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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Éphéméride du 3 Janvier

     Le Panthéon, vu depuis la rue de la Montagne Sainte-Geneviève

     

     

    512 : Célébration de Sainte Geneviève, patronne de Paris 

     

    Née en 422, à Nanterre, c'est elle qui fait édifier la première église sur l'emplacement de ce qui deviendra la Basilique de Saint-Denis.

    Elle a 29 ans lorsque, en 451, Attila franchit le Rhin et envahit la Gaule. Les Parisiens prennent peur et veulent fuir. Geneviève les convainc de demeurer dans la ville. Elle rassemble les femmes dans l'église-baptistère près de Notre-Dame et leur demande de supplier le Ciel d'épargner leur ville.

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    Pierre Puvis de Chavannes - Sainte Geneviève veillant sur Paris
    Huile sur carton - 31,7 x 18,8 cm
     

    Les Huns abandonnent finalement la route de Paris pour se diriger vers Orléans qu'ils assiègent. Menacés par les armées du général romain Aetius, ils se replient vers le nord et sont définitivement vaincus aux Champs Catalauniques (voir l'Éphéméride du 20 juin).

    Plus tard, lorsque les Francs assiègent Paris, Geneviève sauve cette fois la ville de la famine. Elle organise une expédition ingénieuse au moyen de bateaux qui, par la Seine, vont chercher le ravitaillement jusqu'en Champagne.

    Geneviève meurt en 512 à près de 90 ans. Son corps est transporté en 845 à Marizy par crainte des Normands et rapporté à Paris en 890. Ses reliques sont brûlées par les révolutionnaires en 1793, mais son tombeau est toujours vénéré dans l'église Saint-Étienne-du-Mont (ci dessous).

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    Clovis et sa femme, Clotilde, éprouvaient une réelle admiration pour Geneviève. En 507, Clovis fonda une grande abbaye destinée à abriter sa sépulture et celle de son épouse.  En 512, Sainte-Geneviève, amie de Clovis, y fut inhumée. L'église devient lieu de pèlerinage. Ce lieu est directement à l'origine du Panthéon.

    En 1744 Louis XV, gravement malade, fait vœu de consacrer à Sainte Geneviève, s'il guérit, un édifice prestigieux sur les bases de l'ancienne abbaye de Clovis, qui sera reconstruite. Le projet, immense et complexe, est confié à l'architecte Soufflot. On peut vaguement l'imaginer à partir de la vue d'ensemble ci dessous :

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    Le roi pose la première pierre en 1764 mais le vaste ensemble n'est pas achevé lorsque éclate la Révolution. Ce qui était le couvent est aujourd'hui le Lycée Henri IV (ci-dessous) : l'église Saint-Étienne du Mont et la Bibliothèque Sainte-Geneviève en faisaient partie.

    C'est au cours de la révolution - en 1791 - qu'il est décidé, sur proposition de Mirabeau, de donner au monument une fonction laïque, celle de recueillir les dépouilles des Grands Hommes (300 places étaient déjà prêtes dans la crypte, qui avaient été prévues pour les religieux).

     

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    L'édifice fut transformé à la Révolution (voire mutilé), par la suppression du lanterneau et de ses deux clochers arrières mais aussi, et surtout, par l'obturation de 38 de ses 42 fenêtres, ce qui perturbe - depuis - la ventilation du bâtiment, augmente le taux d'humidité et accélère l'érosion des structures métalliques...

    Il retrouva cependant par deux fois, au cours du XIXème siècle, sa vocation chrétienne avant d'être définitivement consacrée Temple Civique et Panthéon National à l'occasion des funérailles de Victor Hugo en 1885.

    Bien que laïc, voire laïcard, le monument comporte toujours aujourd'hui une grande croix en son sommet, pesant 1,4 tonne ! Il est impossible de l'enlever car, par son poids même, l'architecte en avait fait, dès la conception de ses plans, l'un des éléments donnant sa stabilité à l'ensemble...  

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    Aujourd'hui, le projet initial du Panthéon de Louis XV ayant été tronqué et dénaturé, le lieu est donc devenu cet invraisemblable et extravagant bric-à-brac que dénonçait Léon Daudet, dans lequel on trouve, à côté de hautes figures qui honorent le nom et l'Esprit français :
    Voltaire, antisémite furieux et raciste "anti-nègre" joyeux;
    plus quelques autres "héros" du Système et du Pays légal, évidemment très marqués "à gauche" ou à l'"extrême-gauche", dont la place serait partout sauf là...
     
      

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    1875 : Mort de Pierre Larousse

     

    C'est à partir de 1864 qu'il effectuera la publication du Grand Dictionnaire Universel :

    L'ensemble comprendra dix sept volumes, et vingt deux mille cinq cents pages !

    Pierre Larousse publiera également de nombreux ouvrages pédagogiques largement utilisés dans les lycées et collèges.

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    1931 : Mort du Maréchal Joffre

     

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    Ci-dessus, sa statue, à Rivesaltes (cheval à l'arrêt, les quatre sabots au sol : posture des grands hommes n'étant pas mort au combat)

    Sur l'un des côtés du piédestal est mentionné un de ses Ordres du jour :

    "Au moment où s'engage une bataille dont dépend le salut du pays il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Tous les efforts doivent être employés à attaquer et refouler l'ennemi.

    Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles aucune défaillance ne peut être tolérée."

     

    http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Joseph_Joffre/126011

     

     

     

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    1953 : Découverte du Cratère et de la Dame de Vix
     
     
    6 janvier,philippe le bel,braille,croisades,louis xiv,calais,fronde,vaugelas,montgolfier,riesenerRené Joffroy (professeur d'histoire) et Maurice Moisson (agriculteur) découvrent la Tombe de Vix, de laquelle on exhumera l'extraordinaire Cratère de Vix (ci dessous) mais aussi le corps d’une jeune femme celte (ci contre) qui reposait là, parée de ses plus beaux bijoux. L’un d’entre eux était un extraordinaire collier en or.
    Tous les éléments, rares et précieux, prouvent aux archéologues que cette "princesse" était probablement une figure importante et appréciée des siens.
    À côté d’elle, se trouvaient plusieurs récipients en bronze. Certains fabriqués en céramique provenaient de Grèce. Et puis il y avait ce cratère, un immense vase constitué de 208 kg de bronze, d’une hauteur de 1.64m et d’un diamètre de 1.27 m. Personne n’avait vu un vase d’une telle contenance auparavant !

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  • Dans le monde et dans notre Pays légal en folie : revue de presse et d'actualité de lafautearousseau...

     

    Presque 12 millions de voix et 38 élus ou réélus au premier tour, c'est plus qu'une adhésion à un parti, c'est, de toute évidence, un cri, un sursaut, un mouvement populaire de fond.

    Le Peuple français se réveille, bien tard mais pas trop tard, et le Rassemblement national et ses alliés LR/Ciotti traduisent ce mouvement par un slogan simple, mais juste : "remettre de l'ordre dans la rue, remettre de l'ordre dans les comptes".

    Ce slogan, notre originalité est de l'élargir au Régime, et de proposer aux Français une remise en cause (du Système) pour une remise en ordre (des esprits et de la Nation : une véritable remise en ordre politique).

    Mais, dans l'immédiat, nous n'en sommes pas là.

    Nous sommes - hélas - "dans" le Système, sans être, bien sûr "du" Système. Et, dans la situation d'aujourd'hui, nous constatons, pour nous en réjouir, que notre Pays vit un moment majeur, en attendant plus et mieux, c'est-à-dire le vrai changement, par la révolution de la Révolution, la révolution royale : oui, nous pensons que ce coup de tonnerre du premier tour des Législatives, dans le cadre malfaisant du pays légal, c'est le Pays réel qui se met à faire entendre sa voix et bouscule ce qu'il convient de bousculer et d'abattre...

    nous constatons avec plaisir l'effacement de la macronie et de ses nuées mortifères (européisme anti-France et mondialisme tout autant anti-France) : 250 députés sortants, 100 au grand maximum dimanche ?... Bon débarras !

    nous constatons la poursuite de l'effacement de "la droite la plus à gauche du monde" : 61 députés sortants, une quarantaine dimanche ?... Bon débarras aussi !

    • nous constatons aussi un tassement des enragés du Front popu, cet assemblage hétéroclite et invraisemblable, bric-à-brac abracadabrantesque créé à la hâte, en mariant les carpes et les lapins; des gens d'accord sur peu de choses, en désaccord fondamentaux sur beaucoup, mais surtout soucieux de se faire élire... D'ailleurs, la première réaction de Mélenchon, à la télévision, juste après l'annonce des résultats, ne trompait pas : on a vu et entendu un Mélenchon terne et ennuyeux, rien à voir avec le tribun battant et agressif que l'on connaît habituellement : il encaissait le coup d'un "non succès", qui est loin d'être une déroute, mais qui est un vrai échec... Le bloc des "revenants de la Section des piques de 1793" a pris un mauvais coup, et c'et tant mieux ! Par contre, très peu de temps après, on a retrouvé tout ce bloc des enragés Place de la République où, là, Mélenchon est redevenu ce qu'il était : enragé menaçant et vociférateur... Cela promet !

    • nous constatons enfin l'apparition d'un Bloc national, Patriote, qui raisonne en terme de Nation, et pas d'Europe ou de Monde, ou d'on ne sait quelle chimère ou niaiserie. Un Bloc qui considère que le cadre national est le seul qui tienne; qu'il est celui qui protège les Français, et surtout les plus faibles. Le cadre national, et non les nuées européistes et mondialistes...

    Le choix est donc clair pour le second tour : sans illusion aucune sur l'élection d'une Assemblée qui sauverait la France (ce n'est que par un changement de Régime qu'on la sauvera, par la révolution de la Révolution), nous devons saisir toute opportunité qui se présente pour lui éviter le pire (macronisme, mélenchonisme...), et donc

     

    DIMANCHE, C'EST BARDELLA !

     

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    1. De Bruno Attal, sur tweeter, à propos de ce monsieur Merzouk, que tant de gens appellent par son prénom, comme s'ils avaient passé leur temps et leur vie avec lui... :

    "Je vous révèle : -La photo d’une perquisition où Nahël était poursuivi ( produits stupéfiants et argent) ! La photo de son passeport lors de la perquisition. Le témoignage d’un policier qui l’a déjà interpellé . Allô @OmarSySy et @KMbappe, c’est toujours un ange ?"

    (extrait vidéo 0'25)

    https://x.com/Bruno_Attal_/status/1807061361286947100

    Le policier qui a tué Nahel à Nanterre s'appelle Florian Menesplier et vit  à Bornel dans l'Oise - Oise Hebdo

    Personnalité beaucoup plus sympathique, Florian, le jeune policier poursuivi par la vindicte des "délinquophiles" pour avoir fait son travail : protéger la société de ceux qui prétendent s'affranchir des lois et mettent les autres en péril par leur(s) comportement(s) fou(s)... Á décorer !

     

    2. D'accord avec Gilbert Collard :

    "Pendant que la France est focalisée sur les #législatives2024 :Ursula von der Leyen et Thierry Breton sont reconduits. On prend les mêmes et on recommence la descente aux enfers des combines des copains européens !"

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    3. Dans Ciel et Espace : et une trahison de plus, une !, envers la France, venant de nos prétendus amis européens (le soi-disant "couple franco-allemand" - cette niaiserie qui n'a jamais existée - et autres soi-disant "européens" mais qui "achètent états-unien"...) : L’agence européenne Eumetsat choisit de ne plus envoyer son prochain satellite météo à bord d’Ariane 6. C’est finalement une fusée Falcon 9 de SpaceX qui lui est préférée !

     

    4. Dans Le Parisien (extrait de l'article de : Législatives : tiraillés, les catholiques pratiquants ne font plus barrage à l’extrême droite...

    3À la veille du premier tour des législatives, beaucoup de catholiques pratiquants se disent tentés par le vote à l’extrême droite, alors qu’ils ont longtemps été électeurs massifs de la droite modérée. En cause : la crainte d’un prétendu déclin de leur religion et les sujets bioéthiques défendus par la majorité.

    En sortant de l’office de midi à l’église Saint-Ignace — drôle d’édifice parisien camouflé derrière un immeuble récent, en face du Bon Marché (Paris VIIe) — Josiane se signe, appuyée sur sa canne. Une première fois avant de tourner le dos au crucifix, la seconde fois en pensant aux élections législatives qui se profilent, le 30 juin. « Dieu nous voit. J’espère qu’il ne nous juge pas : certains amis catholiques disent qu’ils vont voter pour l’extrême droite, souffle la Parisienne. Qu’en dirait le pape François, quelques mois après être venu en France pour délivrer un message d’ouverture et de charité ? »

    Les amis de Josiane ne sont pas des cas isolés : selon un récent sondage Ifop pour le journal La Croix, 32 % des catholiques pratiquants ont voté pour la liste du Rassemblement national conduite par Jordan Bardella aux élections européennes, soit le double du score obtenu aux européennes de 2019. Si l‘on ajoute les 10 % de voix obtenues par Reconquête, le parti d’Éric Zemmour — contre 5,5 % pour l’ensemble des Français — l’extrême droite obtient 42 % des voix des catholiques habitués de la messe..."

    Selon un récent sondage Ifop pour le journal La Croix, 32 % des catholiques pratiquants ont voté pour la liste du Rassemblement national conduite par Jordan Bardella aux élections européennes. LP/Frédéric Dugit
    Selon un récent sondage Ifop pour le journal La Croix, 32 % des catholiques pratiquants ont voté pour la liste du Rassemblement national conduite par Jordan Bardella aux élections européennes. LP/Frédéric Dugit

     

    5. Relayée par Eugénie Bastié, sur tweeter, la très bonne intervention d'Alexandre Devecchio :

    "Très bon rappel d’@AlexDevecchio. Le fascisme est mort, mais l’antifascisme lui a survécu comme une posture pour une gauche qui n’a plus que cette panique morale pour lui servir de ciment."

    D'Alexandre Devecchio : "Les parallèles historiques entre le RN et les régimes totalitaires sont insultants notamment pour les victimes de la Shoah. Surtout ils visent à occulter la réalité du présent : l’antisémitisme nourri par l’islamisme et l’extrême gauche, l’antisémitisme qui tue."

    (extrait vidéo 2'44à

    https://x.com/EugenieBastie/status/1807075575401525569

    "Agiter un péril fasciste pour discréditer ne fonctionne plus"
     

    "Agiter un péril fasciste pour discréditer ne fonctionne plus"

     

    6. Les douces joie de l'immigration/invasion, voulue, organisée et imposée par Chirac et ses scélérats décrets de 75/76 : à Thionville, lors d'un mariage organisé par la communauté turque, trois hommes cagoulés, arrivés en 4x4, ont tiré sur les convives devant la salle, avant de prendre la fuite. Un mort et cinq blessés. Ce n'est rien, c'est le changement de peuple voulu par le Système...

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    7. Et l'on terminera cette série d'aujourd'hui en beauté, avec le magnifique spectacle offert par l'Armée de l'Air, qui a célébré dignement ses 90 ans au Château de Versailles, où l'homme s'éleva dans les airs pour la première fois de l'Histoire, devant le roi Louis XVI : Tradition et Modernité, c'est tout un, et c'est un beau symbole...

    https://www.leparisien.fr/yvelines-78/versailles-larmee-de-lair-et-de-lespace-offre-un-show-inedit-pour-ses-90-ans-au-chateau-28-06-2024-X3BJ5WA7YBA3LCPUXSKOWA7QTE.php

    La célèbre Patrouille de France aura pour mission de clore le défilé. Armée de l'air et de l'espace/Julien Fechter

     

     

    À DEMAIN !

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  • La Nouvelle Revue Universelle publie les Actes du colloque « Pour un nouveau régime »

     

    PAR CHRISTIAN FRANCHET D’ESPEREY

     

    066.jpgIl y a un an – c’était le 6 décembre 2014 – se tenait, salle Rossini à Paris, le premier colloque du Cercle Vauban. « Vauban I Â» en quelque sorte… comme on dirait d’un concile ! À ses trois cents participants, il a laissé un souvenir marquant. Son programme s’était donné un air de slogan : « Pour un nouveau régime Â». Mais, précédant cet appel au changement de système, et au fil d’une suite serrée d’interventions, on put y assister à une rigoureuse démonstration : non seulement la France était en voie de décomposition, « en lambeaux Â», mais elle était politiquement dans une impasse, le régime se révélant incapable de remettre en cause ses propres bases. Pas d’autre issue, donc, qu’un bouleversement politique radical. 

    Un an plus tard, diagnostic et remède – s’en étonnera-t-on ? – n’ont pas pris une ride. Et leur évidence ne fait pas un pli… C’est pourquoi le Cercle Vauban a décidé de pérenniser sur le papier ce moment privilégié de vérité politique qu’a été son premier colloque en demandant à la Nouvelle Revue universelle de lui consacrer un numéro entier. 

    Les Actes de « Vauban I Â» : un instrument de travail et un message particulier à transmettre.   

    En publiant les Actes de « Vauban I Â», le Cercle Vauban n’entend évidemment pas s’accorder un brevet d’autosatisfaction. Son intention est de proposer un instrument de travail qui explicite où se situe l’axe central de sa réflexion. Dans l’ensemble de notre paysage politique et culturel, les objectifs qu’il s’est fixé présentent en effet, un caractère tout à fait spécifique. Sans du tout contredire les diverses et souvent superbes initiatives prises ailleurs – mouvements, associations et lieux de réflexion ou de formation animés par le même esprit de révolte, surtout depuis le succès de la Manif pour tous –, le Cercle Vauban est convaincu d’avoir un message particulier à transmettre. 

    Il vise tous ceux pour qui l’amour de la France est d’abord un sentiment inné, spontané, sorti du cœur, mais aussi une perception raisonnée, fondée sur l’héritage reçu, l’éducation, l’expérience et la culture. De son histoire millénaire, la France a, Dieu soit loué, hérité des reins solides. Il en fallait pour résister à des gouvernements qui, depuis des décennies, suscitent un esprit de guerre civile permanente allant jusqu’aux guerres de religion déclenchées par un laïcisme fanatique ; qui, de 1870 à 1940, ont en moins de 70 ans  provoqué trois invasions de la France ; qui, en Algérie, ont engagé une guerre gagnée militairement et perdue politiquement ; qui ont sacrifié l’indépendance et la prospérité nationales à des chimères pseudo-européennes et mondialiseuses ; qui ont laissé s’installer sur le territoire des populations entières dans des conditions suicidaires avec les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui ; qui, enfin, à bout d’idées nocives, en viennent à vouloir liquider, en toute inconscience, les fondements même de notre culture et de notre civilisation. 

    Avec l’offensive contre l’institution conjugale, par cette trop fameuse loi Taubira issue d’un lobby au pouvoir d’influence inversement proportionnel à son importance numérique, la spirale du déclin paraissait en effet sans appel. Pour beaucoup, la France semblait en voie de dissolution inéluctable. Penser la disparition de la France, disait Bainville, serait impie, mais pas absurde. Nous y étions… 

    C’est alors qu’a surgi le Printemps 2013 ! Divine surprise, printemps de grâce, jaillissement inespéré d’un renouveau, la France de toujours descendait dans la rue pour crier son refus de mourir. Ces foules joyeuses, familiales, détendues, ces jeunes de tous âges, sans haine mais déterminés, ont révélé à la face du monde que la France pouvait encore se tenir debout, crier sa révolte et son indignation. Révolte vraie, authentique indignation qui ne devaient rien aux boursouflures d’un système médiatique aligné, aseptisé, robotisé. 

