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Actualité France - Page 406

  • Un grand-prêtre du dogme : Thomas Legrand, un homme à combattre

    « Finalement, ce n’est pas la peine de s’interroger sur l’identité nationale ou l’«identité de la France » (pour prendre un terme plus acceptable parce que validé par Fernand Braudel). Ce n’est pas la peine, puisque notre identité, c’est la République. » Slate.fr – 27 décembre 2010

     

    Nous avons appelé de nos vœux, hier dimanche, une réaction de fond qui comporterait une remise en cause de l'idéologie dominante, en fait anti-française. Anti-française parce qu'uniquement fondée sur les valeurs de la République, c'est à dire des valeurs hors sol et hors frontières, hors Histoire, hors toute identité autre, si l'on peut dire, qu'universaliste et abstraite. Qui définit la France comme un terrain-vague ouvert aux quatre vents. Y compris aux terroristes. L'inverse de la France charnelle qui plonge ses racines dans quinze siècles d'existence.  Desquelles elle tient son identité.

    Mais la remise en cause de l'idéologie dominante que nous voulons, en fait, d'une certaine façon, stigmatiser comme hostile à la France réelle, implique la mise en cause des hommes qui la propagent et en réalité l'imposent. Y compris au sein du service public. Qu'ils tendent à privatiser, comme Michel Onfray les en a publiquement accusés, récemment.

    Thomas Legrand est typiquement de ceux-là. Avec Patrick Cohen, Bernard Guetta, Léa Salamé, quelques autres, et les inévitables et très critiquables humoristes des matinales de France Inter. Toute une équipe de petits copains à de rares exceptions près, monocolore. Legrand y est chargé des éditoriaux politiques. Sa méthode est d'allier fausse objectivité et analyses pertinentes mais qui doivent néanmoins toutes concourir à l'approfondissement, la vérification et la proclamation à la ville et au monde du dogme en vigueur. Le plus officiel et le plus conformiste qui soit. L'éditorial politique de Thomas Legrand est, dit-on, le plus écouté de France. Raison pour laquelle nous nous y intéressons.

    Le quasi syllogisme signé Thomas Legrand placé en exergue de cette note doit donc se lire comme le symbole de sa pensée politique. De fait, comme son Credo. A quoi nous sommes, si l'on peut dire, frontalement opposés.

    La vidéo qui suit, de trois minutes et demi, résume assez bien ce qu'il appelle la fracture qui s'affirme aujourd'hui au sein du monde politique entre les tenants d'une France identitaire et ceux d'une France universaliste. Cette France qui a quelque chose à dire au monde, qui parle à la planète entière, dont s'est réclamé François Hollande - ridicule et inopérante prétention - dans la nuit de carnage de Paris. Fracture réelle ou feinte qui ne laissera pas beaucoup de place ni de temps à cette magique union nationale - magique pour lui - que François Hollande appelle de ses vœux.

    Thomas Legrand a raison : tel est le vrai clivage. Il penche et prêche pour le second terme, que nous croyons mortifère. Nous nous rattachons au premier, celui de l'identité française qui nous relie à notre héritage tout entier. 

    Mais il y a beaucoup de Thomas Legrand dans le PAF, le paysage audio-visuel français. Des journalistes, des humoristes, des présentateurs, des producteurs, des artistes réels ou supposés, qui, chacun dans leur ordre, concourent à diffuser, propager, imposer l'idéologie régnante. Mais nous ne sommes plus seuls ni seulement quelques uns à les contester. De fait, ils vivent aujourd'hui des temps difficiles. Notamment sous le coup des critiques destructrices qui leur sont portées par des confrères, souvent venus de la gauche, qui ont plus de talent, plus de savoir, beaucoup plus de succès et de popularité qu'eux-mêmes.  

    Raison de plus pour y ajouter notre pierre. Contribuer à les déstabiliser, si possible à les neutraliser. Pour refaire, selon l'expression de Robert Ménard, un mental français. Nous ne nous en priverons pas.  LFAR

     

     

     3 minutes 34

     

  • Robert Ménard : « On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie une deuxième fois ! »

     

    Entretien avec Robert Ménard, sur Boulevard Voltaire

    Il préconise un certain nombre de mesures « très dures » selon son interlocuteur. Elle sont justifiées. Il a raison. Mais il va plus loin. Au fond des choses lorsqu'il dit comme nous, hier dimanche : «  Il faut réarmer mentalement le peuple français.». Oui, il faut reconstruire le moral du pays. Avec Robert Ménard, sur tous ces sujets : accord complet ! Saluons-le, il a du courage !  Lafautearousseau

    Robert Ménard, maintenant, on fait quoi ?

    François Hollande a dit hier soir que la France allait être « impitoyable ». J’aimerais que ce soit le cas. Qu’on ne reste pas dans le commentaire, dans le pathos. Un chef d’État, lorsqu’il parle à la nation au lendemain d’un massacre comme celui d’hier, n’a pas le droit de tromper ses concitoyens.

    Alors, que faire ? D’abord, nous avons des services secrets. Il faut leur donner le feu vert : élimination systématique n’importe où dans le monde des islamistes directement mêlés aux attaques d’hier soir. Il ne faut pas « neutraliser » ces gens. Il faut les abattre.

    Ensuite, il faut vider l’eau du bocal. Que les commandos islamistes ne soient pas comme des poissons dans l’eau. Arrestation immédiate de tous les islamistes fichés S. Pas de places en prison ? Ce n’est pas le sujet. Nous sommes en guerre. Création de camps de prisonniers.

    Fermeture immédiate de toutes les mosquées mêlées à l’activité islamiste radicale. Expulsion des imams et des fidèles étrangers liés à ces mosquées radicales.

    Surveillance ou arrestation de ceux naturalisés ou convertis.

    Expulsion effective et immédiate des immigrés provenant de régions en guerre qui n’auront pas obtenu le statut de réfugié. Cesser d’importer la guerre. Là encore, ne pas renforcer de milieux où les islamistes peuvent être comme des poissons dans l’eau.

    Sur un plan municipal, le maire que je suis constate qu’une fois encore les polices municipales ont été appelées en renfort hier soir. On ne peut pas exposer nos hommes sans leur donner des moyens de riposte identiques à leurs collègues nationaux : pistolets-mitrailleurs, pouvoir d’investigation. C’est un minimum.

    Ce sont des mesures très dures…

    Il en faudra sans doute d’autres. Mais que veut-on ? Attendre un autre attentat pour les prendre ? Pour autant, ces mesures ne sont pas suffisantes en elles-mêmes. Il faut réarmer mentalement le peuple français. Il faut des chefs à la tête de notre pays. Il faut cesser de parler cette novlangue qui tue l’instinct de combat. Je le redis : parler comme le font tous les officiels depuis hier soir de « neutralisation », c’est se moquer du monde. Avoir peur des mots est indécent au regard des morts d’hier soir.

    Commençons par nommer l’ennemi : l’islamisme. Cet islamisme qui, aux yeux de centaines de millions d’individus dans le monde, est le vrai islam. On ne parle pas d’un groupuscule de 5.000 types fanatiques. On parle d’un courant fondamentaliste, majoritaire à certains endroits, dans l’islam. Avez-vous entendu dire cela depuis hier ? Non. C’est donc la preuve que la classe politique comme les médias n’ont rien appris.

    Dans ce contexte, faites-vous confiance à François Hollande ? Que pensez-vous de l’unité nationale demandée par la classe politique ?

    Unité dans le combat, oui. Unité pour masquer les responsabilités, pour anesthésier les consciences, non ! On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie Hebdo une deuxième fois.

    Si le gouvernement prend des mesures comme celles que j’évoque plus haut, alors, oui, on pourra aller vers l’unité. Nous en avons besoin car nous sommes en guerre. Mais parce que nous sommes en guerre, nous ne pouvons pas accepter une unité du mou, du flou et de la sidération. Rassembler le Congrès lundi. Pourquoi faire ? Quel ordre du jour ?

    Il se tient aujourd’hui une grande réunion internationale sur la Syrie. Pensez-vous que ces attentats vont infléchir notre diplomatie ?

    Je ne le sais pas. En tous les cas, ils fournissent à Laurent Fabius un prétexte pour enfin changer de position. Cela fait deux ans que je dis qu’il faut aider Bachar El Assad à écraser les islamistes. Tous les idiots utiles de la bien-pensance médiatique s’y refusaient. Bachar fait la guerre à ceux qui nous font la guerre.

    Face à nos ennemi, nous ne devons plus hésiter et rejoindre la Russie dans une alliance pour liquider le plus possible d’islamistes là-bas. Avant qu’ils ne viennent ici. 

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
     
  • Pour une réaction de fond !

     

    Hormis la vision concrète de l'horreur, la vague terroriste qui vient de submerger Paris ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà. Rien, ni sur le nombre des victimes, ni sur le mode opératoire des terroristes, qui n'ait été prévu, analysé, annoncé. L'on savait que de nouveaux attentats se préparaient. On le sait aujourd'hui aussi pour demain, ou après-demain... Qu'ils puissent prendre une encore plus grande ampleur, mettre en œuvre des moyens plus terrifiants encore que ceux utilisés hier, on le sait aussi. Et que cette guerre, fût-elle asymétrique, ou précisément parce qu'elle l'est, soit faite pour durer, qu'elle ait la possibilité d'enrôler pendant longtemps encore de nouveaux combattants à travers le vaste monde islamique, qu'elle puisse donc s'étaler sur plusieurs décennies, n'est hélas pas une hypothèse absurde.

