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Actualité France - Page 406

  • Quand M. Météo se fait virer de la télévision...

     

    par Jean-Philippe Chauvin 

     

    arton8470-7b8cd.jpgJadis, au temps de la IIIe République, il fallait être bon républicain pour espérer monter dans l'échelle des carrières militaires ou judiciaires, exception faite des périodes de guerre où d'autres valeurs, moins « politiques », reprenaient leur antique place... Cette même République, dans les années 1880, n'avait pas hésité à suspendre l'inamovibilité des juges durant plusieurs mois pour républicaniser la Justice, c'est-à-dire l'épurer des éléments connus pour leur fidélité monarchique ou impériale ! Aujourd'hui, plus besoin de lois d'exception ou de soupçon de dissidence politique pour être mis à la porte d'une chaîne de télévision publique : il suffit juste de ne pas être dans la « ligne » de l'idéologie dominante, y compris sur le plan... climatique !

    Ainsi, un présentateur de bulletins météorologiques, dont on aurait pu penser qu'il n'était pas d'un grand danger pour l'ordre établi et la République hollandiste, est licencié pour avoir commis un livre de tendance « climatosceptique » et connaître un certain succès de librairie. Pourtant, ce monsieur n'a rien d'un Zemmour ou d'un Onfray, têtes de Turcs favorites des milieux de la bien-pensance, et il n'a rien écrit sur l'identité, la nation ou le déclin. De plus, il était jadis apprécié par ceux qui le condamnent aujourd'hui pour avoir été la première personnalité de la télévision à avoir annoncé publiquement son mariage avec son compagnon, juste après le vote de la loi Taubira ! Jusqu'à cet été, tout allait bien, et, diplômé d'un master II en Développement Durable (oxymore...) à l'université de Paris-Dauphine, il avait ainsi couvert pour des chaînes de télévision de grandes conférences sur le climat, de Bali à Copenhague, entre autres, sans susciter de critiques particulières. 

    Mais il a failli gâcher la fête, cette fameuse COP 21 dont M. Hollande veut faire un moment fort de son quinquennat, à la veille des élections régionales, et le symbole de son « activisme politique sur l'Environnement » (sic!) : en publiant ce livre intitulé « Climat investigation », qui reprend des antiennes déjà entendues ailleurs et qui développe des thèses qui me semblent, personnellement, peu convaincantes, M. Philippe Verdier a fait usage de sa liberté d'expression et a apporté sa pierre aux nécessaires débat et prise de conscience sur les enjeux climatiques, même si la sienne était plus brute que polie. Son licenciement par la direction de la chaîne sur laquelle il officiait jusqu'à ses derniers mois est un véritable camouflet pour ceux qui, comme moi, sont attachés à cette liberté d'expression qui, pour choquante qu'elle puisse être parfois, me semble indispensable à la respiration d'une nation. 

    Je le répète : je ne suis pas d'accord avec les propos de M. Verdier et je crois y déceler quelques lourdes erreurs sur la question climatique. Je combats ses thèses et je milite pour une écologie véritable et politique, mais je dénonce son licenciement qui m'apparaît comme une redoutable mise en garde à l'égard de tous ceux qui ne penseraient pas comme le veulent ce gouvernement et ce président. Car ce que l'on reproche à ce journaliste, c'est de ne pas penser « climatiquement correct », c'est d'avoir une autre opinion que celle qui prévaut aujourd'hui en haut lieu, de façon d'ailleurs assez hypocrite : qui croit que ce gouvernement se préoccupe vraiment de l'avenir du climat et des conséquences environnementales de la société de consommation qu'il continue de défendre à travers sa politique économique ? 

    M. Verdier paye pour les autres, diraient certains, et ce n'est sans doute pas faux : c'est aussi, au-delà même de la motivation première (même pas assumée par la direction de France Télévisions) de sa mise à l'écart, un avertissement sans frais à ceux qui oseraient douter de la volonté de M. Hollande, ou à ceux qui verraient dans ses déclarations quelques ruses d'abord politiciennes. La tête de M. Verdier est jetée comme un os à ronger à quelques institutions ou partis qui se proclament écologistes sans l'être autrement que médiatiquement et électoralement... Dans le même temps, ce même gouvernement fait savoir, par la voix de son préfet en Loire-Atlantique, que vont bientôt reprendre les travaux en vue de la construction de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes : de qui se moque-t-on ? La promotion du bitume et du kérozène au détriment d'une des dernières zones humides de l'Ouest alors que la COP 21 se veut la promotion d'un modèle énergétique moins polluant : n'y a-t-il pas là une terrible contradiction ou une fâcheuse hypocrisie, ou les deux à la fois ? 

    Dans l'affaire Verdier, il y a deux victimes, au-delà de l'intéressé lui-même : la liberté d'expression et l'écologie véritable. Décidément, de cette République-là, il n'y a rien à croire ni à espérer... 

    Le blog de Jean-Philippe CHAUVIN

     

  • Jean Sévillia : « La France catholique n'a pas dit son dernier mot »

     

    Par Jean-Christophe Buisson

    Une interview où Jean Sévillia fait un point fort intéressant sur le poids, l'importance, le positionnement, les orientations, en bref sur la situation des catholiques de France et leur avenir. Un sujet qui concerne actuellement plus que jamais le domaine proprement politique. LFAR    

    Historien, essayiste et journaliste, Jean Sévillia publie un superbe album illustré qui constitue, par le texte et par l'image, un état des lieux du catholicisme en France aujourd'hui. Cette interview a été donnée au Figaro magazine.

    La France catholique : le titre du livre que vous publiez n'est-il pas provocateur ?

    Tel n'est pas son objectif, en tout cas. Evoquer la France catholique, c'est rappeler les faits. En premier lieu en ce qui concerne la population française. S'il est interdit aux organismes publics de procéder à des statistiques sur l'appartenance religieuse, de nombreuses études opérées par des instituts de sondage fournissent des indications fiables. Selon une récente enquête, 56 % des Français se déclarent catholiques, 8 % musulmans, 1,4 % protestants, 1,4 % orthodoxes, 1,3 % bouddhistes et 0,8 % juifs, 27 % des sondés se présentant comme sans religion. 56 % de catholiques déclarés, c'est ce qu'on appelle une majorité. En chiffres, on sait que le pays compte 44 millions de baptisés, ce qui fait, sur 65 millions d'habitants, les deux tiers de la population. Sous l'influence d'une laïcité exacerbée qui voudrait effacer le fait religieux de l'espace public, sous l'incidence, également, du grand nombre de questions intérieures et extérieures touchant à l'islam ou aux musulmans et qui finissent par accaparer les débats, on en viendrait à oublier, et pour certains à occulter, que le catholicisme reste la religion d'origine ou de référence de la majeure partie de la population française.

    Mais une religion qui est de moins en moins pratiquée…

    Certes. Au début des années 1960, environ 90 % des Français se présentaient comme catholiques, dont 35 % de pratiquants réguliers ou occasionnels ; au début des années 1970, les pourcentages étaient encore de 82 % de catholiques déclarés et de 20 % de pratiquants. Aujourd'hui, les catholiques pratiquants représentent entre 4,5 et 6 % de la population. Ce recul spectaculaire tient à des causes multiples: disparition de la vieille société rurale, bouleversements socioculturels des années 1960-1970, sécularisation du monde occidental. D'une société qui, en dépit de la laïcité officielle et de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, était héritière d'une société de chrétienté, nous sommes passés à une société du libre choix religieux, dans un contexte d'incroyance généralisée. Néanmoins, en 2015, la France compte 3 millions de catholiques pratiquants réguliers et 10 millions de pratiquants occasionnels, soit 13 millions de personnes. S'il s'agit d'une minorité, cette minorité est numériquement la première minorité de France. Quant au long terme, les projections montrent qu'en 2045, le pays comptera entre 33 et 37 millions de baptisés, ce qui sera encore une masse considérable.

    Mais la France catholique, c'est aussi une culture ?

    C'est un patrimoine de 100 000 édifices religieux, dont 150 cathédrales et 45 000 églises paroissiales. C'est un enracinement bimillénaire qui s'observe dans la toponymie (4 400 communes portent un nom de saint), dans le calendrier civil où les six plus grandes fêtes chrétiennes sont des jours fériés, dans les traditions populaires, de la crèche de l'Avent aux œufs de Pâques. C'est tout un héritage artistique, littéraire et musical. C'est un héritage intellectuel et philosophique: tous les grands penseurs français, même s'ils n'étaient pas chrétiens, ont eu à se situer par rapport au catholicisme, ce qui revenait à reconnaître la place centrale de celui-ci dans notre histoire. La France catholique, ce sont encore les principes de base qui fondent le pacte social: la dignité de la personne humaine, l'égalité entre l'homme et la femme, la solidarité envers les petits et les pauvres, le souci de la justice ou le sens du pardon ont pu être laïcisés, ils expriment une anthropologie tirée des Evangiles. C'est en ce sens que la formule du général de Gaulle selon laquelle «la République est laïque, la France est chrétienne» conserve toute sa pertinence. C'est en ce sens également que les sociologues Hervé Le Bras et Emmanuel Todd ont pu parler récemment d'un «catholicisme zombie», signifiant par là qu'en dépit de la baisse de la pratique religieuse,

    Quel est le poids des catholiques dans la société ?

    Il est énorme, mais il s'exerce de façon discrète. Dans le domaine de l'enseignement, par exemple, une famille française sur deux confie son enfant à un moment ou à un autre de son parcours scolaire à l'enseignement catholique. Même quand les motivations des parents ne sont pas d'ordre religieux, et même quand les établissements fréquentés n'ont qu'une faible identité confessionnelle, les élèves ont un contact, le temps de leur scolarité, avec l'univers catholique. Dans le domaine de l'aide sociale, du caritatif et de l'humanitaire, tant en France que pour les missions françaises à l'étranger, si l'on supprimait d'un trait les associations catholiques, ce serait une perte immense, si nombreux sont les catholiques engagés dans ces secteurs. L'éducation chrétienne, en général, prédispose au bénévolat. Rappelons, par exemple, qu'avec 125 000 membres le scoutisme catholique, toutes tendances confondues, est un des principaux mouvements de jeunesse français.

