Éphéméride du 24 avril
Aigues Mortes aujourd'hui
1254 : Retour de Louis IX en France
Saint Louis quitte la Terre Sainte pour rentrer en France, après six ans d'absence : c'est la fin de la Septième Croisade.
Le roi s'était embarqué à Aigues Mortes (ci dessus) en 1249.
Après de sérieux revers militaires (il fut même fait prisonnier, et ne dut sa libération qu'à la forte rançon payée par l'Ordre du Temple, voir l'Éphéméride du 11 février), le roi désira rester plusieurs années en Terre Sainte afin de consolider les États latins d'Orient, mais il fut contraint de retourner en France par le décès de sa mère, Blanche de Castille.
On a dans ce seul fait la démonstration que la royauté française faisait toute leur part aux femmes : dès le XIIIème siècle, elle donna - lorsque la nécessité l'imposait - tout le pouvoir politique, sur la totalité du territoire national, à six femmes, dont quatre étaient étrangères !
Et, parmi ces six femmes, le cas de Blanche de Castille fut unique, puisqu'elle exerça deux fois la régence :
• au début du règne de son fils, à cause de la minorité de celui-ci,
• et en août 1248, jusqu'à sa mort en 1252, afin de lui permettre d'aller en Terre Sainte.
On parle beaucoup aujourd'hui, et on abuse des mots de féminisme, non sexisme, non discrimination, ouverture et autres, sans parler, bien sûr, du prétendu anti-racisme, promu valeur suprême et horizon indépassable de la tartufferie et de l'hypocrisie de la République idéologique... : la royauté, elle, parlait moins, mais montrait d'une façon tout à fait concrète son vrai visage, d'ouverture et de progrès, n'en déplaise aux mensonges officiels et eux travestissements d'une désinformation aussi haineuse que sectaire.
Le roi rembarqua à Tyr (ci dessous), dans le sud du Liban.
Dans notre album L'aventure France racontée par les cartes voir la photo "Saint Louis et le Liban"
1558 : Marie Stuart, "Mary Queen of Scots", épouse le Dauphin de France, le futur François II, à Notre-Dame de Paris
"Paris, en ce 24 Avril 1558, est la première ville du monde pour les réjouissances..."- affirme Stefan Zweig, dans sa célèbre biographie consacrée à Marie Stuart - "...jamais plus Marie Stuart ne verra autant de richesse autour d'elle".
Unanimement célébrée pour sa grâce et son intelligence, Marie est arrivée en France à l'âge de cinq ans. Fille du roi d'Écosse, Jacques V, et de Marie de Guise, elle est élevée avec les enfants royaux dans les châteaux du Val de Loire et, sous la houlette de Diane de Poitiers, elle s'imprègne du raffinement de la Cour des Valois.
Mais c'est un destin tragique qui attend cette jeune reine à qui la vie semblait promettre tant. François II ne régnera que 16 mois, et mourra le 5 décembre 1560.
Reine légitime d'Écosse, elle qui ne sera restée reine de France que seize mois, Marie quittera définitivement la France le 14 août 1561.
C'est au XIIème siècle qu'un Fitzalain, noble d'origine normande, alla se mettre au service du roi d'Écosse, dont il reçut le titre de stewart (sénéchal), qui allait devenir - en se déformant en Stuart - le patronyme de la famille jusqu'en 1542.
L'un des descendants de Fitzalain épousa, en 1315, la fille du roi d'Écosse Robert 1er Bruce - celui-là même qui renouvela en 1326 l'Auld Alliance, voir l'Éphéméride du 23 octobre) - et son fils devint roi en 1371 : il fut le fondateur de la dynastie. À la mort sans enfant d'Élizabeth 1ère Tudor (1603), les Stuarts devinrent roi d'Angleterre en la personne de Jacques VI d'Écosse (Jacques 1er d'Angleterre), car son arrière-grand-mère, Margaret, épouse de Jacques IV Stuart, était la fille de Henri VII Tudor.
(illustration : Blason de Flaithri 1er, dit Fitzalain, fils de Alain Le Dapifer, Sénéchal de Dol : D'or, à la fasce échiquetée d'argent et d'azur de trois tires)
1581 : Naissance du futur Saint Vincent de Paul
Il naît près du petit village de Pouy (ou Paul), près de Dax, le 24 avril 1581, au sein d'une famille noble mais pauvre.
Jean Anouilh a cosigné les dialogues de l’inoubliable Monsieur Vincent, réalisé par Maurice Cloche en 1947 avec Pierre Fresnay, Lise Delamare, Aime Clariond...
http://oeuvre-berceau-st-vincent.cef.fr/
1617 : "Je suis roi maintenant"
C'est par ces mots que réagit Louis XIII à l'annonce de l'assassinat de Concino Concini (ci dessous), plus connu sous le nom de maréchal d'Ancre.
Premier ministre pendant la minorité de Louis XIII, la puissance que lui avait acquise son épouse Léonora Galigaï, femme remarquable, avait mécontenté les seigneurs et le peuple. Sur l'ordre du roi, Vitry, capitaine des gardes, arrêta Concini et, comme celui-ci résistait, il lui tira dans la tête un coup de pistolet, au milieu de la Cour du Louvre.
Jacques Bainville a malgré tout un jugement mesuré sur Concini, et va même jusqu'à lui rendre justice sur un point (qui, de fait, n'est pas négligeable...).
