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Actualité France - Page 410

  • SOCIETE • Heureusement, un trisomique n’est pas assez c… pour lire Charlie hebdo

     

    Par François Teutsch

    Nous avons été parmi les tout premiers à déclarer que nous n'étions pas Charlie. Et à tenter de dire pourquoi. Si possible avec de sérieuses raisons. Nous n'étions pas nombreux, au lendemain du 7 janvier, à tenir cette positon. Face à cette folie collective que l'opération de propagande socialiste  Je Suis Charlie a réussi à installer dans le pays, la réaction s'est fait attendre. Puis elle a eu lieu, progressivement. Et ensuite, largement. C'est dire que nous sommes d'accord, dans le cas présent, avec les réflexions à la fois fermes et délicates que François Teutsch a données à Boulevard Voltaire. Les voici.  LFAR

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpg« L’esprit Charlie » a encore frappé. Avec finesse et délicatesse, avec bon goût et subtilité. La une de Charlie Hebdo du 7 octobre proclame « Morano, la fille trisomique cachée de De Gaulle ». Suit une caricature du général qui tient dans ses bras un bébé Morano emmailloté, les yeux bridés et la langue pendante sur un filet de bave.

    Charlie ne prend pas grand risque avec un tel dessin : nul trisomique ne viendra jamais, fusil mitrailleur à la main, flinguer le dessinateur à l’humour si inspiré. Cela, c’est réservé aux islamistes. Ceux que Charlie ne caricature plus depuis l’attentat du 7 janvier.

    Tacler Nadine Morano n’a rien de répréhensible, y compris par la caricature grossière. Mais ce dessin est ignoble. Non par celle qui y est représentée, mais par l’insulte qu’il profère à l’encontre d’une population handicapée mentale, qui vit – encore un peu – au sein de notre société. Même si 96 % des bébés trisomiques sont éliminés par avortement, ceux qui vivent parmi nous sont des personnes aussi dignes de respect que n’importe qui. Pas aux yeux de ce dessinateur qui visiblement n’en a jamais croisé un.

    Ce dessin est ignoble parce qu’il s’attaque aux plus faibles, à ceux que leur handicap rend incapables de se défendre, de riposter, de rendre coup pour coup, ou, mieux encore, de sourire d’un air méprisant à l’auteur de ce torchon. Un trisomique est sans doute, à ses yeux, un sous homme. Un « mongol » comme le disaient les enfants de ma génération dans la cour de récréation. Un incapable et un gêneur. Ce dessin me rappelle la réflexion entendue un jour : « comment y en a-t-il encore autant avec la généralisation du dépistage ? ». En bref, pourquoi toutes ces bouches inutiles et coûteuses sont-elles encore autorisées à vivre ?

    Ce dessin est ignoble parce qu’il atteint aussi la mémoire d’un père, Charles De Gaulle. Non le général, non le chef d’État, mais l’homme privé dont la fille Anne était trisomique. Cette enfant qu’il a aimée, élevée et soignée jusqu’au bout. Cette enfant qu’il a enterrée un jour de 1948 avant de dire à sa femme « Venez, elle est comme les autres maintenant ». Placer un trisomique de caricature dans les bras de De Gaulle, ce n’est pas mener un combat politique, c’est cracher à la figure d’un père blessé.

    Monsieur Riss devrait s’approcher un jour d’un de ces êtres inutiles et coûteux. Prendre le temps de se pencher sur ce visage déformé. De plonger son regard dans celui de l’autre. De lire l’insatiable besoin d’affection qu’il révèle. Il devrait se laisser enlacer par un de ces enfants. De parler aussi avec lui. Oui, un trisomique parle. Il ne profère pas des borborygmes. Oui, il y a des trisomiques plus intelligents que d’autres. Oui, un trisomique peut apprendre à lire. Oui, un trisomique est un compagnon de bonheur. Non comme un animal domestique dont on se lasse, mais comme une personne humaine dont la dignité est magnifiée par la faiblesse.

    Un enfant trisomique c’est souvent un frère ou une sœur dont on s’occupe avec soin, et qui a, bien malgré lui, un rôle éducatif essentiel : il apprend aux autres à l’aimer non pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il est. C’est une lourde charge pour une famille, une croix quotidienne à porter parfois. Mais surtout un exemple de bonheur. Car voyez-vous Monsieur Riss, ce qui frappe le plus chez ces enfants, c’est qu’ils sont heureux. Oui, heu-reux.

    Et puis, l’enfant trisomique a une immense qualité : il n’est pas assez c… pour dessiner des saloperies pareilles. En bref, il n’a pas « l’esprit Charlie »

     - Avocat.

  • Où Hubert Védrine distingue entre les régimes résignés au multiculturalisme et ceux qui n'en veulent pas ...

     

    « Les sociétés d’Europe de l’Ouest sont favorables aux sociétés multiculturelles, ou s’y sont adaptées, ou s’y sont résignées, appelons-ça comme on veut. En Europe de l’Est, pas du tout. Ils pensent que les sociétés multiculturelles sont un échec flagrant, spectaculaire, ils n’en veulent pas. Donc ils ne veulent pas, sous couvert de la nécessité de donner l’asile à des gens vraiment persécutés entrer dans cet engrenage. Ce n’est pas de la xénophobie dans le sens où ils sont contre un groupe ethnique en particulier, ils ne veulent pas de l’évolution multiculturelle. Il ne faut pas s’en prendre qu’à la Hongrie. Il y a six, sept ou huit pays qui pensent comme ça. Il ne faut pas avoir peur d’en parler. »

     

    Hubert Védrine

    France Inter, La Matinale, le 28 septembre 2015

     

  • La royauté n’est pas une utopie !

     

    par Jacques Trémolet de Villers 

    Un lecteur reproche à Jacques Trémolet de Villers d’avoir écrit que « L’espérance est royale » (« L’espérance est royale », Politique magazine n°144, octobre 2015, p.31). Le chroniqueur de Politique magazine persiste et signe. Explications détaillées…

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgUn lecteur m’écrit : « Ne parlez pas de l’espérance politique Royale ! La Royauté n’est pas une espérance, c’est une utopie. »

    Merci pour le propos. Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

    Il définit le principal obstacle à l’espérance.

    Voici ma réponse.

    1. L’utopie est un mot hautement respectable puisqu’il a été forgé par un homme plus qu’estimable, un saint, et précisément un saint en politique, ce qui est rarissime, saint Thomas More.

    L’utopie, chez Thomas More, c’est un royaume imaginaire, une fantaisie littéraire de philosophe platonicien. Ce rêve n’est pas inutile car il provoque la réflexion et peut aider à sortir des routines où s’enlise trop souvent le politique.

    Mais ce n’est absolument pas un projet de gouvernement, ni un traité d’art politique.