    Et sur le plan politique, que représentent les catholiques ?

    Politiquement, ils sont divisés. Ce n'est pas nouveau, cela date du XIXe siècle. Il existe des catholiques de gauche, du centre et de droite. Mais, au cours des deux dernières décennies, les équilibres se sont modifiés. Nous avons assisté à la quasi-disparition des chrétiens de gauche, emportés par leurs désillusions consécutives à la présidence de François Mitterrand. Puis à la droitisation du curseur chez les catholiques pratiquants, dont les trois quarts ont voté pour Nicolas Sarkozy au second tour de l'élection présidentielle de 2012. Mais le peuple catholique n'est pas différent du commun des mortels: ce qui prédomine chez lui, c'est une méfiance à l'égard des partis et des hommes politiques actuels, accusés de se préoccuper d'enjeux politiciens ou d'objectifs à court terme, et non des vrais problèmes qui engagent notre avenir. L'opposition au mariage homosexuel, toutefois, a manifesté une capacité de mobilisation des réseaux catholiques qui a surpris tout le monde, y compris les organisateurs des grandes manifestations de 2012-2013. Cette mobilisation, qui a dépassé les clivages traditionnels, marque l'entrée dans l'arène d'une nouvelle génération catholique qui sait être une minorité agissante.

    Qu'est-ce que le pontificat du pape François change pour les catholiques français ?

    Méfions-nous des fausses oppositions entretenues, non sans arrière-pensées, par le système médiatique. La majorité des forces vives du catholicisme français, que ce soit dans le clergé ou chez les laïcs, n'a eu aucun problème, au contraire, avec les pontificats précédents. Le témoignage public de la foi chrétienne par les processions ou les pèlerinages, pratiques qui sont en plein renouveau, l'exigence de formation religieuse ou d'approfondissement spirituel, qui caractérisent la nouvelle génération, sont des legs de Jean-Paul II et de Benoît XVI. Mais l'appel à la radicalité évangélique à laquelle invite François n'a rien pour déplaire à cette nouvelle génération.

    Comment se présente l'avenir pour le catholicisme français ?

    Les évolutions démographiques et sociologiques sont lentes mais implacables. A court et moyen terme, nous allons vers une Eglise de France plus resserrée, plus citadine, où les divisions internes n'auront pas disparu mais se seront déplacées. Dans la mesure où le catholicisme populaire a fondu, le risque est celui de l'entre-soi. La contrepartie de cette homogénéité sociale et culturelle, c'est une vraie cohérence et une garantie de durée. Sur le long terme, si l'on considère le dynamisme de ces mouvements, de ces paroisses et de ces communautés, sans parler de leur vitalité intellectuelle et spirituelle, on peut dire que la France catholique n'a pas dit son dernier mot. 

    Jean-Christophe Buisson 

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    La France catholique, de Jean Sévillia, Michel Lafon, 29,95 €.   

     

  • Libye, Syrie, Ukraine : le Waterloo de la diplomatie française

    La bataille de Waterloo, 18 juin 1815 - Clément-Auguste Andrieux

     

    L'analyse de Jean-Michel Quatrepoint

    Alors que Nicolas Sarkozy vient de rendre visite à Vladimir Poutine, Jean-Michel Quatrepoint compare, pour Le Figaro deux diplomaties, la française et la russe. Il déplore l'absence de vision de la France sur le dossier syrien. Son analyse, comme toujours parfaitement renseignée, éclaire et corrobore la position qui est la nôtre sur ces sujets, en effet compliqués, comme l'est l'Orient, mais où les intérêts de la France ne sont plus défendus. LFAR. 

     

    PHO1159e20e-cc52-11e3-a4f2-b373f3cdeec9-150x100.jpgNicolas Sarkozy a rendu visite à Vladimir Poutine dans sa datcha proche de Moscou, jeudi 29 octobre, et a prôné le dialogue entre la France et la Russie. Ce virage de celui qui a fait rentrer la France dans le commandement intégré de l'OTAN en 2007 vous surprend-elle ? 

    L'ancien président de la République devrait commencer par reconnaître ses deux erreurs. La première est la guerre de Libye : il est responsable de sa déstabilisation. Deuxièmement, c'est sous son quinquennat que son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, et le Quai d'Orsay, ont tout fait pour faire partir Bachar el-Assad. Par la suite, François Hollande, Laurent Fabius et le Quai ont aggravé cet échec diplomatique. Ceci dit, Nicolas Sarkozy peut se féliciter de ses relations anciennes avec Vladimir Poutine. Lors de la crise géorgienne, il avait su maintenir le contact avec celui qui était alors Premier ministre, n'hésitant pas, déjà, à se rendre à Moscou. 

    Comment qualifier l'attitude de la France en Syrie ? 

    C'est le Waterloo de la diplomatie française. Nous avons été exclus des dernières négociations. Les autres puissances se moquent de la voix de la France. Nous disposons, au même titre que l'Union européenne, l'Allemagne et l'Italie, d'un strapontin à la conférence de Vienne sur la Syrie ce vendredi. Les vrais décideurs sont en réalité la Russie et les Etats-Unis. Avec la réinsertion de cet Iran que la diplomatie française a tant ostracisé. Car le problème est bien plus complexe que la désignation des bons et des méchants. Si Assad est un dirigeant peu fréquentable, il est loin d'être le seul… 

    D'autres pays avec lesquels la France entretient d'excellentes relations sont également dirigés par des « infréquentables ». Dans cet Orient compliqué, prendre parti unilatéralement avec des idées simplistes comme nous l'avons fait était une erreur. Toute la diplomatie française s'est retrouvée en porte-à-faux ; sa tradition était de parler avec tout le monde et d'être un entre-deux, un médiateur qui facilite la résolution des problèmes de façon équitable. Là, nous avons choisi le camp le plus extrême qui soit puisque nous avons choisi comme alliés l'Arabie saoudite et le Qatar. On a adopté sans nuances la cause qatarie et saoudienne contre l'Iran et la Syrie. Aujourd'hui, l'Arabie saoudite, réaliste, s'asseoit à la même table que les Iraniens et discute avec les gens de Bachar. Nous sommes les dindons de cette farce tragique. 

    Quel bilan dresser de l'action diplomatique de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères ? 

    Laurent Fabius a tout fait pour faire échouer les négociations sur le nucléaire iranien. Il a une part de responsabilité dans la crise ukrainienne. Il n'a pas veillé à ce que l'accord signé à Maïdan entre les Russes et les Ukrainiens soit respecté. On peut critiquer Fabius, mais la responsabilité incombe largement au Quai d'Orsay. La diplomatie gaullo-mitterandienne a connu son chant du cygne, en 2003, avec Dominique de Villepin. Beaucoup des diplomates du Quai, largement imprégnés par le courant néo-conservateur américain, n'ont pas apprécié le discours du Premier ministre à l'ONU sur la guerre d'Irak. En ce moment, ceux qui sont à la manœuvre sont les néo-conservateurs, qui ont dépassé leurs modèles américains! À vouloir imiter et servir les Américains et les Saoudiens, ils ne se font jamais respecter. 

    Il est par ailleurs absurde de privilégier une relation avec un pays aussi petit sur le plan démographique et culturel que le Qatar, au détriment d'un pays de 80 millions d'habitants tel que l'Iran. Le développement économique de l'Iran comparé à celui du Qatar est sans commune mesure. 

    Il se murmure que Laurent Fabius pourrait être nommé président du Conseil constitutionnel. Ségolène Royal est pressentie pour le remplacer. Ce choix paraît-il approprié ? 

    Mais il y a aujourd'hui un autre candidat pour le Conseil constitutionnel, Lionel Jospin. Et des négociations sont en cours en ce moment entre François Hollande et Jean-Louis Debré. Ségolène Royal était à Moscou en même temps que Nicolas Sarkozy, même si elle n'a pas été reçue par Vladimir Poutine à qui elle portait une invitation pour la Cop21… 

    En réalité, le problème n'est pas le ministre des Affaires étrangères, mais l'administration qui le soutient et le président de la République. C'est ce dernier qui donne l'impulsion diplomatique. Il a choisi de nommer un ambassadeur à Moscou qui, bien que membre de la promotion Voltaire à l'ENA, n'est ni russophone ni russophile. 

    La politique étrangère française se réduit-elle aujourd'hui à la diplomatie du climat ? 

    On a abandonné la diplomatie des droits de l'Homme puisque on a bien vu que tous les pays auxquels nous avons tenté d'apporter la démocratie ont été ravagés (Libye, Syrie…). Et qu'en Egypte, le maréchal Sissi a sauvé le pays des Frères musulmans en faisant peu de cas des droits de l'homme. Il a tout simplement appliqué le principe : pas de liberté pour les ennemis de la liberté. On a l'impression qu'après les droits de l'homme on s'est rabattu sur la diplomatie du développement durable. Il s'agit certes d'un enjeu important, mais on ne saurait limiter notre diplomatie à ce seul aspect des choses. Quant à la politique énergétique, on ferait mieux de valoriser ce qui reste un de nos points forts : le nucléaire. Et de relancer les recherches sur les futures générations de centrales. 

    Quelle est la stratégie de la Russie en Syrie ? 

    La diplomatie russe emmenée par Sergueï Lavrov est réelle, réaliste et réfléchie. Après la crise ukrainienne qui les a mis en difficulté, les Russes ont réussi à se repositionner avec habileté sur la Syrie. 

    À la fin du printemps, les Russes se sont rendu compte que l'armée d'Assad était exsangue. Des 300 000 soldats du départ, il n'en restait plus que 150 000. Cette armée a été minée par les désertions des sunnites, passés dans les rangs de Daech, al Nosra ou de l'Armée syrienne libre, et les morts. Les 250 000 morts dont on nous parle sont dans tous les camps : l'armée régulière, les groupes djihadistes et les civils. Le flux migratoire que l'on connaît en Europe s'est accéléré à partir de juin 2015. Une partie des Syriens favorable au régime craignant alors que Bachar el-Assad soit défait, a choisi de s'exiler. 

