UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1330

  • Élections Législatives : la Berezina des vieux partis politiques

     

    Par Jean-Baptiste Forray    

    Jean-Baptiste FORRAY, auteur de La République des apparatchiks (Fayard, 2017), analyse ici avec humour, réalisme et lucidité, les raisons d'un naufrage [Figarovox, 12.06].  Le triomphe de La République en marche aux législatives risque d'entraîner la disparition des vieux partis politiques. Comme dirait Houellebecq, « nous n'aurons rien à regretter ». LFAR

     

    Réduits à de simples syndicats d'intérêts électoraux, le PS et Les Républicains ont oublié de penser, précipitant leur chute.

    C'est la chute finale ! Aux législatives, une débandade historique attend le PS et Les Républicains. Une Bérézina qui jette une lumière crue sur l'incurie des vieux partis, privés de chef, de militants et de projet. Au sommet de leurs organigrammes, se déploie l'empire du vide. Pour acheter la paix sociale, leurs hiérarques lèvent des armées mexicaines. Le nec plus ultra ? La direction du PS, qui se compose de 75 secrétaires nationaux et secrétaires nationaux adjoints aux intitulés parfois aussi flous que ronflants: « Préparation de l'avenir », « Croissance bleue », « Mobilisation des acteurs de quartier »… Les Républicains, aux dernières nouvelles, recensent 58 secrétaires nationaux, 20 délégués nationaux et 12 délégués classiques.

    Pour la matière grise, mieux vaut aller chercher ailleurs. En dehors d'une poignée de communiqués et de vagues notes, la production, dans ces partis zombies, flirte dangereusement avec le zéro. Bien sûr, le PS attire encore une brochette d'intellos : Matthias Fekl, Emmanuel Maurel et Guillaume Bachelay chez les quadras. Mais qui, parmi leurs camarades solfériniens, lit encore Jaurès ? Qui ose se plonger dans les abysses de Marx ? Le parti de Blum et Mitterrand traverse une éclipse intellectuelle. Dans les couloirs de la rue de Solferino, on ne trouve plus guère de Michel Rocard apte à résumer la controverse idéologique entre Lénine et le pape de la social-démocratie, Karl Kautsky ou à remonter aux sources du réformisme d'Édouard Bernstein. Qu'elle est loin, la gauche joyeuse des années 1970 ! Le PS ressemblait, alors, à une ruche bourdonnante, à des lieues de la politique professionnelle. Près de cent commissions d'études et de réflexion carburaient à plein régime. Au sein du « groupe des experts », les profs de droit côtoyaient les économistes, les scientifiques, les avocats. Aujourd'hui, c'est le désert… La commission internationale, l'appel aux spécialistes des sciences sociales, tout cela a été bazardé. Les professionnels de la profession politique qui tiennent la boutique n'en ont cure.

    Les idées ne gouvernent définitivement plus ce monde. Victimes de l'indigence de leurs apparatchiks, Les Républicains sous-traitent leur production intellectuelle à des think tanks. Lors des « rendez-vous du projet », ces laboratoires d'idées tiennent le haut du pavé. À la tribune, se relaient l'Institut Montaigne, l'Institut de l'entreprise, la Fondation Concorde et l'IFRAP. Dans la salle, personne ne bouge un cil. Les « rendez-vous du projet » se déroulent en pleine semaine, le mercredi matin. L'assistance se limite à une escouade de cheveux blancs et d'apparatchiks rivés sur leur smartphone. Le carré médias est, pour ainsi dire, vide.

    Le choc des ambitions a depuis longtemps anéanti l'ambition affichée de l'UMP : s'affirmer, non comme un parti unique, mais comme la confédération des droites. Démocrates-chrétiens, gaullistes et libéraux devaient s'unir sans se renier. Un vœu pieux. Toutes ces composantes ont été noyées dans un gloubi-boulga indigeste. Le premier parti de droite a changé trois fois de nom en moins de quinze ans. Il a oublié son histoire en cours de route..

    Dans le même temps, la formation des derniers militants est laissée en jachère. Le PS propose bien quelques sessions du type « comment animer une réunion de section » ou « Comment prendre la parole quand on n'a rien à dire ? », traduit méchamment l'ancien rédacteur en chef de la Revue socialiste Laurent Bouvet.

    Les partis ne savent plus à quel saint se vouer. Afin de raccrocher les wagons de la société civile, l'UMP de Jean-François Copé proposait du coaching pour retrouver un emploi. Le PS surfe sur la vague de l'économie du partage. Sa fondation Jean Jaurès, dans un rapport, évoque des prêts de livre. Elle préconise aussi des cours du soir ainsi que… des gardes d'enfant. À quand le ménage et le repassage ? 

