UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    C'est un Finkielkraut sans concession, à la dent dure, qui mène le débat; et qui, pourtant, surtout à la fin, reconnaît des choses fondamentales (l'Action française dans la Résistance, Maurras "meilleur rempart" contre le Fascisme...).

    Voilà exactement le genre de choses que nous aimerions voir se dérouler dans ce Centre culturel dont nous demandons la création à Martigues, dans la Maison de l'un de ses plus illustres enfants (avec Gérard Tenque et le peintre de Louis XVI, Joseph Boze).

    Nous ne faisons pas de Maurras une icone (mot que l'on emploie à tout propos et surtout à tort et à travers aujourd'hui); nous ne disons pas et n'avons jamais dit que nous "sacralisions" l'intégralité de ses propos ou écrits; que nous faisons nôtres la totalité de tout ce qu'il a fait... Et nous acceptons tout à fait une saine "critique", au sens originel du terme, de Maurras et de son oeuvre.

    Ce serait justement - ce sera ?... - le rôle du Centre que nous appelons de nos voeux que de promouvoir ces études maurrassiennes dépassionnées et positives... 

     

    Entre les mois de septembre 2019 et mars 2020 nous menons campagne pour la réouverture au public de la maison et du jardin de Maurras au Chemin de Paradis; pour sa transformation en Centre culturel de haut niveau, sereinement dédié aux recherches et aux études sur Maurras et l'influence immense, en France et à l'étranger; et pour l'inscription de cette maison et de son jardin au réseau des Maisons des Illustres...

    maurras defendez sa maison.jpg

  • Fondamentaux d'Action Française • L'AF et l'Eglise

     

    par Stéphane BLANCHONNET

    Un article de Stéphane BLANCHONNET paru dans à-rebours.fr et dans L'AF2000. Et un article parmi plusieurs autres qui rappellent utilement les fondamentaux de la politique d'Action française.  LFAR

     

    659173882.jpgUne des originalités de l'Action française est d'être un mouvement tout à fait laïc mais qui a joué un rôle central dans l'histoire de l'Église. Non seulement le parcours de l'AF dans le siècle est jalonné par des événements en rapport avec le catholicisme (défense des églises pendant les inventaires, polémique avec le Sillon, condamnation romaine) mais encore la condamnation de 1926 est une date-clé dans l'histoire de l'Église elle-même. Même si ses motivations n'étaient pas seulement doctrinales (comme le montre la levée sans contrepartie de cette condamnation en 1939), ses conséquences, en reversant le rapport de force entre modernistes et conservateurs, non seulement pour l'Église de France mais pour l'Église universelle, se feront sentir jusqu'au concile Vatican II et à la tempête révolutionnaire qui le suivra.

    Les rapports de Maurras avec la Foi sont eux-mêmes l'enjeu d'un débat récurrent. Les choses ne sont pourtant pas si complexes. Né dans une famille catholique (sa mère était une femme très pieuse), Maurras fait ses études dans des écoles religieuses et débutera même sa carrière d'auteur dans des publications catholiques. Mais pour des raisons à la fois personnelles (la surdité qui le frappe très tôt) et intellectuelles (il y aurait beaucoup à dire sur ses rapports difficiles avec les notions d'infini et d'absolu), il perd la Foi, qu'il retrouvera à la fin de sa vie, comme en témoignent les beaux vers de sa « Prière de la fin », tout en en restant un « beau défenseur » de l'aveu du pape saint Pie X lui-même !

    2609299798.jpgL'accusation la plus fréquente portée contre l'AF en cette matière serait d'avoir "instrumentalisé" l'Église. Cette idée, contredite par la formule de saint Pie X déjà citée, ne résiste pas à l'examen. Maurras voit dans le catholicisme la composante principale de l'identité morale, esthétique et spirituelle de la nation française et, au-delà de la France, il identifie catholicisme et civilisation parce que l'Église a opéré dans l'expression de ses dogmes comme dans sa structure hiérarchique et ses rites, la synthèse de l'héritage helléno-latin et du christianisme. On est loin de la conception voltairienne d'une Église-gendarme, tout juste bonne pour le petit peuple ! 

    Les rapports concrets de l'AF avec l'Église se situent quant à eux dans la tradition de la monarchie française, à la fois respectueuse du magistère de l'Église dans sa sphère mais jalouse de son indépendance en matière temporelle. Ce sain gallicanisme, pas du tout hérétique, se voit autant dans la défense de la neutralité du Saint-Siège pendant la Grande guerre que dans le non possumus respectueux mais ferme de 1926. 

    Repris de L’AF2000 - A Rebours

    Voir aussi ...

    La monarchie

    Le nationalisme intégral

    Le Quadrilatère maurrassien

    La Monarchie que nous voulons

    Le « coup de force »

    La civilisation

  • Patrimoine • Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! Suite ...

     

    « Nous ce qu'on dit, c'est que cette maison elle n'est rien. Ce n'est pas un musée. C'est quatre murs où a vécu Charles Maurras. Rien d'autre. Eh oui ! C'est tout. »

     

    soleil.jpgLe vendredi 9 février 2018, Franz-Olivier Giesbert est à Martigues, pour la chaîne C8. Il doit y réaliser un court reportage sur Charles Maurras destiné à l'émission de Thierry Ardisson Salut les terriens programmée le surlendemain dimanche en soirée.

    Franz-Olivier Giesbert souhaite visiter, sinon la maison, en travaux, du moins le jardin de Maurras, chemin de Paradis. Il se rend à la mairie de Martigues pour en obtenir l'accès - dont il sait par avance qu'il lui sera refusé. A lui, à son cameraman et aux personnes qui l'accompagnent, dont un jeune cadre de l'Action française qu'il interviewera.   

    sam_12.jpgLa mairie lui refusera effectivement l'accès au jardin dans les termes étonnants qu'on peut lire en exergue de cet article. Et ce via un agent municipal chargé de cette réponse évidemment marquée par le sectarisme, l'ignorance et le simple déni de réalité. Franz-Olivier Giesbert filmera la maison et le jardin de Maurras de l'extérieur...

    Le déni de réalité porte sur bien des éléments littéraires, poétiques, historiques, dont la mairie de Martigues semble ignorante. Mais le déni de réalité porte aussi sur l'histoire municipale elle-même. Notamment sur les circonstances même du transfert de propriété de la maison de Maurras, de sa famille à la municipalité de Martigues. 

    Dessin de Jean Chièze.jpgCe transfert eut lieu le 27 septembre 1997, au cours d'une cérémonie tenue dans les jardins de la maison du Chemin de Paradis, en présence de Paul Lombard, maire (communiste) de Martigues (de 1968 à 2009), de Jacques Maurras, neveu de Charles Maurras et de Michel Déon, de l'Académie française. Michel Déon avait été secrétaire de Charles Maurras à Lyon pendant l'Occupation. Il était de l'Académie française, institution à laquelle Maurras avait appartenu. De nombreuses personnes,  assistaient à la cérémonie dans le jardin dont l'actuelle équipe de Lafautearousseau

    Des allocutions furent échangées entre Jacques Maurras et Paul Lombard qui fit part de la qualité de ses relations avec Jacques Maurras. Paul Lombard était sans-doute un homme intelligent, cultivé et dénué du sectarisme dont font preuve ses successeurs, ou une partie d'entre eux. Michel deon_2003.jpgDéon prononça enfin un superbe discours, de pleine fidélité au maître de sa jeunesse. Ce discours, Paul Lombard l'entendit. Nous comptons bien le publier un jour prochain. Il y a de nombreux témoins de cet après-midi de septembre 1997 qui ne laissait pas présager l'ostracisme de tout ou partie de l'actuelle équipe municipale.Une plaque apposée sur la maison (ci-dessous) commémore cette journée.

    Pourquoi avons-nous rappelé, raconté cela ? Parce qu'il faut « refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! » et s'employer activement à ce qu'il soit levé. On lira les articles que nous avons déjà publiés sur ce sujet*. Et bien-sûr nous y reviendrons.   ■  

    3396999706.JPG

     Lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues !

    Refuser l'interdit jeté sur Maurras et sur sa maison à Martigues ! Suite et précisions ...

  • Dans notre Éphéméride de ce jour : Naissance de Léon Daudet, mort de Charles Maurras...

    1867 : Naissance de Léon Daudet

    9 fevrier,bainville,daudet,duc de levi mirepoix,maurras,plon,daniel halévy,paul valéry,thierry maulnier,mauriac

    Que trois hommes aussi différents et, chacun, d'une personnalité aussi affirmée aient pu durant toute leur vie - à partir du moment où ils se sont rencontrés - être et rester amis au quotidien, dans le même mouvement et les mêmes locaux, sans la moindre "dispute" notable, voilà qui constitue une exception remarquable dans l'histoire politique...

