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LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1329

  • Maroc : Macron soutient le roi Mohamed VI dans la crise du Rif

     

    Par Kaoutar Seghrouchni Idrissi

    Face aux chaos libyen, à une Tunisie incertaine et faible, aux menaces d'explosion en Algérie, le Maroc reste pour la France un partenaire sûr et un indispensable pôle de stabilité amicale. Cette analyse, donnée dans Causeur le 16.06, apporte un éclairage utile sur la toute récente rencontre franco-marocaine.  LFAR

     

    Le président Macron ne cesse de surprendre. Après avoir serré la main à Trump, accueilli en grande pompe Poutine à Versailles, le voilà qui s’en va causer diplomatie avec le Roi du Maroc.

    Or, la situation politique marocaine est plus que complexe. En effet, ces derniers jours ont été le lugubre théâtre d’affrontements sur fond de lutte sociale entre le mouvement social Hirak – né en octobre 2016 à Al-Hoceïma après la mort de Mouhcine Fikri, poissonnier qui avait tenté d’empêcher la destruction d’une pêche illégale saisie par la police – et le Palais.

    Le Rif rétif à Rabat

    Les relations entre la monarchie et le Rif marocain n’ont jamais été au beau fixe. Déjà du temps d’Hassan II, le Rif se considérait comme marginalisé par le Palais. Une tradition populaire y subsiste d’ailleurs, lorsque les rifains récitent l’hymne national : au lieu de conclure par « avec pour étendard, Dieu, la Nation, le Roi », ces derniers achèvent le chant par « Dieu, la nation, le peuple ». Autant dire que le monarchisme n’est pas en odeur de sainteté dans cette région du Maroc célèbre pour ses résistances aux colonialismes français et espagnol.

    Logiquement, en bon humaniste social-démocrate, Macron, aurait dû condamner la répression policière des manifestations, la marginalisation des acteurs du mouvement social et l’arrestation de la tête pensante de Hirak, Nasser Zefzafi.

    Répression et promesses

    Mais dès sa visite au Maroc cette semaine, Emmanuel Macron a semblé s’ériger en porte-parole du Palais dans un dossier qui relève pourtant de la sécurité intérieure du territoire.

     

    Le pouvoir chérifien avait déjà connu de fortes turbulences dans cette région qui n’hésite pas à remettre en cause les préceptes royaux du pays. Si le mouvement du 20 février 2011 a été si vite désamorcé grâce à l’intelligence du souverain (qui convoqua alors des élections anticipées assorties d’une réforme de la Constitution), les revendications politiques, identitaires, sociales et économiques demeurent. Le courroux de Nasser Zefzafi, fondateur du mouvement Hirak, est principalement dirigé à l’encontre du pouvoir de l’Etat marocain, le célèbre makhzen.

    Les partis politiques silencieux

    Il faut dire que le royaume ne fait pas dans la dentelle. La police a arrêté le chef de file du mouvement le 29 mai ainsi que 25 autres personnes, alors que ce dernier était en train d’interrompre le prêche d’un imam d’Al-Hoceïma. De nombreux militants sont actuellement poursuivis pour « atteinte à la sécurité intérieure », réception de « transferts d’argent et appui logistique de l’étranger » ainsi que pour « atteinte à l’intégrité du Royaume ». De son côté, la sphère politique est restée timidement en retrait. Si le secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (centre-gauche, réputé proche du Roi), président de la Région Tanger-Tétouan-Al-Hoceïma, Ilyass El Omari, s’est exprimé le 13 juin à la télévision, les autres partis se murent dans le silence. Leur mutisme a permis à l’Etat chérifien d’engager un bras de fer avec le mouvement social : heurts dans la ville, grève de la faim des militants détenus, grève générale en prévision à Al-Hoceïma, violences dans les rues. Et l’on ne peut pas dire que Rabat s’économise dans la gestion de la crise : visite de 7 ministres le 22 mai, promesse d’accélération des projets d’investissement de 6,5 millards de dirhams annoncés en 2015, etc. L’Etat marocain a ainsi lancé et relancé un bon nombre de projets d’infrastructures et de l’économie locale afin d’apaiser les tensions. Mais cela ne suffit visiblement pas à éteindre l’incendie.

    Peur sur le Rif

    Avec son attitude de grande sœur parfois envahissante, la France joue une fois de plus sa partition au creux des ors et dorures du Palais royal. Compte tenu de l’anti-royalisme qui règne dans le Rif, cette initiative pourrait faire bouger les choses. Soit en apaisant les tensions par la mise en place de politiques publiques efficaces et socio-économiques. Soit en déclenchant l’alliance objective entre islamistes et manifestants, qui rêvent de détrôner Mohamed VI pour devenir calife à la place du calife. Il n’est point besoin de préciser que cette dernière hypothèse pourrait réellement mettre en danger la stabilité du Royaume, la solidité de sa Couronne, et la légitimité du monarque.   

    Kaoutar Seghrouchni Idrissi
    Juriste

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Rire ou sourire un peu ... même s'il n'y a pas vraiment de quoi

    L'être ou ne plus l'être, telle est la question ...

  • Société • Le robot présidentiel

     

    images0W5IPI1E cc - Copie.jpgLe président de la République a visité le salon des startup françaises, VivaTech, jeudi dernier après-midi, Porte de Versailles. Il s'agissait de soutenir les entreprises travaillant dans le numérique et les nouvelles technologies. On veut bien.

