Un juste constat sur lequel nous reviendrons ...

..Source FigaroVox [11.12.2015]..
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..Source FigaroVox [11.12.2015]..
ANALYSE. La guerre est là... Oui, mais la guerre suppose des décisions, des moyens, des buts, une continuité dans l'action et une unité de point de vue. Avec l'état d'urgence, Hollande essaye de répondre à l'impossible problème du régime.
par Hilaire de Crémiers
Qui pourrait se flatter de connaître l'avenir ? La vie politique française se concentrait, il y a quelques semaines encore, sur les élections. Les élections régionales prenaient une allure nationale ; les partis étaient en effervescence ; ils s'excitaient à vivre déjà une sorte de premier tour des élections présidentielles, en avant goût de 2017, l'objet de tous leurs désirs. Le cirque électoral se remplissait de clameurs. Diagnostics et pronostics allaient bon train. À qui mieux mieux, chacun se réclamait de la démocratie, invoquait la république et c'était pour mieux déclarer sa haine du concurrent, appeler à la mort politique, sociale et morale, sinon physique de l'adversaire.
LA GUERRE INTÉRIEURE
Et voilà que, soudain, tout ne fut plus qu'incertitude, attente, angoisse, étrange silence. Pour combien de temps ? La France est en deuil. Elle a été frappée sauvagement. Elle peut l'être à nouveau d'un jour à l'autre ; elle n'est plus maîtresse de ses lendemains.
Les attentats, maintenant répétitifs, qui sont perpétrés sur son sol la mettent en état de guerre. Ellecroyait cette guerre simplement extérieure et s'en souciait peu - une affaire de militaires -, et voici que cette guerre éclate chez elle, à l'intérieur de ses frontières, au centre même de sa capitale. Tirs et explosions-suicides ont été effectués, semble-t-il, au hasard des circonstances du moment ; en revanche les objectifs et les quartiers ciblés ont été délibérément choisis. Comme les fois précédentes ! Même esprit et, vraisemblablement, même organisation relevant de mêmes donneurs d'ordre : le recoupement des enquêtes le prouve. Les terroristes qui menacent la France savent ce qu'ils veulent. Nous ne sommes sur ce plan et pour le moment que dans la riposte. C'est l'ennemi qui frappe où il veut, quand il veut, comme il veut, avec les moyens et la violence qu'il veut. D'individuelles, les actions deviennent collectives et coordonnées. Il est certain que le but logique des commanditaires est de multiplier et d'intensifier les attentats. Demain encore ? Paris ? Bruxelles ? Mais aussi bien Bamako au Mali, Beyrouth, Tunis ? ... Partout dans le monde ? Chez nous sera-ce à Noël ? Dans une salle de spectacle ? Un magasin ? Un métro ? Un train ? Un avion ? Allez savoir !
OÙ EST L'ENNEMI ?
Car l'ennemi est sur notre sol, sinon dans l'espace Schengen où il se déplace comme il l'entend et d'où il sort et où il rentre à son gré, en profitant, de plus, de l'immense désordre des migrations. Comme il est aussi au Sahel qu'il ravage, au Proche et au Moyen-Orient qu'il détruit. Bref, il est maître de son action, de son temps, de son espace de déploiement. Chez nous, tout comme ailleurs, mais peut-être plus encore, car des cités, des quartiers, des territoires hors contrôle en temps ordinaire lui servent de refuges. Là, la graine djihadiste pousse drue dans un milieu propice qui vit en circuit fermé et en quasi autonomie, coupé du reste de la nation, dans un climat de brigandages et de trafics illicites permanents où banditisme et terrorisme font bon ménage. Les responsables de la sécurité et du renseignement le savent parfaitement et depuis longtemps. Mais qu'ont fait, que font les politiques ? Des discours... Les causes de cet état de fait sont connues, pour ainsi dire répertoriées : la faiblesse générale de l'État qui n'est fort que contre ses citoyens qui ne sont pas de son obédience socialisante et maçonnique ; les politiques incohérentes, absurdes et criminelles, menées depuis des décennies, qui, avec l'accord d'un certain patronat et de toute une élite politico-économique, ont alimenté en populations immigrées et privées de tout lien avec la France des territoires entiers, livrés de ce fait à eux-mêmes ; la complicité passive quasi permanente et parfois active - soit lâcheté, soit complaisance des autorités constituées, des magistrats, des services administratifs et sociaux ; la promotion militante par tout un ensemble de médias dont la plupart relèvent de l'État, d'une gauche bavarde qui se croit maîtresse et juge de tout et qui se pavane en étalant sa fausse morale qui n'a rien de moral dans son ignorance absolue et son mépris souverain du vrai et du faux, du bien et du mal.
BONNE OU MAUVAISE RÉPONSE ?
C'est dire si la France est malade. Elle l'est moralement, socialement, politiquement, maintenant économiquement. Tout le monde le sait ; il suffit d'écouter les conversations sur les marchés et dans les bistrots. Et cette France malade a concédé de fait au djihadisme intérieur une liberté d'agir dont il a usé et dont il compte bien, évidemment, user encore. Le cursus des acteurs des attentats est une fois de plus effarant et révélateur de nos impérities !
La radicalisation islamique ne s'étend pas seulement sur des territoires ; elle touche des entreprises : les transports, la SNCF, la RATP, plus gravement encore les industries de haute sécurité, comme le nucléaire. Tout se découvre d'un seul coup. Il est temps. Les Français musulmans sont les premiers à attendre des signes forts d'une reprise en main. Rien ne serait plus criminel qu'une lâcheté de plus à leur égard : ce serait les livrer, comme jadis en Algérie, au couteau des égorgeurs.
Mais nos dirigeants ne sont perpétuellement que dans le factuel : jamais d'analyse des causes ; jamais de prévision des conséquences. Ils réagissent dans l'immédiateté avec leurs habitudes électoralistes et quelques idées simplistes qui leur tiennent lieu de pensée. Hollande se croit un chef de guerre en courant de Washington à Moscou, en conférant avec Cameron et Merkel, en redoublant les frappes sur Daech, mais l'ennemi est chez nous et surtout chez certains de nos prétendus alliés sur qui nous nous sommes appuyés et avec qui nous faisons affaire. La diplomatie française a été au rebours des intérêts bien compris de la France ! Mais qu'est-ce qu'un politicien, socialiste ou non, peut bien comprendre de la situation ? La radicalité islamique lui est totalement étrangère ; toute radicalité, d'ailleurs. La vie n'est pour lui qu'une suite d'élections à gagner. Sa stratégie n'est qu'électorale. Le propos d'un responsable socialiste dit tout à ce sujet : « Jusqu'à présent, on essayait de se détacher du contexte national. Là, si François Hollande gère bien l'affaire, ça peut être positif pour nous... » Propos normal dans notre république normale !