    Les Russes ont choisi de ne pas lâcher Assad pour plusieurs raisons. Dans les rangs de Daech, il y a 5 000 Tchétchènes, peuple musulman qui vit au Sud-Ouest de la Russie aux tendances séparatistes et islamistes. Si l'État islamique installe son califat, il y un risque majeur de déstabilisation de tout le Caucase. Ensuite, les Russes perdraient la base navale de Tartous qui leur est essentielle pour assurer leur présence en Méditerranée. Tout comme il était vital pour eux d'avoir une large ouverture sur la mer Noire. L'annexion de la Crimée visait d'abord à récupérer la base navale de Sébastopol. 

    Mais Moscou venait de resigner une concession de trente ans avec l'Ukraine pour sa base navale… 

    Oui, mais les Russes n'avaient plus confiance. L'évolution en Ukraine, le jeu trouble des États-Unis et de certains États européens leur ont donné à penser que cet accord pouvait être rompu du jour au lendemain. Ils ont donc préféré se servir avant d'être éventuellement mis à la porte. Par cet accès à la mer Noire, les Russes conservent une ouverture sur la mer Méditerranée. Il y a également une explication religieuse au soutien affiché à Assad. Bachar et son père ont protégé les minorités religieuses chrétiennes, orthodoxes, comme Saddam Hussein en Irak. Hussein, qui était sunnite - une minorité sunnite dirigeait d'une main de fer l'Irak, à majorité chiite - a préservé le million de chrétiens irakiens. Son ministre des Affaires étrangères, Tarek Aziz était précisément un chrétien. A contrario en Syrie, une minorité alaouite, variante du chiisme, gouverne, avec l'appui des chrétiens (5% de la population), une majorité de sunnites. Mais les Assad, comme Sadam Hussein, venaient du parti Baas, où les influences socialistes et les liens avec l'URSS étaient importants. La Russie de Poutine ne veut pas être exclue d'un Proche-Orient où l'URSS avait des alliés, au premier rang desquels la Syrie. 

    Comment les Russes ont-ils procédé ? 

    La prise de Palmyre par Daech en mai a accéléré le cours des choses ; même si cette prise est d'une importance stratégique secondaire, le poids symbolique s'est lourdement fait sentir. Le mouvement diplomatique opéré par le Kremlin a consisté à traiter avec les Saoudiens, avec le discret appui de Washington, et à les amener à rediscuter avec le régime syrien. Le 18 juin dernier, Poutine a reçu à Moscou le prince Mohammed ben Salmane, ministre de la Défense et vice-Premier ministre saoudien. Ils se sont mis d'accord sur une reprise du dialogue avec la Syrie. Les Saoudiens ont posé comme condition que la rencontre avec les Syriens se déroule à Riyad. Ces derniers ont accepté et envoyé leur numéro deux, le patron des services de renseignement, Ali Mamlouk, pour rencontrer Ben Salmane à Riyad. Chacun a vidé son sac. Les Syriens ont reproché aux Saoudiens de ne plus privilégier un comportement collectif — comme au temps où Egypte, Syrie et Arabie saoudite étaient les meneurs de la diplomatie du monde arabe -, d'armer leurs opposants et de briser ce lien qui les unissait en leur préférant les Qataris. Les Saoudiens, de leur côté, ont reproché aux Syriens leur proximité avec le régime iranien. Mais ils s'étaient reparlés ce qui était l'essentiel. 

    Les Russes ont ensuite préparé conjointement une habile stratégie diplomatique, pour se garantir un maximum d'alliés, et une offensive militaire dans la région. Leur but était de dégager l'étau qui enserrait Assad. Par conséquent, ils ont frappé d'abord ceux qui étaient directement à son contact, en l'espèce al Qaïda et al Nosra, et non Daech. Il est logique qu'ils aient frappé en premier lieu ceux qui menaçaient directement le régime syrien. Puis dans un deuxième temps, ils se sont plus largement attaqués à Daech. 

    Les Russes ont-ils une solution de rechange s'ils ne parviennent pas à maintenir Assad au pouvoir ? 

    Effectivement, leur idée initiale est de former un bloc uni - États-Unis, Turquie, Arabie saoudite, régime syrien, Iran - contre Daech. À l'évidence, ils ont expliqué à Assad, lors de sa récente visite à Moscou, qu'à terme il devrait quitter le pouvoir, si c'était la condition d'un accord politique, du maintien de l'intégrité du pays et d'un front uni contre Daech. Mais si ce plan A échoue, leur plan B consiste en une création d'un réduit alaouite sur la bordure méditerranéenne, autour de Lattaquié et Tartous, dont ils protègeraient les frontières contre l'EI. Les Russes soutiendraient le réduit alaouite comme les Américains ont soutenu Israël. 

    Ce qu'il faut souligner c'est que les Russes, bien que touchés par la crise économique, sont encore capables de déployer une stratégie diplomatique de grande ampleur. La Russie compte peu économiquement, c'est l'échec de Poutine ; il n'a pas réussi à reconvertir une économie de rente pétrolière et minière en une économie moderne. Mais diplomatiquement, elle a complètement repris pied sur le champ diplomatique depuis la fin de l'URSS.  •

    Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à La Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.

    Dans son livre, Le Choc des empires .Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l'économie-monde ? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maîtres sur la mondialisation.  

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières et Alexandre Devecchio

  • BD & SOCIETE • Y’a bon Astérix ! Nos ancêtres les racistes

     

    Un commentaire de Jean-Paul Brighelli  en tous points remarquable par son humour et par sa pertinence

    Disons le tout net : nous avons un sujet de désaccord avec Jean-Paul Brighelli. Essentiellement, c'est sur son attachement en quelque sorte intégral aux Lumières que nous divergeons. Nous croyons plutôt comme Houellebecq que les Lumières sont aujourd'hui éteintes ou en voie de l'être et qu'il convient de sauver d'elles seulement ce qui peut l'être. C'est à dire, pour être très brefs, ce qui ressort encore dans les Lumières - souvent avec éclat - de l'ordre, du goût et de la tradition française à l'exclusion de ce qui y inaugure la déconstruction. de cet ordre et de cette tradition. A cette divergence près qu'il est sans doute honnête de signaler, nous partageons le plus souvent les analyses de Jean-Paul Brighelli. En l'occurrence, sa satire de l'antiracisme nous paraît en tous points justifiée et rondement menée ! Lafautearousseau    

     

    985859-1169345.jpgNous avons donc appris cette semaine, grâce à l’Express qui a relayé des critiques éparses dans le Camp du Bien, que le dernier Astérix était raciste.

    Et que d’ailleurs tous les Astérix étaient racistes. Le grand philosophe Liliam Thuram (né en 1972 après J.C.) explique dans une vidéo qu’enfant, il s’identifiait à Astérix, et ne parvenait pas à se voir en noir — c’est le principe du héros, hé, banane ! Surtout les Noirs d’Astérix : dans le dernier opus, qui est un pur « à la manière d’Uderzo », ils ont encore de grosses lèvres et un nez épaté. Et les « scribes numides », les auteurs précisent en Note qu’on les appelle aujourd’hui « nègres littéraires ».

    « Ghostwriters », en anglais. Rappelez-vous ce roman de Philip Roth, la Tache, où le héros, prof de fac, se fait virer de son université pour avoir traité de « spooks » — zombies, mais aussi « nègres » en argot — deux étudiants-fantômes, jamais vus en cours — mais qui se trouvent être noirs, ce qu’il ignorait. Insensibilité, protestations de la NAACP, il est viré, détruit — alors qu’il est lui-même d’origine noire ; c’est le final twist du roman. Finkielkraut en a fait une très belle analyse dans Un cœur intelligent (2009). Roth, qui sait un peu ce qu’est le racisme, a écrit là son plus beau livre.

    Retour à Astérix. Le Noi’ vigie du bateau pi’ate ne p’ononce pas les R, et de su’c’oît il avoue dans ce de’nier opus qu’il ne sait pas lir’e — pas grand monde savait lire au Ier siècle av. J.C.. Cela émeut les antiracistes proclamés, les mêmes qui exigent, comme Louis-Georges Tin, qui a fait de la revendication antiraciste son fonds de commerce, que Tintin au Congo comporte en Europe comme aux Etats-Unis un insert expliquant qu’il s’agit d’une (vilaine) vision coloniale.

    Il est vrai que Tintin au Congo envoyait la dose, surtout dans la première édition — ce qui amène les blogueurs de l’Obs à se demander s’il ne faudrait pas tout bonnement l’interdire. Et les corrections de l’édition couleur sont touchantes, mais tout aussi révélatrices de la pensée coloniale.

    Tout comme les corrections de Tintin au pays de l’or noir, où Hergé a transformé les stéréotypes du racisme anti-juif en stérétotypes du racisme anti-musulman (en vingt ans, entre la première et la seconde édition, les Arabes ont désappris à lire — un comble !). Et alors ? Tout cela, c’est l’histoire des idées. Bombarder les livres d’avertissements en tous genres ne pourrait que contribuer à l’invention d’un racisme à l’envers, dont on ne voit que trop les manifestations immondes — j’en ai parlé ici même il y a quelques mois.

    Quant à savoir ce que vaut ce Papyrus de César, vous trouverez une analyse modérée et compétente ici — et un refus d’affubler un album de BD d’étiquettes qui sont autant de poncifs elles-mêmes, voire les manifestations d’un racisme à rebours. Le Corse que je suis ne s’est jamais offusqué des clichés véhiculés par Astérix en Corse, d’autant qu’ils étaient soulignés comme clichés. Le Corse paresseux, ce n’est jamais qu’un rappel du fait que d’après les Romains, maîtres du langage et de l’idéologie à l’époque, les Corses refusaient d’être esclaves et préféraient mourir que de servir un maître qu’ils ne s’étaient pas choisis. Il en est d’autres, dans d’autres civilisations, qui acceptaient le fait d’autant plus aisément qu’ils avaient été mis en esclavage par leurs frères de couleur ou de religion — but that’s another story. 