    Thomas More qui s’y connaissait pour avoir été Grand Chancelier du Royaume d’Angleterre n’a pas subi le martyre parce qu’il avait voulu garder son utopie.

    Il est mort à cause de sa fidélité très concrète à l’Eglise de Rome et de son refus de prêter le serment schismatique exigé par son Roi. Rien de plus concret, de plus simple et de plus réaliste, aux antipodes de sa fantaisie littéraire dénommée UTOPIE.

    2. Si le royaume (qu’il soit de France, d’Angleterre ou d’ailleurs) est le contraire même de l’utopie, la démocratie universelle dont le rêve anime tous nos dirigeants est, elle, en revanche, une véritable et catastrophique utopie. Le petit Larousse cite, à son propos, la formule de Lautréamont :« La grande famille universelle du genre humain est une utopie digne de la logique la plus médiocre ». Une politique qui se fonde sur une telle chimère est de nature à donner corps aux pires cauchemars, dont nous voyons les prémices s’agiter sous nos yeux.

    L’utopie n’est donc pas là où on la croit.

    3. Le royaume de France, loin d’être un rêve, est la seule réalité dont nous soyons absolument certains puisque, contrairement à la démocratie idéale où l’on n' arrive jamais et dont la réalisation est toujours remise à demain, il a été, et il est. Nous en venons. Nous en vivons. Nos yeux le voient sur la terre de France, dans les maisons, les églises, les châteaux et les chaumières, dans les villes et dans les villages, dans la poésie et dans la prose. Nos oreilles l’entendent dans les musiques et les chansons. Notre langue le parle. Notre pensée elle-même n’existerait pas sans les mots et les idées qu’il nous a donnés. Pour paraphraser une formule de Jean-Paul II sur la culture de la nation : « Il fait en nous ce qui est humain ».

    4. Pour beau qu’il fut et qu’il demeure, le Royaume de France n’a jamais été et ne sera jamais une société idéale, un royaume d’utopie.

    Son histoire nous montre ses ombres et ses lumières. Son champ est mélangé de bon grain et d’ivraie. Mais il est aisé de discerner les constants de son ordre : le goût de la vérité, la passion de la liberté, le besoin de justice et l’amour de la beauté. Celui qui, aujourd’hui, fait personnellement siennes ces permanences, est du royaume et continue le royaume, qu’il soit de droite, de gauche, du centre ou d’ailleurs.

    5. Si le royaume de France, grâce à Dieu, persévère chaque jour dans son être, sans le règne d’un roi, il est aussi évident que cette maison qui nous est commune a un urgent besoin de retrouver un maître de maison. L’histoire de nos deux derniers siècles est éloquente. Les intendants provisoires qui ont prétendu remplacer le Roi n’ont pas su garder la maison. On peut citer la phrase du Général De Gaulle écrivant au Comte de Paris, en novembre 1969, après son départ : « Je m’en vais, mais vous, vous demeurez ». Reste que si la famille royale, effectivement, demeure et se continue, elle n’est pas à la place où nous avons besoin qu’elle soit.

    C’est pourquoi, tant que cette institution ne sera pas établie, nous serons dans l’espérance.

    La conclusion est aussi simple que la démonstration. Le Royaume est toujours là, mais de plus en plus menacé, délabré… la famille royale est là, mais seuls quelques-uns la reconnaissent pour telle. La seule action utile est de multiplier le nombre de ces quelques-uns pour qu’il soit décisif. Cette action est culturelle parce qu’elle commence par la connaissance et l’amour du royaume, son histoire ses mœurs, ses trésors… elle est politique parce qu’elle vise à instituer un Etat conforme au droit, à la nature et à l’histoire.

    Elle n’est ni partisane, ni idéologique, ni sectaire, ni chimérique. Elle ne veut que l’union et le bonheur de tous dans une maison qui est, précisément, la maison de tous et dont nous savons qu’elle est une belle et douce maison dont le jardin est « un champ semé de lys ».   

     - Politique magazine

  • TV • Invité de Laurence Ferrari sur iTELE, Philippe de Villiers n'a pas mâché ses mots !

     

    Nous avons souvent évoqué l'activité publique de Philippe de Villiers ces temps derniers. L'envolée du Puy du Fou, sa trilogie historique (Saint Louis, Jeanne d'Arc et Charette), le livre qu'il vient de publier (Le moment est venu de dire ce que j’ai vu), ses diverses déclarations aux médias, sont de sérieuses raisons de le faire. Des raisons qui ne tiennent pas à la politique politicienne mais au service de la France, des idées et des principes  qui pourraient restaurer sa souveraineté et la rendre, au fond, à elle-même. La replacer dans sa trajecoire historique.

    La vidéo qui suit ne dure que 14 minutes. Ecoutez donc les analyses et les propos de Philippe de Villiers. Ce discours est le nôtre ! LFAR 

     

     Durée : 14'22''

  • TV • Finkielkraut chez Ruquier

     

    par Nicolas Julhiet

    Venu présenter – et donc défendre – son nouvel essai La seule exactitude, Alain Finkielkraut s’est installé dans le fauteuil de l’invité chez Ruquier, samedi soir, dans On n’est pas couché. Sensiblement moins théâtral que sur d’autres plateaux, il n’en est pas moins resté très didactique offrant une leçon de rhétorique aux téléspectateurs. Comme toujours dans cette émission, l’actualité commande le déroulé et, au-delà du livre, l’académicien était soumis aux questions sur Nadine Morano, la notion de race ou, encore, les migrants et l’Islam. Des sujets qu’il connaît, qu’il maîtrise et pour lesquels sa pensée le fait, irrémédiablement, passer dans le camp des réacs. Estimant, pour forcer le trait, que c’était mieux avant et que l’on se dirige collectivement vers du moins bien, sur tous les plans, de la politique à la culture, Alain Finkielkraut a, plus précisément, dénoncé l’hystérie collective sur les migrants, l’absurdité des dénonciateurs de l’islamophobie et les fossoyeurs de l’école dite républicaine.

    A côté des deux chroniqueurs (Moix et Salamé), se tenait un autre invité qui trépignait pour intervenir. Son nom : Thomas Guénolé, un politologue dont le crâne est aussi lisse que la pensée. Visiblement agacé de ne pas arriver à sortir de l’anonymat, malgré sa présence dans plusieurs médias, il a tenté d’instruire un procès à charge contre le philosophe pour apparaître tel un saint Georges – à rose et non à croix – terrassant le dragon réac’ pour faire lever les foules et gagner le cœur des conscientisés. Hélas, l’homme s’est complètement ramassé, ne récolant même pas de maigres applaudissements. Pire, son accusé a tout juste pris la peine de lui répondre, préférant lui adresser d’immenses soupirs. Il faut, en revanche, saluer sa lucidité : sentant la bête lui échapper, il s’est abstenu d’intervenir à nouveau. Qu’il en soit remercié.