    La France est-elle humainement, moralement, intellectuellement, techniquement, militairement et politiquement - nous voulons dire institutionnellement - armée, pour la mener, la soutenir, y triompher ? Comment ne pas se poser ces questions de fond lorsqu'on observe la société française, la vie politique française ? C'est à dire, en bref, lorsqu'on constate notre extrême fragilité ? Quelques jours de sursaut, quelques discours martiaux, lorsque tout semble s'effondrer, ne peuvent cacher le vide sidéral du continuum politique et social français.

    Si l'on n'a pas conscience de cette question de fond, rien n'est possible. On pourra toujours attendre et réclamer de nos dirigeants des actes forts, un regain d'autorité, une inflexion majeure de notre politique étrangère, ou de notre politique d'immigration, comme Nicolas Sarkozy l'a fait hier matin, le passage à l'acte se fera attendre, sera d'apparence, sera fait de demi-mesures.

    Réclamons donc sans illusion cette réaction de l'immédiat. Acceptons-en l'augure improbable. Tout ce qui pourra être décidé de positif pour la sécurité de la France et des Français sera malgré tout bon à prendre.

    Mais tentons surtout d'envisager ce que pourrait, devrait être une réaction de fond. Sur le double plan moral et politique.

    Au lendemain des attentats de janvier, la préoccupation du pays légal tout entier - politique et médiatique - fut d'abord de préserver la communauté musulmane de toute réaction hostile. On s'est dits Charlie et l'on ne s'est pas battu pour la France, pour le peuple français, mais pour une très contestable et, au sens plein, dérisoire liberté d'expression. La réaction nationale qui était possible fut ainsi fourvoyée. Ce fut l'esprit Terra Nova qui nous a valu presque un an de matraquage permanent, multiculturaliste, universaliste, antiraciste (c'est à dire anti-blancs), immigrationniste, sansfrontiériste, etc. Ce corpus idéologique, utopique et destructeur, où l'identité nationale est moquée, la fierté nationale tournée en ridicule, l'Histoire de France oubliée, la repentance, la culpabilisation érigées en méthode pédagogique, ce corpus idéologique omniprésent doit être pourchassé, combattu, abandonné, si l'on veut avoir quelque chance de gagner la guerre qui nous est faite. On ne mène pas à la bataille, encore moins à la victoire, un pays dont on sape le moral, les racines, la fierté, l'identité. Nous savons que toute identité évolue, s'approprie, s'enrichit d'apports extérieurs pour les incorporer à ce qu'elle a de substantiel et de pérenne. Il sera temps, secondairement, de chanter les louanges des dits apports extérieurs. L'urgence est aujourd'hui, prioritairement, de rendre aux Français le sens et la fierté de leur identité pérenne. Ce pourrait être la mission, d'ailleurs déjà heureusement entreprise, de ce courant d'intellectuels qui s'opposent aujourd'hui avec  pertinence - mais encore trop faiblement - à la déconstruction du pays, de sa culture, de son essence. Nous pensons en particulier à ce courant de journalistes, écrivains, historiens, universitaires et politiques, que l'on nomme néo-réacs ou néo-conservateurs.  De nombreux Français, aujourd'hui, attendent beaucoup de leur action.   

    Au delà de la lutte idéologique pour le moral français, pour l'identité française, la seconde question essentielle qui se pose est celle de la validité ou non de notre Système politique et institutionnel, de son adaptation ou inadaptation aux temps dangereux dans lesquels nous sommes entrés. Quelques jours d'union nationale cèderont vite la place dans le monde politicien aux obsessions électorales, à l'esprit de parti. Aux grands enjeux nationaux, oubliés aussitôt le danger passé, vite oublié lui aussi, succèdera l'obsession des échéances électorales, les régionales, qu'elles aient lieu ou non à la date prévue, la présidentielle de 2017 et, pourquoi pas ?, de 2022. L'existence de la nation se retrouvera sacrifiée aux intérêts de parti et à l'ambition des personnes. L'activité politique se ramènera à leurs jeux et à leurs luttes. La question du régime a été posée à de multiples reprises ces derniers mois dans la presse, dans le débat public. Par de nombreuses personnalités. Y compris par un ministre de la République en exercice. L'un des principaux. Le plus jeune et le plus brillant. Oui, notre devoir de Français responsables est de poser, de rouvrir la question du régime qu'il faudrait à la France.

    C'est cela qu'en d'autres temps eût proposé la grande voix de l'Action Française. C'est cela qu'à notre plus modeste échelle, nous proposons aujourd'hui.

     

    Lafautearousseau

     

  • Les assassins sont-ils parmi nous ?

     

    Le lundi 22 avril 2013, sous la signature de Louis-Joseph Delanglade, nous avons publié l'article qui suit. Le sujet en était le terrorisme islamiste, dans un contexte, il est vrai, différent de celui que Paris vient de vivre. On observera toutefois que les questions posées, les critiques exprimées, les paramètres considérés, sont - dans leur substance - inchangés. C'est en raison de sa pertinence qu'il nous a paru intéressant de republier cet article. Son titre était à la forme interrogative. Dans la note qui suit, Dominique Jamet, deux ans et demi plus tard, reprend de son côté ce même titre. Sauf qu'il est, cette fois-ci, à la forme affirmative. Les idées, sans-doute, cheminent ainsi. LFAR

    Envoyer un corps expéditionnaire au Mali ou sous-traiter une libération d’otages au Nigeria a, paradoxalement, quelque chose de rassurant : l’ennemi islamiste est loin et clairement identifié (les djihadistes d’Aqmi dans le premier cas, la secte Boko Haram dans le second). L’attentat de Boston nous rappelle opportunément que la réalité peut être plus désagréable. Perpétré, semble-t-il, par deux frères, de confession musulmane, issus d’une famille originaire de Tchétchénie, et s’inscrivant dans une liste déjà longue (Paris 1995, New York 2001, Madrid 2004, Londres 2005, Moscou 2010, etc.), il confirme que le terrorisme islamiste urbain reste le mode opératoire le plus efficace et donc le plus dangereux.  

    Parce qu’il est un tenant de l’idéologie multiculturaliste et qu’il cherche à éviter toute forme de « stigmatisation » (c’est-à-dire de mise en cause directe de l’islam-isme), M. Durpaire – consultant que l’on voit et entend trop souvent sur toutes les chaînes de radio et de télévision - se plaît à souligner que les frères Tsarnaev auraient été de bons Américains. Ainsi ne serait-il plus possible de pointer du doigt une quelconque nébuleuse terroriste internationale et faudrait-il seulement voir dans l’attentat de Boston un problème intérieur. Mais son analyse, vicieuse, fait long feu et se retourne contre lui. 

    En effet, s’il est vrai que les frères Tsarnaev pouvaient sembler (d’après tous les témoignages recueillis) bien « intégrés », voire « américanisés » - et, de toute façon, en situation parfaitement régulière – on doit alors se demander comment il peut se faire qu’ils en soient arrivés à une telle extrémité. « Pourquoi, se demande M. Obama, de jeunes hommes qui ont grandi et étudié ici, dans notre communauté et dans notre pays, en sont-ils venus à une telle violence ? »  

    M. Mudd, expert en terrorisme à la New America Foundation, répond que le scénario de « radicalisation » des frères Tsarnaev est en fait courant et que leur histoire est banale. Cela signifie que, dans toutes les grandes villes d’Occident, vivent des jeunes gens qui leur ressemblent : immigrés ou enfants d’immigrés, toujours musulmans, et constituant ainsi un formidable vivier pour l’internationale islamiste. Des milliers de Mohamed Merah, des milliers de Tamerlan et Djokhar Tsarnaev – apparemment bien « gentils » (l’adjectif est souvent revenu dans la bouche des témoins de Boston) – dormiraient donc parmi nous. Effrayant. 

    On sait que des centaines de jeunes combattants venus d’Europe se trouvent aux côtés des groupes islamistes extrémistes en Syrie (par exemple, des images diffusées sur Internet montrent des individus parlant néerlandais entre eux). Beaucoup ont été identifiés. Comment sera « géré » le retour de ces djihadistes ? Russes et Américains coopèrent déjà dans le domaine du terrorisme islamiste international. Qu’en est-il en Europe ? Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage en France ? Serait-ce un sujet tabou ? Des armes de guerre circulent dans nos « cités », des « jeunes » se forment au combat en Afghanistan ou en Syrie. Rien de sérieux, au-delà d’une certaine surveillance, n’a jamais été entrepris par les autorités compétentes. Et quand surgit un Merah, on nous le présente comme un « loup solitaire ». 

    Faudra-t-il attendre qu’une famille de sept personnes soit prise en otage ici même, sur le territoire national ? 

  • Les assassins sont parmi nous…

     

    L'analyse de Dominique Jamet

    Nous développons dans notre note précédente notre position de fond, après le carnage survenu dans la nuit de vendredi à samedi, à Paris.  Par ailleurs, nous partageons évidemment la pertinente analyse de Dominique Jamet, qui suit. LFAR

     

    3312863504.jpgParis a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Lorsque les quatre tueurs ont fait irruption dans la salle de concert du Bataclan, un témoin, un survivant, rapporte qu’ils ont crié « Allahou akbar ! ». L’un d’entre eux a prononcé quelques phrases où il était question de la Syrie. Puis ils ont ouvert le feu. Ils ont tiré aveuglément sur la foule des spectateurs. Ils ont tiré dans le tas. Au nom de Dieu. De leur Dieu. Le Dieu du carnage.

