UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LAFAUTEAROUSSEAU - Page 1286

  • Maurras : censure républicaine

     

    Par Hilaire de Crémiers

     

    1841978860.5.jpg

    Maurras est censuré ! Comme du temps des Boches ! Le livre des commémorations nationales de l’année 2018 a été expédié au pilon pour avoir comporté l’annonce du 150e anniversaire de la naissance de l’écrivain et poète martégal : 20 avril 1868.

    Mme Nyssen, ministre de la Culture, a obtempéré sur le champ à l’ordre venu de politiciens en mal de célébrité et d’officines stipendiées qui sont, comme on ne le sait que trop, les hauts lieux magistériels de la République. Question de foi et de morale : un citoyen n’a pas le droit de penser en dehors du dogme défini et encore moins d’oser regarder au-delà de la règle que lui assigne ledit Magistère.

    L’index est là qui maintient en Enfer ceux qui ne doivent pas en sortir. Non, même pas le purgatoire dont ils risqueraient de se libérer ! Là, c’est définitif. Maurras, c’est le Mal absolu. Comment et pourquoi a-t-il été possible de seulement envisager une telle célébration ? Voilà donc que le Comité des célébrations avec ses sommités a été convoqué à comparaître devant la haute autorité ministérielle pour répondre d’une telle négligence ou, pire, de l’audace d’un tel crime. Nous sommes en 2018 ! Il faut le faire.

    Rappelons, pour les sots qui jouent à l’autorité religieuse et qui prétendent nous régenter, que François Mitterrand plaçait Charles Maurras parmi ses auteurs préférés. Il l’écrit à Anne Pingeot, lettre intéressante que personne n’a jamais citée et où il exprime ses préférences littéraires : de Barrès à Montherlant, en passant par Chardonne et en n’oubliant pas Maurras dont il avait fréquenté l’œuvre, et plus que fréquenté ! Evidemment ! Mitterrand était tout, sauf un cuistre.

    Pompidou, l’un de nos présidents cultivés, non seulement citait Maurras, mais, à la grande fureur des butors de la Gauche salonnarde, lui rendait hommage : dans Le nœud gordien, dans son dernier discours à Sciences-Po. Il considérait le Kiel et Tanger de Maurras comme un livre majeur pour la compréhension de la politique extérieure française. Lequel de nos censeurs ignares en connaît même le titre ? Charles de Gaulle avait dans sa bibliothèque les œuvres de Maurras et n’a pas manqué avant guerre de lui dédicacer ses livres. André Malraux, jeune homme, donnait une préface chaleureuse à Mademoiselle Monk de Charles Maurras.

    Avant-guerre, pas un écrivain, pas un homme d’esprit, à l’exception de quelques envieux, qui ne se flattât d’avoir une relation avec l’écrivain de style puissant et le penseur de haute volée : de Barrès à Anatole France, de Proust à Apollinaire. Il avait pour compagnon Léon Daudet et Jacques Bainville.

    Presque toute la jeune génération littéraire de l’entre-deux guerres a reconnu devoir son initiation intellectuelle à l’homme qui avait offert son génie à la postérité : de Maulnier à Boutang, de Bernanos à Brasillach. Combien d’académiciens lui sont restés fidèles : de Massis à Lévis-Mirepoix, de Bordeaux à Déon, de Gaxotte à Michel Mohrt ! L’Académie française s’est honorée en refusant de le remplacer de son vivant. Et les Français se laisseraient dicter leur goût, leur choix par une petite bande de corniauds incultes. C’est donc ça, la République ? Celle qui envoie Chénier et Lavoisier à l’échafaud !

    Pourquoi tant de haine ? C’est la vraie question. Question bien connue des honnêtes gens et il en reste en France malgré tout. La bêtise et la méchanceté n’ont qu’un seul talent : déceler, sentir leur adversaire, sorte d’hommage que le vice rend à la vertu.