    Jean-Baptiste Forray           

    XVM82772ffe-4f4f-11e7-9aa8-d9123e1e563e-150x200.jpg

    Journaliste, Jean-Baptiste FORRAY est l'auteur de La République des apparatchiks

  • Flaubert : Le rêve de la démocratie ...

     

    « Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. »

     

    Gustave Flaubert

    Correspondance

     
  • Le Prince Jean de France : Un patrimoine chrétien, vivant

     

    30378855.jpg« Rome, Chartres, Dreux. Trois lieux qui ont en commun d’appartenir à notre patrimoine chrétien, vivant.

    Rome où je viens de rencontrer le Pape François. La ville antique mais aussi le siège des successeurs de Pierre. Une ville colorée et chaleureuse avec ses rangées d’orangers parfumés, ses ballets de diplomates qui vont et viennent encadrés par des voitures de police bruyantes dans un trafic toujours plus dense mais où visiblement chacun trouve son chemin, à la « romaine ». Avec ses bâtiments avec terrasses où vous pouvez déguster votre café « ristretto » tout en embrassant d’un coup d’œil les toits de la ville, en profitant de la légère brise qui arrive d’Ostie.

    2-Chartres.jpgNous étions avec Philomena à Chartres pour la messe solennelle de clôture du pèlerinage de la Pentecôte. Quelle merveille du Moyen-Âge que cette cathédrale. Tout me plait. La voir au loin dans cette Beauce que j’aime, signe du lien tissé en France entre la terre et le ciel. Ses vitraux mis en valeur par les restaurations successives qui ont rendu au chœur tout son éclat. La liturgie de cette messe de clôture sous les bons offices de Monseigneur Pansard, évêque de Chartres, dans une cathédrale pleine à craquer de jeunes gens aux visages marqués par la fatigue, mais heureux. Ces chants du chœur qui s’élèvent sous les hautes voûtes comme un hymne d’action de grâce.

    Et notre chère Chapelle Royale, enfin, où nous venons d’accueillir les VMF de la région. Lieu de culture et de culte tel que l’a voulu le Roi Louis-Philippe. Un vrai bijou du XIXe siècle dans son architecture, sa sculpture, son orgue et ses vitraux. Une œuvre d’art inséparable de notre l’histoire chrétienne et monarchique. Eléments toujours présents aujourd’hui et je l’espère à l’avenir. Tout cela dans un cadre paisible ouvert sur la ville et la région.

    Un patrimoine vivant où les actes posés continuent de tracer l’histoire des liens qui existent entre l’homme et Dieu. »

     

    Le 12 juin 2016
    Jean de France, Duc de Vendôme

     

    « ... notre chère Chapelle Royale »

    Le site du Prince Jean de France

  • Mieux que la morale, l'indépendance de nos politiques !

     

    Par Mathieu Slama    

    Mathieu Slama appelle ici [Figarovox 2.06] à l'indépendance de nos dirigeants vis-à-vis des milieux financiers, au moment où, face à l'exaspération croissante de l'opinion publique et à la multiplication des affaires politico-judiciaires, le nouveau gouvernement projette de faire voter une loi dite de moralisation de la vie politique.  L'analyse est parfaite - comme en général les analyses de Mathieu Slama - mais son appel est plutôt un vœu pieux, comme il l'écrit lui-même, du domaine de l'espérance. L'indépendance du Chef de l'Etat - au moins lui ! - requiert un autre régime.  LFAR  

     

    3724_2016-06-22_16-49-56_Slama .jpg - Copie.pngIl semble loin le temps où Machiavel écrivait, à propos des princes, qu'ils pouvaient acquérir et conserver le pouvoir à la condition de donner l'apparence de la vertu, tout en usant des vices et ruses nécessaires à la prise et la conservation du pouvoir.

    Donner l'apparence de la vertu seulement, « car les hommes, en général, jugent plus par leurs yeux que par leurs mains, tous étant à portée de voir, et peu de toucher. Tout le monde voit ce que vous paraissez ; peu connaissent à fond ce que vous êtes, et ce petit nombre n'osera point s'élever contre l'opinion de la majorité. » (Le Prince, chapitre 18)

    Tous les grands penseurs du politique, Machiavel, Hobbes, Max Weber ou Carl Schmitt pour n'en citer que quelques-uns, ont établi une distinction nette entre la sphère politique et la sphère morale. Machiavel soulignait par exemple qu'un ministre qui ne songerait qu'à lui-même et à ses propres intérêts dans ses actions ne méritait pas la confiance du Prince, tout simplement parce qu'il n'était pas en mesure de servir l'intérêt du Prince et donc de l'État. Mais dans le même temps, Machiavel précisait que le Prince devait couvrir de richesse et d'attention son ministre pour « le conserver toujours fidèle » (chapitre 22).