     

    Lorsqu'on parle de Charles Maurras, de Léon Daudet et de Jacques Bainville, c'est  peut-être la première chose qu'il convient de signaler (voir l'Éphéméride du 9 février - naissance et mort de Jacques Bainville; l'Éphéméride du 20 avril - naissance de Charles Maurras; l'Éphéméride du 1er juillet - mort de Léon Daudet; et l'Éphéméride du 16 novembre - naissance de Léon Daudet et mort de Charles Maurras)...

     

    Ce cas unique d'amitié a été magnifiquement évoquée par Jacques Bainville dans les quelques mots de remerciements qu'il prononça au siège du journal, à l'occasion de son élection à l'Académie française :

    Vertu de l'amitié

    DAUDET 2.jpg

     Voir notre album : Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet

     

    Comment mieux évoquer Léon Daudet qu'en mettant en exergue son extra-ordinaire amitié avec Charles Maurras, et les raisons profondes de cette amitié ? C'est Henri Massis qui nous les donne, dans son très intéressant Maurras et notre temps : cette amitié littéralement exceptionnelle a bien été l'essentiel de sa vie !... :

    "...Le tempérament de Léon Daudet exigeait une entière liberté. C'est parce que l'Action Française la lui a donnée, cette liberté, que Daudet a pu développer tous ses dons, toutes les puissances de sa nature. Les richesses, les infinies curiosités de cet esprit si ample dans ses profondeurs, tout ce qu'il y avait en lui de vivant et de fort, l'Action Française a su l'intégrer, s'en accroître.

    "Si nous n'avions pas Daudet, nous serions un journal de professeurs !" disait Maurras. L'amitié de Léon Daudet et de Charles Maurras avait accompli ce miracle, et si l'on songe que ces deux personnalités si entières étaient loin de coïncider en tous points, il y eut là une sorte de merveille ! Rien jamais ne détendit ces liens; les épreuves ne firent que renforcer leur amitié en la sublimant...

     DAUDET 2.jpg

     

    Je ne me suis jamais disputé une seule fois en vingt ans avec Maurras", disait Léon Daudet avec une fierté où il y avait du bonheur. Et à Saint-Rémy-de-Provence, sur la tombe de son ami, Maurras nous a livré leur secret : "Notre amitié, dit-il, avait à sa base un respect profond, le respect de nos différences de goût, de caractères, le respect de nos raisons d'être où chacun avait besoin de se complaire et d'aboutir.

    Quand, le 21 mars 1908, Maurras et Daudet s'attelèrent ensemble au journal, les bonnes langues leur donnaient de trois à six mois de cohabitation possible; elle devait durer plus de trente ans, et la mort seule les sépara. Leur accord parfait tenait au plus vif de leurs esprits et de leurs âmes . Au terme du voyage, quand détaché de presque tout, le regard déjà fixé sur le visage d'un autre monde, Daudet songeait aux seules choses qui lui importassent encore, il les ramassait toutes en ce trait suprême : "Ma prière du soir... et ma vie pour Charles Maurras !"

    daudet.JPG

    Il y avait chez Léon Daudet, sous la spontanéité de ses mouvements, la vivacité de ses appétits, une aspiration non moins instinctive à l'harmonie, à l'équilibre, à l'ordre, un désir de perfection humaine qui, chez lui, prenait sa forme dans l'image qu'il se faisait de l'artiste supérieur, de l'homme de génie, et Maurras, à ses yeux était de ces hommes là. Leurs esprits se rejoignaient, en dépit des différences, dans ce quelque chose d'organisé qui est au fond des grandes constructions de la logique et de la raison.

    Tout, au reste, chez Léon Daudet tendait à la synthèse, jusqu'à ce sens du surnaturel si puissant en lui, et qu'il ne faut pas confondre avec l'illimité. S'il avait soif d'infini dans la pensée, le précis, le concret le réel, l'attiraient invinciblement. Oui, ce visionnaire possédait le "sens synthétique" par excellence. Tous les appoints de la connaissance et de l'expérience nourrissaient ses visions, mais rien ne lui faisait tant horreur que le rêve vide, inorganique par essence. L' "universel créé", c'était sa pâture, à lui Daudet - mais seul l'ordre le divinise qui permet à la liberté intérieure d'y atteindre et d'étendre son champ.

    Voilà ce que Maurras lui avait fait redécouvrir, et sa rencontre avait été pour lui une illumination de tout l'être. "Quel homme !" s'écriait Daudet au spectacle que, rien qu'en vivant, Maurras lui offrait. Et je ne sais pas de plus belle définition de Maurras, fils du Stagirite, que celle où Daudet le nomme : "stratège de l'esprit, battant toutes les places rétives, avec l'aide de Minerve, et les forçant par les mots".

     

    La devise personnelle de Daudet était : Qui n'a pas lutté n'a pas vécu !

     

     

    lfar espace.jpg

     

     

    1952 : Mort de Charles Maurras 

     maurras lisant.JPG

    À sa table de travail, dans les locaux de l'Action française 

    Voir notre album : Une visite chez Charles Maurras 

     

    Jean Paulhan a publié un beau texte sur Maurras, que Pierre Boutang évoque et reprend ainsi :

    "...Il est bon que Paulhan, plus qu'aucun autre, ait contribué à donner un nom à ce livre, à indiquer l'absence originelle d'écart entre la pensée, la vie et l'œuvre, chez Maurras; cela précisément par une lettre où il énumérait trois sortes de reconnaissance "que tout homme de pensée nourrit aujourd'hui à son égard".

    Nourrit ? Devrait nourrir, et les voici :

    "L'extrême noblesse et pureté de sa vie, sa vertu dans le sens le plus fort du terme"; ensuite l'affirmation, par "cet écrivain farouche", de "la place apparemment modeste qu'a l'intelligence dans la société – et qu'à vouloir diriger le monde, un auteur perd la grande part de sa dignité"; enfin, et ensemble, "qu'il appartient à cet auteur de connaître la vérité et de la dire... À partir de quoi ses pouvoirs sont sans limites.

     JEAN PAULHAN EN &ç('.jpg

    Jean Paulhan, en 1954 

     

    Au-delà de ces trois titres à la reconnaissance de tels « hommes de pensée », dont les deux derniers renvoient au livre décisif pour notre époque, l'Avenir de l'Intelligence – décisif pour la spéculation de notre siècle – Paulhan ajoutait un étrange pouvoir, « une sagesse plus grande et plus héroïque, qui maintient à tous risques celle de nos vérités sociales qui risque d'être négligée : Charles Maurras n'a cessé de nous rappeler, contre la mode, contre les puissances d'argent et les facilités de tout ordre (1), que nous nous trouvions être Français, et que ce n'était qu'à force d'amour pour elle que nous pouvions rendre la France – admirable, il se peut; supportable en tout cas.

    Nous lui devons tous d'être meilleurs que nous ne méritons d'être."

    (Pierre BOUTANG,  "Maurras, la destinée et l’œuvre",  PLON, 1984)

    BOUTANG.JPG

     

    Et Léon Daudet, lors de la réunion d'hommage national à Charles Maurras (tenue à Paris le 8 juillet 1937, au Vel d'Hiv, après la sortie de prison de Maurras ) a prononcé le bel hommage suivant :         

    "...Vous avez entendu ce soir bien des chefs de partis différents s'associer dans la reconnaissance que le pays doit à Charles Maurras. Je l'aime fraternellement, vous le savez; je l'aime fraternellement d'abord pour les immenses qualités de sensibilité, de finesse qui sont en lui. Et puis parce que... il est pour moi le symbole de mon pays. Je crois fermement, et je vous le dis avec tristesse et sincérité, dépouillé, croyez-moi, de tout esprit partisan, je crois fermement que la France dans la situation où elle est ne peut être sauvée des dangers qui la menacent, et qui sont pires qu'en 1914, que par le fait que Maurras soit au pouvoir.

    Je ne parle pas, je vous le répète, en partisan. Ma conviction, puisée dans l'Histoire, est ce qui fait que je me suis donné à Maurras - et sachez bien que je ne me suis donné à aucune autre personne vivante que lui , parce que je me fiche à peu près de tout...

    Je me fiche de tout le monde, comme je me fiche de toutes les dignités, comme je me fiche de tous les honneurs. Je tiens cette indifférence de mon père, Alphonse Daudet, qui ne voulut jamais être de rien, et comme Alphonse Daudet je considère ceux qu'on appelle les puissants de l'heure comme des impuissants de la nuit !

    Je me fiche de tout, sauf de ma Patrie. Mais lui, Maurras, représente la Patrie, et c'est pour cela que je me suis donné à lui. Il est un autre grand citoyen, malheureusement disparu, dont la figure doit être ici évoquée en ce jour de grande clarté et de grande union française, vous l'avez déjà nommé, c'est l'irremplaçable Jacques Bainville..."