Face à une stratégie de guerre totale dont le terrorisme est une des armes de prédilection, le politicien de service pense aux gains électoraux possibles. Les militaires ne sont-ils donc déployés que dans ce but ? Et le porte-avions Charles-de-Gaulle ? Et les forces de sécurité mises en alerte maximum ? Et l'état d'urgence de trois mois n'a-t-il été voté que dans cette intention ? Et cette idée de constitutionnaliser une nouvelle forme de pleins pouvoirs entre les mains de l'autorité politique n'est-elle conçue que pour dominer la scène électorale en 2017 ?
Les Français dans leur ensemble comprennent parfaitement les nécessités impérieuses de la guerre. Encore faut-il la mener comme il faut. n
Humeur de Théophane Le Méné
Nicolas Sarkozy était dans les tribunes du Parc des Princes lors de la soirée du deuxième tour des élections régionales. Un choix étonnant dont Théophane Le Mené ne s'est toujours pas remis. Nous ne sommes pas sûrs que la circonstance mérite en soi-même tant d'attention ni d'agacement. Même si elle a fait amplement jaser le microcosme. Comme on le dit trivialement, Nicolas Sarkozy en a fait d'autres... Mais voilà justement l'occasion de le rappeler s'agissant de domaines et de circonstances d'une beaucoup plus grande importance ... Que Théophane Le Mené ne manque pas d'évoquer. LFAR
C'était plus fort que lui. Quelque chose d'incoercible et que l'on peine à expliquer. Comme cette attraction à laquelle on ne saurait résister lorsque l'âge nous exempte de tout sens de la responsabilité. Comme ce penchant dans lequel on cède lorsque la désinvolture écrase la retenue. Comme ce stupéfiant qui annihile toute forme de raison dès lors qu'on y a goûté. On peut être enfant, dilettante ou stupéfait et verser dans la poésie, la littérature, l'aventure, le voyage et dans bien d'autres champs qui convoquent tout autant la légèreté que l'obsession. Mais à ceux qui se veulent premier magistrat de France, c'est la lourde cape de la responsabilité, de l'ascèse, de la circonspection ; et seulement elle. Malgré tout cela, Nicolas Sarkozy n'aura pu s'empêcher de se précipiter au Parc des Princes pour assister au match PSG-Lyon, alors même que tombaient les premiers résultats des élections régionales. Que la Normandie et l'île de France ne savaient pas si elles étaient bleues ou roses. Que la recomposition politique était visible en direct sur les plateaux de télévision.
Par goût de la provocation, on pourrait admirer cette liberté suprême qui confine à l'indifférence. Mais on remarquera que l'ancien président en fit un usage quelque peu déplacé lorsque devenu clef de voûte des institutions, il préféra prendre villégiature dans un yacht plutôt que dans une abbaye - il l'avait pourtant promis. Par goût des passions populaires et de la France gouailleuse, on pourrait objecter que Nicolas Sarkozy signifiait ici la beauté spécifique du football et l'humanité de ses héros, convoquant Albert Camus dont il est, dit-on, un grand lecteur («Tout ce que je sais de la morale, c'est au football que je le dois») ou bien encore Pier Paolo Pasolini («Le football est la dernière représentation sacrée de notre temps»). Mais il y a le football des gradins et le football des loges. Et puis il y a ce qu'en dit Eduardo Galeano dans «Football, ombre et lumière»: «L'histoire du football est un voyage triste, du plaisir au devoir. A mesure que le sport s'est transformé en industrie, il a banni la beauté qui naît de la joie de jouer pour jouer. [...] Le football professionnel condamne ce qui est inutile, et est inutile ce qui n'est pas rentable.»
En définitive, par goût du réel, on se résoudra à constater que rien n'a changé chez Nicolas Sarkozy. L'homme n'a jamais réussi à épouser le sens du sacré, à assimiler le sens tragique de l'Histoire, sinon lors de la parenthèse enchantée de 2007. Sa passion pour le ballon rond un soir d'élection où l'on demande au peuple français de se prononcer en dit long sur sa conception de la politique. Et à revoir cette séquence pour le moins indécente, on ne peut s'empêcher de penser qu'à l'expression de la souveraineté populaire à laquelle on le sent décidément hermétique, Nicolas Sarkozy ne se sent dans son élément que dans le sport. Le malheur est que ce sport a été transformé par la fameuse jurisprudence de l'arrêt Bosman où la libre circulation des joueurs a bouleversé la sociologie du football, au point que les entraineurs sont devenus des coachs, les présidents de club, des nababs du pétrole ou de la finance ; les agents de joueurs, des grands frères ; et les joueurs eux-mêmes des voyous tenant d'une main l'escort et de l'autre la Ferrari. Incompréhensible donc, à moins que Nicolas Sarkozy entende toujours devenir président mais de la Ligue 1. •
Théophane Le Méné (FigaroVox)
par Louis-Joseph Delanglade
Les élections régionales auront obligé la plupart des maîtres à penser, notamment dans les médias, à monter au front. Dans ce domaine, la palme revient incontestablement à notre chaîne radiophonique nationale, France Inter pour la nommer, dont la quasi totalité des journalistes, présentateurs et intervenants - jusqu’aux prétendus humoristes - auront entre les deux tours fait circuler la rhubarbe et le séné. On se contentera ici de l’essentiel, ce fameux « sept-neuf » (presque six millions d’auditeurs !) avec en maître de cérémonie M. Cohen. On a le privilège d’y entendre officier du lundi au vendredi les deux Grands Prêtres, MM. Legrand et Guetta : celui-ci pour l’Extérieur (« Géopolitique »), celui-là pour l’Intérieur (« L’édito politique »). Tous deux cultivés et intelligents, parfois brillants, mais qui restent des militants politiques utilisant l’antenne pour distiller leur idéologie et leurs utopies gauchardes.