    Nous vivons cependant une époque singulière. La colère du peuple français face aux écarts et aux fautes morales des hommes politiques - en particulier pour tout ce qui a trait à l'argent - ne doit pas être prise à la légère. Cette colère s'inscrit dans un contexte particulier que personne ne peut ignorer : l'accroissement des inégalités et l'aggravation de l'écart entre les plus riches et les plus pauvres, soulignées encore récemment dans un rapport publié par l'Observatoire des inégalités.

    Au sujet de la loi de moralisation de la vie publique (rebaptisée « loi pour la confiance dans notre vie démocratique »), certains ont évoqué un phénomène d'américanisation de la société française, d'autres une tyrannie de la transparence, d'autres encore une confusion entre la morale publique et la morale privée. Tout cela est sans doute vrai et mérite d'être entendu, mais comment être aveugle et sourd face à l'exaspération d'un peuple qui assiste, impuissant, aux manœuvres de ses représentants et à la perpétuation de privilèges auxquels il n'aura jamais accès ?

    Jamais les frontières entre le monde de l'argent et le monde politique n'avaient été aussi poreuses, et c'est là que devrait être le véritable enjeu de cette loi. « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille » s'écriait le Général de Gaulle, entendant par-là que la sphère politique ne pouvait être soumise et subordonnée aux forces du marché et de l'argent. Que reste-t-il de cette boutade inquiète, à l'heure où nous avons élu un président de la République qui officia plusieurs années au sein de la banque Rothschild, à l'heure où son entourage est composé, pour ne prendre que quelques exemples, d'un ancien lobbyiste d'un grand groupe du Cac40 ou encore d'un ancien lobbyiste de l'assurance ? Qu'en reste-t-il à l'heure où a été nommée, à la tête du ô combien important ministère du Travail, l'ancienne directrice des ressources humaines du groupe Danone ? N'oublions pas non plus la proximité inquiétante du nouveau ministre de l'Environnement avec les grandes multinationales, alors que son métier consiste, en partie, à imposer des normes environnementales contraignantes aux entreprises privées. Et que dire du Parlement qui est devenu, en l'espace de quelques décennies, le lieu de tous les conflits d'intérêts, où les lobbies des grandes entreprises peuvent dénaturer et défaire intégralement une loi au bénéfice d'intérêts privés ? où beaucoup de parlementaires mènent en parallèle une activité de conseil, leur permettant, par leur statut même, de modifier la loi en fonction d'intérêts purement privés ?

    C'est donc moins de moralisation dont la politique a besoin que d'indépendance. Indépendance vis-à-vis de l'argent, indépendance vis-à-vis des entreprises et donc indépendance vis-à-vis des intérêts privés qui minent la démocratie de l'intérieur. Les démocraties libérales meurent de cette confusion des genres et de leur incapacité à établir une hiérarchie nette et indiscutable entre la sphère politique et la sphère économique.

    Cette inquiétude n'est pas nouvelle. Stendhal se moquait des ambitions démesurées des industriels dans un pamphlet célèbre publié en 1832 (« D'un nouveau complot contre les industriels »), s'en prenant notamment au baron Rothschild et à tous ceux qui mettent « le bien public à la suite de leur bien particulier ». Cette réflexion n'a pas pris une ride. Il reste donc à espérer que les parlementaires honnêtes amenderont, lors des discussions au Parlement, la loi de moralisation en renforçant la lutte contre les conflits d'intérêts et l'encadrement strict des liens entre politiques et entreprises. Quitte à aller contre leurs propres intérêts personnels… 

    « Jamais les frontières entre le monde de l'argent et le monde politique n'avaient été aussi poreuses. » 

    Mathieu Slama        

    XVMf673c05a-4781-11e7-8dae-0f9b3513599d-100x152.jpg

    Consultant et analyste politique, Mathieu Slama collabore dans plusieurs médias, notamment Le Figaro et Le Huffington Post, où il intervient particulièrement sur les questions de politique internationale. Il est l'auteur de La guerre des mondes, réflexions sur la croisade de Poutine contre l'Occident, (éd. de Fallois, 2016).   