    La déception qui suivit fut cruelle. La loi scélérate, dénoncée et rejetée par le déferlement populaire, aurait dû être révisée, ou retirée, comme Mitterrand l’avait fait pour l’école en 1984. On sait qu’il n’en a rien été. S’arc-boutant sur deux piliers qu’il contrôlait l’un et l’autre, la force policière et l’institution parlementaire, le pouvoir est passé en force. Assumant cyniquement l’image d’un nouveau totalitarisme.     

    Réforme des institutions et réforme intellectuelle et morale vont de pair

    Tout ceci, direz-vous, est bien connu. Oui. Mais ce rappel est l’occasion de discerner ce que le caractère extrême de la situation de 2013 a ouvertement révélé. Est apparue d’une manière éclatante cette réalité demeurée, en général, latente : sous couvert d’une alternance droite/gauche d’apparence, un pouvoir qui sacrifie délibérément le bien commun aux intérêts particuliers qu’il sert peut parvenir à rester indéfiniment aux commandes. Et donc à assurer indéfiniment le blocage de toute réforme profonde, qu’elle concerne la famille, l’enseignement, la monnaie, la politique européenne, la défense ou les problèmes sociétaux. Pour assurer la continuité de ce monopole et de cette capacité de blocage, le pouvoir doit systématiquement empêcher toute remise en cause des institutions qui en garantissent le maintien. Tous ses efforts et toute son habileté consistent à préserver le système institutionnel de tout risque de transformation en profondeur qui ouvrirait la porte à l’indispensable réforme intellectuelle et morale. 

    C’est ce goulot d’étranglement sur la voie de notre salut, pas toujours clairement perçu, que le Cercle Vauban entend mettre en pleine lumière. 

    Que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit pas du tout de renoncer à rappeler la nécessité d’une réforme intellectuelle et morale. Les racines de la société française, aujourd’hui négligées, oubliées ou bafouées, la fonction des corps intermédiaires et le respect du principe de subsidiarité, le rôle du spirituel et de la religion dans notre équilibre politique, économique et social ou encore la place centrale du bien commun dans notre vie collective, ne quittent pas un instant le champ de nos préoccupations. 

    En réalité, réforme des institutions et réforme intellectuelle et morale sont indissolublement liées. Mais l’une doit-elle passer avant l’autre ? Éternelle question de l’œuf et de la poule. Dans l’univers marxiste, Gramsci l’avait tranchée en privilégiant la conquête des esprits, la prise de pouvoir culturelle, sans d’ailleurs parvenir à prouver une plus grande efficacité de sa méthode pour faire la révolution. 

    Certains de nos amis se demandent s’il n’y a pas du bon grain à y prendre pour servir notre propre cause. Ils ont sûrement raison d’y réfléchir, la question est importante. Le Cercle Vauban, pour sa part, est convaincu que de reconnaître la priorité pratique conférée au combat institutionnel n’obère en rien l’indispensable retournement de l’esprit public dans le sens du droit naturel et du souci primordial du bien commun : le « politique d’abord Â» n’a jamais rien signifié d’autre et, par la diversité de ses travaux, le Cercle Vauban prouve qu’il est le dernier à l’oublier. 

    Mais en France, dans les conditions présentes, l’expérience montre que c’est par la voie politico-institutionnelle que le mal – le mal français dénoncé dans la conclusion du colloque – s’est imposé. Et c’est par la même voie qu’il perpétue son emprise. Notre tâche est de le faire comprendre, et de le dénoncer, avec tous les moyens que nous sommes en mesure de mobiliser. 

    « Être (ou ne pas être) républicains »

    En pleine Révolution, découvrant la « république Â», les Français ont pu croire à un avenir limpide, le principe de base du « nouveau régime Â» semblant transparent : tout le pouvoir au peuple. C’est-à-dire à nous tous. À nous tous ? Est-ce à dire à chacun de nous ? Difficile question, inauguratrice d’une réflexion sans fin ni fond sur la nature de la démocratie. On y tombe sur des apories comme celle-ci : si le peuple choisit la dictature, la situation est-elle démocratique ? Aporie, certes, mais devenue une effrayante réalité : elle a mis le feu au XXe siècle, celui des camps de la mort et du goulag. 

    D’ailleurs, on l’a souvent noté, quand on parle de l’Ancien Régime, on sait ce que c’est, mais on serait bien en peine de dire ce qu’est le « nouveau régime Â». Depuis plus de deux cents ans, la France est à sa recherche. Dans une vieille chanson de notre folklore, la « femme du roulier Â» – les plus jeunes la découvriront sans peine sur Internet –, l’héroïne « cherche son mari de taverne en taverne, avec une lanterne Â»â€¦ Ainsi la République va-t-elle, les droits de l’homme à la main, à la recherche de la formule la mieux adaptée à ses « valeurs Â» du moment. Ses changements de numéro, IIIe, IVe, Ve, liés aux vicissitudes de l’histoire, ne traduisent aucune réalité de fond. On a vu, sous le même numéro, les situations les plus opposées : par temps d’orages (Clemenceau en 1917, de Gaulle en 1961), le rêve démocratique suspend son vol, le temps de sauver la République… Aujourd’hui, avec le quinquennat, nous sommes dans une VIe République de fait qui n’a jamais osé dire son nom. Et ceux qui réclament ouvertement une VIe République ne veulent rien d’autre qu’un retour à la IVe… D’ailleurs, à toutes les époques de turbulences et de violences latentes, les constitutions ont été soumises à des sollicitations plus ou moins brutales, voire à des viols répétitifs. Et même… en réunion. C’est Jacques Perret qui qualifiait la constitution de la Ve de marie couche-toi là ! 

    Aujourd’hui, rien n’est plus banal que de modifier la Constitution. À la manière des poupées Barbie, on peut l’habiller au gré des utilités ou des toquades du moment. Des deux procédures prévues, la plus « démocratique Â» – la voie référendaire – est tombée en désuétude car suspectée de servir la cause « populiste Â». On disait naguère de Giscard d’Estaing : son problème, c’est le peuple. Cela concerne maintenant tous les politiciens de l’oligarchie dominante. Leur problème, c’est le peuple… donc, exit le référendum. 

    Heureusement, il reste une autre procédure, celle qui permet de rester entre soi : la réunion de l’Assemblée nationale et du Sénat en Congrès. Il suffit de parvenir à y réunir une majorité. Les sujets les moins propres à figurer dans une charte institutionnelle, pour peu qu’ils correspondent aux dernières lubies des lobbys, peuvent dès lors devenir prétexte à révision. 

    La constitution se voit donc désacralisée au moment où s’impose une nouvelle sacralisation, celle des « valeurs de la République Â» et des nouveaux fétiches sociaux ou sociétaux comme la non-discrimination ou le droit à disposer de son corps. Une nouvelle sacralisation, soit dit en passant, parfaitement discriminatrice à l’égard de certains droits comme le droit à la vie, mais ceci est une autre histoire. Il demeure que la sacralisation du pouvoir, en France, a toujours eu pour objet de préserver l’intégrité de l’autorité mise au service du bien commun. C’est précisément cela que l’on désacralise aujourd’hui. 

    On ne doit cependant pas se dissimuler cette réalité de fait : aussi discréditées qu’elles soient, ces institutions demeurent un efficace instrument entre les mains de ceux dont l’intérêt est de bloquer tout espoir de les réformer en profondeur. Par une obscure conscience de se voir condamné par ses propres contradictions, le système a de lui-même organisé son caractère inamendable. 

    L’objectif de fond, essentiel, unique, est de conserver aux partis leur mainmise sur la vie politique. Mainmise sur les élections à tous les niveaux : les Français sont contraints à choisir leurs représentants locaux, régionaux ou nationaux selon des critères essentiellement partisans – et l’élection présidentielle elle-même n’a pas échappé longtemps à cette calamité. C’est là le point essentiel sur lequel nous devons porter le fer. 

    Le colloque Pour un nouveau régime : un essai de démonstration

    Le colloque Pour un nouveau régime n’a pas été, on l’a compris, de ces colloques universitaires où chaque intervenant est essentiellement attaché à développer ses idées personnelles sur le sujet de sa spécialité, ou à faire la promotion – sûrement justifiée ! – de son dernier livre. 

    Ici, au contraire, les interventions successives se sont enchaînées selon une logique rigoureuse et bien perçue par tous, dans le but d’en dégager une irrécusable démonstration.Le fil en est clair : la France est « en lambeaux Â», l’évocation de quelques grands sujets suffit à en apporter la preuve ; on ne sortira pas de cette situation en se bornant à vouloir régler chaque problème isolément : il faut une politique d’ensemble, et donc un gouvernement qui se mette au service exclusif du bien commun, ce qui implique un changement radical de régime politique. La première partie a déroulé d’une manière rigoureusement démonstrative l’ardente nécessité d’un changement de régime. Et la seconde a exposé les quelques principes de base nécessaires au développement durable d’un nouveau régime. 

    Telle a été la démarche collective de nos intervenants. Ce qui ne signifie pas qu’ils aient fait abstraction de leur personnalité, il eût été difficile d’attendre cela d’eux. Chacun a donné sa propre vision du sujet qui lui était proposé – mais, on le constatera, loin de nuire à la force de la démonstration, cette diversité a contribué à l’enrichir. 

    Les huit intervenants du colloque Pour un nouveau régime

    Il est temps, maintenant de laisser la place aux Actes du Colloque Vauban I. C’est-à-dire de laisser s’exprimer nos huit intervenants : par ordre d’entrée en scène, Frédéric Rouvillois, Jacques Trémolet de Villers, François Reloujac, Fabrice Hadjadj, Jean-Baptiste Donnier, Marie-Pauline Deswarte, Pierre Chalvidan et Axel Tisserand. 

    Grâce à eux, de simple petit groupe de réflexion qu’il était au départ, voilà le Cercle Vauban devenu force de proposition, et appelé Ã

  • Henry de Lumley sur TFI, et sur Canal Académie...

         On ne présente bien sûr pas Henry de Lumley, ni ses compétences mondialement reconnues, qui font de lui - associé à son épouse - l'un des tous premiers spécialistes au monde de la préhistoire et de la paléontologie.

                 A l'occasion du mariage du Prince Jean et de Philoména - auquel a assisté le couple - nous avons présenté à nos lecteurs l'accueil tout à fait exceptionnel que le professeur de Lumley avait reservé au Prince Jean, venu le visiter à Tautavel et, une autre fois, dans la région niçoise.

                 Mais comme, à la mi juillet, Claure Chazal a lancé un reportage fort bien fait sur lui et sur ses travaux lors de son JT de 20 heures, sur TF1, il nous a paru utile de communiquer à celles et ceux que le sujet intéresse les trois remarquables conférences consacrées à Henry de Lumley par Canal Académie :

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                http://www.canalacademie.com/ida3985-Les-dix-hauts-lieux-de-la.html

                http://www.canalacademie.com/ida4001-Les-dix-hauts-lieux-de-la,4001.html

                http://www.canalacademie.com/ida4002-Les-dix-hauts-lieux-de-la,4002.html

     

                Et, pour les passionés - mais qui, parmi vous, chers lecteurs, ne l'est pas ?... - nous remettons ici notre note du vendredi 10 avril 2009, dans laquelle nous rappelions justement les réceptions du Prince par le professeur, son épouse et ses équipes de chercheurs.

                C'était trois semaines avant le mariage du Prince : un excellent souvenir !..... 

     

    vendredi, 10 avril 2009

    Le Prince Jean en Provence (2/3) : avec Henri de Lumley, de Tautavel à la Vallée des Merveilles....

               Ou : De l'énergie de l'avenir aux origines de l'Homme....

               Au coeur de cet été 2006, le déplacement du Prince Jean en Provence et dans le pays niçois a été dominé par les préoccupations scientifiques, en remontant de l'exploration de la matière à la paléontologie...

               Le vendredi 21 juillet, au matin, le Prince s’est rendu au centre de Cadarache du Commissariat à l'énergie atomique, dont les responsables lui ont présenté le projet international ITER, futur laboratoire de fusion thermonucléaire, appelé à révolutionner l’approvisionnement énergétique de l’avenir.

               Puis, l’après-midi, le prince est passé directement des sciences du futur à celles de nos origines : paléontologie, anthropologie et sciences annexes. Il a été accueilli par le professeur Henry de Lumley au Laboratoire départemental de préhistoire du Lazaret, près de Nice et a visité le chantier de fouilles préhistoriques, se faisant expliquer les techniques propres à cette recherche.

               Et le lendemain matin, samedi 22 juillet, avec ses accompagnateurs et un groupe d’étudiants, le prince Jean est monté au-dessus de Tende à 2000 m d’altitude. De là a débuté une visite sur les sites de gravures rupestres de l’âge du cuivre et de l’âge du bronze ancien du Mont Bégo et les roches gravées de la Vallée des Merveilles.

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    Vallée des merveilles, le Sorcier


               I ) : Visites..... :

               Après avoir vu à Cadarache préparer l’énergie des siècles à venir, le prince Jean a été invité par le professeur Henry de Lumley à faire un bond en arrière de quelques milliers de siècles pour méditer sur ce que nous savons des origines de l’homme. La science actuelle nous dit qu’il est apparu en Afrique il y a 2,5 millions d’années, les premiers Européens ne remontant… qu’à environ 450 000 ans : le prince Jean était allé à leur rencontre un an plus tôt, en juillet 2005, en rendant visite à l’homme de Tautavel, dans le Roussillon, déjà guidé par le Pr de Lumley.

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               Pendant les deux journées du 21 et du 22 juillet 2006, il s’est rendu dans deux sites archéologiques exceptionnels, la grotte du Lazaret près de Nice, et la Vallée des Merveilles, au-dessus de Tende, dans le Mercantour.

               La grotte du Lazaret, découverte sur les flancs du mont Boron au XIXe siècle, a bénéficié à partir de 1967 de la présence du Pr de Lumley qui y a engagé une étude systématique 

     

              http://www.prehistoirepaca.com/guide.asp?id_guide=9

     

             Celle-ci n’a, depuis, jamais cessé. Sur une profondeur de 8 mètres, les niveaux stratigraphiques ont révélé des séquences de présence humaine allant de 170 000 à 130 000 ans av. J.C. Il s’agit souvent d’éclats de galets retouchés pour en faire des "racloirs". Des vestiges humains, des dents notamment, ont aussi été recueillis. Les fossiles, les restes fauniques, herbivores ou carnivores, sont eux aussi impressionnants : les plus anciens datent de 500 000 ans.

                Le lendemain, samedi 22 juillet, le prince, ses accompagnateurs et toute une équipe de jeunes étudiants montèrent jusqu’au pied du Mont Bego, au-dessus de Tende, à 2000 m d’altitude, pour se rendre à la Vallée des Merveilles. Ces "merveilles" sont des gravures rupestres extérieures, exécutées sur des affleurements rocheux ou sur des blocs "erratiques". On en a répertorié plus de 30 000. Dues aux hommes des âges du cuivre et du bronze ancien (2500 à 1500 av.J.C.), elles sont contemporaines des alphabets sumérien ou égyptien. Signalées dès le XVe siècle, étudiées depuis la fin du XVIIIe, elles ont fait l’objet d’une recherche approfondie par les équipes du Pr de Lumley.

     

               http://www.tendemerveilles.com/Infos-touristiques/VDM.htm...

     

               On y observe des figures récurrentes : dessins géométriques (spirales, surfaces réticulées,…), armes (poignards, haches, hallebardes…), paires de cornes, représentations animales (le taureau) et humaines… Le plus surprenant est que, loin d’être placées au hasard, elles le sont selon des combinaisons repérables, formant non une écriture, mais une proto-écriture : le Pr de Lumley parle d’un langage symbolique inscrit dans la pierre. Selon toute probabilité, le mont Bego était alors une montagne sacrée, un sanctuaire à ciel ouvert, le "Bego" (taureau) étant le dieu de la pluie dont le sacrifice permettait de fertiliser la déesse Terre. L’appel religieux né au cœur de l’homme apparaissait déjà comme une réponse au besoin de vivre. A ce thème Henry de Lumley a consacré un livre, Le Grandiose et le Sacré (éd. Edisud), qu'il offrit au prince Jean.

                Cette randonnée s’acheva à Tende, au Musée départemental des Merveilles, où le Prince fut reçu par M. José Balarello, sénateur des Alpes-Maritimes : ce musée, en tous points passionnant, permet de se faire une claire synthèse des découvertes faites à la Vallée des Merveilles et des questions qu’elles posent à l’homme d’aujourd’hui

     

                http://www.cg06.fr/w_musee_merveilles/

     

                II ) : Le discours du Prince... (ci dessous s'exprimant à Tautavel, lors de la première "journée" organisée pour lui par les de Lumley)      

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               Le soir de ce vendredi 21 juillet, après avoir visité le matin même le centre de Cadarache du CEA avec le projet ITER, et à l’issue de sa visite à la grotte du Lazaret, alors que l’attendait, le lendemain, sa « randonnée » à la Vallée des Merveilles, le prince Jean a présidé un dîner organisé par M. et Mme de Lumley à la Maison du Séminaire de Nice : de nombreux convives étaient réunis autour du Dr Alain Frère, vice-président du Conseil général, de M. José Balarello, sénateur des Alpes-Maritimes et M. Jean-Pierre Vassalo, maire de Tende.

               Au début du repas, le Prince a pris la parole. Dans son discours, il a voulu montrer la confiance déterminée qu’il porte à la science dès lors qu’elle reconnaît ses limites, qu’elle respecte le registre qui est le sien qui n’est autre que le service de l’homme et de la vie. Les questions soulevées par l’énergie thermonucléaire de demain comme celles posées par les progrès de la connaissance qu’à l’homme de ses origines doivent être mesurées à cette aune, et affrontées avec confiance, ouverture d’esprit et lucidité.

     

    Extraits.....

     

               "....Je ne me trompe pas en disant, sans aucune présomption de ma part, que vous venez rencontrer le Prince français que je suis, l’héritier de la dynastie nationale qui a porté pendant mille ans la destinée de la France. Vous voulez me connaître, ou me connaître mieux, et rien n’est plus normal. Et moi aussi, de mon côté, je veux vous connaître, mieux vous connaître, et c’est normal pareillement....

     

               Il n’est de véritable légitimité que dans le service. Si je n’étais pas présent activement, que vaudrait le principe que je représente ? Mais je viens à votre rencontre, vous venez à la mienne, et tout à coup apparaît en nous une force morale nouvelle, un accord profond qui existe par lui-même, au-delà de tous les clivages politiques et sociaux, et qui ne tient qu’à une idée simple, claire, puissante et suffisante : servir.....

     

               En revanche, il est indispensable que je m’intéresse à toutes les grandes questions qui touchent de près notre société. Et vous savez que c’est la raison d’être des voyages que j’entreprends depuis quelques années, et des activités qui y sont liées.

  • Matières premières - Nécessités vitales et spéculation, par François Reloujac

    (Article paru dans le n° 94 de Politique Magazine, de mars 2011)

            Au début du mois de février, le président de la République déclenchait un début de polémique avec la Commission européenne à propos de l’influence de la spéculation sur la variation des cours des matières premières. Certains économistes en ont alors profité pour expliquer tout l’intérêt de la spéculation dans le monde économique d’aujourd’hui.