    Jean-Paul Brighelli (Causeur)

  • SOCIETE • Les nouveaux dogmes…

     

    Par Camille Pascal  

    Camille Pascal dit son point de vue dans Valeurs actuelles sur le sujet qu'on va découvrir et il nous paraît bon qu'il l'ait fait. Qui plus est en temps opportun. Il est un littéraire et un politique. Pas un de ces scientifiques auxquels, par accroc, il se réfère ici. Mais, après tout, le simple bon sens surclasse parfois les hypothèses de la science. Et, par ailleurs, Claude Allègre qui est, lui, un pur scientifique, ne nous semble pas penser autrement que Camille Pascal sur ce sujet controversé où, souvent, se déploie et s'impose un conformisme plutôt irritant. Parfois même suspect. Nous aurons tendance comme Camille Pascal à ne pas y succomber. LFAR   

    Gare à qui s’avise de remettre en cause le catastrophisme climatique. Témoin le tollé médiatique contre le livre de Philippe Verdier.

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngLe dogme de l’Immaculée Conception, défini par le pape Pie IX en 1854, fut longtemps la cible de toutes les railleries anticléricales. Les catholiques ont cru et baissé la tête sous le regard ironique des libres-penseurs, mais, à ma connaissance, personne n’a été condamné ni même inquiété en France pour avoir contesté ce dogme tardif de l’Église catholique. Il semble qu’il n’en soit pas de même aujourd’hui pour ceux qui ont le malheur de remettre en cause la réalité, ou tout simplement la portée réelle, du réchauffement climatique.

    C’est ce qui vient d’arriver à un certain Philippe Verdier, présentateur météo de France 2, dont l’ouvrage intitulé Climat investigation a tenté de démontrer que, loin des prévisions apocalyptiques que l’on nous présente comme autant de vérités révélées, le réchauffement climatique pourrait avoir des effets relativement bénéfiques pour les sociétés occidentales. Que n’avait-il pas dit là à quelques semaines de la conférence de Paris qui doit, nous promet-on, annoncer d’immenses choses pour la sauvegarde de la planète ? En l’espace de quelques heures, ce livre, très anodin sur le fond, était dénoncé du haut de toutes les chaires médiatiques comme blasphématoire et sacrilège, l’auteur déclaré “climatosceptique” — entendez par là incroyant — et frappé immédiatement d’excommunication télévisuelle.

    Pour tenter de sauver son âme et son poste, le malheureux a expliqué qu’il n’avait pas remis en question le dogme sacro-saint mais simplement cherché à “relativiser” la portée du discours millénariste de ces nouveaux anachorètes qui prêchent la fin du monde depuis des palaces internationaux. Relativiser, là est le crime impardonnable car aucune religion, surtout lorsqu’elle est toute neuve, ne tolère le relativisme. Ainsi, en quelques décennies, une poignée de ces prédicateurs est parvenue à imposer une nouvelle religion vaguement teintée de spinozisme qui assimile Dieu à la nature. L’homme porte désormais un nouveau péché originel, et il doit pour cela expier dans la décroissance, la marche à pied et les patates “bio”.

    Un historien comme Emmanuel Le Roy Ladurie a pourtant démontré, archives à l’appui, qu’à l’échelle de l’histoire humaine le climat avait connu de fortes variations sans aucun lien avec l’activité des hommes. L’histoire géologique, quant à elle, est une succession de bouleversements climatiques bien antérieurs à l’apparition de l’espèce humaine… Enfin, pour abdiquer sa liberté de raisonnement face à un discours scientifique, il faudrait avoir perdu toute lucidité. Le Club de Rome nous annonçait déjà, il y a un demi-siècle, l’épuisement des ressources non renouvelables avant 2010. Ces éminents scientifiques avaient tout simplement oublié de prévoir la découverte de nouveaux champs pétrolifères et l’essor du gaz de schiste. Il est bien possible que le malheureux Philippe Verdier — on a les Galilée que l’on peut — vienne à résipiscence devant le tribunal de la nouvelle inquisition écologiste pour reconnaître que la Terre est menacée, mais nous serons toujours quelques-uns à penser : et pourtant, elle continue de tourner…   

     

    Camille Pascal

     

     

     

  • HUMOUR & SOCIETE • Quand Bouvard dégaine... Mortel !

     

    sans-titre.pngC'est la désolante saga d'un fromage d'abord appelé Hollande et fabriqué avec la crème des grandes écoles puis rebaptisé Président avant de se liquéfier peu à peu, en dépit de sa graisse personnelle, jusqu'à s'identifier au yaourt à 0%. 

    Le refus de prendre ses distances avec la crèmerie sous prétexte qu'un bail, récusé aujourd'hui par presque tous les signataires, lui assure encore deux ans et demi de pas-de porte, semble avoir fait définitivement tourner le bon lait de la tendresse électorale. 

    L'amour pour ma patrie étant plus fort que l'amour-propre, j'en arrive à regretter d'avoir, dès le début de l'année de disgrâce 2012 et en basculant déjà dans l'opposition, tout prévu des malheurs qui allaient fondre sur nous. 

    A savoir l'incompétence gouvernementale d'un cacique de province propulsé directement de la direction du département le plus endetté du pays à la tête de la cinquième puissance mondiale. Une incapacité à rallumer les fours de la croissance, beaucoup plus angoissante que celle d'un réparateur de chaudière connaissant mal son métier. 

    L'entêtement idéologique, le défaut de pragmatisme et le manque de charisme ont abouti à ce que, élu voilà trente mois avec 52% des voix, Hollande ne disposerait même pas aujourd'hui d'une majorité au conseil municipal de Tulle. 

    Certains remarqueront qu'on ne doit pas plus apprendre l'arithmétique que l'orthographe à l'ENA. D'autres dresseront la liste des bons sentiments tombés en quenouille, des promesses non tenues parce qu'intenables et des formules pompeuses vidées de leur sens par les réalités. Emplois d'avenir devenus jobs sans lendemain. Soi-disant pactes impliquant l'accord de tous mais rejetés la semaine suivant leur annonce. Suppression des impôts mais pour ceux qui n'auraient jamais dû en payer. 

    Le pouvoir devient une impasse lorsque le peuple descend dans la rue. La mosaïque formée par les déçus, mécontents, protestataires qui recouvre toutes les régions, toutes les générations, toutes les professions.

    Les policiers se suicident. Les paysans sont désespérés.

    Les médecins ferment leurs cabinets. Les avocats retirent leur robe.

    Les huissiers sont tout saisis.

    Pour la première fois, les enseignants, les parents et les enfants éprouvent le même ras-le bol.

    Les mensonges d'Etat s'érigent en système de communication.

    Le remplacement des 16 « Moi Président », qui ont fait, paraît-il, la victoire contre le seul "sans-dents » qui consomme la défaite. 

    Les braves gens ne comprennent pas qu'on puisse terminer un quinquennat alors qu'ils n'ont pas de quoi finir le mois. 

    521358.jpgUn endettement galopant dont on n'ose même plus préciser le montant. Un chef des armées faisant tomber nos soldats un à un dans des pays improbables, s'immisçant dans des luttes tribales et des guerres de religion au nom d'un passé révolu. 

    Un va-t-en-guerre menaçant de ses canons un tyran syrien mais ne réussissant à faire fuir que vers Bruxelles ou vers Londres les riches de son propre pays. Sans oublier le summum de l'irresponsabilité : la fausse nouvelle de la libération - jamais intervenue à la suite de tractations jamais amorcées - des 250 jeunes filles nigérianes mariées de force à leurs ravisseurs. 

    Et que dire l'image véhiculée par des médias moins friands de séductions que de ridicules ? Un personnage mal fagoté, affublé par son tailleur, déguisé par son chemisier, abandonné par ses amis, décrié par ses femmes, mal entouré, mal conseillé, mal dans une peau tavelée par les coups reçus de toutes parts. 

    Une vie privée vaudevillesque jalonnée par l'octroi d'un ministère plutôt que d'un pacs à la mère de ses quatre enfants, poursuivie par la répudiation publique en dix-huit mots d'une femme aimée pendant sept ans et achevée par l'édition d'un livre de secrets d'alcôve griffonnés au saut du lit. 

    Pour l'heure, les appartements, désormais moins privés, de l'Elysée verraient débarquer chaque soir et repartir chaque matin, une comédienne dont il faudrait vérifier que les horaires tardifs et la régularité des prestations n'enfreignent pas la législation du travail de nuit. 

    Non seulement, je n'envie pas sa place mais je le plains de s'y accrocher, car je n'ose imaginer cette marionnette pathétique ne tenant plus qu'à un fil, errant dans le triste palais-bureau déserté par les courtisans, lorsqu'une secrétaire embarrassée prétend que par suite d'une grève de la distribution affectant seulement le 55 rue du Faubourg Saint-honoré, les odieux quotidiens et les méchants magazines ne sont pas arrivés. 

    « Le pauvre homme », comme disait Orgon dans Tartuffe.

    Un père de la Nation en l'honneur duquel les enfants n'agitent plus de petits drapeaux qu'à Bamako et qui ne peut plus parcourir l'Hexagone sans se faire huer.

    A Hollande qui lui faisait remarquer, en le décorant pour six mois de cohabitation, qu'on pouvait réussir sa vie sans devenir président de la République, Valls aurait eu beau jeu de rétorquer qu'on peut tout rater en le devenant.                                                          

    Plus besoin de posséder la science des conjectures pour prévoir la catastrophe.                                                         

    Elle est déjà là. 

    PHILIPPE BOUVARD 

    Block-notes du Fig-Mag

  • LIVRE • Etonnant Benoît Rayski

     

    par Anne Bernet

    Nous avons aimé cette excellente recension d'Anne Bernet. Nous préciserons simplement que Benoît Rayski est aujourd'hui collaborateur régulier de Causeur. LFAR

     

    anne bernet.pngVoici l’un des livres les plus inattendus, et les plus réconfortants, de cet automne.

    Fils d’Adam Rayski, responsable des MOI, mouvement communiste regroupant les immigrés, pendant l’Occupation, journaliste de gauche, Benoît Rayski, et il n’y a aucune raison de le lui reprocher, a assumé toute sa vie ses origines juives et polonaises, ainsi que ses engagements rouges. Il les a assumés avec « bonheur », « vanité ». Ces choix entraînaient le rejet d’une France « réactionnaire », catholique, nostalgique de son passé royal, avec laquelle il ne se prétendait aucun lien. Il n’y avait pas de raison que cela change.