Il fallait donc pour chacun des deux apporter sa pierre au concert de critiques en tout genre qui ont été formulées contre le Front National. M. Legrand a donc choisi de dénoncer « la plaie identitaire », bel exemple d’incohérence intellectuelle pour celui qui, après les attentats de janvier et de novembre, ne s’est pas privé de proclamer que les victimes avaient été choisies pour ce qu’elles étaient et représentaient. Mais, s’il admet une identité de la France, c’est « l’identité choisie d’une somme d’individus solidaires et libres ». Pour lui, « la Nation n’est que le cadre politique, historique et géographique d’une communauté qui a décidé de s’organiser autour d’une langue, de règles, de valeurs ». On ne saurait pousser plus loin les dérives d’une approche uniquement « existentialiste » qui nie les évidences les plus élémentaires et ne s’appuie au fond que sur le bon vouloir de chacun. M. Legrand est le digne héritier des utopistes et des aristocrates dévoyés du XVIIIe siècle : « sa » France est celle des bobos hors sol qui n’ont que mépris pour le pays réel.
M. Guetta, quant à lui, a choisi de transposer la situation française au niveau européen : « Il y a désormais, d’un côté, [l] les nouvelles forces d’extrême-droite et, de l’autre, les gauches et les droites » : comme L.R. et P.S. en France, droites et gauches européennes ont en commun l’essentiel, à savoir une approche favorable, malgré quelques nuances, de l’Union européenne, de l’immigration et de la mondialisation, ce qui les différencie de ceux qui se complaisent dans la « négation de la réalité ». Beau tour de passe-passe intellectuel. Est-ce nier la réalité que de constater la nocivité de l’Union partout où elle s’est substituée aux Etats, de rejeter une immigration débridée et agressive, de vouloir se protéger des méfaits d’une mondialisation dévastatrice ? M. Guetta n’envisage au niveau européen d’autre recours que l’union des gauches et des droites dans des « majorités de compromis » : retour à la case magouille. Paradoxe : le même Guetta brosse un tableau sans complaisance d’un « monde en état de panique » : Russie, Turquie, Proche-Orient, Inde, Catalogne, Ecosse, etc., partout communautés, peuples et nations exaltent leur identité et leurs spécificités. Et c’est dans ce contexte que nous devrions baisser la garde ?
On le savait, mais il n’est pas mauvais de le répéter : existe toujours ce parti de l’étranger, « Anti-France » de fait, où se retrouvent tous ceux qui nous dénient le droit à une identité historique plus que millénaire et qui souhaitent que la France se dissolve dans un Euroland quelconque. Merci à MM. Legrand et Guetta d’avoir, une fois de plus, su mettre les choses au clair. •
Photo : SIPA.AP21833283_000011.
Ce sont là, nous a-t-il semblé, d'utiles et judicieuses réflexions, en ce lendemain du deuxième tour des régionales. Sans-doute, Jacques de Guillebon n'est pas sans attaches avec le FN, parti politique dont il traite ici. Ce n'est pas notre cas. Toutefois, les réflexions d'ordre interne auxquelles il se livre nous semblent avoir leur intérêt, même pour les royalistes que nous sommes, attentifs à la vie politique nationale. Mais plus importantes sont ses remarques sur les évolutions de la société française, du peuple français, ses rejets, ses aspirations, et le rôle nouveau joué auprès de lui par de nombreux écrivains ou intellectuels à la parole libérée. Voilà qui nous paraît, pour la France, autrement porteur d'avenir à moyen ou long terme que les résultats électoraux, au soir d'une consultation régionale par ailleurs particulièrement glauque. LFAR
Les Le Pen possédaient une manière de devise familiale, « je préfère perdre sur mes idées plutôt que gagner sur celles des autres », dont on peut dire que jusqu’ici elle ne leur avait pas trop mal réussi. Ils n’avaient en effet jamais gagné. Soit que l’époque leur fût trop contraire, soit qu’ils s’y fussent mal pris. Vaste sujet qui prêterait éminemment à une dissertation de Sciences Po en 2054.
Mais chacun sait que depuis au moins cinq ans, les choses ont changé. Le Front commence à réussir son pari de s’emparer un jour du pouvoir. Nombreux sont ceux qui s’en attribuent le mérite, au premier rang desquels Florian Philippot. Son discours social, nous dit-on, aurait rameuté les masses, et amorcé la stratégie de « dédiabolisation » du Front national. Pourtant, outre que ce discours avait été tenu longtemps avant l’arrivée de Florian Philippot, notamment sous la houlette d’Alain Soral et de Philippe Péninque au cours des années 2000, il n’a pas encore été prouvé que ce soit lui qui ait attiré les électeurs vers le parti.
Le succès du FN de ces dernières années est à mettre au crédit d’autres événements concomitants : d’abord, l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du mouvement, qu’elle a rajeuni de sa seule présence, et par où elle a prouvé qu’il y avait une continuité dynastique rassurante. Le Front national était destiné à s’inscrire longtemps encore dans le paysage, et elle fit immédiatement savoir qu’elle, contrairement à son géniteur, voulait le pouvoir, et le pouvoir seul. On ne peut le nier : le lien créé entre la famille Le Pen et le peuple français est le principal moteur du Front national. On ne donnerait pas cher d’une candidature de M. Philippot sous d’autres couleurs. Nicolas Dupont-Aignan est là pour en témoigner, à son corps défendant.
Seconde raison, plus importante encore, ce n’est pas tant le FN qui s’est dédiabolisé au long des dernières années que le peuple français lui-même qui s’est « diabolisé ». L’effet Zemmour a joué à plein, soutenu par la libération de la parole de nombreux autres écrivains ou intellectuels. Si le peuple français n’avait eu d’autre souhait que de sortir de l’euro et de retrouver du travail, il aurait très certainement voté Mélenchon en 2012, et pas Marine Le Pen. Peut-être inconsciemment, mais sûrement, les électeurs du Front national voient en Marine Le Pen la possibilité d’un changement d’époque. Avec elle, même s’ils ne savent pas trop comment, un autre monde naîtrait, enfin débarrassé des vieilles querelles, des magouilles d’appareils, et son coup de balai magistral débarrasserait le plancher de France des derniers politicards dont il suppose qu’ils ont vendu la France à l’immigré, aux élites mondialisés et à tous les maitres moralisateurs qu’il ne peut plus voir en peinture.
C’est là le fond de ce vote, et c’est en quoi Marion Le Pen, contrairement à ce qu’affirme Mme Lesneley, s’inscrit beaucoup mieux dans la stratégie globale du nouveau Front que Florian Philippot. Si celui-ci est « moderne », comme on nous dit, parce qu’il se serait rallié aux thèses anthropologiques des dominants, alors Marion Le Pen est « postmoderne », et possède une longueur d’avance sur lui vis-à-vis des électeurs. Leurs scores respectifs au premier tour des régionales témoignent un tout petit peu, après le vote au Congrès du parti de l’an dernier, de ce saut quantique qui existe entre l’énarque et la nièce.