     

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            Pour bien comprendre l’enjeu de ce différend, il convient d’examiner la spéculation dans son contexte entre les fluctuations des prix des matières premières et les conséquences économico- sociales qui en résultent. Comment expliquer, par exemple, que les pièces d’un, deux et cinq centimes d’euros aient disparu du Nord de l’Europe, soit que les gouvernements ne les mettent plus en circulation soit que les populations les récupèrent ? Le prix du cuivre a augmenté de 35 % en un an et de plus de 250 % par rapport à son point bas de 2008. De la même façon, le prix de l’étain a augmenté de près de 80 % en un an. A cette mesure, l’aluminium fait figure de parent pauvre qui n’a augmenté que de 12 % au cours des douze derniers mois. Mais certains experts pensent que ce métal va bientôt avoir sa revanche, pouvant dans de nombreuses applications, servir de substitut au cuivre. Et, dans cet envol du prix des métaux, mieux vaut ne pas examiner les prix de l’argent, de l’or et des terres rares ! Comme chacun le sait les prix du pétrole et du gaz ne sont pas près de connaître une baisse. Reste donc, dans ce survol des prix des matières premières, à regarder rapidement celui des matières premières agricoles. Et, de ce point de vue, force est de constater que le prix du coton a atteint des sommets qu’il n’avait pas connus depuis la fin de la guerre de Sécession.

            Au cours des derniers mois, les prix des matières premières alimentaires qui avaient un peu baissé depuis 2008, année qui avait été marquée par les « émeutes de la faim », se sont à nouveau envolés battant, les précédents records. Quelle qu’en soit l’origine, mauvaises conditions climatiques ou spéculation internationale, tous les prix des matières premières augmentent, entraînant des hausses de prix dans les pays où ils ne sont pas artificiellement fixés par des intermédiaires puissants et des règles étatiques pesantes. Dans les grandes villes chinoises, le prix des principaux produits alimentaires a augmenté de plus de 30 %. 

            En Russie, la hausse moyenne des prix dépasse les 8 %, emportée par l’explosion des prix du chou, du sarrasin et de la pomme de terre. 

            Il en est de même en Inde et au Brésil à cause du prix du blé. 

            Pour la FAO, les prix alimentaires vont continuer à croître alors qu’ils ont pourtant déjà globalement atteint des sommets jamais vus auparavant. L’indice des prix alimentaires établi par la FAO a en effet augmenté de 28 % au cours des douze derniers mois (dont 15 % au cours des seuls trois derniers mois).

    Des records inusités

            La production de blé est insuffisante, la sécheresse ayant sévi en Chine et en Ukraine et les inondations ayant recouvert l’Australie n’y étant pas étrangères ; et ce n’est peut-être pas sans surprise que l’on constate que sur la liste des plus gros importateurs de blé de la planète, l’Egypte arrivait au premier rang. Le prix du sucre s’est envolé pour atteindre un niveau que l’on n’avait pas connu depuis la bulle spéculative d’il y a plus de trente ans. Or, rien ne permet de penser que cela va s’arrêter puisque la pénurie en Inde s’accroît et que son premier fournisseur, l’Australie, a été dévasté par le cyclone Yasi. En Europe, c’est le prix des produits laitiers qui a augmenté de plus de 9,5 % en un an… à cause d’une sécheresse en Nouvelle- Zélande où se trouve le plus gros marché laitier du monde. Il n’est pas sans intérêt de noter que, si la France à elle seule produit 35% de plus de lait que la Nouvelle-Zélande, 37 % du lait en poudre mondial est vendu sur le marché néo-zélandais contre à peine 22 % sur l’ensemble des marchés européens. 

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     De l’assurance à la spéculation

            Ce dernier exemple laisse supposer que la spéculation pourrait jouer un rôle dans cette envolée. Mais cette spéculation est-elle utile ? 

            Est-elle légitime ? Oui, répondent en cœur ceux qui, pour légitimer leur position, se réfèrent souvent à l’exemple d’Air France. Le coût d’un voyage aérien est, disent-ils avec raison, fortement tributaire du prix du pétrole consommé pour faire voler les avions. Or, ce prix évolue sans cesse au gré de la demande. Si aujourd’hui le prix du baril est de 80 $, qui peut assurer Air France que dans trois mois il sera toujours au même niveau, qu’il ne sera pas à 100 ou 120 ? Si la demande augmente du fait de la croissance économique mondiale, si l’offre diminue du fait d’un accident sur une plateforme pétrolière au milieu du Golfe du Mexique ou d’un accès de fièvre des monarchies pétrolières ou encore d’un blocage ne serait-ce que temporaire du canal de Suez, il faut bien qu’Air France puisse s’en protéger. Pour cela, il existe une méthode simple l’achat à terme à prix fixe : Air France achète au prix d’aujourd’hui le pétrole qui lui sera livré demain. Air France se couvre ainsi contre les risques futurs d’augmentation des prix. Comme les producteurs, eux, ne veulent pas vendre demain au prix d’aujourd’hui, il va bien falloir qu’interviennent entre les deux un intermédiaire qui va retenir aujourd’hui pour le compte d’Air France la quantité de pétrole nécessaire. Cet intermédiaire va donc virtuellement devenir « propriétaire » d’une certaine quantité de pétrole non encore extraite. Au moment de la livraison par le producteur à Air France l’intermédiaire lui vendra la quantité qu’il avait retenue et se fera payer le prix convenu à l’avance ; il règlera alors le producteur au prix du jour. Pour le risque qu’il aura pris, il se fera aussi payer par Air France le coût de cette assurance.

            Cet intermédiaire est, pendant un un laps de temps, devenu propriétaire virtuel du pétrole. Il peut donc utiliser les droits qu’il possède sur ce pétrole et les vendre à son tour, quitte à les racheter juste pour pouvoir les revendre à Air France au jour convenu. Cette faculté est, en principe, destinée à le protéger contre une fluctuation trop importante du prix du pétrole qui le conduirait lui-même à ne plus pouvoir honorer le contrat d’origine, et donc de se voir substituer un autre intermédiaire plus solide. Mais il peut aussi être tentant pour cet intermédiaire de profiter des fluctuations erratiques du cours du pétrole et de faire quelques allers et retours afin d’engranger des bénéfices rapides. Aujourd’hui, le marché du pétrole virtuel représente plus de trente fois le marché du pétrole réel. Autrement dit, le pétrole non extrait et non livré change de main trente fois avant d’arriver à son utilisateur final. Il y a gros à parier que ces mouvements intermédiaires sont plus dictés par la recherche d’un gain financier rapide de la part des intermédiaires que par le simple mécanisme de réassurance d’un intermédiaire fragilisé.

            Ce que l’on dit moins, c’est que ce mécanisme permet aussi à Air France de faire des projections de résultats. Ceci lui permet de donner des prévisions aux agences de notation facilitant par contre- coup le développement d’une spéculation sur les cours de Bourse. 

            La spéculation sur les matières premières sert donc aussi d’aliment à la spéculation financière.

            Ce qui est vrai pour le pétrole est vrai pour toutes les matières premières. Sur le seul marché à terme de Chicago, le blé change de mains plus de quarante fois avant même d’avoir été récolté. Au mois de juillet dernier, le fonds spéculatif britannique d’Anthony Ward détenait plus de 15 % des stocks mondiaux de cacao, soit 7 % de la production mondiale annuelle. La banque J.P. Morgan détient ainsi le plus gros stock mondial de cuivre…

     

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    De lourdes conséquences

            Souvent, lorsque l’on examine l’évolution du prix des matières premières et que l’on constate leur augmentation, on commence par penser au risque d’inflation. Celui-ci est réel, surtout si les Etats en mal de politique à court terme cherchent à relancer la consommation en inondant les marchés de liquidités. Cependant, cette inflation, dans un monde où le chômage est devenu endémique, ne s’envole qu’après une certaine période de latence au cours de laquelle divers désordres peuvent apparaître. Ce moment doit être l’occasion, notamment pour les hommes publics, d’examiner le bien fondé des politiques économiques actuelles au regard de la poursuite du bien commun dont ils ont la charge.

            Le 19 février, à Paris, le président de la banque mondiale, R. Zoellick, a rappelé que 44 millions de personnes supplémentaires vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1,25 $ par jour et par personne. Elles seraient ainsi plus d’1,2 milliard dans le monde. Il s’est, en marge du G20, déclaré inquiet des effets potentiels que les prix « peuvent avoir sur la stabilité politique ». La moindre variation du prix des biens de première nécessité peut en effet transformer une situation déjà dramatique en issue fatale. Que cette évolution soit le fruit d’une catastrophe naturelle est un mystère qui nous dépasse ; qu’elle soit le résultat de la spéculation de quelques multinationales anonymes qui ne cherchent qu’à faire croître un profit nominal virtuel, est un scandale qui peut conduire beaucoup de régimes à leur chute. Lorsque la révolte a éclaté en Tunisie, celle-ci était un pays riche. 

            L’Egypte, non plus, n’était pas ce que l’on appelle habituellement un pays pauvre ; au cours des six dernières années, son produit intérieur brut avait bondi de 7 % par an en moyenne. Mais ces deux pays ont en commun la grande hétérogénéité de la répartition des richesses au sein de leurs populations : à côté de quelques fortunes immenses subsistent de nombreux pauvres qui sont non seulement privés des biens de première nécessité mais surtout du principal d’entre eux, l’accès au travail. Les président Ben Ali et Moubarak avaient l’un comme l’autre fait de lourds efforts pour augmenter la richesse globale de leurs pays respectifs. Mais cette richesse n’était pas le fruit du travail de tous. Dans un monde où la consommation est considérée comme une valeur plus importante que la production, l’homme est privé de sa liberté fondamentale de participer à l’œuvre de création. Parmi les migrants qui quittent leur pays en proie au chaos, il ya bien sûr des personnes qui vont chercher ailleurs la paix et les allocations, mais il y a aussi des personnes qui veulent simplement aller chercher de quoi gagner leur pain à la sueur de leur front. Le malheur veut que, dans les pays où ils arrivent, les deux soient mélangés et que les autochtones les confondent comme le bon grain et l’ivraie. Dès lors ces déracinés transmettent à leur tour les germes d’une déstabilisation sociale, surtout s’ils arrivent en masse dans des régions où la richesse globale n’est pas réellement plus grande que celle du pays qu’ils ont fui. ■

  • Mouvement des lycéens : mensonges, mensonges, par Chantal Delsol.

                Philosophe et écrivain, Chantal Delsol livre son analyse de la révolte étudiante dans l'excellent article que, vu son intérêt, nous reproduisons ci dessous dans son intégralité : Mouvement des lycéens : mensonges, mensonges (1).

                Il est à noter que Chantal Delsol sera à Marseille, le 21 Janvier, 216° anniversaire du 21 Janvier 1793, pour traiter avec Jean-François Mattéi du thème suivant : Le mal contemporain : recherche des sources (2). 

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                      Manque de moyens : tel est le voile pudique sous lequel on camoufle, année après année, le mécontentement des lycéens et étudiants. On sait bien que, dans le domaine éducatif, le pays est pourtant surdoté. Le malaise, qui tourne au désespoir, provient d'autre chose : c'est la vérité qui manque.

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                Née de parents nantis par le développement des Trente Glorieuses, la jeunesse de ce début de siècle a généralement bénéficié d'une certaine aisance financière familiale. Éduquée par la génération 68, elle n'a guère vu passer d'interdictions et on s'est abstenu de lui réclamer des efforts, lui susurrant au contraire qu'elle avait tous les droits. Ses parents, qui ont acquis un niveau d'études nettement supérieur à celui de la génération précédente, pensaient que l'élan allait se poursuivre avec leurs enfants : ton grand-père n'avait pas son bac, je suis professeur, tu feras Normale, mon fils, ou alors tu es un nul… D'où le ressentiment quand le fils se retrouve dans la masse des AES (Administration économique et sociale) ou des LEA (Langues étrangères appliquées) sous-dotés et sans espoir. L'appréciation d'une situation s'inscrit toujours dans un temps et dans un lieu. La situation actuelle de la jeunesse n'est pas déplorable en soi, mais au regard des attentes et du progrès espéré. Elle s'est imaginé - irréalisme naïf - que la montée vers plus de diplômes, plus d'argent, plus de confort, s'inscrivait dans un Destin inéluctable. Et on s'est bien gardé de la détromper : on a joué d'une démagogie honteuse. Mensonges.

                Nous avons au contraire tout organisé pour laisser croire à ce progrès indéfini, en accumulant les trompe-l'œil : par exemple, la multiplication des diplômes qui deviennent des assignats. Nous avons beaucoup trop de diplômés pour le nombre de postes à hautes responsabilités auxquels ils pensent pouvoir aspirer légitimement. Un pays ne peut pas être entièrement peuplé d'avocats, de médecins spécialisés et d'enseignants-chercheurs. Nous avons gonflé nos enfants d'une prétention imbécile en leur inspirant constamment le mépris du plombier. Nous leur avons soufflé qu'ils étaient tous des intellectuels (comme cela est français !), et avaient droit à un job correspondant à leurs désirs. Mensonges.

                L'acquisition du baccalauréat d'abord, des diplômes universitaires ensuite, s'est largement «démocratisée» (le mot est absurde mais c'est celui-ci qui est compris). Les universités ont créé à tour de bras des bac + 5 et abaissé considérablement le niveau d'exigence à l'entrée de ces spécialisations. La conséquence : de nombreux étudiants, nantis d'un Master 2, ont tout juste un niveau de secrétaire de direction, si l'on regarde leur maîtrise de la langue, leur niveau culturel et leur éducation générale (ce qui n'est pas rien). Le petit pourcentage (non évaluable) de jeunes brillants et doués n'a certainement pas changé avec le temps : mais la distribution des diplômes a convaincu un grand nombre qu'ils ont atteint ce niveau supérieur. On le leur a fait croire, depuis que Laurent Fabius expliquait qu'en donnant le bac à 80 % des élèves on élèverait le niveau général… Mensonges. Finalement, la grande majorité des étudiants qui expriment leur révolte dans la rue sont frustrés de ne pas obtenir des places qu'on leur a laissé espérer par pure démagogie, car ces places n'existent pas en si grand nombre, et de surcroît beaucoup d'entre eux ne sont pas capables de les occuper. Depuis leur petite enfance, on leur a menti. On leur a menti en leur disant qu'ils pouvaient dire merde à leurs parents et que ce genre de chose tout au long de la vie faisait rire tout le monde. On leur a menti en leur disant que c'était à la société de s'adapter à eux, et non le contraire, parce qu'ils étaient le centre du monde. On leur a menti en jetant de la dérision partout autour d'eux et en leur disant que rien n'avait d'importance, que rien n'était grave, et qu'il suffisait de faire l'imbécile dans la vie pour être heureux. On leur a menti en leur disant qu'ils n'avaient de devoir envers personne (parce qu'ils n'ont pas demandé à naître, et d'ailleurs nous non plus), qu'ils ne devaient rien à personne et pouvaient s'occuper exclusivement d'eux-mêmes. On leur a menti en leur disant qu'une société organisée de cette façon serait beaucoup plus gaie et heureuse parce que débarrassée des devoirs réactionnaires, et embrassons-nous Folleville.

                La masse des mensonges dont ils sont recouverts les laisse à peine respirer. On n'aperçoit au milieu de ce tas d'ordures que des regards apeurés et haineux. Et toute cette boue de mensonge, c'est nous qui l'avons mise. En tout cas, qui ne sommes pas parvenus à la nettoyer, car certains d'entre nous ont passé leur vie entière à clamer comme des Cassandre qu'une génération nourrie au mensonge finit en buvant le fiel de la haine.

                Le principe de plaisir, qui était l'armature des idéologies utopiques, est resté l'armature de l'éducation une fois disparus les grands récits. Car on peut se libérer des contenus, mais les esprits demeurent construits par une forme dans laquelle les nouveaux contenus se glissent, toujours de la même manière. La génération précédente attendait, selon le principe de plaisir, une société où chacun travaillerait selon son envie et serait payé selon ses besoins. La génération actuelle attend, selon le principe de plaisir, une société où l'État verserait des salaires (corrects) à des dizaines de millions de psychologues simplement parce que ceux-ci ont désiré s'inscrire dans ces formations, sans se demander une seconde s'il existait une demande suffisante pour répondre à leurs désirs.

                Pourquoi tant de Français ont-ils tendance à dire que cette situation provient d'un déficit d'allocations (il faudrait payer les étudiants pour étudier) et d'un capitalisme asocial (les salaires sont trop bas) ? Parce que nous voulons nous cacher à nous-mêmes les mensonges que nous connaissons trop bien. Et parce que nombre d'entre nous sont si matérialistes qu'ils regardent tous les problèmes en terme de manque d'argent. Des valeurs immatérielles comme l'effort ou le mérite paraissent stériles et surannées. Il y a des pays où l'allocation étudiant existe, mais elle est corrélée à l'effort, on ne la donne qu'à ceux qui travaillent et réussissent leurs examens, et ces conditions seraient pour nous discriminantes !

                En France, la sélection est un gros mot. Le baccalauréat est largement distribué, l'entrée à l'université automatique. Tout se passe comme si tous étaient également capables et également travailleurs, et comme si la sélection ne devait pas s'instaurer en fin de compte, et durement, au moment de la recherche d'emploi. Mensonges, mensonges. Le lycée, en dépit de nombre d'enseignants compétents et dévoués, accepte par une démagogie honteuse que des adolescents fassent la grève, ce qui les laisse croire qu'ils sont déjà, avant de l'avoir mérité par eux-mêmes, des partenaires responsables dans le jeu social : mensonges… L'université est devenue une sorte de parking où l'on vient refaire ses forces en attendant la galère de la recherche de travail. Nous regorgeons d'étudiants fantômes, qui s'inscrivent (parfois après avoir passé la sélection de Master 2) pour deux ou trois centaines d'euros, puis profitent de tous les avantages du statut étudiant et n'assistent pas aux cours ni ne viennent passer l'examen. Ou encore, nombre d'étudiants qui ont raté en juin ne viennent pas passer la session de septembre. Ils préfèrent redoubler plutôt que passer l'été à réviser. Mais on tait cela pudiquement, car les étudiants doivent tous être considérés comme des victimes épuisées, jamais comme des profiteurs. Mensonges.

                Trop longtemps cachée, la vérité n'est-elle pas souvent cruelle ? Quand elle finit par affleurer à la conscience, ceux qui ont été trompés se retournent ordinairement contre les falsificateurs. Habités par le désespoir et la haine, ils casseraient bien le leurre qu'on leur a construit. Il va nous falloir un jour prochain assumer les fruits amers d'une démagogie peu glorieuse : mentir à la jeunesse, c'est la pire des démagogies.

    (1) : Le Figaro, 22 décembre 2008.

    (2) : Mercredi 21 janvier 2009, 216° anniversaire du 21 Janvier 1793. Repas-conférence à l’hôtel Holiday Inn, 103, avenue du Prado, 13008 Marseille, à 20 h 15. Chantal DELSOL, membre de l’Institut, Jean-Baptiste DONNIER, professeur des Universités, Jean-François MATTEI, de l’Institut Universitaire de France : Le mal contemporain : recherche des sources.

