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Actualité France - Page 405

  • Denis Tillinac : « Affronter l'histoire »

     

    Denis Tillinac : « ... Nous n'aurions plus peur et serions invincibles »

     

     2594939590.jpgIl y a pire que nos ennemis terroristes : le reniement de soi. C’est en sachant pourquoi nous nous battons que vous vaincrons les barbares.

    L'Histoire se venge. Dans le temple privilégié de notre société du spectacle, la France et l'Allemagne ont mimé sur un carré d'herbe nos guerres d’antan. On n’imagine pas Lloris et Schweinsteiger, les capitaines des deux équipes, se ceindre d'explosifs pour se sacrifier au nom du Dieu de leurs pères ou de la terre sacrée de leurs ancêtres. Ils gagnent de l'argent en jouant au ballon, et n'incitent leurs supporters qu'à acheter des maillots à leur nom : divinités parmi d’autres d’une post-histoire occidentale en voie avancée de déchristianisation, dont les chefs politiques se polarisent sur leur com et  nous parlent exclusivement d'économie. Certes nos soldats  font la guerre en Syrie.

    Mais ce faux remake des Croisades, écrit à la hâte par le fantôme de Shakespeare avec Obama et Poutine dans des rôles de rois fous, reste pour les citoyens de la vieille Europe une succession de spots télévisuels. Qui est l'allié de qui dans ce maelström sanglant où les conflits de tribus décrits par Monfreid et Kessel se surajoutent à la haine millénaire des Sunnites pour les Chiites, à la pêche en eaux troubles des pétro monarques du Golfe, aux songes brumeux des héritiers de Darius et de Soliman, à l'interminable feuilleton des zizanies israélo-palestiniennes, à l'irrédentisme des Kurdes ? Une seule certitude : les chrétiens de là-bas ont été, sont et seront les victimes expiatoires. Ceux de chez nous ne les pleurent que d'un œil, l'autre regarde la télé. Or, voilà que derrière le petit écran, l'Histoire fait son retour, tous siècles confondus : des fous d’Allah tuent pour de vrai, en plein Paris, et se suicident pour hâter leur admission au paradis.  « Guerre asymétrique », disent les experts.

    Oui, asymétrique, et pas seulement sur le plan du contraste entre forces armées plus ou moins étatiques et combattants invisibles d’une guérilla sans frontières. Cette guerre-là, nos bombes peuvent peut-être la gagner, encore que les GI’S ont payé cher au Vietnam l'illusion d'une supériorité assise seulement sur le fric et la technique. Nos soldats tueront des djihadistes, mais aussi beaucoup d'innocents, et le ressentiment suscitera en retour des vocations de djihadistes, on ne voit pas la fin de cette logique infernale. La « dissymétrie » la plus terrifiante, c'est le contraste entre des activistes ayant par avance accepté la mort, et des populations enclines à se mobiliser… pour préserver leurs « droits acquis », et pour rien d'autre. C'est la simultanéité  d'une foi belliqueuse et du nihilisme  « moderne » inhérent à notre société de consommation. C'est aussi, par voie de conséquence la perspective en France d'une guerre civile larvée mais au long cours. L'immense majorité des français musulmans n'a d’autre désir que de faire son trou et sa pelote. Mais dans le nombre, fatalement, surgiront des fous d'Allah que le marasme des cités aura rendus ivres de rancœur. Ceux qui ont ricané mondainement quand Estrosi a évoqué la menace d'une « cinquième colonne » seraient bien inspirés d'y réfléchir.

    Et ceux qui nous gouvernent, de prendre des dispositions pour protéger les Français ordinaires au lieu d'adopter des postures à la fois larmoyantes et bravaches. On ne nous refera pas le coup des manifs du 11 janvier, avec en guise d'exutoire des cours de « laïcité » à l'école, et de « valeurs républicaines » dans les prisons. Les anathèmes d'usage contre l'Islam sont tout aussi inopérants. Personne ne risquera sa peau pour défendre une « laïcité » touillée dans les marmites d’un scepticisme démoralisant. Mieux vaudrait inciter le peuple français à renouer avec ses vraies racines, et lui en inculquer la noblesse. Ces racines judéo-chrétiennes, et gréco-latines, ont enfanté une  civilisation dont les valeurs, fécondées dans le giron du catholicisme, devraient être remises à l’honneur.

    Si tel était le cas, nous n'aurions plus peur et serions invincibles. On peut même imaginer que les islamistes nous respecteraient ; ils ne connaissent que la force, et la vraie force résulte de la volonté de défendre coûte que coûte un héritage spirituel. Trêve de baratins lénifiants ou alarmistes : redevenons ce que nous sommes et affrontons l'Histoire droit dans les yeux, puisqu’aussi bien elle revient nous défier. Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi. Celui-là, il faut lui régler son compte en toute priorité. Sinon nous sommes condamnés. 

    Denis Tillinac  (Valeurs actuelles)

  • Jeunes de France : Donnez-leur un idéal !

     

    La juste analyse de Madeleine Bazin de Jessey            

    Pour Madeleine de Jessey la pertinence d'une civilisation se mesure à l'aune de sa vigueur culturelle : c'est parce que nous avons laissé notre culture s'effondrer que la barbarie est réapparue. Et parce que « le mal est en nous. »

    Frappes en Syrie, fermetures des mosquées salafistes, perquisitions et arrestations… Ces opérations s'imposaient, elles ont été prises immédiatement et nous ferons tous bloc derrière le gouvernement pour qu'il les mène à bien, jusqu'au bout.

    Il serait illusoire, cependant, de penser que ces mesures d'urgence suffiront. Qu'on se le dise: l'élimination de l'Etat islamique en Syrie ne nous mettra pas hors de danger, car le mal est en nous. Et la neutralisation des individus dangereux en France s'avèrera temporairement efficace, certes, mais d'autres s'empresseront de reprendre le flambeau, sous des formes toujours nouvelles et toujours plus barbares. Pourquoi? Tout simplement parce que notre modèle de civilisation est aujourd'hui incapable de retenir ces jeunes assoiffés de radicalité et d'absolu. Si Daech a pu planter dans le crâne de ces Français son sinistre drapeau noir, c'est parce que nous y avions nous-mêmes semé la culture du vide.

    Ces jeunes avaient besoin de repères, nous leur avons donné une société sans racines, sans projet commun et sans limites.

    Ils avaient besoin de cadres, nous leur avons appris à renier toute forme d'autorité, à tuer ancêtres, père et mère pour qu'ils grandissent comme des herbes folles dans le mythe fallacieux de l'homme auto-fondé.

    Ils avaient besoin d'histoire et de modèles identificatoires, nous leur avons appris à haïr notre passé à travers des séances d'auto-flagellation permanentes qui les ont entretenus, pour les uns, dans une culpabilité étouffante, et pour les autres, dans une victimisation haineuse.

    Ils avaient besoin d'action, de dévouement et de sacrifice, nous avons remplacé le service militaire par des écrans, des jeux vidéo et quelques terrains de sport, en pensant que ces succédanés d'action suffiraient à calmer leur bougeotte.

    Ils avaient besoin d'amour, nous leur avons appris à jouir en toute sécurité en exhibant dans nos kiosques, à la vue de tous, les stars du X qui leur montrent la voie de la «performance».

    Ils avaient besoin de cette beauté qui élève l'âme, nous les avons entourés de fer et de béton ; nous avons remplacé l'étude des plus beaux extraits de notre littérature par des cours techniques, insipides et jargonnants, sans chercher à développer de lien charnel entre eux et les plus grandes réalisations de notre patrimoine.

    Ils avaient besoin de spiritualité, nous avons fait d'une laïcité creuse une valeur absolue et érigé la consommation comme seul voie d'accomplissement, en leur accordant au passage l'ouverture des centre commerciaux le dimanche pour qu'ils trouver un sens à leur vie en contemplant des objets qu'ils ne pourront sans doute jamais se procurer.

    Bref, ils avaient besoin de ferveur, ils étaient prêts au dépassement d'eux-mêmes, et nous leur avons appris à zapper et à se divertir.

    Comme le disait très justement Natacha Polony trois jours avant les attentats du 13 novembre: «Nous avons réduit la société occidentale à ce qu'elle a de plus faible: le bien-être et le droit des peuples à disposer d'un écran.» Comment s'étonner, dès-lors, que cette culture du rien soit aujourd'hui concurrencée par le nihilisme de Daech?

    L'humanité d'une civilisation se mesure à l'aune de sa vigueur culturelle. C'est parce que nous avons laissé notre culture s'effondrer que la barbarie est réapparue. Nous avons cru que l'affirmation de ce que nous sommes agresserait les nouveaux venus en France, alors que c'était au contraire la condition même de leur intégration parmi nous et, partant, de leur épanouissement. C'est parce que nous avons renié notre héritage et nos racines que nous voyons aujourd'hui resurgir parmi nos fils et nos filles une violence qu'on croyait à tout jamais bannie de notre territoire.