    16 novembre,louis xiv,philippe v,guerre de succession d'espagne,roi soleil,denain,villars,leon daudet,henri massis,maurras,paulhan,bainville,boutang

    Parlant de Molière, illustrateur de Plaute et de Térence, son ami La Fontaine lui dédia cet épigraphe : "...Leurs trois talents ne formaient qu'un esprit / Dont le bel Art réjouissait la France...".

    Ne peut-on en dire autant de cette Action française qui a réussi le prodige de faire vivre ensemble, pendant quarante ans, trois personnalités aussi dissemblables que le bouillant et truculent Daudet, le placide Bainville, le poète Maurras ? : d'eux aussi, de cette "amitié d'AF" exceptionnelle, on peut dire, en reprenant La Fontaine, "Leurs trois talents ne formaient qu'un esprit / Dont le bel Art réjouissait la France..." 

    • Voir notre album

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français... : l'inique condamnation de 1945 (3/5)...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Aujourd'hui : l'inique condamnation de 1945 (3/5)...

    Nous sommes dans la semaine où l'on rappelle, dans nos Ephémérides, l'inique condamnation de 1945 : nous lui consacrerons donc les cinq notes de la semaine, jusqu'à vendredi inclus...

    11111111111111111111111111111111111111111111111.jpg

     

    Le 28 janvier 1945, la cour de justice de Lyon déclare Maurras coupable de haute trahison et d'intelligence avec l'ennemi et le condamne à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale...

    La sinistre Epuration se prolongea durant plus d'une année : ce fut le 11 mai 1946 que fut votée la scandaleuse Loi de "Dévolution des Biens de Presse", qui permit,n entre autres, que l'imprimerie ultra-moderne de "L'Action française" fût légalement volée par l'Humanité... 

    537335967.jpg

    De Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d'Histoire, page 1369) :

    * DEVOLUTION DES BIENS DE PRESSE (loi de). Loi promulguée en France le 11 mai 1946 par le gouvernement provisoire présidé par Félix Gouin. Elle faisait suite à l'ordonnance du 30 septembre 1944, laquelle interdisait la reparution de tous les journaux et périodiques qui avaient continué à paraître quinze jours après l'armistice du 22 juin 1940 en zone Nord et après le 12 novembre 1942 en zone Sud. La loi du 11 mai 1946 confisquait les biens (notamment les imprimeries) de tous ces journaux, et ce, même si leurs responsables étaient acquittés du crime de collaboration par les tribunaux de l'épuration. Tous ces biens furent dévolus à la Société nationale des entreprises de presse (S.N.E.P.), qui, sous le contrôle financier de l'Etat devait en assurer la gestion en attendant leur attribution définitive aux nouveaux journaux issus de la Libération. 88 journaux et périodiques parisiens, 394 journaux et périodiques de province furent atteints par cette mesure."  

     

    11 mai,louis xv,maurice de saxe,fontenoy,tournai,chambord,napoléon,feu grégeois,dupré,la bruyère,cernuschi

     

    Ainsi s'acheva la grande aventure du quotidien "L'Action française", dont le premier numéro était paru le samedi 21 mars 1908, jour du printemps... Si la date du 11 mai 1946 peut être retenue comme celle de l'épilogue - "légal", mais évidemment illégitime... - de l'aventure, c'est plus de deux ans auparavant, le 24 août 1944, qu'était paru mais non diffusé le 13.000ème et dernier numéro...(1)

    C'était bien joué pour les révolutionnaires, essentiellement le Parti communiste français, revenus en force à partir de 44 et bien résolus à faire oublier qu'ils avaient été les premier "collabos", leur journal L'Humanité ayant été interdit de parution le 27 août 1939 par le gouvernement Daladier, après son approbation du pacte germano-soviétique ! (voir l'Ephéméride du 25 août), alors que c'est dans les rangs des royalistes, traditionnalistes et autres catholiques que se recrutèrent les premiers Résistants ! : en 1941, le premier d'entre eux fusillé par les nazis fut Honoré d'Estienne d'Orves, royaliste et catholique...

    Il y eut même, durant l'été 1940, des négociations menées par des dirigeants communistes avec les services allemands, ayant pour objectif la reparution officielle du journal. Ces négociations furent, il est vrai, condamnées par Maurice Thorez, depuis Moscou, où il s'était prudemment et confortablement installé pour "supporter" la guerre. Ainsi, on peut lire dans L'Humanité du 4 juillet 1940 :

     

    "Il est particulièrement réconfortant en ces temps de malheur de voir de nombreux travailleurs parisiens s’entretenir avec les soldats allemands, soit dans la rue, soit au bistro du coin. Bravo camarades, continuez même si cela ne plaît pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants ! La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante..."

     

    On lira aussi, avec intérêt, dans notre Ephéméride du 28 août, ce que L'Humanité osait écrire : une "célébration" de la paix avec Hitler, et une condamnation des Alliés, responsables de la guerre !...

    Moyennant quoi, par un prodigieux retournement de situation montrant leur extrême habileté manoeuvrière - et surtout grâce à cette "re-Terreur", comme dirait Léon Daudet, que fut l'Epuration - les premiers "collabos" brisèrent les reins de "L'Action française" qui, dès 1918, demandait le démembrement de l'Empire allemand et, dès 1930, dénonçait Hitler, se montrant ainsi la première force "résistante" face à l'Allemagne en général, et face au nazisme en particulier... 

     

    11 mai,louis xv,maurice de saxe,fontenoy,tournai,chambord,napoléon,feu grégeois,dupré,la bruyère,cernuschi

     

    (1) : L'Action française, quotidien, a paru sans interruption du 21 mars 1908 au 23 août 1944. Après l'armistice de Juin 1940, Maurras et son équipe, avaient refusé de rentrer à Paris et le journal s'était replié en "zone libre" à Lyon, où même en 1942, après l'invasion par les Allemands de la zone sud, la presse put continuer à paraître. Toutefois, le 20 août 1944, à la suite de la percée des Alliés en Normandie et du débarquement en Provence, les Allemands arrêtèrent le maréchal Pétain et le déportèrent en Allemagne. Georges Calzant rapporta à Lyon le récit de l'enlèvement du Maréchal et Maurras et Pujo décidèrent de le publier dans un numéro de l'Action française qui devait être daté du 24 août 1944. Toutefois, l'imprimerie où était fabriqué le journal était tombée dans les mains des résistants communistes et Yves Farge, qui devait prendre la place du préfet de région Boutemy, s'opposa à la sortie de ce dernier numéro. Peu de temps après les bureaux de l'Action française furent pillés et Maurras et Pujo entrèrent en clandestinité, jusqu'au 5 septembre, jour où ils furent emprisonnés et inculpés d' "intelligence avec l'ennemi : l'ignominie le disputait à l'aberration...

    Leur procès - parodie de procès, plutôt, ou "pseudo-procès", aussi inique dans son genre que celui de Louis XVI ou Marie-Antoinette, aura lieu du 25 au 27 janvier 1945 à Lyon, et aboutira, le 28 janvier, à la condamnation de Maurras, aussi scandaleuse qu'injuste et infondée...

    lafautearousseau

  • Grandes ”Une” de L'Action française : Quand il est mort, le poète... Mistral ! (1/2)

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    -------------------

     

    Frédéric Mistral est mort le 25 mars 1914, juste avant le déclenchement de la catastrophique "Guerre de 14". L'Action française lui a évidemment rendu hommage, dans ses deux numéros du lendemain (26 mars, que vous allez pouvoir consulter aujourd'hui), avec un court article de Maurras, et le sur-lendemain (27 mars, que vous pourrez lire dès demain) avec un article un peu plus long, de Daudet.

    Bainville aussi rendit hommage au poète, mais un peu plus tard dans le quotidien (le 30 mars et le 7 mai) : il le fit - sous le pseudonyme de Léonce Beaujeu - avec deux très beaux textes, que nous mettrons en lien dans notre livraison de demain, et qui ont été publiés dans un livre assez peu connu de lui : "Chroniques"

    1A.jpg

    C'est probablement l'anxiété face à l'imminence de la guerre qui arrive, et que L'Action française a tout fait pour tenter d'éviter, qui explique la brièveté d'un hommage qui, normalement, aurait été plus consistant...

    Dans ce numéro du jeudi 26 mars, en "Une", la première colonne en haut à gauche, contient l'assez court hommage de Maurras lui-même, sobrement intitulé "Mistral" :

    "...Mistral a vivifié et ressuscité dans nos coeurs notre histoire, notre légende, notre sagesse provinciale, notre raison même, il a éclairé pour nous jusqu'au sens des choses telles elles étaient tout autour et que nous ne les eussions jamais comprises sans lui... Nous étions nés et nous avions grandi à son ombre. Nous nous étions accoutumés à cette rumeur solennelle, profonde et familière, comparable au mouvement du chêne sacré..."