  • L’État pèse trop lourd, mais combien pèse-t-il ?, par Philippe Kaminski.

    Source : https://www.profession-spectacle.com/

    Avec la crise sanitaire et le confinement, le PIB annuel va chuter dans des proportions jamais vues, tandis que la dépense publique, elle, aura fortement augmenté. Mais ne faisons pas dire aux chiffres qu’on ne manquera pas de nous répéter au fil des mois, ce qu’ils ne disent pas. Explications.

    Actualité de l’économie sociale

    Je suis souvent amené à déplorer la trop grande prépondérance de l’État dans notre économie et dans notre société. Je n’en fais ni un dogme, ni une fixation, comme certains apôtres acharnés d’un libéralisme absolu ; mais il faut bien convenir que les occasions de stigmatiser notre État omniprésent, obèse et inefficace sont assez nombreuses et touchent à tous les aspects de notre existence.

    Les comparaisons internationales, à qui on peut faire dire tout et son contraire, placent la France aux tous premiers rangs selon le « degré de socialisation de l’économie ». Fort bien mais de quoi s’agit-il ? Sait-on effectivement « mesurer » l’emprise de l’État ? Et comment juger de ses performances ? Comment savoir s’il fait mieux, ou moins bien, que ne le ferait un acteur privé ?

    On entend souvent dire qu’il est urgent de « réduire la dépense publique » et de la limiter aux « domaine régalien ». Fort bien. Prenons au hasard un paquet de cent milliards de dépense publique, par exemple la santé, et privatisons tout ça. La Nation, ou la population, se sera-t-elle enrichie de cent milliards ? Bien sûr que non ; ce que nous n’aurons plus à payer par nos impôts, nous le payerons autrement. Tout au plus pourra-t-on arguer que nous saurons nous montrer plus économes de nos propres sous que ne l’est un État prodigue et dispendieux, et qu’une offre médicale privée sera mieux gérée et plus efficace que des structures publiques lourdes et bureaucratiques. Cela se défend, mais ce n’est pas garanti ! Et même en postulant, avec beaucoup d’optimisme, que nous y gagnerions 10 % de productivité, la nation y aura gagné dix milliards, pas cent.

    Ce n’est donc pas tant le volume des dépenses qui importe, car en les transférant ailleurs on n’y gagnera au mieux que des montants de second ordre. Il faut sans doute porter davantage l’analyse sur le plan de l’autonomie des citoyens, de leur désir et de leur capacité à maîtriser une part plus grande de leurs activités de production comme de consommation en « retirant » celles-ci du giron protecteur de la puissance publique. Sur ce point, l’Économie Sociale est au cœur de la solution du problème, bien mieux que ce qu’on entend généralement par « le secteur privé ». Mais on se heurte alors frontalement à deux écueils. D’abord le fait qu’une grande partie de la population ne demande pas mieux que de continuer à se laisser materner par un État qui en veut toujours plus, ensuite parce qu’on quitte alors le monde des grandeurs facilement mesurables et compréhensibles, comme les milliards du budget de la Santé, pour celui plus subtil de données qualitatives et subjectives.

    Contentons-nous dès lors, dans un premier temps, de chercher à comprendre ce que recouvrent les agrégats macroéconomiques les plus fréquemment mis en avant.

     

    Deux indicateurs se sont imposés, que ce soit auprès des commentateurs réputés spécialisés ou du grand public. Il s’agit d’abord du ratio des prélèvements obligatoires au produit intérieur brut (PIB), puis du ratio des dépenses publiques au même PIB. Le premier tournait, les années passées, autour de 45 %, le second autour de 56 %. Je remarque, de plus en plus souvent, une tendance à prendre le chiffre le plus élevé, donc le second, pour lui donner le sens le plus parlant, c’est à dire le premier, entendu comme « les richesses produites par le valeureux secteur privé qui s’en fait dépouiller par un État prédateur ». À cela d’autres répondent que l’État aussi produit de la richesse, et de meilleure qualité puisqu’elle sert l’intérêt général, et qu’il lui est donc légitime de prélever le fruit d’activités qui ne servent que des intérêts particuliers. Encore heureux qu’il n’en prenne pas davantage.

    Ces deux positions opposées sont également caricaturales mais les débats ne vont généralement pas plus loin. En particulier, il serait utile de chercher à s’entendre sur ce que serait un niveau optimal de prélèvement, et quel sens lui donner, assez pour financer le secteur public, pas trop pour ne pas asphyxier l’entreprise privée. Faute d’investir dans ce genre de réflexion, on se contente de fixer le « trop » et le « pas assez » en référence à ce qui se fait dans d’autres pays, ce qui ne mène pas loin.

    Qu’est-ce qui sépare nos deux indicateurs ? Les 45 % de recettes publiques obligatoires vont bien entendu contribuer au financement des 56 % de dépenses publiques, mais d’où viennent les 11 % restants ? Eh bien il y a d’abord des recettes de production, c’est à dire tout ce qui est vendu ou retenu (ticket modérateur, forfait hospitalier…) par un organisme public. Je n’en ai pas trouvé de liste précise, mais ça va chercher tout de même dans les 90 milliards. Il y a ensuite des recettes de propriété, dont les dividendes perçus et les privatisations, et d’inévitables divers. Tout cela fait beaucoup mais le compte n’y est toujours pas ; le reste, c’est le fameux déficit, qu’on s’est engagé à tenir en dessous de 3 %, qu’il faut combler par des emprunts et qui alimente la progression de la dette.

    Mais que l’on prenne 45 % ou 56 %, j’estime que l’un et l’autre de ces indicateurs sont trompeurs. Si je vous dis que le Mont Blanc représente 54 % de Everest, j’aurais raison dans la mesure où ma division est juste. Mais j’aurais tort car l’Everest n’est pas constitué du Mont Blanc et de 46 % de je ne sais quoi. Le rapport de la dépense publique au PIB est de même nature. Quand un journaliste écrit que « l’État dépense à lui seul 56% de la richesse nationale », il sous-entend fortement que le secteur privé et les ménages n’ont que les 44 % qui restent à se partager, ce qui est absurde. En effet la dépense publique n’est pas plus un morceau du PIB que le Mont Blanc n’est un morceau de l’Everest. Le ratio au PIB n’est calculé que pour avoir un ordre de grandeur, et permettre les comparaisons internationales et un suivi dans le temps, mais ne doit pas être interprété au-delà.

     

    Le PIB est très critiqué, parce qu’on voudrait lui faire dire plus qu’il ne peut. C’est très frustrant et cela dure depuis les origines. Frustrant comme peuvent l’être les lois élémentaires de la physique ; on aimerait aller contre, on aimerait s’en affranchir, mais c’est impossible. Dans le PIB, chaque événement créateur de richesse n’est comptabilisé qu’une seule fois ; or toute transaction économique met en scène deux agents, l’acheteur et le vendeur, et on ne peut les compter tous les deux. Prenons le cas d’une entreprise de travaux publics cotée en Bourse qui va réaliser un gros chantier pour l’État. Cette opération relève-t-elle du secteur privé, le vendeur, ou du secteur public, l’acheteur qui finance ? À l’évidence, des deux. Or elle ne sera comptée qu’une fois dans le PIB. Mais selon la manière dont on analysera les composantes de ce PIB, elle pourra être vue comme dépense publique, et donc donner consistance à l’image d’un État omniprésent et prépondérant, ou comme une production privée, et conforter alors l’idée d’une puissance sans limite des grands groupes capitalistes. Chacun y trouvera matière à étayer ses arguments.

    Or il y a trois manières de décomposer le PIB, ce qu’on appelle l’approche production, l’approche demande finale et l’approche revenus. Chacune donne lieu à une représentation différente du poids de l’État. Bien sûr elles ne s’opposent pas ; elles sont complémentaires, mais elles ne se ressemblent pas et ne disent pas la même chose.

    Il faut tout d’abord s’entendre sur ce que, dans le calcul du PIB, on désigne sous le nom d’État, plus exactement d’APU, pour « Administrations Publiques » (car l’équilibre entre le langage courant et le sabir de la comptabilité nationale est un exercice périlleux). On confond trop souvent État et gouvernement, État et administration, État et secteur public, État et centralisation (ou jacobinisme), État et bureaucratie, État et personnel politique… Or en économie, on a besoin de définitions précises et internationales. Les APU rassemblent donc, outre l’État central proprement dit, les collectivités territoriales, les institutions de Sécurité Sociale (au sens large, comprenant l’assurance chômage) et les ODAC, conglomérat de plusieurs centaines d’organismes comme par exemple, dans la culture, les musées nationaux et les théâtres nationaux.

    Selon l’approche du PIB la plus communément utilisée, celle des utilisations finales de l’ensemble des biens et services produits par l’économie, la part des APU ressort à 27 % :
    – consommation finale des ménages (ce que vous et moi avons acheté pendant l’année) : 53 %
    – dépense nette des APU : 27 %
    – investissements des entreprises : 13 %
    – investissements des ménages (logement) : 5 %
    – divers (associations, variation des stocks, solde du commerce extérieur) : 2 %

    Ces 27 % des APU se décomposent à leur tour ainsi :
    – 57 % pour les services non marchands dits individualisables (notamment éducation et santé) ;
    – 30 % pour les services non marchands dits collectifs (défense, sécurité intérieure, justice…) ;
    – 13 % pour les investissements publics (équipements et bâtiments).

    L’approche selon la production conduit également à un chiffre de 27 %, mais de nature différente :
    – valeur ajoutée des entreprises (sociétés, financières et non financières) : 61 %
    – valeur ajoutée des APU : 16 %
    – solde des impôts sur les produits (TVA) et des subventions sur les produits : 11 %
    – valeur ajoutée des ménages : 8 %
    – valeur ajoutée des entrepreneurs individuels : 4 %
    sachant que la valeur ajoutée des ménages contient cette bizarrerie comptable que sont les loyers fictifs imputés aux propriétaires de leur logement.

    L’approche par les revenus, généralement interprétée comme indicateur du partage entre revenus du travail et revenus du capital, donne un chiffre de moitié inférieur :
    – rémunération brute des salariés : 52,5 %
    – excédent brut d’exploitation des entreprises : 34 %
    – impôts sur la production et les importations, moins subventions : 13,5 %

    Le chiffre pour les entreprises contient le « revenu mixte » des entrepreneurs individuels. Une indication complémentaire permet de mieux situer le poids des APU dans les revenus des personnes physiques : 75 % de la masse des salaires bruts sont distribués par les entreprises, contre 25 % par les APU (la comptabilité nationale ne permet pas de distinguer ici la part de l’Économie Sociale, qui revendique environ 15 % des salaires du privé).

    Ces chiffres peuvent être complétés à l’infini par tous les ratios qu’on voudra, mais ce sont les seuls pour lesquels le haut de la fraction est effectivement une partie du bas et où chaque élément n’est compté qu’une seule fois. On est loin des 45 % ou 56 %. Ceci étant, 27 % c’est considérable ! Mais cela ne préjuge en rien de l’utilité de la dépense publique, ni de l’équité de la répartition de la charge de l’impôt entre les contribuables.

     

    La question de savoir ce qu’il en sera pour 2020, après l’épreuve du confinement qui aura provoqué une chute encore jamais vue du PIB, est sur toutes les lèvres. Cela dépendra bien entendu de l’ampleur du rattrapage qu’il sera possible d’effectuer au cours du second semestre.

    Le PIB annuel va chuter, les prélèvements obligatoires aussi, je ne sais lequel l’emportera sur l’autre, mais il est vraisemblable que le ratio de 45 % variera peu. Ce qui est certain en revanche, c’est que la dépense publique aura fortement augmenté, propulsant son ratio au PIB à des niveaux encore jamais vus. Cela sera-t-il cependant représentatif du considérable mouvement d’étatisation qu’aura provoqué le coronavirus ?

    Philippe KAMINSKI

  • Eric Dupont-Moretti, par Aristide Renou.

    J’ai dit très vite que Dupont-Moretti m’inspirait les plus vives craintes. Ce n’était pas préjugés de ma part, juste la constatation que ses premières déclarations laissaient transparaitre une adhésion sans faille à la culture de l’excuse et au politiquement correct judiciaire.

    Nous en avons eu une nouvelle confirmation lors de sa visite dans un Centre Educatif Fermé, une structure qui accueille des mineurs en général déjà bien avancés sur le chemin de la délinquance.

    Il a déclaré, face aux caméras et aux micros : « J'ai toujours pensé qu'il valait mieux construire une école qu'une prison » et « ces gamins-là, qui pour la plupart n’ont pas eu de chance, il faut les aider. »

    Je tiens Victor Hugo pour un immense poète, mais a-t-il jamais existé de phrase plus naïve et aux effets plus pernicieux que « Qui ouvre une école ferme une prison » (peut-être n’a-t-il pas dit exactement ça, mais cette formule qui lui est attribuée traduit incontestablement sa pensée en la matière) ?

    Encore Victor Hugo avait-il quelque excuse pour sa naïveté : à une époque où la révolution industrielle modifiait profondément les équilibres sociaux, notamment en grossissant les rangs du prolétariat urbain, à une époque où aller à l’école était encore le fait d’une minorité relativement privilégiée, à une époque où la réhabilitation des délinquants était encore une idée presque neuve, on pouvait comprendre qu’un esprit un peu exalté puisse croire sincèrement que le crime se combattait par l’instruction et que l’instituteur était le concurrent du gardien de prison.

    Mais aujourd’hui ce rousseauisme mal digéré n’est même plus de la naïveté, c’est de la stupidité, ou de l’idéologie, ce qui revient finalement au même.

    Comment en France, en 2020, un ministre de la Justice peut-il oser resservir ce genre de cliché cent fois, que dis-je, mille fois réfuté par la réalité, contraire à la fois à la raison et à l’expérience ?

    Déjà, en 1833, Tocqueville et Beaumont constataient l’échec des efforts mis en œuvre dans les pénitenciers américains pour obtenir une « réforme radicale » des condamnés, c’est-à-dire pour transformer les criminels en honnêtes gens, essentiellement grâce au travail et à l’instruction.

    Dans un rapport au retentissement mondial, publié en 1975, trois chercheurs américains ont évalué 231 programmes de réhabilitation mis en œuvre durant les trois décennies précédentes et sont parvenus à la conclusion que « à de rares exceptions près et qui sont des cas isolés, les efforts de réhabilitation qui ont été jusqu’ici rapportés n’ont pas d’effet appréciable sur la récidive. » (Douglas Lipton, Robert Martinson, Judith Wilks, The effectiveness of correctional treatment : a survey of treatment evaluation studies, Praeger, 1975)

    Nous ne sommes pas plus avancés qu’en 1975, pas plus avancés qu’en 1835. Nous ne savons toujours pas comment transformer les criminels en honnêtes gens. Ou, plus exactement, il n’existe aucune politique publique qui ait prouvé qu’elle était capable de réhabiliter à grande échelle les délinquants. Aucune.

    Mais même sans avoir lu Tocqueville, même sans s’être plongé dans la littérature spécialisée et les arcanes de la criminologie, même sans avoir regardé de près le phénomène de la criminalité, il pourrait suffire de tirer la conclusion qui s’impose de ces faits connus de tous : en France, la massification de l’enseignement a été parallèle à l’augmentation de la délinquance. La loi Haby sur le collège unique date de 1975. Entre 1964 et 1984, le taux de criminalité est passé de 13,54 pour mille à 67,14 pour mille. Depuis, ce taux fluctue tout en restant à un niveau très élevé par rapport à ce qu’il était il y a une soixante d’années, aux alentours de 60 pour mille. Ce sans parler des transformations qualitatives de la délinquance, notamment de la délinquance des mineurs, beaucoup plus violente et sans scrupules qu’il y a cinquante ans.

    Nous avons ouvert des écoles tant et plus, l’Education Nationale est devenue l’équivalent de l’Armée Rouge par ses effectifs (et aussi parfois, hélas, par sa mentalité), nous avons dépassé les 80% d’une classe d’âge au bac. Avons-nous vu décliner la délinquance ? Point du tout. C’est même tout le contraire.

    Aujourd’hui, quelqu’un qui déclare sérieusement : « J'ai toujours pensé qu'il valait mieux construire une école qu'une prison » devrait être considéré de la même manière que quelqu’un qui déclare croire que la terre est plate, ni plus ni moins.

    Quant au « ces gamins-là, qui pour la plupart n’ont pas eu de chance, il faut les aider », que dire, si ce n’est que la compassion qui n’est pas éclairée par la raison n’est pas une vertu, et même, lorsqu’elle est au pouvoir, un dangereux poison.

    Il est certes bien connu que les délinquants multirécidivistes sont très souvent issus de familles dites « à problèmes ». Certains tirent de ce fait incontestable la conclusion que c’est la pauvreté qui cause la délinquance. Ce qui est faux.

    En réalité, les mêmes facteurs qui tendent à produire la pauvreté des parents tendent aussi à produire la délinquance des enfants.

    Par exemple, se montrer impulsif, irrespectueux des règles, préférer le plaisir de l’instant à l’effort, consommer des stupéfiants, devenir parent très jeune, avoir arrêté l’école très tôt, tous ces facteurs sont évidemment très fortement corrélés avec la pauvreté à l’âge adulte.

    Mais lorsque ce genre de personnes ont elles-mêmes des enfants, ces mêmes caractéristiques tendent à produire une structure familiale instable, avec de fréquentes ruptures et une multiplication des partenaires, ainsi qu’une éducation erratique, à la fois laxiste et brutale. Toutes choses qui multiplient grandement les risques que les enfants versent un jour dans la délinquance et l’usage de stupéfiants.

    D’autres (souvent les mêmes) concluent de l’enfance souvent difficile des délinquants chroniques que ceux-ci sont à plaindre et qu’ils ne peuvent pas être tenus pour responsables de leurs crimes et délits. Ce qui est faux une fois encore.

    Des facteurs de risque ne font pas un destin, comme suffiraient à le rappeler les innombrables individus à l’enfance semblable à celle des délinquants et qui pourtant n’ont pas versé dans le crime. La vie délinquante est une vie choisie, et la voie d’un éventuel amendement passe d’ailleurs par la reconnaissance du fait que nous sommes responsables de nos actes, et non pas le jouet de forces aveugles qui nous pousseraient à voler, à violer, à tuer.

    Ce n’est absolument pas rendre service au délinquant, et particulièrement au délinquant mineur, que de le considérer comme une victime de la malchance ou de « forces sociales » sur lesquelles il n’aurait aucune prise, car c’est l’empêcher de prendre conscience de la gravité de ses actes et lui ôter toute incitation à changer.

    Comme l’écrit le docteur Maurice Berger, qui justement exerce en Centre Educatif Renforcé : « Je constate donc que la décision judiciaire est très souvent le seul repère, le seul indicateur qui fournit à un jeune un reflet de la gravité de ses actes. C’est littéralement un miroir. » (« Sur la violence gratuite en France – Adolescents hyper-violents, témoignages et analyse »)

    Disons-le de manière légèrement caricaturale, mais infiniment moins caricaturale que les propos de notre ministre : sans sanction, pas de rédemption.

    Je citerais également Theodore Dalrymple, parce que lui aussi est un homme d’expérience et, à la différence de notre ministre, de bon sens :

    « Un jour, un détenu qui avait déjà été emprisonné plusieurs fois pour des cambriolages vint me voir et me demanda si je pensais que son enfance avait quelque chose à voir dans le fait qu’il commettait continuellement des cambriolages.

