Trois "académiciens", toujours ensemble, mais...
Ainsi Bainville, Daudet, Maurras, les trois amis - inséparables et que seule la mort sépara - furent-ils tous trois Académiciens, mais pas ensemble, et pas de la même Académie.
Eux, qui se voyaient tous les jours dans les bureaux du quotidien L'Action française n'auront pas eu le privilège de se retrouver, aussi, ensemble dans la même Académie : le tempérament, et la façon d'être, de Léon Daudet s'accommodaient mieux, comme on vient de le lire dans les deux documents précédents, de l'Académie Goncourt, dont il fut membre dès ses débuts, en 1903, que de l'Académie française, à laquelle il aurait pourtant pu, de toute évidence, présenter sa candidature.
Quant à Bainville et Maurras, qui furent, eux, élus à l'Académie Française, mais beaucoup plus tard, ils n'y siégèrent pas non plus ensemble.
Jacques Bainville, élu le 28 mars 1935, au fauteuil de Raymond Poincaré, fut reçu à l'Académie le 7 novembre 1935 : il lui restait trois mois à vivre...
Maurras, lui, fut élu le 9 juin 1938, et reçu le 8 juin de l’année suivante par Henry Bordeaux.
"Leurs trois talents ne formaient qu'un esprit / Dont le bel art réjouissait la France" : on peut appliquer à Bainville, Daudet et Maurras cette belle épitaphe de La Fontaine, parlant de son ami Molière, inspiré par Plaute et Térence.
Ils se virent tous les jours pendant plus de trente cinq ans, et furent réunis par tout ce qu'il y avait d'essentiel dans leur vie d'esprit : seule l'Académie ne les réunit pas. En était-il besoin ?...