    En page deux, un article non signé, intitulé "La mort de Mistral", se contente de donner des informations générales sur le poète disparu, en énumérant simplement ses oeuvres. Il occupe la moitié inférieure de la troisième colonne et se termine, sur dix-sept lignes, tout en haut de la cinquième colonne.

    C'est donc demain que vous lirez le très beau texte d'hommage de Daudet (dans le journal) et les deux de Bainville (dans ses Chroniques). Aujourd'hui, voici le texte de Maurras et, pour satisfaire la curiosité de ceux que le sujet intéresse, notre Éphémeride du 8 septembre (jour de la naissance de Mistral) qui, avec les nombreux liens hypertextes qu'elle contient, vous permettra de découvrir tout ce qu'il est indispensable de savoir sur cet immense poète, qui a fait honneur à sa petite et à sa grande patrie :

    "Sian de la grande Franço, e ni court ni coustié"

    1A.png

    1A.png

    1A.png

     

    lfar espace.jpg

     

    Voici le lien, pour lire la "Une" du 26 mars 1914 : en bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k7583061

    LFAR FLEURS.jpg

  • « Regards sur Maurras », un ouvrage à lire qui vient de paraître

     

    lettre communication Maurras.jpgLe 20 avril prochain, des hommages seront rendus un peu partout en France à Charles Maurras à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance. Pour cette occasion, les Editions Apopsix se sont attelées à la rédaction d’un ouvrage collectif rendant à sa manière, l’hommage qui est dû au grand Français que fut Maurras.

    Ce livre réunit autour d’un même sujet des contributions rédigées par des auteurs de renom :

    Anne Brassié « Cassandre avait raison »

     Axel Tisserand « Maurras et la Famille de France : une fidélité intégrale et critique »

      Jean-­‐Bernard Cahours d’Aspry « Charles Maurras et le Félibrige »

     Michel Fromentoux « Charles Maurras, grand français, grand provençal »

     Christian Vanneste « De Gaulle et Maurras ou le rendez-­‐vous manqué » 

     Hilaire de Crémiers « Maurras toujours vivant »

     Maxence Hecquard « La cécité de l’aigle »

     Philippe Prévost « La condamnation de l’Action française »

     Philippe Champion « Du Félibrige au nationalisme intégral »

      Paul-­‐Marie Couteaux « Les deux Charles »

     Frère Thierry « Maurras, un beau défenseur de la foi »  

     

    lettre communication Maurras.jpgRegards sur Maurras300 pages, 18 illustrations dont certaines inédites Prix : 20 €
    Date de sortie nationale : le 16 avril 2018
    Maison d’édition : Editions Apopsix, Editeur : Marc-­‐Laurent Turpin, Directeur général : Denys Pluvinage, Directeur de collection : Frère Thierry

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    Notre Ephéméride de ce jour évoque la naissance de Charles Maurras, le 20 avril 1868, et propose, à cette occasion, un résumé de L'Avenir de l'Intelligence. C'est une bonne occasion pour présenter à la lecture un article intéressant, publié en 2013, et qui est, lui aussi, une sorte de résumé de cet "immense petit livre" (Pierre Boutang), sauf pour la fin, qui ne rend compte que trop légèrement de la conclusion de Maurras : "A moins que..."

    Voici donc Charles Maurras : l’Intelligence, l’Or et le Sang ,par Matthieu Giroux, publié sur le site Philitt, le 27 octobre 2013...

    Pour Maurras, le monde est régi par un certain nombre de forces. Ces forces sont de natures différentes : matérielle et spirituelle. "Il faut être stupide comme un conservateur ou naïf comme un démocrate pour ne pas sentir quelles forces tendent à dominer la Terre. Les yeux créés pour voir ont déjà reconnu les deux antiques forces matérielles : l’Or, le Sang."

    Le destin de l’unique force spirituelle, l’Intelligence, est de s’allier à l’une de ces forces matérielles. Elle doit décider, trancher "entre l’Usurier et le Prince, entre la Finance et l’Épée." 

    maurras.jpg

    Aux yeux de Maurras, le déclin de l’Intelligence est dû à un renversement d’alliance. Autrefois, l’Intelligence était souveraine car liée au Sang, c’est-à-dire aux rois. Aujourd’hui, l’Intelligence est soumise au règne de l’argent. La cause de ce retournement est la Révolution française. "De l’autorité des princes de notre race, nous avons passé sous la verge des marchands d’or, qui sont d’une autre chair que nous, c’est-à-dire d’une autre langue et d’une autre pensée. "

    Avant la Révolution française, le déclin de la monarchie a coïncidé avec l’essor des hommes de lettres. L’Intelligence a pris les traits de la noblesse. La voix des philosophes compte alors plus que celle des seigneurs. Jean-Jacques Rousseau rédige la constitution polonaise et l’on parle désormais du « roi Voltaire ». Pour Maurras, « le successeur des Bourbons, c’est l’homme de lettres. » 

    La révolution marque donc, selon le mot du martégal, l’avènement « d’une dictature littéraire ». L’Intelligence, ayant mis à mal le Sang, ménage de la place pour le retour de la force matérielle concurrente : l’Or.

    Pour Maurras, le paradoxe est le suivant : la victoire de l’Intelligence pendant la période révolutionnaire, parce qu’elle s’est faite contre la force du Sang, favorise le règne de l’Or. L’Intelligence révolutionnaire, détachée de sa référence au Sang, aboutit au règne illégitime de l’Écrit. "L’Écrit régna non comme vertueux ni comme juste, mais précisément comme Écrit. Il se fit nommer la Raison." 

    Le philosophe maurrassien Pierre Boutang parle ici d’une « absurde victoire » et explique que celle-ci s’est plus faite contre l’Église que contre la royauté déjà moribonde. Les hommes de lettres deviennent selon Boutang les nouveaux clercs : « le nouveau pouvoir du littérateur s’est modelé sur le pouvoir ecclésial ». Mais cette autorité va vite s’émousser car la rupture d’avec le Sang est insoutenable pour l’Intelligence. Au « roi Voltaire » va succéder le « père » Hugo, un symbole qui montre dès la moitié du XIXe siècle la déliquescence de cette Intelligence séparée.

     

    le «père» Hugo
    le «père» Hugo

     

    Avec le progressisme révolutionnaire et la complication du monde va naître l’abondance matérielle. Cette abondance va favoriser l’émergence d’un nouveau type d’homme : le bourgeois. Les rapports de force vont donc changer radicalement. L’Or va définitivement prendre le pas sur le Sang pour plus tard asservir l’Intelligence. « Cet Or est sans doute une représentation de la Force, mais dépourvue de la signature du fort. » Ce qui afflige Maurras, c’est que « les quelques familles devenues maîtresses de la planète » sont les tenants de l’Or et non du Sang. C’est donc une nouvelle forme de pouvoir, sans noblesse, sans vertu, toute soumise et conditionnée par les lois ignobles de l’argent, qui dirige le monde.

    Quel avenir pour l’Intelligence dans un contexte où les forces matérielles de l’Or ont triomphé de celles du Sang ? « Au temps où la vie est simple, la distinction de l’Intelligence affranchit et élève même dans l’ordre matériel ; mais, quand la vie s’est compliquée, le jeu naturel des complications ôte à ce genre de mérite sa liberté, sa force. » Aux yeux de Maurras, le danger ultime pour l’Intelligence est l’industrie littéraire, c’est-à-dire le conditionnement de la pensée par des impératifs d’argent. Si Maurras n’a pas développé, comme le montre Boutang, de méfiance particulière vis à vis du progrès matériel – progrès technique « qu’il attribue à Pallas-Athéna et à l’industrieux Ulysse dans leur véritable origine » – « l’ordre mauvais » et les « lois défectueuses » le corrompent fatalement jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’un moyen pour l’argent d’étendre sa domination.