    « Absolument rien du tout », répondis-je. Jamais je n’encourageais les prisonniers à attribuer leurs crimes directement à leur enfance, à la manière dont une boule de billard (leur enfance) met en mouvement une autre (eux-mêmes).

    Ma réponse le désarçonna.

    « Mais alors, pourquoi est-ce que je fais ça ? » demanda-t-il.

    « Parce que, répondis-je, vous êtes paresseux et stupide et que vous désirez des choses pour lesquelles vous ne voulez pas travailler. »

    Loin de se mettre en colère, comme on aurait pu s’y attendre, il se mit à rire. Je pense que ma réponse plus que directe l’avait presque soulagé, comme s’il n’avait plus à jouer un rôle difficile qui lui aurait été assigné. Il n’est pas facile de jouer un rôle, du moins tant qu’il n’est pas devenu à ce point une seconde nature qu’il n’est plus un rôle.

    La comédie ayant cessé, il devint possible de parler honnêtement avec lui de son enfance, qui, bien qu’elle ne l’ait pas conduit à rentrer par effraction chez les gens pour y prendre des objets de valeur à la manière dont une basse température conduit l’eau à se transformer en glace, était néanmoins toujours une vraie cause de souffrance pour lui.
    (…)
    Un autre cambrioleur vint me voir peu de temps après avoir été condamné à une nouvelle peine de prison. Il donnait toutes les apparences de la colère.

    « La prison ne me sert à rien », disait-il. « La prison, c’est pas ce dont j’ai besoin. J’ai pas besoin de la prison. »
    « De quoi avez-vous besoin ?», demandais-je.
    « J’ai besoin d’aide », dit-il.
    « De l’aide pour quoi ? »
    « De l’aide pour que je ne cambriole plus. »
    « Je ne suis pas sûr que ça existe », dis-je.
    « La prison ne me sert à rien. »
    « Mais elle me sert à moi », dis-je.
    « Comment ça ? » demanda-t-il, l’air interloqué.
    « Eh bien, en tant que propriétaire d’une maison, je sais que tant que vous êtes ici vous ne cambriolez pas ma maison. »

    Il rit, sa colère, ou sa pseudo-colère, se dissipa.

    En fait, ma réponse, à savoir que son emprisonnement était utile pour moi, aurait pu être interprété différemment.

    En dépit du fait que je n’étais pas bien payé en comparaison de ce que j’aurais pu toucher ailleurs (cela a plus que divisé par deux la retraite à laquelle j’ai eu droit), du moins j’étais payé. Et ce n’était pas vraiment ma maison que le détenu aurait risqué de cambrioler s’il avait été libre, car s’il avait été un cambrioleur ordinaire il aurait cambriolé des habitations situées tout près de chez lui et très semblables à la sienne. On oublie souvent – je dirais même presque toujours – que si la majorité des criminels sont pauvres, la très grande majorité de leurs victimes sont également pauvres. Dans la mesure ou le groupe des victimes est beaucoup plus vaste que celui des malfaiteurs, chaque malfaiteur commettant en moyenne de nombreux méfaits chaque année, l’indulgence envers les criminels n’est pas équivalente à de la compassion pour les pauvres. » (The knife went in)

    Le pseudo-humanisme pénal dont Eric Dupont-Moretti a déjà fait largement étalage depuis qu’il est devenu ministre de la Justice – et auquel tout indique qu’il croit profondément – est un fléau qui a fait des ravages incalculables depuis des décennies.

    Je persiste et je signe : cet homme pourrait bien nous faire regretter ses deux prédécesseurs, pourtant de sinistre mémoire.

  • Vers un monde de cauchemar dont nous aurions pu éviter l'avènement, par Yves Morel.

    Le XXIe siècle commence aussi mal que le XXe. Car il partage avec lui le même aveuglement sur les causes des maux qui nous menacent : le Progrès refuse de considérer ses erreurs.

    Le XXIe siècle commence mal, à dire le moins. Comme d’ailleurs avait mal commencé le XXe.

    Ce dernier avait débuté par une situation internationale tendue, puis par une Grande Guerre européenne de près de quatre ans et demi qui se solda par huit millions de morts, des dommages économiques incalculables, un bouleversement de la carte politique de notre continent et une crise de civilisation. Le nôtre a commencé par une épidémie de SRAS (novembre 2002-mai 2004) et continue avec la pandémie mondiale de coronavirus qui multiplie ses victimes, détériore complètement notre économie, aggrave les problèmes sociaux et bouleverse dramatiquement notre vie tant professionnelle que privée.

    Et, comme si cela ne suffisait pas, nous sommes par ailleurs confrontés à une crise environnementale sans précédent, caractérisée à la fois par une pollution planétaire et un réchauffement climatique qui, tous deux, mettent en péril tous les écosystèmes terrestres et la survie même de l’humanité.

    Des formes d’adversité nouvelles

    Ces formes d’adversité nouvelles qui nous assaillent se distinguent des précédentes (les guerres, les grandes crises économiques, la misère ou les krachs boursiers aux conséquences désastreuses) par le fait qu’elles ne procèdent pas directement des initiatives humaines, et n’opposent pas des hommes à d’autres hommes, des groupes (nations, classes sociales) à d’autres groupes, des intérêts à d’autres. Le coronavirus (qui n’existait pas il y a moins d’un an) n’est pas notre ennemi, en ce sens qu’il détruit notre santé et parfois notre vie en nous ignorant, puisqu’il n’est pas un être intelligent et conscient. La nature et le climat, eux, deviennent menaçants et dangereux pour nous, tout aussi inintentionnellement. Sauf qu’en l’occurrence nous avons tout de même l’impression d’y être un peu pour quelque chose. Nous savons que nous sommes responsables de la pollution, de la destruction de notre environnement, du bouleversement des écosystèmes et, partiellement, des changements climatiques d’ampleur.

    Une prise de conscience tardive

    Il nous reste à acquérir la même conscience de notre responsabilité dans la production et la mutation des gènes qui nous apportent la maladie et la mort. Jusqu’à présent, cette conscience reste vague. Autant nos semblables ont pris conscience de la responsabilité du genre humain dans la catastrophe environnementale qui a d’ores et déjà commencé, autant ils ont le sentiment de n’être pour rien dans les épidémies successives (SRAS, Covid 19) qui affectent tout ou partie de la population mondiale. Au sujet du coronavirus, on a évoqué, comme on l’avait fait naguère pour expliquer l’apparition du virus du SIDA, la fabrication volontaire, en laboratoire, à des fins plus que douteuses, d’un germe qui aurait échappé à ses créateurs et manipulateurs. Une telle explication n’est nullement prouvée, mais elle présente l’avantage de nous exonérer de notre propre responsabilité dans l’éclosion de ces épidémies. La plupart des gens se persuadent aisément de n’être pour rien dans l’apparition de tel virus dangereux ; et tantôt ils rejettent la responsabilité du fléau sur un petit groupe de savants fous, de militaires fanatiques et de dirigeants politiques aussi irresponsables que malintentionnés et criminels, tous créateurs de germes nocifs, tantôt ils attribuent l’apparition de ces derniers à un caprice de la biologie indépendant de l’homme.

    Une inaction délibérée et dangereuse des dirigeants politiques et économiques

    Or nos dirigeants (politiques et économiques) savent très bien, depuis déjà plusieurs décennies, que la présence et l’activité de l’homme favorisent puissamment la mutation des virus, et que des germes qui, autrefois, affectaient les animaux (biologiquement capables de les neutraliser) se portent désormais sur nos semblables qui, eux, sont naturellement vulnérables et en subissent les effets pathologiques. Ils le savent, certes, mais ils n’ont rien tenté, rigoureusement rien, pour conjurer les risques de contamination dangereuse et prévenir le mal. Le danger, ils l’ont délibérément ignoré, en s’efforçant de ne pas y penser ou de se persuader qu’il ne se manifesterait pas ou qu’il ne se traduirait que par des maux mineurs et assez facilement surmontables. Dame ! Il ne fallait pas entraver le business, il ne fallait pas déranger le grand nouvel ordre planétaire de l’économie, qui engendre continuellement des investissements lointains à l’étranger, des implantations bancaires, industrielles et autres dans le monde entier, des délocalisations, des opérations et spéculations financières sur toutes les grandes places boursières, des voyages professionnels et des déplacements incessants de salariés, de cadres supérieurs ou dirigeants, de chefs d’entreprises, et, bien entendu, les voyages et séjours de millions de touristes sur tout le globe et en tous sens. Cette formidable agitation, ces multitudes humaines en mouvement constant, dans le monde entier, ces concentrations d’hommes et de femmes, ont puissamment stimulé la mutation des virus, lesquels ont fait de nos semblables leurs hôtes privilégiés.

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    Le “miracle” économique chinois a un coût environnemental que les activistes climatiques dénoncent peu.

    Il en va de même pour le problème environnemental qui – tout le monde s’accorde à le reconnaître – revêt aujourd’hui un caractère d’urgence. Et, à ce sujet, nous avons encore moins d’excuses qu’en ce qui concerne les épidémies, car, depuis au moins cinq décennies, n’ont manqué ni les alarmes résultant de catastrophes à caractère écologique, ni les avertissements et objurgations émanant d’écologues, d’océanographes, de géologues, de climatologues, de zoologistes et botanistes de tous pays sur le risque que notre surdéveloppement effréné, notre pollution {tant industrielle que domestique et tant individuelle que collective), notre gaspillage des ressources, nos industries polluantes, notre consumérisme débridé, faisaient courir aux écosystèmes des diverses régions ou parties du monde, et en définitive à celui de la planète, transformant cette dernière en un enfer. Tous ces avertissements, ceux de la nature comme ceux des hommes, sont restés vains. Il a fallu attendre les canicules qui se sont régulièrement succédées à partir de 2003, la fonte continue des calottes glaciaires du Groenland, de la Sibérie septentrionale et de l’Arctique, la montée du niveau des mers, l’apparition de gigantesques nuages de pollution au-dessus de l’Inde et de gaz toxiques dans les grandes villes chinoises, l’accentuation sensible de l’effet de serre, la pollution totale de cours d’eau et de lacs, l’assèchement important de certains de ces derniers, la destruction d’une partie de la faune sous-marine, la quasi-extinction d’espèces animales terrestres, pour que se produisît une prise de conscience.

    Un accord de Paris insuffisant, non contraignant et largement bafoué

    Cette prise de conscience s’est traduite formellement – et laborieusement et tardivement – par les accords dits de Paris du 22 avril 2016 (en fait adoptés au Bourget, puis signés à New York) unissant 195 pays du monde entier contre la réduction de l’émission des gaz à effet de serre, et en faveur du renoncement aux énergies fossiles, de multiples initiatives tendant à ralentir (avec l’espoir de l’arrêter, à long terme) le réchauffement climatique. Mais on sait que cet accord ne présente rien de contraignant et laisse les États signataires seuls juges et maîtres de leurs initiatives pour répondre aux objectifs fixés par le texte. Et, de fait, les États-Unis, le Brésil, l’Inde, la Russie et le Canada ne semblent guère pressés de prendre des mesures conformes à la réalisation des objectifs de l’accord. Les États-Unis se sont même retirés de l’accord le 1er juin 2017, ont décidé de rouvrir et de faire fonctionner à plein régime leurs vieilles mines de charbon (« J’adore les mineurs », a même lancé Donald Trump). Le Brésil de Jair Bolsonaro ne dénonce pas l’accord de Paris, mais le critique ouvertement et la bafoue en permanence. La Chine affirme vouloir réduire considérablement la part des énergies fossiles dans son total énergétique, la faisant passer de 89 % en 2016 à 76 % en 2040 (cependant que la part des énergies renouvelables monterait de 9 à 16 %). Elle prévoit de faire de l’électricité la première de ses sources d’énergie, et de développer les secteurs des énergies hydraulique, nucléaire, solaire et éolien. Mais son objectif sera de toute façon difficile à atteindre, et on peut s’inquiéter quand on sait que son objectif, dans le domaine énergétique, est de devenir le premier producteur mondial d’énergie nucléaire. Et, en attendant, elle reste le premier émetteur mondial de CO2 dans le monde (sa part représente 29,4 % du total).

    Des mesures qui ne feront que limiter les dégâts, à supposer qu’elles soient intégralement appliquées

    On le voit, les initiatives en matière de réduction de la production de gaz à effet de serre restent bien modestes, timides, fragiles et aléatoires. Et, de toute façon, seraient-elles mises en œuvre intégralement et par la grande majorité des États (à commencer par les plus pollueurs) qu’elles ne feraient, en fin de compte, que limiter les dégâts : tous les climatologues (de tous pays et de toutes sensibilités politiques) s’accordent pour prévoir que, même dans cette heureuse hypothèse, le réchauffement climatique augmentera – certes à une vitesse sans cesse décroissante – durant trois bonnes décennies, et ne s’arrêtera qu’autour de 2050. Et il en va de même pour la réduction des autres formes de pollution et des perturbations des écosystèmes. Autrement dit, même dans l’hypothèse la plus favorable d’une prise de conscience mondiale et très forte de l’urgence du problème environnemental, nous sommes assurés de voir notre planète devenir un chaudron et un cloaque.

    Ces mesures seront donc à la fois insuffisantes et très difficiles à mettre en œuvre car, beaucoup trop tardives, elles exigeront, dans tous les domaines – au plan des libertés individuelles, au niveau des préjudices matériels que leur application exigera des particuliers, et dans tous les secteurs de l’économie – des sacrifices considérables qui ne pourront être obtenus que par la contrainte.

    En résumé, nous nous préparons de belles années, voire un beau siècle, de contraintes, de sacrifices et de conditions de vie difficiles, entre risques de contaminations virales diverses, chaleur écrasante et atmosphère dangereuse, sur une planète pourrie et surchauffée (sans parler des traditionnels problèmes sociaux). Mais il est navrant de penser que tout cela eût pu être évité si nous avions été assez sages pour conjurer un danger dont nous connaissions la certitude.

     

    Illustration : L’Inde a basculé dans le progrès, c’est-à-dire dans le smog, qui tue plus d’un million d’Indiens chaque année.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Claude Brasseur et la dynastie Espinasse, par Bruno Stéphane-Chambon.

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    Claude Brasseur est mort. Son talent, indéniable, était sans doute en partie le fruit de sa riche ascendance théâtrale.

    Georges Albert Espinasse (1879-1906) appartenait à la troupe de Sarah Bernhardt, l’immense tragédienne qui interpréta notamment L’Aiglon d’Edmond Rostand.

    Elle avait créé une école d’art dramatique en appliquant une nouvelle pédagogie qui privilégiait la personnalité de l’acteur et le développement de sa nature. Il épousa Germaine Nelly Brasseur (1887-1971), qui devint actrice à ses côtés.

    Pierre Brasseur, monstre sacré

    De cette union naquit Pierre Albert Espinasse. Désirant lui aussi se consacrer à l’art dramatique, il adopta le nom de sa mère et se fit donc appeler Pierre Brasseur. Après avoir échoué à son concours d’entrée au Conservatoire – il se révélait déjà atypique –, il suivit les cours de théâtre dispensés par Harry Baur et Fernand Ledoux. Harry Baur, qui l’inspira beaucoup, était un monstre sacré, immortalisé sous les traits de Volpone aux côtés de Louis Jouvet et Charles Dullin dans le film de Maurice Tourneur en 1940. Il s’était déjà illustré en interprétant Jean Valjean dans Les Misérables, où il donne la réplique à Charles Vanel, et Ludwig van Beethoven, dans le film d’Abel Gance. Au théâtre, il avait repris le rôle de César, créé par Raimu, dans la trilogie de Pagnol. Il mourut le 8 avril 1943 suite aux tortures qu’il avait subi au cours de sa détention dans les geôles dans le de la Gestapo. Pierre Brasseur se perfectionna auprès de Fernand Ledoux, acteur prolifique et des plus connus. Auprès de ces grands maîtres, Pierre Brasseur développa son grand talent naissant mais surtout son art de la démesure. La vie artistique l’attirait sous toutes ses formes et il fréquenta nombre de peintres et poètes dont Pablo Picasso, Jean Cocteau, Max Jacob, Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard, Benjamin Péret, Raymond Queneau, Robert Desnos et Jacques Prévert. Suite à ces influences diverses il se révéla un excellent auteur de pièces : L’Ancre noire (1927), Sainte Cécile (1944), Un ange passe (1943), L’Enfant de Poméranie (1945). Il débute au théâtre chez Lugné-Poe au théâtre de l’Œuvre et au cinéma avec Jean Renoir dans La Fille de l’eau. Son succès est grandissant, surtout marqué par son interprétation dans Le Quai des brumes de Marcel Carné et son rôle de Frédérick Lemaître dans Les Enfants du paradis.

    C’est surtout sur les planches qu’il triomphe avec Kean, où il incarne le grand acteur anglais raconté par Alexandre Dumas père, dans Le Diable et le Bon Dieu de Jean-Paul Sartre, Le Partage de midi de Paul Claudel, dans la mise en scène magique de Jean-Louis Barrault, La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, mise en scène par Georges Vitaly, Don Juan d’Henry de Montherlant et le Dom Juan aux Enfers de George Bernard Shaw aux côtés de Paul Meurisse, et l’inénarrable Tchao de Marc-Gilbert Sauvajon. Au cinéma, un de ses rôles marquant est celui de Lucien Maublanc, débauché notoire, dans Les Grandes familles, film réalisé par Denys de La Patellière sorti en 1958 d’après l’œuvre de Maurice Druon, où il s’affronte de manière magistrale à Jean Gabin. Ironie du sort funeste, il meurt le 14 août 1972 à Brunico en Italie, d’une crise cardiaque, lors du tournage La Plus Belle Soirée de ma vie. Ce film d’Ettore Scola réunissait autour de Pierre Brasseur une distribution prestigieuse avec Alberto Sordi, Michel Simon, Charles Vanel et Claude Dauphin. Il avait épousé la brillante Odette Joyeux, actrice, également écrivain et romancière. Ils eurent un fils né en 1936 : Claude Pierre Espinasse, dit Claude Brasseur.

    Claude Brasseur, puissant et fin

    Le jeune Claude reçoit pour parrain l’écrivain américain Ernest Hemingway. Spirituellement, ce n’est pas l’idéal, mais honorifiquement, ce n’est pas rien.

    Durant son enfance, ses relations avec ses parents sont très affectueuses mais ils sont souvent absents accaparés par leurs activités artistiques. Il gardera toujours une admiration et une grande tendresse pour eux. Par la suite il effectue son service militaire en Algérie en 1957 dans les parachutistes, ce qui était loin d’être une sinécure. Après avoir été tenté par une carrière de journaliste, sur les conseils d’Elvire Popesco, après un court passage au Cours Simon, il entre Conservatoire où il rejoint Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort. Il fait ses premiers pas au théâtre en 1955 en créant Judas de Marcel Pagnol et débute au cinéma dans Rencontre à Paris de Georges Lampin.