    Notre réponse à l'Islam radical sera vaine si elle se limite à des réactions sécuritaires, militaires ou politiques ; sur le long-terme, nous ne gagnerons la guerre qu'à la condition d'aimer et de faire aimer un héritage culturel commun. Notre société devra réaffirmer l'amour de sa culture et de ses grands penseurs, la fierté de toute son histoire, des Gaulois à notre République, et l'attachement aux racines judéo-chrétiennes qui lui donnent sa stabilité et ses ressources spirituelles. La culture du seul divertissement et de la consommation sans limites ne satisfait plus personne. Nos enfants ne résisteront aux sirènes de l'islamisme qu'à la condition d'être intégrés à une civilisation qui réponde à l'exigence de leurs aspirations. Il est temps de leur donner un idéal.  •

    Madeleine de Jessey est agrégée de Lettres classiques. Porte-parole de Sens Commun, elle est déléguée nationale des Républicains en charge des programmes de formation.

    Madeleine Bazin de Jessey     

     

  • Attentats de Paris : vous avez dit kamikazes ?

     

    Jean-Paul Brighelli : Les Japonais ne sont pour rien dans les attentats de Paris

     

    985859-1169345.jpg« Attentats à Paris : l’un des kamikazes tenait un “coffee shop” à Bruxelles » (20 minutes). « Ismaël Omar Mostefaï, l’un des kamikazes français du Bataclan » (le Monde). « Attentats de Paris : un des kamikazes venait de louer un appartement à Bobigny » (le Parisien). « Attentats de Paris : qui sont les kamikazes identifiés ? » (RFI). « Le mystère du comportement des kamikazes au Stade de France » (Huffington Post). « Attaques de Paris : qui sont les kamikazes, quels complices éventuels ? » (Le Point).

    Kamikazes par-ci, kamikazes par-là : on va finir par croire que ce sont des Japonais qui ont semé la mort à Paris vendredi 13.

    L’amateur de culture japonaise que je suis s’insurge !

    Kamikaze (pour bien faire, il faudrait accentuer le « e » muet final, kamikazé). Le mot signifie « vent divin », en référence aux typhons légendaires qui engloutirent par deux fois, en 1274 et 1281, la flotte mongole de Kubilai Khan prête à envahir le Japon.

    Puis ce fut un militaire lancé dans les opérations désespérées, décidées par le haut commandement nippon à partir de novembre 1944, quand il fut clair que la guerre était perdue, mais pas l’honneur. Que cette manœuvre fût militairement peu efficace face à l’armada américaine, et humainement et sociologiquement désastreuse, en sacrifiant des milliers de jeunes cadets sortis du système universitaire, est une autre histoire. Dans tous les cas, il s’agissait de soldats partant affronter d’autres soldats. Pas d’assassins — un mot persan (désignant la secte des Nizarites) confondu avec un mot arabe (fumeurs de haschisch), tiens — voués à massacrer des populations civiles indistinctement. Ça, ça s’appelle des criminels, et un criminel islamiste (le mot que François Hollande ne prononce pas) est juste un criminel. Un chien enragé. Même pas un homme.

    Je viens de voir en DVD — avec deux ans de retard — un magnifique (j’insiste) film de Takashi Yamazaki, Kamikaze en français, l’Eternel Zéro (du nom des avions sur lesquels embarquaient les kamikazes) en japonais et en anglais. Un très beau film, très émouvant, sur la mémoire — les deux petits-enfants d’un kamikaze enquêtent aujourd’hui auprès des (rares) survivants sur celui qui fut leur grand-père et qui disparut dans les derniers combats — salué par le Premier ministre Shinzo Abe, et critiqué comme il se doit par les pacifistes : le Japon apparemment a son lot d’associations culpabilisantes. 

    eternal-zero-films.png

    Un film-enquête (mais ponctué de très belles scènes d’aviation et de combat) qui montre bien justement l’aspect humain de ces soldats voués à mourir. Après tout, le kamikaze se suicidait aux commandes de son avion, tout comme les samouraïs se faisaient seppuku.

    Comme je ne répugne jamais à faire l’éducation des foules, je rappellerai que les samouraïs avaient été tout simplement interdits sous l’ère Meiji (1868-1912), que le droit même de porter une épée leur avait été retiré sous peine de mort, mais que leur mythe avait été opportunément réhabilité sous l’éphémère ère Taisho (1912-1926) et surtout sous l’ère Showa (1926-1989 — de l’invasion de la Mandchourie au Japon moderne en passant par la Seconde guerre mondiale, le long règne d’Hirohito), avant d’être récupéré par les yakuzas, le folklore cinématographique de la reconstruction — pas un hasard — et, d’une certaine manière, par les cadres supérieurs japonais modernes. Ce mouvement de balancier a permis l’exaltation de ces jeunes gens prêts à mourir pour l’empereur. Et le suicide de Mishima par seppuku en 1970 n’est jamais que l’ultime démonstration des valeurs traditionnelles du Japon en résistance à l’ère du base-ball et de la vulgarité américaine.

    Si nous étions plus rigoureux nous-mêmes, les gastronomes ici devraient arroser les McDo de leur sang.

    Aucun rapport en tout cas avec ce qui vient de se passer : à Paris, ce n’étaient pas des « vrais croyants » affrontant des « croisés », comme ils aiment le dire — savent-ils seulement que les Croisades sont terminées depuis 800 ans ? C’étaient juste des connards sanguinaires. 

    Jean-Paul Brighelli
    anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

  • La guerre est là. Que faire ?

     

    Hilaire de Crémiers, directeur de Politique magazine, donne son analyse sur les évènements dramatiques que la France vient de subir.

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgLa guerre est là, devant nous. Politique magazine l’a déjà écrit à plusieurs reprises. Cette guerre nous est faite sans déclaration préalable et par tous les moyens dont le terrorisme n’est qu’un des multiples aspects. Les attentats de Paris sont des actes de guerre, a constaté le chef de l’État qui est aussi le chef des Armées. François Hollande a décrété l’état d’urgence et en a demandé la prolongation sur trois mois. Il a réuni l’ensemble de la représentation nationale en congrès à cet effet, pour souligner la gravité de l’heure, appeler au rassemblement de la nation et définir les impératifs de la sécurité de la France en précisant les mesures qui s’imposent. Le Premier ministre, de son côté, parle maintenant avec une extrême fermeté de l’éradication du terrorisme et, en conséquence, de la répression de l’islamisme radical qui l’alimente. Il invoque, lui aussi, l’union nationale nécessaire dans des circonstances aussi dramatiques.

    Situation alarmante

    La situation, en effet, est alarmante. La France est engagée à l’extérieur sur plusieurs fronts, en Afrique, au Moyen-Orient. Elle se trouve aussi partie prenante dans le dispositif en Méditerranée pour faire face à l’intarissable flux migratoire et elle s’est engagée dans l’accueil des migrants innombrables qui arrivent sans discontinuer de Syrie, de Turquie et, d’une manière générale, du sud-est de l’Europe.

    Et voilà que s’ouvre un front intérieur que les responsables politiques commencent seulement à entrevoir. Les mises en garde des services spécialisés et des autorités militaires n’avaient pas manqué ni de nombreuses alertes au cours de ces dernières années.

    Ce front intérieur face à un ennemi de l’intérieur constitué en ce qui s’appelle communément « une cinquième colonne », exigera, à cause de son indétermination fondamentale, beaucoup d’hommes, beaucoup de moyens et d’efforts, beaucoup de dépenses aussi, sans garantie aucune, en raison du pourrissement prévisible de la situation et surtout en raison du mode opératoire du terrorisme islamique. Ce qui n’était qu’actes individuels devient actes collectifs dont la logique suppose la répétition et la coordination. Leur fréquence et leur violence ne cesseront d’augmenter.

    Que faire contre l’horreur terrifiante d’attentats frappant les citoyens au hasard et, pourtant, en tant qu’actes, méticuleusement voulus, programmés, préparés, conceptualisés, réalisés par des hommes fanatisés et déterminés ? L’atrocité y est conçue comme une perfection de l’acte ! Il faut donc comprendre que le terrorisme répond à une stratégie, constitue en lui-même un but de guerre ; il se relie à une vision militaire de l’islamisme ; l’armée djihadiste, les armées même puisqu’elles sont nombreuses et souvent s’entretuent, mènent leur combat sous toutes les formes, sur tous les fronts, par tous les moyens, en territoires qui relèvent de l’islam, comme en territoires extérieurs à conquérir. La conception est globale, religieuse, politique, militaire ; cette conception même se prétend un État – mais quel État ? – un califat qui a vocation à dominer le monde et à y imposer sa loi.