    Charles Maurras est trop haut pour eux, trop profond aussi, trop vrai surtout. Le mensonge ne peut supporter la lumière. « C’est un abri et un bouclier que la lumière ; elle est impénétrable aux curiosités du commun. Les mystères qu’elle recouvre ne seront jamais divulgués. Je lui ai confié les miens » écrivait Charles Maurras en 1894 dans la préface à son Chemin de Paradis.

    Puisse cette lumière jaillir quelque jour pour nous sortir de l’Enfer où la satanique imbécillité à l’intention de nous enfermer pour toujours, et pour nous entraîner sur son chemin de gloire jusqu’aux portes du Royaume.  ■ 

    Hilaire de Crémiers

  • Réaction d'un libraire ... Alexis Chevalier : « Juger un écrivain par rapport au débat actuel est toujours un peu absurde »

     

    Le-Livre-des-commemorations-nationales-2018.jpgA la suite de la décision controversée de Mme Nyssen de retirer Charles Maurras (1868-1952) du livre des Commémorations du ministère de la Culture pour 2018, Boulevard Voltaire a recueilli la réaction d’un libraire du marché Brassens à Paris [9.02]. On l'écoutera avec intérêt après avoir lu l'article d'Hilaire de Crémiers qui précède.  LFAR • 

     

     

  • Une politique pour l'an 2000 de Pierre Debray (3)

    Chute du mur de Berlin

     

    lfar bleu.jpgNous poursuivons la publication de notre série, dont la lecture expliquera à ceux qui ne l'ont pas connu le rôle intellectuel important de Pierre Debray à l'Action Française dans les années 1950-2000.  Cette analyse politique, économique, sociologique et historique, menée méthodiquement, à la maurrassienne, comporte de multiples enseignements, utiles aujourd'hui à notre école de pensée. Comme un stimulant de notre réflexion sur la situation présente de la France et sur l'action que nous avons à y mener. Même si le lecteur devra tenir compte des événements et des faits intervenus au cours des trois dernières décennies.  LFAR

    Lire la suite

  • Paris , ce 13 février, Jacques Trémolet de Villers aux Mardis de Politique magazine, une soirée à ne pas rater !

     

    Rendez-vous à partir de 19 h 00 - Conférence à 19 h 30 précises
    Participation aux frais : 10 euros -  Etudiants et chômeurs : 5 euros

    Salle Messiaen, 3 rue de la Trinité  Paris 9° - Métro La Trinité, Saint-Lazare

    sans-titre pm.png

    Renseignements : Politique magazine, 1 rue de Courcelles Paris 8° - T. 01 42 57 43 22

  • « Ce mot hideux de province »*

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    103879671.jpgOn connaissait l’agacement de nombre de « continentaux » à l’égard de certaines exigences corses.

    Aujourd’hui, c’est une large majorité des sondés (environ deux tiers d’après Le Figaro du 8 février) qui approuve la fermeté du discours du chef de l’Etat à Bastia. L’exaspération provoquée par la stratégie de la frange indépendantiste paraît certes légitime, toute avancée n’étant pour elle qu’une étape d’un processus dangereux. En revanche, et même si c’est vrai d’un point de vue purement comptable, faire grief à la Corse de bénéficier de la « solidarité nationale », c’est oublier et que les Corses ont largement payé le prix du sang dans les conflits où la France s’est engagée et que c’est sans doute la nature même de notre république qui génère cette situation. 