    Jusqu’au jour où Benoît Rayski a découvert que l’antisémitisme qu’il n’avait cessé de combattre refleurissait effectivement en France, mais pas dans ces milieux dits d’extrême droite qu’il avait appris à détester. Et que cet antisémitisme-là ne devait sous aucun prétexte être dénoncé ni stigmatisé, quelles que fussent les atrocités dont il se rendait coupable. Alors, parce que, par tempérament, il est de ceux qui se battent au lieu de ramper, une saine et sainte colère l’a envahi devant les hypocrisies, les mensonges, les calculs, les lâchetés et les veuleries du pouvoir, des intellectuels, des médias, de tous ceux qui s’étaient appropriés les rênes du pays depuis des années et désormais baissaient la tête, déjà soumis, face à un Islam de plus en plus menaçant. Et soudain, Rayski a découvert ce qu’il se cachait depuis son enfance : il aimait la France, celle de Brocéliande et de Viviane, de Rocamadour et de la Vierge Marie, de tous ces lieux où souffle l’esprit, et il la défendrait.

    Il faut du courage pour confesser ses erreurs, ses fourvoiements, avouer une admiration trop longtemps tue pour les bâtisseurs de cathédrales, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Barrès, Maurras, Venner, tendre la main à ceux qu’hier, l’on prenait pour des adversaires irréconciliables. Du courage, Rayski n’en manque pas, d’intelligence non plus. Face au péril commun, il va à l’essentiel, dans une langue superbe, parfois imprécatoire. Son livre lui vaudra des ennemis implacables parmi ses compagnons de route d’hier, mais, en le refermant, ému, l’on a envie, du fond du cœur, de lui dire merci. 

    Comment je suis devenu un sale Français, de Benoît Rayski, Le Rocher, 160p., 16,90 euros.

  • Oui, l'Action Française a toujours été anti-nazi !

     

    par  

    Juriste, fonctionnaire au ministère des finances

    C'est seulement par antiphrase, ou par modestie, que Laure Fouré dit s'être proposée de rappeler aux lecteurs de Boulevard Voltaire, quelques vérités historiques un peu oubliées. Ce sont des vérités d'importance qu'elle rétablit avec pertinence. Des vérités toujours occultées ou contrefaites par une pensée officielle avant tout soucieuse de jeter l'opprobre sur tout un courant intellectuel et politique qui lui était hostile. Ce que fut réellement la politique allemande de l'Action Française avant et pendant la deuxième guerre mondiale, notamment à l'égard d'Adolf Hitler et du nazisme, nous l'avons maintes fois rappelé ici. Laure Fouré y ajoute une contribution argumentée, accompagnée d'une vidéo où Eric Zemmour qui, décidément, connaît bien l'Action Française, son histoire et ses idées, rétablit la vérité, preuves à l'appui, sur ce que fut vraiment l'engagement des royalistes à cette époque.   Lafautearousseau 

     

    laure fouré.jpgAlors qu’une nouvelle polémique, lancée notamment par Jean-Luc Mélenchon comparant Le Pen à Hitler, se développe au sujet de la réédition de Mein Kampf, qui tombera dans le domaine public le 1er janvier 2016 – son auteur étant décédé depuis 70 ans -, il convient de rappeler quelques vérités historiques un peu oubliées.

    En février 1934, la maison d’édition proche de l’Action française, Les Nouvelles Éditions Latines, décide, à la demande de Charles Maurras souhaitant disposer d’une traduction fidèle de Mein Kampf pour comprendre l’idéologie hitlérienne, de le faire traduire et de le publier : l’ouvrage sera édité quelques mois plus tard et tiré à 8.000 exemplaires, avec en exergue la phrase du maréchal Lyautey :« Tout Français doit lire ce livre. »

    Furieux de cette initiative prise sans son consentement, Hitler, qui envisageait de diffuser une traduction de son texte adaptée à chacun des pays destinataires, c’est-à-dire expurgée de tout ce qui pouvait attirer l’attention des États voisins de l’Allemagne sur ses intentions belliqueuses, engagea une procédure contre le patron des Nouvelles Éditions latines, Fernand Sorlot, à l’issue de laquelle la justice accorda au plaignant un franc symbolique de dommages-intérêts, considérant qu’il n’y avait pas lieu à la destruction d’un ouvrage que tous les Français ont intérêt à connaître.

    Rejoignant l’inquiétude manifestée par Mgr Pacelli, futur Pie XII, alors nonce apostolique en Allemagne, qui qualifiait Mein Kampf de « livre à faire dresser les cheveux sur la tête », M. Sorlot soulignait, dans un avertissement introductif à l’édition incriminée, que « ce livre, répandu en Allemagne à plus d’un million d’exemplaires, a eu sur l’orientation soudaine de tout un peuple une influence telle qu’il faut, pour en trouver l’analogue, remonter au Coran ».

    31_Lisez_A_F.jpgGermanophobe impénitent, Maurras ne collaborera jamais avec l’Allemagne (il sera condamné en 1945, non sur ce chef d’accusation, mais pour intelligence avec l’ennemi, crime inventé pour la circonstance), et s’il accueillit comme une « divine surprise » l’arrivée au pouvoir du maréchal Pétain, c’est qu’il pensait que le vainqueur de Verdun parviendrait à redresser la France, affaiblie par une République impuissante et corrompue qui avait conduit le pays à la défaite.

    Si quelques brebis égarées, à l’instar de Robert Brasillach séduit par la liturgie virile des défilés de Nuremberg, furent compromises dans la collaboration, la majorité des royalistes et des nationalistes de toutes obédiences rejoignirent les troupes de la France libre, tels Honoré d’Estienne d’Orves ou le Colonel Rémy, comme Alain Griotteray l’a justement démontré dans son ouvrage 1940 : la droite était au rendez-vous. Qui furent les premiers résistants ?

    En revanche, non seulement la gauche républicaine et pacifiste demeura longtemps attentiste, mais d’anciens hauts responsables communistes ou syndicalistes comme Jacques Doriot et Marcel Déat s’engagèrent sans état d’âme du côté de l’Allemagne en vue de la construction d’une Europe unie.

    Avant de se livrer à des amalgames douteux, le représentant du Front de gauche devrait balayer devant sa porte…

     

     

  • Les banlieues méritent mieux que la République

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe premier ministre Manuel Valls était aux Mureaux ce lundi, dix ans après les émeutes de banlieue, et il y a fait quelques annonces à défaut d'évoquer une véritable politique d'ensemble de la Ville et de ses « marges », ce dernier terme n'ayant rien de péjoratif ni de méprisant dans ma bouche. En fait, tous ces discours laissent un goût de cendres, sans jeu de mots (ni de maux, d'ailleurs), car ils sont, depuis plus de trente ans, redondants et, souvent, impuissants à changer de lourdes réalités. Cela ne veut pas dire que tous les efforts aient été forcément vains de la même manière, ni partout : mais les résultats ne sont pas assez satisfaisants pour que l'on s'en contente ou félicite. Il y a une impression désagréable et dangereuse de pourrissement de la situation, comme si une part de notre territoire avait été laissée entre d'autres mains que celles des autorités légales de ce pays...

    Durant presque dix ans, dans les années 1990, j'ai observé en première ligne les défauts et les absences de la République dans les banlieues, professant l'histoire-géographie aux Mureaux, la ville même où M. Valls se promenait ce matin en essuyant quelques quolibets et huées qui rappelaient ceux subis par son supérieur hiérarchique la semaine dernière à La Courneuve. J'ai aussi le souvenir d'une discussion très libre avec l'actuel président quand il n'était encore qu'un responsable socialiste en pleine ascension mais pas encore premier secrétaire du Parti socialiste, et ce qu'il m'avait dit m'avait, je l'avoue, surpris : affable, M. Hollande reconnaissait aisément les faiblesses de la Gauche dans le dossier des banlieues, mais, plus surprenant, il semblait renoncer à vouloir inverser la tendance, et son fatalisme bonhomme ne m'avait guère rassuré, même s'il savait trouver quelques mots réconfortants pour le professeur de banlieue que j'étais alors...

    Quant à moi, je n'avais pas renoncé à tenter de changer les choses « de l'intérieur » mais cela n'a pas eu grand effet, en définitive, si ce n'est d'avoir accompagné quelques élèves (y compris des plus difficiles ou des plus malheureux) dans leur scolarité et de leur avoir, je l'espère, donné quelques motifs de satisfaction et d'espérance : ceux que j'ai revus depuis cette époque désormais lointaine ont plutôt bien réussi leur vie, et c'est important et réconfortant, car cela souligne l'utilité d'être dans ces zones trop souvent décriées par ceux-là mêmes qui ne veulent pas leur accorder l'attention nécessaire pour les valoriser ou pour les « nationaliser ».

    Mon exercice de professeur aux Mureaux m'a confirmé dans mon royalisme tout en le transformant, et a, sans doute, radicalisé mon aversion pour une République « de grands principes mais de petite vertu » sans que je méconnaisse ou moque, pour autant, les (vaines) espérances de quelques républicains « de base » et de conviction certaine... L'attitude lâche de l’Éducation nationale comme institution m'a dégoûtée de cette République qui clame des valeurs qu'elle prend bien soin de ne pas respecter elle-même, préférant le confort d'une démission permanente (sauf rares exceptions, plus liées à l'attitude courageuse de quelques professeurs ou proviseurs qu'à « l'esprit » des inspections académiques et du ministère...) et d'une hypocrisie rassurante, à « l'audace » d'une politique d'intégration intelligente et, pourquoi pas, sentimentale...