    Ça devait arriver. On le savait. On ne savait ni où ni quand ni comment. On ne connaissait ni le lieu ni le jour ni l’heure, mais on le savait. C’est arrivé. Paris a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Les précautions prises, les mesures adoptées en vertu du plan Vigipirate, poussé à l’écarlate, n’ont servi de rien, et pas plus les malheureux soldats qui patrouillaient trois par trois au pied de la tour Eiffel ou dans les halls d’Orly et de Roissy que les vigiles qui priaient courtoisement les dames d’ouvrir leur sac à l’entrée des grands magasins. La veille encore, le ministre de l’Intérieur se félicitait de la vigilance qui avait permis à la police de déjouer un vague projet d’attentat contre la base navale de Toulon. Pendant ce temps, dans le secret le plus absolu, quelques dizaines de fanatiques armés jusqu’aux dents dont l’enquête nous dira s’ils étaient fichés comme « radicalisés », dangereux, déjà partis ou revenus de Syrie, mettaient la dernière touche à la préparation de leur raid sauvage.

    La France avait pris le parti, avec les moyens dont elle dispose, de participer aux opérations de bombardement menées depuis des mois dans le ciel de l’Irak et de la Syrie par l’étrange coalition qui poursuit dans le désordre et l’inefficacité des buts compliqués et des ennemis variables au Moyen-Orient. On annonçait à son de trompe au début de cette semaine le départ pour la région de notre unique porte-avions flanqué d’une frégate britannique et d’un bâtiment belge. Pouvions-nous imaginer que nos actions qui, pour limitées qu’elles soient, frappent à quatre heures d’avion de Paris les positions djihadistes et leurs alentours, resteraient indéfiniment sans réplique ? Pouvions-nous imaginer que Daech ou Al Qaida, qui disposent en Europe d’une cinquième colonne infiltrée dans la population n’exerceraient aucune représaille contre notre pays ? Ce n’est ni dans leur caractère ni dans leurs habitudes.

    Nous nous sommes impliqués dans un conflit qui ne connaît ni trêve ni frontières, où l’adversaire ne fait aucune distinction entre le front et l’arrière, entre militaires et civils, entre innocents et coupables. Nous nous retrouvons, hébétés, en première ligne. Nous avons vécu la nuit dernière, pour la première fois, une situation qui est depuis des années le quotidien de Bagdad, de Kaboul, de Beyrouth, de Damas ou de Mogadiscio dont nous suivons distraitement le martyre à travers les quelques lignes et les quelques secondes que veulent bien leur accorder nos médias dès lors que le nombre des victimes d’un attentat y dépasse les dizaines.

    La guerre que nous nous flattions de tenir à distance nous a rattrapés. Elle est sur nous, nous sentons son haleine brûlante sur nos villes, nos aéroports, nos gares, nos stades, nos théâtres, nos cinémas, nos cafés, nos restaurants, nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos facultés, nos stades, nos métros, nos commissariats, nos avenues, nos rues. Les cibles sont partout, nous sommes tous des cibles et les assassins sont parmi nous, prêts à frapper où ils veulent, quand ils veulent. Il faut nous rendre à l’évidence : nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir la paix chez nous.

    Le gouvernement, dans l’urgence, a décrété l’état d’urgence. Il a décidé, face au terrorisme, de reprendre le contrôle de nos frontières que la grande invasion pacifique des migrants ne lui avait pas paru justifier. Face à la réalité de la menace terroriste, il a dans les faits, en cas de flagrant délit, rétabli la peine de mort rayée de notre droit, et il ne se trouvera personne, espérons-le, pour le lui reprocher. Peut-être va-t-il se décider à mettre hors d’état de nuire les quelques milliers d’individus repérés et fichés comme dangereux, peut-être va-t-il se décider à donner le coup de pied qui s’impose dans la fourmilière salafiste, à incarcérer ou à expulser les prêcheurs de haine, les propagandistes de la soumission, les adeptes de la violence et d’une manière plus générale tous ceux qui, vivant en France ou titulaires de papiers français, sont dans leur tête et se conduisent dans leurs actes comme de fidèles ressortissants du califat des Barbares. Peut-être comprendra-t-il enfin que les islamistes ne nous offrent le choix qu’entre la soumission et la guerre et que, tout compte fait, s’il faut faire la guerre, il vaut mieux, comme disait le vieux Louis XIV, la faire à nos ennemis qu’à nos enfants.

    Passé le moment de la stupeur, le temps du deuil et l’appel à l’unité nationale, que nos dirigeants prennent et assument leurs responsabilités, et qu’ils sachent qu’ils seront jugés aux actes. 

     - Boulevard Voltaire
     
  • Ce que nous écrivions le 8 janvier 2015 s'applique à ce lendemain de carnage à Paris !

     

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »     

     

    Lafautearousseau

  • SOCIETE • Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?

    83 % des « jeunes » n'ont pas confiance en la politique

     

    Une réflexion de Claude Bourrinet, dans Boulevard Voltaire, sous le titre « Une jeunesse rongée par le doute »

    Nous ne savons pas ce que pense Claude Bourrinet sur d'autres sujets, hormis qu'il écrit dans Boulevard Voltaire, site ami. Sur le drame civilisationnel, durable et profond, qu'est la situation de déshérence de la jeunesse française et européenne, nous sommes en tout cas en parfait accord. Nous avons cédé à la tentation, puisque la conclusion de cette chronique emprunte de très beaux vers à Arthur Rimbaud, de prendre pour titre l'interrogation de Verlaine, ses regrets, sur sa propre jeunesse. Nous avons aussi songé aux vers plus gaillards de Villon : « Au temps de ma jeunesse folle auquel j'ai plus qu'autre galé". C'est qu'en effet, nous partageons l'idée selon laquelle la jeunesse actuelle « demande des réponses plus substantielles que la simple politique politicienne.»  LFAR  
     

    Un sondage du cercle de réflexion « Vers le haut » nous apprend que 83 % des « jeunes » n’ont pas confiance en la politique, qu’ils ne se sentent ni représentés, ni défendus, que les trois-quarts d’entre eux trouvent qu’ils n’ont pas accès aux responsabilités politiques, et qu’un sur deux pense qu »il est plus facile de réussir à l’étranger qu’en France.

    Au-delà du constat de démoralisation qu’une telle évaluation des moins de 26 ans révèle, et qui n’est guère une surprise lorsqu’on prend en compte l’état catastrophique dans lequel l’irresponsabilité des dirigeants ont mis le pays depuis une quarantaine d’années, il semble opportun de prendre un peu de hauteur, et de ne pas s’arrêter à la pure information. Les mots sont pipés, en effet. Il est pour le moins aventureux par exemple d’étudier génériquement un échantillon de la population uniquement délimité par un critère générationnel, fraction qui revêt pourtant une grande variété de réalités, tant sociales que communautaires, sans omettre l’atomisation extrême du corps social. De quels jeunes parle-t-on ? D’autant plus que la « jeunesse » est une création toute récente du marché, produite par la société de consommation et de loisir. Jadis, la « jeunesse » n’était que l’antichambre de l’âge mûr, une période, de surcroît, beaucoup moins longue que maintenant. Elle ne prétendait pas à des responsabilités, qui supposent un sens des réalités et quelque chose à perdre autre que sa vie, par exemple une famille ou un patrimoine.

    À supposer qu’on sache, de science sûre, que l’on réussit beaucoup mieux à l’étranger (lequel ?) qu’en France, et dans quelles conditions, il paraît beaucoup plus paradoxal de considérer que la « jeunesse » ne soit pas entendue, au moins par des discours politiques, parfois dans les actes, au moment même où, comme l’enfant-roi, elle est le thème de tous les propos, souvent démagogiques, du pouvoir. Il est vrai que les « djeun’s » en cachent d’autres. Mais il est étrange qu’une société libérale dont le marché, comme le cinéma et les spectacles, sont de facture « jeune », génère une impression de vide aussi marquée.

    Si l’on oublie donc la rhétorique et la vacuité de ce sondage, on retiendra le symptôme. Il est évident que notre époque, si mirifique quant à ses promesses de bonheur, est rongée par le doute et le nihilisme. La « jeunesse », dans son acception la plus saine, essaie de traduire son scepticisme par des messages d’amertume. Il y a, bien sûr, le problème du sous-emploi, qui est comme une épée de Damoclès pendue au-dessus de son avenir. Mais il existe aussi, chez elle, une neurasthénie profonde, une détresse existentielle et spirituelle inquiétante, qui demande des réponses plus substantielles que la simple politique politicienne.

    Oisive jeunesse
    À tout asservie,
    Par délicatesse
    J’ai perdu ma vie.
    Ah! que le temps vienne
    Où les cœurs s’éprennent.
    (Rimbaud) 
     

     
    Professeur de Lettres
  • ECOLOGIE • Le climat tue

     

    par Ph. Delelis

    Le changement climatique n’en finit plus de faire des victimes. Notamment chez les journalistes. Il y a eu d’abord le cas de Eric Holthaus qui, lisant le 5e rapport du GIEC dans l’avion, le 27 septembre 2013, a pleuré, immédiatement tweeté son chagrin et décidé de ne plus remettre les pieds à bord d’un aéronef.

