et re-diffusé par France 5 le 8 février 2010, le téléfilm est maintenant disponible en DVD. L'acheter pour le voir soi-même, et le faire voir au maximum de monde autour de soi, n'est-ce pas la meilleure façon de répondre aux sectaires et aux menteurs ?.....

    L'Evasion de Louis XVI disponible en DVD.....

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                93 minutes, 19,99 euros : l'excellent téléfilm d'Arnaud Sélignac diffusé par France 2 sort aujourd'hui. Il est à mettre entre toutes les mains, et il convient de lui assurer la plus large diffusion possible. C'est la première fois qu'on parle honnêtement et positivement de Louis XVI, et sur une chaîne publique, s'il vous plaît !...

                Et, nous l'avons déjà dit, avec des travaux de ce genre il ne sera plus possible au mensonge officiel d'Etat de se maintenir, comme il le fait depuis si longtemps. Rien ne sera plus comme avant, il y aura un avant et un après le Sélignac, et pour la vérité officielle, qui n'est rien d'autre qu'un cynique travestissement et une grossière falsification de la vérité vraie, doublés d'un authentique révisionnisme et d'un non moins authentique négationnisme, c'est le commencement de la fin.....

                Poussons à la roue, pour qu'enfin l'édifice vermoulu, qui n'est plus qu'une coquille vide, s'effondre. Cet excellent téléfilm est l'un des moyens à notre disposition : profitons-en, et plus que très largement, en le diffusant au maximum !.....

     

          Le jour de sa diffusion, il avait réuni 2.691.000 téléspectateurs, soit 10,3% de parts de marché.

  • L'unité du genre humain, notamment par les mouvements migratoires, est-elle pour demain ? (1/2).

                Mgr Agostino Marchetto est le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. Et il a prononcé, à Rome, le 19 juin, une conférence que Patrice de Plunkett, dans son « blog d’un journaliste », présente ainsi : Le Vatican et les migrants : retentissante conférence de Mgr Marchetto . La philosophie de cette analyse est une directive catholique. Dont on ne peut pas, par conséquent, accepter telle ou telle chose, et rejeter telle ou telle autre...

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                Nous publions ci-dessous, pour que les lecteurs de ce blog en aient connaissance, le curieux texte dont il est question, du moins les extraits que Patrice de Plunkett en donne, dont, nous devons le dire, l’expression nous paraît confuse, et, du moins dans sa version française, à la limite du jargon.

                En premier lieu, s’il s’agit d’une « directive catholique », elle ne concerne que les catholiques. Elle n’oblige nullement les autres, qui ne sont pas forcément de mauvais citoyens. Mais oblige-t-elle les catholiques ? L’argument disciplinaire, ou argument d’autorité, nous paraît bien faible, dans une matière qui n’est pas du ressort direct de l’Eglise, même si ses « analyses » doivent toujours être étudiées avec attention. D’autre part, pour que la « philosophie de cette analyse » constitue une « directive catholique », encore faudrait qu’il s’en dégage une qui soit suffisamment  claire et nette pour s’imposer. Nous regrettons de dire que nous ne pensons pas que ce soit le cas.

                Même si la tonalité générale insiste surtout sur les devoirs que l’on a envers les migrants, (leurs droits à eux) et sur le bienfait supposé des mouvements migratoires, notamment en vue de l’unité du monde, il y a de tout dans ce texte : l’apologie de « l’accueil dialoguant » mais aussi le droit aux « différences légitimes » ; « l’acceptation de la réalité changeante de notre temps » mais « sans perdre de vue sa propre identité » alors même que « dans le domaine culturel se fraye une « mens » toujours plus transnationale » … Nous devons œuvrer « tous ensemble à une société nouvelle », « à commencer par l’Europe » laquelle « doit se placer dans le droit fil de son humanisme originel ». De quoi s’agit-il ? Jadis, disons-le simplement, cela s’appelait du pathos.

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    Si l'Eglise a parfaitement le droit de s'exprimer sur "les migrants",
    il faut bien voir que les sociétés -et du reste l'Eglise le reconnaît-
    ont, elles aussi, des droits.....