    Nul ne sait au juste ce que c’est que cet État, ni qui se cache sous ce nom, ni ce qu’il représente, ni de quoi il vit et comment il vit. Très peu de nos responsables politiques ont compris cet aspect des choses. Ils se croyaient couverts par leur laïcité qui ne fut jamais en son temps et encore maintenant qu’une machine de guerre contre le catholicisme français et qui n’est qu’un vide, une prétendue neutralité gentille, face à l’islam, c’est-à-dire une absence totale de réponse.

    Des mesures insuffisantes

    Autre inquiétude : c’est qu’il apparaît clairement que ce genre d’ennemis est maintenant chez nous partout. Ils surgissent de territoires dont il est vain d’affirmer qu’ils sont contrôlés, les fameux « territoires perdus » de la République. Là aussi les responsables politiques feignaient de les ignorer.

    Des banlieues entières, aujourd’hui des quartiers de villes échappent pratiquement à l’autorité de l’État, en France, en Belgique et, en fait, pratiquement dans toute l’Union européenne. Les armes s’y entassent ; les gens s’y radicalisent ; le banditisme y fait la loi : tous ces symptômes de gangrène sociale sont liés ; les prisons sont des lieux de radicalisation. L’Europe de Schengen a créé un espace où les brigands et les terroristes armés peuvent circuler pratiquement en toute impunité et de là partir en Syrie ou ailleurs pour en revenir en choisissant les moyens de leur départ et de leur rentrée.

    Les mesures dictées par François Hollande sont toutes dans le quantitatif, certes, sans doute, nécessaires, mais insuffisantes devant la menace multiforme. Plus de gendarmes, plus de policiers, plus de juges et des militaires encore plus présents ne sont que des ripostes mais ne constituent pas une réponse de fond à la question. Pas plus que la multiplication des bombardements par l’aviation française.

    Nous ne sommes qu’au début d’un processus qui n’ira qu’en s’amplifiant et d’autant plus que les réponses qui seront apportées seront d’abord en discours, en attitudes prises sous le coup de l’émotion et avec des visées politiciennes et des arrière-pensées inavouables. Le politicien joue de tout, y compris de la peur. Chacun fera son affaire des événements, à sa manière et pour son compte ; le soupçon parfaitement compréhensible en pèsera sur les autorités en place. Affreux à dire, mais, hélas, terriblement réaliste.

    Manque de compréhension

    Ceux qui se souviennent encore de la guerre d’Algérie – il y a beaucoup de ressemblances – comprennent parfaitement cette logique de guerre civile qui s’enclenchent inéluctablement. A l’époque de l’Algérie française, l’État français par la voix de ses ministres – dont François Mitterrand – avait assuré, répété que jamais, au grand jamais, la République ne céderait au terrorisme. Or, non seulement elle a cédé, mais elle s’est déshonorée puisqu’elle a livré les musulmans fidèles à la France à leurs adversaires et tortionnaires, ce qui fut un crime contre l’humanité.

    La parole de la République n’est plus fiable et, les premiers à le savoir, ce sont malheureusement les Français musulmans. N’oublions pas que le gouvernement républicain de l’époque avait envoyé l’armée dans ces territoires qui relevaient de la souveraineté française, qu’il avait mobilisé le contingent ; c’était des socialistes qui étaient au pouvoir ; ils décrétaient l’état d’urgence. Comme aujourd’hui. Aujourd’hui, c’est en métropole ! François Hollande envisagerait de rappeler des réservistes en forme de garde nationale. Ce fut fait en Algérie avec les unités territoriales. Rien de nouveau.

    Les responsables politiques ont la chance d’avoir encore des services relevant des fonctions régaliennes de l’État qui fonctionnent bien et, pour certains, excellemment, avec des moyens pourtant trop limités. Ces services font leur travail. Mais déjà tout ce que l’on sait des enquêtes révèle des défaillances internes à l’État : sous prétexte de justice, de lois, de considérations humanistes, voire de politique pénale, les bandits, les assassins, les terroristes échappent à la répression nécessaire, tandis que les honnêtes citoyens sont harcelés de contrôles. Les impératifs de l’ordre et, aujourd’hui, de la guerre sont occultés, systématiquement bafoués. A tel point que les forces de l’ordre en son dégoûtés.

    Il ne s’agit pas de revenir sur l’état de droit, ni même d’en rajouter dans les mesures d’exception. Une réforme constitutionnelle supplémentaire telle que l’a proposée François Hollande n’apportera rien. Ce qui existe aujourd’hui suffit amplement. Il s’agit de savoir ce que l’on veut. Et la seule vraie question est de savoir si le régime sait lui-même ce qu’il veut. Sur le moment, de beaux discours sont prononcés, des postures martiales sont affichées, des décisions sont prises ; mais aucune politique de fond, aucune stratégie proprement française ne se dégage.

    Il est évident que la politique intérieure et la politique extérieure doivent être coordonnées intelligemment et s’aligner sur les mêmes nécessités. Il a fallu une tuerie pour que l’Exécutif s’en rende compte ! Poutine combat les mêmes ennemis que nous. Il se dit de plus en plus que Laurent Fabius fut le plus calamiteux des ministres des Affaires étrangères. Il est temps de s’en apercevoir.

    De terribles contradictions

    Mais que dire de nos politiques pénales, de nos politiques migratoires, de l’ordre intérieur constamment remis en cause, de l’Éducation dite nationale, de nos politiques familiales ? Le souci premier de nos gouvernants ne fut que de détruire tout ce qui constituait la France, son histoire, ses frontières, ses familles, ses entreprises. Le chef de l’État semble aujourd’hui prendre conscience que les frontières sont utiles et même nécessaires. Espérons que dans son esprit cette conscience ne soit pas que temporaire.

    Que penser de nos manières d’envisager d’intéresser à la France toute une jeunesse abandonnée, quand, partout et toujours, l’État lui-même ne lui apprend qu’à la mépriser. Croit-on qu’on les attachera à la République en leur enseignant le rejet de l’histoire de France, en culpabilisant la France et les Français à longueur de temps ? La République n’est-elle pas née du sang jailli d’une tête coupée, de milliers de têtes coupées et d’une terreur organisée jusqu’au génocide ? N’est-ce pas là qu’elle prétend puiser sa légitimité ? Le monde entier le sait. Les Pol Pot, les Ho Chi Minh, les chefs du FLN avaient appris leur leçon chez nous ! Lénine et Staline y ont vu leur archétype, les terroristes du monde entier un exemple. Où est l’esprit national, la volonté de défense, l’intelligence de l’avenir ?

    Il ne faudrait pas que la réponse du moment ne soit faite que pour l’électeur, justement terrifié. Et comment ne pas penser que le politicien, habitué à jouer de tout, ne jouera pas aussi de la peur ? Mais la peur n’est pas bonne conseillère. Les élections vont venir où tous les responsables politiques sont impliqués avec leurs petites tactiques à courtes vues. Il est impossible de construire une politique française sur de telles bases. Tout sera sujet non seulement à discussions, mais à controverses et à oppositions systématiques. Dans un climat délétère, les luttes partisanes peuvent allumer des incendies et déboucher, dans le pays, sur les pires violences. Les organisations terroristes auront beau jeu. Surtout si la France, ce qui est probable, retraverse une crise financière et budgétaire aggravant encore la crise économique et politique.

    La vérité est que personne en France ne maîtrise la situation. Parler d’unité nationale, c’est bien, mais où est l’unité de pensée, de vision, de décision, de contrôle ? Nos élections présidentielles seront un capharnaüm sans nom. Le pays en sortira divisé plus que jamais et vraisemblablement ingouvernable. Or l’ennemi connaît cette faiblesse essentielle et il n’est pas douteux qu’il en usera.

    Il vient un temps où les sociétés pour survivre doivent se donner des institutions adaptées. La vraie réforme est à faire à ce niveau. 

  • Une femme face à Daech

     

    Par Péroncel-Hugoz

     

    peroncel-hugoz 2.jpgOn ne se bouscule pas au portillon, tant en Occident qu’à travers la Oumma, pour formuler des critiques charpentées à l’encontre du ravageur « Califat de Raqqa ». Pourtant, des femmes arabes ont relevé le gant sans se faire trop prier. Projecteur sur l’une d’entre elles.

    Je ne m’en suis jamais caché, je ne suis pas très enthousiaste pour le « féminisme », surtout quand il est défiguré par des pitreries indécentes façon Femens, qui m’ont remis en mémoire ce mot de Napoléon 1er (1769-1821) : « Rien n’est pire qu’une femme sans pudeur ! ». Cependant, quand il s’agit d’une affaire capitale comme Daech, je guette sans relâche les critiques visant ces bourreaux des confins syro-irakiens, d’où qu’elles viennent. 