De l'Histoire de France, chapitre XI, Louis XIII et Richelieu : la lutte nationale contre la Maison d'Autriche :
"...La mauvaise réputation de Concini, qui, malgré le témoignage favorable de Richelieu, a traversé l'histoire, vient de la cabale des Parlements qui, à partir de ce moment, s'agitèrent. L'hérédité des charges était sans doute un abus. La bourgeoisie, qui en profitait, y était attachée. Pour défendre ce qu'ils considéraient comme leur bien, les Parlements firent de la politique. Dans leurs remontrances, ils attaquèrent le Florentin Concini, comme ils attaqueront plus tard Mazarin avec lequel il eut des ressemblances.
Cette agitation des gens de robe, qui affectaient de parler au nom du bien public, entraîna celle des princes qui entraîna à son tour celle des protestants. C'est au milieu de ces désordres que Concini appela aux affaires des hommes énergiques, parmi lesquels Richelieu, qui fut nommé secrétaire d'État à la Guerre et se mit en mesure, comme il l'annonça aussitôt, de "châtier les perturbateurs".
Quand ce ne serait que pour avoir inventé Richelieu, Concini ne devrait pas passer pour un si mauvais homme. Son tort fut d'aimer l'argent autant que le pouvoir et, par là, de se rendre impopulaire. Dans la haute fortune qu'il devait à la faveur de Marie de Médicis, il manqua aussi de tact et de prudence et il humilia le jeune roi en affectant de le tenir à l'écart des affaires. Louis XIII venait d'atteindre seize ans. Il se confia à un gentilhomme provençal, de sa maigre suite, Charles d'Albert de Luynes, qui n'eut pas de peine à le convaincre que son autorité était usurpée par le maréchal d'Ancre.
Mais comment renverser le tout-puissant Florentin, maître du gouvernement, des finances et de l'armée ? Il n'y avait d'autre ressource que l'audace. Le 24 avril 1615, au moment où Concini entrait au Louvre, il fut arrêté au nom du roi par Vitry, capitaine des gardes, et, comme il appelait à l'aide, tué à coups de pistolet. "Je suis roi maintenant", dit Louis XIII à ceux qui le félicitaient. Et il congédia les collaborateurs du Florentin, Richelieu lui-même, auquel il adressa de dures paroles que Luynes s'empressa d'atténuer, devinant l'avenir de l'évêque de Luçon. Marie de Médicis fut éloignée..."
1920 : Parution de Les conséquences économiques et politiques de la paix, de Jacques Bainville; ou : Bainville contre Keynes...
On pourrait tout aussi bien dire : Bainville "contre" Keynes, au sens où les sportifs emploient le terme de "contrer" l'attaque d'un adversaire, et de l'empêcher...
Ce cri de colère - politique... - de Bainville répond en effet pour ainsi dire du tac au tac à un scandaleux ouvrage - se voulant purement économique - de Keynes, qui, prenait ouvertement parti pour un traitement amical envers l'Allemagne :
Keynes expliquait (!) qu'il fallait non pas dissoudre l'Empire allemand (qui n'avait que 48 ans d'existence...), comme le réclamaient les royalistes français 'et aussi tous les patriotes, et les "lucides"...) mais au contraire intégrer la nouvelle Allemagne (!) dans l'économie européenne, pour renforcer celle-ci et, croyait-on, préserver l'Allemagne de ses vieux démons, en la rendant "démocratique" : "Les Princes des nuées", tel est le titre d'un livre de Maurras, qui s'applique directement à de telles croyances niaises mais mortifères, comme l'Histoire allait le montrer...
Les théories fumeuses de Keynes - mais aussi d'un grand nombre d'anglo-saxons, notamment le malfaisant président des État-Unis, Woodrow Wilson - allaient directement contre les intérêts vitaux du peuple français, et son livre était à ce titre malfaisant au dernier degré. D'où la réponse immédiate, énergique et d'une fureur contenue de Jacques Bainville...
Dans notre Album Maîtres et témoins... (II) : Jacques Bainville voir les deux photos consacrées à ce débat : "Les conséquences politiques de la paix (1) et " "Les conséquences politiques de la paix (2)"
Et, sur l'action néfaste elle aussi du président des États-Unis Woodrow Wilson, voir l'Éphéméride du 3 février...
Ce n'est pas la première fois que les deux textes sont publiés côte à côte. Cependant, à quatre-vingts ans de distance, l'Histoire a parlé, elle a montré qui avait raison...
Le texte de Bainville parle très peu d’économie. Or le point de vue économique intéressait au premier chef l’opinion britannique ou américaine. En France en revanche, "Les Conséquences politiques de la paix" passa pour ce qu’il est : un chef d’œuvre de l’analyse géopolitique.
L’auteur y montre en particulier qu’en démantelant l’Autriche-Hongrie sans démanteler de manière similaire l’Empire allemand, les négociateurs de la Conférence de Paris ont détruit, au centre de l’Europe, les conditions de l’équilibre européen. Il décrit, en 1920, avec une précision étourdissante, la manière dont une Allemagne révisionniste s’y prendra pour reconstituer sa puissance : annexion de l’Autriche; conquête de la Pologne; éclatement de la Tchécoslovaquie.
Il n’y manque rien, même pas la durée de vie de l’ordre de Versailles : une vingtaine d’années...
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Commentaires
Egalement en ce 24 Avril, bicentenaire du retour d'exil de Louis XVIII débarquant à CALAIS