    Il lui a été présenté un robot humanoïde, porteur d'une inscription anglaise explicative, accrochée à son enveloppe de plastique. Et sous l'œil des caméras, Macron lui a serré la main. Ou plutôt, ils se sont serré la main, le robot ayant été programmé pour le faire ... Poignée de main, comme avec Trump, Poutine, Angela Merkel, Mohamed VI, et tout un chacun.

    Macron n'aurait pas dû, car le robot n'est pas une personne, ni même une quelconque créature naturelle. Il est une machine, indéfiniment reproductible à l'identique, et, sauf dérision ou regrettable confusion, l'on ne serre pas la main aux machines. Du moins pas encore.

    sans-titre.pngLes lecteurs qui auront regardé, et surtout écouté, l'entretien de Gustave Thibon avec Jacques Chancel, publié ici même il y a deux samedis, auront peut-être retenu le propos de Thibon auquel ce petit épisode du robot présidentiel nous fait penser.

    Thibon explique à Chancel qu'il n'y a pas dans tout l'univers, ni même depuis son commencement, deux feuilles, deux brins d'herbe, qui soient identiques. Comme il en est des personnes, à travers l'espace et le temps, les siècles de siècles  : il n'en existe pas deux de semblables ; toutes, quoique intégrées à leur espèce, sont uniques, différenciées. De même qu’il n’y a pas deux commodes de Boulle qui soient les mêmes et que Monnet a peint sans-doute des milliers de nénuphars, tous différents. Tout ce qui est fabriqué de main d’homme est unique, comme nous le sommes.

    Nous ne disons pas que dans la société démocratique de masse où nous vivons, en attendant d’en sortir, il faut proscrire les machines, ne pas produire en série, ne pas construire des robots …

    De là à leur serrer la main, il y a un abîme. Le passage d'un monde à un autre.

    Bernanos a écrit jadis « La France contre les robots », un livre qui dénonce avec beaucoup d'avance le monde où nous sommes. Emmanuel Macron qui a des lettres, ne semble pas l’avoir lu. 

    Voir aussi dans Lafautearousseau  ...

    Pour retrouver Thibon

  • Littérature • Joseph Roth : Quand le plus grand romancier autrichien pensait la politique

    Les Trotta, père et fils, dans La Marche de Radetsky adaptée pour la télévision

     

    Par Matthieu Baumier

    C'est là une excellente recension [Causeur, 17.06] d'un livre qui est décrit comme important et qui nous donne l'occasion d'évoquer ici un très grand auteur autrichien qui nous a passionnés et enchantés depuis quelques décennies. Il dépeint et restitue dans ses principaux ouvrages l'Autriche-Hongrie des Habsbourg et, dans le cas présent, la société berlinoise autour de l'entre-deux-guerres. Un temps où existait une Europe estimable, même si elle se faisait la guerre avec déraison. Un prétexte à lire ou relire La Marche de Radetzsky et sa suite, La Crypte des capucins.  LFAR

     

    1280x720-66r.jpgÉcrit par l’un des plus grands écrivains de langue allemande, Joseph Roth, auteur justement célèbre pour La Marche de Radetzsky, Gauche et Droite est une surprise.

    Quand on rencontre un livre exceptionnel dont on ignorait l’existence, c’est un choc. Gauche et Droite a été publié en Allemagne en 1929, et édité une première fois en France en 2000. Sans bénéficier de l’écho que son brio mérite pourtant. Un grand merci aux Belles Lettres de le rendre de nouveau aisément accessible.

    Un monde qui disparaît

    Ce livre a paru trois ans avant La Marche de Radetzsky, « roman-monde » par lequel Roth fait vivre de l’intérieur la chute de l’Autriche-Hongrie. Dans les pas d’une famille, au long de trois générations. Un roman qui fait penser, par exemple, de par son ampleur et la place de la famille, à d’autres chefs-d’œuvres comme Les Buddenbrook de Thomas Mann. Roth, c’est un écrivain de cette veine et de cet ordre-là. Il y a quelque chose de ces ambiances, celles d’un monde qui disparaît tandis qu’il était « le » monde : les sociétés bourgeoises germanophones d’Allemagne comme d’Autriche-Hongrie, Vienne et Berlin en somme. Joseph Roth est né en 1894 en Galicie, province austro-hongroise jusqu’à la défaite des Habsbourg durant la Première Guerre Mondiale. Du côté de l’Ukraine actuelle. Mort en 1939 à Paris, il  a vécu la charnière d’un siècle mais plus encore, celle d’un monde. La Grande Guerre est ce moment qui voit s’écrouler la « Belle Époque », et plus généralement le monde né du 19e siècle et de la Révolution industrielle. Écroulement particulièrement vif à Berlin et Vienne où il est aussi disparition des empires vaincus. Ce sont des modes de vie qui s’estompent, des mondes engloutis. Et ce sont ces moments que l’écriture de Joseph Roth fait vivre.

    Paul et Théodore

    Juif de langue allemande, Roth a déjà une dizaine de livres au compteur quand paraît Gauche et Droite. Il est alors à Berlin. La force d’évocation de ce que fut la Mitteleuropa saisit son lecteur, dans ce roman comme dans la suite de son œuvre. L’écriture de Joseph Roth, c’est le ton et la couleur d’un Berlin disparu. Familier, tant le monde englouti dont parle l’écrivain est inscrit en nous, Européens. Et cependant étrange tant cela semble maintenant lointain. À peine un siècle et pourtant… Les grands textes ont peu à voir avec la temporalité, celle de leur écriture comme celle de leur lecture. Parlant de ces hommes d’un Empire disparu, Roth parle aussi de nous : « L’homme est tombé dans un trou et là, prisonnier du vide de son corps, il marche d’un pas lourd à travers la nuit ». Cet homme, c’est nous. Il n’y a pas véritablement de héros dans Gauche et Droite, même si le protagoniste apparemment principal en est Paul Bernheim, évoqué dès la première phrase du roman par un narrateur dont l’on ne saisira l’identité qu’à la toute dernière ligne : « J’ai gardé le souvenir d’une époque où Paul Bernheim promettait de devenir un génie ».