    C’est ainsi qu’à la fin de l’été 2015, j’ai noté que les phrases les plus sensées, les plus réalistes à ce sujet venaient de deux femmes arabes en vue, l’eurodéputée Rachida Dati et la reine Rania de Jordanie. Toutes deux, séparément, ont estimé dans des termes quasi similaires que « les musulmans devaient régler entre eux les graves problèmes qui les assaillent  !» L’épouse d'Abdallah II a ajouté, pour sa part : « Les musulmans modérés, à travers le monde, ne font pas assez pour gagner la lutte idéologique qui est au cœur de cette bataille. Si nous échouons face à ces extrémistes, la région proche-orientale sera dévastée avec des répercussions mondiales.». 

    Depuis lors, en cet automne, une troisième femme arabe, moins connue sauf dans les milieux universitaires, est venue apporter sa contribution à cette « lutte idéologique » : Lina Murr-Nehmé, professeur d’histoire à l’Université libanaise et riche d’une vingtaine d’ouvrages en plusieurs langues sur les civilisations d’hier et d’aujourd’hui; elle a publié récemment : « Fatwas et caricatures. La stratégie de l’islamisme », un ouvrage d’accès facile mais extraordinairement bien documenté, sans compter les photos tragiques qui appuient les textes. 

    Mme Murr-Nehmé, parfaite arabophone, a épluché à la loupe fatwas, sermons, livres, tracts, films, journaux en ligne, etc., mettant à nu les motivations d’Al-Qaïda, Daech, Boko-Haram et autres engeances de cet acabit. Elle a non seulement décortiqué, expliqué, mis à la portée du lecteur non spécialiste les justifications des tueurs de Montauban, Bruxelles, Paris, Casablanca, Madrid et ailleurs, mais elle a mis en lumière l’enseignement-propagande mortifère dispensé à de jeunes musulmans à la barbe (si j’ose dire !) des autorités nationales en France, Allemagne, Belgique, Amérique du Nord, etc. 

    Bien renseignée sur ce qui se passe au sein du « Califat » pour les gens ordinaires, ou dans des pays où les forces islamistes, sans être au pouvoir, gouvernent en fait la population, tout ou en partie (en Algérie, par exemple, ou au Nigeria), l’historienne du temps récent, nous fait pénétrer dans des mondes interdits. 

    Des preuves, des arguments, des faits ou des fatwas occultés jaillissent également au fil du travail de la prof libanaise, à la satisfaction de ceux qui cherchent des arguments en faveur de l’éradication morale et physique du jihadisme daechiste. Edité à Paris, pour sa version francophone, « Fatwas et caricatures » a suscité quelques remous au Liban mais il a finalement pu être diffusé et débattu au tout récent Salon « Libres Livres » de Beyrouth. Attendons maintenant les réactions lors de la parution en arabe de ce véritable manuel anti-Daech. Que Lalla Lina renforce alors sa sécurité ! … 

    * Lina Murr-Nehmé, « Fatwas et caricatures. La stratégie de l’islamisme ». Ed. Salvator, Paris - www.editions-salvator.com - 212 pages illustrées noir et blanc et couleurs. 22 €

    Péroncel-Hugoz

     

  • Ce lundi d'après...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe deuil n’est pas fini, et il en est pour qui il ne finira pas, touchés dans leur chair ou dans leur cœur. Mais, déjà, la vie reprend ses droits, comme une manière de dire aux djihadistes « Vous ne nous aurez pas ! », et de proclamer, crânement, « Mort, où est ta victoire ? ». Pour autant, la mémoire vive de notre nation s’est exprimée ce midi, dans la dignité et le recueillement, en cette minute d’un silence qui n’est pas celui de la peur mais, au contraire, celui de la gravité et de la ferveur. 

    Ainsi, devant la chapelle du lycée Hoche, un millier d’élèves, de professeurs, de membres de l’administration et des personnels techniques, ont écouté les brefs discours d’hommage et d’espérance de M. le Proviseur et d’une jeune fille de Terminale : étrangement, ils faisaient écho, moins d’une semaine après, à ceux de la commémoration de l’Armistice, en ces mêmes lieux. Il y était question de patrie, de valeurs de notre pays, de refus de la haine toujours mauvaise conseillère, d’ouverture de cœur et d’accueil, de cette grande famille qu’est la France. Des mots simples, des mots forts, des mots de résistance aux vents mauvais qui balaient le monde et ont dévasté des terrasses de café, une salle de spectacle ou les abords d’un stade de balle-au-pied… « Jeunesse, lève-toi », a clamé cette élève avec l’élan généreux et vigoureux de son âge bienheureux.

    Oui, les jeunes générations, dont tant de visages se sont ensanglantés et parfois éteints en ce vendredi noir, n’ont pas envie de se laisser faire : la secousse terrible de l’autre soir a détruit des vies et pas mal d’illusions, mais a aussi réveillé des ardeurs nouvelles, dont il serait coupable pour les générations plus anciennes de ne pas tenir compte ou de sourire avec commisération. Georges Bernanos, ce royaliste intraitable, affirmait que « quand la jeunesse se refroidit, le monde claque des dents » : il semble bien que les derniers événements, après l’avoir glacée d’effroi, l’aient réchauffée, vivement… 

    le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Hollande, génie politique ?

     

    par Jean-Baptiste d'Albaret

     

    Pour dépeindre les mœurs politiques hexagonales, il faudrait un nouveau Montesquieu. Sans doute le héros de contemporaines Lettres persanes écarquillerait-il les yeux devant le spectacle offert par les hommes à qui les Français ont confié leur destin. à commencer par un président de la République conspué à La Courneuve, accumulant les mauvais sondages, mais affichant en toutes circonstances l’air satisfait de celui qui se voit déjà réélu en 2017.

    Une obsession qu’un certain discours médiatique, après avoir cédé à un « Hollande bashing » facile et vendeur, alimente depuis quelques semaines en laissant entendre qu’il pourrait y avoir du génie politique chez le sociétaire de l’élysée.

    N’a-t-il pas prévu que la croissance reprendrait juste avant la présidentielle de 2017 ? Ne fait-il pas tout ce qu’il peut pour favoriser le succès du FN aux régionales, obligeant ainsi la droite à se déchirer et la gauche à se rassembler derrière lui ? Ne prépare-t-il pas l’avenir de la planète en organisant, à Paris, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la Cop 21 ?
    Fort de cette image forgée par ses communicants, persuadé que nul, dans son camp, n’osera le défier, François Hollande dévoile donc peu à peu sa stratégie de campagne pour la prochaine présidentielle, avec le culot d’un joueur de poker.

    Partout la colère gronde, mais lui se présente comme le garant raisonnable d’une « société apaisée », qui se transforme en douceur, en particulier grâce au dialogue social dont il veut faire l’un des symboles de son quinquennat. Pendant ce temps, ceux qui regardent la réalité en face – ils sont encore quelques-uns à gauche –, craignent la « coagulation des mécontents », ce scénario catastrophe redouté par tous les gouvernements. Et se demandent bien de quel « dialogue social » le chef de l’état peut se targuer.

    Début septembre, ce sont les agriculteurs qui exprimaient à Paris l’exaspération d’une profession rendue exsangue par les réglementations en tous genres et la baisse constante de ses revenus. En France, un agriculteur se suicide tous les deux jours.

    Le 14 octobre ce sont les forces de l’ordre, une première depuis 1983, qui s’insurgeaient contre la politique pénale du gouvernement et le laxisme de Christiane Taubira. La blessure d’un policier touché par balle à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, du fait d’un braqueur radicalisé en permission de sortie de prison, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase : 22 policiers sont agressés physiquement chaque jour en France…

    Le 15 octobre, c’est la disposition de la loi de finances contraignant les avocats à contribuer au financement de l’aide juridictionnelle qui met le feu aux poudres et provoque la colère de la profession.

    Médecins (vent debout contre le projet de loi santé), enseignants (toujours furieux contre la réforme du collège), buralistes (la profession – 126 000 personnes – menace de descendre dans la rue pour protester contre les nouvelles réglementations), retraités (qui réclament l’alignement des systèmes de retraites), commerçants et artisans (écrasés par les taxes)…

    L’inventaire des colères sociales est long comme le bras et le ressentiment général. François Hollande entend-il cette colère qui n’épargne aucun secteur ? Que nenni. Rien de tout cela ne semble l’inquiéter. Pas même que ses plus proches soutiens, comme le ministre de la Défense, préfèrent quitter le navire avant qu’il ne se change en galère.

    Apprécié des militaires – il a arrêté une fronde des gradés en sauvant ce qu’il pouvait du budget de la Défense –, compensant comme il le peut le naufrage diplomatique de Laurent Fabius (on le lira dans notre dossier), Jean-Yves Le Drian préfère prendre la tête de la liste socialiste aux élections régionales en Bretagne – une région qui vote à gauche – plutôt que de rester au gouvernement. Comme, avant lui, François Rebsamen, redevenu maire de Dijon. On imagine avec un certain soulagement.