    Pour le reste, pas grand-chose à retenir. Du name-dropping à tout va – c’était à celui qui déclamerait la plus belle citation -, des sempiternels échanges sur les Juifs et les Musulmans ou sur les progressistes et les conservateurs où chacun campe sur ses positions en accusant l’autre parti d’incarner la pensée dominante. Bref, un bon vieux débat entre républicains. 

  • A DROITE TOUTE ?

    Pourquoi les jeunes sont passés à droite (une analyse du Figaro)

     

    Par François Marcilhac 

     

    500021990.jpgLe Reich pour mille ans, la société communiste universelle réalisant l’histoire, le village mondial l’abolissant — mais réaliser ou abolir l’histoire n’est-ce pas la même chose, puisque c’est refuser dans l’un et l’autre cas sa dimension tragique ? : les utopies sont destinées à mourir. 

    La première a disparu dans la catastrophe mondiale qu’elle avait engendrée ; la deuxième, qui ne tenait plus que par la rouille de sa propre corruption et de son propre mensonge, s’est effondrée sur elle-même, et déjà, celle qui se vante de lui avoir succédé, se fissure de toutes parts. Le XXIe siècle sera bien celui du retour de l’histoire, ou plus exactement, car elle ne s’est évidemment jamais absentée, celui du retour de la conscience pleine et entière que l’humanité ne peut pas échapper à l’histoire. L’ « Occident » avait inventé l’utopie, qui lui servit de prétexte pour apporter les Lumières à l’humanité et l’y asservir sous prétexte de l’émanciper : le reste du monde, tant qu’il ne put échapper à sa domination matérielle, fit semblant d’y croire. Avec, d’un côté, le reflux colonial, et, de l’autre, la disparition de l’enfer soviétique, le message occidental, dont le matérialisme millénariste s’était substitué à l’eschatologie chrétienne, s’est dissous : les nations ont partout repris leur droit. Les nations européennes sont évidemment les dernières à recouvrer le chemin de l’histoire, sclérosées qu’elle sont encore par cet ersatz d’utopie qu’est l’Union européenne. Mais le défi migratoire, la confrontation avec un islam bien concret, alors que les peuples européens avaient cru pouvoir réduire la religion à l’état d’ectoplasme, ou encore le retour des logiques nationales, dont la Russie donne un solide exemple, tout, aujourd’hui, concourt à ouvrir les yeux des Européens, notamment des Français.

    Dans Le Figaro du 25 septembre dernier, Natacha Polony se demande pourquoi Libé ou Le Monde s’en prennent avec une telle violence à des intellectuels pourtant de gauche qui constatent le retour du refoulé et en prennent acte, sans nécessairement s’en réjouir. Et de juger que « le crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou de quelques autres intellectuels cloués au pilori porte un nom : le souverainisme ». Elle a raison de pointer cette haine du « peuple souverain » de la part d’une France oligarchique de gauche — « le libéralisme est de gauche » a récemment rappelé Emmanuel Macron — qui a toujours méprisé un peuple que le projet européen a l’immense avantage de neutraliser, englué qu’il serait dans ce que la philosophe Chantal Delsol caractérise comme une « idiotie » impardonnable aux yeux des cosmopolites : le désir d’enracinement. Mais il faut comprendre que le mythe du « peuple souverain » n’a été, lui-même, depuis la Révolution, que le mensonge derrière lequel l’oligarchie s’est dissimulée pour priver le pays réel de ses droits réels, le premier de ces droits — et le dernier visé — étant précisément celui de vivre dans une pays libre et souverain, c’est-à-dire indépendant. Il est amusant, à ce titre, que Natacha Polony écrive dans le journal qui n’est que le pendant « de droite » de Libé et du Monde : que je sache, Le Figaro, s’agissant notamment du « non » des Français au traité constitutionnel, a témoigné du même mépris que ses confrères « de gauche » pour le « peuple souverain », un mépris que nous avons le droit de qualifier de classe, les intérêts de l’oligarchie ignorant les frontières tant politiques que nationales.

    Le vrai crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou encore de Christophe Guilluy se penchant sur la France périphérique, est précisément de commencer à s’apercevoir, contre leur propre tradition idéologique, à la faveur notamment, mais pas uniquement, d’une réalité migratoire qu’ils se mettent à interroger, que derrière un peuple souverain conceptuel, hors-sol, existe un peuple de chair, qui s’interroge, qui souffre, voire qui refuse sa disparition programmée. Et qui le traduit dans les urnes. D’autant que, contredisant les fausses niaiseries cosmopolites et renforçant la problématique liée à l’identité française, « l’attitude des migrants est d’autant plus troublante que ceux-ci semblent refuser l’intégration, et même manifester un certain mépris pour la population autochtone », remarque Vincent Tournier, politologue, dans Le Figaro du 24 septembre, commentant un récent sondage (Elabe pour Atlantico) selon lequel 35% des 18-24 ans se positionnent à droite et 17% seulement à gauche. En 2012, les jeunes s’étaient surtout portés sur François Hollande, qui, durant sa campagne, avait fait de la jeunesse la «  priorité  » numéro un de son quinquennat. Il est vrai que, une fois président, il en a été de son amitié pour la jeunesse comme de son inimitié pour la finance : trois ans après son élection, la finance est toujours au pouvoir et la jeunesse toujours au chômage. « Dans le même temps, les crispations sont très fortes au sujet de la place de l’Islam en France et ce n’est pas sans conséquences sur l’attachement aux racines ou à l’héritage judéo-chrétien de la France, davantage revendiqué qu’il y a quelques années », commente pour sa part le politologue Yves-Marie Cann (Atlantico, 23 septembre). Et ce au moment où d’autres intellectuels de l’établissement, comme Pierre Manent, dénoncent l’inanité de la laïcité et des valeurs républicaines pour répondre au défi existentiel auquel nous sommes confrontés.

    Ainsi cette droitisation de la France, voire cette droitisation de la droite, qui touche principalement la jeunesse, doit être analysée comme une lame de fond de la société, destinée à renverser les réflexes pavloviens que l’élite politique, intellectuelle et médiatique croyait définitivement ancrés chez les Français, notamment chez les jeunes qu’on avait pensés, par paresse intellectuelle, surtout depuis 1968, nécessairement de gauche et béatement « ouverts sur le monde » et à toutes les révolutions sociétales — ce qu’a contredit la jeunesse de La Manif pour tous. Parmi les politiciens, Sarkozy a été le premier à le comprendre mais également à trahir l’espérance d’un changement non seulement de discours mais aussi de politique. Car la « droite » n’a plus à offrir que des décennies de trahison morale et intellectuelle au profit d’une gauche conquérante qui l’avait à ses propres yeux ringardisée.

    A nous de révéler la contre-révolution spontanée que le mot maladroit de « droitisation » révèle derrière son masque politicien. Et de la répandre dans toutes les sphères de la société.

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Éric Zemmour : « Tout le monde en France a été, est ou sera anti-gaulliste »

     

    ZemmourOK - Copie.jpgDans la chronique qui suit [vidéo], Éric Zemmour resitue « l'affaire Morano » dans sa perspective historique, considérée sous ses différents plans : sous l'angle politique - voire politicien; du point de vue de l'histoire des idées; et même sous l'aspect linguistique ou sémantique des choses, notre époque ayant banni l'emploi de mots jadis courants et frappés, désormais d'interdit. Interdits ou tabous qui se veulent d'ordre moral alors qu'ils ne sont en général que de simples dénis de réalité. En prenant ainsi de la hauteur, Eric Zemmour donne à l'affaire Morano un intérêt réel qui, sans cela, lui aurait de toute évidence manqué et n'aurait été qu'un banal conflit électoral, une querelle de boutiques concurrentes. LFAR  • 

     

     

     

     Le commentaire de RTL :

    « C'est l'un des charmes de la vie politique française que de s'étriper autour des tombeaux : une citation de Napoléon, de Jaurès ou de Clemenceau, et le feu prend dans la savane ! », fait remarquer Éric Zemmour à propos de l'affaire Nadine Morano. « Comme on ne peut toucher au général de Gaulle, devenu depuis sa mort une icône, on s'en prend violemment à celle qui le cite », poursuit Zemmour. Il explique que « De Gaulle appartient à une génération qui n'avait pas peur d'employer le mot race », et que c'est parce qu'il ne partageait pas le « rêve assimilationniste et universaliste » qu'il avait accordé l'indépendance à l'Algérie. « La transformation inouïe de la population française repose la question que De Gaulle croyait avoir écartée à jamais. »

     

  • L'injonction légitime de Philippe de Villiers au monde politico-médiatique

    Source Boulevard Voltaire

     

    Philippe de Villiers est ancien ministre, député et président de la Vendée. Il est également le fondateur du Puy du Fou, et l’auteur d'un nouveau livre, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, ouvrage qui revient sur trente ans de vie politique. Mais c'est l'engagement actuel de Philippe de Villiers qui compte désormais. Ce qu'il réalise à tous égards de merveilleux au Puy du Fou. Ses grands récits historiques. Sa réflexion et sa parole sur la France. Engagement qui se situe hors du Système et résolument contre lui. « A la maurrassienne » aurait dit Boutang. LFAR   

     

    Ce livre dénonce un monde politique putréfié… Avez-vous admiré un seul homme politique ? 

    Tous ceux qui ont dit la vérité sont partis, de gré ou de force. Seuls les menteurs sont restés. 

    Ceux qui n’ont cessé de répéter qu’avec plus de musulmans il y aurait moins d’islamistes, avec moins de frontières plus de sécurité, avec plus d’Europe plus de prospérité… Ceux qui prétendent aujourd’hui qu’Assad est le danger numéro un parce qu’ils sont vendus au Qatar et à l’Arabie saoudite… 

    J’ai admiré des gens dans ma vie, qui avaient une colonne vertébrale et donc une pensée, une logique, une droiture. Pas dans la classe politique française. 

    J’ai quitté la vie politique parce que je considérais alors que la parole métapolitique était plus efficace. Je ne supportais plus le protocole compassionnel qui régit la vie politique : qui pleure le plus est le mieux élu… Les hommes politiques sont devenus des visiteurs de crash, des sous-stars du show-biz qui ne vivent que du mensonge et de la dissimulation.  

    Avec le temps, je me suis dit que j’avais un message à faire passer aux jeunes pour les encourager à devenir une génération de dissidents. 

    Comment devient-on un dissident ? 

    Un jour, Soljenitsyne m’a dit : « Vous, les Européens, êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide », mais il a également ajouté : « Le gouffre s’ouvrira à la lumière, de petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin […] Aujourd’hui, les dissidents sont à l’Est, ils vont passer à l’Ouest. »  

    Les dissidents sont ceux qui marchent à tâtons dans la France effondrée sur elle-même et submergée de l’extérieur : ils cherchent les murs porteurs. 

    Les hommes politiques refusent de trouver des solutions parce qu’ils sont vendus au mondialisme qui nécessite la destruction de tous les attachements vitaux.  

    La dénonciation de la mondialisation est un sujet important de votre livre…  

    Derrière les mensonges, j’ai vu la haute trahison. Cette conjonction inouïe entre les intérêts de certains et l’idéologie des autres. D’un côté la recherche d’un marché planétaire sans frontière, de l’autre l’idéologie d’un homme nomade, désaffilié, désexué, atomisé. 

    Depuis Mai 68, le « no frontière » des libéraux s’est associé au « no limite » des libertaires pour desceller toutes les pierres angulaires.  

    C’est, par exemple Giscard, fil spirituel de Cohn-Bendit, qui a organisé le chassé-croisé destructeur entre l’avortement de masse et l’immigration de masse. Un jour, mon ami Jérôme Lejeune m’a dit : « Ne lâchez pas sur l’avortement, c’est la vie qui commande tout. » L’avortement a servi de passeport à toutes les transgressions qui ont peu à peu permis la déshumanisation du monde par l’effacement planifié du visage de l’homme.  

    Les élites mondialisées que je dénonce ont abattu tous les murs porteurs de la France.  

    Lorsque j’aborde la question de l’Europe, je m’arrête sur la pensée de Jean Monnet : son but n’était pas de créer une superpuissance mais de déconstruire les nations pour offrir l’Europe au marché planétaire de masse. 

    Pour faire advenir le consommateur compulsif recherché par les marchés américains, il fallait tout détruire : la famille, la nation, les frontières… Il faut maintenant reconstruire, entièrement. 

    La réponse doit être radicale, et se concentrer sur deux réalités : la famille et la patrie charnelle, qui sont nos attachements vitaux. 

    Par où commencer cette reconstruction ? 

    Il y a aujourd’hui deux mots interdits que sont la patrie et la nation.  

    La patrie est la terre des pères, la paternité. La nation, c’est la naissance, la maternité… 

    Comment êtres frères sans père ni mère ? 

    Le drame que subit la France est double : ils ont attaqué la famille, et la famille des familles qu’est la nation. Cette dernière est un héritage, il faut le réaffirmer : la nation se reçoit, elle ne se choisit pas ! 

    Il faut affronter ces élites mondialisées qui n’ont cessé de détruire le peuple réel, la communauté nationale, la haute mémoire, la famille et finalement la France.  

    Vous avez vous-même quitté la politique dégoûté… Que faire, concrètement ? 

    Ils veulent fabriquer des atomes urbains et manipulables, à nous de former des générations de tempéraments autonomes, s’exercer à l’insurrection de l’esprit ! 

    Il faut multiplier les isolats de la résistance, créer des écoles hors contrat, lancer des associations indépendantes qui développent des pensées droites et assurent la transmission, la réaffiliation et l’enracinement. 

    Il faut défendre le caractère sacré de la vie, la filiation comme repère, la nation comme héritage, les frontières comme ancrage et le rêve français comme fenêtre sur le monde.  

    Nous sommes revenus au temps des catacombes et chacun doit veiller à sa petite luciole, pour que la flamme ne s’éteigne surtout pas. Ceux qui n’ont plus d’espoir sont ceux qui n’ont plus de solution. 

    Quand je vois ce qu’est devenu le Puy du Fou qui était exactement créé dans cet esprit d’indépendance, je réalise que c’est faisable ! Cette dissidence-là finira par faire exploser le système. 

    Un mot pour la fin ? 

    J’ai été un homme politique, je ne le suis plus et ma parole est libre. J’ai écrit avec une plume de feu, n’en pouvant plus de voir la France mourir.  

    Je suis heureux là où je suis aujourd’hui, je n’ai pas besoin de notoriété mais il faut comprendre ce livre comme un appel aux avilisseurs de tous bords : reprenez-vous, ne touchez plus à la France, cessez de la massacrer ! 

    J’ai quitté la vie électorale mais la passion de la France, aujourd’hui souffrance, ne m’a jamais quitté. 

    Ce livre n’est pas une démonstration, c’est un battement de cœur.  

    Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

     

    Le moment est venu de dire ce que j’ai vu

     

  • Les mots et les choses

     

    par Louis-Joseph Delanglade 

    M. Tin préside le Conseil Représentatif des Associations Noires de France, créé en 2005, dont le dernier communiqué (1er octobre) prétend qu’ « il y a en France au moins trois siècles de présence noire ». Pour sa part, Mme Ernotte, présidente de France Télévisions, déclare, fin septembre : « On a une télévision d'hommes blancs de plus de cinquante ans ». Passons sur les aspects contestables de ces deux déclarations. Le CRAN nayant pas été interdit et Mme Ernotte pas révoquée, on peut - on doit - penser quexistent bel et bien des « Noirs » et des « Blancs ». Ce nest donc pas cette réalité qui pose problème à certains mais plutôt laffirmation récemment réitérée que la France « est un pays de race blanche », sans quon ait bien compris si cest le substantif « race » ou ladjectif « blanche » - ou les deux - qui font scandale. 

     

    Il est vrai que, si elle cherchait à faire parler delle, Mme Morano a réussi. En tirera-t-elle quelque bénéfice politicien ? Cest moins sûr car la voici convoquée à ce que M. Finkielkraut appelle le « tribunal de lantiracisme ». Or le microcosme politicien et médiatique reste solidaire dans ses fondamentaux. Haro, donc, sur le baudet ! Des faux culs de la droite dite républicaine « fréquentable » - égérie : Mme Kosciusko-Morizet - au dernier carré des chroniqueurs gauchards de France Inter - porte-parole : M. Legrand - lindignation aura été unanime et donc suspecte. 

     

    M. Valls lui-même sest fendu à lAssemblée dune  formule moins ridicule que révélatrice : « Marianne n'a pas de race, pas de couleur ». Il rappelle ainsi, sans doute malgré lui, que lallégorie de la République française na bien entendu aucun rapport avec la France elle-même, bien mieux incarnée par une Jeanne dArc quil serait difficile de représenter autrement que blanche de peau. Nen déplaise à M. Valls, la France nest pas la République, celle-ci n’étant quun régime idéologique auquel celle-là préexiste historiquement et auquel on peut espérer quelle survivra. 

     

    Dun point de vue historique justement, la France est incontestablement un pays « blanc » - pas vraiment concerné par les vagues migratoires avant la moitié du XIXème siècle, vagues de toute façon longtemps « blanches » pour lessentiel. Ce nest quaprès la fin de lEmpire colonial quon a assisté à une importante immigration susceptible de modifier cette caractéristique. Cela dit, personne ne peut nier quil y ait aujourdhui - et dabord dans les outre-mer - de nombreux Français qui ne sont pas « blancs ». Mais, dans limpossibilité de connaître leur nombre avec précision, vu linterdiction des statistiques ethniques, le simple bon sens incline à penser que les « Blancs » restent largement majoritaires.  

     

    Dès lors, parler d’ « un pays de race [mot en usage]  blanche » na rien de scandaleux et ne saurait, de toute façon, supposer aucun racisme honteux et rampant. Dautant que, contrairement à sa voisine germanique, la France nest pas de tradition - toujours lHistoire - mono-ethnique. Après tout, une nation, cest dabord, comme le rappelle M. Zemmour, « une histoire et un passé en commun ». Etre français ce nest pas forcément être blanc mais cest certainement revendiquer cet héritage de mille cinq cents années. 

     

  • SOCIETE • La modernité au risque de la pensée

     

    Une tribune de Bérénice Levet*

    La philosophe Bérénice Levet invite, pour Figarovox, l'homme contemporain à renouer avec son enracinement géographique et temporel. Nous partageons l'ensemble et le fond de sa réflexion et de son souci. Et nous la rejoignons naturellement lorsqu'elle évoque en termes précis « ce mantra des valeurs républicaines (lesquelles sont parfaitement individualistes et, en dépit de leur épithète, étrangères à toute chose commune). » LFAR

    th.jpgQu'entend-on par modernité ? Utilisée à tort à travers, la notion est floue. En philosophie, et plus fondamentalement pour l'humanité occidentale, les temps modernes commencent au XVIIe siècle avec Descartes et, pour prendre un repère, Le Discours de la méthode qui paraît en 1637. Précisons que le philosophe met en forme un mouvement qui travaille souterrainement l'Occident depuis, disons, la Renaissance.

    Cependant, penser la modernité, est-ce seulement faire de l'histoire des idées ? En quoi sommes-nous encore concernés ? Ne sommes-nous entrés depuis la seconde moitié du XXe siècle dans ce que Jean-François Lyotard a appelé la «postmodernité» ? Cette notion nous égare en laissant croire que nous avons dépassé, surmonté la philosophie et l'anthropologie modernes. Or, nous restons largement déterminés par cette philosophie et cette anthropologie. Nous en avons même conduit les postulats à leur acmé. Nous touchons à une sorte de stade terminal qui en rend les impasses plus éclatantes encore.

    Quels en sont les traits saillants ? L'émergence du sujet, de l'individu se donnant à lui-même sa propre existence à la faveur du Cogito : après avoir fait table rase de tous les héritages, de tous les liens qui l'attachaient au monde, jaillit, invincible au doute, le Moi, la certitude de soi (je pense donc je suis). L'individu moderne s'émancipe de son statut de créature, et du même coup de sa dépendance à l'endroit du Créateur, il se conçoit comme libre, souverain, autonome, et pure raison. Pierre angulaire du nouvel édifice du savoir et bientôt, avec la Révolution française, du corps politique. Face à ce sujet omnipotent, la nature se voit réduite au statut d'objet, que l'homme peut sans vergogne s'asservir, et qui n'a même de raison d'être qu'en fonction de l'utilité que l'humanité peut lui reconnaître. L'homme moderne est individualiste - c'est-à-dire non pas égoïste, ce vice appartient à la nature humaine, mais il ne veut dépendre de rien ni de personne, il entend tout gouverner et ne répondre de rien -, il devient incapable de la moindre gratitude pour le donné de l'existence.

    En quoi cette hypertrophie de la volonté, cette ivresse des possibles, le refus de se penser comme obligé du monde, l'assimilation de toutes les significations héritées à des préjugés, à du « formatage », comme on dit aujourd'hui, induisent une déshumanisation de l'homme ? Pourquoi le nomade d'un Jacques Attali, l'homme délié de tout héritage, hors sol, sans passé exalté par certains intellectuels et par bon nombre de journalistes, est un homme mutilé ? À quoi ressemblerait - le conditionnel n'est peut-être pas de rigueur, n'est-ce pas ce que nous avons déjà sous les yeux - une société composée exclusivement d'individus porteurs de droits sans chose commune ? Des individus consuméristes et encouragés à l'être dans l'oubli parfait de ce que Simone Weil appelait les « besoins de l'âme » et parmi lesquels elle comptait l'enracinement géographique assurément mais temporel non moins, car l'inscription dans un lieu et dans un temps plus vaste que celui d'une courte vie humaine est ce sol à partir duquel une vie humaine peut prendre sens.

    Ces questions se posent à nous impérieusement et cruellement. Nous ne manquons pas d'essais qui s'attachent à peindre les conséquences funestes de cette philosophie moderne sur la condition humaine : la déréliction de l'individu contemporain, abandonné à lui-même, auquel, avec pour alibi sa liberté, nous avons renoncé à transmettre le vieux monde, l'émiettement d'une nation, la désagrégation d'un corps social qui a placé en son fondement un principe a-social par excellence, l'individu créancier, avec ses droits à faire valoir.

    Cependant, si nous voulons tenter de remonter la pente, d'infléchir le cours des choses, il nous faut redonner leur fondement philosophique et anthropologique à l'enracinement, à la nation, à la transmission du vieux monde, à l'appartenance à une humanité particulière, à la vie politique comme partage de significations communes et pas simplement adhésion à des règles de coexistence pacifique, ni à ce mantra des « valeurs républicaines » (lesquelles sont parfaitement individualistes et, en dépit de leur épithète, étrangères à toute chose commune). Repenser les conditions d'une humanité possible, se donner les moyens de survivre comme communauté de destin et de sens, c'est ce à quoi de façon ambitieuse assurément nous voudrions contribuer avec ce cycle de conférences (1). Hannah Arendt, Gilbert K. Chesterton, Léon Chestov, Simone Weil, Georges Bernanos, Ortega y Gasset, Louis Dumont, Cornelius Castoriadis, Günther Anders, Christopher Lasch, ces penseurs que nous avons sélectionnés de façon partiale, nous l'avouerons - en fonction de notre propre dette intellectuelle à leur endroit -, ont en commun d'inquiéter les évidences et le prêt-à-penser dont nous périssons, et de nous armer conceptuellement pour résister aux tentatives de plus en plus fortes de criminalisation des esprits libres.

    À ceux qui ne veulent voir que « frilosité », « crispation », « égoïsme » dans l'attachement aux données de base de la condition humaine et s'emploient à transformer en suppôts de l'extrême droite les intellectuels qui restent accessibles à la finitude humaine, à la légitimité du besoin de racine, d'inscription dans une histoire singulière, il faut répliquer philosophiquement - car leurs déclarations péremptoires n'ont d'autre fondement qu'idéologique.

    Les sombres temps, disait Hannah Arendt, sont ces périodes dans l'histoire où la parole publique masque la réalité, en la recouvrant d'exhortations morales ou autres, plutôt qu'elle ne la révèle, ne la dévoile. Empêchons ces sombres temps de s'installer! 

    (1) Observatoire de la modernité, saison 2015-2016. « Dix phares de la pensée moderne », sous la direction de Chantal Delsol et Bérénice Levet. Voir le site: www.collegedesbernardins.fr

    Bérénice Levet            

  • SOCIETE • Denis Tillinac : L’envolée du Puy du Fou

    Philippe de Villiers au Puy du Fou. Les Russes s'intéressent de près à l'expérience...Photo © AFP 

    Preuve que le réenracinement est un besoin mondial, la “merveille” vendéenne s’exporte dans le monde entier. Et la Révolution n'en sort pas grandie. C'est ce que dit Tillinac qui voit dans l'aventure du Puy du fou un esprit de révolte et un espoir de relève. Relève du politique, hors du Système. Et d'une France réenracinée.  

    2594939590.jpgIl existe en France un château en ruine à la Walter Scott où l’on se dépayse tout en renouant avec sa patrie intime : le Puy du Fou. Deux millions de visiteurs s’y sont rendus cette année. C’est dans le bocage vendéen, loin de ma Corrèze où jadis un stagiaire de l’Ena à la préfecture, haut sur pattes, précédé d’un nez important, forçait la sympathie par sa jovialité et sa faconde : Philippe de Villiers. Il avait de l’allure, et de l’allant. Chirac qui régnait alors sur nos arpents lui prophétisait une carrière politique reluisante. Par le fait, il lui ouvrit les portes de son gouvernement.

    Mais on ne met pas une muselière à un loup : à peine intronisé dans le sérail, Villiers s’y sentit piégé et à l’étroit. Sa verve tourna à l’ironie la plus mordante ; il tirait à vue, et visait juste. Jugeant la classe politique peu vertébrée et insipide au possible, il le lui fit savoir en mots d’esprit colportés par une noria médiatique malveillante. Elle s’en offusqua. Vade retro, suppôt réac de la chouannerie ! Il se replia en Vendée où longtemps il régna en tsar autocrate, à la satisfaction des autochtones. Nul n’aura autant marqué son terroir — et le sien n’est pas ordinaire, il a subi dans sa chair les effets du premier génocide idéologique.

    Le mot “génocide” gêne aux entournures les historiens marxisants dans la lignée de Mathiez, Soboul et Lefebvre, mais les faits sont avérés : la Convention a bel et bien conçu l’extermination du peuple vendéen en rébellion spontanée contre un projet ouvertement totalitaire. Un historial implanté par Villiers en témoigne, et, par la grâce de Furet, le tabou a du plomb dans l’aile ; les Français commencent à savoir de quoi la Révolution se rendit coupable. Pour mieux enfoncer le clou mémoriel, Villiers a même invité le grand Soljenitsyne : il était bien placé pour percevoir le fil reliant Robespierre à Lénine et Brejnev.

    Mais avant de devenir député et président du conseil général de la Vendée, avant même d’entrer au gouvernement, Villiers avait démissionné de la fonction publique pour ne pas servir un gouvernement comprenant des ministres… communistes. Dans la foulée de ce choix audacieux mais cohérent, il créa ex nihilo le Puy du Fou sans faire les poches des contribuables. Entrepreneur et scénariste de son propre rêve, il a conçu autour des ruines un spectacle dont les acteurs étaient et sont encore des bénévoles du cru. Au fil des années, ce spectacle s’est étayé, les visiteurs ont afflué et, trente-huit ans après les débuts artisanaux, la Cinéscénie a été consacrée au plan mondial.

    J’ assistais l’autre samedi à la dernière représentation de l’année ; c’est une cavalcade grandiose dans une histoire de France tantôt tragique, tantôt aimablement champêtre avec des tableaux vivants qui évoquent les fêtes de Breughel. Par la même occasion, j’ai parcouru le parc d’attractions — « parc d’enracinement », dit Villiers à juste titre — pour y découvrir les innovations, notamment les Amoureux de Verdun, évocation poignante de la vie des poilus dans une tranchée, mais aussi un abrégé saisissant de l’invasion puis de la christianisation des Vikings.

    Voilà notre imagerie historique, égrenée en scènes qui emballent les enfants et leurs parents. Voilà la belle saga des “Puyfolais” — 35 000 bénévoles depuis le début de cette aventure collective, 1 500 acteurs de la Cinéscénie, famille soudée par la fierté d’avoir sorti de l’oubli la mémoire de sa patrie vendéenne, et de la nôtre. Voilà le grand oeuvre de ce grand gosse désormais sexagénaire, Villiers, dont le fils Nicolas a pris les commandes. Lui, Philippe, écrit de nouveaux scénarios. Telle est la renommée du Puy du Fou que plusieurs chefs d’État veulent le leur. Poutine, entre autres. Il a compris le besoin de ressourcement de son peuple par les temps mondialistes qui courent, et quoi de plus instructif qu’un beau spectacle en relais des manuels d’histoire. Aux visiteurs du site, Villiers réserve une surprise importante pour l’année prochaine ; son imagination n’a pas de limites et son activisme politique, inopérant à l’intérieur du système, a trouvé son mode d’emploi approprié. Car le Puy du Fou, enfanté par un rêve et nourri par l’esprit de révolte, relève du politique au sens le plus noble du terme. 

    Denis Tillinac Valeurs actuelles 

     

  • Éric Zemmour : « Le fleuve de gauche est revenu dans son lit libéral »

     

    ZemmourOK - Copie.jpgEric Zemmour est trop fin connaisseur de l'histoire des idées, de l'histoire tout court et, naturellement, de l'actualité politique, pour ne pas pointer les faux clivages, les filiations douteuses et les positionnements de circonstances. Ainsi retrace-t-il brillamment, dans la vidéo qui suit, les origines historiques du libéralisme, l'empathie de fond de ce dernier avec le déconstructivisme révolutionnaire et donc son ancrage véritable à gauche. En cela, Zemmour donne raison à Macron, lorsqu'il définit le libéralisme comme valeur de gauche. Une idéologie peu compatible avec ce roi qui manque, selon le même Macron, et n'aurait d'autre fonction et justification que de réincarner le Pouvoir et ré-enraciner la société. Le contraire du libéralisme ... Allez savoir ! Contradiction à objecter au jeune et sémillant ministre. LFAR 

     

     

    Le commentaire de RTL :

    Éric Zemmour est catégorique : « Emmanuel Macron a raison : le libéralisme est de gauche ». Le journaliste affirme qu"historiquement les deux termes sont presque synonymes, presque interchangeables". Il insiste : « Pas plus libéral que les Lumières ! Pas plus libéral que Voltaire ! Pas plus libéral que la Révolution française de 1789 qui interdit les coalitions ouvrières ! Pas plus libéral que la déclaration des droits de l'homme ! Pas plus libéral que la IIIème République ! » Zemmour maintient que les lois sociales les plus importantes furent établies par des conservateurs. L'Acte unique de Jacques Delors, père spirituel de François Hollande, est la Bible libérale qui régit l'Europe depuis trente ans. 

  • Le libéralisme est-il « une valeur de gauche » ?

     

    François-Xavier Bellamy analyse les propos d'Emmanuel Macron sur le libéralisme, « une valeur de gauche », selon le ministre de l'Économie. Il y voit une preuve supplémentaire des bouleversements idéologiques qui recomposent l'échiquier politique. Mais aussi « une occasion historique de clarifier les termes du débat politique ». Lesquels s'enracinent, comme on le verra, dans un débat métapolitique, anthropologique et culturel. Où les notions de transmission, d'héritage et, en définitive, de tradition retrouvent toute leur place. François-Xavier Bellamy va à l'essentiel. Bien au delà du souci électoraliste.  LFAR

     

    LE FIGARO - Emmanuel Macron affirme que « le libéralisme est de gauche ». S'agit-il d'une captation idéologique ?

    François-Xavier BELLAMY* - Ce n'est clairement pas une captation idéologique, puisqu'il y a une vraie tradition libérale de gauche ; mais c'est une mise au point, en ce sens qu'Emmanuel Macron valide par là le déplacement des plaques tectoniques du débat intellectuel et politique entamé avec la chute du mur de Berlin. Dans un monde bipolaire, le libéralisme était anticommuniste, et donc de droite. Aujourd'hui, après avoir porté des réformes de société très libérales sans les assumer comme telles, la gauche au gouvernement accepte enfin de revendiquer un libéralisme cohérent.

    Qu'est-ce que ce libéralisme de gauche ?

    On pourrait définir ce libéralisme de gauche par la volonté de déconstruire tout ce qui précède le choix des individus. Dans un entretien au Nouvel Obs, Manuel Valls présentait comme l'objectif final d'une politique de gauche «l'émancipation de l'individu». Emmanuel Macron le rejoint, par exemple, lorsqu'il critique le concept de «tabou». Sous ce nom, la gauche dénonce tous les interdits qu'elle veut briser ; il s'agit donc de défaire les héritages culturels, familiaux, spirituels, et même naturels, dans lesquels elle ne voit, selon les mots de Vincent Peillon à l'Assemblée nationale, que des déterminismes auxquels il convient d'arracher l'individu.

    Une part de la droite semble partager cette vision…

    De ce fait cette conception de la liberté a largement irrigué le paysage politique, et la droite s'est longtemps soumise à cette entreprise de déconstruction qui se présentait comme un progrès.

    La mandature Hollande peut-elle être qualifiée de libérale ?

    On peut dire qu'elle aura été marquée par la contradiction qui a longtemps marqué la gauche française, cette tension entre un libéralisme sociétal affirmé et la multiplication des freins à l'initiative individuelle en matière économique. Avec 57 % du PIB consacré à la dépense publique, la France est aujourd'hui encore très loin du libéralisme global qu'Emmanuel Macron appelle de ses vœux…

    Si la gauche est libérale, que peut être la droite ?

    Le piège serait pour la droite de se crisper maintenant dans un conservatisme étroit, au motif que la gauche revendique la liberté. La situation actuelle offre une chance historique de clarifier les termes mêmes du débat public. Ce que la gauche nous propose, quand elle nous parle de liberté, c'est, dans tous les domaines, l'atomisation individualiste ; et derrière la revendication de «droits» nouveaux, l'égoïsme décomplexé. Pour Emmanuel Macron, « tous les jeunes doivent rêver d'être milliardaires » ; proposons d'autres rêves à la génération qui vient, des rêves qui donnent toute sa consistance à l'idée de liberté ! La droite doit se saisir de ce travail et, au lieu de la solitude du consommateur, proposer une société d'acteurs libres, engagés et responsables.

    Le libéralisme est-il forcément révolutionnaire ? Existe-t-il une perspective « libérale conservatrice » ?

    La vraie révolution aujourd'hui consiste sans aucun doute à reconnaître, dans la crise d'adolescence collective que nous semblons traverser, que notre liberté n'est pas immédiate, et qu'elle suppose l'humilité qui reconnaît et reçoit l'enracinement qui la fait croître. La liberté se nourrit d'un héritage, d'une langue, d'une éthique, dont la déconstruction - qui a pourtant été opérée depuis cinquante ans au nom de l'émancipation individuelle - ne peut mener qu'à une aliénation définitive.

    La liberté de penser, d'agir, de juger ne sont pas des productions spontanées ; elles sont le résultat du travail patient de la culture. Dans la folie de ce déni où nous croyons trouver notre affranchissement, nous ne faisons que permettre la standardisation à grande échelle des comportements, des opinions, et des personnes. Inspirée par ce libéralisme individualiste, une mondialisation débridée rejoint les idéologies les plus coercitives pour produire de l'uniformité, de l'indifférenciation et de l'indifférence à grande échelle.

    Le clivage droite/gauche est-il encore pertinent ?

    La cohérence retrouvée de la gauche redonne à la droite sa pleine nécessité. La liberté au nom de laquelle une grande partie de la gauche revendique aujourd'hui la PMA, la GPA, l'euthanasie ou le suicide assisté se veut totale et irresponsable. La droite doit maintenant, en renouant avec son héritage intellectuel, montrer combien il est nécessaire de préserver les conditions éthiques d'une société authentiquement humaine, et pour cela de recevoir et de transmettre l'héritage culturel qui peut seul fonder notre avenir. Ainsi sera refondée pour les individus la perspective de relations réelles, par lesquelles ils puissent échapper à la solitude de l'intérêt pour vivre l'expérience d'une liberté totale, parce que responsable.

    Il y a aussi une gauche non libérale, celle de Michel Onfray…

    Dans cette recomposition idéologique, au-delà de toutes les étiquettes, il faut évidemment s'attendre à des convergences nouvelles.

    Le but ultime du libéralisme est-il la disparation de la politique ?

    Le libéralisme, en effet, a été dans l'histoire ce que Schmitt appelait «le mouvement ultime de dépolitisation et de neutralisation» de la société. En ce sens, les réformes sociétales de la gauche libérale, tout comme la vision économique défendue par Emmanuel Macron, tendent en même temps à la dérégulation, et à la déconstruction de l'État ramené au rôle de gestionnaire technique des interactions sociales. Mais il est clair, là encore, qu'il ne peut y avoir de liberté véritable sans qu'elle soit sous-tendue par une loi commune, dont l'ordre protège, éclaire et consolide les choix individuels. Quand la politique fait défaut - et c'est l'honneur d'une partie de la gauche de n'avoir cessé de le rappeler -, c'est toujours le plus faible et le plus fragile dans la société qui en paie le prix. 

    *Auteur des Déshérités (Plon, 2014).

    Entretien réalisé par Vincent Tremolet de Villers

                

  • Sacrée NKM ! Il est « exécrable » de dire que la Corée est jaune, ou le Congo noir ?

     

    Par Academos 

     

    academos.jpgNKM, entre autres énormités nombreuses et répétées, s'était déjà signalée par un baroque « Buisson, l'homme qui veut faire gagner Charles Maurras ». On ne pourrait, depuis, noter chacune de ses niaiseries, mais la dernière en date mérite, malgré tout, que l'on s'y arrête quelques instants. NKM a réagi au propos fort raisonnable, et du reste très banal, de Nadine Morano, qui reprenait elle-même la phrase de de Gaulle,  rappelant que la France est un pays de race blanche, de culture gréco-latine et de tradition chrétienne.

    Tollé, évidemment, chez les immigrationnistes. Tollé aussi chez Les Républicains (Sarko serait, paraît-il, ulcéré, on se demande bien pourquoi). Bref, pas mal de gens ont des boutons après cette déclaration d'évidence de Nadine Morano, qui a courageusement maintenu ses propos.

    On pourrait se contenter de hausser les épaules, d'en rire, et de se dire que la première chose à faire est de conseiller à Sarkozy, NKM et tous ceux à qui ces propos de simple bon sens ont donné des boutons d'aller consulter un dermato. Hélas, pour, eux, ce n'est pas l'épiderme qui est malade, mais l'esprit, la tête, le mental qui sont touchés, et dans lesquels le « politiquement correct » et l'esprit « mécanisé » (Pierre Boutang) ont fait des ravages, probablement irréversibles.

    Ainsi, donc, pour NKM dire que la France est un pays de race blanche est « exécrable ». Irai-je en taule si je dis que la Corée est un pays jaune et le Congo un pays noir ? Je commence à me poser des questions.

    Mais, en vérité, dussé-je surprendre, c'est NKM qui a raison : si l'on pose comme postulat que la république idéologique française fait table rase non seulement du passé mais aussi de ce qui est encore une réalité, alors, oui, il est exécrable de rappeler les racines européennes et blanches, gréco-latines et chrétiennes de la France.

    Le mérite du propos de Nadine Morano aura été de forcer chacun à tomber le masque et à choisir son camp : la France, ou la république idéologique.  Laquelle fait démarrer la France en 1789 comme Daech fait démarrer le monde à Mahomet.