    D’aucuns pensent que M. Macron, en l’occurrence plus politicien que politique, a voulu tirer profit de cette opinion publique. On peut en douter. Nous l’avions écrit ici même, M. Macron, tout simplement parce qu’il ne le pouvait pas, n’annoncerait pas en Corse une prise en compte des revendications de MM. Simeoni et Talamoni. Certes, avec bon sens et surtout habileté, il a reconnu la double spécificité corse, géographique et culturelle, envisageant même son inscription dans la constitution (article 72) mais pour mieux l’étouffer « dans le giron de la République ». Il est en effet avant tout le président d’une République fondée sur l’individualisme des Lumières. On décrète qu’il n’y a que des individus formant peuple (en l’occurrence formant plutôt masse) et que doit disparaître tout ce qui pourrait s’opposer à cette conception. Condamné, donc, le sentiment d’appartenance à ce que l’on a longtemps et joliment nommé la « petite patrie » provinciale. Pour mieux « émanciper » les nouveaux citoyens, on pratique la politique de la table rase. Etre « français » ce sera en fait être républicain, se reconnaître dans les « valeurs » de la République. Logique insensée qui, parce qu’elle nie toute racine, tout héritage, amène à considérer n’importe quel être humain comme un « Français » potentiel ; logique mortifère dans ses conséquences ultimes avec l’attribution du droit du sol à la progéniture de millions d’immigrants déracinés, devenus « enfants de la République ». 

    Ce n’est donc pas nous qui reprocherons à certains Corses de vouloir maintenir une forme assumée d’identité, en demandant la co-officialité de la langue corse et le statut de résident. Evidemment, ces demandes ont une résonance « ethnique » : tout le monde n’est pas corse, c’est ainsi. Mais ceux qui nous expliquent qu’il faut pratiquer, sur l’ensemble du territoire national,  le « vivre ensemble » avec des communautés importées, fortement ethnicisées et identitaristes, sont les mêmes qui dénient à une population originale vivant chez elle la possibilité de rester elle-même. En Corse, les Corses sont bien évidemment chez eux et, qu’on le veuille ou non, un peu plus que les autres malgré tout - sauf à traiter l’île comme les Chinois traitent le Tibet. Si les mesures demandées avaient été appliquées ailleurs en France, par exemple en Provence, ladite Provence n’en serait pas réduite à n’être plus que le prête-nom d’un territoire climatique. La vraie Provence est moribonde et la Corse ne veut pas mourir. 

    Peu ou prou, tout président de la République française est l’héritier des principes chers à Robespierre. Pour les établir, les « grands ancêtres » de 1789 ont inventé « la terreur ». Point de terreur aujourd’hui mais le résultat sera le même : après tant d’autres provinces de France, la Corse sera sacrifiée sur l’autel des valeurs d’une République radicalement hostile à tout ce qui ne serait pas elle.  L’Etat républicain est un Etat faible qui, confondant autoritarisme et autorité, craint et méprise les composantes provinciales historiques du pays. Seul un état naturellement « fort » pourrait s’accommoder d’une décentralisation de fait et de droit.  •

    * André Malraux, discours d’Amiens, 19 mars 1966

  • Le 15h17 pour Paris, ne le ratez pas !

     

    Par Catherine Rouvier

    Voici une intéressante et pertinente tribune de Catherine Rouvier, [Boulevard Voltaire, 11.02] sur fond d'intelligence, de subtilité et d'humour, comme à son ordinaire. Catherine Rouvier, ici, se fait moralisatrice et son commentaire de ce qui est sans-doute un très bon film dont Guilhem de Tarlé nous parlera un prochain weekend, revêt un particulier intérêt social et politique. Catherine Rouvier a participé à quelques unes de nos réunions en Provence. Et nous en gardons un très bon souvenir ...  LFAR 

     

    sans-titre c r.png

    Les moralistes avaient disparu. D’Ésope à La Fontaine, ils avaient utilement émaillé notre littérature européenne, car leurs fables étaient des sortes de paraboles, racontant des histoires pour mieux faire comprendre l’inconvénient d’un défaut – jalousie, orgueil, avarice, paresse, gourmandise – ou les vertus d’une qualité – courage, générosité, travail, sobriété. C’était bien commode pour les rendre sensibles aux enfants que les longs discours ennuient.

    Les enfants d’aujourd’hui ont aussi soif de fables, de contes. Et l’audiovisuel – vidéo, film – en est un vecteur apprécié d’eux et efficace.