    Il y a Paul, son frère Théodore aussi. Ils sont ennemis. Théodore flirte avec le nationalisme allemand völkisch, s’engage même. Il est raciste, antisémite. Paul, de retour de la guerre, fait des affaires, essaie de maintenir une entreprise familiale menacée par le développement d’un capitalisme nouveau fondé sur l’actionnariat. Un capitalisme qui donne le pouvoir économique à des aventuriers comme Brandeis, autre personnage essentiel du roman. Il y a les figures de femmes aussi, la mère, les épouses. Fortes personnalités, loin d’être effacées dans un monde bourgeois où les femmes apprennent à bien distinguer le mariage et l’amour. Une bourgeoisie, une économie familiale ancienne, un Empire s’écroulent, et les hommes anciens sont tenus à bout de bras par des hommes venus de nulle part, mariés à des comédiennes. Des hommes qui font les richesses nouvelles, comme Nikolas Brandeis, émigré russe juif.

    Ecriture nostalgique

    On peut percevoir de la nostalgie dans l’écriture de Roth. C’est surtout d’observation qu’il s’agit. À travers l’évocation des Bernheim, famille sur le déclin, comme de Berlin, où se situe l’essentiel du roman, Joseph Roth donne une chronique minutieuse de la société allemande et autrichienne de son époque. L’affrontement entre les deux frères Bernheim est aussi le tourbillon politique qui gangrène la République de Weimar. Une époque où un Hitler ou un autre arpentent les brasseries. Un monde traumatisé par la Première Guerre Mondiale, la défaite, l’effondrement. Mais un monde d’effervescence : politique, cinéma, théâtre, presse, cabaret, affaires, actionnariat, montée de la xénophobie, nationalismes… On pense à Jünger, et aux corps francs. Gauche et Droite est un très grand roman de langue allemande, ainsi qu’on peut le dire des romans de Thomas Mann. Et une sacrée belle surprise pour son lecteur. 

     

    Gauche et droite de Joseph Roth (Belles Lettres, 2017 - 14,50 €) 

    Matthieu Baumier
    est essayiste et romancier.

  • Histoire & Actualité • Le 9 juin 721, Eudes d’Aquitaine sauvait l’Occident de la submersion islamique

     

    Par Gérard Couvert

    Nous avons aimé cet article qui évoque avec élégance, bien-sûr au titre de l'Histoire mais aussi à titre de métaphore, cette journée du 9 juin 721 où Eudes d'Aquitaine vainquit les Musulmans à Toulouse [Boulevard Voltaire, 8.06].   LFAR     

     

    94c997b49ad638761fa7e53fce25ad94.jpeg.jpgPeu à peu les hommes émergent du sommeil, la nuit est encore noire, quelques flambeaux dessinent des ombres inquiétantes sur le vieux rempart romain.

    Eudes n’a pas dormi de la nuit, il sait que ses hommes sont épuisés, il sait qu’ils se battront à un contre deux, il s’interroge sur la fidélité des Basques ; son plan est audacieux, s’il échoue, Toulouse tombera aux mains des musulmans, consacrant la perte de toute la vallée de la Garonne.

    Les trois éponges bénites, ayant recueilli les gouttelettes de vin laissée choir par le pape lors de sa communion, furent taillées à la vue de tous, chaque guerrier chrétien agenouillé en reçut un morceau qu’il avala religieusement, comme une hostie ; tous avaient entouré leur épée dans un pli de leur manteau et lacé solidement leur bouclier rond dans le dos. Certains portaient des armures à écailles, leur lance courte posée délicatement à côté d’eux, d’autres avaient une protection de cuir et un arc à double courbure. Les alliés neustriens sont restés groupés ; non loin, la troupe des Vascons s’agite déjà, se sachant promise à l’assaut frontal.

    Après une heure de marche silencieuse, le duc d’Aquitaine arrête son armée ; ses éclaireurs confirment que le camp arabe n’est pas alerté. La voie romaine est encore bien pavée : pour éviter le bruit, Eudes fait entourer les sabots des chevaux dans des peaux de lapin.

    Ses derniers ordres sont donnés : face à l’entrée du camp, les Basques véloces et adroits lancent l’attaque ; après un détour, la cavalerie fond sur le flanc sud ; enfin, déboulant des coteaux, le gros des forces pénètre par le nord-ouest. Pas de quartier, pas de merci ; l’effet de surprise doit permettre le massacre.

    Les guetteurs berbères ont d’abord cru à des reflets sur les eaux des nombreux ruisseaux du Lauragais, puis, enfin, la poussière et une masse sombre avançant ne leur laissent aucun doute : « ‘iindhar ! » ; en quelques minutes, incrédules puis fébriles, les chefs arabes forment les farq défensives. « Comment, alors qu’ils sont si faibles, osent-ils attaquer ? » Les premières flèches tombent. La farouche furia des Basques emporte la première ligne maure, puis la charge des cavaliers, pieux et déterminés – ceux-là mêmes qui seront les ancêtres des chevaliers croisés –, porte le fer chrétien au cœur du camp musulman ; arrive enfin, à revers, l’infanterie légère. 