    Depuis, il mesure l’impact positif de sa décision sur la planète. Franchement, l’épisode laisse sans voix. D’abord lire un rapport du GIEC plutôt que toute autre publication, comme le magazine de la compagnie aérienne par exemple, c’est plus que de la conscience professionnelle : une abnégation, puisque, de l’avis de ceux qui s’y sont risqués, on n’y comprend rien.

    Tous les 6 ans – ce qui est un délai raisonnable quand on travaille sur des données relatives à des milliers d’années (surtout quand on n’oublie pas celles qui faisaient du Groenland, mot à mot, un pays vert) – le GIEC publie des rapports de plusieurs milliers de page réunis en trois forts volumes (éléments scientifiques, impacts et adaptation, atténuation du changement climatique), chacun accompagnés d’un « résumé à l’intention des décideurs ».

    Mais, même ces textes sont abscons. Selon le Centre for Climate Change Economics and Policy de l’Université de Leeds « Les décideurs politiques doivent avoir l’équivalent d’un doctorat en science du climat pour commencer à saisir pleinement le sens des rapports ». Et ces chercheurs, qui ne sont pas nés de la dernière pluie, ajoutent que « même des textes d’Albert Einstein » sont plus limpides. On pourrait trouver là une autre explication des larmes de M. Holthaus : l’incompréhension, le regret de ne pas avoir terminé un doctorat en climatologie au MIT ?

    Mais on ne comprend toujours pas sa décision de ne plus prendre l’avion puisque, avec ou sans lui, le trafic aérien enregistre un doublement du nombre de passagers tous les 15 ans. En 2013, trois milliards d’inconscients ont préféré le magazine de la compagnie aérienne aux rapports du GIEC. Franchement, c’est à n’y rien comprendre.

    Autre victime récente parmi les journalistes, Philippe Verdier, présentateur de la météo sur le petit écran, auteur de « Climat Investigation » (Ed. Ring), licencié pour avoir, sans mettre de distance entre son employeur et lui, non pas nié le changement climatique mais seulement, émis des doutes sur la fabrication du consensus politique et dénoncé son caractère impératif. Aucun doctorat ne paraît nécessaire pour aborder son ouvrage, ce qui indéniablement, l’a desservi dans le procès en sorcellerie dont il a été victime.

    Il est vrai qu’auparavant d’autres scientifiques avaient été conduits au bûcher : Claude Allègre et Vincent Courtillot, notamment. Quant à Emmanuel Le Roy Ladurie, il va dans dire que personne, parmi les procureurs de la pluie et du beau temps, n’a lu son Histoire du Climat depuis l’an mil (Flammarion, 1967).

    Bien évidemment, on ne se prononcera pas sur le fond (ou la fonte) de ce sujet grave, mais on ne peut manquer d’être frappé de la violence avec laquelle le moindre doute est traqué, dénoncé, vilipendé, réprimé. 2015 est une sale année pour Voltaire : je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je vous battrai à mort pour que vous ne puissiez le dire…  

  • Immigration massive • Calais : les renforts de police coûtent plus de 150.000 euros par jour

     

    Source : Le Figaro actualités

  • Les « Illusions perdues » de Malika Sorel

     

    CHRONIQUE D'ÉRIC ZEMMOUR, publiée dans l'édition du 12 novembre 2015 du Figaro 

    « Un réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable. » Il s'agit de Décomposition française, le dernier ouvrage de Malika Sorel-Sutter, en librairie à dater du 16 novembre. Et il s'agit surtout de la trahison des élites politiques françaises. Trahison d'une ampleur inimaginable. Qui fait frémir. Et pourrait bien finir par entraîner de la part du peuple français dans ses profondeurs, au fur et à mesure qu'il en aura pris la pleine conscience, une réaction de rejet qui, comme l'a déclaré Nicolas Dupont-Aignant, hier matin, aux journalistes de France-Inter, en balayera tous les protagonistes. Ce qui nous différencie de Zemmour ? C'est que - sans nier que la République a pu en différentes circonstances, incarner le patriotisme français - l'universalisme, le multiculturalisme, l'utopie d'un peuple hors sol et hors Histoire, sont, selon nous, l'essence même de ce régime et n'en sont pas des accidents. Mais cela est un autre débat. Lafautearousseau

     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgUn réquisitoire contre la politique d'immigration suivie depuis trente ans par la droite comme par la gauche. Un témoignage de l'intérieur du système. Implacable.

    Théorie du complot. Complotistes. On connaît la rengaine. Dès qu'un livre, un article, un propos mettent en cause les élites, politiques, économiques, artistiques, médiatiques, la réplique cingle, immédiate et imparable : « Théorie du complot. Complotiste. » L'ouvrage de Malika Sorel est une réplique à la réplique ; la preuve par neuf - à la fois témoignage et analyse - de la réalité : « L'un de nos malheurs réside dans le fait que beaucoup de nos élites ne sont pas fières de la France… Ce que j'ai observé chez nos élites est plutôt le résultat d'un cocktail de désinvolture, de cynisme, et d'indifférence envers la nation. »

    Le livre de Malika Sorel n'est pas sans défauts. Il est foisonnant ; hésitant entre l'ordre chronologique et thématique, entre témoignage personnel et analyse théorique ; accumulant extraits d'émissions de radio ou de télévision, citations, anecdotes, dans un style qui manque parfois d'élégance. Un air de déjà-vu, déjà lu, qui gâche l'originalité du propos. Mais l'essentiel est ailleurs. Il se dégage de cet ouvrage une sincérité, une authenticité, qui n'empêche nullement la hauteur de vue. Cette femme, née en France, de parents algériens, ayant passé son enfance en Provence, a reçu une brillante formation scientifique d'ingénieur. Elle aurait pu être Malika, après Rachida, Rama, Fadela, Najat, ou Myriam, toutes ces femmes dont nos présidents raffolent et font des ministres et des vedettes médiatiques.

    Mais Malika n'a pas voulu jouer ce jeu pervers de victimisation et de discrimination positive, de casting et de carriérisme. Elle a souhaité, Malika, devenir française à l'ancienne, en s'assimilant. Mal lui en a pris. Nos élites ne mangent plus de ce pain-là : « Dans la bouche de nos élites politiques, médiatiques et intellectuelles, le terme “populaire” ne renvoie plus aux Français de souche, tout comme “jeunes” ne désigne pas leurs enfants ou petits-enfants.» Malika a cru que Villepin serait son grand homme, avant de l'entendre reprendre l'antienne de la victimisation. Elle a vu Nicolas Sarkozy tenter de détruire la République indivisible, avant que Simone Veil ne lui interdise in extremis sa réforme constitutionnelle qui aurait inscrit la diversité dans le marbre. Elle a été membre du Haut Conseil à l'intégration que le gouvernement Ayrault supprimera pour défense excessive de la laïcité. Elle a entendu une conseillère du président Hollande lui jeter d'un ton rogue : « Nous avons besoin d'optimisme.»

    Malika avait tout faux, puisqu'elle croyait en la France qu'elle aimait d'amour. « Il y a dans l'assimilation une dimension magique, comme dans l'amour. » Malika a assisté à des comités interministériels où chacun rivalisait d'inventivité immigrationniste ; où les Français étaient sommés de s'habituer aux mœurs des étrangers ; où l'immigration était présentée comme la solution à tous nos maux. Où les professeurs, policiers, médecins, les médias, avaient intérêt à améliorer leur « interculturalité ». Elle a écouté les commissaires européens comme les représentants des États membres vanter une Europe multicultuelle comme l'avenir radieux du continent européen ; et réclamer que les programmes scolaires de tous les pays s'y adaptent. On comprend mieux, à la lire, où a été puisée la réforme des programmes de Najat Vallaud-Belkacem. Elle a entendu une élue socialiste demander au premier ministre qu'on « décloisonne les femmes de polygames » pour qu'elles vivent plus à l'aise dans des appartements séparés. Elle a entendu Jean-Louis Borloo manger le morceau du « grand remplacement » : «Il faut bien que les Français, on ait en tête une chose, c'est que l'avenir du pays se joue là, dans les banlieues. Pourquoi ? Parce que le taux de natalité de ces quartiers est deux fois plus élevé que sur le reste du territoire national. »

    Elle a vu les auteurs d'un rapport gouvernemental effacer subrepticement une phrase tirée de l'enquête Pisa 2012 : « Plus préoccupants encore, les écarts entre les élèves issus de l'immigration et les autres demeurent très importants, même corrigés des variables socio-économiques.» Et faire comme s'ils n'avaient pas entendu que dans les concours d'accès à la fonction publique : « C'est à l'écrit sur copies anonymes que les élèves de l'immigration échouent.» Et pas du fait des discriminations à l'oral ! Elle a compris que c'était pour cette (fausse) raison pourtant que Sarkozy avait supprimé l'épreuve de culture générale de nombreux concours administratifs. Elle a observé « la crème de la crème » du Conseil d'État, faire assaut de subtilité juridique pour autoriser le voile à l'école, pour les élèves d'abord, et puis pour leurs mères qui accompagnent les sorties scolaires, ou permettre aux maires de contourner la loi de 1905 pour construire toujours plus de mosquées. Elle a entendu Erdogan recommander à ses nationaux immigrés de bien conserver des prénoms turcs pour leurs enfants alors que la France n'exigeait plus des prénoms français sur son territoire. Elle a entendu Éric Besson, officiellement ministre de l'Identité nationale d'un gouvernement de droite, proclamer en 2010 : « La France n'est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de Français de souche, il n'y a qu'une France de métissage. »

    Malika a tout compris. Nos élites ont mis au rencart le peuple français, pour une utopie universaliste de citoyens du monde. « Nous vivons la mise en minorité progressive du peuple autochtone sur ses propres terres. C'est le simple jeu de l'arithmétique, et cela, les élites politiques le savent… Nous ne sommes plus dans un régime de solidarité nationale, mais dans celui, imposé par le haut, d'une solidarité internationale… Politique du dernier arrivé, premier servi. » Non, ce n'est pas un complot, c'est pire, c'est la réalité. Malika est venue, a vu, et a été vaincue. Mais au moins, au bout de cet itinéraire, qui pourrait s'intituler « Illusions perdues », Malika sait. Elle sait que nos élites savaient. Et qu'elles ont voulu ce que, désormais, nous savons. 