Alors qu’on lui avait violemment reproché d’avoir ouvert la boîte de Pandore avec sa remarque sur le Planning familial, elle culmine à plus de 40%, faisant quasi jeu égal avec Marine Le Pen. Florian Philippot, lui, ne devra qu’au miracle d’une triangulaire son éventuelle victoire dimanche.
La société française a changé, et elle est lasse de ce nihilisme Charlie qu’on lui fait un devoir d’adorer. Comme si sa seule identité consistait à dessiner des culs et à boire en terrasse. Elle cherche manifestement d’autres atours à son identité, et il se pourrait que Marion Le Pen incarne à merveille, pour une fraction de la population grandissante, ce possible retour à soi.
Sortir du piège européen et mondialiste avec Florian Philippot, très bien. Savoir ce qu’est la France avec Marion Le Pen, c’est mieux. •
TRIBUNE - André Bercoff estime, dans FigaroVox, que la campagne menée par les socialistes vis-à-vis du Front national est farcesque et grotesque. Il en traite avec ce bon sens qui en arrive à parler comme le fait aussi le bon peuple dans les moments où, selon Maurras, il lui arrive d'être infaillible... Le style et la verve en plus, qui sont la marque d'un texte d'André Bercoff. Une seule réserve : croit-il vraiment que « les armes de la démocratie [...] ne sont pas, loin s'en faut, rouillées ou hors d'usage » ? Il administre lui-même la preuve du contraire. En tous cas, pour ce qui est de la démocratie française, hic et nunc. Celle qui, spécificité unique en Europe, procède d'une Révolution qui commence par instaurer la Terreur. Et qui, en un sens, continue de le faire ! LFAR
La politique comme champ de ruines ou espace de renouveau possible ? La tambouille électorale considérée comme un des beaux arts ou l'expression d'un peuple qui utilise enfin son droit de vote autrement que comme gadget plus ou moins utile ? Chacun aura compris que les régionales, cette année, sont beaucoup plus que les régionales. Le découpage des apprentis sorciers n'a pas tenu une seconde devant le brutal retour à la réalité.
C'est là que le bât blesse. Pire : il saigne. Quand on conjure des citoyens de gauche de voter résolument pour des représentants du bord opposé, qu'ils conspuaient abondamment il y a encore quarante-huit heures ; quand on accepte que pendant six ans, pas un élu de son propre camp ne siègera à tel ou tel conseil régional, c'est qu'il y a vraiment quelque chose de pourri dans le royaume de la soi-disant démocratie des urnes. Ce que signale cette campagne de décembre 2015, c'est à la fois l'éloge du reniement ajouté au déni du réel : cela fait beaucoup pour des millions d'hommes et de femmes qui auraient encore le toupet d'avoir des convictions.
Car enfin il faut être clair : quelles que soient les divergences que l'on peut avoir avec le Front National - et Dieu sait s'il en existe - est-il pour autant un parti factieux ? Antirépublicain ? Prépare-t-il la France à une dictature auprès de laquelle celle d'un Hitler ou d'un Staline n'aurait été qu'une aimable bluette ? Quelle est cette bien-pensance généralisée et omniprésente qui prétend combattre le nazisme - vaincu, rappelons-le, depuis soixante-dix ans - en faisant l'impasse sur les véritables totalitarismes d'aujourd'hui ? Qui sont ces vertueux qui veulent faire barrage de leur corps à la bête immonde, sans jamais avoir demandé son interdiction ? De deux choses l'une : ou le Rassemblement Bleu Marine veut la fin de la République et des libertés et l'on vote une loi pour l'interdire, ou c'est un parti comme les autres et on l'affronte avec les armes de la démocratie qui ne sont pas, loin s'en faut, rouillées ou hors d'usage.
Cette tragi-comédie médiocre, jouée par des acteurs sans talent, opère en réalité des ravages. Ce n'est pas par hasard qu'on en arrive à un Bartolone reprochant à une Pécresse de « défendre Versailles, Neuilly et la race blanche », dans un exercice de masochisme et de haine de soi qui masque évidemment des préoccupations électorales au ras des pâquerettes. Quand le corps politique n'a plus ni colonne vertébrale, ni constance, ni fidélité, la porte est grand ouverte à l'extension du domaine de la salivation aussi imbécile qu'illimitée.
Le dramaturge allemand Bertolt Brecht le disait il y a longtemps : quand le peuple gronde contre son gouvernement, celui-ci, excédé, ne pense plus qu'à dissoudre le peuple. Tout se passe comme si le présent enfumage, entre COP21 et état d'urgence du côté du pouvoir et, de l'autre bord, querelles intestines et fantasmes primaires du côté de la droite, sait qu'il ne fera rien oublier. Ni chômage ni précarité, ni violence ni insécurité, ni identité malheureuse et encore moins angoisse de l'avenir. Evidence : les princes qui nous gouvernent ou qui aspirent à le faire, n'ont rien à se reprocher, ne font aucune autocritique, ne rendent aucun compte de leurs errements, de leurs aveuglements, de leurs impuissances: ils vont, impavides, moutons d'un Panurge dont ils ont oublié depuis longtemps la légitimité, obsédés par une seule préoccupation : garder le poste. Le pouvoir. Le fromage. Jusqu'en 2017 et au-delà. Et après eux, le déluge.
Bon vote. •
André Bercoff est journaliste et écrivain. Son dernier livre Bernard Tapie, Marine Le Pen, la France et moi est paru en octobre 2014 chez First.
Quand la grand-messe de la lutte contre le réchauffement climatique pourfend les arguments... des militants écologistes !
Le lecteur qui me fait l’amitié de jeter un coup d’oeil, de temps à autre, sur cette petite chronique sait combien son auteur est assez peu réceptif à la complainte lancinante du réchauffement climatique. Les contre-vérités, les affirmations péremptoires, les leçons de morale et la culture de la culpabilité que développent depuis bientôt deux décennies les écologistes de salon et d’appareil me laissent assez froid. Je n’aime pas le gaspillage, mais je n’aime pas l’enfumage et j’ai une fâcheuse tendance, je l’avoue, à ne pas prendre au sérieux cette nouvelle religion qui tend à confondre Dieu et la Nature.