    Hollande, champion, dans un passé récent, des synthèses molles et des motions désincarnées, devenu subitement un tacticien hors pair ? Hollande génie politique, Mazarin des temps modernes ? Mais à qui veut-on faire prendre des vessies pour des lanternes ? 

    Rédcteur en chef de Politique magazine

     

     

  • Une vidéo qui nous touche, reçue de Casablanca : manifestation de solidarité avec la France

    Le prince Jean de France en visite au Maroc en juillet 2003, signant le livre d'or de la Grande Mosquée de Casablanca ...

     

    Par Fatima El Karzabi et Khalil Essalek - Le 360

    Les liens anciens tissés entre la France et le Maroc, à travers son peuple et ses souverains successifs demeurent vivaces. En voici un témoignage touchant. LFAR 

    Des dizaines de Marocains se sont donné rendez-vous en ce début de soirée devant le Consulat général de France à Casablanca en solidarité avec les victimes des actes barbares du 13 novembre à Paris. Des bougies, des mots et des fleurs contre la haine aveugle des terroristes. 

     

    Remerciements à Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, grâce à qui nous est fait, chaque jour, un service de la Lettre du site marocain le 360.

     

  • Discours prémonitoire avant les attentats du 13 novembre ...

    « Le grand Bainville »

     

    Une intervention plus qu'actuelle d'Eric Zemmour devant la 17e chambre correctionnelle
     

    XVM46b79742-8908-11e5-8758-aadd64fa74f8.jpgC’était il y a près de cent ans. La Première Guerre mondiale venait de s’achever. Le traité de Versailles avait été signé. Un grand économiste, le plus grand de son temps, l’Anglais John Maynard Keynes, publiait un ouvrage, Les Conséquences économiques de la paix, pour expliquer que la France et les vainqueurs avaient été trop durs envers l’Allemagne vaincue, et qu’en particulier celle-ci ne pourrait jamais payer les énormes réparations pécuniaires réclamées. Un grand historien français, journaliste de profession, Jacques Bainville, lui répondit dans un livre intitulé Les Conséquences politiques de la paix. Il expliqua au contraire que le traité de Versailles avait été, selon sa célèbre formule qu’on apprenait naguère dans les cours d’histoire, « trop mou pour ce qu’il avait de dur et trop dur pour ce qu’il avait de mou ». Mais cet affrontement de points de vue sur le traité de Versailles n’intéresserait plus aujourd’hui que les historiens si, dans son livre, Jacques Bainville n’avait, avec une prescience extraordinaire, annoncé tous les événements qui conduiraient à la guerre, la remilitarisation de la Rhénanie, l’Anschluss avec l’Autriche, le dépeçage de la Tchécoslovaquie, le pacte germano-soviétique et l’attaque de la Pologne, avant celle de la France et de l’Angleterre.

    Jacques Bainville prophétisait ces événements en 1920 alors même qu’Hitler n’était encore qu’un peintre raté. À l’époque, Bainville fut violemment attaqué par les Anglais et Keynes bien sûr, mais aussi et surtout par la gauche. Sa proximité avec l’Action française en faisait une cible facile. Il fut moqué, insulté, accusé d’être germanophobe, xénophobe, belliciste. Toute la gauche l’accusait de monter les Français contre les Allemands, de pousser à une nouvelle guerre, d’être un criminel, alors qu’il voulait seulement mettre en garde ses compatriotes contre les illusions et la naïveté. Il en tira une leçon que je vous livre : « Les démocraties ont coutume de reprocher à ceux qui ont prévu les événements de les avoir causés. »

    Et encore, le grand Bainville ne savait pas qu’on pouvait être attaqué pour des mots qu’on n’avait pas prononcés, qu’on n’avait même pas entendus. Il ne savait pas qu’on pouvait être renvoyé par un de ses employeurs, en l’occurrence i>Télé, parce que des propos prononcés dans un journal italien n’avaient pas l’heur de plaire ni à la directrice de l’antenne ni à la rédaction. Il ne savait pas que l’expression liberté d’opinion ne valait que pour les dessinateurs de Charlie Hebdo. Il ne connaissait pas les beautés cachées de la loi Pleven, des délices et poisons de l’incitation à la discrimination et à la haine raciale. Il ne savait pas, l’heureux homme qui vivait dans une République qui respectait encore les libertés fondamentales, qu’on pouvait être traité comme un délinquant parce que ses idées ne plaisaient pas au pouvoir.

    Il ne savait pas que la gauche, la gauche bien-pensante, la gauche humaniste, si bienveillante et pacifique, si laïcarde et anticléricale, avait rétabli subrepticement le délit de blasphème, qui avait été aboli à la Révolution. Oui, le délit de blasphème ! Bien sûr, il ne s’agit plus de condamner le chevalier de La Barre parce qu’il n’a pas ôté son chapeau devant une procession catholique. Mais il s’agit de condamner quiconque n’ôterait pas respectueusement son chapeau devant la nouvelle religion, la nouvelle doxa antiraciste, celle de l’identité heureuse, comme dit un ancien Premier ministre, celle du pas d’amalgame, celle de l’islam modéré, religion d’amour et de paix, celle de l’intégration harmonieuse dans le respect des différences.

    Oui, tous ceux qui ne croient pas en cette nouvelle religion, tous ceux qui n’ont pas la foi doivent se taire ou être condamnés.

    Ou plutôt, pour que la masse continue à se taire, il faut que certains soient condamnés. J’ai l’honneur, je dis bien l’honneur, d’être devenu une cible privilégiée. La cible privilégiée parce que mes livres ont beaucoup de succès, parce que mes interventions sont regardées, écoutées. Mes adversaires croient que je suis un danger parce que je convaincrais les Français alors que ce sont les Français qui reconnaissent en moi ce qu’ils pensent tout bas. Illusions du nominalisme !

    Quand l’historien Georges Bensoussan dit dans Le Figaro : « Nous sommes en train d’assister en France à l’émergence de deux peuples, au point que certains évoquent des germes de guerre civile », que dit-il de différent de moi ? Quand il évoque le témoignage de policiers, d’élus, de mé decins aux urgences, « le sentiment que deux peuples sont en train de se former, côte à côte, et qui se regardent souvent avec hostilité, ce sentiment-là est aujourd’hui partagé par beaucoup », pourquoi lui et tous ces témoins ne sont pas traînés comme moi devant ce tribunal ?

    Il y a quelques mois, lors d’un autre procès – puisque je passe, désormais, une partie de ma vie au palais de justice -, la représentante du parquet me demandait si ma première condamnation, il y a quatre ans, m’avait conduit à changer mes méthodes de travail. Je lui renverrai aujourd’hui sa question : est-ce que la relaxe dont j’ai bénéficié dans une récente affaire a conduit le parquet à changer ses méthodes de travail ? Est-ce que le parquet s’est remis en cause ? Est-ce qu’il a décidé de ne plus se mêler de la vie des idées en France ? Est-ce qu’il a enfin décidé de ne plus instrumentaliser une loi pleine de belles intentions pour en faire une arme politique ? Est-ce qu’il a enfin compris que son rôle était non pas de criminaliser les opinions dissidentes mais de protéger les citoyens contre les voyous, et accessoirement de respecter la liberté de pensée et d’opinion en France, un de nos acquis les plus précieux hérités des générations précédentes ? Est-ce que ces messieurs-dames du parquet ont admis, enfin, qu’ils n’étaient pas là pour imposer l’idéologie politique de leur ministre, aussi charismatique soit-elle, de leur syndicat, aussi impérieux soit-il, ou plus prosaïquement leurs propres convictions politiques, aussi légitimes soient-elles ?

    Quand le ministre de la Justice – madame Taubira, pour ne pas la nommer -, avertit dans une interview qu’il faudra compter de plus en plus avec les « gens comme nous, car ils seront de plus en plus nombreux », que fait-elle d’autre sinon opposer une partie des Français à une autre, séparés par l’origine, la race, la religion ? Est-ce que le parquet a dit quelque chose ? Quand le Premier ministre parle d’apartheid, ne fait-il pas référence à la séparation géographique de deux peuples, selon le modèle des Blancs et des Noirs en Afrique du Sud ? Séparation géographique, raciale, culturelle, avec chacun ses règles, ses lois. Je n’ai pourtant pas entendu une plainte du parquet.

    Quand le parquet cessera-t-il de servir de relais à des lobbys antiracistes qui vivent du racisme, ou du prétendu racisme (et encore : de manière hémiplégique), comme d’autres vivent de la défense des baleines ou des ours ? Jusqu’à quand le parquet alimentera-t-il une logique liberticide qui rappelle les régimes totalitaires communistes, qui permet à n’importe quelle association de signaler à la police des opinions dissidentes, afin que le parquet, au nom de la défense de l’État et de la société, ne poursuive les affreux dissidents ?