    Non, les banlieues ne sont pas irrémédiablement perdues, mais la République, elle, les perd un peu plus chaque jour, au risque d'entraîner la France dans sa chute. Ce n'est pas en injectant des milliards sans suite que l'on pourra résoudre la grande question de l'avenir des banlieues mais en engageant une véritable politique de la Ville combinée à un nouvel enracinement des populations au sein de la nation française, ce « syndicat de familles et d'états » comme la définissait Maurras... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • « Mieux qu’une race, le peuple français est une nation » (Jacques Bainville)

     

    par François Marcilhac

    500021990.jpgLe déplacement de François Hollande au Parlement européen, le 7 octobre dernier, aux côtés de la chancelière allemande, a été l’occasion d’une passe d’armes avec Marine Le Pen, qui a qualifié le président de la République de « vice-chancelier administrateur de la province France ».

     

    Et, dans la foulée, d’accuser Hollande « de se soumettre aveuglément à une politique décidée à Berlin, Bruxelles ou Washington ».

    Hollande ne s’attendait pas à des attaques aussi virulentes, lui qui, sous le regard du pion Merkel, avait docilement prononcé, dans la veine de Mitterrand, un discours européiste d’un conformisme affligeant. N’était-il pas allé, pour complaire à la chancelière, jusqu’à ajouter un « codicille » à la célèbre sentence du sage de Jarnac — « le nationalisme, c’est la guerre » —, selon lequel « le souverainisme, c’est le déclinisme » ? Malheureusement pour lui, sa réponse constitua un aveu puisque, confirmant les accusations de Marine Le Pen lui reprochant, comme à Sarkozy, de brader la souveraineté de la France, il n’évoqua que la « souveraineté européenne », montrant combien il s’inscrivait, en violation du titre Ier de la Constitution et plus simplement des devoirs de sa charge, dans la négation même de l’indépendance nationale. « La souveraineté européenne, c’est d’être capable de décider pour nous-mêmes », ânonna-t-il, sans bien sûr développer comment nous pouvions « décider pour nous-mêmes » si nous abandonnions notre pouvoir de décision à des instances supranationales travaillant de concert avec Berlin... Il est vrai qu’il n’avait pas défini ce « nous-mêmes »...

    Et le pays légal de se scandaliser, à la radio ou dans la presse écrite, de la sortie « inqualifiable » de Marine Le Pen, qui serait « une honte pour le pays » (Fillon, 8 octobre). « En traitant comme Marine Le Pen l’a fait le président de la République française de vice-chancelier, on attaque la fonction présidentielle et donc on insulte la France » (Sarkozy, 10 octobre) : touchantes préoccupations de la part tant d’un ancien Premier ministre qui, trahissant la mémoire de son mentor Séguin, a accompagné les abandons de souveraineté du traité de Lisbonne, que d’un ancien chef d’Etat dont la vulgarité et la soumission aux Etats-Unis furent une attaque permanente à la fonction présidentielle et une insulte quotidienne à la France. Quant à Jean-Christophe Lagarde, patron de l’UDI, il a dénoncé le fait que Marine Le Pen ait cherché « à humilier notre chef de l’Etat devant des centaines de parlementaires étrangers » (8 octobre). Surprenants accents patriotiques de la part d’européistes patentés qui, lorsque cela les arrange, oublient que les Européens sont devenus leurs « concitoyens » et les requalifient d’étrangers ! Mais c’est Juppé, qui, dans la droite ligne de Hollande, vend la mèche sur son blog (10 octobre), en dénonçant les partis qui « dessinent le visage d’une France [...] barricadée dans d’illusoires frontières nationales ». La France, pour Juppé ... et Hollande ? Le passé d’une illusion...

    Oui, les propos de Marine Le Pen ont pu choquer. Ils étaient pourtant nécessaires. Nous l’avions critiquée lorsqu’elle avait reproché aux parents de Vincent Lambert de s’être adressés pour tenter de sauver leur fils à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) contre le Conseil d’Etat. C’est que, outre sa dureté, une telle attitude cautionnait, involontairement, un mensonge, celui selon lequel, le Conseil d’Etat, en l’occurrence, mais aussi le Conseil constitutionnel ou la Présidence de la république sont toujours des institutions françaises indépendantes, ce qui n’est plus vrai à partir du moment où elles ne jugent ou ne décident plus qu’en référence à des instances étrangères reconnues comme supérieures — Bruxelles, la CEDH ou la Cour de justice de l’Union européenne. Par ses propos, Marine Le Pen a franchi un Rubicon. En apostrophant, comme elle l’a fait, Hollande, mais aussi son prédécesseur, elle a délégitimé aux yeux des Français ce que sont devenues nos institutions, notamment depuis le traité de Lisbonne et le traité budgétaire, mais le sursaut national impose qu’on prenne la mesure de la radicalité de la situation. En termes d’indépendance, notamment par rapport à l’Europe allemande, comme en termes institutionnels, c’est-à-dire en termes de légitimité, en quoi l’actuel Etat français est-il moins fantoche que le gouvernement de Sigmaringen ? En révélant crûment, au sein même de son Temple, l’imposture de la démocratie européenne, de tels propos démolissent également plusieurs décennies de bouillie conceptuelle — sophisme : « la France est mon pays, l’Europe est mon avenir » ; contradiction dans les termes : « Fédération d’Etats-nations », « souveraineté partagée » —, par lesquels l’oligarchie a conduit les Français à la dépossession, de moins en moins indolore, de leur indépendance.

    Une bouillie conceptuelle que pratique allègrement Hollande : deux jours après sa prestation de Strasbourg, il a récidivé le 9 octobre devant l’Ecole des Chartes, pour critiquer la sortie de Morano sur la France « pays de race blanche », en renvoyant l’identité française, qui n’est pas « figée dans le marbre », au « souvenir de nos mœurs, nos rites, nos traditions mais également de toute notre culture. Connaître notre passé, c’est comprendre la diversité de la France, sa multiplicité ». Ou comment, sous prétexte de rendre hommage à notre civilisation et à sa « continuité », la renvoyer à la « nostalgie » au profit d’un « renouvellement permanent » et d’une « multiplicité » indéfinie qui sont la négation même de toute civilisation, par son éclatement dans le communautarisme et le consumérisme, ces deux mamelles du mondialisme. Aussi Natacha Polony a-t-elle raison d’avancer que si le gouvernement veut « tuer » le latin et le grec, c’est pour « pour enterrer la France », car « ils sont notre mémoire, et le plus profond de notre être. Ils sont à la France du XXIe siècle ce que les racines sont à la vigne. » (Le Figaro, 10 octobre) « Racines », mot honni car, si elles sont bien la condition d’un « renouvellement permanent », celui-ci n’est pas laissé aux flux d’un changement indéfini : il perpétue une identité. 

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    D’ailleurs, si Hollande avait vraiment voulu répondre à Morano, il se serait contenté de citer les premiers mots de l’Histoire de France de Bainville : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation ». Mais comment l’aurait-il pu, lui qui, précisément, a renoncé à la nation et à ses racines pour une république hors sol, mondialiste et individualiste ? 

    L’Action Française 2000

     

  • Nord-Pas-de-Calais : le quidam des trente-cinq heures

     

    La question que pose Dominique Jamet

    Dominique Jamet est homme d'esprit de culture et d'intelligence politique. Nous parierions qu'écrire le billet qui suit, pour Boulevard Voltaire, a dû, par surcroît, l'amuser. En matière de tripatouillages médiatiques et électoraux, ici, nous sommes, si l'on peut dire, blindés. Mais les politiciens ont des ressources sans limites. Et renouvellent sans cesse le répertoire. Jamet nous gratifie, en plus, pour illustrer son propos, d'une chanson de circonstance du regretté Guy Béart. Merci à lui !  LFAR

    3312863504.jpgQuestion : qui est M. Pierre de Saintignon ? Réponse : M. Pierre de Saintignon est le parfait inconnu à qui est échue la lourde charge de défendre les couleurs du Parti socialiste lors des prochaines élections régionales face à Marine Le Pen et Xavier Bertrand.

    Simple quidam comme dans la chanson de Guy Béart, M. de Saintignon s’est retrouvé à deux doigts de sortir enfin de l’anonymat jeudi dernier lorsque ses deux parrains du jour, Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Cambadélis, ont exigé qu’il participât à l’émission Des paroles et des actes dont la présidente du Front national était l’invitée. L’occasion pour ce personnage de l’ombre de prendre enfin un peu de lumière. Occasion ratée comme on sait : M. de Saintignon est toujours simple quidam.

    C’est pourtant Martine Aubry en personne, dame des trente-cinq heures, qui a efficacement œuvré pour propulser ce modeste falotcrate à la tête de la liste socialiste du Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Courageuse, mais pas téméraire, socialiste peut-être, mais d’abord aubryste, l’élue lilloise a fait coup double en imposant à ses petits camarades le choix de son premier adjoint. En s’effaçant devant un hologramme inconsistant, celle qui était toute désignée pour être la candidate naturelle du P.S. échappait à l’humiliation retentissante d’une défaite personnelle et évitait de faire la courte échelle à d’éventuels rivaux. Bien joué, Martine, tu auras joué un rôle non négligeable dans le désastre qui attend les tiens !

    Car tous les indices concordent à ce jour. Non seulement les socialistes, si longtemps et si anciennement hégémoniques dans le Nord, sont assurés d’en perdre le contrôle, mais le malheureux M. de Saintignon – hâtez-vous de ne pas retenir ce nom ! – devrait être très largement devancé le 6 décembre et par Marine Le Pen, désormais donnée gagnante, et même par Xavier Bertrand. Certes, placé, mais placé troisième…

    Dans ces conditions, il est permis de s’étonner de l’engagement solennellement pris par M. de Saintignon – dont le nom n’aura jamais été et ne sera plus jamais autant cité – lundi dernier au micro de RMC : « Quoi qu’il arrive », a déclaré l’homme-sandwich de la débâcle socialiste, « je maintiendrai ma liste au second tour. » Quoi qu’il arrive ? Peste ! Mais on le sait pertinemment ce qui va arriver dans ce cas de figure qui garantit une élection de maréchal(e) à Marine Le Pen.

