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Actualité France - Page 408

  • DES IDÉES, ENCORE ET TOUJOURS

     

    ANALYSE. Plus la situation se dégrade et plus les problèmes deviennent impossibles, plus les candidats agitent des idées. Alors que le mal essentiel est dans les institutions. 

     

    PAR HILAIRE DE CRÉMIERS

     

    hilaire-de-cremiers-510x327.jpgUn président de la République qui se croyait plus intelligent que tous les autres, déclara, en plein choc pétrolier, sur le ton suffisant qui le caractérisait : « La France n'a pas de pétrole, mais elle a des idées ». D'avoir des « idées » n'a pas empêché la France de Giscard de décliner. Ce fut sensible à l'époque même, quoique dissimulé sous l'apparence d'une croissance mécanique qui permettait encore aux affaires de tourner.

    Mitterrand, aussi, eut des « idées » ; il avait l'art de les présenter. Il y avait celles qui étaient destinées à l'électeur et celles qui faisaient le fond de commerce des politiciens, des conseillers - tel Attali -, des financiers qui tournaient autour de lui, et des jeunes loups de la politique qui s'imaginaient déjà de grandes carrières ; Fabius, Hollande, l'ineffable « Ségolène » en étaient. Tous surent se servir dans cette mangeoire à « idées » qui avait l'avantage d'abonder en provendes et en prébendes. Il n'est pas sûr que Mitterrand, in pectore, partageât avec sa cour la conviction qu'il était officiellement nécessaire d'afficher envers cet amas grossier d'« idées » contradictoires qui cumulaient les sottises du socialisme le plus théorique - sous le nom de programme commun de la gauche - et les vices d'un libéralisme aussi profondément amoral qu'a-civique. L'homme passait de l'un à l'autre, en fonction du moment, avec un parfait cynisme. La France avec pareilles « idées » descendit encore d'un cran. Il est probable que Mitterrand, enfermé dans son orgueil secret, au témoignage d'un Bénouville qui était resté toujours son ami, en souffrit ; il avait reçu, jeune homme, une excellente formation. « Que veux-tu ? J'ai voulu réussir », confessa-t-il un jour ingénument à un autre vieil ami qu'il avait connu chez les étudiants d'Action française.

    Chirac s'essaya aux « idées », lui aussi. Tour à tour, libéral, social, voire socialiste, en fait radical-socialiste à l'image de ses maîtres dont « le petit père Queuille » était le plus illustre représentant. Sans conviction, il jouait de effets de la syrripathie naturelle qu'il provoquait. Se « idées » ne servirent à rien ni dans un sens ni dan l'autre. Sa cohabitation avec Jospin cassa l'État de manière plus grave que celles sous Mitterrand avec lui-même ou avec Balladur : l'État perdit sa cohérence. L quinquennat lui retira la durée : il s'affaiblissait de la têt tout en continuant à grossir dans sa masse selon la mécê nique institutionnelle démocratico-républicaine qu personne n'a jamais pu réformer. La velléité d'indéper dance française au moment de la deuxième guerre d'Ira n'aboutit à rien de concret. Il lia définitivement Paris à Bruxelles et soumit la France à l'Allemagne ; son discours de Berlin en 2000 avait la signification d'un manifeste d'allégeance intellectuelle, économique, politique et culturelle au génie allemand, selon la plus vieille tradition républicaine et radicale ; fille avouée du kantisme, la République n'était-elle pas sortie historiquement des mains adroites de Bismarck ? La France renonçait à son intelligence et à sa volonté ! Elle perdit sa liberté.

    DES PAQUETS D'« IDÉES »

    Sarkozy prétendit les lui rendre. Ça tonnait comme des canons. Beaucoup de bruit sinon pour rien, pour pas grand-chose. Quelques dispositions législatives soulagèrent les patrimoines et aidèrent les entreprises; une certaine liberté de ton par rapport aux principes intangibles de la République pouvait faire croire à ur volonté de rendre à la France ses forces spirituelles et matérielles. Cela ne dura qu'un temps. La crise financière venue des États-Unis et le ralliement simultané à ces mêmes États-Unis, la soumission à « l'idée » européenne, devenue, dans les faits, une « idée » allemande et dont le traité de Lisbonne fut le sceau d'une parfaite perfidie démocratique, l'incapacité d'agir en conséquence en toute liberté française par rapport à l'espace Schengen et à la zone euro, enfin et surtout l'impossibilité pour un chef de parti, quel qu'il soit, de transformer de l'intérieur l'esprit des institutions, puisque lui-même en fait partie, cet embrouillamini généralisé mit fin tristement à toutes les prétentions sarkoziennes. Les vagues espoirs d'un redressement avaient été ratiboisés en quelques mois par le jeu naturel des institutions. S'imaginer qu'en faisant loi sur loi, le régime changerait, se révélait une « idée » fausse. Une fois de plus !

