Le "Pays légal" a donc faux, et depuis longtemps sur toute la ligne....Mais il n'est pas seul responsable de cette impasse dans laquelle nous nous trouvons: les syndicats aussi ont leur part de responsabilité(s)...
En effet, quand les cheminots se plaignent, soutenus de fait par l'ensemble de la fonction publique, ils ont raison sur le point que nous venons de signaler: la république les sous-paye, et leur offre -en compensation d'une partie de leur salaire qu'ils ne touchent pas- des compensations en nature; là est l'origine véritable des "régimes spéciaux" (mais aussi, pour une autre catégorie, des vacances des professeurs...; le marché étant le suivant: on ne peut pas vous payer comme on le devrait; on remplace donc une partie de votre salaire par un avantage "en nature"...). Mais les syndicats ont eu tort d'accepter ce troc dangereux! en effet, aujourd'hui, l'Etat républicain le remet en question, unilatéralement et malhonnêtement, en dressant contre ses propres agents l'opinion publique à qui on n'a pas exposé clairement la totalité des tenants et des aboutissants de ce problème.
Et qui prend donc, logiquement, parti contre eux car, c'est vrai, si on ne les voit pas comme une contre partie, en nature, de salaires insuffisants, les "régimes spéciaux" (mais aussi les vacances des professeurs etc...) apparaissent comme des aberrations. Et dans ce cas de figure, les syndicats ont le mauvais rôle car ils en sont réduits à se battre maintenant, trop tard, pour défendre ce qui, qu'on le veuille ou non, est une injustice: pourquoi le pilote d'un TGV ultra-moderne partirait-il à la retraite à 50 ans là où d'autres seront obligés d'effectuer un travail plus pénible jusqu'à 60 ans et plus? c'est indéfendable! les syndicats se sont fait piéger, et il ne leur reste que le mauvais rôle....
S'il y a bien mauvaise foi et malhonnêteté de la république, ce qui est ahurissant, c'est aussi l'aveuglement, la naïveté et, au sens propre, l'inconsistance des syndicats (3): ceux-ci ont très souvent mis la politique là où elle ne devait pas être, en relayant plus d'une fois les combats politico-idéologiques des organisations et partis de gauche (dont ils ont été plus d'une fois de simples courroie de transmission...); ils se sont souvent occupé de ce qui ne les regardait pas et, du coup, ne se sont pas toujours occupés de ce qui les regardait: à savoir l'organisation négociée du travail et de ses conditions (salaires évidemment, mais aussi rythmes, hygiène et sécurité etc...); au lieu de mener exclusivement -comme en Allemagne- le vrai combat de la défense des salariés, ils ont souvent préféré mener des combats idéologiques (par exemple défendre l'immigration au lieu de défendre les intérêts des travailleurs, alors que -on le voit tout les jours...- l'iimmigration va directement contre les intérêts des travailleurs...en tirant les salaires vers le bas, par cette sorte de concurrence déloyale que constitue la présence d'une main d'oeuvre abondante et sous-payée...)
Aujourd'hui, donc, tout le monde est piégé, et tout va mal,et tout le monde est mécontent, et l'économie du pays ne cesse de reculer....Beau résultat! Mais encore une fois, il faut chercher l'origine véritable des problèmes, et renvoyer dos a dos les gouvernements successifs et les syndicats: les torts sont, comme on dit, partagés....(fin)
(3): voir la note "Le grand problèmes des syndicats français."