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Altice, symbole du business moderne

 

par Ludovic Greiling

Passer de 500 millions d’euros d’actifs à 20 milliards en cinq ans, c’est possible ! C’est ce que révèlent les agissements d’Altice, la société de portefeuille luxembourgeoise contrôlée par l’homme d’affaires israélien Patrick Drahi. Ses dernières emplettes ? L’opérateur de télécommunications américain Cablevision, pour 17,7 milliards de dollars, trois mois après avoir racheté en Europe la compagnie Portugal Télécom pour 7,4 milliards d’euros.

Devenu en quinze mois un magnat des médias français

Auparavant, en quinze mois, Patrick Drahi avait mis la main en France sur la majorité de l’opérateur de téléphonie mobile SFR ainsi que sur Virgin Mobile (il contrôle déjà le fournisseur d’accès à internet Numéricâble). Il s’était également lancé dans le rachat de gros médias nationaux, comme le groupe médiatique Roularta (L’Express, L’Expansion, L’Etudiant, Point de vue, etc), 42% du journal Libération et la moitié du capital des radios-télés RMC et BFM.

De la magie ? Non. Seulement une boulimie d’acquisitions obtenues par endettement, typique de l’actuel mouvement de concentration des richesses dans le monde. Fin juin, le montant dû par Altice à ses créanciers équivalait près de 30 milliards d’euros (avant acquisition de Cablevision). Qui lui prête ? « La société lève surtout de l’argent par émission d’obligations qui servent des taux d’intérêts élevés, de 5% à 6%. Et son business tient car elle améliore beaucoup les marges des entreprises acquises en coupant drastiquement dans leurs coûts », explique un analyste de banque qui suit la valeur. Un quart de la dette d’Altice est également assuré par des crédits bancaires.

Comment la dette concentre les richesses

Pour obtenir de tels financements, il faut du réseau et Patrick Drahi n’en manque pas. Celui qui avait commencé sa carrière télécom en France avec le soutien de nombreux fonds américains – dont Carlyle, bastion financier du complexe militaire états-unien – est très présent en Israël, où il a été reçu à plusieurs reprises par l’ancien président Shimon Peres. Il y a d’ailleurs lancé i24news, une chaine d’informations multilingue dont le but est de « doter Israël d’un outil d’influence », selon son directeur.

Le modèle d’Altice peut-il tenir ? L’inquiétude a gagné certains banquiers après la publication d’une note de Goldman Sachs qui mettait en doute les montages financiers du groupe. « Même si les taux d’intérêts venaient à monter, son modèle devrait encore marcher », tempère cependant notre analyste bancaire. « Altice coupe drastiquement dans les coûts des entreprises rachetées. Par exemple, suite à son acquisition en République dominicaine, la marge d’exploitation y est passée en très peu de temps de 30% à 50% [à force de licenciements massifs – NDLR]. Quand vous rachetez une compagnie mal gérée et que vous pouvez en améliorer le business, ça fonctionne. Néanmoins, Altice ne pourra pas continuer à aller aussi vite comme cela », conclut le spécialiste.   

 - Politique magazine

 

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