    Eric Zemmour            

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    Décomposition française, Malika Sorel-Sutter, Fayard, 310p, 18 €, en librairie le 16 novembre

  • Retour sur le dernier livre de Pierre Manent : apprendre à vivre avec l'islam ?

     

    Nul ne conteste la qualité, l'intelligence des travaux de Pierre Manent. Nous en traiterons avec respect. Toutefois son dernier petit livre, Situation de la France, soulève, comme il l'avait lui-même prévu, de nombreuses et fortes réserves. La courte recension qu'en a fait Anne Bernet, publiée dans Lafautearousseau le 8 novembre dernier, a été suivie de substantiels commentaires, desquels nous dégageons celui de Jean-Louis Faure qui a été, à juste titre, qualifié de remarquable et réjouissant de lucidité. Qu'en pensons-nous, nous-mêmes ? Comme nombre d'intellectuels catholiques, avec différentes nuances (Frédéric Rouvillois, François Huguenin...), Pierre Manent tente ce qui nous apparaît comme une improbable et périlleuse conciliation entre identité française et accueil de l'Islam. Y croit-il vraiment lui-même ? En tout cas, il ne (se) cache pas la difficulté de l'entreprise, cette sorte de ligne idéale qu'il définit et qu'il propose. « ... Dans un pays de marque chrétienne… c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».  Nous craignons simplement que la recherche d'un idéal si improbable fasse surtout courir au pays un risque supplémentaire, n'accrédite des illusions sans lendemain mais non sans conséquences et n'affaiblisse notre volonté identitaire. Dirons simplement que nous partageons sur l'essentiel l'analyse de Jean-Louis Faure, reproduite ci-après. LFAR    

    Le commentaire de Jean-Louis Faure 

    Donc Mme Bernet est tombée sous le charme. Une phrase pour dire qu’il n’existe pas encore de peson pour mesurer l’intelligence …

    Ce que je lis chez Pierre Manent :

    L’explication-valise d’une Europe intellectuellement diminuée par l’assassinat industriel des juifs. Ce qui est à peine excusable chez le pseudo historien Paxton au café du commerce, est inacceptable sous la plume d’un grand historien des idées politiques tel que Manent. L’assassinat industriel de populations fut une méthode de gouvernance du léninisme et du stalinisme, dans des proportions jamais vues dans l’Histoire, sauf en Vendée sous la terreur jacobine (voir Nicolas Werth, « la route de Kolyma » ; et « l’ivrogne et la marchande de fleurs »).

    La colonne vertébrale de ce petit travail est toute dans cette remarque: « … nous observons l’extension et la consolidation du domaine des mœurs musulmanes plutôt que son rétrécissement ou son attiédissement dans notre pays. Ce fait social est aussi le fait politique majeur que nous avons à prendre en compte. Le prendre en compte, c’est d’abord consentir à admettre que sur ce fait nous n’avons que très peu de pouvoir. Nos concitoyens musulmans sont désormais trop nombreux, l’islam a trop d’autorité, et la République, ou la France, ou l’Europe trop peu d’autorité pour qu’il en soit autrement. Je soutiens donc que notre régime doit céder, et accepter franchement leurs moeurs puisque les musulmans sont nos concitoyens. Nous n’avons pas posé de conditions à leur installation, ils ne les ont donc pas enfreintes … ».

    Tout est dit, À HURLER. « … compromis avec les musulmans français en vue de leur intégration complète dans notre société politique … ». Comment peut on se bercer d’une telle utopie ? De Lois, point de mention. Quant à appeler les catholiques à l’aide, c’est un gag que malheureusement plusieurs évêques dispensent volontiers.

    Intérêt de cet opuscule ? Alimenter un débat lâchement passé sous le tapis par un personnel politique qui a trahi sa mission, représenter le peuple.

    Michèle Tribalat a longuement détaillé pourquoi l’intégration à la française est un échec. Les musulmans n’ont que faire du respect des lois, tout en s’enfermant dans leur communauté par un réflexe endogame. Partant, tout parallèle avec un Français de souche est une pure provocation, comme les musulmans en usent dans un État faible, devenu évanescent. Ceux qui préfèrent se coucher ne manquent pas, et n’ont jamais manqué, hélas, parmi nos évêques. La dhimitude a de beaux jours devant elle.

    Quant à la raison au pays de l’islam, le pape Benoit XVI a dit à Ratisbonne ce qu’il fallait en penser. Manent cultive la posture intellectuelle de l’école de Raymond Aron, merveilleuse pour passer des diplômes de philosophie mais souvent loin du réel. C’est le cas ici. Le summum de l’obscurantisme est quand la discussion sur le sujet dérape en opposition droite – gauche. Comme s’il s’agissait d’une question politique. En dernière analyse, c’est le ressenti du peuple qui s’impose, ce fut toujours le cas dans l’Histoire.

    Pierre Manent écrit dans le cadre de sa fonction, analyse philosophique de la politique et de la société. Pure théorie donc, qui a un intérêt intellectuel patent, indéniable. Mais totalement coupé de la réalité, avec une construction de ce que pourraient être les temps futurs. C’est charmant mais réservé à ses agrégatifs. 

    Je persiste à croire et à savoir que l’on ne négocie pas avec l’islam. Ce corpus n’est pas intégrable dans la liturgie judéo-chrétienne de l’Europe. En suivant Manent nous partons vers des contresens qui vont nous couter cher. Dans une conférence récente, Bernard Lugan mettait en garde contre le contresens autour du mot «réforme». Chez les adeptes de l’islam, il s’agit d’un retour à la pureté des textes du Coran, des hadiths, et non d’une remise en cause comme purent la conduire Luther et Calvin. Manent n’est pas orientaliste.

    Quant à la laïcité est il nécessaire de revenir sur le sujet ? Les analyses sur ce que fut cette démarche strictement française et strictement politique, sont copieuses, didactiques et complètes. Rien à ajouter aujourd’hui, sinon que la situation de 1900 était sans rapport avec celle des années 2000 …

    Le Figaro des 13 et 14 octobre nous a proposé en deux parties un échange de haute tenue entre Manent et Finkielkraut. A l’instar de plusieurs autres critiques de ce petit travail AF pointe plusieurs assertions totalement inacceptables. A vrai dire on termine ces 170 pages en ressortant frustrés, l’impression d’être trompés sur la marchandise. Manent use (et abuse ?) de sa position de grand intellectuel français reconnu de l’école de Raymond Aron pour embrasser beaucoup de notions tel un inventaire à la Prévert en trop peu de pages, sous le titre ambitieux «Situation de la France». Avec selon nous de nombreuses approximations, sinon erreurs. Mais le plus sidérant est de parler de l’islam en Europe et en France tout au long du livre, sans jamais venir à ce qu’est l’islam. Son histoire, son corpus, ses dogmes, son organisation, et en définitive le totalitarisme consubstantiel à cette doctrine. Il revient à plusieurs reprises sur la séparation de César et de Dieu, en oubliant que cette préoccupation est très ancienne dans l’histoire de l’Humanité. L’illumination du Gautama Boudha, 500 ans avant notre ère fut d’écarter les Bramanes de la gestion de la cité. Ce conflit permanent entre deux des trois fonctions identifiées par Dumézil se régla autant dans un calme relatif (cas du boudhisme) que par le feu et le fer. Il ne se pose pas en islam car la doctrine religieuse dirige toute la société, sa structure, sa morale, ses tribunaux, la cellule familiale, l’obligation du patronyme. Et donc disserter sur l’islam en France sans convoquer dans la discussion, le principal intéressé est surréaliste.
    Les dizaines d’ouvrages d’exégètes sur la nature de la doctrine rendent vaine la tentative de l’assimiler. C’est l’islam qui donne le tempo et qui à terme règnera en maitre. Naïveté ou dangereuse rêverie ? Ce sont nos églises que l’on démolit, et c’est Boubakeur qui réclame 2.000 mosquées. C’est la totalité du corps médical qui est confronté au mépris de la Loi et de l’hygiène. C’est la provocation permanente qui s’est installé dans l’éducation dite nationale, c’est le Code Civil qui est en permanence foulé aux pieds. C’est une société en totale régression qui prospère désormais sous nos yeux. Nous partageons la réserve de Manent sur la laïcité, et l’évidence de son inutilité. Notion « à la française » qui n’a aucune signification dans aucun autre pays, et dont les fondements avaient éventuellement un sens à la fin du XIXème siècle au Palais Bourbon. Imagine-t-on aujourd’hui la lettre de Jules Ferry aux instituteurs ? Dans un débat organisé par Finkielkraut chez France Culture, la réponse que firent les deux invités, d’abord Jacques Julliard, ensuite Dominique Reynié, est un modèle du genre. Pas une seule fois le mot islam ou musulman n’est prononcé tout au long de leur absconse logorrhée.