    Clint Eastwood n’a pas hésité. Pour illustrer la vertu de courage, pas besoin d’affabuler. Le récit était fourni. Les acteurs toujours vivants. Il fallait juste rejouer, remettre en scène cette soirée du 21 août 2015 où eut lieu l’attaque du Thalys, et remonter le passé des héros de l’histoire.

    Ce faisant, il a délivré un message principal : ne pas avoir peur, combattre même un homme armé pour sauver les vies qu’il entend supprimer, mais aussi quelques autres. L’un des « guys », Anthony Sadler, est noir et se sent un peu déclassé dans l’école ou il côtoie les deux autres : rebelle, il est perpétuellement puni. Les deux autres sont également des élèves jugés difficiles par une directrice qui impute tout naturellement leur violence au fait que leurs mères les élèvent seules.

    L’une d’elles aura le courage d’envoyer son fils, Alek Skarlatos, vivre avec son père pour qu’il se heurte à son autorité. L’autre donne à son fils, Spencer Stone – le grand costaud qui attaquera le terroriste en corps-à-corps -, une éducation religieuse. Chaque soir au coucher, il dit avec ferveur la prière de saint François d’Assise « Là ou est la haine, que je mette l’amour ». Il découvrira, un jour où il vend des hamburgers à un Marine, que s’engager dans l’armée, c’est « sauver des vies ». Il est trop gros, il se prend en main et perdra quinze kilos. Et lors de ses classes, il apprendra la survie en cas d’attaque. 

    Nos trois Californiens, restés amis malgré les séparations, se retrouvent pour un voyage en Europe. Après le Sud (Rome, Venise), ils ciblent Amsterdam, puis Paris. 

    La suite est connue, mais on la redécouvre plus précisément qu’on ne l’avait perçue alors. Chacun des trois jeunes gens, aidés d’un Anglais plus âgé, joue un rôle crucial. Il s’avère, en effet, que le tueur, Ayoub El Khazzani, avait sur lui assez de munitions pour « faire un carnage ». Livré à la police sur place, il est, depuis, en attente de procès, et son avocat voudrait « faire interdire le film », arguant d’une présomption d’innocence… sérieusement écornée, tout de même, par le fait qu’il a été pris en flagrant délit ! C’est ce qu’ont dû penser les juges, qui ont considéré qu’il s’agissait bien, dans le film, d’une reconstitution authentique.

    Alors, oui, les élèves difficiles peuvent être de la bonne graine. Et non, les mères abandonnées ne feront pas forcement de leurs fils des délinquants. Lors de l’attaque, la prière de saint François montera une fois encore aux lèvres du grand costaud prêt à donner sa vie, et ses dernières phrases y prennent un sens particulier : « C’est en donnant qu’on reçoit, c’est en pardonnant qu’on est pardonné, c’est en mourant qu’on naît à la vie éternelle. »

    Ne ratez pas le 15 h 17 pour Paris et emmenez-y vos enfants. Les moralistes sont de retour !   


    Docteur d'Etat en droit public, avocat, maitre de conférences des Universités

     
  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Religion & Société • Où Michel De Jaeghere montre commrent Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes

     

    Par Michel De Jaeghere

    Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme. Michel De Jaeghere donne ici une excellente recension du dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion    LFAR

     

    De_Jaeghere.jpg

    Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.

    La nocivité générale du « fait religieux », sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion, son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: « Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme

    Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.

    Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce : ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre : la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester : cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle : la charia.

    La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité : bien plutôt comme une utopie mortifère.  

    XVM25546dd8-080d-11e8-9c17-e8e9a4c74ce5-140x200.jpg

    Sur la religion, de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.

    Michel De Jaeghere

    Directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série.

  • Cinéma • La Douleur

     

    Par Guilhem de Tarlé 

    La Douleur, un drame d’Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel et Benjamin Biolay, d’après le roman de Marguerite Duras. 