Pourtant le prosélytisme dont elle a bénéficié dans notre pays depuis l’ouverture de la Cop21 et ce, malgré l’assaut terroriste dont notre pays a été l’objet, dépasse l’entendement. Je m’étonne même que les défenseurs sourcilleux de la laïcité n’aient pas multiplié les plaintes et les protestations contre la reconnaissance quasi officielle par la République de cette forme d’animisme millénariste qui exige de l’homme qu’il s’incline devant la libellule, l’ours polaire ou l’épi de maïs sous peine de disparaître dans des tourments affreux. J’ai même entendu des hommes venir expliquer sur nos écrans d’un ton grave et inspiré que la consommation de viande était un crime, non pas contre le règne animal mais contre la couche d’ozone dangereusement menacée par le pet des vaches…
À ce niveau de délire, je n’attendais rien d’autre de la Cop21 qu’elle se termine et que l’on puisse à nouveau faire du feu dans les cheminées, prendre sa Volkswagen ou manger de l’ananas sans risquer l’ex-communication sociale.
Or, la divine surprise est justement venue de cette même Cop21. Le 3 décembre dernier, à l’occasion de l’un de ces interminables symposiums organisés au Bourget, quatre climatologues émérites ont lancé un appel à une expansion massive de l’énergie nucléaire. Elle, qui ne représente aujourd’hui que 11 % de l’énergie produite dans le monde, devrait passer à 17 % avant 2050. C’est James Hansen, l’un des grands prêtres du réchauffement climatique, qui se trouve être à l’initiative de cet appel. Pour ces savants, révérés hier encore par des foules hirsutes et végétariennes, le nucléaire est la seule énergie suffisamment efficace pour lutter contre le réchauffement. À les entendre, massacrer nos paysages par des champs d’éoliennes ou défigurer nos toitures par des panneaux solaires serait à peu près aussi efficace pour faire baisser la température moyenne que de brancher le réfrigérateur sur un vélo d’appartement et en espérer des glaçons.
Soljenitsyne révélant l’enfer concentrationnaire soviétique n’a pas fait plus de dégâts chez les communistes français que cet appel des quatre en faveur du nucléaire ne vient d’en faire chez nos écologistes.
Du plateau du Larzac jusqu’aux pâturages de Notre-Dame-des-Landes, ce n’est qu’un hululement de désespoir. Voilà bientôt un demi-siècle qu’en combattant le nucléaire, les “écolos” se sont faits les complices du réchauffement climatique. Ils devraient avoir honte !
Je dois avouer que, pour ma part et contre toute attente, cette Cop21 me réjouit. •
L’URBVM [l’Union Royaliste Bretagne Vendée Militaire] et le CRAF [Centre Royaliste d'Action Française] auront un stand. N'hésitez à les rejoindre !
Christian Estrosi discute avec l'élu FN Gérard de Gubernatis, au conseil régional de Paca, le 20 mars 1998, à Marseille. (GEORGES GOBET / AFP)
par Orange News & France TV - Textes d'Ilan Caro
On sera amusé, intéressé, pas vraiment étonné, de lire ce qui suit en cette veille du second tour des régionales. Les photos ne sont pas mal non plus. LFAR
"Résistance." C'est le slogan que Christian Estrosi a choisi pour le deuxième tour des élections régionales, qui l'opposera dimanche 13 décembre à Marion Maréchal-Le Pen, la tête de liste du Front national. "On a beaucoup réfléchi, et nous nous sommes finalement dit que les valeurs du Conseil national de la Résistance, qui sont nos valeurs, nous permettraient de rassembler. Quand on prend le maquis, on n'est ni de gauche, ni de droite", explique le candidat dans La Provence. "Je ne supporte pas le FN, qui est l'héritage du pétainisme", insiste-t-il lors d'un déplacement de campagne, près de Marseille.
Le 20 mars 1998, un jour que la droite locale n'a pas oublié
Pourtant, face au Front national, le maire de Nice n'a pas toujours été aussi intransigeant. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, les mémoires se souviennent d'un épisode qui a profondément marqué la droite locale. Vendredi 20 mars 1998 : le conseil régional nouvellement élu désigne son président. Les socialistes ne disposent dans l'hémicycle que d'une majorité relative (49 sièges, contre 37 pour l'UDF-RPR et 37 pour le FN).
Sans surprise, les trois camps font chacun le plein de leurs voix lors des deux premiers tours de scrutin. Mais par la suite, rien ne se passe comme prévu. L'ambiance est houleuse et la droite se déchire. Son leader, le président de l'UDF et député varois François Léotard, est mis en minorité par son propre groupe sur la stratégie à suivre. Lors d'une interruption de séance, "21 élus sur 37 se prononcent en faveur de la ligne défendue par Christian Estrosi : conclure un accord avec le Front national pour barrer la route à la gauche", se souvient pour francetv info le journaliste Michel Henry, qui avait couvert cette élection pour Libération.
De retour dans l'hémicycle, Christian Estrosi prend la parole pour demander une énième suspension de séance, "cette fois jusqu'à lundi". Une suspension aussitôt accordée par le doyen d'âge qui préside la séance, un élu FN... La décision provoque alors la fureur du groupe des seize "résistants", piloté par François Léotard. Ce dernier, "dans une rage froide, jette à Christian Estrosi : 'Sors avec tes amis'", écrit le journaliste Michel Samson dans Le Monde. Jean-Pierre Giran, cité à l'époque par Libération, évoque "la fragilité mentale" des 21 "collabos" emmenés par Christian Estrosi. Interrogé par francetv info, Jean-Pierre Giran, aujourd'hui député-maire d'Hyères (Var), n'a pas souhaité s'exprimer de nouveau sur cette passe d'armes.
"C'était très brutal entre les deux clans. Les manœuvres d'Estrosi avec Le Pen et Mégret apparaissaient au grand jour. Et nous, nous observions ça en spectateurs", relate Robert Alfonsi. Le week-end passe, les tractations se poursuivent en coulisses. Et les pressions de Paris s'accentuent contre un accord avec le FN. Le lundi 23, les élus se retrouvent au conseil régional pour le troisième tour de scrutin. A droite, les partisans d'un accord avec le FN présentent la candidature de Gilbert Stellardo. Un adjoint au maire de Nice, Jacques Peyrat, lequel vient de quitter le Front national. Mais sur les 21 élus favorables à un accord avec le FN, seuls neuf se portent sur son nom. "C'est François Léotard qui a réussi à déjouer l'opération à la dernière minute, se rappelle Robert Alfonsi. C'est grâce à lui si Michel Vauzelle a fini par être élu."
