Éphéméride du 3 février
1190 : Philippe Auguste désigne les 6 membres du premier Conseil municipal de Paris
Ces échevins, pour rappeler la dépendance de leurs activités au trafic fluvial de la Seine, adoptent pour devise "Fluctuat nec mergitur" ("il est balloté, mais non submergé"), ainsi qu'un blason orné d'un bateau aux couleurs rouge et bleu.
1590 : Mort de Germain Pilon
Avec Jean Goujon, Germain Pilon (1537-1590) - issu d'une famille originaire de la région du Mans - fut l’un des plus grands sculpteurs français. Le paradoxe est que, comme pour Jean Goujon, on sait fort peu de choses sur lui...
De l'Encyclopedia universalis :
"Germain Pilon, fut avec Jean Goujon, le plus grand sculpteur de la Renaissance française. Dans son œuvre, qui plonge ses racines dans la sculpture médiévale française, mais dont le style a subi l'influence décisive de l'art des Italiens de Fontainebleau, la Renaissance et le maniérisme italiens s'allient à la tradition française. L'étude des documents de l'époque fait apparaître l'image d'un homme de culture humaniste, occupant une position sociale élevée. Grâce à ses nombreux élèves, le sculpteur prépara la naissance de la statuaire du XVIIème siècle français.
Germain Pilon est né à Paris. De son père, le sculpteur André Pilon, originaire de la région du Mans, il est presque certain qu'il reçut les premiers éléments de sa formation artistique. Mais aucune des créations d'André Pilon n'a été conservée, de sorte que l'on ne peut apprécier son style. Certaines commandes révèlent toutefois sa prédilection pour les statues en bois peint et pour la terre cuite, ce qui laisse supposer qu'il se rattachait au monde des formes médiévales.
Germain Pilon, en plus des leçons de son père, profita d'une formation qui était restée inaccessible aux générations précédentes de sculpteurs. Il fit, en effet, des études à l'Université : en l'an 1540, il est qualifié d' "écolier, étudiant en l'université de Paris". Pilon put ainsi acquérir des connaissances qui le distinguaient des "imagiers" du Moyen Âge. On comprend donc que l'orfèvre Richard Toutain ait déclaré à son propos, en l'an 1573 : "Et j'estime qu'il est l'ung des plus scavans hommes de ce royaume en cest estat".
Artiste éclectique, il travaillait aussi bien le marbre, la pierre et le bronze que le bois ou la terre cuite (ci dessous, sa Vierge à l'enfant, en marbre, dans l'église Notre Dame de la Couture, du Mans).
Il fut l'un des artistes préférés de la Cour de France, et réalisa les monuments funéraires de François Ier et Henri II, dans la Basilique de Saint Denis, dans lesquels il a donné la pleine mesure de son génie :
Mais il sait aussi se montrer plus intimiste : commandée par Catherine de Médicis pour faire partie, à l'origine, du décor sculpté de la Rotonde des Valois à la Basilique de Saint-Denis (chapelle funéraire d'Henri II), sa Vierge de Douleur (ci dessous) correspond à la mystique de la Vierge Marie souffrant une passion parallèle à celle de son fils :
Il s'y montre très novateur dans sa composition, la Vierge étant seule sur le rocher du Calvaire, contrairement aux époques antérieures où elle était systématiquement représentée avec son fils mort sur les genoux (genre de représentation que l'on qualifie du terme de Pietà).
Le musée du Louvre conserve la modèle en terre cuite de cette oeuvre, souvent considérée comme la réalisation maîtresse de l'artiste.
Son talent était si varié, et il l'appliquait à tant de domaines différents, que même la numismatique fut profondément influencée par lui.
Ci dessous, son René de Birague, pièce en bronze :
On lui doit aussi les 385 mascarons (masques grotesques) du Pont Neuf de Paris (ci dessous). Les mauvaises langues de l'époque prétendaient qu'il aurait profité de ce travail pour caricaturer certains des gentilshommes de la Cour...