    L’Intelligence ne peut reconquérir sa noblesse perdue avec cette nouvelle allégeance. « La vraie gloire étant évaluée en argent, les succès d’argent en reçurent, par une espèce de reflet, les fausses couleurs de la gloire. » Pour Maurras, le prestige lié à l’Or est un faux prestige. L’Intelligence en s’alliant à l’Or ne peut plus être prestigieuse. Elle n’est plus que la victime du mépris des industrieux. Car si tout succès est aujourd’hui évalué en argent, l’écrivain, le représentant de l’Intelligence, parce qu’il ne pourra jamais dégager autant d’argent que le grand industriel, est condamné à la relégation. « Non contentes, en effet, de vaincre l’Intelligence par la masse supérieure des richesses qu’elles procréent, les autres Forces industrielles ont dû songer à l’employer. » Dans ce monde dominé par l’Or, l’Intelligence n’est plus une fin, seulement un moyen. L’Intelligence est soumise, elle défend des intérêts qui ne sont pas les siens, elle prend partie pour le plus offrant. Avec le règne de l’Or, la liberté de penser devient monnayable, négociable. On échange « un peu de son franc-parler contre de l’argent. » La presse en particulier n’est plus qu’un instrument entre les mains des possédants. L’Intelligence est humiliée, étriquée. Elle sert.

    L’argent est aussi un moyen pour l’Étranger d’œuvrer à travers et par lui. Maurras s’appuie sur deux exemples historiques : les distributions d’or anglais en France pour les campagnes de presse, de 1852 à 1859, en faveur de l’Unité italienne et les arrosages de la presse française par Bismarck après la bataille de Sadowa en 1866. Pour autant, Maurras, face aux intrusions de l’Étranger via l’argent, ne cède pas à la fatalité. « C’est à la Patrie de se faire une presse, nullement à la presse, simple entreprise industrielle, de se vouer au service de la Patrie. » Cette phrase contient en elle-même une légitimation de L’Action Française.

     

    camelots-du-roi-4-f3a16

     

                                             L’Action Française

    Néanmoins, aux yeux de Maurras, la liberté absolue de l’Intelligence est de tout temps dure à conquérir. « L’indépendance littéraire n’est bien réalisée, si l’on y réfléchit que dans le type extrême du grand seigneur placé par la naissance ou par un coup de la fortune au-dessus des influences et du besoin (La Rochefoucauld) et dans le type correspondant du gueux soutenu de pain noir, désaltéré d’eau pure, couchant sur un grabat, chien comme Diogène ou ange comme Saint François. » La logarchie (de logos et archè) absolue qui est l’horizon de Maurras semble donc inatteignable. Par ailleurs, beaucoup lui ont reproché la liberté de ton de L’Action Française conjuguée à une conception autoritaire du pouvoir politique. Une dévotion à l’État qui l’amènera en septembre 1939 à demander des mesures pour limiter la liberté de la presse. Cependant, pour Boutang, il n’y a pas de contradiction « mais la reconnaissance de deux pouvoirs contraires ».

    L’avenir de l’Intelligence n’est donc pas radieux. Maurras a cette phrase terrible : « Le Sang et l’Or seront recombinés dans une proportion inconnue. Mais l’Intelligence, elle, sera avilie pour longtemps ; notre monde lettré, qui paraît si haut aujourd’hui, aura fait la chute complète, et, devant la puissante oligarchie qui syndiquera les énergies de l’ordre matériel, un immense prolétariat intellectuel, une classe de mendiants lettrés comme en a vu le moyen âge, traînera sur les routes de malheureux lambeaux de ce qu’auront été notre pensée, nos littératures, nos arts. » 

    Cependant, il n’est pas dans la nature du maurrasisme que de céder à la tentation pessimiste. L’Or peut être vaincu et l’alliance de L’Intelligence avec le Sang restaurée. Ce salut pour l’écrivain, « le plus déclassé des êtres », est possible sous deux conditions : le renforcement en France du catholicisme en tant que « croyance autonome de l’esprit pur » et la reconstitution progressive de l’ancienne alliance à travers une contre-révolution.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Ensuite, après les élections, nous verrons quelles orientations donner à notre campagne  pour la réhabilitation/réouverture au public de la maison/jardin de Maurras...

    : Nous passerons cette semaine (du lundi au vendredi) en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, qui nous parlera de... Maurras, naturellement ! (1/5)...

    Entretien avec Axel Tisserand : pour Maurras, naturellement

    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie, Le Bien Commun, n° 7, mai 2019.

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles Maurras, Introduction à une philosophie politique pour notre temps.

     

    1. Maurras ne va pas de soi. Interdit de commémoration, voué aux gémonies, il impressionne par la persistance de l’influence qu’on lui prête tout en bannissant son nom. Vouliez-vous rétablir un ordre juste sur son œuvre en écrivant ce livre ?

    Il est vrai que Maurras n’est aussi souvent cité qu’à proportion qu’il est honni. Déjà, en 2012, ouvrant un colloque pour les 60 ans de sa mort, je remarquais : « L’aversion à l’égard de Maurras est inversement proportionnelle à son éloignement historique. Plus il devient une figure de l’histoire, plus il est honni. Nous sommes passés d’une condamnation de sa doctrine à une damnation de tout ce qu’il représente… ou plutôt de tout ce qu’on lui fait endosser, de ce à quoi on le réduit. »

    J’ai pu reprendre ce propos, mot à mot, dans l’introduction de mon livre, puisque, en 2018, le 150e anniversaire de la naissance du Martégal l’a montré, la situation ne s’est pas améliorée, bien au contraire : cet anniversaire a donné lieu à des anathèmes médiatiques et des palinodies officielles, qui n’ont honoré ni le politique ni l’intelligence. Le fantôme de Maurras continue de hanter la mémoire nationale. Comme un remords ? On sait que Maurras, de l’aveu même de ses adversaires les plus intelligents (Mauriac ou Étiemble, et ne parlons pas de l’admiration que lui vouait le résistant Jean Paulhan) a été condamné pour des raisons strictement politiques. Allez sur le site de l’INA visionner le court reportage de janvier 1945 sur le procès de Lyon : le commentaire est édifiant. Quand on sait, en plus, que le dossier d’accusation fut confié à un faussaire…

    Ce que j’ai voulu, c’est non seulement en finir, sur des points cruciaux, avec le « mannequin Maurras », mais, plus encore, mettre en valeur la dimension anthropologique de sa philosophie politique, une dimension d’une actualité criante à l’heure du transhumanisme et de l’homme augmenté, c’est-à-dire… privé de son humanité.

    En quelque sorte, poursuivre dans la même veine que le Un autre Maurras de Gérard Leclerc, même si la comparaison peut paraître présomptueuse. C’est la raison pour laquelle j’ai également décidé de confronter la pensée de Maurras à plusieurs intellectuels contemporains importants, pour mieux montrer toute l’actualité de sa pensée...

    MAURRAS hommage.jpg

    lafautearousseau

  • Décès du Docteur Pierre Navarranne, royaliste, d'Action française, et simplement un grand monsieur

    Au centre, Pierre Navarranne récite la Prière de la fin, sur la tombe de Maurras, à Roquevaire. A droite et à gauche, il préside la conférence du Prince Jean de France du 22 janvier 2010 à Toulon 

     

    Nous avons appris avec une vraie et grande tristesse le décès de Pierre Navarranne à qui tant de liens anciens nous rattachaient, tant de souvenirs, de goûts partagés, et surtout notre commun attachement à Charles Maurras et à l'Action française. Pourtant, nous nous effacerons comme il se doit devant ses amis toulonnais pour évoquer et saluer sa mémoire, en publiant les lignes qui suivent - qui nous sont parvenues de leur part ... Lafautearousseau

       

    Notre fidèle ami toulonnais Pierre Navarranne s'est éteint paisiblement le 24 mars 2017.

    Il était né le 7 décembre 1920 à Pau (Béarn) de filiation « d'Henry IV par les bergères » comme l'on dit là-bas. Orphelin très jeune, il vivra chez son oncle, pharmacien dans cette ville où Charles Maurras en 1890, devant le château d'Henry IV, eut la « révélation » de la nécessité de la soumission pour l'ordre et la beauté du monde.

    Dans le sillage des émeutes du 6 février 1934 et grâce à son tuteur le docteur Vidouze, très jeune il lit l'Action Française. Il participe aux activités de la fédération régionale des Etudiants, Collégiens et Lycéens d'Action française des Basses-Pyrénées, à la permanence de la rue du Maréchal Foch de Pau. Il entre à Santé Navale Bordeaux au début de la seconde Guerre Mondiale. Lors de ses visites au travers de la zone libre, Maurras aime rencontrer les jeunes talents et Pierre Navarranne a la joie de pouvoir dîner avec lui. De Santé Navale, Pierre Navarranne sort médecin dans un régiment de fusiliers-marins avec lequel il partira pour la libération sur la route de l'Allemagne et sera décoré de la croix de guerre en Alsace. Il revient à Bordeaux soutenir sa thèse de neuropsychiatrie puis rejoint un groupe aéronaval en Indochine.