Ancien maire FN de Toulon et élu à la région en 1998, Jean-Marie Le Chevallier donne une version différente : "L'accord était bouclé. Je devais prendre la présidence de la région et Estrosi aurait naturellement été l'un de mes vice-présidents", dit-il à francetv info, confirmant une confidence faite aux journalistes Dominique Albertini et David Doucet, dans leur ouvrage Histoire du Front national. Interrogé par francetv info, Jean-Marie Le Pen précise s'être finalement opposé à ce qu'un élu FN autre que lui préside cette assemblée. C'est le maintien de la candidature de l'épouvantail Le Pen, au troisième tour, qui aurait définitivement enterré l'accord droite-FN.
L'équipe de campagne de Christian Estrosi conteste auprès de francetv info l'une comme l'autre des versions, assurant que le maire de Nice a "démontré, tout au long de sa carrière politique, qu'il a toujours combattu la famille Le Pen". "Lors de cette élection de 1998, il n'y avait que deux ou trois élus de notre groupe qui écoutaient les sirènes du FN", jure Bernard Deflesselles, conseiller régional depuis 1992, et membre de la campagne 2015 de Christian Estrosi. Un récit bien éloigné de celui unanimement relayé par la presse de l'époque.
Pour tenter de prouver sa bonne foi, et avant même la publication de cet article, l'équipe de campagne de Christian Estrosi est allée jusqu'à demander à plusieurs élus socialistes de contacter la rédaction de francetvinfo. Y compris le premier d'entre eux, Michel Vauzelle. Le président socialiste sortant de la région confirme qu'"au départ, Estrosi faisait partie du groupe qui voulait s'allier au FN". Mais à en croire Vauzelle, il aurait "très vite quitté ce groupe, le samedi, pour se ranger derrière François Léotard".
Comment le Christian Estrosi de 1998, tenté – au moins un moment – par un rapprochement avec le FN, est-il devenu, en 2015, le "résistant" face à Marion Maréchal-Le Pen ? "A l'époque, la droite avait la certitude qu'elle pouvait étouffer le Front national en nouant des alliances ponctuelles permettant de débaucher tel ou tel. Il ne faut pas oublier que de 1986 à 1992, Jean-Claude Gaudin avait présidé la région avec des élus Front national dans son exécutif", rappelle Michel Henry.
Dans son ouvrage La Guerre des droites, l'historien Mathias Bernard explique que les régionales de 1998 "ont provoqué une prise de conscience" de la part des dirigeants modérés : "De rivale, l'extrême droite devient progressivement un adversaire politique."
Dans la dernière ligne droite de la campagne, celui qui tente d'apparaître comme le dernier rempart face au FN doit faire face à l'apparition sur les réseaux sociaux d'une photo le montrant au côté de Jean-Marie Le Pen. "La photo date de 1993, entre les deux tours des législatives. Elle appartient à la collection personnelle d'un proche de Jean-Marie Le Pen aujourd'hui décédé", croit savoir le frontiste Louis Aliot, qui a relayé le cliché, interrogé par francetv info.
Impossible en revanche de savoir où et dans quelles circonstances cette scène a été immortalisée. Si elle vient brouiller la communication du résistant Estrosi, l'image ne prouve rien quant à une éventuelle proximité avec le leader historique du FN. L'entourage de Christian Estrosi assure que "cette photo avait été prise en marge d'un débat télévisé, qui avait d'ailleurs été très violent". Un débat dont nous n'avons pas retrouvé trace. •
Il était interdit de le dire, mais il s’agit donc bien d’une guerre. François Hollande a lâché le mot qu’il s’était jusqu’à présent refusé à prononcer. Une guerre qui, depuis les terrains d’Afrique et du Proche-Orient, se propage sur notre sol et se déroule désormais à l’intérieur même de notre société où des islamistes radicalisés, qui sont aussi des ressortissants français, massacrent à la kalachnikov ceux qui sont leurs compatriotes. Ce 13 novembre, notre pays a soudainement pris conscience de la gravité de la situation. L’ennemi peut frapper n’importe qui, n’importe où, n’importe quand. Avec une rapidité d’exécution sans précédent et une sauvagerie qui atteint des sommets d’abomination barbare.
Depuis janvier, les alertes sérieuses n’avaient pourtant pas manqué. L’attaque avortée dans le Thalys ? L’étudiant soupçonné de planifier des attentats contre des églises à Villejuif ? L’homme mis en examen pour avoir décapité son employeur, en Isère, avant d’accrocher sa tête à un grillage avec le drapeau noir des milices islamistes ? Des « actes isolés » de « loups solitaires », le fait de simples « déséquilibrés », affirmaient, sans rire, les chœurs pudibonds de l’idéologie dominante, sans vouloir entendre les policiers et les magistrats, comme le juge anti-terroriste Marc Trévidic, qui mettaient en garde contre la catastrophe à venir… Pour ces thuriféraires du « vivre-ensemble », encore enivrés des slogans puérils de « l’après-Charlie », l’essentiel, bien entendu, était de ne surtout pas « stigmatiser ».
Or, par un retournement sémantique littéralement sidérant, les voilà qui parlent aujourd’hui de « guerre de civilisations » ! Le si décrié Samuel Huntington tient sa revanche : après l’effondrement du bloc communiste, affirmait le professeur américain dans un livre fameux paru en 1996, les conflits ne seront plus fondés sur des clivages idéologiques et politiques, mais sur des clivages culturels et religieux… Nous y sommes, tout le monde en convient.
Mais, pour mener une guerre, encore faudrait-il savoir la penser et s’entendre sur le terme « civilisation »… Or, contrairement à ce que feignent de croire nos hommes politiques qui n’ont que le mot « République » à la bouche, ce ne sont pas tellement les « valeurs républicaines » – ridiculement réduites aux loisirs offerts par le mode de vie occidental – qui ont été visées par l’islamisme radical. C’est la France, considérée, bien malgré ses dirigeants, comme une terre chrétienne – un pays « croisé » comme il est dit dans le communiqué de revendication des attentats publié par Daesh. Indépendamment des confessions particulières des victimes, c’est donc à l’identité profonde de notre pays – ce mot tabou ! –, que les assassins s’en sont pris.