    Il y avait un silence de mort dans la salle au moment du générique final, une atmosphère lourde de spectateurs se sentant sans doute « coupables » des camps de concentration et d'extermination nazis. Heureusement, nous dit-on en filigrane, les communistes étaient là pour libérer la France ! et dans la liesse populaire, à Paris, le chant de L'internationale couvrait La Marseillaise !

    Oui le film est bon, et je n'y ai même pas ressenti  - une fois n'est pas coutume - les longueurs qui ont ennuyé mon épouse.

    Le film est bon, et même intéressant qui nous incite à revisiter les icônes, mais précisément j'en ai marre de cette cinématographie univoque, cette hagiographie récurrente des intellectuels de gauche (pléonasme) quand en même temps La Pléiade renonce à publier les pamphlets de Céline, et le ministre de la Culture exclut des célébrations 2018 le cent cinquantenaire de la naissance de Maurras.

    Un peu de pudeur MM. les réalisateurs : faisant fi du pacte germano-soviétique et des sabotages du début de la guerre, les résistants Marguerite et Robert Antelme ont adhéré au PC « F » en 44-45 alors que Staline dictaturait en Union soviétique et construisait le rideau de fer.

    N'est-ce pas un comble que les mêmes qui ne cessent de se vanter de la résistance d'hier nous invitent aujourd'hui à collaborer au Grand Remplacement ?  

    PS : Je vous propose mon blog  Je ciné mate avec déjà une quarantaine de films. Vous pouvez vous y abonner (en bas à droite) pour recevoir automatiquement les mises à jour et surtout y retrouver d’anciennes notices grâce au bouton Recherche (je continuerai de le compléter progressivement, à votre demande, de mes « critiques » 2016 et 2017)Merci, outre vos commentaires éventuels, de m’indiquer les difficultés que vous rencontrez, les corrections nécessaires ou les améliorations à apporter à ce blog.   https://jecinemat.wordpress.com

  • Un reportage sur la maison de Charles Maurras à Martigues aujourd'hui, dimanche sur C8. A ne pas manquer !

     

    Retrouvez ce dimanche 11 février à 19:05 dans l'émission Les Terriens du Dimanche sur C8, un reportage sur la maison de Charles Maurras à Martigues.

    Notre porte-parole en Provence, Luc Compain, était invité à s'exprimer sur ce sujet !   •

  • Culture • Loisirs • Traditions

  • Famille de France • Prince Jean : « Un moment de répit dans une année bien entamée »

     

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpg

    2018 a démarré à toute allure. 

    Après l’enterrement de mon frère le Prince François et la réponse aux condoléances et aux voeux qui se poursuivent encore, il y a eu à l’Institut la remise des prix de la Fondation Stéphane Bern. Stéphane Bern que je retrouvais chez nous à Dreux, pour une partie du tournage d’un « Secrets d’Histoire » consacré au Roi Louis-Philippe, qui passera sur nos écrans sans doute au printemps. 

    Puis avec Gens de France, la reprise des visites pour des élèves des écoles de Dreux et d’autres groupes, malgré la pluie incessante et le vent que nous avons de façon quasi continue depuis le début de l’année. La Sainte Geneviève célébrée dans notre chère Chapelle Royale avec la Compagnie de gendarmerie de Dreux, suivie lors de la réception d’un échange de discours sur les perspectives sécuritaires de Dreux et de sa région. Enfin les vœux du Maire avec de beaux projets comme la fête des plantes début avril et le départ de la 8ème étape du tour de France le 14 juillet. 

    Dans les nouvelles nationales, c’est l’histoire des « fausses nouvelles » qui a retenu mon attention. Là où il y a information, il y a désinformation et ce qu’on appelle désinformation peut se révéler être de l’information comme ce qu’on appelle information peut tout à fait se révéler être de la désinformation … vous me suivez ? Dans un monde de la bien-pensance comme le nôtre, difficile de faire la distinction, à moins d’avoir une tête bien faite et un jugement libre. Et de toute façon, pour le chrétien que je suis, il n’existe qu’une seule Bonne Nouvelle. 