    Trois heures plus tard, le fracas des armes s’atténue, les râles des agonisants se mêlent aux cris des dernières escarmouches, et aux suppliques des vaincus que l’on égorge ; l’âcre de l’odeur du fer, du cuir mouillé de sueur, s’ajoute à l’âpre du sang ; au lointain des cavalcades rattrapent des fuyards.

    À son zénith, le vif soleil salue la victoire ; les viscères chauffés gonflent, les nuées de mouches obscurcissent les corps démembrés et entremêlés, des heaumes éventrés montrent les yeux désorbités de visages déformés… Quelques chevaux arabes qui n’ont pas eu le temps d’être montés broutent paisiblement ; déjà le butin est séparé du reste, que l’on incendie.

    C’était il y a 1.296 ans, le 9 juin 721 ; Eudes d’Aquitaine vient de briser le siège de Toulouse, tuant 3.700 envahisseurs musulmans ainsi que leur chef, le wali d’Al-Andaluz. Cette déroute des hordes islamiques donnera à Charles Martel le temps d’organiser son armée pour la bataille de Poitiers, plus connue ; pourtant, plus que le Carolingien, c’est bien Eudes, dernier représentant de la romanité – il n’était pas germain –, qui sauva l’Occident de la submersion islamique.

    D’autres batailles auront lieu, dans le Narbonnais les Omeyyades tenteront une colonisation en faisant venir femmes et enfants ; des villes chrétiennes tomberont par traîtrise ou calcul. Les bas intérêts ou la pleutrerie pousseront certains féodaux à rechercher la clémence ou la protection des chefs musulmans. 

    Depuis 35 ans, les édiles successifs de Toulouse n’ont jamais ménagé leur peine pour accompagner l’implantation musulmane. Il y a quelques jours, une visite « de chantier » mais dont le sens était ailleurs a inscrit la mosquée du Mirail à Toulouse dans sa phase finale.

    Aujourd’hui, 9 juin, le mihrab sera achevé et nul doute que le très contestable imam M. Daffé sera là, pensant au symbole des 3.700 places de sa future mosquée. 

     
    Informaticien
  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Archives : Le message du Pape Benoît XVI au duc et à la duchesse de Vendôme, lors de leur mariage

     

    Le 2 mai dernier,  Leurs Altesses Royales le duc et la duchesse de Vendôme ont célébré leur huitième anniversaire de mariage.

    Lors de leur  mariage le 2 mai 2009, en la cathédrale de Senlis, lecture avait été faite d’un message envoyé aux époux par le Cardinal Bertone, transmettant aux jeunes mariés la  bénédiction apostolique que le pape leur accordait bien volontiers.

    Par la suite du 1er au 3 juin, l’héritier de la Maison royale de France s’était rendu à Rome en compagnie de sa jeune épouse, avec Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, qui avait célébré leur mariage à Senlis, deux autres évêques et trois parlementaires. À cette occasion, S.A.R. le prince Jean de France avait pu rencontrer Benoît XVI et le remercier pour la bénédiction de leur union.

    Cliquez sur l’image pour l’agrandir :

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     La Couronne

  • Identité • Le Parlement égyptien s’apprête à voter une loi interdisant les prénoms occidentaux

     

    Par Anne-Sophie Désir

    Que les Egyptiens décident d'interdire chez eux les prénoms occidentaux est leur affaire et leur droit. Les Coptes verront bien ce qu'ils ont à faire pour continuer de porter des prénoms chrétiens, de tradition orientale. Cet excellent article [Boulevard Voltaire, 15.06] vise à nous donner en exemple la dite décision égyptienne. Dont on verra, d'ailleurs, si elle est confirmée. Nous sommes bien d'accord. A ceci près que nous ne considérons devoir invoquer aucune sorte de réciprocité pour prendre, de notre côté, c'est à dire en France, sans attendre, la décision qui s'impose pour protéger notre identité en la matière : l'interdiction des prénoms - au moins comme premier prénom - d'origine étrangère à notre culture et à notre civilisation.  LFAR   

     

    5db370b392d007374c203188d6f5887a.jpeg.jpgLe Parlement égyptien s’est réuni, mardi 13 juin, pour discuter d’une proposition de loi visant à interdire aux parents d’attribuer des prénoms occidentaux à leurs enfants sur l’initiative du député Bedier Abdel Aziz.

    Les contrevenants pourraient écoper d’une amende de 49 à 240 euros, voire d’une peine d’emprisonnement de six mois.

    Par prénoms occidentaux, entendez prénoms chrétiens : l’aller-retour porte la marque décomplexée d’une revendication essentiellement culturelle.

    Le député Abel Aziz ne s’en cache pas, qui invoque clairement une motivation purement identitaire : « Utiliser de tels prénoms occidentaux et abandonner les prénoms arabes conduira à un changement indésirable et radical de notre société et de notre culture. Nos enfants ne seront plus reliés à leur authentique identité. »

    Un prénom, comme une identité, est un rattachement affirmé à une culture.

    CQFD. Ce qu’il fallait dire, sauf que le dire en France reviendrait à provoquer un tollé de vierges sacrément effarouchées prêtes à vous clouer au pilori du vivre ensemble.