Après cette tragédie, les Français seraient en droit d’attendre ce que le philosophe Michel Onfray appelle une « grande politique ». Mais des hommes qui ont fait du mépris des racines chrétiennes de notre pays et de la repentance généralisée la justification de toute leur vie publique, peuvent-ils saisir les enjeux posés par ce « choc de civilisation » ? Ce n’est que du bout des lèvres que les autorités ont évoqué le terrorisme « djihadiste » pour ne pas le qualifier d’islamiste, ce qu’il est concrètement. Ce déni fait des ravages. Il consiste à nous culpabiliser en « victimisant » les musulmans au nom d’une laïcité dévoyée qui fait de l’islam la religion des réprouvés.
Cette idéologie a fait le lit de l’islamisme radical. Elle a enfanté des monstres dans ces « quartiers perdus de la République » dont on n’a pas fini d’entendre parler. écoutons, à ce propos, l’écrivain algérien Boualem Sansal, interrogé dans le Figaro Magazine : « Les intellectuels qui, tels des idiots utiles, marchaient dans ce système de la victimisation de l’islam et de l’immigré ne se rendent pas compte du mal qu’ils font, et d’abord aux musulmans ». Qui l’entendra ? •
par Gérard Leclerc
Un point de vue dans France catholique
Quelques jours avant le premier tour des élections régionales, il était patent que le Front national obtiendrait un score impressionnant. Face à cette perspective qui bousculait l’équilibre du pays, on sentit comme un affolement. Il fallait dresser contre cette force en mouvement un barrage, en coalisant toutes les puissances et les autorités capables de venir en aide à des politiques impuissants. C’est ainsi qu’on vit le grand quotidien lillois La Voix du Nord s’engager, vent debout, contre le danger Marine Le Pen. Au même moment, c’était Pierre Gattaz, principal représentant du patronat, qui jetait son cri d’alarme, au nom des intérêts économiques du pays. Comme si cela était encore insuffisant, c’est l’archevêque de Lille, Mgr Laurent Ulrich, qui était sollicité par notre confrère La Croix afin d’ajouter le poids d’une autorité spirituelle à la mobilisation de la réprobation anti-frontiste. En dépit de quelques nuances consenties à l’égard des personnes, dont Mgr Ulrich déclare respecter les craintes, on ne pouvait que retenir sa condamnation brutale, qui peut se résumer en une unique phrase (d’ailleurs choisie par La Croix pour en faire son titre) : « On ne peut être catholique, c’est à dire universel et xénophobe. »
Eu égard à la gravité d’un tel grief, on pourrait s’interroger sur le peu de résultats effectifs de la déclaration de l’archevêque de Lille. Et l’on est aussi en droit de se demander si les 40 % d’électeurs qui ont apporté leurs suffrages au Front national dans le Nord peuvent se sentir coupables de réels sentiments xénophobes. Certes, il est de la responsabilité d’un pasteur de veiller aux normes morales et aux conseils évangéliques, dans le but d’éclairer ses fidèles. Mais lorsqu’un tel désaveu s’oppose à sa parole, il est aussi permis de reprendre le sujet, pour examiner s’il a été traité dans tous ses aspects, et de façon convaincante. N’y a-t-il pas danger, lorsque la condamnation verbale est si catégorique, que les intéressés se ferment à tout débat, estimant être incompris, voire diffamés ? De plus, le refus par principe d’ouvrir avec eux un espace de discussion, au nom d’une sorte d’interdit réservé aux infréquentables, risque de conduire à de nouvelles crispations et à des incompréhensions radicales.
Le tollé provoqué par Mgr Dominique Rey, avec l’invitation faite à Marion-Maréchal-Le Pen de venir débattre avec d’autres politiques d’avis contraire à la Sainte-Baume, un haut-lieu signifiant la singularité de l’événement, demeure significatif de la difficulté pour l’Église d’adopter une démarche spécifique. Mais il faudra bien, en fin de compte, revenir sur des dossiers si essentiels que celui de l’immigration, qui ne saurait se ramener à un simple impératif catégorique. On ne peut laisser mourir celui qui est en danger de se noyer, mais on a aussi le devoir impérieux de traiter dans ses vraies dimensions la question des migrations qui conditionne l’avenir de nos pays et le sort de la paix, alors qu’une crise internationale ébranle le bassin méditerranéen, sans que nous sachions ce qui en résultera pour l’Europe entière. •
Emmanuelle Cosse, Claude Bartolone, Pierre Laurent Anne Hidalgo, Jean-Christophe Cambadélis et Laurent Cathala - Crédits photo : LOIC VENANCE/AFP
Le résumé de RTL
Le premier tour des élections régionales a dessiné une nouvelle carte de la France politique. "La carte de France fait une drôle de tête. L'Est et l'Ouest semblent se regarder en chiens de faïence. C'est le retour du vieil affrontement des deux France, la droite et la gauche, les monarchistes et les Républicains, sauf que les terres de gauche à l'Est sont passées avec armes et bagages au Front national tandis que les terres catholiques de l'Ouest sont devenues socialistes »
Au milieu, les taches bleues conservées par la droite semblent isolées, ultimes poches de résistance avant l'engloutissement. Napoléon disait qu'on fait la politique de sa géographie. En contraignant les têtes de liste du Nord et du Sud à se retirer avant le second tour, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadelis, a froidement exécuté les deux plus vieilles fédérations socialistes. Les terres historiques du Nord et des Bouches du Rhône qui faisaient les élections sous la SFIO de Jaurès et de Blum.
L'objectif des socialistes à l'horizon de 2017 ? La constitution derrière François Hollande, d'une coalition qui irait de Macron à NKM, de Juppé à Bayrou, de Raffarin à Valls ... •
Crédits Média : RTL.fr | Durée : | Date :
par François Marcilhac*
Certes, il y a l’individualisme des Français, mais l’explication serait un peu courte. Le fait que nos compatriotes aient été si peu nombreux à pavoiser, comme le leur avait demandé Hollande, leurs balcons et fenêtres du drapeau tricolore, le vendredi 27 novembre, jour de l’hommage national aux victimes du terrorisme islamiste, est avant tout le signe d’une perte totale de légitimité.
Ce n’est pas d’être récupérés par le pouvoir que les Français ont craint. Non, c’est bien plus simple que cela : Hollande parle désormais dans le vide et un hommage rendu par un gouvernement qui n’est plus ressenti que comme un pouvoir de fait est à leurs yeux nul et non avenu. Et ce n’est pas le raout écologique, la green party du Bourget à laquelle, paraît-il, la survie de la planète est suspendue, qui va les réconcilier avec leur « président normal ». Comment camper en sauveur du monde l’homme qui s’est révélé incapable de protéger ses concitoyens au cœur du XIe arrondissement de Paris ?