Pour en savoir plus sur Germain Pilon :
http://chrisagde.free.fr/val/h2arts.php3?page=5
1689 : Première d'Esther
Depuis Phèdre (1677), Racine n’écrit plus pour le théâtre : il se consacre essentiellement à son rôle d’historiographe de Louis XIV. Mais la pièce lui est commandée par Madame de Maintenon, épouse secrète de Louis XIV, qui vient de créer Saint-Cyr pour des jeunes filles nobles mais sans fortune.
Madame de Maintenon fait appel à lui pour qu’il écrive sur "quelque sujet de piété et de morale, une espèce de poème où le chant fut mêlé avec le récit". Cette commande permet donc à Racine non seulement d’unifier la tragédie et l’opéra, très en vogue à l'époque, mais encore de renouer avec cette tradition issue des anciennes tragédies grecques qui consistait à mêler le chant à l’action (ce qu’il fait dans Esther grâce au personnage d’Élise) : il va prendre Boileau comme metteur en scène, et Lully comme compositeur :
Après la mort de La Rochejaquelein en janvier 1794, Stofflet mena en Anjou une guérilla implacable contre les armées de la Convention qu’il chassa des Mauges à la fin 1794.
En 1796, lorsque, après une trêve, il reprit les armes contre les terroristes révolutionnaires, il lança à ses soldats la proclamation suivante :
"Braves Amis,
Le moment est venu de vous montrer. Dieu, le roi, le cri de la conscience, celui de l’honneur, et la voix de vos chefs vous appellent au combat.
Plus de paix ni de trêve avec la république. Elle a conspiré la ruine entière du pays que vous habitez. Vous enchaîner sous ses lois barbares, vous associer à ses crimes, arracher de vos mains le fruit de vos travaux, vos dernières ressources; tels sont ses projets. Vous abandonner pour quelques jours pour écraser, par la masse entière de ses forces, vos compagnons d’armes, et revenir ensuite subjuguer, vexer, affamer, désarmer vos contrées, tel est son but.
Mais le souffrirez-vous ? Non. Les braves soldats que pendant deux années j’ai conduits au combat, ne deviendront jamais républicains. Jamais le déshonneur ne flétrira les lauriers qu’ils ont moissonnés.
Ressaisissez donc avec l’énergie dont vous êtes capables, ces armes terribles que vous ne déposâtes qu’en frémissant : volez au combat, je vous y précéderai; vous m’y distinguerez aux couleurs qui décoroient Henri IV à Yvri. Puissent-elles être pour nous, comme pour lui, le signal de la victoire !
Vive le Roi Louis XVIII !"
La défaite de 1940 pousse Simone Weil, comme tant d'autres, sur les routes de l'exode, jusqu'à Marseille où elle participe à l'aventure des Cahiers du Sud, aux côtés de Jean Ballard et de Joë Bousquet.
Désireuse de travailler aux champs, elle trouve une place d'ouvrière agricole en Ardèche, chez le philosophe catholique Gustave Thibon : de leur profonde amitié intellectuelle naîtra La Pesanteur et la Grâce, recueil d'aphorismes et de textes brefs consacrés à l'amour, la beauté, la croix ou Israël.
Gustave Thibon évoque cette amitié (dans Au soir de ma vie) :
"...Je la revis une dernière fois à Marseille, début mai. Nous qui, au début, n'étions d'accord à peu près sur rien, à la fin nous étions d'accord sur tout. Je me rappelle cette nuit presque entière à Marseille comme un divin échange. Elle savait ce que j'allais lui dire. Je savais ce qu'elle allait me dire. Nous achevions les propos l'un de l'autre. Avec elle, le temps s'abolissait.
- Je crois - lui dis-je - que nous sommes de la même espèce.
- Je n'en ai jamais douté - me dit-elle-...
...Quand bien plus tard, en 1964, je reçus le Grand prix de Littérature de l'Académie Française, François Mauriac, qui ne m'aimait guère, déclara :
- Je voterai pour l'homme qui nous a révélé Simone Weil..."
1924 : Mort du président Woodrow Wilson, utopiste naïf et malfaisant...
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