    Rappelons (avec ironie ?) que le prénom Mohamed est le prénom régulièrement le plus donné en Île-de-France, notamment en Seine-Saint-Denis, et que ce prénom maghrébin (et ses variantes) a été celui le plus souvent choisi par les parents anglais et gallois à leurs fils en 2011 et les années suivantes, notamment à Londres.

    Si les Égyptiens en viennent à adopter cette loi interdisant les prénoms occidentaux sur leur sol, alors à nous d’utiliser la réciprocité !

    Appeler son enfant né en France Mohamed, Malika ou Yasmina, c’est refuser ostensiblement de l’intégrer au peuple français en se fondant dans sa culture et son histoire. C’est un signe manifeste d’auto-ségrégation qui lui permettra ensuite de venir se plaindre, du fait que les prénoms d’origine étrangère seraient discriminés par les DRH. C’est l’excuse de l’échec à venir et la légitimation du droit à la victimisation sociale. 

    Et le phénomème est d’ampleur puisque, selon l’INSEE, en 2015, 7,3 millions de personnes nées en France ont au moins un parent immigré, soit 11 % de la population !

    Le prénom est la marque de l’individu nouveau. Lui donner un prénom français, de culture chrétienne, c’est marquer sa volonté d’intégration dans le pays qui est le sien. Éric Zemmour, lors des rencontres de Béziers, a proposé de réformer le Code civil pour obliger à la francisation des prénoms. 

    Il n’en fallait pas plus à Nicolas Domenach pour monter sur ses grands chevaux communautaristes et intituler sa chronique sur RTL : « Bienvenue à Yasmina, Malik, Safia, Zora, etc. » 

    Choisir un prénom français quand on a des origines étrangères, c’est choisir fièrement la France. C’est marquer son respect pour la société d’accueil, son passé, son histoire, ses héros. C’est s’assimiler. Adjani se prénomme Isabelle et non Djamila, Reggiani se prénomme Serge et pas Sergio, Aznavour Charles et Platini s’appelle Michel.

    Donner à son enfant un prénom maghrébin n’est pas un signe d’assimilation mais de rattachement à sa culture d’origine.

    À l’inverse, aimer la France en s’appelant Amine ou Youssef n’est pas une chose facile. Les parents qui choisissent de donner ces prénoms à leurs enfants ne leur insufflent pas le désir d’être français mais la fierté d’être d’origine musulmane. Une fois adulte, l’enfant, même intégré, traînera son prénom derrière lui comme un boulet de naissance. Sans compter que la période que vit actuellement la France n’est pas exempte de traces de violences djihadistes, et on aurait souhaité de la part de nos concitoyens d’origine arabe qu’ils manifestent, au moins par le prénom donné à leur enfant, un soutien à un combat que l’on espère commun.

    Le projet de loi égyptien visant à protéger l’identité égyptienne n’est pas isolé. En 2014, l’Arabie saoudite a procédé à l’interdiction d’une liste de 51 prénoms pour « non-conformité avec les traditions sociales » ou pour « raisons religieuses » ou simplement à cause de leur origine « étrangère ».

    À nous d’envoyer la réponse du berger à la bergère !    

    Juriste
  • Histoire & Société • Abstention record aux législatives ou la sécession de la Plèbe

     

    Par Jean-Claude Barreau

    C'est là une courte et très intéressante tribune : Avec un taux d'abstention record lors des législatives, Jean-Claude Barreau constate que cette élection marque la fracture divisant désormais les Français en deux classes sociales antagonistes [Figarovov, 14.06]. L'observation est d'importance. Elle a été faite à l'identique, y compris ici même, par de nombreux éditorialistes, de Christophe Guilluy à Mathieu Slama. Et le phénomène est d'importance, porteur de menaces et de contradiction pour le régime en place.  LFAR

     

    Les-mercredis-de-Jean-Claude-Barreau_reference.jpgEn l'an 494 avant Jésus Christ, les citoyens pauvres de Rome s'estimant bafoués, quittèrent tous la ville et se retirèrent sur la colline de l'Aventin. Cet épisode est connu sous le nom de « Sécession de la plèbe ».

    Les Patriciens furent obligés de faire des concessions. Ainsi furent créés les « Tribuns de la plèbe », inviolables et sacrés, chargés de défendre le peuple. L'histoire romaine (que l'on n'apprend plus) est riche d'enseignements mais aujourd'hui, seuls les plus âgés ont entendu parler au collège de la « Sécession de la plèbe ». C'est bien dommage car c'est exactement ce qui vient de se passer (...).

    Le patriciat c'est-à-dire la petite moitié de Français gagnant plus de 3000 euros par mois a acclamé Macron. La plèbe, c'est à dire l'autre moitié gagnant en moyenne 1500 euros, la France périphérique de Christophe Guilly, délaissée par l'État, menacée dans son identité par une immigration trop nombreuse et que l'oligarchie au nom du « droit à la différence » se refuse à assimiler (Alain Juppé a déclaré en mars dans le Figaro que « l'Assimilation était une folie »), victime désignée des « Plans Sociaux », s'est abstenue.

    Abstention non encore hostile, résignée à laisser sa chance à Macron, mais qui pourrait le devenir.

    C'est la première fois que l'électorat est ainsi séparé en deux, les « gagnants en Marche » « les perdants sur L'Aventin ».

    Dans la précédente élection, le Président avait des partisans et des opposants à la fois dans le patriciat et dans la plèbe. Pour la première fois le partage électoral est complètement un partage de classe lourd de menaces.   