« Ceux qui nous frappent savent que nous sommes vulnérables. Ils savent que la société française, que les sociétés européennes, occidentales sont fragiles parce qu’un profond malaise les étreint. Ce malaise est dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique. » Comment ne pas être d’accord avec une analyse aussi lucide ? Oui, il convient de dénoncer « des décennies de renoncements, de reniements et de lâchetés collectives », ainsi que la politique européenne, notamment l’incapacité à « réformer Schengen », ou l’obsession aveugle « à s’élargir » sans fin. Oui, nous aussi, « nous n’acceptons pas de voir disparaître » « la France de toujours ». Oui, « un pays n’est pas une page blanche » — Maurras évoquait un « terrain vague » — sur laquelle il n’y aurait « plus de nations, plus d’État, plus de frontières, plus d’identités, plus d’attaches, plus d’héritage ». Et pourtant, comment le dégoût ne nous prendrait-il pas en apprenant que c’est Sarkozy qui a osé proférer de tels mensonges — dans sa bouche — à Schiltigheim en Alsace, le 25 novembre dernier ? Cherchant à se présenter non pas tant comme le chef des Républicains que comme l’ancien chef de l’Etat, évitant dès lors, pour prendre de la hauteur, de critiquer trop directement Hollande et la gauche mais désireux tout de même de (re)lancer la campagne pour les régionales, il est surtout apparu comme un ancien président en campagne pour 2017... Instrumentaliser la situation dramatique du pays pour retrouver les accents virils et patriotiques de 2007 et de 2012, quelle indécence ! Croire que les Français seront majoritairement dupes, quel aveuglement ! Lui dont la politique a précisément eu pour effet d’aggraver le malaise « dans l’école, dans la culture, dans la justice, dans l’économie, dans la politique ». Lui qui a soumis la France au délire de l’Europe ouverte à tous les vents via la forfaiture du traité de Lisbonne. Lui qui a déstabilisé la Libye, dont la situation devient chaque jour plus menaçante, et commencé d’apporter un soutien aux « rebelles » syriens avant que Hollande ne poursuive dans la même voie. Lui qui a favorisé comme jamais l’immigration et a écrit, le 31 mars 2009, dans sa lettre de mission pour le débat sur l’identité nationale, que « l’ensemble des personnes qui vivent sur le territoire de la République, quelles que soient leurs origines, qu’ils soient étrangers ou français », « tous sont appelés à être des citoyens ». « Notre Nation est métissée. L’immigration constitue une source d’enrichissement permanent de notre identité nationale. [...] La France dont nous défendons les couleurs est une France ouverte sur les autres, sur le monde, sur l’avenir. C’est une France qui évolue avec son temps. C’est une France à laquelle chaque nouvel arrivant, chaque nouveau Français apporte son histoire, les richesses de son origine, sa contribution. » Oui, pour Sarkozy, la France est bien une page blanche que chacun peut venir colorier, et ensanglanter, à sa guise.
Il lui était d’ailleurs facile de prouver sa toute nouvelle conversion à la « France de toujours » : Baroin lui en offrait l’occasion sur un plateau. Sur ordre du Grand Orient de France, le président de l’Association des Maires de France (AMF) n’a-t-il pas demandé, moins d’une semaine après les attentats islamistes contre les « croisés » et les « infidèles » et à une semaine de l’Avent, une loi interdisant les crèches dans les lieux publics ? Or Sarkozy s’est bien gardé de dénoncer cette atteinte à la « France de toujours ». Chez les Baroin, on est maçon de père en fils et l’AMF, que quittent des maires patriotes chaque jour plus nombreux, n’est plus que le vecteur de cette haine froide du christianisme qu’une définition particulièrement sectaire de la laïcité doit propager : « Une approche philosophique du vivre ensemble que l’on peut qualifier d’humaniste parce qu’elle ne se réfère à aucun dogme religieux ni à aucune vérité “révélée” et qu’elle n’est soumise à aucun appareil religieux. » Comme l’a commenté Gérard Leclerc sur Radio Notre-Dame (24 novembre), « cette définition, qui sent bon le rationalisme rabougri et le b-a ba de la rue Cadet, est tout simplement inepte ». Et n’a évidemment rien de laïque, si être laïque, c’est simplement respecter la croyance ou la non-croyance de chacun. Oui, nos élites sont décidément indignes de la situation où leur carriérisme et les groupes de pression les ont placées. A droite comme à gauche, elles témoignent d’une coupure totale avec l’être même de la France.
Un être qu’ignore le régime des partis, lequel transforme tout ce qu’il touche. Ainsi des élections régionales, qui n’ont plus de régionales que le nom. Comment en serait-il autrement alors que les nouvelles régions arbitrairement dessinées par le pays légal ne correspondent à rien ? On n’est même pas sûr qu’elles aient une logique économique puisque aucune étude d’impact n’a précédé leurs nouveaux contours. Ce qui ne signifie pas que l’enjeu régional n’existe pas, au contraire : fédéraliste par essence, l’Action française est peut-être la seule à proposer un projet en ce sens. Mais en attendant, il faut bien se prononcer au plan national, c’est-à-dire, car la république travestit tous les mots, au plan politicien. Un vote PS ou LR est évidemment inenvisageable. Que reste-t-il ? Les candidats qui partagent sur l’indépendance nationale, l’Europe ou l’immigration des analyses proches des nôtres. Deux listes sont donc théoriquement possibles. Mais tout est aussi fonction des personnalités, régionales ou départementales. Par exemple, dans la Somme, l’une des deux listes possibles cache, derrière un paravent patriotique, un vrai vote LGBT. Quant à l’Île-de-France, Wallerand de Saint-Just joue, pour compenser son défaut de notoriété, sur un homonyme de sinistre mémoire et ne propose aux Franciliens sur ses affiches d’autre choix qu’entre la djihadiste en bonnet phrygien de 1793 et celle, voilée, d’aujourd’hui. Avant de se faire siffler par ses éventuels électeurs pour avoir taclé les positions sociétales de Marion Maréchal-Le Pen. Manifestement, certains croient que se dédiaboliser, c’est comme s’encanailler sur le tard : il suffirait pour cela d’adopter les codes devenus ringards de l’après Mai-68, alors que le train de l’histoire, en avançant, a donné naissance à une jeunesse décomplexée qui n’a pas peur de renouer avec les fondements de la société.
C’est cette jeunesse qui renversera tous les politiciens qui, quelle que soit l’étiquette arborée, se révéleront indignes d’incarner la « France de toujours ». •