    A vrai dire, cette lecture inspire les pires inquiétudes. Dans une première partie Pierre Manent décrit la rencontre entre un pays faible et l’islam fort. Une langue riche mais compliquée pour nous parler d’un islam rigoriste et dominateur, ce que savent tous les orientalistes. Les ouvrages savants sur l’islam ne manquent pas dans les bibliothèques françaises.. Où l’on y découvre très vite que les cinq piliers (jamais cités) ne se discutent pas. Et plus loin Pierre Manent poursuit, toujours dans une langue tarabiscotée pour nous dire que la laïcité ne règle rien, ce que sait tout orientaliste ayant vécu en pays arabo-musulman, dès lors que religion et séculier sont indissociables, et que la première dirige le second.

    Nous partageons son analyse que cette religion très sectaire (c’est moi qui le dis) s’implante dans une Europe qui est devenue un désert spirituel, et la France en particulier. Pierre manent nous décrit une 3ème République comme un état fort, mais à aucun moment ne fait mention de la Loi et du Droit. Ne regarder la place de l’islam dans notre société que sous un angle philosophique ou sociologique sans évoquer l’obligation d’entrer dans le corps des Lois, nous expose au minimum à un développement séparé, à supposer que les autochtones, les Français de souche, l’acceptent. Loin de l’assimilation, plutôt une vague intégration (la nuance est faite par Michèle Tribalat). Dans une incantation qui nous laisse sans voix, Manent termine par « … Trouver leur place dans un pays de marque chrétienne … c’est un chef d’œuvre d’imagination et de modération qu’il est demandé aux uns et aux autres de réaliser … c’est cette opération suprêmement délicate que nous avons à conduire ensemble … ».

    Ce qui s’appelle rêver éveillés ! 
     

    Quelques liens critiques sur le travail de Pierre Manent

    http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/10/05/31003-20151005ARTFIG00304-pierre-manent-islam-de-france-mode-d-emploi.php

    http://www.wukali.com/Situation-de-la-France-l-essai-non-marque-de-Pierre-Manent-2235#.Vhk0c_-hfIU

    http://www.slate.fr/story/107855/compromis-musulmans-france-manent

    Et une analyse du livre très intéressante, car simple et claire de Pierre Le Vigan publiée dans Polemia.

    http://www.polemia.com/situation-de-la-france-de-pierre-manent/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=444b2e572c-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-444b2e572c-57836697

  • Maurras : « Ce pays-ci n'est pas un terrain vague ... » Quoiqu'on en dise à Rome ou à Paris, c'est ce qui doit guider notre politique de l'immigration !

     

    L’hospitalité 

     

    Il s'agit de savoir si nous sommes chez nous en France ou si nous n'y sommes plus ; si notre sol nous appartient ou si nous allons perdre avec lui notre fer, notre houille et notre pain ; si, avec les champs et la mer, les canaux et les fleuves, nous allons aliéner les habitations de nos pères, depuis le monument où se glorifie la Cité jusqu'aux humbles maisons de nos particuliers. Devant un cas de cette taille, il est ridicule de demander si la France renoncera aux traditions hospitalières d'un grand peuple civilisé. Avant d'hospitaliser, il faut être. Avant de rendre hommage aux supériorités littéraires ou scientifiques étrangères, il faut avoir gardé la qualité de nation française. Or il est parfaitement clair que nous n'existerons bientôt plus si nous continuons d'aller de ce train. (…) Ce pays-ci n'est pas un terrain vague. Nous ne sommes pas des bohémiens nés par hasard au bord d'un chemin. Notre sol est approprié depuis vingt siècles par les races dont le sang coule dans nos veines. La génération qui se sacrifiera pour le préserver des barbares et de la barbarie aura vécu une bonne vie.

    (…) La jeune France d'aujourd'hui est en réaction complète et profonde contre ce double mal. Elle rentre chez elle. Ses pénates intellectuels, ses pénates matériels seront reconquis. Il faut que l'ouvrier français, le savant, l'écrivain français soient privilégiés en France. Il faut que les importations intellectuelles et morales soient mises à leur rang et à leur mérite, non au-dessus de leur mérite et de leur rang. L'étiquette étrangère recommande un produit à la confiance publique : c'est à la défiance du pays que doit correspondre au contraire la vue de tout pavillon non français. Qu'une bonne marque étrangère triomphe par la suite de cette défiance, nous y consentons volontiers, n'ayant aucun intérêt à nous diminuer par l'ignorance ou le refus des avantages de dehors, mais l'intérêt primordial est de développer nos produits en soutenant nos producteurs. Le temps de la badauderie à la gauloise est fini. Nous redevenons des Français conscients d'une histoire incomparable, d'un territoire sans rival, d'un génie littéraire et scientifique dont les merveilles se confondent avec celles du genre humain.   

     

    Charles Maurras 

    L’Action française, 6 juillet 1912

     

  • Égalité femmes-hommes : résister à l'oppression patriarcale par l'orthographe

     

    Une humoristique tribune de Solange Bied-Charreton*

    Le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes a publié un Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Solange Bied-Charreton en a parcouru les bonnes feuilles. On en rira. Parce que c'est drôle. Et même grotesque. On apprenait dans les classes, il fut un temps, que le grotesque est l'une des catégories du comique. Il allie le ridicule qui fait rire à l'effroi qui glace. En voici un exemple excellemment commenté. LFAR   

    On ne remerciera jamais assez Danielle Bousquet, présidente du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, Gaëlle Abily, rapporteure, et toute leur équipe de professionnel.le.s (sic) de l'égalité de nous avoir enfin fourni ce « Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe ». Il était temps. Rappelons tout de même que, comme le souligne l'introduction du dit guide, « sans une vigilance continue, les stéréotypes de sexe sont reproduits, parfois de manière inconsciente ». Ce manuel est donc plus que bienvenu.

    La fière équipe du Haut conseil nous propose donc, sous la forme d'un pdf, dix recommandations pour une rééducation efficace et une meilleure pratique de la novlangue. « La langue, y est-il écrit, reflète la société et sa façon de penser le monde. » Museler le locuteur apparaît ainsi le moyen le plus sûr pour pérenniser l'idéal d'indifférenciation résultant de la périlleuse confusion entre différence et inégalité. La première des recommandations vise à « éliminer toutes expressions sexistes ». On pense, bien sûr, au si joli « mademoiselle » qui cachait mal, en fait, une volonté d'humilier les femmes célibataires. Plus loin, on nous indique de veiller à user du féminin et du masculin dans les messages adressés à tous et à toutes: c'est ici que les « é.e.s » et autres « l.le.s » interviennent. Comme dans « représenté.e.s », pour être certains que tout le monde le soit, ou dans « professionnel.le.s », pour montrer qu'on est qualifiés. Une tautologie astucieuse au service de la dénonciation d'une injustice criante : le masculin qui l'emporte sur le féminin. Il est là, le véritable scandale. Sectionner les désinences à l'aide de points - bizarrement les slashs n'ont pas remporté l'unanimité - est une manière de dire qu'on résiste courageusement à l'oppression patriarcale perpétuée par l'orthographe française. Au Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, l'analphabétisme est un humanisme. Ce qui rassure vraiment, puisqu'on apprend aussi que des linguistes ont participé à l'élaboration de ce guide. Plus loin, on nous demandera de ne pas réserver aux femmes les questions sur la vie personnelle, et notamment sur la vie de famille. Plutôt que d'encourager à la sobriété et à la discrétion, tout le monde est invité à étaler ses drames intimes. Pas certain que ça joue en faveur de la lutte contre le sexisme, mais essayons toujours. La septième recommandation a, enfin, particulièrement attiré notre attention : parler « des femmes » plutôt que de « la femme », de la « journée internationale des droits des femmes » plutôt que de la « journée de la femme » et des « droits humains » plutôt que des « droits de l'homme ». Surtout faites-vous plaisir et tentez autant que faire se peut d'être le plus pédant possible pour échapper au piège de l'essentialisme, on aurait vite fait de savoir de quoi vous parlez. Enfin le 8 mars, messieurs, le Haut conseil vous demande spécialement d'éviter d'organiser des concours de beauté, d'offrir une rose ou une plante verte au personnel féminin. Vous seriez bien accueillis, c'est aussi ça le problème.

    En somme, ce Guide aurait pu être une parodie, disons qu'il aurait peut-être mieux valu. D'aucuns diront qu'il n'est pas très productif de tirer sur une ambulance, avouons toutefois que ça reste divertissant. Si l'on se trouvait au beau milieu d'un film de Jean Yanne, par exemple, ç'aurait été parfait. Le problème c'est que c'est la réalité. Et le plus angoissant, au sujet de cette époque, n'est sans doute pas que tout y puisse être prétexte à plaisanterie, mais bien que personne n'éclate de rire. Le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes est tout de même une instance consultative officielle, placée auprès du Premier ministre, c'est-à-dire qu'hélas ce n'est pas une blague. Ce qui est triste, c'est que ce « Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe » ne servira finalement à rien. La conviction profonde des membres du Haut conseil consistant à penser qu'en supprimant ou en modifiant des mots on supprimera les réalités s'y rapportant est, quant à elle, émouvante.