                Vous lirez ce texte que nous persistons, quant à nous, à qualifier de « curieux » car nous ne croyons pas du tout que le catholicisme consiste à l’abandon de tout esprit de réflexion critique, en toutes matières, mais plus spécialement en matière de praxis politique.

                Redisons-le tout aussi simplement : nous nions que le déracinement massif de populations lointaines vers le monde du déracinement marchand puisse être un bienfait; et nous ne croyons pas davantage que soit en train de se réaliser « l’unité du monde » sinon par le bas, le rien, le néant du même mondialisme marchand. Lequel, d’ailleurs, selon toute probabilité, sera un jour, compensé par le brutal retour en force des réalités forgées bien plus durablement par l’Histoire et la géographie, la diversité des peuples et des nations …

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    Des bidonvilles à Montreuil ! Lorsqu'on parle des migrants, il faut voir tous les aspects du problème..... Et si l'un des droits fondamentaux du Malien, du Comorien, du Roumain et autres était de pouvoir vivre dignement chez lui, sans être obligé d'être déraciné, pour n'être - fort souvent... - que de la "chair à profit" ?....

                Une dernière question, avant de reproduire le texte publié par Plunkett : « l’idolâtrie de soi-même, de son propre groupe, de sa propre tradition socioculturelle » sont certainement, en langage catholique, un péché, et en langage profane un réel dérèglement ; mais est-ce là le danger qui guette l’Europe d’aujourd’hui ? Et même le monde, menacé, au moins pour l’instant, par le nivellement le plus destructeur qui soit. Et d’autre-part, « la haine de soi-même, de son propre groupe, de sa propre tradition socioculturelle » ne constitue-t-elle pas un autre « péché » ou un dérèglement tout aussi grave ? Et n’est-ce pas celui dont nous souffrons bien davantage, aujourd’hui, que de l’autre ? Par quel aveuglement inverse-t-on ainsi la réalité et la gravité des risques ?

                Nous reviendrons tout prochainement sur ce sujet et verserons au débat un autre texte dont nous aurons la faiblesse de penser qu’il est d’une clarté, d’une clairvoyance tout à fait différentes …

                Voici le texte cité par Patrice de Plunkett :

     Le secrétaire du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Mgr Agostino Marchetto, a souligné l'importance de passer de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle. C'était durant une conférence intitulée Multiculturalisme (de fait) et religion,à Rome le 19 juin. Le thème de la rencontre : « La sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales », rappelait le 60ème anniversaire de la signature de la Convention européenne sur ce sujet.

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    18 mars 2009 : Mgr Marchetto est en Corse, où il participe à la procession de la Vierge de miséricorde - A Madunaccia - dans les rues d'Ajaccio...

    « L'urgence d'aujourd'hui et le secret de l'avenir », a déclaré Mgr Marchetto, « résident dans le dialogue entre les personnes, les communautés, les autorités et organisations civiles, les peuples, les cultures et les religions pour s'opposer à la fermeture et à l'intolérance qui, au fond, naissent de l'idolâtrie de soi-même, de son propre groupe et de sa propre tradition socioculturelle ».

    Pour Mgr Marchetto, « l'accueil 'dialoguant' s'exprime dans une rencontre authentique qui se sert de cet art difficile mais inépuisable qui consiste à conjuguer ensemble l'aspect personnel et l'aspect de groupe, à articuler les identités, complémentarités, coresponsabilités et créativités, en passant de la dimension multiculturelle à la dimension interculturelle, offrant des espaces dynamiques à la réciprocité et à la fécondité ».

    Le représentant du Saint-Siège a demandé « non pas l'homme au-dessus, contre ou sans l'autre homme, mais ensemble, tous, pour une société nouvelle. A commencer par l'Europe, afin qu'elle se place dans le droit fil de son humanisme originel ».

    La tolérance, a-t-il souligné, « ne suffit plus ». « Il faut passer nécessairement à la 'convivialité des différences' . La question ne se résout donc pas en nous demandant ‘qui est l'autre' ou ‘qui suis-je', mais plutôt ‘ qui suis-je par rapport à l'autre' ».