    Pour terminer sur une note moins solennelle, il a neigé aujourd’hui. Le domaine s’est couvert de sa blanche parure qu’il sort pour certaines occasions. Les « petits princes » en ont bien profité. Un moment de répit dans une année bien entamée.     

    Louis-Marguerite-Gaston-et-Antoinette-c-Gens-de-France-1024x768.jpg

      

    Jean de France, duc de Vendôme
    Domaine Royal de Dreux le 5 février 2018

    Le site officiel du Prince Jean de France

  • Culture • Il était une fois la lecture

     

    Par  Mathieu Bock-Côté 

    TRAVAUX DIVERS - Largeur +.jpgDans cette tribune du Journal de Montréal [3.02] Mathieu Bock-Côté exalte - avec quelque prudence pour ne pas « braquer » la sensibilité postmoderne - les vertus de la lecture. Vertus au service de la culture, naturellement, mais aussi, si l'on peut dire, vertus anthropologiques. Pour contrecarrer ce que Jean-François Mattéi appelait notre barbarie intérieure. Et pour édifier ou préserver la civilisation.    LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    La lecture a longtemps disposé d’un statut particulier dans notre monde. Elle était associée à la culture, à la connaissance, à la méditation. L’homme savant lisait, et l’homme qui lisait était réputé un peu plus savant que les autres. On ne saurait dire que ce prestige est complètement éteint. La lecture conserve ce qu’on pourrait appeler un vieux charme. Mais c’est désormais, il faut bien en convenir, pour peu qu’on regarde autour de soi, une passion spécialisée. La lecture ne s’impose plus comme une activité absolument recommandable au-delà du petit cercle de ceux qui l’aiment vraiment. Et ceux qui ne lisent pas, ou lisent peu, ont moins mauvaise conscience qu’auparavant. Ils n’ont plus l’impression de manquer quelque chose d’essentiel. Je ne l’écris pas à la manière d’un reproche, ou du moins, pas d’abord comme tel, mais à la manière d’une observation sur nos contemporains. Comment se cultivent-ils, lorsqu’ils veulent se cultiver ? On nous répondra peut-être que telle n’est pas la question et qu’il faudrait maintenant parler du divertissement. C’est peut-être pour cela que ceux qui lisaient des romans se consacrent désormais aux séries télés, d’autant qu’il y en a d’excellentes, ce que personne ne contredira. Elles offrent désormais la matière de la culture commune. Elles sont néanmoins chronophages et en viennent à monopoliser au quotidien tout le temps disponible pour la culture.

    Même l’école n’accorde plus nécessairement un privilège à la lecture. Lors d’une entrevue que je menais il y a quelques mois à Radio VM avec le directeur d’une école privée qui se présente comme un laboratoire de l’innovation pédagogique, ce dernier m’expliquait qu’il y avait aujourd’hui plusieurs manières de s’informer et de se cultiver, et que la lecture ne devait pas avoir un statut privilégié. On peut y voir un symptôme de plus de la radicalisation de la logique égalitariste, qui nivèle tout et a la tentation d’abolir ce qui relève de l’ancienne hiérarchie de la connaissance. On peut y voir aussi le révélateur d’une pédagogie qui flatte la paresse naturelle de l’élève en l’enfermant dans une culture du son et de l’image – autrement dit, dans une culture de l’écran. Cela dit, lorsque l’école elle-même renonce à sacraliser la lecture, et pire encore, à sacraliser d’une manière ou d’une autre les classiques de la littérature, elle renonce à ce qu’on pourrait appeler une mission de civilisation. D’autant que le culte du silence qui accompagne celui de la lecture est une condition de la vie intérieure, et que c’est justement cette dernière qu’il nous faut redécouvrir et protéger, tout à la fois, si on veut résister à l’aliénation propre à une société massifiée qui nous conditionne à suivre les mouvements de foule tout en nous laissant croire à notre singularité.