    Son arrivée à Toulon en 1949 le voit embarquer sur l'Emile Bertin, la Gloire puis la Lorraine et le Montcalm. A terre, il intègre l’hôpital militaire Saint-Anne au service de neuropsychiatrie. Il devient professeur agrégé de médecine générale, puis titulaire de la chaire de médecine navale de l'Ecole d'application du service de santé de la Marine et médecin-chef des services médicaux de Saint-Anne. Il s'installera ensuite un quart de siècle dans la médecine civile à Toulon toujours, pour un cabinet de neuropsychiatrie. Maurrassien, fidèle de l'Action Française, il partageait sa passion pour LA politique avec un engagement militant constant. Il participa activement, dans les années 80, à l'organisation des rendez-vous des Baux-de-Provence ou d'autres journées d'amitiés françaises. Sur la demande de Pierre Chauvet, président de l'Union Royaliste Provençale, Pierre Navaranne fut pendant plus de deux décennies président de la Fédération Royaliste du Var. Ses visites à la maison de Maurras à Martigues ou au cimetière de Roquevaire étaient des rendez-vous qu'il aimait tant honorer, comme celui de la Messe du 21 janvier pour le Bon Roi Louis XVI. Deux citations le touchaient particulièrement. La conclusion de la lettre de rupture de Bernanos à Maurras : « Adieu Maurras, à la douce pitié de Dieu » et les premiers vers de la Prière de la fin du maitre de Martigues :

    « Seigneur endormez moi dans votre paix certaine

    Entre les bras de l'espérance et de l'amour. 

    Ce vieux cœur de soldat n'a pas connu la haine

    Et pour vos seuls vrais biens à battu sans retour "

    A sa retraite il intégra l'Académie du Var dont il fut le président de 1995 à 1999. Il fut l'orateur de nombreuses conférences comme sur l'écrivain Jacques Perret, ou son intouchable héroïne Marie-Caroline de Naples, la duchesse de Berry. On se souvient de sa thèse sur l'assassinat du roi Henry IV qui fut publiée dans la Nouvelle Revue Universelle. Passionné de rugby, tirant un fil rouge du Béarn à Toulon, il n'avait que deux amours disait de lui le Sénateur-Maire de Toulon, François Trucy, « le lys et le muguet ». Pilier et mémoire du royalisme varois, il présida la belle conférence du Prince Jean de France, lors de sa visite à Toulon en 2010.

    Catholique pratiquant, très attaché aux exercices de St Ignace des pères de Chabeuil, il a rejoint son épouse et ses trois fils partis avant lui. Pour ses amis royalistes provençaux, ce fidèle maurrassien aux yeux bleus purs, puits de science toujours souriant, dont l'érudition ne le cédait qu'à son grand respect des traditions et des bonnes manières, conteur inégalable de la mémoire monarchiste, laisse l'image d'un grand « blanc du Midi ».

    A Dieu Docteur, à la douce pitié de Dieu... 

    Les obsèques seront célébrées mardi 28 mars à 9h30 en l'église Saint-Georges à Toulon.

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français...

    lafautearousseau se propose ici de vous faire découvrir Un patriote, nommé Maurras. Maurras est en effet inconnu du grand public, parce que volontairement ignoré par la conspiration du silence, entretenue par le Système pour lequel Maurras n'est pas "dangereux", mais "le seul dangereux", car il en a dénoncé les bases idéologiques et parce qu'il l'a remis en cause dans ses fondements révolutionnaires.

    C'est donc à une sorte de feuilleton, à la découverte de l'homme Maurras, que nous allons vous entraîner, d'ici les prochaines élections municipales.

    Celles-ci, nous l'avons dit, seront peut-être décisives pour l'avenir de la Maison du Chemin de Paradis, fermé aux Français aujourd'hui par le dernier Mur de Berlin d'Europe : celui, invisible, du sectarisme haineux de la Mairie communiste, qui préfère laisser fermée (en attendant qu'elle ne s'écroule ?) une belle demeure qui pourrait être intégrée au réseau des Maisons des Illustres, et devenir un centre national et international de recherches et débats intellectuels de haut niveau sur Maurras, sa vie, son oeuvre; un lieu culturel vivant et rayonnant...

    Du début février au 23 mars (fin de la première partie de notre campagne de sensibilisation pour la sauvegarde de la maison de Maurras) nous présenterons divers textes ou documents relatifs à Maurras, sa vie, son oeuvre... 

    Ensuite, après les élections, nous verrons quelles orientations donner à notre campagne  pour la réhabilitation/réouverture au public de la maison/jardin de Maurras...

    : Nous passerons cette semaine (du lundi au vendredi) en bonne compagnie, avec Axel Tisserand, qui nous parlera de... Maurras, naturellement ! (2/5)...

    Entretien avec Axel Tisserand : pour Maurras, naturellement

    Propos recueillis par Gabrielle Monthélie, Le Bien Commun, n° 7, mai 2019.

    Axel Tisserand continue son travail d’exploration de la pensée de Charles Maurras et publie ces jours-ci, aux éditions Téqui, un livre qui fera date : Actualité de Charles Maurras, Introduction à une philosophie politique pour notre temps.

     

     

    2. Yves Floucat, dans sa préface, précise qu’on aurait pu s’étonner du choix d’un disciple de Maritain pour cette tâche. Notre dossier thématique du mois est d’ailleurs consacré au dialogue entre Maritain et Maurras. Vous évoquez les critiques adressées aujourd’hui par certains catholiques aux idées inspirées par le Martégal : pensez-vous que l’absence de dépassement de la confrontation entre les deux auteurs soit un frein à la réflexion politique pour les catholiques ?

    Yves Floucat, dans la préface généreuse dont il a bien voulu m’honorer, note ce paradoxe apparent, puisque, grand thomiste, il a été également, comme il l’écrit lui-même, « profondément marqué par la pensée de Jacques Maritain ».

    C’est qu’on ne retient des relations intellectuelles entre Maritain et Maurras que le divorce, à l’initiative du premier, en raison des sanctions pontificales de décembre 1926 – parler de condamnation est un abus de langage, puisqu’il n’y a eu, comme l’observe Yves Floucat, « aucun texte magistériel […] de la main de Pie XI ».

    D’ailleurs, les sanctions furent levées en 1939 sans que l’Action française renonce à aucun point de sa doctrine. En 1927, Maritain fut même chargé de justifier ces sanctions sur le plan doctrinal, lui qui, quelques mois plus tôt, avait publié un livre, Une Opinion sur Charles Maurras, montrant en quoi être d’Action française n’était pas incompatible avec la foi catholique.

    Ne revenons pas sur cet épisode douloureux ni sur les raisons pour lesquelles Maritain a choisi alors, contrairement à Bernanos, l’obéissance jusqu’à brûler ce qu’il avait jusque-là, sinon adoré, du moins justifié. Comme l’écrit fort justement Yves Floucat, « peu nombreux sont ceux qui ont relevé que son rejet de la démocratie rousseauiste, commandant selon lui l’idéologie démocratiste moderne, était resté intact » dans la pensée de Jacques Maritain.

    C’est une évidence : la rencontre entre Maurras et Maritain, au début du XXe siècle, loin d’être un malentendu, reposait sur un fond commun : Aristote et Thomas d’Aquin. C’est sur ces deux penseurs que, dans une perspective différente, l’une politique, l’autre théologique, Maurras et Maritain se sont rencontrés. Le dialogue a été interrompu mais rien n’interdit de le reprendre.

    Comme l’écrivait déjà en 2011 Yves Floucat, dans le numéro 55 de Liberté politique : « Il est légitime (audacieux, hasardeux ou utopique diront peut-être certains) de se demander si le moment n’est pas venu, pour les disciples du “Paysan de la Garonne” comme pour ceux de l’auteur de l’Enquête sur la monarchie, de renoncer à tous les apriorismes réciproques et de revisiter avec discernement et un juste esprit critique l’œuvre de leur maître. […] Face à la dérive subjectiviste et relativiste programmée des démocraties selon un horizon idéologique « droit-de-l’hommiste », ils pourraient trouver, dans le seul souci de la justice sociale et du bien commun, quelques points d’entente essentiels.


    Ils s’accorderaient sur un antilibéralisme et un antidémocratisme qui, tout en revalorisant les principes d’autorité, de légitimité, de souveraineté, de représentation de la nation dans ses diverses composantes, et d’incarnation du pouvoir, les conjugueraient harmonieusement aux libertés concrètes, et attribueraient ainsi – comme un Pierre Boutang, authentique disciple fidèle et inventif de Maurras, avait su le faire – sa véritable place au consentement populaire ».

    Rien à ajouter...

    MAURRAS hommage.jpg

    lafautearousseau

  • Grandes ”Une” de L'Action française : mort de Philippe VIII, le grand roi qui a manqué à la France...