     

    Lire aussi dans Lafautearousseau ... 

    Mathieu Slama : « Il y a du Soljenitsyne dans le discours de Poutine »

    Mathieu Slama : « Le grand drame de la modernité »

    Syrie : Perplexité après les frappes U.S. Retour au « monde d'avant » ?

    Mathieu Slama : en Syrie, pour la première fois, Trump a trahi ses promesses de campagne

     

  • D'accord avec Patrice de Plunkett : « Le pays est à droite » et la droite a voté Macron

     

    Un billet de Patrice de Plunkett

    Il y a certains sujets sur lesquels nous ne sommes pas toujours - ni même souvent - d'accord avec Patrice de Plunkett. Sur la description qu'il donne ici de la droite parlementaire et électorale, il se trouve que nous partageons son analyse critique et excellemment exposée.  LFAR   

     

    3626788268.jpgL'abstentionnisme est majoritaire mais « le pays est à droite » (disent les politologues), et le raz-de-marée s'est produit. Il ébranle jusqu'à des bastions LR comme les Hauts-de-Seine, Paris-XVIe, Chantilly etc. Comme on l'avait dit après le second tour de la présidentielle, la jeune bourgeoisie de droite - bénie par la vieille - est passée en bloc au macronisme.

    Le macronisme a phagocyté aussi d'autres milieux (ceux qui ne se sont pas abstenus par résignation). Mais rien d'étonnant à ce qu'il avale la bourgeoisie de droite : la politique économique et sociale annoncée par M. Macron sera, en moins balourd mais en plus radical, celle que prônait M. Fillon ; pour s'en rendre compte il n'y a qu'à voir l'embarras des candidats LR.

    La droite survivante entrera dans un enfer : rester entre gens qui ne se supportent plus. Quoi de commun entre les amis de M. Solère, libéraux macrophiles, et ceux de M. Wauquiez, libéraux trumpisants ?  Mais LR est abandonné par des électeurs macronisés ; ses élus rescapés seront condamnés à cohabiter en groupe parlementaire. Du moins dans un premier temps... Ensuite on verra. Les LR macrophiles rêvent à un effritement de l'énorme majorité REM, qui leur permettrait de se proposer comme supplétifs à M. Macron. Les LR trumpisants rêvent de créer un Tea Party gaulois avec la moitié marionniste du FN.

    A suivre !  Pour l'instant, on se permet de sourire devant les retournements de veste. Dans cette bourgeoisie de droite à sincérités successives, en janvier on nous disait de nous taire et de fléchir le genou devant M. Fillon, saint et martyr. En avril on nous annonçait que Mme Le Pen allait "faire encore plus de voix que prévu". En juin on nous déclare que le triomphe de M. Macron était écrit dans les étoiles. C'est la dynamique du bourgeois perpétuel  :  «On ne va jamais plus loin que lorsqu'on ne sait pas où l'on va, a dit un homme politique célèbre. »  (Henry Monnier, Grandeur et décadence de M. Joseph Prudhomme, 1852).  

    Patrice de Plunkett : le blog

    Lire aussi sur Lafautearousseau ...

    Patrice de Plunkett a raison : « Les macronistes ne font pas de cadeaux »

  • Naïveté des adultes ...

     

    « La naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l’on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l’enfant croit au Père Noël. L’adulte non. L’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote. »

     

    Pierre Desproges

  • Macron, président de la société liquide. Le triomphe d’un monde qui ne se refuse rien

     

    Par Arnaud Benedetti

    Qui donne ici [Causeur, 12.06] une analyse vivante, lucide, de fond, du macronisme, analyse brillante et véridique que nous partageons à cette heure, en attente des actes, des faits, des politiques menées, qui permettront de juger sur pièces.  LFAR

     

    Les urnes législatives ont parlé. Selon toute vraisemblance et sauf surprise, le président de la République disposera d’une majorité confortablement absolue à l’Assemblée.

    Un monde jeune et bienveillant

    Ce nouveau monde qui surgit sur les bancs du vieil hémicycle sera jeune, bien sûr ; et aussi bienveillant, c’est-à-dire sympa ! Et puis optimiste, débarrassé des vieilleries qui encombrent nos esprits depuis des lustres – la droite, la gauche, les clivages, et ce je-ne-sais-quoi qui, à force de protéger, nécrose l’irrépressible envie d’initier, de créer, de développer… Il sera aussi souriant, de ce sourire sur commande, presque obligatoire pour saluer l’heureuse société qui, forcément, vient. Il sera enfin fluide, interactif, admiratif, un peu béat, souvent communicant, toujours inclusif.