    Jean-Claude Barreau

    jcb.jpg

    Jean-Claude Barreau, né en 1933 à Paris, est un essayiste français. Ancien conseiller sur l'immigration de François Mitterrand puis de Charles Pasqua et de Jean-Louis Debré, il a récemment publié Sans la nation le chaos (éd. du Toucan, 2012) ; L'Église va-t-elle disparaître ? (éd. du Seuil, 2013) et Liberté, égalité, immigration ? (éd. L'Artilleur, 2016).

  • Trump et l'axe sunnite

    Trump à Ryad, le 21 mai

                                                             

     Par Antoine de Lacoste

     

    2966618915.2.pngLa récente tournée de Donald Trump au Proche-Orient est riche d'enseignements.

    Le 21 mai, à Ryad, capitale de l'Arabie Saoudite, devant 37 chefs d'Etat ou de gouvernement, le Président américain a tracé sa route géopolitique au Proche-Orient.

    Comme on pouvait le craindre, il s'est aligné sans la moindre ambiguïté sur les positions les plus classiques des Bush, père et fils et de leurs inspirateurs de toujours : les faucons néo-conservateurs. Hillary Clinton n'aurait pas fait pire ; c'était bien la peine...

    Le mal est clairement désigné : l'Iran « principal financeur et organisateur du terrorisme international ».

    On croit rêver ! Tous les attentats des dernières années au Proche-Orient, aux Etats-Unis et en Europe ont été le fait de sunnites. Tous les terroristes, tous les kamikazes, tous les djihadistes sont sunnites. Toutes les mosquées salafistes du monde sont sunnites, tous les imams appelant à la guerre sainte contre l'occident sont sunnites.

    Mais rien n'y fait : le mal c'est la grande puissance chiite, l'Iran.

    Trump rejoint ainsi la grande cohorte des présidents américains et leurs mensonges d'Etat, dont Bush junior fut un grand symbole avec l'invention des armes de destruction massives de Sadam Hussein, qui n'ont bien sûr jamais existé. Mais elles ont justifié l'invasion de l'Irak qui a semé la ruine et le chaos au Proche-Orient.

    Le plus cocasse de l'affaire, c'est ce que c'est à Ryad que Trump a tenu ces propos. Ryad qui a engendré Ben Laden, finance chaque année la construction de milliers de mosquées salafistes dans le monde entier, arme les pires milices islamistes en Syrie (en concurrence avec le Qatar il est vrai).

    Que l'on ne s'y trompe pas : les propos du Président américain sont tout à fait réfléchis et annoncent la poursuite de l'immuable stratégie américaine depuis 1945 : soutien inconditionnel à la dynastie saoudienne. Le fait que le premier voyage diplomatique de Trump ait eu pour destination Ryad puis Israël n'est pas fortuit.

    Bien sûr, il y a des raisons économiques à ces propos : 300 milliards de dollars de contrats sont prévus entre les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite. Cela vaut bien quelques compensations verbales. Mais de là à faire de l'Iran l'organisateur du terrorisme international il y avait tout de même un semblant de vraisemblance qui aurait pu être sauvegardé...

    Obama, avec l'aide de la Russie et en dépit des efforts désespérés de Laurent Fabius avait remis l'Iran dans le jeu diplomatique. Les protestations d'Israël et de l'Arabie Saoudite n'y avaient rien changé.

    On assiste aujourd'hui à un revirement ou, plus exactement, à un retour aux sources. C'est bien ce que laissait prévoir le bombardement symbolique d'un aéroport militaire syrien il y a quelques semaines.

    Dans le même temps, on observe une augmentation des effectifs des membres des forces spéciales américaines en Syrie, vers Raqqa, capitale de l'Etat islamique, pour encadrer leurs affidés kurdes, et le long de la frontière irakienne, à Al-Tanf en particulier.

    Des soldats syriens ont même été attaqués par des avions américains pour s'être un peu trop approchés d'une base de ces forces spéciales.

    Est-ce à dire que les Américains prévoient une occupation partielle de la Syrie ? Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais une telle hypothèse réjouirait assurément l'Arabie Saoudite et Israël en coupant l'arc chiite Est-Ouest que veut mettre en place l'Iran.

    Il se pourrait donc que l'on assiste au retour de l'interventionnisme américain au Proche-Orient et, compte tenu de son bilan, ce n'est vraiment pas une bonne nouvelle.

    Fort heureusement, par rapport à l'ère Bush, un grand changement s'est opéré entre-temps : la présence des Russes. Les Américains ont cette fois en face d'eux une puissance militaire qui tient le terrain et le connait mieux. Les deux états-majors se parlent d'ailleurs beaucoup en ce moment.

    Poutine n'a pas fait tous ces efforts pour laisser la place à l'Amérique dont la stratégie en Syrie est loin d'être définitivement arrêtée.

    Les Russes ont incontestablement plusieurs coups d'avance en Syrie et Trump devra en tenir compte. 

     

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    Que de monde sur le front nord syrien !