    Solange Bied-Charreton (FigaroVox)            

    Solange Bied-Charreton est écrivain. Son dernier roman Nous sommes jeunes et fiers est publié chez Stock

            

  • Etre (ou ne pas être) républicain : Frédéric Rouvillois jette un pavé dans la mare de nos consensus mous

    Tout le monde se revendique républicain, alors qu’en réalité personne ne le serait vraiment
     
     
    Après avoir donné un important entretien au Figaro [voir notre publication du lundi 28 octobre : « Le mot ‘République' est à la fois vide et sacré »] Frédéric Rouvillois rouvre le débat sur la République sur le site Atlantico. Et il répond à quelques unes des objections qu'Eric Zemmour lui a opposées dans le même Figaro. Ainsi, le débat sur la République, sur ses valeurs, sur la pertinence de la forme républicaine de l'Etat, sur la dialectique république ou monarchie, se prolonge et s'approfondit ... A vrai dire, cette sorte de contestation de la République, semble être devenue latente, voire banale, dans le débat politique français. Est-ce une tendance lourde ? Sans doute. Lafautearousseau 
     
    Depuis les débats qui ont suivi les attentats de Charlie Hebdo, la surutilisation des termes "républicains" et "République" semble avoir désactivé leurs contenus. Mais leur définition n'a-t-elle jamais été fixe depuis la révolution française ?

    Des républicains antimondialistes aux républicains européistes, des républicains souverainistes aux républicains libéraux, du FN au Front de Gauche, de Hollande à Sarkozy, tout le monde se revendique républicain, alors qu’en réalité personne ne le serait vraiment. La République a beau se retrouver sur toutes les langues des politiques et sous toutes les plumes, la belle est portée disparue. La litanie des "valeurs républicaines", religieusement psalmodiée, à chaque sermon politique depuis les attentats du 11 janvier, sonnerait complètement creux.

    Tel est le pavé que Frédéric Rouvillois jette dans la mare du consensus mou en démontrant, dans son nouvel essai, "Etre (ou ne pas être) républicain", qu’il est impossible de déterminer ce qu’est la République, et que par conséquent celle-ci serait indéfinissable et insaisissable. 

    Le parti pris est audacieux, le constat déconcerte, l’analyse déroute et la conclusion met mal à l’aise. Sous le poids d’une argumentation historique bien étayée, Frédéric Rouvillois s’amuse à faire vaciller cette République que l’on croyait indéboulonnable, bien installée sur son sacro-saint triptyque Liberté-égalité-fraternité, auquel s’est ajoutée l’incontournable laïcité et fait voler en éclat nos préjugés de citoyens engagés.

    frederic-rouvillois.jpgIsabelle Marchandier : Dans sa chronique du Figaro de la semaine dernière, Éric Zemmour vous accuse de vouloir "déconstruire une République qui n'existe plus" et ce faisant de "mettre une claque à votre grand-mère"…Que lui répondez-vous ?

    Frédéric Rouvillois : J'ai infiniment d'estime pour Éric Zemmour et pour les combats qu’il mène tambour battant, à la hussarde, ou plutôt, à la façon des soldats de l'an II, qui sont à la base de sa mythologie personnelle. Mais là je crois qu'il se trompe de cible. Le propos de mon petit essai n'est pas de déconstruire une République qui n'existe plus, mais de constater que "La République", en tant qu'essence, n'a jamais existé. Il y a eu, à toutes les époques, des Républiques aux innombrables visages, parfois démocratiques ou despotiques voire totalitaires, parfois libérales ou nationales, parfois universalistes ou particularistes. C'est pourquoi, dire de quelqu'un qu’il est républicains, ou qu’il ne l’est pas, n'a pas beaucoup de sens, comme le disait déjà Proudhon au XIXe siècle. Ce que je dénonce ici, ce n'est donc pas la République, d’hier ou d’aujourd’hui, c'est plutôt l'usage de ce mot, "républicain", et l'effet de sidération, d'hypnose, et d'occultation qui en résulte. Il suffit de prononcer ce mot sacré ou bien l'une de ses déclinaisons - comme les fameuses "valeurs républicaines" - pour que chacun se taise et s'incline. 

    Qu'à certaines époques, des Républiques aient effectivement défendu la nation et la souveraineté, comme le rappelle Éric Zemmour, ne fait aucun doute. Mais là où il y a abus, à mon sens, c’est de considérer ces thèmes, nation, souveraineté, etc, comme intrinsèquement liés à la République, ou à ce que Zemmour appelle les "anciens principes de la république", bref, à une République authentique, véritable, que l'on pourrait donc légitimement opposer, comme il le fait, à une République factice, contrefaite, usurpatrice, celle qui brûle tout ce que l'autre a adoré, et qui adore tout ce qu'elle a brûlé. Pour reprendre encore les termes d'Éric Zemmour, "les prétendus républicains d'aujourd'hui" ne sont, au fond, pas moins républicains que "les farouches républicains" d'hier, même si les uns bradent la nation que les autres ont voulu défendre jusqu'à la mort, la leur, et celle des autres. Simplement, ces derniers étaient des républicains patriotes, alors que les autres, convaincus que la patrie est désormais désuète et dépassée, ne le sont pas.

    Éric Zemmour reproche, à juste titre, aux républicains d’aujourd’hui de dire "la République pour ne pas dire la France () pour déraciner à nation et son peuple". Mais les républicains d'hier en furent-ils vraiment innocents lorsqu'ils proclamaient que la France commençait avec eux, et qu’ils s'acharnaient à éradiquer minutieusement la mémoire, et donc les racines de l'ancienne France, au nom d'un progrès nécessaire et d'une raison universelle ?

    Pour contrer la montée de la radicalisation islamiste et la désaffiliation nationale, en appeler à une République forte qui réaffirme l’autorité de ses principes ne servirait donc à rien ?

    Le suffrage universel, l’école, l’universalisme ou la laïcité, aucun de ces critères que l’on a l’habitude de citer pour définir la République ne sont spécifiquement républicains puisqu’ils existent dans des systèmes qui ne sont pas des Républiques tout en étant absents de nombreuses Républiques, passées ou présentes. Derrière le mot République, derrière cette unanimité de façade, il y a en fait un profond désaccord sur la chose. Si on prend l’exemple de ce que j’appelle "la légende républicaine", forgée sous la III République, on est frappé de voir comment cet ensemble d’idées et de thématiques s’avèrent incompatibles avec la réalité du fonctionnement de la Ve République. La primauté du parlement, l’absence d’incarnation du pouvoir, le principe de représentation sont à l’opposé de la démocratie directe et du référendum. Pour la gauche socialiste et radicale, la République gaullienne n’est pas une véritable République alors qu’a contrario pour le conservateur de droite gaulliste, la Vème République est un très bon système qui est parfaitement républicain. Le même mot sert à désigner des réalités antagonistes. La République de Vincent Auriol n’est pas celle du Général. Bref, la République des uns est donc l’anti-République des autres.

    Dans ces conditions, à quelle République faut-il en appeler ? Et à quels principes ? Si l’on ne sait même pas ce dont on parle, peut-on espérer contrer un mouvement qui menace jusqu’à l’existence même de notre civilisation ?

    Pourtant l’école républicaine a été clairement définie par l’école du mérite… Les intellectuels qui fustigent la réforme actuelle du collège, la suppression de l’épreuve d’histoire au concours de l’ENA ou encore l’idéologie pédagogiste qui prône l’autonomie du savoir au détriment de l’apprentissage, parleraient-ils dans le vide ?

    L’école dite républicaine, celle de la III république à laquelle font allusion Alain Finkielkraut, Marcel Gauchet et d’autres, correspond trait pour trait à l’école qui est organisée à la même époque dans l’empire Allemand, qu’il n’est pas d’usage, à ma connaissance, de qualifier de républicaine. Ce que nos thuriféraires de l’apprentissage des fondamentaux appellent "l’école de la République", c’est une école mise en place en France à un certain moment, notamment par une certaine République et qui existe aujourd’hui dans des régimes qui ne sont pas forcément républicains. Récompenser les bons élèves, établir une sélection à l’entrée du lycée, n’a rien de spécifiquement républicain. Même si Jules Ferry a fait oublier Guizot, voire Charlemagne, la méritocratie n’est absolument pas l’attribut de la République. La promotion sociale existait sous la monarchie Française comme elle existe aujourd’hui sous la monarchie marocaine.

    Au fond, "L’école de la République", n’est qu’un grand mot employé pour mettre en valeur un discours, par ailleurs parfaitement légitime, mais qui n’a pas besoin de ce supposé supplément d’âme pour être compris par les Français.

    S’il y a une telle discordance entre la République en tant que représentation et la République en tant que réalité historique, est-ce à dire que le républicanisme est une idéologie ?

    Il y a un côté idolâtrie dans ce mot républicain qui est utilisé comme un grigri que l’on agite dans l’espoir d’exorciser nos peurs et nos angoisses et de faire disparaitre l’ensemble de nos maux : la crise du vivre-ensemble, la dépolitisation, la montée des extrémismes, etc, etc…Mais ce mot sert surtout à ne pas se poser certaines questions. Il suffit de prononcer le mot "républicain" pour que la messe soit dite. Son évocation induit une sorte de génuflexion mentale qui conduit au mutisme et à la censure du débat. 