    On aurait tort, pourtant, de désespérer. Ou du moins, de désespérer intégralement. Car on constatera, par exemple, que la bibliothèque personnelle conserve quelque chose comme un pouvoir d’envoûtement. Celui qui entre dans une pièce remplie de livres, et encore mieux, de livres lus, est souvent intimidé. Comment ne pas s’en réjouir secrètement ? Car l’intimidé du moment avoue alors qu’il respecte là un univers auquel il reconnaît une valeur en soi, et qu’il se sent mal d’y participer insuffisamment. Le libraire Bruno Lalonde, une des figures essentielles de la culture du livre à Montréal, a défendu à de nombreuses reprises l’importance de se construire une bibliothèque personnelle. Habiter la sienne peut même devenir une nécessité physique et spirituelle. J’ai toujours eu grand plaisir à voir de jeunes hommes et de jeunes femmes dans le début de la vingtaine commencer à construire la leur, et s’enorgueillir d’avoir trouvé certains trésors. Ils découvrent là une passion qui illuminera leur vie. On peut rêver et espérer qu’un jour, pas demain mais après-demain, il redeviendra normal d’aménager dans nos maisons et nos appartements un coin réservé à la lecture. Les contraintes de la vie moderne n’y sont pas favorables, le bruit envahit tout, l’agitation est partout. Mais c’est justement pour cela qu’il faudrait réaménager un environnement physique favorable à la lecture, car si on peut lire n’importe où, et dans n’importe quelles circonstances, il existe néanmoins un art de la lecture qui pour s’exercer pleinement, a besoin d’un environnement favorable. La civilisation se construit une bibliothèque à la fois.      

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Justice • Jacques Trémolet de Villers : Mos Majorum

     

    PAR JACQUES TRÉMOLET DE VILLERS

    Le lundi 20 novembre, le barreau de Paris honorait quelques-uns de ses illustres membres dont la réputation méritée se voyait accorder la Médaille du barreau de Paris. Le bâtonnier de Paris, Maître Frédéric Sicard, et le vice-bâtonnier, Maître Basile Ader, présidaient cette cérémonie. Notre ami Jacques Trémolet de Villers était parmi les récipiendaires. C'est justice ; c'est le cas de le dire. Nous lui adressons les félicitations de Politique magazine et de Lafautearousseau ... . À l'heure où l'antique palais de justice va déménager - en partie - porte de Clichy, dans un immeuble de verre et d'acier de 160 mètres de hauteur, notre ami et chroniqueur habituel nous a fait parvenir un billet d'humeur et d'humour. 

     

    3444282921.2.jpgLe 20 novembre dernier, le Barreau de Paris honorait ses Anciens. J’aurais pu écrire, comme Cicéron, « les Vieillards », mais le terme si rempli d’honneur, il y a quelques deux mille ans, a, aujourd’hui, une connotation péjorative qui entraine l’incompréhension.

    Nous étions donc quelques-uns, dans la haute salle de la Bibliothèque de l’Ordre en ce palais de l’Île de la Cité que nous allons quitter, à recevoir, pour nos cinquante et, voire, soixante ans d’exercice, la médaille des vieux travailleurs.

    Je n’aime pas beaucoup les décorations. Sans doute est-ce pour cela que je n’en ai aucune. Mais cette médaille du Barreau de Paris, délivrée à l’ancienneté, comme les autres promotions, m’a rempli de doux souvenirs et de sereines méditations.