    « Enfin Hollande vint qui le premier en France » se crut celui qui était élu pour réaliser le bonheur des Français. Il ferait, disait-il, tout le contraire des autres qui, pourtant, avaient caressé le même rêve ! C'était un paquet d'« idées » ! Mariage pour tous, subventions pour tous, diplômes pour tous, enfin tout pour tous, sauf les hautes instances de l'État qui, elles, étaient réservées, comme il se doit, aux hiérarques du socialisme labellisé dont le peuple de gauche ne pouvait que reconnaître l'évidente supériorité. Un cri de guerre héroïque contre la finance devait donner une stature historique au « camarade François », bon bourgeois par ailleurs, comme chacun sait, et aimant ses aises. Les choses tournèrent autrement. La manifestation des Français qui refusaient l'anéantissement de l'institution du mariage et de la famille se heurta aux défenses acérées des institutions républicaines. Hollande gagna en apparence cette partie, mais il perdit toutes les autres, car le même mécanisme institutionnel empêchait de la même façon quelque redressement que ce fût. Tout alla, tout va de mal en pis. Alors, dans cette déroute généralisée, Hollande ne songe plus qu'à une chose : se représenter à la présidentielle !

    Ainsi le veut l'esprit des institutions. Sinon, ce sera le tour de Valls qui, Premier ministre, ne pense lui-même qu'à « cela », tandis que s'avancent sur le même chemin les autres « camarades » de gauche, tous bons bourgeois de la République. Et qu'ont-ils à offrir, tous ? Eh bien, des « idées », des paquets d' « idées », encore et toujours des « idées » !

    DES INSTITUTIONS À LA DÉRIVE

    À droite et au prétendu centre, c'est pareillement la course aux « idées », aux « projets », comme ils disent, avec un sérieux qui ne peut faire que sourire. Sarkozy lance ses « idées » une à une comme des flèches sur ses concurrents ; Juppé commence à débiter les siennes avec la solennité que requiert leur vacuité ; Fillon s'y est déjà mis avec livre à l'appui et Le Maire cause et Mariton y va... Leurs « idées » ne servent à rien qu'à les promouvoir, eux, et aucune ne visent au coeur du mal français qui tient essentiellement à des institutions dont ils veulent tous s'emparer alors qu'elles ne sont plus du tout adaptées aux nécessités actuelles. La France n'est plus ni gouvernée ni représentée. Elle a besoin d'un État fort et responsable, de fonctions régaliennes exercées avec compétence, d'administrations correctes, de familles saines, de métiers organisés et libérés, et d'une vraie représentation de ce qu'elle est. Les partis et leurs « idées » ont tout « bouffé ».

    La réaction qui apparaît aujourd'hui dans le peuple français, lassé et irrité, et dont l'intention de vote « Front national » est l'une des plus évidentes manifestations, ne saurait déboucher que si, un jour, elle se traduit autrement qu'électoralement, dans des institutions nationales vigoureuses, cohérentes et durables. Tout le reste n'est que mots qui volent, qu'« idées » qui trompent et, pour tout dire d'un mot, programmes de saltimbanques. n

     

    Hilaire de Crémiers, Directeur de Politique magazine

     

  • École : Julliard ouvre les yeux et ouvre le feu !

     

    Un vibrant pamphlet de Jacques Julliard contre la dernière réforme scolaire et, au-delà, contre la désagrégation depuis quarante ans de l'école républicaine paraît. Et une brillantissime chronique d'Eric Zemmour, pour le Figaro, dans une sorte de dialogue avec Jacques Julliard, dialogue qui marque aussi l'estime que l'on doit à ce dernier. Même si l'on n'en partage pas toutes les options. Miracles d'un patriotisme renaissant, heureusement destructeur des vieux clivages.  LFAR

     

    ZemmourOK - Copie.jpgAu commencement était le journal. Un premier, puis un second article dans l'hebdomadaire Marianne, en pleine bataille contre la réforme des programmes scolaires engagées par Najat Valaud-Belkacem. Avec ses éditoriaux frémissants d'une colère légitime et talentueuse, Jacques Julliard fit partie de cette escouade de « pseudo-intellectuels » dénoncés par la ministre, qui chargèrent et sabrèrent avec la fureur et l'efficacité redoutable de la cavalerie de Murat à la bataille d'Eylau. Aussitôt lus dans l'hebdomadaire, aussitôt repérés par un éditeur à l'œil acéré ; aussitôt commandés, imprimés, publiés. Les deux éditos sont désormais précédés d'une longue et utile mise en perspective, mais ils n'en constituent pas moins le cœur battant du texte. À juste titre. Ils méritaient les honneurs d'une publication. Le coup d'éditeur n'est pas seulement cette fois simple ravaudage commercial. Le travail a été rapide, expédié mais pas bâclé ; le libelle de circonstance s'avère le produit d'une lente et profonde maturation.