    À notre avis, les deux tremplins qui lui permettront de lancer sa grande carrière sont dues à la télévision avec en premier lieu son rôle de Sganarelle dans le Dom Juan ou le Festin de pierre de Marcel Bluwal en 1965, pièce filmée emblématique, et en second lieu l’opportunité de reprendre de 1971 à 1973, en remplacement de Bernard Noël, malheureusement décédé, le rôle de François Vidocq dans le feuilleton très populaire Les Nouvelles Aventures de Vidocq (à ce titre il faut reconnaître que le théâtre est une grande famille : le fils de Bernard Noël fut adopté par Claude Rich). S’ensuit une carrière, qui n’a rien à envier à son père avec 37 pièces de théâtre, plus de cent dix films et l’obtention de deux César.

    Nous retiendrons dans sa carrière cinématographique dans des seconds rôles de caractère avant d’accéder au rang du vedettariat, Les Sept Péchés capitaux d’Édouard Molinaro (1962), Le Caporal épinglé de Jean Renoir (1962), Les Seins de glace de Georges Lautner (1974), film qui le révèlera au grand public, et la consécration avec Un éléphant ça trompe énormément d’Yves Robert (1976), La Guerre des polices de Robin Davis (1979), La Boum de Claude Pinoteau (1980 et 1982), Josépha de Christopher Frank (1982), Guy de Maupassant de Michel Drach (1982), La Crime de Philippe Labro (1983), La Gitane de Philippe de Broca (1986), Georges Dandin de Roger Planchon (1988), Radio Corbeau d’Yves Boisset (1989), L’Orchestre rouge de Jacques Rouffio (1989), Un, deux, trois, soleil de Bertrand Blier (1993). Ces dernières années furent marquées par Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson (2006), Légitime Défense de Pierre Lacan (2011), L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac (2015) et le rôle inénarrable de Jacky Pic, avec sa femme Laurette, interprétée par Mylène Demongeot dans la série des Campings de Fabien Onteniente en compagnie de Franck Dubosc.(2006, 2010 et 2016).

    Mais les planches sont les lieux de prédilection de la famille Espinasse. Claude avait hérité de la faconde et de la gestuelle de Pierre, en moindre ampleur, mais Claude ajoutait une perception plus subtile dans l’interprétation que Pierre, son jeu était tout en finesse.

    Amoureux des grands textes et très perspicace dans le choix des metteurs en scène, on sélectionnera les grands moments de théâtre qu’il a su nous offrir : dans les premières années il joua Un ange qui passe, pièce écrite et mise en scène par son père. Puis, il démontre son grand talent dans des mises en scène de Roger Planchon en interprétant les rôles titres du grand répertoire avec Tartuffe de Molière (1962 et 1967) et George Dandin de Molière (1987). Il décolle avec Le Souper de Jean-Claude Brisville, mise en scène Jean-Pierre Miquel, dans le rôle d’un Fouchet frustre et retors face à un diabolique Talleyrand, interprété par Claude Rich (1989). Le Dîner de cons de Francis Veber, mise en scène Pierre Mondy,(1993) restera un souvenir désopilant. En 2012 il reprend son rôle fétiche de Tartuffe dans une mise en scène de Marion Bierry. Un grand évènement survint en 2014 : La Colère du Tigre de Philippe Madral, mise en scène Christophe Lidon. Pièce à laquelle nous avons assisté, marquée par son implication dans le rôle de Clemenceau, pétri de contradictions, et un monologue magique de Michel Aumont, jouant Claude Monet, face à l’océan, qu’il ne voit plus que sous la couleur jaune, suite à une cécité naissante.

    On ne saurait, pour terminer ce portait, omettre ses qualités dans le monde du sport avec une sélection pour les Jeux olympiques d’hiver de 1964 à Innsbruck dans l’équipe de France de bobsleigh, et sa participation au Rallye du Paris-Dakar en 1983, où il était le copilote de Jacky Ickx. Ce fut à cette occasion que je le rencontrais pour la première fois à une étape, non loin de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire.

    Quant à son panache et à son anticonformisme, on saluera son courage pour avoir osé signer, en 2013, le « manifeste des 343 salauds » lancé par le magazine Causeur, pour protester contre la loi relative à la pénalisation des clients de prostituées. Un adversaire des bien-pensants avant l’heure !

    Fils de Planchet et de d’Artagnan, Claude Brasseur a disparu avant Noël, en nous saluant d’un grand coup de chapeau le 22 décembre 2020 à l’âge de 84 ans à Paris. Sa voix puissante et éraillée manquera sous le chapiteau des grands saltimbanques, les artistes !

    Alexandre Brasseur, l’héritier

    Alexandre Espinasse, dit Alexandre Brasseur, est un acteur français né le 29 mars 1971 à Neuilly-sur-Seine, fils de Claude Brasseur et de Michèle Cambon. Certes l’héritage est lourd et la tendance du public à faire des comparaisons ne rend pas la tâche facile à ce nouvel acteur.

    Il débute à l’école du cirque d’Annie Fratellini et apparait de nombreuses fois dans plusieurs séries télévisées dont Maigret. (1999-2002) Un peu écrasé par la présence de Bruno Cremer, il a tendance à imiter le jeu de son père.

    Il participe à douze pièces de théâtre, univers où il se sent plus dans son élément, avec en 1999 La Cerisaie d’Anton Tchekhov, mise en scène de Georges Wilson, en 2000, Joyeuses Pâques de Jean Poiret, mise en scène de Bernard Murat. Il triomphe en 2005 avec La Locandiera de Carlo Goldoni, dans une mise en scène d’Alain Sachs où il donne la réplique à Cristiana Reali, et surtout avec Mon père avait raison de Sacha Guitry, mise en scène de Bernard Murat, au théâtre Édouard VII, qui en était à sa 300e présentation en juin 2008. Déjà il avait été récompensé en 2007 avec un Prix Raimu de la révélation théâtrale.

    Il joue dans dix films et se distingue dans Nos plus belles vacances de Philippe Lellouche et Colt 45 de Fabrice Du Welz. Il participe à plusieurs téléfilms dont Georges Dandin de Molière dans le rôle de Lubin. Sa carrière dans les séries télévisées devient de plus en plus importante et dernièrement il s’impose dans Le Bureau des légendes pour les saisons 1-2 et 5. La saga des Espinasse est en route pour devenir une grande épopée.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • À qui profite la crise ?, par François Schwerer.

    La Chine apparaît comme le vainqueur de la crise sanitaire mondiale.

    Confortée par ses réussites commerciales, soutenue par ses réseaux d’influence, qui œuvrent aussi en France, l’Empire du Milieu impose sa vision du monde.

     

    4.jpgLe 11 juin 2021, pour son premier voyage officiel à l’étranger, le président Biden est venu fédérer ses alliés européens notamment pour encadrer la montée en puissance de la Chine. Officiellement, il s’agissait pour lui de protéger les Occidentaux contre les menaces qui pèsent sur la compétition technologique, la cyber-sécurité, la santé publique et le réchauffement climatique[1]. En fait, dans cette lutte d’influence, pour rester le « premier » pays du monde, les États-Unis ont fort à faire car c’est sur tous les fronts qu’ils se sentent attaqués par une Chine de plus en plus puissante alors même qu’ils ne veulent pas pour autant se priver de ce que la Chine leur apporte.

    La Chine, puissance économique

    Au début de l’année 2021, la Chine se présente comme la seconde puissance économique du monde et comme le premier exportateur.

    Aujourd’hui, la Chine est par ailleurs le premier consommateur de cuivre au monde et confisque 50 % de la production mondiale. Or ce cuivre n’est pas uniquement destiné à la consommation nationale. « Il faut de 80 à 170 kg de cuivre pour fabriquer une voiture électrique, soit trois à quatre fois plus que pour un véhicule thermique. Dans le photovoltaïque, 10 tonnes sont nécessaires par mégawatt installé. L’éolien offshore est aussi très consommateur de câbles en cuivre » (Challenges, 3 juin 2021). Or, si la Chine possède des mines de cuivre importantes, les autres principales mines se trouvent au Chili, au Pérou, aux États-Unis et au Congo. Si donc la Chine pèse tant sur le marché du cuivre, cela est aussi pour elle une façon de contrôler un élément particulièrement stratégique. Une telle attitude peut servir à éclairer la politique suivie par la Chine en Antarctique où elle est devenue le quatrième pays au monde (après la Russie, l’Argentine et le Chili) à posséder cinq bases, lesquelles ont la particularité d’être situées dans des zones « riches en terres rares ».

    Sur le plan économico-financier, la Chine est présente dans tous les domaines. Si l’on en croit le Figaro-éco du 11 juin 2021, « Fin 2016, 99 % des transactions mondiales en bitcoins provenaient de Chine ». Or, le 21 mai 2021, le vice-premier ministre Liu-Hé s’est officiellement inquiété de la volatilité du bitcoin. On peut donc se demander si cette lutte nouvelle contre le bitcoin, entreprise au nom de la diminution de la consommation d’énergie fossile, ne pourrait pas aussi servir à faire place nette avant le lancement du « yuan digital », cette monnaie numérique sur laquelle elle travaille depuis 2014.

    Sans chercher à savoir quelle est l’origine de ce qui a été présenté comme une pandémie (en procédant à une extension importante du sens du mot), il faut remarquer que la Chine a su tirer parti de la crise de la Covid-19. 90  % des masques et gants chirurgicaux viennent désormais de Chine. De nombreux équipements médicaux aussi, même s’ils arrivent en Europe grâce à un importateur dont le siège se trouve aux Bermudes (important paradis fiscal). D’après Les Echos du 2 mars 2021, le cabinet Hurun aurait calculé que, depuis le début de la crise sanitaire, le nombre de milliardaires chinois serait passé de 739 à 992 (soit une augmentation de plus d’un tiers) ce qui mettrait ce pays au premier rang en nombre de milliardaires, devant les États-Unis (696) et l’Inde (177).

    Les alliés objectifs de la Chine

    On dit souvent que l’argent attire l’argent. Ce qui est certain c’est qu’en observant l’attitude des « ultra-riches » dont parlent les médias, aucun n’est indifférent à ce qui se passe en Chine.

    C’est par exemple la société dont George Soros est un actionnaire significatif, Gilead Biosciences, qui a produit, en Chine, le Remdesivir lequel a été, un temps, présenté comme le traitement miracle contre la Covid-19. Pour cela elle s’était associée à Wuxi Pharmaceutica dans laquelle Soros a aussi des intérêts. Mais, pour lui, « le modèle de croissance à l’origine de l’ascension rapide du pays est arrivé à essoufflement ». Comme il y a peu de chances que la Chine change ses habitudes, la seule façon qu’elle a de s’en sortir est de « se mettre en colère contre son voisin et d’initier une guerre ». Les difficultés actuelles de l’Australie avec la Chine (cf. Le Figaro éco du 8 juin 2021) en sont-elles l’illustration ? La Chine cherche-t-elle à tester ainsi la solidarité entre les diverses nations occidentales ? L’Australie a-t-elle été choisie parce qu’elle avait exclu Huawei de son appel d’offres pour le développement de son réseau 5 G, pour des « raisons de sécurité nationale » ? ou parce qu’elle avait interdit à la Chine de continuer à financer les partis politiques australiens ? Pour Philippe Chalmin, « La Chine a choisi l’Australie comme une sorte de bouc émissaire pour montrer aux Occidentaux ce qu’il pourrait leur en coûter de trop critiquer l’empire du Milieu ».

    Deuxième contributeur à l’OMS (grâce aux impôts qu’il ne paye pas, une de ses principales sociétés financières étant domiciliée aux Bermudes) derrière la Chine, depuis que Trump avait limité l’apport des États-Unis, Bill Gates s’intéresse aussi à la Chine. C’est par exemple lui qui est derrière la société TerraPower LLC qui porte un projet de développement de l’énergie nucléaire en Chine (on comprend pourquoi certains journaux ont monté en épingle les récents incidents rencontrés par la centrale construite en Chine par les Français). On constate, par ailleurs, qu’il a aussi des intérêts dans le deuxième plus grand port de conteneurs des États-Unis dont le président Obama avait donné la gestion à la Chine. En remerciement de ce qu’il fait pour l’empire du Milieu, en 2017, Bill Gates avait été élu membre étranger de l’Académie chinoise d’ingénierie… Dans le même temps, aux États-Unis, Bill Gates est l’un des promoteurs des énergies « propres » dont il dit que « sans la Chine, beaucoup des ingrédients clés dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme les batteries et l’énergie solaire, ne seraient pas si abordables ».

    L’actuel directeur de l’OMS, Tedros Ghebreyesus, et celui de l’INAID, Anthony Fauci, travaillent la main dans la main sous l’égide de Bill Gates. Or, l’ancien ministre éthiopien de la santé avait fait appel à la Chine pour que celle-ci développe dans son pays 70 % des infrastructures dont le Centre africain de prévention et de contrôle des maladies. C’est ce même Tedros Ghebreyesus qui avait dissuadé l’Italie, au début de l’épidémie, de « stigmatiser les Chinois » et recommandé, « par solidarité », de ne pas mettre en quarantaine les personnes qui revenaient de Chine.

    Aucun des « ultra-riches » n’est indifférent à ce qui se passe en Chine.

    En France aussi, la Chine sait pouvoir compter sur de solides « ambassadeurs de bonne volonté ». En 2012, la France China Foundation a ainsi développé un programme de Young Leaders, qui sélectionne chaque année dix personnes « prometteuses » pour développer les relations entre nos deux pays. Sur les 180 Français qui ont bénéficié de ce programme, on trouve 10 % d’anciens élèves de l’ENA et un nombre significatif de personnalités politiques : Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Olivier Véran, Matthieu Gallet, Agnès Pannier-Runacher, Franck Riester, Brune Poirson… À la même époque avait été fondé à Paris le Chinese Business Club au sein duquel l’un des premiers invités a été Emmanuel Macron, quand il n’était que ministre de l’Economie. On se demande si cela n’a pas pesé dans la décision du gouvernement français d’autoriser le groupe de télécommunications chinois Huaweï à équiper partiellement son futur réseau mobile 5G…. Il est inutile d’aller plus loin.

    La Chine sait pouvoir compter sur des alliés objectifs pour défendre ses intérêts dans de nombreux pays. Et sa puissance ne s’arrête pas au seul domaine économique. Le 27 mars 2021, la Chine et l’Iran ont signé un « pacte de coopération stratégique de vingt-cinq ans », prévoyant des investissements réciproques dans l’énergie, l’industrie et les transports… ce qui inclut le nucléaire. Si les États-Unis et leurs alliés poursuivent leur volonté de contraindre l’Iran à abandonner toute velléité de développer son industrie nucléaire, la Chine sera donc là pour y suppléer. La question est importante quand on connaît les relations entre Israël et l’Iran.

    Le « Chinese way of life »

    Depuis le début de la crise sanitaire qui agite le monde d’aujourd’hui, les Français ont appris à vivre masqués comme leurs homologues chinois, quand leur santé risque d’être menacée ! Ils ont appris à se faire injecter, sur injonction de leur gouvernement, et sous le nom de vaccin, des substances dont nul ne connaît les effets à long terme, ce qui explique pourquoi elles ne sont autorisées qu’à titre provisoire et que, dans les pays « libres », l’on demande à ceux qui obtempèrent leur « consentement éclairé », comme cela a été prévu dans le code de Nuremberg de 1947.

    Le passeport sanitaire a fait son apparition et le téléchargement de l’application Tousanticovid a été recommandé. Ces mesures sont considérées comme indispensables pour pouvoir mener une vie « comme avant », en fait pour se sentir libre. Libre, oui, mais surveillé ! D’ailleurs on continue partout, sous prétexte de sécurité à installer des caméras de surveillance à tous les coins de rue. La reconnaissance faciale n’est pas loin. Les Chinois l’ont bien développée et ne doutons pas qu’ils soient prêts à nous vendre leur technologie.

    Après la seconde guerre mondiale, les Américains nous avaient apporté le jazz et le chewing-gum,
    aujourd’hui les Chinois nous apportent le masque et la télésurveillance. Dans les deux cas, cela s’est traduit par la greffe d’habitudes étrangères sur nos traditions nationales. Est-ce vraiment pour notre bien ?

     

    [1] . « Le retour des États-Unis dans l’accord de Paris sur le changement climatique sera l’occasion de réaliser des progrès ambitieux qui permettront d’enrayer la crise climatique et de créer des emplois en favorisant la transition vers une énergie propre » (Joe Biden).

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Une économie administrée par une finance libérée, par François Schwerer.

    Illustrations : Le groupement de pharmaciens Pharmabest a ouvert son flagship store en septembre 2020, la plus grande pharmacie de centre-ville à Paris. 2050 m2, ouverts 6 jours sur 7 de 9h à 20h, avec 40 000 références, 350 marques, sur 4,5 km de linéaires, et 25 caisses. 1 200 clients sont attendus par jour.

    Les crises successives révèlent la manière dont l´économie occidentale s'est entièrement financiarisée au point que tout est orienté vers la furieuse circulation des flux, au détriment de la richesse réelle.

    5.jpgL’année 2020 a été marquée par la crise sanitaire de la Covid-19 dont la gestion par les divers gouvernements mondiaux, notamment dans les pays développés, a mis en exergue la fragilité d’un système caractérisé par une économie administrée (État-providence – mais non pas souverain – oblige) par une finance libérée (imposée par l’idéologie mondialiste néolibérale). Autant, au siècle précédent, le communisme promettait des « lendemains qui chantent », autant ce nouveau paradigme occulte des « lendemains qui déchanteront ».

    Une économie administrée

    Depuis l’importance prise par l’État-providence, l’économie réelle n’est plus libre. Jusqu’à présent, cette absence de liberté se mesurait d’abord par la hausse ininterrompue des impôts, la disparition des entrepreneurs indépendants au profit des salariés voire des fonctionnaires, la multiplicité des normes pesant sur les agents économiques, la part prise dans le système par les assurances de toute nature qui « socialisent » les aléas et les pertes, la multiplication des indemnités, pensions, subventions et autres « salaires de substitution ». Les prix étaient par ailleurs largement manipulés par les taux différentiels de la TVA applicable, les taxes additionnelles et complémentaires, les encadrements de prix, les bonifications (sous ou sans condition de ressources) dans un monde où les notions de juste prix, de solde et de vente à perte ont été vidées de leur substance. Quand un produit « bénéficie » d’un rabais de 70 %, alors qu’il ne s’agit ni d’écouler un vieux rossignol invendu ni de liquider le stock d’un commerce en faillite, c’est que soit le prix d’origine, soit le prix de cession n’est pas honnête. Pour quel résultat ? Le consommateur ayant perdu tout repère financier relatif au prix des choses, soumis au matraquage permanent d’une publicité agressive et poussé par l’illusion d’un crédit facile et le miroir d’un emballage clinquant, n’est plus qu’un individu qui achète ce que les autres acquièrent, qu’il en ait besoin ou non.

    Pourtant, il croit qu’il est libre et que ses choix sont le résultat d’une liberté éclairée. En réalité il est plutôt le jouet d’intérêts qui le dépassent. Il suffit, par exemple, d’examiner la question des automobiles. Pendant de nombreuses années, on a vanté aux Français les mérites des moteurs diesel et, pour les pousser à acquérir des véhicules qui en étaient équipés, le carburant lourd, moins taxé, a été vendu à un prix beaucoup plus avantageux. Puis, quand les producteurs auprès desquels la France s’approvisionnent ont commencé à livrer des pétroles bruts plus légers, on s’est aperçu que cette politique était techniquement et financièrement suicidaire (car la proportion de gaz, pétrole, kérosène, fuel et goudrons issus des raffineries ne dépend pas uniquement de la façon dont celles-ci fonctionnent mais aussi et surtout de la qualité du pétrole traité). Il a donc fallu rectifier le tir. Les Pouvoirs publics ne pouvant pas se tromper mais ne pouvant pas non plus incriminer les multinationales dont ils ont besoin, on a expliqué aux Français – sous prétexte de les éclairer – que leurs voitures « préférées » étaient trop polluantes, malgré les filtres à particules dont elles sont équipées, et on leur a demandé de changer d’habitudes. Les taxes sur le gas-oil ont commencé à grimper plus vite que celles sur l’essence.