    Ainsi va le macronisme, cette injonction à être heureux, à croire au présent, au bonheur – un bonheur économique essentiellement, où il y a peu de place pour l’interrogation existentielle, métaphysique et même… historique. Le macronisme aspire par tous les pores de sa peau idéologique les particules de l’immédiateté mondialiste, high-tech, hyper connectée, sociétale. Il en est d’abord le produit ; il n’est même pas constructiviste car le constructivisme, d’essence socialiste, suppose un volontarisme. Le macronisme prend littéralement ce que le grand poète Francis Ponge appelait « le parti pris des choses ».

    Tout surfe sur la vague post-moderne

    Rien de ce que la société sophistiquée des grandes mégalopoles occidentalisées génère ne lui est étranger ; bien au contraire il en épouse toutes les formes avec une gourmandise à peine dissimulée. Le macronisme est l’avatar politique d’une société qui ne se refuse rien, qui ne se pose aucune limite… Tout y surfe sur la vague post-moderne. Le mouvement en est le ressort comme si le nouveau monde s’opposait à l’ancien par une indétermination ontologique de toutes les formes, bien établies elles, qui nous ont précédés : du genre au statut professionnel, de l’identité aux valeurs, tout est relatif, transitoire, précaire évidemment, en transformation perpétuelle. Tout glisse en quelque sorte. Le macronisme est la première traduction politique de cette « société liquide » prophétisée par le sociologue Zygmunt Bauman. La macronisation est d’abord une dépolitisation des anciennes offres politiques ; elle reconvertit par une agrégation de contenus et de personnels les vieilles lignées pour les aspirer dans une version New Age du « catch all party », le parti attrape-tout que nos sciences politiques d’hier enseignaient aux jeunes apprentis politologues… Mais à la différence de cette grande figure des classifications de la sociologie partisane, La République en Marche ne synthétise pas les contradictions.

    Clins d’oeil à Terra Nova

    Elle les absorbe sans souci avéré de cohérence doctrinale. Elle prolifère par captation sans effort systématique de rationalisation ; elle additionne sans travailler forcément à l’interopérabilité des sensibilités. Le « en même temps », formule culte de la novlangue du jeune pouvoir, concentre sémantiquement bien des ambivalences de la formation majoritaire. Il en stocke même toutes les bombes à retardement lorsqu’adviendra, à l’issue de cette récréation électorale, le temps d’exercer effectivement les responsabilités. Au demeurant, cette organisation n’est pas un parti, mais un… mouvement. Ce qui suppose qu’elle est mue par une force motrice dont les ressorts sont des mégas faits de structure : l’immigration dont la traduction politique s’incarne dans l’éloge de la diversité, la mondialisation dont l’horizon institutionnel s’objective dans le fédéralisme européen, la financiarisation de l’économie dont l’ubérisation est le modèle. Les soubassements du macronisme s’adossent ainsi, non pas à une conception volontariste de l’organisation de la cité, mais à une soumission à quelques grandes tectoniques déstructurantes… Lovée dans l’élan de ces anomies macro-historiques, l’habileté macronienne consiste en infra à flairer des sensibilités kaléidoscopiques, à saisir des humeurs souvent contradictoires : le désir de renouvellement et les préoccupations conservatrices des élites, la soif de moralisation et le ressentiment de vieux acteurs politiques en quête d’un ultime rôle en fin de partie, le respect du classicisme qu’illustre sa communication inaugurale et des clins d’œil appuyés à la déconstruction « terra noviste »…

     

    …sur fond de vieilles recettes

    La République en Marche se nourrit de ces oxymores, refusant de choisir entre eux, les portant par une com’ toute dédiée à l’image mais économe en paroles et soucieuse de mots hyper-contrôlés. Macron donne à voir pour mieux inhiber notre capacité critique. Il sature par la profusion séquentielle de scènes bien léchées, esthétiques, nombreuses un espace médiatique souvent complaisant, un espace public sidéré par une maîtrise de la com’ qui tranche avec la spontanéité revendiquée mais maladroite de ses deux derniers prédécesseurs… Macron assure, donc rassure, dans un exercice qui relève de l’ordre de la représentation du pouvoir, du statut présidentiel. Sa démarche lente, ses choix scéniques et iconographiques nous racontent une histoire qui laisse ainsi pour le moment hors-champ le cortège d’ambiguïtés et de non-dits dont il est le produit. Son astuce est d’articuler une com’ qui tient tout à la fois du marketing et de la propagande, sorte d’hybride dont l’objectif consiste à nous faire accepter, « à l’insu de notre plein gré » , une certaine conception d’une société tout acquise aux oligarchies…