  • Zemmour : « Le monde arabe ne cesse de se désagréger » mais répand partout « la vraie religion »

    « Le petit confetti qatari tremble sur ses bases »

     

    BILLET - Zemmour reprend ici [RTL, 8.06] sa réflexion sur la situation du monde arabe - qui ne cesse de se désagréger - et de l'islamisme, lequel, malgré ses reculs sur le terrain, ne cesse de répandre « la vraie religion »  à travers le monde. On se reportera à l'analyse d'Eric Zemmour publiée ici mercredi dernier, des deux communautarismes britannique et français, l'un dans la loi, l'autre dans les faits.  LFAR

     

     

     Résumé RTL par Éric Zemmour et Loïc Farge 

    « Quand un homme de 120 kilos parle, celui de 60 l'écoute ». Selon Éric Zemmour, « cette célèbre réplique, signée Michel Audiard, pourrait résumer les récents déboires du Qatar ». Car « quand l'Arabie saoudite rassemble tous les pays du Golfe pour l'isoler, le petit confetti qatari tremble sur ses bases, surtout quand l'ogre saoudien vient de se réconcilier avec son parrain américain », analyse-t-il.

    « Depuis des années, le monde arabe ne cesse de se désagréger », constate Éric Zemmour. « Soudan, Irak, Syrie, Libye, Yémen, interventions extérieures, guerres civiles, révolutions : la balkanisation du monde arabe fait de plus en plus ressembler chaque État à une tribu avec un drapeau », poursuit-il. « Arabie Saoudite, Iran, Turquie, sans oublier Daesh : cela fait beaucoup de califes, beaucoup de guerres et beaucoup d'argent distribué
    par tous pour répandre la vraie religion, et la religion la plus pure, dans le monde entier, jusque chez nous », note-t-il.
      

    Éric Zemmour

    Voir aussi dans Lafautearousseau  ...

    Zemmour : « le multiculturalisme britannique est dans la loi, le nôtre est dans les faits »

  • Dégagisme ?

    François Bayrou, « miraculé du “dégagisme”» ... En sursis ?

     

    Par Mathieu Bock-Côté

    C'est du Québec et dans le Journal de Montréal [13.06] que Mathieu Bock-Côté tourne son regard vers la France ; celle des législatives. Regard toujours lucide qui va au fond des choses. A l'essentiel.  LFAR 

     

    2760774407.2.jpgTournons un instant notre regard vers la France.

    Emmanuel Macron, le nouveau président de la République, a confirmé son succès du mois dernier en remportant le premier tour des élections législatives visant à former l’Assemblée nationale.

    Son parti, La République en marche, qui n’existait pas il y a deux ans, a remporté une victoire écrasante.

    Effondrement

    Ce qui ressort surtout de cette élection, c’est l’effondrement des grands partis de gauche et de droite.

    Le Parti socialiste, la force dominante à gauche depuis le début des années 1970, sera condamné à une députation rachitique. Les républicains, qui représentent la droite, s’effondrent aussi. Quant au Front national, il sera condamné à une députation insignifiante.

    Évidemment, il ne faut pas confondre les apparences avec la réalité. Si une partie de la classe politique est renversée, l’idéologie dominante demeurera la même.

    La France de Macron chantera la gloire de la mondialisation, de l’Union européenne et de la «diversité», même si le nouveau président le fait avec un talent indéniable.

    Il n’en demeure pas moins qu’une partie significative de la population a voulu renverser la table et congédier les politiciens auxquels elle est habituée.

    Dégagez! On veut voir de nouveaux visages, en finir avec les oppositions habituelles. C’était le cri de colère de ces élections.

    Tout cela s’accompagne d’un parfum de révolte. On parle ainsi de dégagisme.

    Québec

    Le dégagisme s’est fait sentir ces dernières années.

    Il n’est pas étranger à la victoire de Trump et à celle du Brexit. Il vient de servir Emmanuel Macron, qui se réclame du progressisme.

    Autrement dit, le dégagisme peut servir aussi bien la gauche que la droite. Il peut servir de rampe de lancement à n’importe qui et à n’importe quoi. Il témoigne de l’exaspération populaire devant une classe politique aussi insignifiante qu’impuissante.

    Et il n’est pas interdit de penser que le dégagisme frappe aussi le Québec.  

    Mathieu Bock-Côté    

    XVM7713ddbc-9f4e-11e6-abb9-e8c5dc8d0059-120x186.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Son dernier livre, Le multiculturalisme comme religion politique, vient de paraître aux éditions du Cerf.

  • Valeurs actuelles se trompe : ce ne sont pas les pleins pouvoirs qui sont un danger mais la politique qui sera menée !

     

    Valeurs actuelles - 15-21 juin 2017

  • Du dégagisme macronien à la Monarchie royale ?

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    1345578492.5.jpgA la fin des années 1980, lors d'une campagne cantonale à laquelle la Fédération Royaliste de Bretagne participait par la présentation de trois candidats (dont moi-même en Ille-et-Vilaine), nous placardions une affiche sur laquelle était dit, en lettres capitales : « Pourquoi élisez-vous toujours les mêmes ? ».

    Trente ans après, il semble que les électeurs nous aient soudain pris au mot en exécutant, électoralement parlant, nombre de notables des anciens grands partis : les Républicains, donnés faciles vainqueurs durant les années précédant 2017 et jusqu'aux premiers jours du printemps, sont déroutés tandis que les Socialistes, qui avaient une très large majorité dans la Chambre issue de 2012, semblent condamnés à disparaître, au moins pour un temps, à la ressemblance du PASOK grec dans les années 2010... 