    Certes, ces mâles propos sont peut-être de circonstance et n’ont pour but que de mettre un peu de baume au petit cœur meurtri des colistiers de M. de S. dont on peut comprendre qu’ils n’envisagent pas sans effroi la traversée du désert régional qui leur est promise.
    Mais qu’est-ce à dire s’il s’agit bien de la tactique adoptée au sommet du PS et de l’Etat et si la position prise par M. de Saintignon ne vaut pas seulement pour le Nord-Pas-de-Calais et si le P.S. se maintient partout où il arrivera en troisième position, au risque d’abandonner au moins deux et peut-être trois régions au Front national ? Si c’est le cas, de deux choses l’une : ou bien le Front national n’était décidément pas le diable et ceux qui sont prêts à lui faciliter l’accès aux responsabilités reconnaissent implicitement que leur discours était un pur mensonge de propagande. Ou bien le Front national est en effet la bête immonde dont on nous dénonce le retour depuis des décennies et le laisser mettre la main demain sur la région, après-demain sur le pays, c’est faire la politique du pire, c’est se comporter en irresponsable, pour ne pas dire en criminel.

    Autre hypothèse : M. de Saintignon a dit n’importe quoi, ce qui peut arriver à n’importe qui, donc au premier et même au troisième quidam venu. •                                                

      
    Journaliste et écrivain
    Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais. Co-fondateur de Boulevard Voltaire, il en est le Directeur de la Publication
        
     
               
  • Frédéric Rouvillois au Figaro : « Le mot ‘République' est à la fois vide et sacré »

     

    Dans Être (ou ne pas être) républicain, Frédéric Rouvillois,  professeur de droit et historien, décortique les sens contemporains d'un mot dont Le Figaro nous dit qu'il est de plus en plus galvaudé dans le discours politique et médiatique. Le débat sur la République, sur ses valeurs, sur la pertinence de la forme républicaine de l'Etat, sur la dialectique république ou monarchie, semble en effet devoir se prolonger et s'approfondir ... A vrai dire, cette sorte de contestation de la République, de ses valeurs, et même de ses fondements les plus essentiels par la remise en cause des Lumières, semble être devenue latente, voire banale, dans le débat politique français. Après tout, les déclarations Macron de cet été pointant l'incomplétude de notre démocratie et constatant qu'il manque un Roi n'ont peut-être été qu'un épiphénomène d'une tendance plus lourde. Souhaitons-le à la France.   Lafautearousseau

             

    frederic-rouvillois.jpgQu'est-ce que la République : un régime, une période de l'histoire de France, un mythe ?

    Mon livre n'est pas un traité de philosophie politique qui partirait de Platon, passerait par Rome et traverserait l'Atlantique pour analyser la constitution américaine. C'est une réflexion sur l'utilisation compulsive dans le discours public du mot « République ». Un recueil établi par Marianne au lendemain du 11 janvier sur les grands textes au sujet de la « République » illustrait à merveille ce fourre-tout qu'est le mot « république » : on y trouvait des écrits allant de Platon, chez qui la République est une utopie totalitaire, à Jean-François Kahn, en passant par Élisabeth Badinter et Charles de Gaulle qui était monarchiste !

    Selon l'article 89 alinéa 5 de notre Constitution, « la forme républicaine du Gouvernement ne peut faire l'objet d'une révision.» Mais personne ne sait au juste en quoi consiste cette « forme républicaine » : est-ce l'absence de monarchie ? La souveraineté ? Le système de sécurité sociale mise en œuvre après la guerre ? C'est un mot sans consistance, un trou noir qui paralyse la pensée et empêche tout débat profond sur les idées politiques.

    Après les attentats de janvier, le mot « République » a retrouvé une consistance. Pourquoi en temps de crise ce mot a-t'il pris autant de place dans le discours public ?

    En moment de crise, on a besoin de se rattacher à une idole, ou à un doudou. La République est un peu les deux pour les Français déboussolés. Autrefois, on parlait de France ou de Nation, mais aujourd'hui, par européisme et « antifrontisme », on n'ose plus employer ces mots. Pourtant, la république et la France ne se confondent pas.

    En période difficile, on se tourne vers le sacré, et la République tend à devenir une religion de substitution. Lors de la première moitié du XXe siècle, le gouvernement faisait célébrer des messes pour la nation, aujourd'hui, il psalmodie l'adjectif « républicain » comme un remède miracle aux fractures françaises.

    La « République » est devenue un sacré ultime, un mot à la fois inconsistant et intouchable, qu'il suffit de lancer pour glacer les oppositions, figer le débat. C'est un mot qui n'admet pas de répliques. Un tabou. On ne peut pas ne pas être républicain. Invoquer la République, c'est donner un coup de phare au lapin qui traverse la route.

    Pourtant, sous la Troisième république, le mot semblait avoir un contenu bien précis et substantiel…

    Dans son livre sur de Gaulle, Peyrefitte raconte comment celui-ci était fasciné par la manière dont la troisième République a travaillé à imposer ce mot comme un absolu indiscutable, à travers toute un système d'ingénierie sociale : manuels d'histoire, enseignement primaire et secondaire, presse. La religion républicaine concevait l'éducation comme un système de formatage destiné à républicaniser le pays.

    La Troisième République correspond à la période de construction d'une « légende républicaine », qui est un « mythe » au sens de Georges Sorel : quelque chose dont la véracité historique importe peu, mais qui peut faire sens. Régis Debray en parle avec beaucoup de lyrisme. Ce mythe d'un pseudo âge d'or de la République et de ses libertés a été remis en cause par Jean-Pierre Machelon dans La République contre les libertés, qui montrait qu'en réalité la Troisième République était sur certains plans extrêmement liberticide, notamment en matière de liberté religieuse et éducative. Ainsi, la loi de 1901 autorise la liberté d'association mais oblige les congrégations religieuses à se faire reconnaître par la loi, ce qui arrive rarement à une époque où le Parlement est foncièrement anticlérical. Ce mythe repose aussi sur une vision tronquée de la laïcité qui était à l'époque un anticléricalisme virulent et fanatique, et non pas la simple neutralité de l'Etat. Le mythe du Progrès est aussi consubstantiel à la légende républicaine : l'idée qu'on passerait « de l'ombre à la lumière » - expression utilisée lors de l'élection de Mitterrand en 1981 - est paradigmatique du discours républicain. La thématique de l'acquis intangible et d'un effet de cliquet permanent est liée à cette vision du Progrès : on ne peut pas retrouver en arrière, un monde ante-républicain est inenvisageable.

    On associe souvent le mot « républicain » à la défense de la laïcité. Pourquoi ?

    Il n'y a pas de lien nécessaire entre la laïcité et la République. Les États-Unis sont un modèle de république où la laïcité n'existe pas. En France, la laïcité est une notion incantatoire, floue, et surtout tardive. Ce n'est qu'en 1946 qu'elle se voit reconnaître une valeur juridictionnelle. C'est un amendement communiste, déposé par le député stalinien Étienne Fajon, qui fait entrer la laïcité dans la titulature de la République française qui devient « laïque ». La Troisième République n'est pas fondée sur la laïcité. Le mot est très peu utilisé à l'époque, et n'est employé que de manière agressive, comme dans l'article de Fernand Buisson (idole républicaine de Vincent Peillon) intitulé « la religion laïque ». La laïcité y est présentée comme une contre-religion de la raison. Comme toutes religions, elle a ses rites : le baptême républicain est d'ailleurs encore pratiqué dans certaines mairies de gauche : on dépose un bonnet phrygien sur la tête du nouveau-né lors d'une cérémonie !

    La droite française a pris le nom de « Républicains »: que vous inspire ce choix  ? La République est-elle de gauche ou de droite ?

    L'utilisation du mot « républicain » dans la dénomination des partis politiques est répandu, de l'extrême gauche à l'extrême droite de l'échiquier politique, et ce depuis au moins 1890. Sous la Troisième république, le parti Franciste de Marcel Bucard, ouvertement fasciste, réclame une « forme républicaine de gouvernement ». Au début de la IVème République, le Parti républicain de la liberté est ultra conservateur, tandis que l'Union des nationaux indépendants et républicains rassemble les pétainistes, et le Rassemblement des gauches républicaines, les anciens Croix de feu du colonel de La Rocque! On le voit bien, le mot « républicain » n'a aucune signification politique et a pu se faire récupérer par la gauche comme par la droite. Que la droite ait décidé de se baptiser ainsi n'a rien d'étonnant. On peut y voir un coup de chapeau à la droite américaine, mais aussi et surtout une volonté de rassembler avec le mot le moins clivant qui soit. L'adjectif « patriotes » est par exemple beaucoup plus marqué.

    On oppose souvent la République au communautarisme, mais la république n'est-elle pas une forme de communauté ?

    Il y a une affinité historique et sémantique entre la République, au sens de res publica, la chose publique, et la communauté, ce qui rassemble. La République française, telle qu'elle a été mythifiée à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle prétend dépasser les communautés dans une religion de substitution. Mais dès l'Ancien régime, on parlait de « républiques » pour désigner les communautés régionales. On peut tout à fait définir la République comme « communauté ». Henri IV et François 1er parlaient de « République française ». Maurras parlera dans le même sens de la « République de Martigues ». Mais un autre usage du mot « république » est celui qui le lie à la souveraineté. C'est le sens que lui donnait Jean Bodin en 1576 dans son livre Les Six livres de la République. Il définit la république par la souveraineté, et l'identifie à l'État, c'est-à-dire l'appareil qui s'exerce sur une population définie dans un lieu donné, par un pouvoir souverain, c'est-à-dire qui n'a personne au-dessus de lui. C'est dans ce double sens, de communauté ou de souveraineté, qu'on l'a utilisé jusqu'à la Révolution, et sa mythification en religion de substitution.

    Vous dites que le mot « républicain » paralyse actuellement le débat public. Vous parlez même d'archaïsme castrateur. Pourquoi ?

    On parle d'« exception française ». On devrait plutôt parler d'une forme d'« autisme républicain ». On utilise ce mot en refusant de prendre en compte le fait qu'on ne sait pas ce qu'il veut dire, en s'interdisant de voir le reste du monde (où la monarchie britannique est plus garante des droits et des libertés que la République de Corée), et en oubliant qu'il y a eu une France avant la République. Charles Péguy l'avait bien compris, qui tentait de faire comprendre que la France n'était pas née le 14 juillet 1789, et encore moins le 22 septembre 1792 (date de proclamation de la République). Ce qu'exprime sa formule devenue célèbre « La République, notre royaume de France ».   

