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Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

La 1ère victoire de la Marne : Joffre et Galliéni

La 1ère victoire de la Marne : Joffre et Galliéni

De "La pluie de sang" :

1. Pages 24/25 :

"...De très nombreuses interprétations ont été données, depuis septembre 1914, de la victoire de la Marne.
Il n'est pas douteux que c'est la manoeuvre improvisée de Galliéni sur l'Ourcq qui a amené le recul et le découragement soudain des armées allemandes, découragement tel que, si nous avions eu les munitions suffisantes, elles repassaient le Rhin.
Or à cette heure-là nous étions seuls avec les Belges et l'armée French, nullement préparés à cette lutte gigantesque, alors que l'Allemagne s'entraînait à force depuis 1900.
Bien mieux, le Président du conseil était un pauvre maboul, du nom de Viviani, ex-rédacteur en chef de "La Lanterne" - dépotoir de police et moniteur des Loges - comme Millerand et Briand, et qui s'était laissé suggérer, le 31 juillet 1914, de faire reculer nos armées, sur tout le front, de dix kilomètres, comme preuve de non-agressivité.
Ludovic Naudeau a pu écrire depuis, dans un grand et magnifique ouvrage sur le dépeuplement de la France, publié par "L'Illustration", que cette effroyable et criminelle mesure nous avait coûté, dès le début, le bassin de Briey et avait ainsi permis aux Allemands de se ravitailler en minerai de fer, faute de quoi ils eussent dû cesser la guerre au bout de six mois.
Le résultat moral de ce recul, tant escompté, fut absolument nul, quoiqu'en aient prétendu Viviani et son compère Poincaré, lors d'une des rares séances de la Chambre, en juillet 1922, auxquelles, député, je n'assistais pas.
Il a été démontré mille fois que c'est seulement la menace sur Anvers qui a traditionnellement déclenché l'intervention anglaise.
Une fois de plus le coup du "pistolet braqué sur le coeur de l'Angleterre" a produit son effet...

2. Et, plus loin, page 44 :

"...La victoire de la Marne eut bien un maître, un chef, un organisateur central, qui était Joffre, au milieu de sa phalange incomparable de généraux, animés d'une résolution farouche..."

Illustration : Les "Taxis de la marne", réquisitionnés dans toute la capitale par Galliéni...
Le 3 Septembre 1914 au soir, divers renseignements concordants (aviation et reconnaissance de cavalerie) préviennent le gouverneur de Paris et le grand quartier général à Bar-sur-Aube d’un fléchissement du nord vers l’est, donc devant Paris, de l’aile droite allemande. Von Klück enivré par son avance et ses succès ignore le camp retranché de Paris, sa garnison et son chef.
Galliéni, très vite, s’aperçoit de la chance qui se présente, il veut enfoncer ce flanc fragile.
Dans le même temps, le grand mérite de Joffre est de savoir profiter de cette occasion pour ordonner l’arrêt de la retraite de l’armée française et organiser son retournement.
Le 4 Septembre au soir, rassuré sur les intentions anglaises, et après avoir consulté ses chefs d’armées, Joffre décide de fixer l’offensive au 7 puis au 6 Septembre.
Au soir du 5 Septembre le dispositif est le suivant :
La 6e armée doit attaquer de flanc l’armée de Von Klück mal protégée par un corps de réserve.
Les autres forces doivent tenir tête et contre-attaquer.
Cette volte-face surprend les Allemands incrédules qui ne croyaient pas des soldats en retraite depuis un mois capables d’attaquer avec une telle énergie.