Denis Tillinac : « Affronter l'histoire »
Denis Tillinac : « ... Nous n'aurions plus peur et serions invincibles »
Il y a pire que nos ennemis terroristes : le reniement de soi. C’est en sachant pourquoi nous nous battons que vous vaincrons les barbares.
L'Histoire se venge. Dans le temple privilégié de notre société du spectacle, la France et l'Allemagne ont mimé sur un carré d'herbe nos guerres d’antan. On n’imagine pas Lloris et Schweinsteiger, les capitaines des deux équipes, se ceindre d'explosifs pour se sacrifier au nom du Dieu de leurs pères ou de la terre sacrée de leurs ancêtres. Ils gagnent de l'argent en jouant au ballon, et n'incitent leurs supporters qu'à acheter des maillots à leur nom : divinités parmi d’autres d’une post-histoire occidentale en voie avancée de déchristianisation, dont les chefs politiques se polarisent sur leur com et nous parlent exclusivement d'économie. Certes nos soldats font la guerre en Syrie.
Mais ce faux remake des Croisades, écrit à la hâte par le fantôme de Shakespeare avec Obama et Poutine dans des rôles de rois fous, reste pour les citoyens de la vieille Europe une succession de spots télévisuels. Qui est l'allié de qui dans ce maelström sanglant où les conflits de tribus décrits par Monfreid et Kessel se surajoutent à la haine millénaire des Sunnites pour les Chiites, à la pêche en eaux troubles des pétro monarques du Golfe, aux songes brumeux des héritiers de Darius et de Soliman, à l'interminable feuilleton des zizanies israélo-palestiniennes, à l'irrédentisme des Kurdes ? Une seule certitude : les chrétiens de là-bas ont été, sont et seront les victimes expiatoires. Ceux de chez nous ne les pleurent que d'un œil, l'autre regarde la télé. Or, voilà que derrière le petit écran, l'Histoire fait son retour, tous siècles confondus : des fous d’Allah tuent pour de vrai, en plein Paris, et se suicident pour hâter leur admission au paradis. « Guerre asymétrique », disent les experts.
Oui, asymétrique, et pas seulement sur le plan du contraste entre forces armées plus ou moins étatiques et combattants invisibles d’une guérilla sans frontières. Cette guerre-là, nos bombes peuvent peut-être la gagner, encore que les GI’S ont payé cher au Vietnam l'illusion d'une supériorité assise seulement sur le fric et la technique. Nos soldats tueront des djihadistes, mais aussi beaucoup d'innocents, et le ressentiment suscitera en retour des vocations de djihadistes, on ne voit pas la fin de cette logique infernale. La « dissymétrie » la plus terrifiante, c'est le contraste entre des activistes ayant par avance accepté la mort, et des populations enclines à se mobiliser… pour préserver leurs « droits acquis », et pour rien d'autre. C'est la simultanéité d'une foi belliqueuse et du nihilisme « moderne » inhérent à notre société de consommation. C'est aussi, par voie de conséquence la perspective en France d'une guerre civile larvée mais au long cours. L'immense majorité des français musulmans n'a d’autre désir que de faire son trou et sa pelote. Mais dans le nombre, fatalement, surgiront des fous d'Allah que le marasme des cités aura rendus ivres de rancœur. Ceux qui ont ricané mondainement quand Estrosi a évoqué la menace d'une « cinquième colonne » seraient bien inspirés d'y réfléchir.
Et ceux qui nous gouvernent, de prendre des dispositions pour protéger les Français ordinaires au lieu d'adopter des postures à la fois larmoyantes et bravaches. On ne nous refera pas le coup des manifs du 11 janvier, avec en guise d'exutoire des cours de « laïcité » à l'école, et de « valeurs républicaines » dans les prisons. Les anathèmes d'usage contre l'Islam sont tout aussi inopérants. Personne ne risquera sa peau pour défendre une « laïcité » touillée dans les marmites d’un scepticisme démoralisant. Mieux vaudrait inciter le peuple français à renouer avec ses vraies racines, et lui en inculquer la noblesse. Ces racines judéo-chrétiennes, et gréco-latines, ont enfanté une civilisation dont les valeurs, fécondées dans le giron du catholicisme, devraient être remises à l’honneur.
Si tel était le cas, nous n'aurions plus peur et serions invincibles. On peut même imaginer que les islamistes nous respecteraient ; ils ne connaissent que la force, et la vraie force résulte de la volonté de défendre coûte que coûte un héritage spirituel. Trêve de baratins lénifiants ou alarmistes : redevenons ce que nous sommes et affrontons l'Histoire droit dans les yeux, puisqu’aussi bien elle revient nous défier. Il y a pire que nos ennemis terroristes : cet ennemi tapi dans l'ombre de nos consciences, le reniement de soi. Celui-là, il faut lui régler son compte en toute priorité. Sinon nous sommes condamnés. •
Denis Tillinac (Valeurs actuelles)
Commentaires
hier les supporters de foot Turcs n'ont pas voulu respecter la minute de silence demandées pour les victimes de Paris . Ils ont sifflés et crier Allah akbar .... chers dirigeants faiblards ouvrez les yeux svp .
Tillinac se trompe seulement de 2500 kms pour ce qui est de Kessel et Monfreid (ce dernier dont on ne saurait trop recommander encore et toujours la lecture,contrairement a Kessel.....).Par ailleurs peut-etre aurait-il pu tenir ce discours a son ami Chirac ,auteur de la magnifique réussite du "regroupement familial", (probablement son seul point d'accord avec Giscard.....)... Ceci posé on ne peut qu'apprecier la teneur du discours.......mieux vaut tard que jamais ,si il n'est pas trop tard....