    Le jeune Macron n’invente rien, contrairement aux propos admiratifs de ses hagiographes. Il reproduit avec malice les vieilles recettes d’un des pères fondateurs et théoricien des relations publiques, Edward Bernays, qui voici plus de 80 ans considérait que « la fabrique du consentement » était l’objectif des communicants pour légitimer le pouvoir exclusif des élites. Rien de nouveau sous le soleil… 

    Arnaud Benedetti
    Professeur-associé à la Sorbonne

    A lire dans Lafautearousseau   ...

    « En même temps » …

  • Zemmour : « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits »

     

    BILLET - En quelques mots, quelques phrases, quelques brèves minutes, Zemmour a l'immense talent de caractériser une situation, un événement, de les comparer aux précédents, d'en marquer les filiations et les évolutions, d'en envisager avec lucidité les conséquences. Et de montrer, derrière les apparences, les réalités, qui décevront les naïfs.  En un sens, toutes proportions gardées, Zemmour aura été un peu notre Bainville, « le grand Bainville », comme il dit. Son maître, qui est aussi le nôtre. Cette analyse des deux communautarismes britannique et français, est, une fois de plus, est exemplaire  [RTL, 6.06].   LFAR

     

     

    Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    « Theresa May n’a jamais aussi bien porté son surnom de "Theresa Maybe" (Theresa peut-être) », fait remarquer Éric Zemmour. « Ce n'est qu'un peut-être, mais ce peut-être ira droit au cœur des Français : depuis le temps qu'on subissait les leçons de morale des Anglo-saxons lorsqu'on interdisait le voile à l’école, et leurs sarcasmes lorsqu'on s'horrifiait de voir des burkinis à la plage, et qu'on se faisait traiter de ringard liberticide parce qu'on défendait notre bon vieux système d’assimilation », poursuit Zemmour.

    « Mais notre satisfaction sera de courte durée », avertit-il. Selon lui, « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits ». 

    Éric Zemmour

  • Suivez mon regard ...

     

    Par Pierre Builly

    Commentaire du lundi 12 juin

     

    937767891.jpgDût la chose m'agacer énormément, je trouve les derniers épisodes électoraux assez intéressants et, d'une certaine façon, encourageants.

    D'abord, aux Présidentielles, le choix du seul candidat qui, (avec Mélenchon, peut-être) avait une vraie stature d'homme d'État. Si sympathique que me soit Marine, je crains qu'elle ait montré une absence de niveau qui s'est cruellement montrée.

    Puis l'abstention au 1er tour, qui désole tant les commentateurs ; du fait de la suppression du cumul des mandats et du dégagisme, les électeurs ont subliminalement compris que le Parlement ne sert à rien ; les 400 ou 450 députés macronistes seront priés de voter comme un seul homme et d'obéir à l'Élysée. Ce qui, à mes yeux, est absolument parfait. Sans doute beaucoup, au bout d'un certain temps, rueront dans les brancards et se rendront compte qu'ils ne servent à rien, d'autant moins qu'étant trop nombreux, leur poids relatif sera infime (c'est une grande supériorité sur la proportionnelle qui confie à des micro-partis charnières des armes redoutables).

    À quoi vont servir, pour leurs électeurs, des députés lambda qui ne seront ni maires, ni présidents de conseils départemental ou régional ? À rien de rien...

    Les électeurs perçoivent - c'est bon signe ! - que notre excellente Constitution a confié le pouvoir à un homme... Suivez mon regard. 

    A lire dans Lafautearousseau   ...

    « En même temps » …

  • Marseille : un motif de satisfaction partagée après l'élimination du cacique Patrick Menucci

     
     
    1939836_498902073553223_1794630765_n.jpgAction Française - Provence :

    Bonne nouvelle pour la surcharge pondérale de Mennucci, celui-ci va se retrouver à la diète !

    Qu’il semble loin le temps béni où notre ancien maire d’arrondissement engraissait sa bedaine grâce à une cuisine à 13 000 euros payée avec les deniers publics. Aujourd’hui, le nouveau régime ne lui réussit guère. La tapine électoraliste exercée, notamment, auprès de ses "amis" musulmans au moment de la rupture de jeûne n’aura servi à rien.

    Heureusement, il lui reste toujours la bouillabaisse promise par Mélenchon. 