    Mgr Marchetto a relevé que « notre époque est faite de rencontres entre les personnes et les peuples de différentes cultures, nationalités et religions », un processus dans lequel les migrations « jouent un rôle significatif ».

    Il a ensuite déploré le fait que « les différences légitimes » aient été « utilisées pour dominer ou pour discriminer », et qu'elles ne sont donc pas toujours « considérées à leur juste valeur ». Aussi souligne-t-il la nécessité de « concevoir la juste diversité comme une valeur, en développant une vision plurielle de la réalité » : « le pluralisme, en effet, par principe et en soi, implique reconnaissance, respect, promotion des diversités, des droits de tous, dans un climat d'harmonie et de cohabitation pacifique ».

    Mgr Marchetto a signalé la fonction importante de la religion « pour favoriser l'acceptation de la réalité changeante de notre temps, sans perdre de vue sa propre identité, mais également l'engagement à faire grandir le respect envers les femmes et les hommes d'origines différentes, en particulier dans les régions où les migrations sont fortes ».

    « Mais le respect ne suffit toutefois pas, car nous devons accueillir, comme expression d'amour », a-t-il ajouté. D'où la nécessité d'« une vision qui permette, dans une réalité aussi complexe que la nôtre aujourd'hui, difficile et contradictoire, de saisir aussi en Europe les signes d'un monde nouveau qui naît, où la religion a un rôle très important, que nous le voulions ou non ».

    « Ainsi, dans le domaine culturel, se fraye une ‘mens' toujours plus transnationale, que nous pourrions aussi définir interculturelle, dans la mesure où les avancées technologiques, dans leur évolution incessante , nous mettent en situation de ‘vivre' en même temps dans divers milieux sociaux ». Dans l'univers religieux existe aussi « la possibilité de réaliser une fraternité universelle, autrement dit une unité où les différences ne sont pas gommées, mais vécues dans leur identité ‘relationnelle' ».

    « Le phénomène migratoire devient un laboratoire où l'ouverture, l'accueil et le respect des cultures des autres peuvent être mis à l'épreuve, tandis que les valeurs humaines et religieuses, qui ne sont pas en contradiction, soutiennent et motivent leurs divers parcours et tentatives. »

    « Du reste, les notes de l'accueil, de 'l'itinérance' et de la communion sont les points de référence dynamiques dans la recherche d'un amour authentique vis à vis de l'autre, spécialement dans les contextes où le multiculturalisme est bien plus présent... Les déplacements migratoires créent des occasion de rencontre avec des personnes d'autres cultures et religions, qui nous interpellent et invitent à abandonner des certitudes et certains schémas mentaux pour nous mettre en chemin vers l'autre et lui offrir un dialogue interculturel, interreligieux », a-t-il conclu.

  • Anniversaire de Georges Steiner : le surprenant ”oubli” (?) d'Evène...

                Le 23 avril, c'était l'anniversaire de Georges Steiner, 80 ans, né à Paris en 1929. Le fait est mentionné par l'éphémeride d'Evene, que Le Figaro met en bonne place sur la page d'accueil de son édition électronique.

                Un petit texte, intéressant, accompagne ce rappel, suivi d'une bibliographie, intéressante elle aussi. Pourtant, on est très vite surpris, et déçu. C'est curieux : quand on connaît l'estime réciproque que se portaient les deux hommes, et quand on sait ce que Steiner pense et dit de Boutang, Pierre Boutang n’existe pas pour Evène. Il a disparu des écrans radars. Néantisé ...

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                On se perd donc en conjectures sur la cause de cet "oubli". Oubli, tout simplement ? Mais ce serait très surprenant... Épuration d'un autre âge, et censure, dûe au politiquement correct ? Mais ce serait assez inattendu en ce qui concerne Steiner, qui n'a pas craint d'écrire un ouvrage avec Pierre Boutang, et qui pense, et qui dit, que Boutang est tout simplement le plus grand philosophe, depuis Platon ! Excusez du peu ! Et de plus, dans cette biographie, on parle de Gustave Thibon, qui aurait dû, à ce compte-là, être épuré lui aussi...