    À cause de l'inique Loi d'exil, alors en vigueur, c'est à l'étranger que s'est éteint le Roi, le dimanche 28 mars 1926. Voici donc la "Une" du lendemain, lundi 29 mars :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k762633f

    En France, le Roi ne meurt pas; et donc, sitôt la triste nouvelle annoncée, retentit le cri joyeux, que reprend ici la manchette du quotidien :

    LE ROI EST MORT, VIVE LE ROI !

    C'est Charles Maurras qui rédige le long article d'hommage - "Monseigneur le duc d'Orléans" -  qui annonce le "passage" du flambeau au Duc de Guise, Jean III, dont la photo orne la "Une", comme celle de son prédécesseur. Son règne, s'il eût régné ? Lisons Maurras :

    "...Quelle révélation pour le pays si le sort l'eût voulu ! Je ne donnais pas à la France quinze jours pour en délirer... Pour nous qui conservons du moins le riche et puissant écrin de nos souvenirs, ce que nous perdons est encore peu de choses en comparaison de ce que la France perd : un chef-né, un chef de droit et de raison qui eût été le chef aimé. Il y a peu d'exemple d'une méconnaissance plus complète et plus douloureuse, ni de plus lamentable dilapidation d'un si beau trésor..."

    Léon Daudet (voir plus bas) a relaté "le service funèbre pour l'âme de Monseigneur le duc d'Orléans, enlevé brusquement à nos espérances, loin de cette terre de France d'où la barbarie républicaine, depuis 1886, le tenait exilé."

    Les articles sur le défunt occupent également une partie des pages deux et trois :

    • "La vie d'exil de Monseigneur le duc d'Orléans", en page deux, où se trouve également le court mais excellent article de "JB" : "Les progrès du rattachement de l'Autriche à l'Allemagne"; lucide, prémonitoire... comme d'habitude...

    • "Le duc d'Orléans pendant la guerre", en page trois;

     

    (retrouvez notre sélection de "Une" dans notre Catégorie "Grandes "Une" de L'Action française")

    1A.png

    lfar espace.jpg

     

    1. Le long article de Maurras (sur les trois colonnes de gauche et le tiers supérieur de la quatrième) :

    (intégralité de la première colonne)

    1A.png

    1A.png

    1A.png

    (Colonnes deux et trois; cliquez sur les images pour les agrandir...)

    1A.png

    1A.png

    (fin de l'article, tiers supérieur de la quatrième colonne)

    1A.png

    2. Juste en-dessous de l'article de Maurras, une courte note, "La mort du Prince", et le bref récapitulatif suivant :

    1A.png

    3. Et enfin, sur plus des deux tiers de la cinquième et dernière colonne de cette "Une", présentation rapide du nouveau Roi : Jean de France, Duc de Guise (cliquez sur les images pour les agrandir un peu...) :

    1A.png

    1A.png

    4. En page deux, l'article de Jacques Bainville :

    1A.png

    (cliquez pour agrandir...)

    1A.png

     

    1AZZZ.jpg

     

    (tiré de notre Album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet (321 photos), photo "la Reine de France" aux obsèques de Philippe VIII")

    1A.jpg

     

    Nous sommes en 1926. Le duc d'Orléans, Philippe VIII, vient de mourir, en terre étrangère, "interdit de France" par l'inique loi d'exil.
    Celle-ci datait du 26 juin 1886, et ne fut abolie que le 24 juin 1950, sur proposition du député MRP du Morbihan, Paul Hutin-Desgrées.
    Cette loi interdisait l’accès et le séjour sur le sol français aux chefs des familles royale (et impériale) ayant régné sur la France, ainsi qu’à leur fils aîné. Elle interdisait également à tous les hommes de ces familles de servir dans l’armée française.
    Mais, à la différence des précédentes, cette loi ne concernait que les "prétendants" (Orléans et Bonaparte) ainsi que leurs fils aînés, et pas les autres membres de la famille.
    A Notre-Dame de Paris a lieu un service funèbre : Léon Daudet, qui y assiste avec Maurras, raconte...

    De "Paris vécu", pages 271 à 273 (fin de l'ouvrage) :

    "...Voici maintenant, à Notre-Dame de Paris, le service funèbre pour l'âme de Monseigneur le duc d'Orléans, enlevé brusquement à nos espérances, loin de cette terre de France d'où la barbarie républicaine, depuis 1886, le tenait exilé.
    A ce grand Prince qui, s'il eût régné, eût écarté le fléau sanglant de 1914, fils de l'incurie effroyable du régime autant et plus que de la mégalomanie allemande, à ce souverain de Shakespeare, fait pour le pouvoir suprême et dont la vie ne fut qu'un long supplice, succédait, dans le Droit et dans l'Exil, un autre magnanime Héritier : Monseigneur le duc de Guise. Rien de plus beau qu'une telle acceptation, et si simple, d'un si haut devoir.
    Mêlées au sentiment d'admiration, de regret, de douleur, de deuil, la ferveur royaliste et la certitude animaient cette foule compacte, serrée, silencieuse, mais brûlante, d'hommes, de femmes, de tout âge et de toute condition, de jeunes gens aux regards fiers, de belles jeunes filles, toutes et tous marqués du signe du dévouement.
    Cette foule, cette armée, je la connais bien. Depuis vingt ans, elle s'est rassemblée autour de notre Action Française, rassemblée elle-même autour de Maurras. Nombreux sont les absents morts à la guerre, au premier rang, ou tombés ici dans les luttes politiques sans merci, pour avoir voulu arracher la Patrie à son bourreau, au régime infâme. Mais absents de corps, ils sont présents par l'âme. Marius Plateau, Ernest Berger, mon fils Philippe sont auprès de nous, parmi nous, au-dessus de nous. Je distingue le délicieux sourire de mon petit garçon, son doux visage attentif, un peu penché.
    La portail s'ouvre à deux battants... c'est le jour limpide et franc, le jour léger, à peine bleuté de Paris, qui délivre et délie l'angoisse de la grande ville.
    Avec lui une forme est entrée, une forme féminine, vêtue de noir; aussi belle et sûre que sculptée par Phidias, glissant avec lenteur plus qu'elle ne marche.
    Droite sans rigidité, elle s'avance à travers le respect sans un souffle de ces milliers de figures passionnées, tournées vers Elle.
    On distingue maintenant un regard pur et grave, étonnamment jeune, irradiant, évoquant la plus haute poésie et les plus gracieuses héroïnes de notre histoire, suave et comme dessiné par le grand Florentin.
    C'est Elle.
    C'est la reine de France.
    Un frisson d'orgueil et de confiance
    impossible à réprimer, rédempteur, a passé à travers la multitude attentive. Cet unanime silence crie et acclame sous les voûtes solennelles, dans l'espace muet et blanc.
    Cependant, Madame n'a cessé de progresser, impalpablement, telle une fée, comme si ses pas déliés frôlaient l'eau et la brume, dans la campagne matinale de chez nous.
    La nef est parcourue.
    La voici au niveau de Maurras. Elle s'arrête un instant, un dixième d'instant, et fixe son regard, diamant irrisé de vert, sur ses yeux et son front de lion.
    Déjà, Elle a a franchi notre chef aimé, celui que nous mettons, sachant pourquoi, à quelques centaines de lieues en avant de tous nos meilleurs contemporains.
    Je me suis penché vers Maurras et je lui ai dit : "Vous êtes payé."
    Cependant que cet évènement, chargé de promesses et de latences incommensurables, s'accomplissait, un Prince auguste et son fils, quintessence de notre race, dans un manoir de la banlieue de Bruxelles, de l'accueillante et douce Bruxelles, sortie des tortures de l'occupation allemande, étaient en communion de pensée avec Celle qu'acclamaient nos coeurs, les coeurs de milliers de Parisiennes et de Parisiens.
    Le dur exil un instant se fendait, leur laissant voir, deviner comme un mirage, ce spectacle unique et qui imprimait à tous les assistants ce que les Bretons appellent l'intersigne heureux : une transe, accompagnée d'un présage d'or."



    Illustration : ouvrage offert au Prince en 1895. Reliure signée de PETIT, à son chiffre "P" couronné.

     

     

    lfar espace.jpg

     

    Pour lire les articles...

    Cliquez sur le lien qui suit ces quelques explications; vous tomberez sur la Une du lundi 29 mars 1926. En bas de page, une courte "barre de tâches" vous permet d'utiliser le zoom (tout à gauche de la barre) et de changer de page (flèche tout à droite); une fois appuyé sur "zoom", vous aurez, cette fois tout en haut de la page, une autre "barre de tâches" : en cliquant sur le "+", il ne vous restera plus, avec votre souris, qu'à vous promener sur la page, puis passer à la deuxième pour lire la suite... :

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k762633f#

    LFAR FLEURS.jpg

  • Pour réintégrer Maurras dans le paysage politique français : réponse à quatre reproches (IV/V)

    3. L'antisémitisme

    L'antisémitisme est un autre des grands griefs faits à Maurras.