    C’est un peu comme dans la Rome antique où lorsque l’empereur paraît, tout le monde se tait et se prosterne. Par ailleurs, si ce mot exorcise, il diabolise aussi en agissant comme un instrument pour exclure les concurrents menaçants, les ennemis politiques - comme le FN aujourd’hui ou les communistes avant-hier. Or, accuser le FN de ne pas être un parti républicain est un non-sens. Le FN peut se dire républicain au même titre que les autres partis. Ni moins, ni plus.

    Pourtant ce n’est pas parce que la république n’est pas, qu’elle n’existe pas ! La manifestation après les attentats contre Charlie Hebdo n’a-t-elle pas été une démonstration de ce que peut-être une République effective? Les 4 millions de gens réunis place de la République n’ont-il pas rendu vivant ce slogan "liberté-égalité-fraternité" pourtant si abstrait ?

    Même si cette marche a eu une signification importante, il faut rappeler que ce n’était qu’une infime minorité qui était présente dans la rue. Mais surtout, que cette marche "républicaine" du 11 janvier 2015 n’était pas en soi plus républicaine que la marche organisée à Madrid en mars 2004, au lendemain des attentats, n’était monarchiste ! Dans ces deux cas, ces marches contre le terrorisme n’étaient pas liées à la nature d’un régime politique mais à la volonté populaire de manifester une solidarité, une union, une appartenance. C’est plutôt vers l’adjectif "nationale" qu’il aurait fallu se tourner. Pendant la première Guerre Mondiale, lorsque tous les partis ont appelé à lutter ensemble contre l’ennemi, c’est l’union sacrée qui fut évoquée. Si, en janvier 2015, on avait osé parlé "d’union sacrée" ou "d’union nationale", on aurait sans doute été plus juste et plus fort que cette invocation à répétition du mot "républicain" qui ne signifie plus grand-chose et qui n’émeut plus grand monde.

    L’usage abusif et débridé du mot républicain serait donc révélateur d’une sorte de masochisme national qui empêcherait de prononcer le mot français, trop connoté… 

    Le mot "républicain" évite de dire France, Nation, élite, sélection, exigence, et même démocratie… C’est une sorte de vocabulaire de substitution qui permet de tout laisser entendre sans rien dire de précis. Il faudrait renoncer à avoir recours à ce mot fourre-tout pour pouvoir enfin désigner précisément les réalités et se poser les bonnes questions, à commencer par celle de la communauté, de l’appartenance à une même nation. Or, les gesticulations autour du mot républicain et de ses substantifs qu’on lui accole conduisent à éliminer cette question. Ce mot, "républicain",  joue désormais le rôle d’un rideau occultant qui conduit à faire l’impasse sur les vraies questions. Au nom de la République, on refuse de s’interroger sérieusement et posément sur l’identité nationale. La République se substitue à la question de l’identité, en rendant cette question absurde et presque obscène. A lui seul, le mot neutralise le débat, le rend sans objet. Pour un républicain, l’identité de la France, c’est la République, comme si la France n’existait que depuis 1792 et que tout ce qui n’était pas républicain, n’était pas français. Remplacer le mot "identité française" par le mot "républicain" permet d’occulter tout un pan de notre histoire, d’éliminer une grande partie de notre tradition, d’évacuer la problématique du Christianisme, et au fond de reconstruire à moindre frais un être politique qui ne s’appellerait France que par hasard.

    Vous faites confronter la République à sa réalité historique mais jamais vous ne la mettez à l’épreuve des problèmes actuels posés par le multiculturalisme et l’intégration des nouvelles générations issues de l’immigration, est-ce à dire que la République, de par sa nature floue et contradictoire et par son universalisme abstrait, est incapable d’y répondre ?

    Avant d’intégrer, il faut pouvoir incarner. On ne se rallie pas à une abstraction pure, sauf dans les livres de Kant ! Dans la réalité, il faut quelque chose de tangible, de visible, de connaissable et de reconnaissable. Même les religions se sont incarnées par un être divin vers lequel les yeux pouvaient se tourner et les cœurs s’ouvrir. Au mieux, la République est incarnée par Marianne. Sa création est d’ailleurs intéressante puisqu’elle montre bien que même les républicains n’ont pas pu se satisfaire d’une abstraction pure. Après avoir utilisé d’autres types de symboles, ils vont créer cette Marianne à l’iconographie changeante, cette déesse sans visage. Mais, je me répète, parler de la France, de son histoire, de son peuple, de son destin et de ses racines, serait sans doute beaucoup plus satisfaisant.

    Si comme dit Camus "mal nommer les choses, cest ajouter au malheur du monde." Etre ou ne pas être républicain, telle ne serait pas la question ?

    Toutes choses égales par ailleurs, ce petit essai se propose de procéder au même exercice salutaire que le rasoir d’Ockham, c’est-à-dire de contribuer à éliminer toute une série de questions et de considérations non seulement inutiles et dépourvues d’intérêt mais surtout trompeuses. Au terme de ma réflexion, je peux affirmer que le mot "républicain" n’est pas un mot pertinent dans le langage politique contemporain et devrait être relégué au musée des antiquités. 

    Propos recueillis par Isabelle Marchandier - Atlantico

    Frédéric Rouvillois est professeur de droit public et écrivain.

    Professeur agrégé de droit public à Paris V depuis 2002, où il enseigne le droit constitutionnel et le contentieux constitutionnel, il centre ses travaux sur le droit de l’Etat et sur l’histoire des idées et des représentations. Il est depuis 2004, conseiller de la Fondation pour l’innovation politique. il a publié en 2006 Histoire de la politesse de 1789 à nos jours et Histoire du snobisme en 2008.

  • « Faut que tu vas voir le mec, la vidéo, je l'ai vue » : un Bescherelle pour Benzema !

     

    par  Théophane Le Méné

    Alors que rebondit la polémique sur la sextape de Mathieu Valbuena, Théophane Le Méné déplore, dans Le Figaro, l'exemple que Karim Benzema donne aux jeunes générations qui l'admirent. Les sportifs auront leur avis. Passeront-ils sur le très vilain langage de Benzema, à cause de ses qualités de footballeur ? Sur le fond, bien-sûr, Théophane Le Méné a raison.  LFAR

    Il y a l'Histoire de France, il y a le Collège de France, il y a l'Institut de France. Et puis il y a l'équipe de France. Celle de football. La même qui nous offrit l'affligeant spectacle d'une mutinerie à Knysna ; la même qui nous servit avec une verve flamboyante un échange pour le moins pathétique entre un joueur et le sélectionneur - le premier enjoignait au second d'aller se faire voir chez les Grecs avant de le qualifier de progéniture de péripatéticienne, le tout dans un langage moins soutenu. La même toujours, qui nous fait régulièrement don d'envolées lyriques à la syntaxe étonnante. Nos anciens se plaisaient à consigner le génie des arts et des lettres, voici ce que la postérité ensilera comme un signe du déclin de notre temps : « J'ai couru jusqu' à quand ce que je pouvais / On est des joueurs qu'on va vite avec le ballon / C'est vrai qu'on vient de jouer contre une équipe qui sont vraiment très forte / J'espère que la routourne va tourner ».

    Ce qu'on aimait chez les forbans d'antan, c'était leur gouaille. À les écouter, on se préférait philologue à magistrat. Génie de l'invective, argot de rue confinant à la délicatesse, les dialogues de Michel Audiard témoignent d'une époque définitivement révolue. D'une époque, d'ailleurs, où le mot sextape n'existait pas. D'une époque où le joueur Mathieu Valbuena n'aurait pu filmer ses ébats. D'une époque où, en définitive, il n'aurait pas eu à négocier avec un Karim Benzema dont la principale turpitude, si l'on fait fi de l'odieux chantage qu'il aurait tenté d'exercer, réside dans le langage. Florilège: « Si tu veux que la vidéo elle soit détruite, mon ami, il vient te voir à Lyon / Moi je vais t'arranger la sauce. Faut que tu vas voir le mec (sic) / La vidéo, je l'ai vue il y a une semaine, avant de venir ». Beau tercet s'il en est, dans lequel on retrouve dislocations à gauche (ajout d'un pronom personnel juste après un sujet dans une phrase, figure de style favorite de François Hollande) et faute de temps. Mais surtout faute de goût.

    Certes, on trouvera des symétries entre une vidéo aux dialogues apriori bestiaux et les propos de l'attaquant madrilène. Certes d'aucuns diront qu'après tout à chacun sa spécialité et que les écrivains et les journalistes feraient sans doute moins les malins sur un terrain de football. Mais le langage est tout. Au cœur des interactions sociales, partie intégrante des représentations collectives, on ne saurait concevoir l'homme ni même la société sans le langage. Voulons-nous une société aussi pauvre qu'un tel langage, lorsque l'on sait que c'est précisément par la langue que l'homme assimile la culture, la perpétue et la transforme ? Souhaitons-nous que le langage reste un outil de domination de telle façon que hors de sa classe, chaque homme restera prisonnier de son langage ? Ou bien parviendra-t-on un jour à réconcilier langue, éthique et esthétique ? C'est à se demander. Car la France, du moins ses gouvernants, ils semblent s'en foutre royalement. 

    Théophane Le Méné, journaliste