     

                La vérité oblige à dire que nous ne savons rien du pourquoi du comment de tout ceci, et que l'on ne peut que le constater, tout simplement. Inutile de se perdre trop longtemps dans de vaines suppositions...

     

                Contentons-nous donc de réparer un oubli et de combler simplement une lacune -on l'appellera ainsi, faute d'élèments d'information suffisants, en se gardant de noircir trop les choses...-. Et réunissons juste les deux amis, les deux complices, qu'une biographie - par ailleurs intéressante - a curieusement séparés.

            

           

     

     

     

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    Voici, pour mémoire, la malgré tout sympathique page consacrée par Evène à Steiner :

     

    Biographie de George Steiner

    Après onze années passées à Paris, George Steiner et ses parents, d'origine juive viennoise, arrivent aux États-Unis en 1940 pour échapper à la Seconde Guerre mondiale. Très tôt, George Steiner reçoit une éducation polyglotte et son père lui fait apprendre le grec ancien à 6 ans en lui faisant croire que "L' Iliade" n'est pas traduit en allemand. Le jeune homme fréquente ensuite les universités d'Oxford et de Cambridge. Il sort diplômé en mathématiques, en sciences physiques et en lettres en 1949. Dès 1950, l'étudiant brillant est engagé comme journaliste au sein de The Economist et se fait remarquer grâce à un cours sur Shakespeare qu'il donne à l'université de Genève où il enseigne la littérature. Nommé professeur émérite à sa retraite, il continue d'enseigner au St Anne's College à Oxford. Parmi la vingtaine d'ouvrages à son actif, citons 'Tolstoï ou Dostoïeviski' en 1958 et 'Après Babel' en 1975. Il publie de nombreux ouvrages notamment 'Les Livres que je n'ai pas écrits' dans lequel l'auteur fait état de sept projets, sept absences, sept échecs supposés. Depuis 1966, George Steiner est critique littéraire au New Yorker. Son activité littéraire traverse les années et il publie notamment 'Langage et silence' en 1969, 'Martin Heidegger' en 1981, 'Le Sens du sens' en 1988, 'La Mort de la tragédie en 1993, 'Grammaires de la création' en 2001, 'Logocrates' en 2003 ou encore 'Une certaine idée de l'Europe' en 2005. Ayant beaucoup réfléchi sur les rapports entre l'art et la transcendance, George Steiner fonde sa philosophie sur le langage, le mal, la transcendance et le rapport entre la culture et la barbarie.

     

     

    PORTRAIT DE GEORGE STEINER

    La pensée symphonique

    Au lendemain d'un Salon du livre controversé mettant à l'honneur Israël et l'écriture en hébreu à l'exclusion de toute autre langue, comme l'anglais ou l'arabe, revenons sur la pensée du plus érudit des juifs, du plus polyglotte aussi. George Steiner, qui publiait en janvier chez Gallimard son dernier essai, 'Les Livres que je n'ai pas écrits', nous montre une nouvelle fois que c'est par et pour les textes qu'il appréhende les savoirs.

    D'autres célébrités liées à Steiner :
    Jean-Paul Curnier, François Jullien, Jean-Luc Marion, Michel Henry, Maurice Blanchot, Jean-François Revel, Albert Camus, Jean-Louis Schefer, Gustave Thibon, Daniel Bensaïd, Pascal Bruckner, Simone de Beauvoir, André Tubeuf, Alain Finkielkraut, Alain Renaut, John Rawls, Jürgen Habermas, Jean-François Lyotard, Alain Badiou, Luc Ferry.

    Et, sur une autre page, Evène cite :

    Chantal Delsol, Alain Badiou, Michel Foucault, Jacques Derrida, Simone Weil, Emil Michel, Cioran, André Tubeuf, Léo Strauss, Bruno Bettelheim, Luc Ferry, Gilles Deleuze, Paul Ricoeur, Emmanuel Mounier, Noam Chomsky, Jürgen Habermas, Benny Lévy, Marcel Gauchet, Claude Lévy-Strauss, Betty Friedan, Hannah Arendt.