    À toutes ces questions, je connais déjà la réponse. Le parquet s’est empressé de faire appel de la décision de relaxe dont j’ai bénéficié il y a quelques semaines. Et m’a poursuivi pour mes propos dans le Corriere della Sera. Je préfère prévenir respectueusement le parquet et la cour : rien ne m’empêchera de continuer à dire ce que je crois, même si j’ai bien compris que rien n’arrêtera le ministère public dans sa volonté de me faire taire. J’ai bien conscience aussi d’être le pot de terre contre le pot de fer. Mais un jour, j’en suis convaincu, l’Histoire donnera raison au pot de terre, comme elle l’a donné au grand Bainville, et le pot de fer aura honte. Mais il sera trop tard. 

    Source : Boulevard Voltaire / Marc Rousset

  • Un grand-prêtre du dogme : Thomas Legrand, un homme à combattre

    « Finalement, ce n’est pas la peine de s’interroger sur l’identité nationale ou l’«identité de la France » (pour prendre un terme plus acceptable parce que validé par Fernand Braudel). Ce n’est pas la peine, puisque notre identité, c’est la République. » Slate.fr – 27 décembre 2010

     

    Nous avons appelé de nos vœux, hier dimanche, une réaction de fond qui comporterait une remise en cause de l'idéologie dominante, en fait anti-française. Anti-française parce qu'uniquement fondée sur les valeurs de la République, c'est à dire des valeurs hors sol et hors frontières, hors Histoire, hors toute identité autre, si l'on peut dire, qu'universaliste et abstraite. Qui définit la France comme un terrain-vague ouvert aux quatre vents. Y compris aux terroristes. L'inverse de la France charnelle qui plonge ses racines dans quinze siècles d'existence.  Desquelles elle tient son identité.

    Mais la remise en cause de l'idéologie dominante que nous voulons, en fait, d'une certaine façon, stigmatiser comme hostile à la France réelle, implique la mise en cause des hommes qui la propagent et en réalité l'imposent. Y compris au sein du service public. Qu'ils tendent à privatiser, comme Michel Onfray les en a publiquement accusés, récemment.

    Thomas Legrand est typiquement de ceux-là. Avec Patrick Cohen, Bernard Guetta, Léa Salamé, quelques autres, et les inévitables et très critiquables humoristes des matinales de France Inter. Toute une équipe de petits copains à de rares exceptions près, monocolore. Legrand y est chargé des éditoriaux politiques. Sa méthode est d'allier fausse objectivité et analyses pertinentes mais qui doivent néanmoins toutes concourir à l'approfondissement, la vérification et la proclamation à la ville et au monde du dogme en vigueur. Le plus officiel et le plus conformiste qui soit. L'éditorial politique de Thomas Legrand est, dit-on, le plus écouté de France. Raison pour laquelle nous nous y intéressons.

    Le quasi syllogisme signé Thomas Legrand placé en exergue de cette note doit donc se lire comme le symbole de sa pensée politique. De fait, comme son Credo. A quoi nous sommes, si l'on peut dire, frontalement opposés.

    La vidéo qui suit, de trois minutes et demi, résume assez bien ce qu'il appelle la fracture qui s'affirme aujourd'hui au sein du monde politique entre les tenants d'une France identitaire et ceux d'une France universaliste. Cette France qui a quelque chose à dire au monde, qui parle à la planète entière, dont s'est réclamé François Hollande - ridicule et inopérante prétention - dans la nuit de carnage de Paris. Fracture réelle ou feinte qui ne laissera pas beaucoup de place ni de temps à cette magique union nationale - magique pour lui - que François Hollande appelle de ses vœux.

    Thomas Legrand a raison : tel est le vrai clivage. Il penche et prêche pour le second terme, que nous croyons mortifère. Nous nous rattachons au premier, celui de l'identité française qui nous relie à notre héritage tout entier. 

    Mais il y a beaucoup de Thomas Legrand dans le PAF, le paysage audio-visuel français. Des journalistes, des humoristes, des présentateurs, des producteurs, des artistes réels ou supposés, qui, chacun dans leur ordre, concourent à diffuser, propager, imposer l'idéologie régnante. Mais nous ne sommes plus seuls ni seulement quelques uns à les contester. De fait, ils vivent aujourd'hui des temps difficiles. Notamment sous le coup des critiques destructrices qui leur sont portées par des confrères, souvent venus de la gauche, qui ont plus de talent, plus de savoir, beaucoup plus de succès et de popularité qu'eux-mêmes.  

    Raison de plus pour y ajouter notre pierre. Contribuer à les déstabiliser, si possible à les neutraliser. Pour refaire, selon l'expression de Robert Ménard, un mental français. Nous ne nous en priverons pas.  LFAR

     

     

     3 minutes 34

     

  • Robert Ménard : « On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie une deuxième fois ! »

     

    Entretien avec Robert Ménard, sur Boulevard Voltaire

    Il préconise un certain nombre de mesures « très dures » selon son interlocuteur. Elle sont justifiées. Il a raison. Mais il va plus loin. Au fond des choses lorsqu'il dit comme nous, hier dimanche : «  Il faut réarmer mentalement le peuple français.». Oui, il faut reconstruire le moral du pays. Avec Robert Ménard, sur tous ces sujets : accord complet ! Saluons-le, il a du courage !  Lafautearousseau

    Robert Ménard, maintenant, on fait quoi ?

    François Hollande a dit hier soir que la France allait être « impitoyable ». J’aimerais que ce soit le cas. Qu’on ne reste pas dans le commentaire, dans le pathos. Un chef d’État, lorsqu’il parle à la nation au lendemain d’un massacre comme celui d’hier, n’a pas le droit de tromper ses concitoyens.

    Alors, que faire ? D’abord, nous avons des services secrets. Il faut leur donner le feu vert : élimination systématique n’importe où dans le monde des islamistes directement mêlés aux attaques d’hier soir. Il ne faut pas « neutraliser » ces gens. Il faut les abattre.

    Ensuite, il faut vider l’eau du bocal. Que les commandos islamistes ne soient pas comme des poissons dans l’eau. Arrestation immédiate de tous les islamistes fichés S. Pas de places en prison ? Ce n’est pas le sujet. Nous sommes en guerre. Création de camps de prisonniers.

    Fermeture immédiate de toutes les mosquées mêlées à l’activité islamiste radicale. Expulsion des imams et des fidèles étrangers liés à ces mosquées radicales.

    Surveillance ou arrestation de ceux naturalisés ou convertis.

    Expulsion effective et immédiate des immigrés provenant de régions en guerre qui n’auront pas obtenu le statut de réfugié. Cesser d’importer la guerre. Là encore, ne pas renforcer de milieux où les islamistes peuvent être comme des poissons dans l’eau.

    Sur un plan municipal, le maire que je suis constate qu’une fois encore les polices municipales ont été appelées en renfort hier soir. On ne peut pas exposer nos hommes sans leur donner des moyens de riposte identiques à leurs collègues nationaux : pistolets-mitrailleurs, pouvoir d’investigation. C’est un minimum.

    Ce sont des mesures très dures…

    Il en faudra sans doute d’autres. Mais que veut-on ? Attendre un autre attentat pour les prendre ? Pour autant, ces mesures ne sont pas suffisantes en elles-mêmes. Il faut réarmer mentalement le peuple français. Il faut des chefs à la tête de notre pays. Il faut cesser de parler cette novlangue qui tue l’instinct de combat. Je le redis : parler comme le font tous les officiels depuis hier soir de « neutralisation », c’est se moquer du monde. Avoir peur des mots est indécent au regard des morts d’hier soir.

    Commençons par nommer l’ennemi : l’islamisme. Cet islamisme qui, aux yeux de centaines de millions d’individus dans le monde, est le vrai islam. On ne parle pas d’un groupuscule de 5.000 types fanatiques. On parle d’un courant fondamentaliste, majoritaire à certains endroits, dans l’islam. Avez-vous entendu dire cela depuis hier ? Non. C’est donc la preuve que la classe politique comme les médias n’ont rien appris.

    Dans ce contexte, faites-vous confiance à François Hollande ? Que pensez-vous de l’unité nationale demandée par la classe politique ?

    Unité dans le combat, oui. Unité pour masquer les responsabilités, pour anesthésier les consciences, non ! On ne peut pas accepter qu’on nous refasse le coup de Charlie Hebdo une deuxième fois.

    Si le gouvernement prend des mesures comme celles que j’évoque plus haut, alors, oui, on pourra aller vers l’unité. Nous en avons besoin car nous sommes en guerre. Mais parce que nous sommes en guerre, nous ne pouvons pas accepter une unité du mou, du flou et de la sidération. Rassembler le Congrès lundi. Pourquoi faire ? Quel ordre du jour ?