    Parmi les plus anciens – les vrais vieux qui nous dominent d’une décennie –, nous distinguons Henri Leclerc, dont tout le monde sait, en dehors de son talent, son engagement à gauche, et François Gibault, dont l’allure cavalière et aristocratique dit qu’il se situe, de façon quasi génétique, à l’opposé. Mais ces opinions passagères ne comptent pas ici, quand la seule passion de la Défense unit les hommes dont une même robe habille les paroles et les sentiments. À côté des hommes célèbres, de moins connus, de plus obscurs, non pourtant dénués de talent, recevaient aussi le prix de leur persévérance. Et le Barreau de Paris apparaissait ainsi toujours le même dans ses apparentes oppositions. Mais n’est-ce pas notre grâce particulière d’être, à la fois, tous les jours, adversaires et confrères ? L’escrime du procès est notre quotidien et la courtoisie des armes notre façon d’être. Retrouver des confrères, c’est retrouver des contradicteurs. Chaque souvenir est une bataille, gagnée, perdue,… indécise.

    Le Bâtonnier, d’une voix forte, a dit à chacun son mérite et, tous ensemble, nous avons posé pour la « photo souvenir », sous les armes du Barreau de Paris « d’un temps qui était moins démocratique que le nôtre », a dit le Chef de notre Ordre, devant ces nuages où les anges portent les fleurs de Lys.

    Demain, nous serons dans une tour dont je ne sais combien elle a d’étages, en béton, fer et vitres, aux Batignolles, près du périphérique. Nos salles d’honneur ne s’appelleront plus Saint-Louis, Berryer, d’Aguesseau ou Tronchet, mais Badinter et Simone Veil. Petites anicroches concédées au temps qui passe. Quel temps long durera cette tour de fer et de verre ? Et qui saura, dans deux siècles, qui étaient Robert Badinter et Simone Veil ? Les célébrités de l’instant s’évanouiront avec lui. Le marbre et les pierres conservent plus sûrement les gloires temporelles et si une nouvelle et provisoire Cité judiciaire abritera notre Tribunal parisien, le vrai Palais de Justice, où siègent la Cour d’Appel et la Cour de Cassation, sera toujours au cœur de la Cité.

    Paris est une ville royale et notre justice, quand elle fête ses anciens, ne peut pas oublier ses fleurs de lys. Elles sont partout.

    Un éphémère Président de la Cour de Cassation avait bien essayé, dans le hall d’entrée de la juridiction qu’il présidait de nous imposer des petites pyramides entourant des obélisques lumineuses. Son successeur a fait rapidement enlever ces objets amusants, mais saugrenus, qui encombraient l’entrée de la Galerie Saint-Louis. Je ne suis pas cependant assez naïf pour ne pas imaginer que l’effort de déchristianisation de nos symboles qui est aussi une œuvre de défrancisation –car les deux vont ensemble, comme pour nous rappeler, si nous l’avions oublié, que France et Chrétienté marchent d’un même pas –, s’arrêtera-là. Nous devrons subir encore d’autres assauts. Mais chaque génération qui arrive revêt la robe, prête serment à la Première chambre de la Cour d’Appel dont la tapisserie montre la gloire de Daniel face aux mauvais juges qui accusaient la chaste Suzanne, et les cérémonies qui les accompagnent ne peuvent pas omettre que c’est à Philippe Auguste et à saint Louis que le Barreau doit d’être ce qu’il est. Les permanences sont d’autant plus ressenties que l’époque les a revêtues d’un aspect presqu’insolite. On ne va plus vers elles seulement par tradition, mais aussi par désir de renaissance. Elles inspirent le respect et peuvent aussi nourrir l’insolence. Les autorités séculaires sont sources de libertés très modernes. Il suffit d’un peu d’histoire pour le savoir.

    Ma médaille de vieux travailleur, porte un seul mot gravé « Justitia ». Il est latin et romain, comme l’effigie qui tient la main de justice, assise dans sa chaire curiale.

    Au dos, les lauriers forment une couronne.

    Ne manque que celui dont la tête à vocation à ceindre la couronne et la main à tenir la justice.  

    Jacques Trémolet de Villers

    photo-3.jpg

    Future salle des pas perdus du nouveau palais de justice.