Devenu royaliste... à 37 ans seulement ! (I)
Premières lignes du premier chapitre de "Vers le Roi", pages 9/10/11 :
"La fin tragique de Gabriel Syveton et la dissolution de la Ligue de la Patrie Française m'avaient convaincu de l'impossibilité d'espérer le relèvement et la libération du pays d'aucun compromis politique.
J'avais vu les choses de trop près pour ne pas reconnaître la faiblesse d'un parti nombreux, mais sans cohésion, ni doctrine, et qui laissa supprimer son seul homme d'action (Syveton, très probablement "suicidé" (!), ndlr).
La formule de la Patrie Française était insuffisante et ne pouvait servir de bélier pour défoncer un régime abject.
Car j'étais arrivé à cette conclusion qu'il n'y a pas de bonne République, par conséquent qu'il y avait intérêt à renverser le plus tôt possible la République tout court - si l'on voulait éviter des désastres immanquables - ...pour la remplacer par la dictature.
C'est alors que je rencontrai Maurras et Vaugeois.
J'eus avec eux plusieurs conversations de fond, d'où je sortis royaliste.
L'influence de ma femme, esprit politique de premier ordre, convertie à la monarchie depuis quelques années - malgré son extrême jeunesse - exactement depuis les articles antidreyfusards de la Gazette de France, cette douce et chronique persuasion y fut aussi pour quelque chose.
Je commençai, bien entendu, par faire des objections classiques. Elles fondirent, comme cire, au feu des arguments de Vaugeois, à la dialectique irrésistible de Maurras.
Bien vite, une amitié profonde nous lia.
Je rejoignis avec enthousiasme le petit groupe des nouveaux royalistes : petit par le nombre des adhérents, mais d'une extraordinaire virulence et disposant, dès cette époque, de dévouements complets.
Mon esprit, héritier de plusieurs "blancs" du Languedoc et de l'Ardèche, dont mon grand-père paternel Vincent Daudet, accueillit la vérité politique avec une sorte de passion.
Aujourd'hui encore mon coeur bat quand je songe à cette entrée dans la lumière (1904) après trente-six ans d'obscurité ou de demi-ténèbres.
Je ne cessais de me répéter : "Comme cela est simple !" et je confrontais la réalité nationale avec les principes reviviscents de la fameuse "Enquête sur la Monarchie".
Mes aspirations patriotiques avaient enfin un but et un programme..."