    Il se tient aujourd’hui une grande réunion internationale sur la Syrie. Pensez-vous que ces attentats vont infléchir notre diplomatie ?

    Je ne le sais pas. En tous les cas, ils fournissent à Laurent Fabius un prétexte pour enfin changer de position. Cela fait deux ans que je dis qu’il faut aider Bachar El Assad à écraser les islamistes. Tous les idiots utiles de la bien-pensance médiatique s’y refusaient. Bachar fait la guerre à ceux qui nous font la guerre.

    Face à nos ennemi, nous ne devons plus hésiter et rejoindre la Russie dans une alliance pour liquider le plus possible d’islamistes là-bas. Avant qu’ils ne viennent ici. 

    Maire de Béziers
    Ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire
     
  • Pour une réaction de fond !

     

    Hormis la vision concrète de l'horreur, la vague terroriste qui vient de submerger Paris ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà. Rien, ni sur le nombre des victimes, ni sur le mode opératoire des terroristes, qui n'ait été prévu, analysé, annoncé. L'on savait que de nouveaux attentats se préparaient. On le sait aujourd'hui aussi pour demain, ou après-demain... Qu'ils puissent prendre une encore plus grande ampleur, mettre en œuvre des moyens plus terrifiants encore que ceux utilisés hier, on le sait aussi. Et que cette guerre, fût-elle asymétrique, ou précisément parce qu'elle l'est, soit faite pour durer, qu'elle ait la possibilité d'enrôler pendant longtemps encore de nouveaux combattants à travers le vaste monde islamique, qu'elle puisse donc s'étaler sur plusieurs décennies, n'est hélas pas une hypothèse absurde.

    La France est-elle humainement, moralement, intellectuellement, techniquement, militairement et politiquement - nous voulons dire institutionnellement - armée, pour la mener, la soutenir, y triompher ? Comment ne pas se poser ces questions de fond lorsqu'on observe la société française, la vie politique française ? C'est à dire, en bref, lorsqu'on constate notre extrême fragilité ? Quelques jours de sursaut, quelques discours martiaux, lorsque tout semble s'effondrer, ne peuvent cacher le vide sidéral du continuum politique et social français.

    Si l'on n'a pas conscience de cette question de fond, rien n'est possible. On pourra toujours attendre et réclamer de nos dirigeants des actes forts, un regain d'autorité, une inflexion majeure de notre politique étrangère, ou de notre politique d'immigration, comme Nicolas Sarkozy l'a fait hier matin, le passage à l'acte se fera attendre, sera d'apparence, sera fait de demi-mesures.

    Réclamons donc sans illusion cette réaction de l'immédiat. Acceptons-en l'augure improbable. Tout ce qui pourra être décidé de positif pour la sécurité de la France et des Français sera malgré tout bon à prendre.

    Mais tentons surtout d'envisager ce que pourrait, devrait être une réaction de fond. Sur le double plan moral et politique.

    Au lendemain des attentats de janvier, la préoccupation du pays légal tout entier - politique et médiatique - fut d'abord de préserver la communauté musulmane de toute réaction hostile. On s'est dits Charlie et l'on ne s'est pas battu pour la France, pour le peuple français, mais pour une très contestable et, au sens plein, dérisoire liberté d'expression. La réaction nationale qui était possible fut ainsi fourvoyée. Ce fut l'esprit Terra Nova qui nous a valu presque un an de matraquage permanent, multiculturaliste, universaliste, antiraciste (c'est à dire anti-blancs), immigrationniste, sansfrontiériste, etc. Ce corpus idéologique, utopique et destructeur, où l'identité nationale est moquée, la fierté nationale tournée en ridicule, l'Histoire de France oubliée, la repentance, la culpabilisation érigées en méthode pédagogique, ce corpus idéologique omniprésent doit être pourchassé, combattu, abandonné, si l'on veut avoir quelque chance de gagner la guerre qui nous est faite. On ne mène pas à la bataille, encore moins à la victoire, un pays dont on sape le moral, les racines, la fierté, l'identité. Nous savons que toute identité évolue, s'approprie, s'enrichit d'apports extérieurs pour les incorporer à ce qu'elle a de substantiel et de pérenne. Il sera temps, secondairement, de chanter les louanges des dits apports extérieurs. L'urgence est aujourd'hui, prioritairement, de rendre aux Français le sens et la fierté de leur identité pérenne. Ce pourrait être la mission, d'ailleurs déjà heureusement entreprise, de ce courant d'intellectuels qui s'opposent aujourd'hui avec  pertinence - mais encore trop faiblement - à la déconstruction du pays, de sa culture, de son essence. Nous pensons en particulier à ce courant de journalistes, écrivains, historiens, universitaires et politiques, que l'on nomme néo-réacs ou néo-conservateurs.  De nombreux Français, aujourd'hui, attendent beaucoup de leur action.   

    Au delà de la lutte idéologique pour le moral français, pour l'identité française, la seconde question essentielle qui se pose est celle de la validité ou non de notre Système politique et institutionnel, de son adaptation ou inadaptation aux temps dangereux dans lesquels nous sommes entrés. Quelques jours d'union nationale cèderont vite la place dans le monde politicien aux obsessions électorales, à l'esprit de parti. Aux grands enjeux nationaux, oubliés aussitôt le danger passé, vite oublié lui aussi, succèdera l'obsession des échéances électorales, les régionales, qu'elles aient lieu ou non à la date prévue, la présidentielle de 2017 et, pourquoi pas ?, de 2022. L'existence de la nation se retrouvera sacrifiée aux intérêts de parti et à l'ambition des personnes. L'activité politique se ramènera à leurs jeux et à leurs luttes. La question du régime a été posée à de multiples reprises ces derniers mois dans la presse, dans le débat public. Par de nombreuses personnalités. Y compris par un ministre de la République en exercice. L'un des principaux. Le plus jeune et le plus brillant. Oui, notre devoir de Français responsables est de poser, de rouvrir la question du régime qu'il faudrait à la France.

    C'est cela qu'en d'autres temps eût proposé la grande voix de l'Action Française. C'est cela qu'à notre plus modeste échelle, nous proposons aujourd'hui.

     

    Lafautearousseau

     

  • Les assassins sont-ils parmi nous ?

     

    Le lundi 22 avril 2013, sous la signature de Louis-Joseph Delanglade, nous avons publié l'article qui suit. Le sujet en était le terrorisme islamiste, dans un contexte, il est vrai, différent de celui que Paris vient de vivre. On observera toutefois que les questions posées, les critiques exprimées, les paramètres considérés, sont - dans leur substance - inchangés. C'est en raison de sa pertinence qu'il nous a paru intéressant de republier cet article. Son titre était à la forme interrogative. Dans la note qui suit, Dominique Jamet, deux ans et demi plus tard, reprend de son côté ce même titre. Sauf qu'il est, cette fois-ci, à la forme affirmative. Les idées, sans-doute, cheminent ainsi. LFAR

    Envoyer un corps expéditionnaire au Mali ou sous-traiter une libération d’otages au Nigeria a, paradoxalement, quelque chose de rassurant : l’ennemi islamiste est loin et clairement identifié (les djihadistes d’Aqmi dans le premier cas, la secte Boko Haram dans le second). L’attentat de Boston nous rappelle opportunément que la réalité peut être plus désagréable. Perpétré, semble-t-il, par deux frères, de confession musulmane, issus d’une famille originaire de Tchétchénie, et s’inscrivant dans une liste déjà longue (Paris 1995, New York 2001, Madrid 2004, Londres 2005, Moscou 2010, etc.), il confirme que le terrorisme islamiste urbain reste le mode opératoire le plus efficace et donc le plus dangereux.  

    Parce qu’il est un tenant de l’idéologie multiculturaliste et qu’il cherche à éviter toute forme de « stigmatisation » (c’est-à-dire de mise en cause directe de l’islam-isme), M. Durpaire – consultant que l’on voit et entend trop souvent sur toutes les chaînes de radio et de télévision - se plaît à souligner que les frères Tsarnaev auraient été de bons Américains. Ainsi ne serait-il plus possible de pointer du doigt une quelconque nébuleuse terroriste internationale et faudrait-il seulement voir dans l’attentat de Boston un problème intérieur. Mais son analyse, vicieuse, fait long feu et se retourne contre lui. 

    En effet, s’il est vrai que les frères Tsarnaev pouvaient sembler (d’après tous les témoignages recueillis) bien « intégrés », voire « américanisés » - et, de toute façon, en situation parfaitement régulière – on doit alors se demander comment il peut se faire qu’ils en soient arrivés à une telle extrémité. « Pourquoi, se demande M. Obama, de jeunes hommes qui ont grandi et étudié ici, dans notre communauté et dans notre pays, en sont-ils venus à une telle violence ? »  

    M. Mudd, expert en terrorisme à la New America Foundation, répond que le scénario de « radicalisation » des frères Tsarnaev est en fait courant et que leur histoire est banale. Cela signifie que, dans toutes les grandes villes d’Occident, vivent des jeunes gens qui leur ressemblent : immigrés ou enfants d’immigrés, toujours musulmans, et constituant ainsi un formidable vivier pour l’internationale islamiste. Des milliers de Mohamed Merah, des milliers de Tamerlan et Djokhar Tsarnaev – apparemment bien « gentils » (l’adjectif est souvent revenu dans la bouche des témoins de Boston) – dormiraient donc parmi nous. Effrayant. 