    Ainsi, le mouvement de « dégagisme », annoncé en ses discours par M. Mélenchon, bat son plein mais pas forcément au profit de ceux qui l'espéraient ou l'avaient théorisé : le Front National et la France Insoumise eux aussi souffrent de ce grand courant d'air qui ressemble désormais à une véritable tempête et Éole a pris le visage de M. Macron, nouveau « maître des horloges », au moins pour un temps... Bien sûr, l'abstention est forte et dépasse le nombre d'électeurs déplacés, mais que pèse-t-elle ? Cela fait des années qu'elle prospère, en particulier aux élections européennes, et cela n'a jamais rien changé, ni même influé sur les décisions prises au Parlement européen : dans un système de démocratie représentative, elle « n'existe pas », politiquement parlant, puisqu'elle est la « non-participation », ou le « retrait » (volontaire ou distrait) de la scène politique. Il n'est pas dit que, dans une Monarchie active, elle ne soit pas, d'une manière ou d'une autre, prise en compte, par exemple par un certain nombre de sièges vides dans l'assemblée concernée par le vote du moment ou par une tribune offerte, dans le cadre des débats parlementaires, à des acteurs minoritaires ou marginaux de la vie politique : il n'est pas interdit de faire preuve d'imagination en politique, et la Monarchie pourrait ouvrir de nouvelles voies de réflexion et d'action en ce domaine comme en bien d'autres. Aujourd'hui, en République, l'abstention nourrit le discours de l'opposition sans pour autant la rejoindre ou la légitimer...En somme, c'est un avertissement sans exigence ! 

    La vague macroniste, dont il faudra mesurer l'ampleur véritable au soir du second tour, est surtout révélatrice d'un besoin de renouvellement et de l'élan présidentiel qui ressemble bien à un état de grâce comme, dans le même temps, à une exigence de réussite : c'est aussi le vote pluriel de toutes les espérances, au-delà du grand système partisan qui, jusqu'aux derniers temps, dominait le monde politique et, d'une certaine manière, encageait le « pays réel ». La fin d'un ancien « pays légal » n'est pas pour autant la fin du « pays légal » lui-même, mais sa mutation, et une nouvelle identité de celui-ci, peut-être plus enraciné dans un « pays réel », ici principalement identifié à des classes moyennes et supérieures, mondialisées et connectées, qui ne sont pas forcément tout le « pays réel », mais sa pointe urbaine et progressiste, avec tous les risques que cela comporte pour les autres catégories d'icelui. Pierre Debray, le théoricien royaliste des années 1960-80, y verrait sans doute le triomphe d'une forme avancée de la bureau-technocratie (qu'il dénonçait) alliée au monde de la libre-entreprise, voire du Travail (qu'il comprenait et, pour la dernière catégorie, soutenait). 

    Il y a aussi un autre facteur qui a sans doute contribué au succès de M. Macron et de ses candidats : c'est le besoin de « passer à autre chose », de se rassurer et de retrouver une certaine quiétude (mais n'est-elle pas, aussi, une manière de fuir un réel inquiétant plutôt que de l'affronter et de le surmonter ?) après le temps des attentats et devant les craintes suscitées par une mondialisation dont beaucoup rêvent qu'elle redevienne ce qu'elle apparaissait hier, cette domination de « notre monde » sur ceux des autres ? En somme, la volonté de croire que la croissance reviendrait conforter un mode de vie auquel nos sociétés contemporaines occidentales se sont accoutumées, au risque, d'ailleurs, de perdre toute mesure environnementale et tout esprit de tradition, fut-il « critique » : la « croyssance » (selon la belle perle d'un élève peut-être plus révélatrice que beaucoup de vérités orthographiques) est une sorte d'espérance matérialiste qui trouve, qu'on le regrette ou pas, un vaste écho dans les générations contemporaines et M. Macron l'a bien compris, qui en est issu et s'adresse à elles avec des mots qu'elles comprennent, au moins pour les plus jeunes et les plus aisées. 

    La donne a changé en quelques semaines, et, pour ceux qui pensent la politique concrète, il faut bien en tenir compte, ce qui ne signifie pas se contenter de quelques constats mais réfléchir à partir de ses nouvelles réalités à leurs conséquences et aux moyens de préserver ce qui doit l'être, de critiquer « ce qui nous tue » et de préparer « l'avenir que tout esprit bien-né souhaite à sa patrie » : si les royalistes oublient cette règle simple que Maurras avait qualifié d'empirisme organisateur, ils ne seront rien d'autres que les témoins effarés d'une cathédrale effondrée. Or, la Monarchie, dont M. Macron connaît les avantages et qu'il mime au lieu de la rétablir en ses formes traditionnelles et dynastiques, est plus que jamais nécessaire même si elle apparaît malheureusement trop lointaine au regard de nos contemporains. Nécessaire parce qu'elle enracine profondément la magistrature suprême au lieu de la laisser soumise sans défense aux vents violents des temps et aux aléas de la mondialisation et de l’Économie sauvage, et parce qu'elle permet que la verticalité du Pouvoir d’État n'empêche pas l'existence de pouvoirs horizontaux, du moment comme des communautés naturelles et professionnelles : « Sub rege, rei publicae* » , disait-on au Moyen âge, et la Monarchie réalise ce que la République, par essence centralisatrice, n'autorise pas. 

    Oublier que la Monarchie n'est pas qu’un simple moment de « verticalité » et d'arbitrage mais qu'elle est, d'abord et toujours, « le temps long » de la continuité sans la rigidité, celui de la « verticalité incarnée en une suite familiale », c'est commettre une erreur qui, à terme, pourrait être mortelle pour notre pays et sa pérennité : c'est une erreur qu'il faut dénoncer, et corriger... 

    * Une formule que l'on peut traduire par « Sous le patronage du roi, les libertés publiques, ou les républiques communales, sociales, professionnelles »...

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin