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Actualité France - Page 409

  • Philippe de Villiers au Figaro : « Le pouvoir n'a plus de pouvoir : c'est une clownerie »

     

    Entretien Philippe de Villiers - Le Figaro publié le 15.10.2015

    Quelques phrases choisies :

    « La France est en train de mourir parce qu'elle est en même temps submergée de l'extérieur et effondrée de l'intérieur. »

    « A grand renfort d'intellectuels de la trempe de BHL, la France est devenue le seul pays au monde que nous n'avons pas le droit d'aimer. »

    « Le projet véritable de l'UE était d'abolir les nations pour installer en leur lieu et place un marché planétaire de masse qui viendrait un jour faire la jonction avec le marché américain : c'était l'idée de Jean Monnet. »

    « Aujourd'hui, les voies d'eau se multiplient sur le Titanic des eurocrates. »

    « Ils savourent avec un plaisir de gourmets l'idée exotique selon laquelle la France pourrait devenir la fille aînée de l'islam. » 

     

  • Alain de Benoist : « François Hollande aurait fait un très bon marchand des quatre-saisons »

     

    Cet entretien qu'Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire est d'une rare qualité. Qu'il explique ne pas parvenir à détester François Hollande comme homme quelconque est prétexte ici à réflexion, précisément sur ce qui distingue l'homme quelconque de l'homme d'Etat et, plus encore, de celui qui est investi du Pouvoir. Et de Benoist de définir à sa façon qui n'est pas celle de Boutang mais finit pas y ressembler, en quoi consiste un Pouvoir légitime : Sacralité - même en un sens laïque - assentiment populaire, incarnation de la souveraineté et du destin d'un peuple, d'une nation, singularisés par l'Histoire ... Et pour réaliser une telle incarnation, il ne faut pas être un homme quelconque, il faut être en surplomb... Il n'y a peut-être aujourd'hui plus beaucoup de sujets sur lesquels nous soyons en désaccord avec Alain de Benoist. En tout cas, celui dont il est question ici en est un exemple.  LFAR     

     

    1530443371.jpgC’est devenu un gag récurrent : chaque nouveau Président parvient à nous faire regretter son prédécesseur. Avec François Hollande, on a atteint le fond, non ?

    Contrairement aux commentateurs qui le couvrent d’injures (se défouler en éructant est le meilleur moyen de faire savoir qu’on n’a rien à dire), je ne parviens pas à détester François Hollande. Je me désole de le voir occuper le poste qui est le sien, mais sur le personnage lui-même, je n’ai rien à dire. Il aurait sans doute pu faire un convenable receveur des postes, un directeur de succursale d’une société d’assurances, un marchand des quatre saisons. En tant que premier secrétaire du PS, il n’a pas été pire qu’un autre : dans les magouilles et les petites blagues, il a toujours été à son affaire. Le seul problème est que ce personnage insignifiant est président de la République.

    Depuis Pompidou, Mitterrand excepté, la fonction de chef de l’État n’a cessé de se dégrader. Il n’y a plus de chefs, et il n’y a guère plus d’État. La comparaison est certes facile, mais on imagine évidemment mal le général de Gaulle aller faire du jogging en suant à grosses gouttes sous un tee-shirt aux armes de la police new-yorkaise, ou partant en scooter pour aller rejoindre sous la couette une pom-pom girl du show-business. Un chef de l’État doit avoir conscience qu’il n’est pas seulement lui-même, mais qu’il incarne une fonction. Qu’il se discrédite lui-même passe encore, qu’il rabaisse sa fonction est impardonnable. L’homme et sa fonction sont deux choses différentes, et c’est la fonction qui doit l’emporter.

    Cela pose la question de savoir ce que l’on est en droit d’attendre de la part d’un chef de l’État.

    Dans ce domaine, qu’on soit en monarchie ou en république, on en revient toujours à Ernst Kantorowicz et à sa célèbre thèse sur Les Deux Corps du roi. Bien sûr, on n’attend plus du chef de l’État qu’il guérisse les écrouelles, mais au moins qu’il soit conscient de ce qu’il incarne, à savoir cette fonction souveraine qui le met en position de diriger une nation, c’est-à-dire un peuple singularisé par son histoire. Quand on incarne une telle fonction, on ne va pas parler à la télévision dans des émissions de « divertissement », on ne joue pas au « type sympa » et on apprend à nouer sa cravate ! On respecte la fonction qu’on incarne, et on s’applique à la faire respecter. Or, le pouvoir n’est respecté que s’il garde une dimension de sacralité. Même dans une république laïque, même dans une société sortie de la religion, il reste une appétence pour le sacré, d’abord parce que tous les grands thèmes politiques modernes sont d’anciens thèmes religieux qui ont été rabattus sur la sphère profane, ensuite parce que les hommes obéissent à tout sauf à des choix rationnels. La sacralité du pouvoir est, au même titre que le suffrage populaire, le fondement de la légitimité.

    Mais cette dégradation est allée significativement de pair avec le déclin du politique. Cerné par l’économie, par la morale des droits de l’homme, par les diktats de l’expertocratie, le politique décline. Et c’est l’impolitique qui règne. François Hollande n’est pas seulement un homme inculte, qui n’est même pas capable d’articuler une phrase en français correct, c’est un homme qui ignore aussi ce qu’est la politique. Il l’ignore parce que les notions de mythe collectif, de marche du monde, de sens historique, lui sont étrangères. Tout comme ses prédécesseurs, il ne sait pas que la politique est tragique. Ou plutôt qu’elle l’était. Car la politique est aujourd’hui devenue comique. La grande erreur des politiques est de croire qu’ils seront d’autant plus populaires qu’ils apparaîtront « comme tout le monde », alors que c’est exactement l’inverse. Ce n’est pas la proximité qui rend populaire, c’est la hauteur et la grandeur. Ce n’est même pas d’être aimé, c’est d’être admiré. Pour être admiré, il faut faire de grandes choses. Et pour faire de grandes choses, il faut être en surplomb.

    C’est-à-dire ?

    Dans l’entretien exclusif qu’il vient d’accorder à la revue Éléments, Patrick Buisson dit à merveille ce dont il s’agit quand il se moque de « Hollande disant : si le chômage ne recule pas, je ne me représenterai pas. La belle affaire ! Il montre par là qu’il n’a rien compris à ce qu’est la puissance politique du mythe dans l’Histoire […] Les mythes sont les agents de l’Histoire, ils font l’élection. Pas l’économie. »

    Régis Debray rappelait récemment que « la conscience historique, c’est l’essence de toute grande politique ». Mais cette notion même de grande politique est totalement étrangère à la classe politique au pouvoir, qui ne connaît que la météorologie électorale, la politicaille et les « petites phrases » qui font du buzz, et qui ne raisonne plus qu’en termes de « communication » et d’« image » parce qu’elle croit qu’on peut remplacer l’autorité par la séduction. « Chacun sait, ajoutait Debray, que nos décideurs ne décident plus rien, que nos élus n’ont plus de prise sur le cours des choses, que l’art de gouverner consiste à faire semblant […] La fin du politique est ce qui fait époque en Europe. » La politique, ce n’est pas la discussion sur les 35 heures ou sur le statut des fonctionnaires, ce n’est même pas la croissance ou le chômage. La politique, c’est le regard perçant et l’esprit de décision, les grands projets collectifs, le sens du moment historique, la claire perception d’un sujet historique. La politique, ce n’est pas l’avenir, c’est le destin. Allez parler de « destin d’un peuple » à François Hollande ! Tous les hommes politiques sont aujourd’hui des intermittents du spectacle. 

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    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier - Boulevard Voltaire

  • Remise des képis blancs de la Légion à Béziers : L'allocution de Robert Ménard est à lire ...

     

    Un très beau symbole, la Légion avait choisi Béziers pour une remise de képis blancs, le 30 septembre dernier.

    Le lieutenant-colonel Nicolas Dufour avait en effet choisi Béziers pour cette cérémonie de remise des képis blancs aux légionnaires de la compagnie d'engagés volontaires du 4ème régiment étranger.

    A cette occasion, Robert Ménard, maire de Béziers, a prononcé, en honneur de la Légion étrangère, l'allocution qui suit.

    « Bonjour à tous,

    Je suis très heureux de partager avec vous ce moment exceptionnel pour vous tous, qui coiffez désormais ce képi blanc chargé de tant de symboles !

    Oui, c'est un jour où votre vie bascule. Avec ce képi blanc, ce képi tant acclamé par les foules, ce képi que vous avez su mériter, vous entrez dans un corps légendaire. Et je n'oublie pas qu'on n'entre pas comme ça dans la Légion. À rebours d'une société où certains voudraient que tout se vaut, ici, seuls les meilleurs sont récompensés. La sélection est rude, un candidat sur huit seulement est reçu dans cette élite militaire, dans cette élite de l’armée.

    Et ce n'est pas un hasard, car depuis bientôt deux siècles, la Légion étrangère écrit une histoire faite de sueur, de sang et d'honneur ! À travers ses exploits, à travers la bravoure absolue de ses hommes, la France est honorée... et redoutée partout dans le monde. Par vos sacrifices, le Drapeau flotte haut et fort dans le ciel de nos combats. Les ennemis qui doivent affronter la Légion savent que le prix à payer sera lourd, extrêmement lourd.

    Mais, loin des champs de bataille, la Légion remplit une autre mission pas moins glorieuse : elle est l'un des derniers lieux où l'on fabrique encore des Français ! De vrais Français.

    En effet, à l'heure où le verbe fatigué des politiciens ne sait plus dissimuler leur échec, chez vous, l'intégration se porte à merveille ! Sous l'uniforme légionnaire, Français de souche et Français de cœur se retrouvent unis comme les doigts de la main pour défendre nos couleurs.

    Dans votre institution, pas de débat, pas de causeries sans issue sur la Nation. Vous l'aimez, un point c'est tout. Vous la défendez, jusqu'au bout de vous-mêmes. Sans broncher, même face au vent contraire. L'auteur du Mémorial de Sainte Hélène, Las Cases, pourtant espagnol d'origine, disait se sentir « fanatiquement français ». Vous comprenez, vous partagez – je le sais - ce sentiment.

    Par le sang versé, les nombreux étrangers qui composent vos troupes peuvent devenir pleinement Français au regard de la loi. On est loin des bouts de papiers qui rendent automatiquement français certains de nos pires ennemis ! Vous, la France coule dans vos veines, la France brille dans vos regards.

    Nouveaux légionnaires, j'espère que vous en avez conscience, vous êtes les soldats de l'immuable, les soldats de la tradition. Véritable baromètre de l'histoire du monde, votre grande famille accueille parfois des réprouvés. »   

    Transmis par Marc Rousset

    www.marcrousset.over-blog.com

  • Idées reçues et sens commun

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Les récentes statistiques de lInsee sur les migrations ont tout de suite été exploitées par une certaine presse soucieuse de dénoncer le « fantasme dune subversion migratoire » véhiculé par les tenants du « Grand Remplacement ». Les titres sont éloquents : « LInsee bouscule les idées reçues sur limmigration » (Le Monde), « Les immigrés quittent de plus en plus la France » (Libération), etc. On veut donc maintenant nous convaincre, graphiques à lappui, que limmigration nest au fond quun phénomène marginal et en régression. M. Hollande déclare ainsi que « ceux qui prétendent que nous serions envahis sont des manipulateurs, des falsificateurs, qui le font pour des raisons purement politiques, pour faire peur » : il parle, en loccurrence à juste titre, des vingt-quatre mille Syriens mais il sait bien, en bon politicien madré, que ses propos auront une portée plus large.

     

    Or, les statistiques de lInsee ne prennent pas en compte lintégralité du phénomène migratoire en France. On ne peut faire abstraction de ces dizaines (ces centaines ?) de milliers de clandestins qui entrent et restent en France avec la bénédiction conjointe des églises, du patronat et de la gauche. On doit aussi intégrer le fait que limmigration a changé de nature il y a une quarantaine dannées. Cest en effet en 1976 que le regroupement familial fut rendu légal (chef de lEtat : M. Giscard dEstaing, Premier ministre M. Chirac), lequel regroupement familial, conjugué au droit du sol, a transformé une immigration post-coloniale jusque-là quantitativement raisonnable, et par là comparable à celles qui lavaient précédée, en une déferlante. Les clandestins et les conséquences démographiques du regroupement familial, ce nest pas une « idée reçue », cest la réalité.

     

    Le même Insee avait dailleurs déjà publié des statistiques concernant « les descendants dimmigrés ». On sen doutait  : ceux-ci seraient « plus nombreux que les immigrés » et rencontreraient des « difficultés sur les chemins de lintégration » pour des raisons sociales et « des particularités reliées aux origines ». On comprend bien que cette analyse concerne surtout une certaine immigration, la plus importante dailleursLe vrai problème est que, même minoritaires, beaucoup de ceux que la France a accueillis en en faisant des compatriotes sont des sortes de « malgré eux » qui refusent toute forme dassimilation ou dintégration, le plus souvent pour des raisons religieuses. Du coup les voilà plus proches dimmigrés aux mêmes origines, formant de fait avec eux un peuple à part. Ce communautarisme auto-stigmatisant a pour conséquence au mieux une insupportable arabo-africanisation de trop de nos villes et quartiers, au pis une empathie latente avec les dérives terroristes que lon connaît. Cela, ce nest pas une « idée reçue », cest la réalité.

     

    Si lattachement aux origines est légitime, il est vite insupportable quand il revêt une forme ostentatoire, vite hostile. M. Gaudin a su dire à une certaine époque : « ça ne nous plaît pas ». Aucune « idée reçue » là-dedans, mais plutôt ce que lon appelle le « sens commun »

     

  • LIVRES • Le patriotisme tranquille d'Alain Finkielkraut, selon Mathieu Bock-Côté

     

    Mathieu Bock-Côté a lu pour Le Figaro l'ouvrage d'Alain Finkielkraut, La seule exactitude. Il estime que notre philosophe cultive pour la France un « patriotisme tranquille », sans prétention impériale aucune. Tranquille n'est pas le mot que l'on associe le plus, en général, à l'image d'Alain Finkielkraut. On le voit plutôt habité d'une forme anxieuse et agitée du souci contemporain, au sens de Chantal Delsol. On lui reproche contradictoirement un excès d'amour - qui confinerait à l'obsession - pour la culture traditionnelle, la civilisation françaises et d'être tout autant judéo-centré. Ce qui, dans ce dernier cas ne nous paraît pas tout à fait faux et un rien dommageable au point de lui rendre le Maurras profond, ou le vrai Barrès, inintelligibles voire a priori intellectuellement infréquentables. La difficulté, on s'en souviendra, n'a ni empêché ni troublé le dialogue foisonnant et fécond pas plus que l'admiration réciproque de Pierre Boutang et George Steiner... Mais s'agissant de l'œuvre et du statut d'Alain Finkielkraut, s'agissant de son analyse de la modernité, profonde et juste, nous sommes d'avis que Mathieu Bock-Côté dit une fois de plus l'essentiel.  Et avec une argumentation, un fond qui est aussi le nôtre. LFAR   

     

    Mathieu Bock-Coté.jpgRien n'est plus important que ne pas se tromper d'époque. Telle est, d'une certaine manière, la grande obsession qui traverse La seule exactitude, le dernier ouvrage d'Alain Finkielkraut. Elle n'est pas vraiment nouvelle. Lecteur de Hannah Arendt, Finkielkraut souhaite depuis longtemps « penser l'événement », en s'ouvrant à sa part de nouveauté, à ce qui dans le monde qui vient, n'est pas une simple reconduction de celui d'hier. Malgré ce qu'en pensent les esprits désenchantés, l'histoire qui se fait n'est pas soumise à la seule loi du retour du même. Pourquoi cette mise en garde ? Essentiellement parce que Finkielkraut n'en peut plus d'entendre certains petits sermonneurs progressistes nous expliquer que les années 1930 seraient de retour, généralement ralliés à une forme d'antifascisme parodique qui n'en finit plus d'assimiler tout ce qui contredit le métissage euphorique du monde à une nouvelle peste brune.

    L'exercice n'est pas simple. Il faut révéler l'époque à travers l'événement. C'est au fil de ses chroniques hebdomadaires à la Radio communautaire juive et mensuelles à Causeur qu'il s'y est adonné. À sa manière, il s'est livré à l'exercice du bloc-notes, non pas pour dépeindre des caractères, comme le faisait Mauriac, mais pour voir en quoi de jour en jour, les événements nous obligent à réviser nos schèmes de pensée. On a beaucoup chanté, depuis vingt ans, la fin des idéologies. On s'imaginait un monde asséché, où ne se poserait plus la question de la légitimité. Nous accepterions tous, à différents degrés d'enthousiasme, une société se convertissant à la figure de la mondialisation heureuse, où les identités fondraient et les frontières se dissiperaient. Finkielkraut est de ceux qui refusent de voir dans cela un processus inéluctable. Il y décrypte plutôt une nouvelle idéologie dominante dont il cherche à nous déprendre.

    Cette idéologie, on trouve en son cœur une thèse forte: celle de l'interchangeabilité de toutes choses. Notre époque se montre radicalement incapable de penser le particulier, ce qui ne se laisse pas dissoudre dans une forme d'universalisme radical. Ainsi, Finkielkraut montre comment, en réduisant les langues à de simples instruments de communication, on perd le génie de chacune, qui s'exprime à travers la littérature. Il en est de même lorsqu'on cède au mythe de l'interchangeabilité des cultures et qu'on s'imagine possible, pour combler les besoins du marché du travail, d'importer des millions d'hommes en croyant pouvoir les séparer de leur culture et de leur religion. On découvre pourtant, tôt ou tard, qu'elles finissent par s'entrechoquer. Le mythe de l'interchangeabilité des sexes ne vaut guère mieux, lorsqu'il passe de la question de l'égalité entre les hommes et les femmes à celle de l'abolition du féminin et du masculin, comme si le simple rappel d'une différence poussait inévitablement à la discrimination.

    Mais Finkielkraut pousse plus loin encore son analyse. Les militants antiracistes d'aujourd'hui ne cessent de pratiquer un amalgame particulier : les musulmans seraient les nouveaux juifs. En un mot, l'antisémitisme des années 1930 trouverait un écho dans la soi-disant islamophobie des années 2000. D'une époque à l'autre, une même passion noire se déploierait : la peur de l'autre, qui pousserait au repli national, alimenté par le culte de l'homogénéité ethnique. Cela consiste, dans les faits, à croire la civilisation occidentale atteinte d'une pathologie ethnocentrique fondamentale, qui se déploierait rageusement chaque fois qu'on ne la refoulerait pas et qu'on ne se montrerait pas vigilant. En un mot, l'attachement national serait la dernière étape avant la xénophobie, qui pousserait au racisme et nous replongerait dans les heures les plus sombres de l'histoire. En se sachant atteint d'une telle maladie, l'Occident aurait raison de se détester et de ne pas vouloir transmettre une culture toxique, ruinée par les préjugés les plus odieux.

    Finkielkraut corrige ce diagnostic et ne se laisse pas berner par l'étrange amalgame. Les juifs furent victimes de la furie génocidaire et exterminatrice au cœur de l'idéologie nazie, qui animalisait et zoologisait l'humanité en la triant en races. Le IIIe Reich entendait « purifier » l'humanité en la libérant d'un peuple maudit, ou pire encore, d'un peuple diabolique qui se glisserait dans chaque civilisation pour la pousser à la dissolution. On ne trouve rien de tel dans le rapport à l'Islam qui s'installe en Europe à travers des migrations massives qu'il est de moins en moins possible de nommer. De périphrases en périphrases, on doit bien convenir, pourtant, d'une révolution démographique qui s'accompagne d'une mutation identitaire massive, comme si on voulait fabriquer un nouveau peuple sans le dire. Or, nous dit Finkielkraut, cet amalgame sert à empêcher une réflexion sérieuse sur l'intégration des populations musulmanes et l'assimilation de la défense de l'identité française à l'islamophobie.

    Finkielkraut le dit et redit : on ne saurait calquer bêtement une situation historique sur une autre. Et le malaise causé par l'Islam dans les sociétés européennes n'est pas le fruit d'une paranoïa collective, quoi qu'en pensent ceux qui croient faire disparaître les tensions entre les cultures en niant leur existence. Il ne s'agit pas de radicaliser le conflit entre les sociétés européennes et l'Islam, mais de constater qu'une immigration de peuplement aussi massive que constante n'ira pas sans bouleverser la société d'accueil. Une nation n'est pas qu'un ensemble de règles et de principes juridiques: c'est aussi, à certains égards, une communauté de mœurs, comme on le constate avec la place des femmes dans la société. Finkielkraut rappelle la tradition de la mixité à la française, qui est aussi celle du féminin dans l'espace public, qu'on ne saurait voiler sans mutiler au même moment la nation. En suivant cette piste, il cherche à redécouvrir ce qu'il y a de spécifique à la culture française - on pourrait dire, ce qu'il y a d'irremplaçable. C'est une manière, et probablement la meilleure, de penser politiquement l'héritage culturel.

    En un mot, on ne se rendra pas très loin en réduisant le patriotisme français à la seule défense des droits de l'homme. On sortira un peu de l'ouvrage de Finkielkraut pour rappeler que ce n'est pas seulement au nom des droits de l'homme qu'on a lutté contre le totalitarisme au vingtième siècle. Ce ne sont pas des libertaires en culottes courtes qui incarnèrent la résistance contre le nazisme mais le général de Gaulle et Winston Churchill, deux hommes qui seraient aujourd'hui considérés comme des infréquentables absolus dans la démocratie européenne. Le premier défendait l'honneur de la France dans un vocabulaire inintelligible à nos contemporains, le second était attaché à la gloire de l'empire et de la civilisation chrétienne. En un sens, la démocratie occidentale ne veut plus entendre parler de ses limites et des vertus nécessaires à sa défense, qui puisent dans un imaginaire assez étranger à la modernité radicale. On évoquera aussi la résistance des nations d'Europe de l'est contre le communisme, qui puisait ses ressources dans leur identité culturelle et religieuse, sans croire qu'elles heurtaient de cette manière la démocratie qu'elles souhaitaient restaurer.

    C'est l'honneur des pères, en quelque sorte, qui vient du fond de l'histoire, et qui lie les hommes entre eux au fil des générations, qui poussera les meilleurs d'entre eux, au moment d'une crise, à consentir à la possibilité de l'ultime sacrifice pour entrer en résistance. C'est ce que suggère Finkielkraut en parlant du devoir d'honorer nos pères en évoquant, dans un dernier chapitre fort émouvant, une filiation, un héritage, qui ne se laissera jamais complètement recycler par le contractualisme démocratique. Il y a au cœur de la cité une part sacrée, quelque chose comme un trésor, qu'on ne peut oublier sans sacrifier l'idée même d'un monde commun. Notre monde, en fait, vaut la peine d'être poursuivi et l'héritage de notre civilisation. Mais on ne saura le transmettre qu'en renouant avec la conscience intime de la finitude, et surtout, de la gratitude envers le donné. Pour reprendre une des formules de Finkielkraut, l'homme naît dans un monde qui le précède et qui lui survivra et s'il doit éviter de le muséifier, il n'en est pas moins le conservateur désigné.

    C'est un thème présent chez Finkielkraut depuis ses premières réflexions sur le sort des petites nations, telles qu'on les retrouve dans Comment peut-on être Croate ? et dans l'aventure intellectuelle absolument passionnante du Messager européen. Le propre de la petite nation, disait alors Finkielkraut, est d'avoir une conscience intime de sa précarité. Elle sait très bien qu'elle pourrait ne pas être et elle n'a jamais la prétention d'embrasser à elle seule l'ensemble du destin de l'humanité. Pour cela, dans les métropoles, on l'accusera de provincialisme. Et pourtant, les petites nations éduquent à leur manière la philosophie politique en rappelant qu'un corps politique s'enracine toujours dans une expérience historique singulière. C'est cette conscience de la précarité des choses humaines qui l'avait conduit dans L'ingratitude, son livre d'entretiens avec Antoine Robitaille, à se dire ami de la cause québécoise. Finkielkraut y allait alors de cette belle formule: nous sommes tous des Québécois. Il a depuis suivi cette piste assez fidèlement et Éric Zemmour avait raison de dire de Finkielkraut qu'il cultivait pour la France le patriotisme des petites nations, sans prétention impériale aucune. Toutes les nations, un tant soit peu conscientes du monde qui vient, sont aujourd'hui attentives à cette fragilité. Finkielkraut fut un des premiers à s'en rendre compte.

    Le livre de Finkielkraut nous oblige à poser la question de son rapport à la philosophie. Il le mentionne en passant, des esprits mesquins lui contestent de temps en temps son statut de philosophe. On voudrait en faire un essayiste grincheux parmi d'autres, même pas un intellectuel digne de ce nom. Sur les réseaux sociaux, qui donnent un écho disproportionné aux conversations grossières autrefois réservées aux tavernes les moins fréquentables, on se permet de l'insulter régulièrement. De petits agents de police qui se font passer pour des universitaires qualifiés cherchent aussi à le transformer en propagandiste réactionnaire qui ne mériterait même plus qu'on lui réponde. Il faut dire qu'ils réservaient aussi le même sort, il y a un peu plus d'un an, à une figure aussi importante que Marcel Gauchet. La gauche critique veut bien débattre, mais à ses conditions, de quoi elle voudra, et avec qui elle voudra. En un mot, elle souhaite définir les conditions de respectabilité dans le débat public et chasser les indésirables en les frappant d'ostracisme.

    C'est évidemment une sottise sans nom. À la différence de ces philosophes qui n'en finissent plus de rejouer les vieilles scènes d'un antifascisme passé de mode, ou de ces autres philosophes, plus civilisés mais tout aussi stériles, qui réduisent la philosophie politique à un exercice strictement académique, aussi ennuyeux que pédant, où on déconstruit et reconstruit sans cesse le modèle d'une société aussi idéale que désincarnée, Alain Finkielkraut, fidèle ici à Péguy, plonge dans le monde, ses brumes et ses impuretés, pour chercher à l'éclairer un peu, tout en sachant qu'on ne sait jamais exactement dans quelle époque on vit. Raymond Aron disait que l'homme fait l'histoire mais ne sait pas l'histoire qu'il fait. Finkielkraut cherche néanmoins à le savoir un peu. Et même si Raymond Aron n'est pas une de ses inspirations intellectuelles majeures, on pourrait dire de Finkielkraut qu'il est aujourd'hui le spectateur engagé par excellence. Il est l'interlocuteur dont on ne peut se passer, au cœur de la cité, pour comprendre un peu le monde dans lequel on vit.

    Nous sommes devant un philosophe majeur qui est aussi un écrivain remarquable. Il est normal qu'il trouble la médiacratie, qui ne sait plus trop quoi faire devant lui. Au moment de son passage à On n'est pas couché, Léa Salamé répétait la nouvelle ligne de défense de la gauche progressiste : les conservateurs auraient maintenant l'hégémonie culturelle. Cela en dit beaucoup sur la psychologie de l'intelligentsia, qui ne tolère tout simplement pas qu'on la contredise et qui panique dès lors qu'une autre voix que la sienne parvient à se faire entendre. Elle se croit assiégée dès qu'elle rencontre un contradicteur minimalement persistant. Mais Finkielkraut, comme d'autres, représente une parole libre, qui médite sur l'histoire sans se laisser conscrire, et qui subtilement, mais profondément, nous réapprend la liberté de pensée. Il arrive un moment où vient le temps de dire ce qu'on voit. Le dernier ouvrage de Finkielkraut n'est pas seulement un livre événement. C'est un livre capital. 

    Mathieu Bock-Côté            

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologue et chargé de cours aux HEC à Montréal. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille: mémoire, identité et multiculturalisme dans le Québec post-référendaire (Boréal, 2007). Mathieu Bock-Côté est aussi chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada.

     

  • DES IDÉES, ENCORE ET TOUJOURS

     

    ANALYSE. Plus la situation se dégrade et plus les problèmes deviennent impossibles, plus les candidats agitent des idées. Alors que le mal essentiel est dans les institutions. 

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgUn président de la République qui se croyait plus intelligent que tous les autres, déclara, en plein choc pétrolier, sur le ton suffisant qui le caractérisait : « La France n'a pas de pétrole, mais elle a des idées ». D'avoir des « idées » n'a pas empêché la France de Giscard de décliner. Ce fut sensible à l'époque même, quoique dissimulé sous l'apparence d'une croissance mécanique qui permettait encore aux affaires de tourner.

    Mitterrand, aussi, eut des « idées » ; il avait l'art de les présenter. Il y avait celles qui étaient destinées à l'électeur et celles qui faisaient le fond de commerce des politiciens, des conseillers - tel Attali -, des financiers qui tournaient autour de lui, et des jeunes loups de la politique qui s'imaginaient déjà de grandes carrières ; Fabius, Hollande, l'ineffable « Ségolène » en étaient. Tous surent se servir dans cette mangeoire à « idées » qui avait l'avantage d'abonder en provendes et en prébendes. Il n'est pas sûr que Mitterrand, in pectore, partageât avec sa cour la conviction qu'il était officiellement nécessaire d'afficher envers cet amas grossier d'« idées » contradictoires qui cumulaient les sottises du socialisme le plus théorique - sous le nom de programme commun de la gauche - et les vices d'un libéralisme aussi profondément amoral qu'a-civique. L'homme passait de l'un à l'autre, en fonction du moment, avec un parfait cynisme. La France avec pareilles « idées » descendit encore d'un cran. Il est probable que Mitterrand, enfermé dans son orgueil secret, au témoignage d'un Bénouville qui était resté toujours son ami, en souffrit ; il avait reçu, jeune homme, une excellente formation. « Que veux-tu ? J'ai voulu réussir », confessa-t-il un jour ingénument à un autre vieil ami qu'il avait connu chez les étudiants d'Action française.

    Chirac s'essaya aux « idées », lui aussi. Tour à tour, libéral, social, voire socialiste, en fait radical-socialiste à l'image de ses maîtres dont « le petit père Queuille » était le plus illustre représentant. Sans conviction, il jouait de effets de la syrripathie naturelle qu'il provoquait. Se « idées » ne servirent à rien ni dans un sens ni dan l'autre. Sa cohabitation avec Jospin cassa l'État de manière plus grave que celles sous Mitterrand avec lui-même ou avec Balladur : l'État perdit sa cohérence. L quinquennat lui retira la durée : il s'affaiblissait de la têt tout en continuant à grossir dans sa masse selon la mécê nique institutionnelle démocratico-républicaine qu personne n'a jamais pu réformer. La velléité d'indéper dance française au moment de la deuxième guerre d'Ira n'aboutit à rien de concret. Il lia définitivement Paris à Bruxelles et soumit la France à l'Allemagne ; son discours de Berlin en 2000 avait la signification d'un manifeste d'allégeance intellectuelle, économique, politique et culturelle au génie allemand, selon la plus vieille tradition républicaine et radicale ; fille avouée du kantisme, la République n'était-elle pas sortie historiquement des mains adroites de Bismarck ? La France renonçait à son intelligence et à sa volonté ! Elle perdit sa liberté.

    DES PAQUETS D'« IDÉES »

    Sarkozy prétendit les lui rendre. Ça tonnait comme des canons. Beaucoup de bruit sinon pour rien, pour pas grand-chose. Quelques dispositions législatives soulagèrent les patrimoines et aidèrent les entreprises; une certaine liberté de ton par rapport aux principes intangibles de la République pouvait faire croire à ur volonté de rendre à la France ses forces spirituelles et matérielles. Cela ne dura qu'un temps. La crise financière venue des États-Unis et le ralliement simultané à ces mêmes États-Unis, la soumission à « l'idée » européenne, devenue, dans les faits, une « idée » allemande et dont le traité de Lisbonne fut le sceau d'une parfaite perfidie démocratique, l'incapacité d'agir en conséquence en toute liberté française par rapport à l'espace Schengen et à la zone euro, enfin et surtout l'impossibilité pour un chef de parti, quel qu'il soit, de transformer de l'intérieur l'esprit des institutions, puisque lui-même en fait partie, cet embrouillamini généralisé mit fin tristement à toutes les prétentions sarkoziennes. Les vagues espoirs d'un redressement avaient été ratiboisés en quelques mois par le jeu naturel des institutions. S'imaginer qu'en faisant loi sur loi, le régime changerait, se révélait une « idée » fausse. Une fois de plus !

    « Enfin Hollande vint qui le premier en France » se crut celui qui était élu pour réaliser le bonheur des Français. Il ferait, disait-il, tout le contraire des autres qui, pourtant, avaient caressé le même rêve ! C'était un paquet d'« idées » ! Mariage pour tous, subventions pour tous, diplômes pour tous, enfin tout pour tous, sauf les hautes instances de l'État qui, elles, étaient réservées, comme il se doit, aux hiérarques du socialisme labellisé dont le peuple de gauche ne pouvait que reconnaître l'évidente supériorité. Un cri de guerre héroïque contre la finance devait donner une stature historique au « camarade François », bon bourgeois par ailleurs, comme chacun sait, et aimant ses aises. Les choses tournèrent autrement. La manifestation des Français qui refusaient l'anéantissement de l'institution du mariage et de la famille se heurta aux défenses acérées des institutions républicaines. Hollande gagna en apparence cette partie, mais il perdit toutes les autres, car le même mécanisme institutionnel empêchait de la même façon quelque redressement que ce fût. Tout alla, tout va de mal en pis. Alors, dans cette déroute généralisée, Hollande ne songe plus qu'à une chose : se représenter à la présidentielle !

    Ainsi le veut l'esprit des institutions. Sinon, ce sera le tour de Valls qui, Premier ministre, ne pense lui-même qu'à « cela », tandis que s'avancent sur le même chemin les autres « camarades » de gauche, tous bons bourgeois de la République. Et qu'ont-ils à offrir, tous ? Eh bien, des « idées », des paquets d' « idées », encore et toujours des « idées » !

    DES INSTITUTIONS À LA DÉRIVE

    À droite et au prétendu centre, c'est pareillement la course aux « idées », aux « projets », comme ils disent, avec un sérieux qui ne peut faire que sourire. Sarkozy lance ses « idées » une à une comme des flèches sur ses concurrents ; Juppé commence à débiter les siennes avec la solennité que requiert leur vacuité ; Fillon s'y est déjà mis avec livre à l'appui et Le Maire cause et Mariton y va... Leurs « idées » ne servent à rien qu'à les promouvoir, eux, et aucune ne visent au coeur du mal français qui tient essentiellement à des institutions dont ils veulent tous s'emparer alors qu'elles ne sont plus du tout adaptées aux nécessités actuelles. La France n'est plus ni gouvernée ni représentée. Elle a besoin d'un État fort et responsable, de fonctions régaliennes exercées avec compétence, d'administrations correctes, de familles saines, de métiers organisés et libérés, et d'une vraie représentation de ce qu'elle est. Les partis et leurs « idées » ont tout « bouffé ».

    La réaction qui apparaît aujourd'hui dans le peuple français, lassé et irrité, et dont l'intention de vote « Front national » est l'une des plus évidentes manifestations, ne saurait déboucher que si, un jour, elle se traduit autrement qu'électoralement, dans des institutions nationales vigoureuses, cohérentes et durables. Tout le reste n'est que mots qui volent, qu'« idées » qui trompent et, pour tout dire d'un mot, programmes de saltimbanques. n

     

    Hilaire de Crémiers, Directeur de Politique magazine

     

  • École : Julliard ouvre les yeux et ouvre le feu !

     

    Un vibrant pamphlet de Jacques Julliard contre la dernière réforme scolaire et, au-delà, contre la désagrégation depuis quarante ans de l'école républicaine paraît. Et une brillantissime chronique d'Eric Zemmour, pour le Figaro, dans une sorte de dialogue avec Jacques Julliard, dialogue qui marque aussi l'estime que l'on doit à ce dernier. Même si l'on n'en partage pas toutes les options. Miracles d'un patriotisme renaissant, heureusement destructeur des vieux clivages.  LFAR

     

    ZemmourOK - Copie.jpgAu commencement était le journal. Un premier, puis un second article dans l'hebdomadaire Marianne, en pleine bataille contre la réforme des programmes scolaires engagées par Najat Valaud-Belkacem. Avec ses éditoriaux frémissants d'une colère légitime et talentueuse, Jacques Julliard fit partie de cette escouade de « pseudo-intellectuels » dénoncés par la ministre, qui chargèrent et sabrèrent avec la fureur et l'efficacité redoutable de la cavalerie de Murat à la bataille d'Eylau. Aussitôt lus dans l'hebdomadaire, aussitôt repérés par un éditeur à l'œil acéré ; aussitôt commandés, imprimés, publiés. Les deux éditos sont désormais précédés d'une longue et utile mise en perspective, mais ils n'en constituent pas moins le cœur battant du texte. À juste titre. Ils méritaient les honneurs d'une publication. Le coup d'éditeur n'est pas seulement cette fois simple ravaudage commercial. Le travail a été rapide, expédié mais pas bâclé ; le libelle de circonstance s'avère le produit d'une lente et profonde maturation.

    Julliard et ses alliés d'un jour - Bruckner, Finkielkraut, Ferry, Onfray, Debray, Nora, Gueniffey, etc. - viennent pour la plupart de la gauche ; le gouvernement socialiste a crié à la trahison ; la réponse revient comme un boomerang : avec cette réforme, c'est la gauche au pouvoir qui trahit l'idéal scolaire de la République. « Ce livre n'est pas partisan. Il ne se réclame ni de la gauche ni de la droite, mais du patriotisme. » Julliard est un faux naïf : pas partisan peut-être, mais éminemment politique. Le patriotisme, c'est l'enjeu, le clivage, la ligne de front aujourd'hui. Les deux camps ne sont pas ceux qu'on croit. Pas la droite contre la gauche (Luc Chatel, ministre de l'Éducation de Sarkozy, a d'abord approuvé la réforme ; et Alain Juppé ne propose pas autre chose que les socialistes dans son programme présidentiel), mais ceux qui croient encore à la France et ceux qui sont passés à autre chose. Ceux qui veulent encore utiliser l'école comme un moyen de transmettre l'héritage historique et culturel de nos pères et ceux qui, au contraire, se servent de l'école pour nettoyer les cerveaux des nouvelles générations et les transformer en citoyens du monde hors sol, sans racines ni passé. Julliard est dans le camp des premiers. « Il y aurait une identité de la Méditerranée, une identité de l'Europe, et il n'y aurait pas une identité de la France ? »

    Il se retrouve avec des gens qui furent longtemps ses adversaires ou même ses ennemis. Il partage avec eux une culture commune, une langue, un héritage, un désir de les transmettre. Une civilisation. Mais son catholicisme de gauche et son engagement européen ont fait qu'il a longtemps frayé avec les seconds. D'où ses déchirements intérieurs devant les cris d'orfraie de ses anciens amis. C'est le drame des périodes charnière où l'Histoire bascule. Julliard se retrouve dans la situation douloureuse de son maître Péguy, qui se détourna et se retourna contre son ami Jaurès, au moment où le danger allemand se précisait à la veille de la guerre de 1914. Julliard fait feu sur le quartier général de ses anciens amis devenus des ennemis qui détruisent la République au nom de la République. Il a compris qu'il est minuit moins le quart. Qu'il n'est plus temps de s'embarrasser de précautions progressistes ; que les progressistes affichés sont les fossoyeurs de l'école de la République, et que les vrais progressistes sont les prétendus réactionnaires.

    Alors, cap sur la réaction ! L'école d'avant Mai 68, seule issue pour sauver l'école ! Julliard, après d'autres, analyse le basculement de Mai 68, comme le moment décisif de l'alliance entre libéraux de droite et libertaires de gauche, pour dynamiter la vieille école: « La principale fonction sociale de l'école n'est plus désormais la diffusion du savoir mais la garderie des enfants et l'encadrement des adolescents. » Notre auteur s'élève contre les discours égalitaristes et libertaires qui dominent la gauche depuis quarante ans, avec des accents qui l'auraient fait passer, dans les années 1970, pour un scrogneugneu ringard: « Le but premier de l'éducation n'est pas d'égaliser, mais d'éduquer. » Et même seulement d'instruire, a-t-on envie d'ajouter. Les parents devraient se charger de la rude tâche d'éduquer leur progéniture. « Le maître n'est pas un moniteur, ni un animateur du Club Med. C'est un homme qui a la maîtrise du savoir qu'il enseigne, et qui doit être respecté pour cette raison même. »

    Julliard tire à vue sur tous les faiseurs de l'école moderne, tous ces pédagogistes qui font la pluie et le beau temps Rue de Grenelle, et qui tiennent les ministres - de droite ou de gauche - pour de simples « attachés de presse » de leurs chimères nihilistes: « Cette école de la bienveillance n'est en réalité qu'une école de la complaisance. » Il analyse pertinemment la lente désagrégation de l'école, d'abord vendue au « consumérisme » avant d'être livrée au communautarisme: « Ferment de mort pour la nation ; c'est un pistolet braqué au cœur de l'école. » Il pointe la lâcheté des responsables politiques : « La France a peur de sa jeunesse, voilà l'origine du mal. » Et les mille et un trucs de leurs marionnettistes: « Si l'école de ce pays - c'est là son mérite et son destin - n'était pas lourdement pénalisée à cause de la présence d'enfants d'immigrés non francophones qui souvent ignorent tout du français, son classement international remonterait singulièrement et rejoindrait sans doute l'exemplaire, la chimérique, la bienheureuse Finlande, à qui les pédagogistes un peu truqueurs attribuent des mérites qui ne sont en réalité que l'effet d'une grande homogénéité culturelle de départ. »

    Julliard a compris qu'il n'était plus temps de composer. Que la Rue de Grenelle était irréformable, car tenue solidement en main par les ennemis de l'école républicaine. « Raser la Rue de Grenelle », n'hésite-t-il plus à clamer, pour sauver l'Ecole. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ? « Je le dis tout net : si je devais me convaincre que la gauche est, fut-ce à son corps défendant, l'agent de la marginalisation de notre littérature dans la France moderne, je n'hésiterais pas une seconde, ce n'est pas avec la littérature, ma patrie quotidienne, que je romprais, ce serait avec la gauche. » Il est temps, cher Jacques : rompez. 

    L'école est finie, Jacques Julliard. Flammarion. 127 pages, 12 €.

    L'escouade de «pseudo-intellectuels» dénoncés par la ministre

    Juppé ne propose pas autre chose que les socialistes dans son programme présidentiel

     

  • Nadine Morano et la folie idéologique des « élites »

     

    par Yves Morel  

    Invitée de l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couché, le samedi 26 septembre dernier, Nadine Morano, définit la France comme un pays judéo-chrétien et de race blanche.

    Aussitôt, toute la classe politique poussa des cris d’orfraie, et les très vertueux Républicains retirèrent à la « coupable » son investiture sur la liste du « Grand Est » ( lol ) aux prochaines régionales. NKM, égérie de la droite parisienne bobo, qualifia d’ « exécrables » les propos de l’eurodéputé et rappela que « la République ne fonctionne pas sur les bases idéologiques de l’apartheid », pas moins. Sarkozy, lui, affirma qu’il ne laisserait « jamais dire que la France est une race ».

    Une évidence

    Or, Mme Morano n’a fait, en l’occurrence, que proférer ce qui apparaît à tout esprit censé et de bonne foi, comme une évidence. « Les Français sont un peuple de race blanche » : les très républicains et très laïques instituteurs, et leurs manuels scolaires de géographie rédigés par des inspecteurs primaires tout aussi laïques et républicains l’ont enseigné expressément et sous cette forme textuelle aux élèves depuis Jules Ferry jusqu’au seuil des années 1980, voire plus. Et nul ne les a jamais taxés de racisme, tant cela paraissait indubitable.

    Des contradicteurs qui ont de qui tenir

     

    Morano

    Nadine Morano coupable d’avoir parlé de « race blanche »… 

    Il est vrai que tout a changé depuis les années Mitterrand. Rappelons que Mitterrand, ce président mégalomane et irresponsable dont on ne dénoncera jamais assez la responsabilité dans la décrépitude de notre pays, déclarait, au milieu des années 1980 : « Je veux qu’on bouscule les habitudes et les usages français » et, en conséquence, se prononçait pour une immigration massive, le refus de l’intégration, et le multiculturalisme fondé sur l’encouragement donné aux immigrés de cultiver leurs spécificités culturelles. Visitant une école de Maisons-Alfort, dont la majorité des élèves était d’origine arménienne, il déclarait aux instituteurs : « Faites de ces élèves des garçons et des filles fiers d’être arméniens » (pas français, au grand jamais). Et il galvanisait le prosélytisme immigrationniste de SOS-Racisme, cependant que son épouse se déclarait favorable à la liberté des jeunes musulmanes de porter le foulard à l’école. Etonnons-nous que trente ans après, les musulmans de France s’enhardissent jusqu’à prétendre nous imposer leurs coutumes, et qu’un Yann Moix, un des contradicteurs de Mme Morano, âgé de treize ans en 1981, objecte à celle-ci qu’il est conforme aux lois de l’évolution que la France perde son identité judéo-chrétienne pour devenir musulmane, et qu’il est aussi vain qu’immoral de prétendre s’y  opposer.

    Le fatal mouvement de l’histoire selon Yann Moix

    Moix asséna en effet à Mme Morano que « demain, la France sera peut-être musulmane », qu’il s’agira là du « mouvement de l’histoire». Selon Moix, en effet, « la France dont vous parlez, la France éternelle, elle a été inventée au XIXe siècle, elle n’existait pas avant ». Moix use ici d’une tactique héristique tout à fait caractéristique de notre intelligentsia, qui consiste à prendre prétexte du caractère relativement récent de la représentation conceptuelle d’une réalité historique, pour affirmer qu’il s’agit d’une pure construction intellectuelle, sans existence réelle, et donc spécieuse. Et ainsi, au motif que l’identité culturelle de la France s’est élaborée très progressivement tout au long de notre histoire, et n’a été intellectuellement appréhendée dans sa globalité qu’au XIXe siècle, Moix la réduit à un fantasme. N’ayant donc jamais été judéo-chrétienne, la France peut alors très bien devenir musulmane, de par un « mouvement de l’histoire » que nous sommes condamnés à subir.

    Une conception délibérément perverse de la laïcité

    Et chercher à enrayer cette islamisation est attentatoire à la laïcité.

    Ici, Yann Moix confond scandaleusement (car intentionnellement) l’Etat et la nation, et Mme Morano lui a judicieusement rappelé qu’il fallait distinguer le premier de la seconde. C’est l’Etat, en effet, qui est laïque, a précisé le député, non la nation. Un Etat laïque se veut confessionnellement neutre, et cela peut se concevoir. Mais une nation laïque, qu’est-ce que cela veut dire ? Rien. Cela n’a aucun sens. Une nation a une âme, des croyances, des valeurs fondatrices, des traditions, une manière de penser, une tournure d’esprit, et tout cela n’est pas neutre et ne peut pas l’être. Une nation n’est pas une pure abstraction constituée d’êtres de raison anonymes, indifférenciés, interchangeables, sans âme. Précisons de surcroît que si le mot laïque (ou laïc) vient du grec laos, autrement dit le peuple, il ne signifie pas populaire. En cela, un « peuple laïc », cela n’a pas plus de sens qu’une « nation laïque ». La notion de laïcité se rapporte exclusivement à l’Etat, en aucun cas au peuple ou à la nation. La référer au peuple ou à la nation est, intellectuellement, un non-sens, et, moralement, une tromperie (pour ne pas dire une escroquerie) utilisée par ceux qui, comme Moix, veulent donner à croire à nos concitoyens que les notions de nation, de peuple, d’identité culturelle, sont de pures constructions de l’esprit, dénuées de toute réalité, lourdes de dérives perverses, et, en tout cas, obsolètes et contraires à la vérité (qui n’admet censément qu’un Homme universel et abstrait réduit à sa seule raison) et au sens de l’Histoire (lequel nous mène à l’indifférenciation clonique d’une humanité mondialisée s’acheminant vers le meilleur des mondes).

     

    LeaSalame

    Lea Salame, donneuse de leçons plates… 

    La laïcité, selon Yann Moix, n’est donc pas une simple caractéristique de l’Etat, consistant en une neutralité confessionnelle délibérée, mais la pièce maîtresse d’une conception de l’homme et de l’histoire et le fondement irréfragable de la morale. En cela, elle interdit toute pensée et toute politique fondée sur les notions de peuple, de nation et d’identité culturelle. Par là, elle nous interdit de considérer comme dangereuse une immigration massive, lors même que ses effets nocifs sont d’ores et déjà avérés. Mme Morano peut bien déplorer (et avec elle, des millions de Français qui ne vivent pas dans le même quartier que M. Moix) l’islamisation effective de nombreuses communes et l’islamisation rampante de nos mœurs, M. Moix lui réplique (avec l’approbation de Ruquier et les applaudissements serviles de sa claque complice) que c’est le « mouvement de l’histoire » et qu’il convient de s’y résigner. A défaut, on bascule dans l’horreur et la malédiction. On doit se résigner à l’islamisation de la France, à l’altération de son identité culturelle, qui, d’ailleurs, n’a jamais été une réalité et est une construction théorique du XIXè siècle qui a alimenté tous les fantasmes nationalistes et racistes contemporains. Toute action politique tendant à enrayer cette altération de notre identité nous ramène au temps honni de Vichy et de l’Occupation nazie. On doit donc y renoncer. Mieux (ou plutôt pire), il n’y faut même pas songer, ne fût-ce qu’une seconde. A l’inquiétude de Mme Morano quant à l’islamisation graduelle de la nation française, Yann Moix répond que « la laïcité c’est de ne pas se poser cette question », que se tourmenter à ce sujet et vouloir que l’islam « soit une religion minoritaire » revient à violer le parti pris de neutralité inhérent à cette laïcité, laquelle est, de toute nécessité, « indifférence » et « incompétence » (sic).

    Autrement dit, selon Moix, au nom de la laïcité, l’Etat doit se montrer absolument indifférent au sort de la nation, fermer les yeux sur ce qui menace son identité culturelle, et aller jusqu’à nier l’existence même du problème. Nier le danger, c’est bien, ne pas même y songer, c’est encore mieux. Voilà à quelle conclusion aussi suicidaire qu’aberrante mène cette conception dévoyée de la laïcité. Telle que la conçoivent Yann Moix, Laurent Ruquier, les médias et toute notre classe politique, la laïcité ligote l’Etat, le rend sourd, aveugle, muet et impuissant, et lui interdit même de penser, le privant de toute lucidité. Elle n’est pas une simple règle de neutralité confessionnelle, mais une valeur ogresse ou cancéreuse qui dévore toutes les autres, se substitue à elles et constitue le tout de la morale politique et de la morale tout court. Ce que Moix et tous les contradicteurs de Mme Morano défendent, c’est une conception sidaïque et mortifère de la laïcité, qui prive la nation de tout moyen de prévention et de défense contre le danger migratoire qui la menace. La laïcité ainsi conçue devient une arme contre l’identité de la France. Léa Salamé, lors de l’émission de Ruquier, somma Mme Morano de choisir entre « la France laïque » et « la France judéo-chrétienne », affirmant que les deux notions s’excluaient réciproquement. C’est faux et malhonnête. Redisons-le : c’est l’Etat qui est laïque, pas la France, qui, elle, est une nation aux fondements spirituels et éthiques judéo-chrétiens. Et un Etat, pour être laïque, n’est pas tenu de méconnaître et de nier l’identité culturelle de la nation qu’il gouverne et dont il a la responsabilité de la sauvegarde, tout au contraire. La même Léa Salamé reprochait à Mme Morano d’exclure implicitement les Antillais de la France au motif de leur couleur de peau. Mais, autant que l’on sache, la France peut très bien comporter des citoyens noirs sans cesser pour cela d’être in essentia une nation de race blanche. Et cela vaut pour la religion : Senghor, le plus illustre des Sénégalais, catholique pratiquant, a dirigé durant 20 ans le Sénégal, et ce dernier n’en est pas moins demeuré un « pays musulman » pour la simple raison que les musulmans représentent 94% de sa population. Et s’il existe des Sénégalais blancs, cela n’empêche nullement le Sénégal de rester une nation de race noire.

    Une entreprise d’aliénation en faveur de l’édification d’un monde de clones indifférencié

     Il est vrai que, aux yeux de Yann Moix, « race » est un mot « indécent » qu’il faut « ne plus jamais utiliser ». Il est d’ailleurs devenu fréquent d’entendre dire que « les races n’existent pas ». Un professeur d’histoire-géographie, membre du Modem, rappelle d’ailleurs à Mme Morano, sur le site de Metro News, que « la race blanche n’existe pas et [que] plus personne n’en parle depuis que les derniers théoriciens nationaux-socialistes ont été pendus à Nuremberg » (sic). Les races n’existent pas, donc, non plus que les sexes, depuis la théorie du gender, au nom de laquelle on nous assène que le sexe d’un individu relève d’une situation, et non pas de sa nature, moins encore de son identité, et que d’ailleurs la notion de sexe est une construction mentale (une de plus) élaborée et imposée par une société archaïque dont il convient de s’émanciper.

     

    ruquier

    Laurent Ruquier accuse Morano de favoriser le racisme. 

    Pas de race, donc, ni de sexe, ni d’identité culturelle secrétée par l’histoire ; rien de tout cela n’est réel ; ce sont là autant de fantasmes oppressifs qu’il faut détruire ; il n’existe, il ne doit exister que des clones anonymes, interchangeables, évoluant en un meilleur des mondes planétarisé, sans frontières, ni nations, ni peuples, ni cultures particulières, dont la « laïcité » interprétée par les Moix, les Ruquier, les Salamé, est l’instrument de l’édification.

    Il est assurément dommage que les musulmans, eux, ne partagent pas cette vision « républicaine », « laïque » et universaliste du monde et prétendent nous imposer leur religion, leur culture, leurs traditions et leur mode de vie. Mais M.Moix n’en a cure, puisqu’on n’a pas le droit de contrarier ce « mouvement de l’histoire ».

    Yann Moix et consorts illustrent au plus haut degré l’immense entreprise d’aliénation de nos concitoyens, à l’œuvre depuis des décennies. Aliénation, oui, car elle vise à nous déposséder de notre identité pour nous faire devenir autres que ce que nous sommes, que ce que notre histoire, notre civilisation, ont fait de nous.

    Laurent Ruquier, lors de son émission du 26 septembre, a reproché à Mme Morano de favoriser le racisme en prétendant que la France était un pays blanc et judéo-chrétien. Tragique (et volontaire) erreur : ce qui stimule le racisme, c’est le refoulement permanent des identités culturelles et nationales, lesquelles finissent alors par ressurgir sous de violentes formes éruptives ; les musulmans de France le prouvent, eux qui, aujourd’hui, refusent notre société et le modèle républicain et laïque que les Moix, les Ruquier, les Hollande et les Sarkozy veulent leur imposer.

    La faillite de la laïcité républicaine

     Ce modèle prouve aujourd’hui tragiquement sa faillite. Cette dernière tient à la nature idéologique et à la propension totalitaire de la laïcité à la française. Celle-ci ne se présente pas comme une simple neutralité confessionnelle de l’Etat et de la loi qui protège la liberté de conscience, mais comme la manifestation éthique, politique et juridique d’un parti-pris antireligieux découlant d’une vision athée de l’Homme conçu comme un être de pure raison, identique en tous lieux et en tous temps. Une telle conception de l’homme détruit tout sentiment d’appartenance à une nation et à une civilisation données, et empêche l’intégration des immigrés, lesquels refusent instinctivement de se départir de leur spécificité culturelle pour se fondre dans une masse indifférenciée. Des immigrés peuvent accepter de s’intégrer à une communauté soudée par une identité culturelle forte, mais refuseront toujours de devenir les clones d’un magma sans âme, et les passants d’une zone de transit. A quoi l’on peut ajouter que s’ils peuvent souhaiter s’intégrer à un pays fort comme l’Allemagne, ou dynamique comme le Royaume-Uni, ils n’ont guère envie de s’intégrer à un pays faible et en plein déclin comme la France actuelle.

    La virulence des réactions aux propos de Mme Morano, de Moix à Sarkozy en passant par NKM, Valls et Hollande, révèle à quel point nos « élites » (?) refusent ces simples mais essentielles vérités et sont déterminées, en toute connaissance de cause, à nous mener à l’abîme de par leur aliénation idéologique. C’est proprement affligeant. 

       Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de Politique magazine et la Nouvelle Revue universelle.

     

  • De Gaulle confirme Peyrefitte ... Inutile de biaiser et mettre en doute !

     

    A propos de l'Europe ...

    « Pour moi j'ai, de tous temps, mais aujourd'hui plus que jamais, ressenti ce qu'ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d'innombrables relations de pensée, d'art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu'elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation. »

     

    Ch. De Gaulle

    Mémoires d'Espoir - Plon, 1970 & 1971

     

  • TV : Bartolone chez Ruquier

     

    par Nicolas Julhiet

     Descendu de son perchoir pour s’installer dans le fauteuil, moins confortable, d’invité politique, Claude Bartolone était reçu par Laurent Ruquier dans On n’est pas couché ce samedi soir. Raison de sa présence : une candidature à la présidence de la région Ile-de-France, pour le compte du Parti socialiste.

    Sur le fond, on pourrait s’étonner. Le quatrième personnage de l’Etat, comme il a aimé le rappeler à plusieurs reprises avec un sourire satisfait, dans une émission de divertissement pour subir l’interrogatoire de deux chroniqueurs et d’un animateur télé… Est-ce vraiment sa place ?

    Claude Bartolone est arrivé en toute décontraction. Sourire impeccable – presque figé -, et léger accent fleurant bon la Méditerranée. L’homme conta son enfance, celle d’un fils de sicilien et de maltaise arrivés de Tunisie en France à la fin des années 50. Une histoire familiale qui, évidemment, ne le prédestinait pas à occuper la place qui est la sienne aujourd’hui. « C’est pas mal, quand même, la République », glissait l’intéressé. Effectivement, devenir un apparatchik dans ces conditions, c’est pas mal.

    Passés ces souvenirs d’enfance n’intéressant pas grand monde à part Laurent Ruquier, les chiens furent finalement lâchés. Pas très féroces. Ils se sont contentés de mordiller l’élu du 9-3, sans vraiment le blesser. Pourtant, ce n’est pas la matière qui manquait. Le rapport – à charge – de la Cour des comptes sur son bilan à la tête de la Seine-Saint-Denis et l’enquête tout juste ouverte sur la possible attribution d’un emploi fictif constituaient des morceaux de choix pour bêtes affamées.

    Hélas, les coups de crocs de Léa Salamé sont restés inoffensifs et le président de l’Assemblée nationale, bien préparé pour l’émission, les esquiva tous sans efforts apparents. Pire, la chroniqueuse se laissa accuser par l’invité de ne pas avoir préparé ses questions et ne pas savoir lire un rapport. Accusations dont elle eut bien du mal à se défendre… L’arroseur arrosé.

    S’ensuivit un échange, initié par Yann Moix, sur le rôle du président de la République et sur la durée de son mandat dans le cadre institutionnel actuel. Depuis quelques temps, le socialiste milite pour un septennat afin d’inscrire la présidence dans le « temps long ». En revanche, il n’estime pas nécessaire un renouvellement dudit mandat, arguant que le président serait plus « fort » s’il n’avait à préparer, au bout de quelques mois d’exercice seulement, une campagne pour assurer sa réélection. Léa Salamé tenta de remettre son grain de sel dans la conversation, expliquant que « ce qu’on reproche au président de la République, c’est son côté monarque ». Pardon, Léa, mais d’où sortez-vous une chose pareille ?

    Le débat glissa ensuite sur la politique menée par le gouvernement de François Hollande. Moment le plus pénible pour Claude Bartolone qui répondit systématiquement à côté, accusant Nicolas Sarkozy d’avoir laissé la France dans un état calamiteux… Pauvres socialistes ! Et 2017 alors, le sujet qui passionne les foules ? Pour l’invité, il ne fait aucun doute que le Front national « sera au second tour de l’élection présidentielle ». Ce fut bien la seule chose à retenir sa prestation. 

  • Contre-emploi

     

    Une analyse de Dominique Jamet

    Une très perspicace rétrospective des positions réciproques de François Hollande pour la France et d'Angela Merkel pour l'Allemagne, dans le déroulé de la crise des migrants. Mais aussi, in fine, une évocation de l'évolution des esprits et des réactions en Allemagne face à l'afflux inouï des réfugiés et la soudaine baisse de popularité de la chancelière. Cet afflux, Dominique Jamet le définit très justement comme « une grande migration qui est autre chose qu’un phénomène saisonnier ». Or, il est douteux que François Hollande et Angela Merkel, qui ne sont en fait ni l'un ni l'autre de grands dirigeants, en aient dès l'origine mesuré l'ampleur. Et peut-être même pas encore aujourd'hui. L'ampleur et les gravissimes conséquences. D'où la pertinence des réflexions de Dominique Jamet.  LFAR 

     

    3312863504.jpgUn contre-emploi, dans le spectacle, c’est un rôle qui ne correspond pas à la personnalité, ou en tout cas à l’image, de celui qui l’interprète et, donc, à l’attente de son public.

    Face à une grande migration qui est autre chose qu’un phénomène saisonnier, l’Allemagne de Mme Merkel et la France de M. Hollande, également prises au dépourvu, jouent depuis quelques semaines à contre-emploi.

    Compte tenu de ses nobles postures, de ses beaux discours, de ses grands élans, de ses traditions, de sa réputation, pour ne pas dire de sa légende, on pouvait s’attendre que la France, la France des droits de l’homme et des zintellectuels, la France lumière du monde et flambeau de la démocratie, la France éternelle de Victor Hugo, de Jean Jaurès, de Stéphane Hessel (mais aussi de Gobineau et de Charles Maurras) ouvrirait largement ses portes et son cœur aux malheureux chassés de leurs foyers par la guerre, l’oppression, la misère et la peur comme elle accueillit, dans le passé, Grecs, Polonais, Arméniens, juifs d’Europe centrale ou Espagnols républicains.

    En revanche, ce n’est pas vers l’Allemagne, vers le pays de Bismarck, de Hitler et de Schäuble (mais aussi d’Emmanuel Kant, de Karl Marx et d’Heinrich Heine), vers le pays qui portait comme une tache indélébile la terrible responsabilité de l’extermination des Héréros, de la tentative de génocide des juifs, du massacre de ses prisonniers russes, de la persécution des tsiganes, que l’on pensait voir un jour se tourner les yeux, les regards et les bras de millions de fugitifs quittant l’Asie et l’Afrique au péril de leur vie dans l’espoir d’un accueil chaleureux et d’un monde meilleur. Qu’attendre, au demeurant, d’une chancelière qui gérait sa boutique avec la prudence et la parcimonie d’une petite épicière de quartier ?

    Or, dans un premier temps, l’attitude du gouvernement français et celle du gouvernement allemand, à rôles inversés, ont déjoué toutes les prévisions et surpris également professionnels, critiques et spectateurs. Tandis que Mme Merkel déclarait superbement Ja, ich kann, non seulement je peux mais je dois accueillir autant de demandeurs d’asile qu’il en viendra, j’ouvre mes bras et mes frontières à tous ceux qui piétinent aux portes de l’espace Schengen, qu’ils viennent, il y a chez moi de la place et du travail pour tous, tandis que les Allemands se rendaient par milliers dans les gares et les centres de tri, pour y souhaiter la bienvenue à leurs visiteurs éberlués, M. Hollande, les pieds mouillés par la marée montante, faisait de son mieux pour détourner de lui le calice et noyer son refus sous le déluge habituel des grands mots qui ne coûtent rien et des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent. Deux évidences dictaient sa conduite au président français : un pays, celui dont il a voulu et dont il assume la direction, qui n’est pas fichu d’instruire, d’employer et de loger ses propres ressortissants n’est pas en mesure, à moins de pénaliser encore un peu plus ses nationaux, d’offrir des conditions de vie et de travail acceptables à des centaines de milliers d’immigrants. Son gouvernement en prendrait-il le risque, il ne ferait qu’aggraver encore la très dure sanction qui l’attend au début de décembre prochain. Donc, pas question de charger encore un peu plus un pédalo qui fait déjà eau de toutes parts.

    Où en sommes-nous aujourd’hui ? Trois semaines seulement ont passé depuis le choc déclenché par la trop fameuse photo d’un enfant mort sur une plage turque, et chacun des deux partenaires revient tout doucement, insensiblement, à des positions plus proches de son personnage habituel.

    De ce côté du Rhin, la gauche, la gauche irresponsable et vertueuse, celle qui continue de faire la pluie et le beau temps dans les médias et à la tribune des assemblées, celle devant laquelle la droite comme il faut, intimidée, finit toujours par s’incliner, empoigne ses mégaphones et prend sa plus grosse voix pour dicter la conduite irresponsable qui s’impose selon elle : les immigrants ne sont pas une charge mais un atout ; 24.000, 120.000, 500.000, peu importe, nous sommes assez riches pour faire face à la demande, il ne serait conforme ni à nos traditions ni à nos intérêts de reprendre le contrôle de nos frontières, la porte de la France est ouverte à qui veut entrer. Et Mme Merkel, dégrisée, joint sa voix au chœur des Bienveillantes : l’Allemagne, murmure-t-elle, ne peut accueillir toute la misère du monde, il faut que la France en prenne sa part.

    C’est que sur l’autre rive du fleuve, on a la gueule de bois des lendemains d’Oktoberfest. 44 % des Allemands étaient disposés à héberger les 800.000 et quelques migrants annoncés cette année ; ils ne sont plus que 35 %. L’enviable cote de popularité de Mme Merkel est tombée de 63 à 54 %. Ce ne sont plus seulement la Bavière et la CSU, mais les porte-parole de la CDU, ministres compris, qui ont mis de l’eau dans leur bière. Il n’est pas jusqu’à ses alliés et partenaires de la SPD qui ne crient casse-cou, et PEGIDA, hier marginalisée, voit de nouveau grossir ses rangs.

    Comme quoi il est risqué de jouer à contre-emploi. 

    41hcNtsEd5L__SL300_.jpg

    Dominique JametJournaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

  • Syrie : Quand la République idéologique tue ses propres enfants...

     

    Par Academos 

     

    academos.jpgSyrie : Six djihadistes Français de plastique tués par les frappes des Rafales ? Ou : quand la République idéologique tue ses propres enfants...

    Jacques Chirac, Premier ministre du Président Giscard d'Estaing, est à l'origine des suicidaires et scélérats décrets de 1975 sur le regroupement familial. Il n'a jamais voulu reconnaître sa faute, ni qu'il avait touché la France au coeur, si l'on peut dire, c'est-à-dire dans la constitution même du peuple de France : car ses décrets, accordant automatiquement la nationalité française par le jeu incontrôlé du droit du sol, ont abouti tout simplement à changer le peuple. Pas encore complètement, certes, mais à introduire au coeur même du vieux pays des masses de Français de plastique, des français « légaux », mais qui, pour reprendre les termes du Père de Foucauld, n'ont ni le coeur ni l'esprit français; et, pire, qui ne souhaitent acquérir ni l'un ni l'autre mais, bien au contraire, ne rêvent que d'une chose : nous imposer leur coeur et leur esprit : l'Islam. Merci, Chirac !

    Dans son aveuglement, Chirac était même allé, devenu Président, jusqu'à déclarer que ces jeunes des cités, qui haïssent tout de nous, de nos racines, de notre Être profond, étaient « les enfants de la République ». Enfants de la République idéologique, peut-être; enfants de la France, certainement pas ! Chirac a peut-être cru, ce jour-là, réussir une belle (!) envolée lyrique, il n'a réussi qu'à mériter le fameux « errare humanum est, perseverare diabolicum ».

    Et voilà qu'aujourd'hui on apprend que nos Rafales ont détruit un camp d'entraînement de terroristes islamistes qui, en Syrie, préparaient leurs sales coups, leurs attentats, leurs assassinats; et que, dans le tas des tués (bon paradis d'Allah, les gars !) il y avait (il y aurait) six Français.

    Valls refuse de confirmer, mais, quoi qu'il en soit, une seule chose est sûre : il n'y avait aucun Français parmi ces assassins en puissance. Il n'y avait que des ennemis de notre peuple, de notre culture, de nos traditions, de nos héritages culturels et religieux. Ils sont morts là-bas, s'étant enfermés dans la logique mortifère qu'ils ont librement choisie et qu'ils ont suivie en toute liberté : mieux vaut cela que de les avoir laissés venir ici se faire exploser au milieu d'innocents qui n'ont rien demandé...

    Mathias Léridon s'est permis de dire - et il a mille fois raison - qu'on n'est pas Africain parce qu'on naît en Afrique, mais parce que l'Afrique bat dans votre coeur.

    Eh bien, ce que l'on permet de dire à Mathias Léridon, ils serait piquant que l'on nous interdît de le dire, à nous, accommodé à la réalité française : on n'est pas Français parce que l'on naît en France ou parce qu'un Système haineux de notre Histoire et de notre passé, de notre culture et de nos traditions vous a - follement - donné un petit rectangle de plastique. On est Français, si l'on est naturalisé, parce que la France bat dans votre coeur. 

    Et, sinon, non ! 

    * On n'est pas Africain parce qu'on naît en Afrique, mais parce que l'Afrique bat dans votre coeur.

  • LIVRES & SOCIETE • Quand les politiques se la jouent écrivains…

      

    par Gabriel de Noves

    Un billet dont on appréciera l'exhaustivité et l'humour. 

    Les hommes politiques croient bon d’envahir émissions de radio et de télévision avec des livres censés anoblir leur statut aux yeux de l’opinion. Leurs chiffres de ventes font parfois très mal.

    Parmi la panoplie de trucs dont dispose l’homo politicus pour faire valoir la légitimité suprême de sa petite personne, le livre est devenu un incontournable. En lui-même, son contenu n’a pas grande importance. Parodie hugolienne ébouriffée chez un Villepin, balbutiement de programme chez une Pécresse, laborieuse copie de khâgneux chez un Guaino ou dernièrement un Fillon, peu importe. L’essentiel est comme toujours de vendre une image. Des mots contre une image, voilà le deal. Voilà la seule ambition de ces livres que personne n’a envie de lire, cadeaux de hantise pour tous les pères de famille…

    Le deal est des plus sommaires, mais l’homme politique s’y laisse prendre, s’émerveillant de son propre charme dans ce rôle pourtant grotesque de Chateaubriand des temps modernes, de chevalier prêt à défendre ses « convictions » sur tous les plateaux de télé qu’il rencontrera – grâce au plan de bataille bien vissé entre son éditeur, son dircom et les journalistes, bien entendu indépendants.

    Le but est de nous faire croire que, lui, a du fond. Il a un projet, des idées. Il est victime de ce temps médiatique qui va trop vite et qu’il aimerait pouvoir arrêter. Alors il écrit un livre, pour se montrer tel qu’en lui-même. Assez de ces miroirs déformants ! Il y a de la révolte dans son geste… Pendant que la France batifolait sur les plages, un Juppé par exemple, s’est retiré tout l’été, comme faisait Cicéron, dans une thébaïde où il a pris du recul et mûri cet ouvrage qu’il vient humblement nous présenter… Allez Alain, on y croit !

    Seulement « se vendre », même pour des gens qui en ont fait profession, n’est pas toujours simple. Les chiffres de ventes d’ouvrages écrits par des politiques qui tombent depuis quelques mois parlent d’eux-mêmes. Quoique très éloignés des résultats annoncés par les maisons d’édition, qui donnent volontiers le total des livres mis en rayon dans les librairies et non effectivement vendus, le trio gagnant affiche des scores honorables, en tenant compte des dates de sortie :

    Jean-Luc Mélenchon avec Le Hareng de Bismarck  (Plon), paru le 7 mai 2015 : 37.323 exemplaires,
     François Fillon avec Faire (Albin Michel) paru le 16 septembre 2015 : 15.864 exemplaires,
     Alain Juppé avec Mes Chemins pour l’école (Lattès) paru le 26 août 2015 : 9.764 exemplaires.

    Fillon l’emporte donc avec Faire, titre pourtant calamiteux, qui résonne comme un aveu d’impuissance pour un homme qui, précisément, a disposé de cinq ans pour « faire » et n’a pas su.

    Ensuite, c’est la dégringolade, pour ne pas dire la catastrophe industrielle. Les titres sont parfois de vrais poèmes surréalistes, mention spéciale à Cécile Duflot qui s’est effectivement fait virer…

     Rama Yade avec Anthologie regrettable du machisme en politique (Editions du Moment): 989 exemplaires
     Cécile Duflot avec Le Grand Virage (Les Petits Matins) : 665 exemplaires
     Fin du fin, Jean-Christophe Cambadélis avec A gauche, les valeurs décident de tout (Plon): 326 exemplaires.

    Un score particulièrement indigent pour le premier secrétaire du parti socialiste qui a bénéficié d’une large exposition médiatique avec, entre autres, un passage chez Ruquier…

    La bérézina éditoriale continue de plus belle :

     Delphine Batho avec L’insoumise : 715 exemplaires,
     L’ineffable Michel Sapin avec L’écume et l’océan : 346 exemplaires. Chef-d’œuvre de ridicule, la couverture nous montre un Sapin conquérant, qui dans la tempête, ne craint pas de relever le col de sa veste toute neuve. Le sous-titre précise : Chronique d’un ministre du travail par gros temps…

    Sapin 

     Claude Bartolone, Je ne me tairai plus : 268 exemplaires.

    La palme revient tout de même à Christine Boutin avec Qu’est-ce que le parti chrétien démocrate ?, qui n’a écoulé que 38 exemplaires… Sa famille ?

    Alors, qui intéressent-ils ? Qui entendent-ils représenter ? Le pire, c’est que la plupart campent à la télévision, enchaînent les matinales, persuadés de captiver les foules alors que les Français se moquent de leur avis, de leur baratin, de leurs effets de plume. Et bien sûr, on se gardera de mettre leurs chiffres en rapport avec ceux d’Eric Zemmour – près de 500 000 exemplaires vendus pour Le suicide Français-, de Michel Onfray, Laurent Obertone… Tous ennemis revendiqués du système.

    Dernier exemple en date, et non des moindres : le livre de Philippe de Villiers Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, dont Albin Michel a tiré plus de 71 000 exemplaires. Entre 5 000 et 7 000 copies s’écouleraient par jour depuis le 1er octobre selon l’éditeur, ce qui place l’ouvrage en tête du classement des meilleures ventes et, si l’engouement se prolonge, devant Eric Zemmour. L’œuvre est celle d’un politique d’un genre particulier, puisque le fondateur du MPF y exprime son dégoût progressif envers un système autocratique dont il n’a pas voulu devenir l’otage, dézinguant à tout va ceux qui ne gouvernent pas mais font du « consumérisme politique », par exemple, en essayant de vendre des livres…

    Souverainiste, réactionnaire et gros vendeur… La nouvelle donne éditoriale ? De quoi donner des idées à Nadine Morano… Qui sait, peut-être engagerait-elle un nègre… 

     - Collaborateur de Politique magazine