    L’instrumentalisation économico-financière de la crise sanitaire

    Avec la crise sanitaire actuelle, on a franchi une nouvelle étape. Il n’y a plus besoin de subtils subterfuges pour administrer l’économie. La santé est devenue la seule valeur fondamentale du consommateur matérialiste ; il suffit désormais de se retrancher derrière ce nouveau paravent. Du coup les notions de « produits essentiels », de « commerces essentiels », de « services essentiels » sont devenues autant d’impératifs que chacun doit respecter. À terme, il ne devrait plus être nécessaire de harceler les citoyens par des communications téléphoniques intempestives leur expliquant ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. Il suffira de dire : c’est essentiel, ou ce ne l’est pas. C’est essentiel, c’est autorisé ; ce n’est pas essentiel, c’est interdit.

    Comme la paralysie de pans entiers d’activité risquait d’entraîner une réaction de rejet du fait de ses conséquences immédiates, on a cherché un expédient qui, en permettant de gagner du temps, laisserait la possibilité de décorréler plus ou moins bien la cause de ses effets. On a multiplié les aides d’État afin de permettre à chaque Français de conserver nominalement le même « pouvoir d’achat ». Cela était facile puisque, aujourd’hui, la monnaie ne repose plus que sur un droit, octroyé par la Puissance publique, d’acquérir des biens ou des services. D’un côté, on a distribué du pouvoir d’achat alors que, de l’autre, on interdisait de produire les biens ou les services à acquérir. On assumait donc le risque de voir les prix grimper et l’inflation repartir rapidement… ce qui aurait pu, sans avoir l’air d’y toucher, effacer une partie de la dette publique. Hélas, les populations inquiètes pour leur avenir ont mis de côté les sommes qu’elles ne pouvaient pas dépenser dans les mêmes conditions qu’auparavant. Elles ne se sont pas précipitées autant qu’il aurait fallu sur des achats par correspondance de produits importés, ce qui aurait bien profité aux multinationales et, subsidiairement à l’État qui aurait pu taxer au passage les flux financiers tout en respectant sa promesse de ne pas augmenter les impôts. Les populations, plus attachées à leur culture ancestrale qu’on ne veut l’admettre, n’ont pas eu le comportement « citoyen » attendu par les élites.

    La finance libérée

    Pourtant, les économistes, les hommes politiques et les journalistes expliquent à longueur de temps que nous vivons dans un monde libre où la seule richesse qui compte est celle qui est consommée. Le consommateur compulsif est ainsi considéré comme appartenant à la catégorie vertueuse des citoyens responsables, conscients et organisés, alors que les épargnants frileux constituent la caste des égoïstes intouchables.

    L’œil rivé sur le taux de croissance du PIB, les banques centrales sont priées d’apporter au système les liquidités nécessaires à l’entretien du mouvement. Cela les oblige à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux tellement bas qu’ils ne peuvent plus rien dire. Ce n’est plus pour une question morale que l’on remet en cause le prêt à intérêt, c’est pour une question d’efficacité financière ; financière et non pas économique ! Une vie économique équilibrée a besoin de taux d’intérêts différentiels et non spéculatifs pour se développer de façon harmonieuse. Plus un investissement est risqué plus le taux d’intérêt du crédit sollicité pour le réaliser devrait être élevé ; plus un investissement permet de produire un bien ou un service utile et rentable et plus il peut permettre de rembourser un taux d’intérêt important. Quand les taux d’intérêt tendent vers zéro, il n’y a plus de différence entre un projet sûr et une aventure risquée, il n’y a plus de différence entre un projet rentable et un rêve irréaliste. Si le taux d’intérêt devient négatif, alors il n’y a plus aucune raison que le projet soit sûr et rentable car ce n’est pas sur le résultat qu’il engendrera que l’on compte pour le rembourser mais sur la reconduction du crédit à son échéance.

    Les riches d’aujourd’hui lègueront des dettes à leurs héritiers.

    Globalement, cependant, pour que le système fonctionne, il suffit mais il faut que la masse financière en circulation augmente au rythme des promesses. Or, pour que les populations suivent le rythme qui leur est insidieusement imposé, il faut que les carottes soient toujours plus grosses et le bâton toujours plus lourd. Le crédit appelle le crédit. Ce système fonctionne tant que le « prêteur en dernier ressort » peut alimenter le mécanisme mis en place, et que les bénéficiaires de la manne ainsi répandue continuent à la constater nourrissante. Mais, dans un tel monde, l’entrepreneur qui prend un risque industriel a cédé la place, comme moteur du système, à un illusionniste capable de « vendre » un rêve à un financier.

    Seule compte la finance. Le fordisme est mort ; le salarié n’a pas besoin d’être bien payé pour acheter les biens produits puisque la dette se substitue au salaire. Quant aux biens qu’on lui vend, on peut les faire fabriquer bien loin, dans un pays où il n’y a ni charges salariales, ni retraite, ni sécurité sociale et où les normes sanitaires et environnementales sont moins strictes. Ce n’est pas grave si l’assisté du « pays riche » achète à bas prix les biens produits dans les pays « émergents » puisqu’il a été subventionné pour le faire et que le crédit est devenu un droit.

    Le système trouve son équilibre dans la circulation des flux financiers, le transfert des richesses de ceux qui produisent vers ceux qui consomment et dans le développement du crédit qui, à l’échelon mondial prend de plus en plus la forme d’une pyramide de Ponzi. Tant que la confiance règne, le système continue à tourner… de plus en plus vite !

    Une illusoire richesse pour une impasse systémique

    Mais, dans un tel système et sans qu’on y prenne garde, les mots ont changé de sens ; les concepts ont changé de nature. Ce qui fait la richesse d’un agent économique, ce n’est plus le stock de biens qu’il détient, c’est l’importance du flux qu’il peut capter. La source de la monnaie n’est plus une quantité de biens durables, mais la capacité à générer du crédit. Pour être puissant dans le monde économique d’antan, il fallait pouvoir mobiliser des biens et les monétiser ; pour être puissant dans le monde financier d’aujourd’hui, il faut pouvoir capter des flux et en distraire une partie pour son usage exclusif. On n’achète plus un bien avec des espèces sonnantes et trébuchantes mais avec un crédit, c’est-à-dire une promesse. Lorsque le système s’emballe, le crédit n’est pas remboursé ; la promesse est reconduite le jour où normalement elle aurait dû être honorée. Dans un processus de fuite en avant, ce que les riches d’aujourd’hui s’apprêtent à léguer à leurs héritiers, ce ne sont plus des richesses accumulées mais des dettes.

    Soit le système monétaire, économique et financier devra être entièrement repensé de façon à permettre à chaque catégorie de population de vivre normalement en consommant ce qu’elle produit sans chercher à piller ses voisins grâce à l’arme d’un crédit apparent, soit une crise généralisée, bien plus terrible que celle dont on parle aujourd’hui, obligera tôt ou tard à remettre toutes les pendules à l’heure. À quel prix ?

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • L’inanité actuelle des paris politiques, par Yves Morel.

    Indifférents, moroses, déçus, les Français se détournent des suffrages et des partis. Il leur apparaît clairement qu'ils sont inutiles à la marche des affaires, 
si décevante celle-ci puisse être.

    Pour l’historien, le politologue, ou seulement tout esprit curieux et sagace, nous vivons une époque passionnante, lors même qu’elle n’a rien de drôle, à moins dire.

    La crise générale provoquée par la pandémie coronovirale remet en question notre mode de vie et de travail, le fonctionnement de notre société et de notre économie, nos habitudes de pensée, et notre vie politique.

    Un bouleversement générateur d’un fatalisme unanime

    C’est tout notre modèle de société et d’organisation politique qui a été chamboulé depuis un an. Nos institutions républicaines, dont nos dirigeants exaltent à tout propos la grandeur, ont reçu un sacré coup, et il n’est pas certain qu’elles puissent surmonter un pareil choc. Le cours normal de notre vie politique est suspendu depuis la mi-mars 2020, et nos compatriotes sont complètement déboussolés, ne sachant plus à quel saint se vouer, et se laissant mener, bon gré mal gré, par le pouvoir en place, qu’ils supportent mal, mais dont ils s’accommodent, parce qu’ils savent que ses adversaires ne feraient pas mieux que lui, et que les mesures qui leur sont imposées, procèdent des lois de la nécessité et excluent donc toute alternative. Le fatalisme est devenu le trait de caractère dominant de notre peuple, pourtant réputé frondeur et ingouvernable. Un fatalisme empreint de lassitude et de déréliction, qui, parfois, fermente et vire à l’aigreur. À l’aigreur, mais non à la révolte, sinon de manière sourde, latente, et quelque peu honteuse : on n’ose plus se révolter, de peur de paraître primaire, attardé, déraisonnable, sot, ou incivique. L’heure est à la soumission, au règne des contraintes « plutôt bien acceptées », comme nous le serinent les animateurs du journal télévisé. Nous vivons à l’heure du consensus. Nous pourrions nous en réjouir. N’a-t-on pas déploré, durant près de deux siècles, notre propension diaboliquement innée à la division, aux querelles permanentes, à la contestation systématique de tout pouvoir et de toute autorité politique, spirituelle, morale, à l’indiscipline, à la rébellion, qui rendait impossible l’indispensable union de tous face aux grands problèmes de l’heure et à la préparation de l’avenir ? Aujourd’hui, nous voilà tous à peu près d’accord avec les décisions les plus contraignantes prises par nos gouvernants, certes à des degrés divers : certains adhèrent tout à fait à la justification présentée par nos dirigeants à l’appui de ces mesures, d’autres se résignent à celles-ci le cœur lourd, mais en les jugeant indispensables ; l’unanimité ne va pas sans accrocs ou fausses notes, mais elle existe.

    Seulement voilà, il s’agit d’une unanimité dans le désespoir, dans le sentiment du malheur et de l’impuissance, dans celui de la fatalité, dans la résignation, dans l’idée que tout va mal et que tout ce que nous pouvons nous proposer, c’est de faire en sorte que la situation n’empire pas, et qu’il est vain de chercher une alternative au pouvoir actuel en vue d’un avenir meilleur. Cette unanimité est celle d’individus et de groupes épars qui n’ont en commun que la mélancolie (la « morosité », pour reprendre un mot cher à nos journalistes), la détresse, le sentiment d’un monde in essentia mauvais et d’une réalité opprimante. Elle n’a rien de commun avec l’union nationale de tout un peuple en un effort collectif accompli dans la ferveur au nom d’une cause sacrée, et pour un grand destin commun, avec en ligne de mire, la perspective d’un avenir meilleur.

    Des partis politiques discrédités, 
ayant perdu toute raison d’être

    Dans ces conditions, il n’y a pas lieu de s’étonner de la désaffection des Français à l’égard de la vie politique, de leur incivisme, manifesté par des records d’abstention (40 % aux dernières municipales), de leur indifférence vis-à-vis de nos institutions et des partis politiques, dont ils semblent avoir oublié jusqu’à l’existence.

    Cette situation a précédé la crise sanitaire. Souvenons-nous des derniers grands scrutins antérieurs à 2020. Le nombre d’abstentions s’était élevé, au premier tour de la présidentielle de 2017, à 22,23 % des électeurs inscrits, à 25,44 % au second tour ; puis, lors des législatives qui avaient suivi, la même année, il avait représenté 51,3 % des inscrits au premier tour, 57,36 % au second tour. Les partis politiques traditionnels sont totalement discrédités. Le PS a été laminé lors des législatives de juin 2017, et il ne se relèvera probablement jamais. Les Républicains se sont révélés incapables de l’emporter aux élections présidentielle et législatives de 2017, et ils ont perdu tout crédit, en raison de leur incapacité à affirmer leur différence face à LREM, qui les a concurrencés victorieusement en 2017, et à présenter face au pouvoir macronien une alternative claire et convaincante. Le Rassemblement national et La France Insoumise restent des formations protestataires dénuées de crédibilité et qui ne suscitent même plus l’enthousiasme de jeunes en quête de militantisme. Le PCF a quasiment disparu : aux européennes de 2019, il a subi le ridicule, avec 2,49 % des suffrages exprimés, de se voir talonné par le groupusculaire parti animaliste (2,16 %). Grand vainqueur des élections présidentielle et législatives de 2017, avec le prestige du jeune et sémillant Macron et les salutations impératoriennes, LREM a de grandes chances (si l’on peut dire) de voir sa majorité parlementaire absolue devenir toute relative en 2022. Quant aux écologistes, qui ont tiré profit des municipales de 2020 et ont conquis des villes importantes (en plus de Grenoble, gagnée dès 2014, Lyon, Strasbourg, Tours, Poitiers, Bordeaux, et, pour un temps seulement, Marseille), ils souffrent de leurs limites congénitales, pourrait-on dire. En premier lieu, ils ne sont guère crédibles en dehors des questions environnementales. L’importance croissante de ces dernières explique en grande partie leur progression. Mais, dans les domaines économique, social, administratif, diplomatique et autres, ils sont généralement perçus comme plutôt incompétents. Du reste, ils doivent une bonne part de leur succès actuel à la désaffection qui frappe leurs concurrents sur la scène politique. Et il convient, encore une fois, à ce propos, de ne pas oublier les taux effarants d’abstention aux divers scrutins, qui réduisent encore leur importance réelle, ainsi que celle de tous les partis.

    Ces derniers semblent avoir perdu toute raison d’exister. Les électeurs leur dénient toute capacité réelle à résoudre les grands problèmes de l’heure, n’attendent plus rien d’eux et ne croient plus en les idées et projets de société qu’ils défendent. Pour autant qu’ils aient encore des idées et des projets de société. Ceux-ci sont morts depuis longtemps, avec les grands idéaux qui les animaient, étayés sur des références intellectuelles propres à fonder leur crédibilité. Car, tous, ils se sont fracassés contre le réel. À tel point que plus personne, dans le microcosme politique, ne songe à se réclamer d’eux. Voit-on le parti socialiste défendre explicitement un projet de société socialiste ou un programme de gouvernement socialiste ? Il ne le fait plus depuis le milieu des années 1980 (après la phase partisane de la période 1981-1984). Le ferait-il qu’il susciterait de beaux éclats de rire. Un de ses caciques, Manuel Valls, tirant la conclusion de cette évolution, alla jusqu’à suggérer de changer le nom du parti en lui ôtant l’épithète de socialiste.

    L’impuissance face à un monde mercantile 
impossible à maîtriser

    La mort des idéaux, projets et autres utopies politiques (de droite comme de gauche) découle logiquement de la mutation accomplie par notre monde depuis le dernier quart du siècle précédent.. Celle-ci ne laisse plus place à aucune alternative politique ou sociale. Nous vivons au sein de l’ordre spontané, de nature économique et catallactique, selon Hayek, étendu désormais au monde entier, et dont on peut connaître les lois, mais qu’il est impossible de maîtriser ou même d’infléchir quelque peu, ce qui condamne donc à l’échec toute tentative politique visant à le modifier ou à l’orienter, au moins quant à certains de ses effets, dans une direction jugée souhaitable eu égard à des considérations (relevant de l’exigence de justice sociale ou du sentiment national, par exemple) étrangères à sa propre logique de fonctionnement. Le monde actuel, sur toute la planète, est mercantile et libéral, point barre. Il consiste en un vaste marché que personne ne peut juguler, et ce à tel point que nul ne songe plus sérieusement à tenter de le faire, en vérité. Or, la raison d’être fondamentale d’un parti politique est de proposer, pour l’avenir, un projet de société porteur d’une alternative crédible (du moins jugée telle par une fraction importante de la population) à la réalité présente, et capable de résoudre les problèmes du moment, concrètement vécus par les électeurs. Las ! Ces derniers savent très bien que les hommes (et femmes) politiques actuels sont incapables d’une telle prouesse et qu’ils ne se soucient – outre leur carrière – que de gérer au mieux (ou le moins mal possible) l’ordre existant. D’où la résignation ambiante, interrompue quelquefois par des accès de colère de la base populaire (les Gilets jaunes en France, les divers mouvements trumpistes aux États-Unis), sans chefs, ni organisation, ni projet, ni programme, ni idéal, ni vision d’ensemble intelligente des problèmes, ni même porteurs de revendications précises, et mues uniquement par des refus empreints de fureur.

    Une remise en question globale de notre modèle économique et politique dont nous ne tirons guère les leçons

    En vérité, le mérite de notre triste époque est de nous révéler l’obsolescence, et même la vanité foncière de notre système politique actuel. Celui-ci est bel et bien remis en question, de la même façon que la crise sanitaire coronovirale a conduit à la remise en question de notre système économique mercantile, tant en raison de ses responsabilités criantes dans le déclenchement de la pandémie qu’au niveau des politiques déployées pour enrayer cette dernière, et qui sont allées contre la logique économique dominante. Il n’est cependant pas avéré, loin de là, que nous ayons clairement compris l’ampleur du changement que nous devons opérer pour retrouver un mode de vie et un état d’esprit susceptibles de conjurer le péril présent et ceux qui nous menacent à terme.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • 31 Décembre 1914 ... Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit ...

    L'année s'achève. Et qui ne fera son compte, sa récapitulation, ce soir ? Guillaume II à son quartier-général, qui est, dit-on, Mézières, nos ministres dans leurs palais fragiles, les soldats dans leurs tranchées, à leur foyer les femmes et les mères... Cinq mois d'une guerre dont on ne saurait entrevoir la fin, des événements qui, selon la coutume de tous les grands événements de ce monde, ont trompé les calculs les plus savants, tourné contre l'attente de tous. La France est encore envahie mais Paris est inviolé, en sûreté complète. Les Russes ne sont pas arrivés à Berlin pour la Noël, mais les Autrichiens sont chassés de Belgrade. Qui oserait, après cela, oser une prophétie ?...

    Cependant ce jour-ci incite à tenter de lire l'avenir. On se défend mal de pronostiquer. Et des faits accomplis, de la situation générale, de l'avis, du sentiment donné par tels ou tels qui ont pris part aux batailles, qui ont éprouvé le fort et le faible de l'ennemi, voici ce qu'après réflexion mûre il est peut-être permis d'induire. Voici ce qu'on croit entrevoir... 

    D'ores et déjà - on peut dire depuis la victoire de la Marne - l'entreprise de l'Allemagne a échoué : c'est un fait qu'elle-même ne discute plus. L'écrasement de la France, l'anéantissement de la "méprisable petite armée du général French", comme a dit l'empereur Guillaume, étaient la condition préalable et nécessaire d'une grande victoire sur la Russie. L'Allemagne ne peut plus gagner la partie, et son mot d'ordre, celui que le Kronprinz, Von Kluck et les autres chefs ont donné pour Noël à la nation allemande, c'était celui de la France au mois d'août : résister, tenir. 

    Quelle résistance peut fournir maintenant l'armée allemande ? Voilà la question.