    9782204105439-5617d14d3d0a1.jpgFrédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain. Il a publié de nombreux ouvrages sur l'histoire des idées, notamment L'Invention du progrès, aux origines de la pensée totalitaire (CNRS Éditions, 2010), ainsi que des essais sur la politesse, le snobisme et les institutions, et plus récemment Une histoire des best-sellers (Flammarion, 2011) et Crime et utopie, une nouvelle enquête sur le nazisme, a été publié chez Flammarion. Son dernier livre Être (ou ne pas être) républicain est publié aux Editions du Cerf (240 p, 14 euros). 

    Entretien réalisé par Eugénie Bastié            

  • Au secours, les Suisses ! François d'Orcival a raison

     

    par François d'Orcival, de l’Institut

    Dans la dernière livraison de Valeurs actuelles, une chronique qui dit l'essentiel après le récent vote suisse. Révélateur du souci identitaire des peuples d'Europe. 

    François%20d'Orcival_0_0.jpgMême eux votent « extrême droite » … Ce n’est donc pas un problème économique, dit Hollande. Mais quel est-il alors ? I-den-ti-taire… 

    Les Suisses ont voté, dimanche, pour leurs élections législatives. Lundi matin, François Hollande en faisait le commentaire effaré au micro de RTL : le parti « d’extrême droite » (qui s’appelle Union démocratique du centre — UDC) était arrivé devant tous les autres. « En Suisse ! », s’étonnait-il, un pays où la « croissance est de 3 % et le chômage de 3 % !… » Et il ajoutait : « Qu’on ne me dise pas que c’est un problème économique ! » Eh non, ce n’est pas un problème économique. Il est i-den-ti-taire…

    Mais qui nous répétait depuis des années que le vote “populiste” n’était que l’effet du chômage et de la désespérance sociale ? François Hollande est bien obligé d’en convenir : « L’extrême droite progresse partout en Europe. » À cause de quoi ? De tout ce que représentent l’Europe de Bruxelles et la crise des réfugiés. « L’étranger est le problème », se désolait-il, lundi. Pas n’importe quel “étranger”. Que ne l’avait-il anticipé au lieu de continuer à rabâcher des phrases creuses telles que : « Un grand pays ne se replie pas, ne se recroqueville pas… » Si Marine Le Pen recueillait 18 % des voix à la présidentielle de 2012 et si les sondages lui accordent 30 % maintenant, la faute à qui ?

    La campagne qui a fait gagner l’UDC aux élections fédérales suisses (65 élus sur 200, soit 11 de plus qu’au précédent scrutin) reposait sur un slogan : “Rester libre !”… Comme si notre voisin le plus prospère et sûrement le moins “envahi”, toujours souverain, dans sa monnaie, ses frontières, sa législation, ressentait quand même le besoin de se mettre en garde. « Les Suisses ont cru qu’ils étaient à la gare de Munich », a grincé le maire écologiste de Lausanne.

    La gare de Munich… Il y a à peine un mois, les migrants y arrivaient par vagues continues, salués par les vivats et les petits drapeaux de la générosité allemande… Et maintenant, submergée par le mouvement qu’elle a déclenché, ces centaines de milliers de réfugiés qui franchissent les frontières de l’Allemagne, la chancelière a pris l’avion pour Ankara, en proposant au gouvernement turc d’échanger sa retenue et sa prudence dans la gestion des flux migratoires contre une accélération de la négociation d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne !

    On échangerait donc 2 millions de réfugiés contre 78 millions de Turcs ! Là, on tombe sur la tête. S’il devait en être ainsi, si cette négociation devait aboutir, au moins devrait-on exiger du gouvernement français, quel qu’il soit à cette date, de respecter la parole de Jacques Chirac, qui s’était engagé devant les Français à soumettre tout projet d’accord d’adhésion de la Turquie à référendum. Les Suisses n’ont fait que saisir l’opportunité de leurs élections pour appeler à la vigilance, de même qu’ils avaient voté, le 9 février 2014, pour arrêter l’immigration, et, le 29 novembre 2009, pour empêcher la construction de minarets…

    Les Français n’ont nul besoin de se croire à la gare de Munich. Il leur suffit d’apprendre que la gare de Castres, dans le Tarn, a été fermée pendant deux semaines, parce que les cheminots avaient fait valoir leur droit de retrait. Motif : les exactions multiples commises par des individus venus d’un camp de Roms des environs, apparemment délicat à déplacer… Quand Valeurs actuelles avait alerté l’opinion en titrant sa une du 22 août 2013, « Roms, l’overdose », le parquet avait, sur instructions, poursuivi Yves de Kerdrel, directeur du journal, avant de le faire condamner en première instance. Le même parquet allait-il poursuivre les cheminots de Castres ?

    A Calais, le camp des migrants qui cherchent par tous les moyens à passer au Royaume-Uni avait été prévu pour un millier de places. Puis pour 1500. Autorités, maire, associations humanitaires nous disaient que c’était “gérable”. Maintenant, ce ne l’est plus : ils sont 6 000, dans une “jungle” insalubre ; la maire en appelle à l’armée (qui ferait quoi ? ). Dans un mois ou deux, combien seront-ils ? 10 000 ? On dira que l’on aurait dû le prévoir…

    À Évry, principale ville de la circonscription de Manuel Valls, siégeait cette semaine à huis clos une cour d’assises pour juger un mineur, auteur principal d’un crime horrible, passé sous silence mais révélé par Valeurs actuelles (10 avril 2014). Cela concernait quatre délinquants récidivistes de 13 à 17 ans, trois frères turcs, un Marocain. Quatre sauvages qui s’étaient jetés, de nuit, sur une jeune fille de 18 ans et l’avaient atrocement martyrisée pendant plusieurs heures en lui criant des injures racistes antifrançaises. Les quatre avaient été interpellés. Le juge d’instruction les avait mis en examen pour viol et actes de barbarie, en ajoutant l’incrimination de racisme. Le dossier soumis à la cour cette semaine ne l’a pas retenue. Pourquoi ?

    Parce que, là comme ailleurs, on préfère se voiler la face. Mais la réalité est hélas la plus forte. Au secours, les Suisses ! 

    À l’antenne : le lundi, à 20 heures, dans “les Informés de France Info” ; le jeudi, à 10 heures, sur LCI.

    François d'Orcival 

  • BCE, toujours plus

     

    par Ludovic Greiling

    La BCE sort de nouveau l’artillerie lourde. Alors que ses taux d’intérêts sont quasiment nuls, elle annonce que ses achats d’actifs pourraient se poursuivre au-delà du terme fixé jusqu’ici, voire s’intensifier. Explications et conséquences.

    C’est une petite phrase qui n’est pas tombée dans l’oreille de sourds.

    « Dans ce contexte [de faible inflation], le niveau de notre politique monétaire accommodante devra être réexaminé en décembre. (…) Nous allons continuer de mener pleinement à bien nos achats mensuels d’actifs pour 60 milliards d’euros. Ces achats sont censés se poursuivre jusqu’à la fin de septembre 2016, ou après si nécessaire, et dans tous les cas, jusqu’à ce que l’on voit un ajustement durable dans la dynamique de l’inflation qui soit comparable avec notre cible de taux d’inflation proche de 2% à moyen terme » *.

    Le chemin est encore long : les prix à la consommation sont en baisse de 0,1% sur un an dans la zone euro. La Banque centrale va donc continuer d’acheter massivement des obligations privées et publiques afin de relancer le marché de la dette, faire baisser les taux d’intérêts, et renflouer les bilans des banques commerciales.

    Renflouer le bilan des banques

    Le message a été entendu : les Bourses d’actions ont nettement rebondi dans la foulée de l’annonce : l’indice CAC 40 et le Dax allemand ont gagné près de 5% en deux jours.

    Les marchés américains ont également été tirés à la hausse, heureux que la BCE prenne le relais de la Réserve fédérale américaine dans les rachats massifs de titres de dette.

    La conséquence ? Rien de moins qu’une relance toujours plus massive du crédit, notamment pour la puissance publique et les grandes entreprises.

    Les chiffres de la BCE parlent d’eux-mêmes : son bilan est près de trois fois plus gros qu’en 2005 et le marché de la dette tourne à plein régime.

    La masse de monnaie grossit de plus en plus : l’agrégat M3 (qui regroupe les espèces en circulation, les comptes courants et les livrets, ainsi que les OPCVM monétaires et les crédits à court terme) grimpe de 5% sur un an.

    De l’inflation à venir ? Peut-être. « On ne peut plus faire rentrer le dentifrice dans son tube une fois sorti » affirmait il y a quatre ans l’ancien membre allemand du directoire de la BCE, longtemps pressenti pour prendre la présidence de l’institution avant d’être coiffé par l’ex représentant de Goldman Sachs, Mario Draghi.

    A suivre… 

    * Conférence de presse suite à la réunion du comité de politique monétaire du 22 octobre 2015.

     

  • la coordination du Pays Réel présente son nouveau site

    arton9463 lfar.pngLa Coordination du Pays Réel, groupe de citoyens en désaccord avec les politiques d’immigration destructrices des identités, annonce la création de son site .

    Le pays réel, c’est vous !

    Nous, Français de toutes conditions, par héritage ou par adoption, membres de la Nation française, ne nous reconnaissons plus dans un pays légal déconnecté du réel et indifférent au bien commun. L’État, devenu le fossoyeur de nos racines et le pire ennemi de nos libertés, hypothèque gravement notre avenir.

    Nous voulons au contraire préserver l’œuvre que nos pères ont bâtie et nous ont transmise, trop souvent au prix du sang et des larmes. Ne voulant ni disperser ni diluer notre patrimoine, mais préserver nos identités que le pays légal abandonne ou même renie, nous nous affirmons comme des héritiers désireux d’enrichir et de transmettre à leur tour le riche legs du peuple français. Nous sommes le pays réel.

    Coordination du Pays Réel 

    Site