    On sait que des centaines de jeunes combattants venus d’Europe se trouvent aux côtés des groupes islamistes extrémistes en Syrie (par exemple, des images diffusées sur Internet montrent des individus parlant néerlandais entre eux). Beaucoup ont été identifiés. Comment sera « géré » le retour de ces djihadistes ? Russes et Américains coopèrent déjà dans le domaine du terrorisme islamiste international. Qu’en est-il en Europe ? Pourquoi n’en parle-t-on pas davantage en France ? Serait-ce un sujet tabou ? Des armes de guerre circulent dans nos « cités », des « jeunes » se forment au combat en Afghanistan ou en Syrie. Rien de sérieux, au-delà d’une certaine surveillance, n’a jamais été entrepris par les autorités compétentes. Et quand surgit un Merah, on nous le présente comme un « loup solitaire ». 

    Faudra-t-il attendre qu’une famille de sept personnes soit prise en otage ici même, sur le territoire national ? 

  • Les assassins sont parmi nous…

     

    L'analyse de Dominique Jamet

    Nous développons dans notre note précédente notre position de fond, après le carnage survenu dans la nuit de vendredi à samedi, à Paris.  Par ailleurs, nous partageons évidemment la pertinente analyse de Dominique Jamet, qui suit. LFAR

     

    3312863504.jpgParis a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Lorsque les quatre tueurs ont fait irruption dans la salle de concert du Bataclan, un témoin, un survivant, rapporte qu’ils ont crié « Allahou akbar ! ». L’un d’entre eux a prononcé quelques phrases où il était question de la Syrie. Puis ils ont ouvert le feu. Ils ont tiré aveuglément sur la foule des spectateurs. Ils ont tiré dans le tas. Au nom de Dieu. De leur Dieu. Le Dieu du carnage.

    Ça devait arriver. On le savait. On ne savait ni où ni quand ni comment. On ne connaissait ni le lieu ni le jour ni l’heure, mais on le savait. C’est arrivé. Paris a connu sa nuit la plus sanglante, la plus meurtrière depuis la Deuxième Guerre mondiale. Une nuit de massacre, de sang et de mort.

    Les précautions prises, les mesures adoptées en vertu du plan Vigipirate, poussé à l’écarlate, n’ont servi de rien, et pas plus les malheureux soldats qui patrouillaient trois par trois au pied de la tour Eiffel ou dans les halls d’Orly et de Roissy que les vigiles qui priaient courtoisement les dames d’ouvrir leur sac à l’entrée des grands magasins. La veille encore, le ministre de l’Intérieur se félicitait de la vigilance qui avait permis à la police de déjouer un vague projet d’attentat contre la base navale de Toulon. Pendant ce temps, dans le secret le plus absolu, quelques dizaines de fanatiques armés jusqu’aux dents dont l’enquête nous dira s’ils étaient fichés comme « radicalisés », dangereux, déjà partis ou revenus de Syrie, mettaient la dernière touche à la préparation de leur raid sauvage.

    La France avait pris le parti, avec les moyens dont elle dispose, de participer aux opérations de bombardement menées depuis des mois dans le ciel de l’Irak et de la Syrie par l’étrange coalition qui poursuit dans le désordre et l’inefficacité des buts compliqués et des ennemis variables au Moyen-Orient. On annonçait à son de trompe au début de cette semaine le départ pour la région de notre unique porte-avions flanqué d’une frégate britannique et d’un bâtiment belge. Pouvions-nous imaginer que nos actions qui, pour limitées qu’elles soient, frappent à quatre heures d’avion de Paris les positions djihadistes et leurs alentours, resteraient indéfiniment sans réplique ? Pouvions-nous imaginer que Daech ou Al Qaida, qui disposent en Europe d’une cinquième colonne infiltrée dans la population n’exerceraient aucune représaille contre notre pays ? Ce n’est ni dans leur caractère ni dans leurs habitudes.

    Nous nous sommes impliqués dans un conflit qui ne connaît ni trêve ni frontières, où l’adversaire ne fait aucune distinction entre le front et l’arrière, entre militaires et civils, entre innocents et coupables. Nous nous retrouvons, hébétés, en première ligne. Nous avons vécu la nuit dernière, pour la première fois, une situation qui est depuis des années le quotidien de Bagdad, de Kaboul, de Beyrouth, de Damas ou de Mogadiscio dont nous suivons distraitement le martyre à travers les quelques lignes et les quelques secondes que veulent bien leur accorder nos médias dès lors que le nombre des victimes d’un attentat y dépasse les dizaines.

    La guerre que nous nous flattions de tenir à distance nous a rattrapés. Elle est sur nous, nous sentons son haleine brûlante sur nos villes, nos aéroports, nos gares, nos stades, nos théâtres, nos cinémas, nos cafés, nos restaurants, nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos facultés, nos stades, nos métros, nos commissariats, nos avenues, nos rues. Les cibles sont partout, nous sommes tous des cibles et les assassins sont parmi nous, prêts à frapper où ils veulent, quand ils veulent. Il faut nous rendre à l’évidence : nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir la paix chez nous.

    Le gouvernement, dans l’urgence, a décrété l’état d’urgence. Il a décidé, face au terrorisme, de reprendre le contrôle de nos frontières que la grande invasion pacifique des migrants ne lui avait pas paru justifier. Face à la réalité de la menace terroriste, il a dans les faits, en cas de flagrant délit, rétabli la peine de mort rayée de notre droit, et il ne se trouvera personne, espérons-le, pour le lui reprocher. Peut-être va-t-il se décider à mettre hors d’état de nuire les quelques milliers d’individus repérés et fichés comme dangereux, peut-être va-t-il se décider à donner le coup de pied qui s’impose dans la fourmilière salafiste, à incarcérer ou à expulser les prêcheurs de haine, les propagandistes de la soumission, les adeptes de la violence et d’une manière plus générale tous ceux qui, vivant en France ou titulaires de papiers français, sont dans leur tête et se conduisent dans leurs actes comme de fidèles ressortissants du califat des Barbares. Peut-être comprendra-t-il enfin que les islamistes ne nous offrent le choix qu’entre la soumission et la guerre et que, tout compte fait, s’il faut faire la guerre, il vaut mieux, comme disait le vieux Louis XIV, la faire à nos ennemis qu’à nos enfants.

    Passé le moment de la stupeur, le temps du deuil et l’appel à l’unité nationale, que nos dirigeants prennent et assument leurs responsabilités, et qu’ils sachent qu’ils seront jugés aux actes. 

     - Boulevard Voltaire
     
  • Ce que nous écrivions le 8 janvier 2015 s'applique à ce lendemain de carnage à Paris !

     

    « Quand on laisse entrer chez soi, en un laps de temps relativement court, des millions d’immigrés venus d’un autre continent, nés d’une civilisation radicalement différente, guidés par les mirages d’un niveau de vie que leur misère originelle rend terriblement attrayants et qui n’ont que peu de sens et de respect de ce que sont les mœurs, les lois, les traditions du pays où ils arrivent, quand on en a soi-même largement perdu l’amour et la pratique, il n’ya pas de quoi être étonnés des troubles et des violences qui se produisent inéluctablement. C’est la première réflexion qui nous vient à l’esprit après les évènements tragiques d’hier, à Paris. Il y a longtemps, ici, en effet, que nous mettons en garde contre la politique d’immigration de la France, devenue plus périlleuse encore du fait de la crise économique et du laxisme de nos gouvernants. Du fait, aussi, d’un certain nombre de nos erreurs - de graves erreurs - en matière de politique étrangère. Il y a longtemps que nous signalons à quel point notre République vit sur une poudrière et qu’il peut arriver un temps où le travail de nos services de sécurité ne suffira plus à empêcher la multiplication des violences et des attentats. Ce temps est peut-être arrivé et il ne faut pas manquer d’en rechercher les causes, d’en marquer les responsabilités. Certes, tous les musulmans de France ne sont pas des terroristes. Loin de là. Nombre d’entre eux sont probablement en voie d’intégration. Et le réalisme devrait conduire, si nous en sommes capables, à les y aider, à les y encourager. Mais les risques de l’immigration massive demeurent ; elle est un terreau porteur de terribles dangers. Et, en tout cas, tous les terroristes qui menacent aujourd’hui la France le font au nom de l’Islam. »     

     

    Lafautearousseau