    Un pays qui est capable d'efforts pareils à ceux que l'Allemagne a fait jusqu'ici, un pays qui depuis cinq mois soutient sur deux fronts une rude guerre, qui tient tête à une coalition géante, ce pays-là peut sans doute mener loin ses ennemis. La grande machine de guerre allemande est encore sur pied. La masse de la population allemande est dans un état d'esprit qui permet aux dirigeants de compter sur des sacrifices durables. De ces dirigeants eux-mêmes, il serait fou d'escompter une défaillance. Leur volonté restera tendue jusqu'au bout. Ils ont eu manifestement quelques faiblesses : quand les Anglais leur ont déclaré la guerre, quand Guillaume II a dégarni le front ouest pour sauver Koenigsberg. Erreurs diplomatiques, erreurs militaires, ils ont tout de suite travaillé à les réparer. Ils ont ne eux-mêmes la conviction que l'Allemagne est indestructible. Tant que cette conviction ne les aura pas abandonnés - et il faudrait pour cela des revers formidables - il n'y a pas à attendre que l'Allemagne officielle, armature du peuple allemand tout entier, vienne à mollir.

    Mais cette même Allemagne officielle, elle sait aussi qu'elle ne peut plus compter sur une paix plus favorable que celle qu'elle arracherait en ce moment à la lassitude des alliés. Elle a trahi sa pensée secrète en faisant des ouvertures à la Belgique, à la France, on dit même à la Russie. Traiter tandis que ses armées occupent presque tout le territoire belge, plusieurs grandes villes et un large morceau du territoire français, tandis que les Russes sont encore contenus en Pologne, elle sait bien qu'elle ne peut pas obtenir une situation meilleure, que cette situation même ne peut plus être améliorée. Quand l'Allemagne parle du million d'hommes qu'elle jettera de nouveau contre nous au printemps, elle sait bien que ces hommes-là ne vaudront pas ceux qui étaient partis au mois d'août. L'idée profonde de l'Allemagne, c'est qu'elle a fait partie nulle. Tout son effort tend à obtenir que cette idée devienne celle de ses adversaires.

    Quant à nous, la tâche qu'il nous reste à accomplir rets lourde, la route est longue. Chasser l'envahisseur du territoire, on pensait, après la victoire de septembre, que ce serait une affaire de semaines. Quatre mois se sont écoulés. Nous "progressons", mais pas à pas, ligne à ligne. Nous faisons toujours el siège (c'est un vaste siège : un état-major a demandé l'autre jour à Paris, d'urgence, un traité de Vauban), nous faisons le siège des fortifications que l'ennemi a construites sur notre sol et même celui des forteresses inutilisées par nous lorsque l'invasion s'est produite et que l'envahisseur a su rendre formidables : Laon, Reims, Maubeuge aussi peut-être... Les difficultés à vaincre sont immenses, on en peut se le dissimuler. Il y a trois jours, L'Echo de Paris, non sans dessein d'instruire et peut-être d'avertir le public, en donnait cette idée :

    "Dans cette guerre de positions, les Allemands ont fortifié leurs abris et tranchées avec les derniers perfectionnements, tant au point de vue de l'attaque que de la défense. Les engins les mieux appropriés à ces sortes de combats, ils les ont, et à foison. Rien ne leur manque. Ils ont les gros et petits projecteurs utilisés pour les combats de nuit et alimentés par des dynamos très puissantes . Il sont des fusées éclairantes. Ils ont de véritables engins de place montés sur affûts; ils ont des lance-bombes dernier modèle qu'ils appellent "Minenwerfer" (autrement lance-mines) de 245 millimètres. Ils se servent encore de canons de 50 millimètres protégés par des coupoles cuirassées, et de canons-révolvers de 57 millimètres."

    Ainsi, faute de mieux, les Allemands s'efforcent d'éterniser le combat. Est-ce-à-dire qu'il sera éternel ? Pas du tout. Le commandement français se flatte, d'approche en approche, d'arriver à conquérir sur certains points (plateau de Craonne par exemple, je pense) des positions, des crêtes, des hauteurs, d'où notre artillerie rendra les tranchées allemandes intenables. Alors on ne "progressera" plus, on avancera. Jusqu'où ? C'est une autre affaire. Le chemin de l'Aisne et de l'Yser à la Meuse et au Rhin, le chemin est long, et les Allemands ont eu le loisir de préparer, aux endroits favorables, de nouvelles lignes de défense. Faudra-t-il recommencer la même lutte ?

    Il semble que le commandement français, s'il le pense, ne s'en effraie pas. Il fait, au vu et au su d'éléments militaires qui ne sont nullement priés de garder le secret (peut-être même au contraire), des préparatifs pour une campagne sur le territoire allemand. Mais n'est-ce pas ce qu'il doit faire ? N'est-ce pas, tant que le gouvernement français est résolu à tenir "jusqu'au bout", son devoir étroit de prévoir l'écrasement de l'ennemi, de faire espérer la victoire complète à l'armée et à l'opinion ?

    Eh bien ! surtout chez les combattants (certes je ne dis pas chez tous), une idée forte, une idée qui s'enfonce, c'est que la guerre est virtuellement finie : c'est que, lorsque les armées qui sont entrées en campagne avec leurs cadres, leur matériel, leur entraînement, se sont battues plusieurs mois et se sont usées, le résultat est acquis, rien d'essentiellement nouveau ne peut plus survenir : c'est qu'il y  a dès maintenant chose jugée, c'est que nous ne pourrons faire beaucoup plus que ce que nous avons déjà fait et que c'est très beau, c'est que la guerre se terminera sans solution décisive - avec une Allemagne humiliée, sans doute, mais non vaincue - par une paix qui ne changera rien d'essentiel à l'état de choses préexistant. Il a fallu la guerre de Trente Ans pour mettre à bas l'ancienne Allemagne. Comment en quelques mois se flatter d'anéantir l'Empire le plus formidablement préparé à la guerre qui ait surgi dans les temps modernes, de l'abattre sans reprendre haleine ? Sans doute cette opinion ne tient pas compte des évènements qui peuvent se produire : intervention de l'Italie, de la Roumanie, paix séparée de l'Autriche. Mais d'autres évènements, moins heureux, peuvent survenir aussi... Ceux qui sont dans cet esprit (je répète que ce sont le plus souvent ceux qui, par le contact des armes, ont acquis le sentiment que, d'Allemagne à France, les forces se font équilibre et que cet équilibre ne saurait être rompu, essentiellement du moins, à notre profit), ceux-là définissent la paix future une "côte mal taillée". Le mot s'est répandu. De divers côtés, je l'ai entendu dire. Et ceux qui le répètent ne le désirent pas, ne se cachent pas que ce serait pour notre pays une catastrophe, qu'il importe d'éviter, au moins d'atténuer par une persistance courageuse.

    Car, dans cette hypothèse, chacun rentrant chez soi après cette vaine débauche de vies humaines, cette consommation d'énergies et de richesses, la carte de l'Europe étant à peine changée, les problèmes irritants demeurant les mêmes, on se trouve conduit à prévoir une période de guerres nouvelles où l'Allemagne humiliée, mais puissante encore et prompte à réparer ses forces, où l'Angleterre tenace, où les nationalités insatisfaites engageraient de nouveau le monde.

    Cet avenir, est-ce celui auquel il faut s'attendre ? Comme j'écrivais ces lignes, l'aiguille des pendules a franchi minuit. Que de rêves se forment sans doute, sur les champs de bataille, aux foyers des absents, d'une Europe affranchie, d'une paix longue et sûre pour 1915. Bienfaisante illusion : y attenter serait un crime. C'est en secret que l'on confie au papier de pareils doutes. Que l'espèce humaine s'endorme donc, dans la croyance que les choses obéissent aux voeux des hommes; qu'elle s'imagine conduire quand elle subit. Misereor super turbam, est le grand mot sur lequel doit se clore cette année 1914, où les peuples se sont déchirés en vertu de  causes lointaines, d'un passé presque oublié, de responsabilités héritées des ancêtres, et de forces obscures à peine connues d'eux-mêmes et qu'eux-mêmes pourtant auront déchaînées... 

  • Éphéméride du 5 août

    58 Avant JC : Fin de la bataille de l'Ochsenfeld  

     

    César refoule Arioviste et ses Germains au-delà du Rhin...

    Il s'agit de la deuxième bataille majeure de la Guerre des Gaules, après celle de Bibracte, contre les Helvètes :

    Jules César avait déjà été appelé à l'aide une première fois par les Gaulois, lorsque les Helvètes avaient décidé de quitter leurs montagnes pour s'installer dans l'Ouest de la Gaule :  il les écrasa à Bibracte, les obligeant à retourner dans leurs montagnes (voir l'Éphéméride du 28 mars).

     Un autre peuple était également entré en Gaule, sans que les Gaulois ne réussissent à le chasser : Arioviste et ses Germains avaient traversé le Rhin vers 72 avant JC, emmenant avec eux les Suèves, les Harudes, les Marcomans, les Triboques, les Vangions, les Némètes et les Sédusiens, soit, peut-être, environ 120.000 personnes.  

    froshdorf,comte de chambord,comte de paris,legitimistes,orleanistesÉduens, Arvernes et Séquanes, tous alliés pour l'occasion, furent écrasés le 15 mars 60, à la bataille d'Admagetobriga : ils demandèrent donc, de nouveau, l'appui de Rome.

    Jules César décida de repousser Arioviste, craignant qu'une fois la Gaule soumise, les Germains ne représentent un danger pour Rome même, comme les Cimbres et les Teutons - défaits par son oncle, Caius Marius (ci contre)... - quelque quarante années auparavant (voir notre Éphéméride/Évocation du 17 janvier).

    Arioviste se mit en marche en direction de Vesontio (Besançon), la capitale des Séquanes. Mais César, à marche forcée, réussit à l'y précéder et à s'y fortifier.

    Début août, César reprit sa progression vers Arioviste, qui se trouvait à une quarantaine de kilomètres. Des escarmouches eurent lieu pendant les premiers jours du mois, jusqu'à l'affrontement final entre les six légions romaines (environ 35.000 hommes) et l'armée d'Arioviste, largement supérieure en nombre (probablement 70.000 guerriers, voire plus...).

    C'est par leur tactique et leur habileté que les Romains triomphèrent de cet adversaire largement supérieur en nombre : comme son oncle Marius l'avait fait pour les Cimbres et les Teutons, César augmenta la panique de ses adversaires en massacrant les femmes et les enfants qui étaient en arrière, dans le camp ennemi.

    Son armée totalement anéantie, Arioviste n'eut d'autre solution que de repasser le Rhin : certains historiens disent même que, dans sa déroute, il dût le franchir... à la nage ! 

    froshdorf,comte de chambord,comte de paris,legitimistes,orleanistesC'est dans la plaine d'Alsace, entre Mulhouse et Aspach, près de Cernay, qu'eut lieu la bataille de l'Ochsenfeld : 

    http://bataillescelebres.hebergratuit.net/ochsenfeld/index.html?ckattempt=1 

     

    Ainsi donc, quatre mois à peine après son intervention victorieuse contre les Helvètes - appelé par les Gaulois - César remporte maintenant, dans la foulée - et toujours appelé au secours par les Gaulois... - une seconde victoire retentissante en Gaule : cette fois-ci, et malgré les difficultés qu'il va encore y rencontrer (révolte de Vercingétorix...) il n'en partira plus, du moins avant d'y avoir assis son pouvoir, et celui de Rome, sur la totalité des quelques soixante tribus ou peuplades gauloises, qu'il nomme lui-même dans ses Commentaires, le De Bello Gallico.  

    Trois ans plus tard, pour consolider sa victoire, César décidera même de mener un raid au-delà du Rhin, en Germanie même, et donc de franchir le fleuve : en 55 avant JC, à 15km au nord de Coblence ou bien près de Cologne (on n'a jamais réussi à localiser exactement le lieu de franchissement du fleuve), César réussit l'exploit de bâtir un pont d'une extraordinaire résistance au courant, et de le faire franchir à son armée, le tout en moins de dix jours. Après quelques jours passés en Germanie, il repassa le pont, et le fit immédiatement détruire...

    cesar pont sur le rhin.jpg

    http://musee-du-genie-angers.fr/fpdb/992732-FICHPontromain.pdf

    http://www.lesauterhin.eu/rhin-rendons-a-cesar-pont-quil-fit-construire-puis-detruire/

     

    Le récit de César :

    "...César, déterminé par les motifs dont j'ai parlé, avait résolu de passer le Rhin; mais le traverser sur des bateaux ne lui semblait ni assez sûr ni assez convenable à sa dignité et à celle du peuple romain. Aussi, malgré l'extrême difficulté qu'offrait la construction d'un pont, à cause de la largeur, de la rapidité et de la profondeur du fleuve, il crut cependant devoir le tenter; autrement il fallait renoncer à faire passer l'armée. Voici donc sur quel plan il fit construire le pont : on joignait ensemble, à deux pieds d'intervalle, deux poutres d'un pied et demi d'équarrissage, un peu aiguisées par le bas, d'une hauteur proportionnée à celle du fleuve. Introduites dans l'eau à l'aide des machines, elles y étaient fichées et enfoncées à coups de masse, non dans une direction verticale, mais en suivant une ligne oblique et inclinée selon le fil de l'eau. En face et en descendant, à la distance de quarante pieds, on en plaçait deux autres, assemblées de la même manière, et tournées contre la violence et l'effort du courant. Sur ces quatre poutres on en posait une de deux pieds d'équarrissage, qui s'enclavait dans leur intervalle, et était fixée à chaque bout par deux chevilles. Ces quatre pilotis, réunis par une traverse, offraient un ouvrage si solide, que plus la rapidité du courant était grande, plus elle consolidait cette construction. On jeta ensuite des solives d'une traverse à l'autre, et on couvrit le tout de fascines et de claies. De plus, des pieux obliquement fichés vers la partie inférieure du fleuve s'appuyaient contre les pilotis en forme de contreforts et servaient à briser le courant. Enfin d'autres pieux étaient placés en avant du pont, à peu de distance, afin que, si les barbares lançaient des troncs d'arbres ou des bateaux pour abattre ces constructions, elles fussent ainsi protégées contre ces tentatives inutiles, et que le pont n'en eût point à souffrir..."

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    Les Basques puis les Celtes constituent les premiers peuplements connus de la Gaule, qui allait devenir la France. Sur ces deux populations premières vint se greffer l'influence décisive des Grecs et des Romains : voilà pourquoi nous évoquons largement, dans nos Éphémérides, les pages fondatrices de notre identité profonde que nous devons à l'Antiquité : voici le rappel des plus importantes d'entre elles, étant bien entendu qu'un grand nombre d'autres Éphémérides traitent d'autres personnalités, évènements, monuments etc... de toute première importance dans le lente construction du magnifique héritage que nous avons reçu des siècles, et qui s'appelle : la France...

     

    En réalité, si la conquête de la Gaule était nécessaire à César pour sa prise du pouvoir à Rome, il faut bien admettre que "le divin Jules" avait été appelé à l'aide, en Gaule, par les Gaulois eux-mêmes, incapables de s'opposer au déplacement massif des Helvètes, quittant leurs montagnes - en 58 avant J.C - pour s'établir dans les riches plaines du sud ouest; César vainquit les Helvètes à Bibracte (voir l'Éphéméride du 28 mars); cinq mois plus tard, envahis par les Germains d'Arioviste, les Gaulois le rappelèrent une seconde fois : César vainquit et refoula les Germains au-delà du Rhin (voir l'Éphéméride du 5 août); et, cette fois-ci, auréolé de ses deux prestigieuses victoires, et gardant plus que jamais en tête son objectif premier (la conquête du pouvoir à Rome), César ne voulut plus se retirer de cette Gaule où on l'avait appelé, et dont la conquête serait le meilleur tremplin pour ses ambitions politiques à Rome... Il fallut six ans à Vercingétorix pour fédérer les divers peuples de Gaule contre le sauveur romain : le soulèvement général commença par le massacre des résidents romains à Cenabum (l'actuelle Orléans), en 52 (voir l'Éphéméride du 23 janvier); le 28 novembre de la même année, Vercingétorix remporta la victoire de Gergovie (voir l'Éphéméride du 28 novembre); mais, moins d'un an après, enfermé dans Alésia, Vercingétorix vécut l'échec de l'armée de secours venue à son aide de toute la Gaule (voir l'Éphéméride du 20 septembre) : il capitula une semaine après (voir l'Ephéméride du 27 septembre). Emmené captif à Rome, il fut mis à mort six ans plus tard, en 46 (voir l'Éphéméride du 26 septembre)...

     

    Cependant, dans sa conquête des Gaules, César n'eut pas seulement à lutter contre les tribus gauloises proprement dites : il s'opposa également, et malheureusement, à Massalia, puissance amie et alliée de Rome, mais qui ne voulut pas choisir entre César et Pompée lorsque la guerre civile éclata entre ceux-ci : César réduisit Massalia, mais avec difficulté (voir nos trois Éphémérides des 19 avril, 27 juin et 31 juillet)...

     

      Enfin, pour être tout à fait complet avec le rappel de ce que l'on peut trouver dans nos Éphémérides sur ces pages de notre Antiquité, mentionnons également nos trois Éphémérides traitant de :

    la victoire sur les Cimbres et les Teutons, remportée par Caius Marius, oncle par alliance de Jules César en 86 (il avait épousé sa tante, Julie, et mourut en 86 : voir l'Éphéméride du 17 janvier);

    l'assassinat de Jules César en 44 Avant J-C (voir l'Éphéméride du 15 mars);

    notre évocation de Massalia, sa puissance et son rôle à l'époque (voir l'Éphéméride du 11 avril)...

     

     

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    1676 : Mort de Pierre Patel

     

    On sait peu de choses sur la vie de ce peintre de talent, dont une bonne part de la production aura été consacrée à suivre l'évolution de la construction du château et des jardins de Versailles.

    À ce titre, ses différents tableaux, qui suivent l'agrandissement du palais, sont une contribution très précieuse sur les techniques de construction, les outils et matériaux utilisés, les condition de travail des ouvriers et artisans d'art...

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    Vue du château et des jardins de Versailles en 1668, depuis l'Avenue de Paris

    http://www.histoireaisne.fr/memoires_numerises/chapitres/tome_43/Tome_043_page_045.pdf

     

     

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    1873 : Entrevue de Froshdorf

     

    Elle scelle, officiellement, la réconciliation entre le Comte de Chambord et le Comte de Paris, qui deviendra, à sa mort, Philippe VII.

    Philippe VII, et non pas "Louis-Philippe II", ce qui aurait marqué la persistance de la division entre les deux branches de la famille des Bourbons : "Les Orléans sont mes fils...", dira le Comte de Chambord, lors de cette entrevue.

    Malgré cela, malgré le fait que la France ait, comme en 1848, envoyé à la Chambre une majorité royaliste en 1871, la monarchie ne se fit pas...

    BAINVILLE MOMENTS DECISIFS 8.jpg

      

    C'est que les choses, en réalité, étaient beaucoup plus compliquées qu'une simple querelle de personnes, et qu'il fallait chercher beaucoup plus loin, et beaucoup plus profond, l'origine d'une véritable scission, qui devait avoir des effets catastrophiques, et incalculables...

    Une fois de plus, si l'on veut comprendre et expliquer ce qui s'est passé, et