    Il n'est pas un thème central dans son œuvre et dans sa pensée - comme il le fut pour Edouard Drumont dont l'influence avait été considérable à la fin du XIXème siècle et au début du XXème.

    C'est pourtant à l'antisémitisme que l'on réduit souvent Maurras dans les débats d'aujourd'hui. 

    Une évidence s'impose ici : on ne comprendra rien à l'antisémitisme de Maurras, celui de son temps, très répandu en tous milieux, si, par paresse d'esprit ou inculture, l'on se contente de le considérer et de le juger avec des yeux qui ont vu, des mémoires qui savent, ce que vécurent les Juifs d'Europe entre 1930 et 1945, ce qu'était devenu l'antisémitisme en une époque barbare. 

    Dans la jeunesse de Charles Maurras et encore longtemps après, l'antisémitisme fut une opposition politique, culturelle et si l'on veut philosophique à l'influence excessive que leur communautarisme natif - singulièrement apte à "coloniser" - conférait aux Juifs de France.

    À propos de cet antisémitisme politique de Maurras, Éric Zemmour propose une comparaison tirée de l'Histoire : "Son antisémitisme était un antisémitisme d'État, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre "l'État dans l'État" huguenot." (Eric Zemmour, dans Le Figaro magazine du 2/02/2018).

    Avant la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas là motif à rupture personnelle ou sociale, ni même un motif d'inimitié. Le jeune Maurras est lié à Anatole France. Il fréquente le salon de l'égérie de France, Madame Arman de Cavaillet, née Lippmann; il est l'ami de Marcel Proust, plus qu'à demi Juif (sa mère est née Weil). Ils resteront amis, quoique Proust ait été dreyfusard, jusqu'à la mort de l'auteur de la Recherche. Proust l'a écrit, aussi bien que son admiration pour Maurras, Bainville et Daudet.  

    On se souvient que Léon Daudet, disciple de Drumont bien davantage que Maurras ne le sera jamais, fit obtenir à Proust le prix Goncourt pour A l'ombre des jeunes-filles en fleur, en 1919...

    L'un des plus vifs admirateurs de Charles Maurras et son ami jusqu'à sa mort après la Seconde Guerre mondiale (1962, dix ans après Maurras), sera l'un des Juifs les plus éminents du XXème siècle, Daniel Halévy, dont, pour la petite histoire, mais pas tout à fait, la fille épousera Louis Joxe, résistant, ministre du général De Gaulle, et père de Pierre Joxe. De Daniel Halévy, l’auteur d’Essai sur l'accélération de l'Histoire, Jean Guitton écrira : "Il avait un culte pour Charles Maurras qui était pour lui le type de l'athlète portant le poids d'un univers en décadence." (Jean Guitton, dans Un siècle, une vie, Robert Laffont, 1988)

    L'antisémitisme politique de Maurras, au temps de sa pleine gloire, ne le sépara pas des grandes amitiés que nous avons citées et de l'admiration que lui portèrent, de Malraux à Bernanos, les plus illustres personnalités de son temps.

    Maurras eut-il le tort de ne pas comprendre que la persécution des Juifs au temps du nazisme rendait toute manifestation d'antisémitisme contestable ou même fautive ? Impardonnable ? On peut le penser, comme Éric Zemmour. C'est ignorer toutefois deux points essentiels :

    1. ce que souffrirent les Juifs lors du conflit mondial ne fut vraiment connu dans toute son ampleur qu'après-guerre...

    2. Peut-être est-il triste ou cruel de le rappeler mais le sort des Juifs ne fut pas le souci principal ni même accessoire, des alliés pendant la guerre.  Ni Staline, lui-même antisémite, ni Roosevelt, ni Churchill, ni De Gaulle, ne s'en préoccupèrent vraiment et n'engagèrent d'action pour leur venir en aide, nonobstant leurs appels au secours.  Le souci premier de Charles Maurras était la survie de la France et son avenir. S’il s’en prit nommément à des personnalités juives bien déterminées pendant l’Occupation (comme à nombre d'autres), c’est qu’elles lui semblaient conduire des actions selon lui dangereuses et contraires aux intérêts de la France en guerre. 

    L'antisémitisme moderne, sans remonter à ses sources chrétiennes, pourtant réelles, trouve de fait son origine et son fondement dans les Lumières et l'Encyclopédie. L'on aurait bien du mal à exclure de la mémoire nationale toutes les personnalités illustres, françaises et autres, qui l'ont professé. Dont, en effet, Charles Maurras qui louait Voltaire de participer du "génie antisémitique de l’Occident".

    Ce génie était de résistance intellectuelle et politique. Il n'était pas exterminateur.

    L'évidence est que les événements du XXème siècle ont jeté une tache sans-doute indélébile sur toute forme - même fort différente - d'antisémitisme. Cela est-il une raison pour reconnaître aux communautés juives de France ou d'ailleurs plus de droits d’influence qu’au commun des mortels ? Deux des présidents de la Vème république ne l'ont pas cru et ont parfois été taxés d'antisémitisme : le général De Gaulle, après sa conférence de presse de 1965 et ses considérations à propos d'Israël; mais aussi François Mitterrand refusant obstinément – et en quels termes ! - de céder aux pressions des organisations juives de France, qu’il trouvait tout à fait excessives, pour qu’il présente les excuses de la France à propos de la déportation des Juifs sous l'Occupation (Jean-Pierre Elkabbach, François Mitterand, conversation avec un Président, 1994).

    Ce que feront ses successeurs…

    (à suivre demain)

  • Très réussi : sur la page facebook de l'Action française Restauration nationale...

    LFAR LOGO RN CRAF.jpg
     
     
     
     
    Action Française
     
    Nouvelle bannière avec Charles Maurras et Jacques Bainville à l'honneur, deux grandes figures historiques de l'Action française !
     

    1A.jpg

  • Dans notre Éphéméride de ce jour (2/2) : Dernier numéro, pour L'Action française quotidienne...

    1944 : Dernier numéro pour L'Action française...

     

     24 aout,simone weil,bombe h,fangataufa,saint barthelemy,henri iv,charles ix,louis xvi,henri v

    L'Action française, organe du nationalisme intégral ne finira pas sa 37ème année, qui s'arrêtera au n° 198 de l'année en cours. Le quotidien cesse sa parution ce 24 août 1944 : la sinistre Épuration va commencer... et le 11 mai 1945 l'imprimerie du journal sera "légalement" volée par le Parti communiste (voir l'Éphéméride du 11 mai) !

    Du 29 juin au 21/22 octobre 1940, L'Action française fut publié à Limoges; à partir du 28/29 octobre 1940, à Lyon. De juin 1940 à août 1944 il y eut aussi des éditions à Limoges et à Poitiers.

    Au total, L'Action française sortira 13.000 numéros, depuis le premier, paru le jour du printemps, le samedi 21 mars 1908

    Maurras et Pujo seront arrêtés le 7 septembre suivant à Lyon, et enfermés à la Prison Saint-Paul : leur procès débutera le 24 janvier 1945, s'achevant par "le verdict infâme"... (voir l'Éphéméride du 28 janvier).

    1A.jpgLes ennemis de L'Action française, la République - qui gouverne mal mais se défend bien... comme l'a si justement dit Anatole France - n'ont pas laissé passer l'occasion de faire disparaître le journal qui les a tant combattus et leur a porté tant et tant de rudes coups.

    Mais, "une Action française se reverra...", se revoit, comme le prévoyait Maurras; ses idées sont vivantes, alors que le Système qu'elle a tant combattu est à bout de souffle, ayant échoué partout...

     

    Par un stupéfiant retournement tactique - preuve de leur habileté manoeuvrière, à défaut de leur honnêteté intellectuelle... - les premiers collabos, alliés d'Hitler via l'URSS de Staline pendant près de deux ans, jugent, condamnent et spolient les premiers résistants, au nom - soi-disant -  de la lutte contre le fascisme et le nazisme, deux idéologies dont les promoteurs, Hitler et Mussolini, viennent de "la gauche" et du Parti socialiste !

     

    Et pourtant !... :

    Voir - publié sur Boulevard Voltaire - la mise au point éloquente de Laure Fouré, juriste et fonctionnaire au Ministère des finances et d'Éric Zemmour :

    Oui, l'Action française a toujours été anti nazi

     

    Retrouvez un grand nombre de 'Unes" de L'Action française dans notre Catégorie "Grandes "Unes" de L'Action française..."

    dont celle-ci, consacrée à ce dernier numéro :

    Paris, ce vendredi 16 septembre...

     

     24 aout,simone weil,bombe h,fangataufa,saint barthelemy,henri iv,charles ix,louis xvi,henri v