     Action Française - Provence
  • « En même temps » … 

     

    823330531.jpgLes résultats du 1er tour des législatives - en mode plébiscitaire - sont ce que l’on attendait, comme le seront ceux du second tour.  La lassitude des Français pour les jeux démocratiques, qui ont beaucoup trop duré,  s'est manifestée soit par une abstention record, soit en se contentant de voler au secours de la victoire. Ainsi est en train de se parachever au Parlement cette sorte de coup d’Etat mené tambour battant par Emmanuel Macron pour s’emparer du Pouvoir. A la française, bien-sûr, c’est-à-dire par les voies semi-légales, comme Bonaparte, le 18 Brumaire, comme son neveu Louis-Napoléon le 2 décembre 1851, comme Charles De Gaulle, en mai-juin 1958. Et, en quelque sorte, à marches forcées, par élection anticipée des médias et des élites, par une pression sans précédent sur l’électorat. Après tout, ce n’est pas, en soi-même, ledit coup d’Etat qu’il convient de critiquer mais la politique qu’il sous-tend, au moins selon ce que l’on peut en savoir. 

    Emmanuel Macron est un personnage complexe, subtil, et cultivé, narcissique et autoritaire. On ne peut le traiter comme un vulgaire Hollande ou Sarkozy, simplement par la polémique ou la moquerie. L'une et l'autres inappropriées. Pour être crédibles et efficaces, les royalistes, l’Action française, se doivent de donner une explication acceptable des événements politiques. *    

    « En même temps » … 

    L’esprit de la politique selon Macron peut se résumer dans sa formule, mille fois reprise : « En même temps ». Comme Napoléon qui voulut en même temps, continuer la Révolution et rétablir l’ordre, instituer l’Empire, créer une nouvelle noblesse et rappeler l’ancienne, épouser, enfin, l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, petite-nièce de Marie-Antoinette.  Comme Louis-Philippe qui tenta la réconciliation de la Révolution avec la Royauté. Ou comme Charles De Gaulle qui pensa raccorder la République sur la tradition royale et rêva, peut-être, d’un certain rétablissement de la monarchie.  

    Ainsi Emmanuel Macron entend-il tout à la fois que la France reste grande ouverte à l’Europe, à la mondialisation, à l’immigration, au multiculturalisme, à la diversité et qu’elle affirme sa grandeur. Ainsi l’a-t-on vu tenir physiquement tête à Donald Trump à Taormine. Mais qu’en sera-t-il quant au fond ? Que fera-t-il du TAFTA ? Ainsi l’a-t-on vu recevoir Poutine en très grande pompe à Versailles et y manifester la grandeur française. Mais quid de notre future politique russe ? Ainsi l’observe-t-on rabrouant les journalistes – qui l’ont fait élire ! – et le voit-on tenter de rendre à la fonction présidentielle sa dignité et même sa verticalité. Ainsi choisit-il un bon ministre de l’Education nationale qui devrait, semble-t-il y imprimer une salutaire inflexion. Propice à l’instruction des enfants et à la culture. Même si Macron, sans autre explication, a imprudemment affirmé au cours de sa campagne qu’il n’y a pas de culture française.         

    Tout se déroule, avec Macron, toujours dans l’esprit de son permanent en même temps.

    Quelle prévalence ? 

    Patrick Buisson vient de donner au Figaro magazine un remarquable entretien – tout fondé sur un soubassement d’esprit monarchique et de droite légitimiste – où il synthétise en une formule lapidaire ce que Maurras eût peut-être appelé le dilemme d’Emmanuel Macron : « On ne peut pas être à la fois Jeanne d’Arc et Steve Jobs ». Tout est dit ! Nous aurons d’ailleurs à revenir sur le propos de Buisson à propos du phénomène Macron.   

    Jean Guitton – un bon maître de jadis – nous a enseigné qu’il y a, en réalité, dans tout centrisme, toute prétention au juste milieu |Ni de droite, ni de gauche ou bien et de droite et de gauche] ce qu’il appelait une prévalence, un des éléments qui prévaut, domine, surplombe … En la matière, l'équilibre est illusion. Qu’est-ce donc qui est prévalent chez Macron du patriotisme ou du mondialisme, de Jeanne d’Arc ou de Steve Jobs, pris comme mythes ou personnifications des deux grands termes du dilemme ? 