     

    Bibliographie

    Ceux qui brûlent les livres

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXIe]

    Dans cet essai, Steiner expose son rapport aux livres et ce qu'il doit aux religions du livre.

     Plus sur "Ceux qui brûlent les livres"

    A cinq heures de l’après-midi

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXIe]

    Ville dangereuse, M. comptabilise des dizaines d'homicides par jour. Des cadavres piégés sont laissés, abandonnés ou ramassés à la tombée du jour ; seule l'odeur du sang rappelle ce qui s'est passé.

     Plus sur "A cinq heures de l’après-midi"

    Maîtres et disciples

    de George Steiner

    [Spiritualité et Religion]

    Qu'est-ce qui habilite un homme ou une femme à "enseigner" à un autre être humain, où réside la source de l'autorité ? L'enseignement authentique est le dévoilement d'un Logos révélé, diront les uns : c'est le modèle du maître qui enseigne [...]

     Plus sur "Maîtres et disciples"

    Une certaine idée de l’Europe

    de George Steiner

    [Histoire et Actualité]

    C'est avec le talent d'un imagier que George Steiner aborde son sujet de manière inattendue : "Les cafés font l'Europe, écrit-il. Ils vont de l'établissement préféré de Pessoa à Lisbonne aux cafés d'Odessa, hantés par les gangsters d'Isaac [...]

     Plus sur "Une certaine idée de l’Europe"

     

    Dix raisons (possibles) à la tristesse de la pensée

    de George Steiner

    [Philosophie]

    "Si nos processus de pensée étaient moins pressants, moins crus, moins hypnotiques, nos déceptions constantes, la masse grise de la nausée nichée au coeur de l'être, nous désempareraient moins. Les effondrements mentaux, les fuites pathologiques [...]

     Plus sur "Dix raisons (possibles) à la tristesse de la pensée"

    Tolstoï ou Dostoïevski

    de George Steiner

    [Littérature étrangère XXe]

    On a pu dire qu'en demandant à un homme - ou à une femme - s'il préfère Tolstoï ou Dostoïevski, on peut "connaître le secret de son coeur". Avec son érudition et sa verve coutumières, George Steiner explore ici les différences qui opposent [...]

     Plus sur "Tolstoï ou Dostoïevski"

    Nostalgie de l’absolu

    de George Steiner

    [Philosophie]

    La fin du christianisme et le retour du religieux sont décidément des thèmes à la mode. Sur le sujet, mieux vaut lire les ouvrages de George Steiner ou de Marcel Gauchet qui, s'ils sont très différents, ont le mérite commun de formuler les [...]

     Plus sur "Nostalgie de l’absolu"

    Grammaire de la création

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Ce tournant de siècle est marqué par une lassitude foncière. Ontologique, dirait-on : la chronométrie intime, les contrats avec le temps qui déterminent si largement notre conscience indiquent la fin d'après-midi. Nous sommes des tard venus. [...]

     Plus sur "Grammaire de la création"

    Le Sens du sens

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Dans ce livre, qu'il a voulu intituler 'Le Sens du sens', on trouvera le texte d'une conférence fondamentale, donnée dans les trois langues qui déterminent sa vie et son espace culturel. George Steiner considère aussi sa conférence comme [...]

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    Langage et silence

    de George Steiner

    [Philosophie]

    On a pu dire de l'oeuvre considérable de George Steiner qu'elle tourne tout entière autour du langage, de son sens et de ses conséquences morales et religieuses. On s'en convaincra aisément en lisant cet ouvrage écrit voici trente ans, par [...]

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    Réelles présences

    de George Steiner

    [Philosophie]

    Où peut-on trouver le sens des arts ou de la littérature lorsque les oeuvres authentiques s'effacent au profit de l'ère des commentaires journalistico-universitaires ? L'art contemporain, comme l'humanisme moderne, ont échoué car ils manquaient [...]