    L’avenir confirmera ou infirmera ce que nous en pensons à ce jour : ce qui devrait l’emporter chez Macron ressort de sa formation politique, des milieux d’où il est issu, qui l’ont soutenu, de la pente même du Système qu’il a bien plus sauvé, d’une échéance qui aurait pu lui être contraire, que renversé. Ce qui devrait l’emporter chez Macron, c’est la fuite en avant dans l’européisme fédéraliste, l’intégration dans le mondialisme financiarisé, la soumission aux lobbies et aux injonctions supranationales immigrationnistes, l’idéologie diversitaire, le libéralisme sociétal. 

    Ce que nous pensons et redoutons pour la France, qui porte sur le plus grave, sur l'essentiel, c’est que Macron finisse toujours par être bien plus Steve Jobs que Jeanne d’Arc. 

    * Expression de Pierre de Meuse

  • Bien commun : les sept piliers capétiens

     

    Le bien commun est le bien du tout qui permet la réalisation du bien des parties, parce que le bien est ce que toute chose désire et qui permet sa perfection et son perfectionnement.

    Les Capétiens l’avaient compris et ont d’ailleurs été les premiers à mettre en pratique un « développement durable politique » : de leur vivant, ils ont sacré leurs fils pour que l’œuvre puisse être continuée. C’est le pilier de la continuité, le premier des sept piliers capétiens. Des Capétiens qui avaient pour règle de servir, et non de se servir ; qui se sont aussi appuyés sur un système d’hommes dans lesquels ils avaient confiance (ce qu’ils appelaient loyauté). Ils se sont appuyés sur la liberté : ils ont gardé une autonomie et ont autorisé cette autonomie pour des personnes, des communautés, comme les villes franches. Ils ont adopté un système de règles simples et compréhensibles par tous, les règles fondamentales du royaume. Ils avaient le sens de la mesure, qui évite les aventures abracadabrantes. Et enfin, ils voulaient la justice (qui n’est pas l’égalité), c’est-à-dire rendre à chacun ce qui lui était dû. Service, continuité, confiance, liberté, simplicité, mesure, justice : voilà les conditions du bien commun mises en place par les Capétiens, qui leur ont permis de rester huit cents ans au pouvoir. 

    Quelques extraits de l’intervention du prince Jean lors du colloque organisé le 13 mai 2017 par le Cercle de Flore :
     
    La notion centrale est le temps long. Le temps long est une condition nécessaire pour servir le bien commun, surtout dans l’état actuel de notre pays. Et donc la nécessité de mettre en place un système qui permet le temps long.L’État est la cause qui met en place les conditions de réalisation : en premier, des lois simples, connues de tous et compréhensibles par tous, dans le cadre du bien commun. 
     
    Nous avons autour de nous une nature et des personnes qui ne sont pas de notre fait : c’est un patrimoine dont nous sommes dépositaires, que nous devons développer et transmettre. 
     
    Le développement durable est une condition structurelle du bien commun car il entraîne la responsabilité, celle de chacun à son niveau. 
     
    Il n’y a pas de France d’en haut et de France d’en bas, il y a un France, verticale, qui se projette sur un axe horizontal.
     
    « La légitimité, c’est l’histoire et l’implication dans la réalité d’aujourd’hui, à travers les actions qui sont menées, qui participent à la compréhension de ce qu’est la France. »
     
    Je ne sais pas si nous allons instaurer ou restaurer la monarchie. Je serais favorable à une instauration. Nous sommes encore loin de ça. Une restauration ne fait pas très neuf… mais parfois, pour être moderne, il faut être archaïque, au vrai sens du terme : avoir connaissance de ce qui s’est passé.
     
  • Grenoble : ce lundi 12 juin, conférence de Vincent Deschuyteneer au Centre Lesdiguières. A ne pas rater

     

    On pourrait croire que la question du régime, en France, ne se pose pas. En effet, comment remettre en cause le système républicain et la démocratie qui y est associée dans notre imaginaire collectif ?

    Jean-Luc Mélenchon constatant l’impasse politique propose une VIe république. Fau-t-il qu’elle soit plus présidentielle comme la IIe? Plus parlementaire comme la IIIe et la IVe ? Comme dirait Laurent Ruquier: « on a tout essayé ».

    Cependant, quiconque connaît l’Europe constate qu’il existe des régimes « républicains » et des monarchies.

    Les peuples y vivant ne semblent pas plus mal lotis que les Français qui viennent de vivre une séquence où le sens de « démocratie » a pour le moins pris un sens ambigu.

    En fait, se pose concrètement la question de la légitimité et de la représentation de tous aux bons niveaux de pouvoir... Il est peut-être temps de sortir de la démocratie totale.

    CONTACT

    centreslesdiguieres@laposte.net

  • Culture • Loisirs • Traditions