    Julliard et ses alliés d'un jour - Bruckner, Finkielkraut, Ferry, Onfray, Debray, Nora, Gueniffey, etc. - viennent pour la plupart de la gauche ; le gouvernement socialiste a crié à la trahison ; la réponse revient comme un boomerang : avec cette réforme, c'est la gauche au pouvoir qui trahit l'idéal scolaire de la République. « Ce livre n'est pas partisan. Il ne se réclame ni de la gauche ni de la droite, mais du patriotisme. » Julliard est un faux naïf : pas partisan peut-être, mais éminemment politique. Le patriotisme, c'est l'enjeu, le clivage, la ligne de front aujourd'hui. Les deux camps ne sont pas ceux qu'on croit. Pas la droite contre la gauche (Luc Chatel, ministre de l'Éducation de Sarkozy, a d'abord approuvé la réforme ; et Alain Juppé ne propose pas autre chose que les socialistes dans son programme présidentiel), mais ceux qui croient encore à la France et ceux qui sont passés à autre chose. Ceux qui veulent encore utiliser l'école comme un moyen de transmettre l'héritage historique et culturel de nos pères et ceux qui, au contraire, se servent de l'école pour nettoyer les cerveaux des nouvelles générations et les transformer en citoyens du monde hors sol, sans racines ni passé. Julliard est dans le camp des premiers. « Il y aurait une identité de la Méditerranée, une identité de l'Europe, et il n'y aurait pas une identité de la France ? »

    Il se retrouve avec des gens qui furent longtemps ses adversaires ou même ses ennemis. Il partage avec eux une culture commune, une langue, un héritage, un désir de les transmettre. Une civilisation. Mais son catholicisme de gauche et son engagement européen ont fait qu'il a longtemps frayé avec les seconds. D'où ses déchirements intérieurs devant les cris d'orfraie de ses anciens amis. C'est le drame des périodes charnière où l'Histoire bascule. Julliard se retrouve dans la situation douloureuse de son maître Péguy, qui se détourna et se retourna contre son ami Jaurès, au moment où le danger allemand se précisait à la veille de la guerre de 1914. Julliard fait feu sur le quartier général de ses anciens amis devenus des ennemis qui détruisent la République au nom de la République. Il a compris qu'il est minuit moins le quart. Qu'il n'est plus temps de s'embarrasser de précautions progressistes ; que les progressistes affichés sont les fossoyeurs de l'école de la République, et que les vrais progressistes sont les prétendus réactionnaires.

    Alors, cap sur la réaction ! L'école d'avant Mai 68, seule issue pour sauver l'école ! Julliard, après d'autres, analyse le basculement de Mai 68, comme le moment décisif de l'alliance entre libéraux de droite et libertaires de gauche, pour dynamiter la vieille école: « La principale fonction sociale de l'école n'est plus désormais la diffusion du savoir mais la garderie des enfants et l'encadrement des adolescents. » Notre auteur s'élève contre les discours égalitaristes et libertaires qui dominent la gauche depuis quarante ans, avec des accents qui l'auraient fait passer, dans les années 1970, pour un scrogneugneu ringard: « Le but premier de l'éducation n'est pas d'égaliser, mais d'éduquer. » Et même seulement d'instruire, a-t-on envie d'ajouter. Les parents devraient se charger de la rude tâche d'éduquer leur progéniture. « Le maître n'est pas un moniteur, ni un animateur du Club Med. C'est un homme qui a la maîtrise du savoir qu'il enseigne, et qui doit être respecté pour cette raison même. »

    Julliard tire à vue sur tous les faiseurs de l'école moderne, tous ces pédagogistes qui font la pluie et le beau temps Rue de Grenelle, et qui tiennent les ministres - de droite ou de gauche - pour de simples « attachés de presse » de leurs chimères nihilistes: « Cette école de la bienveillance n'est en réalité qu'une école de la complaisance. » Il analyse pertinemment la lente désagrégation de l'école, d'abord vendue au « consumérisme » avant d'être livrée au communautarisme: « Ferment de mort pour la nation ; c'est un pistolet braqué au cœur de l'école. » Il pointe la lâcheté des responsables politiques : « La France a peur de sa jeunesse, voilà l'origine du mal. » Et les mille et un trucs de leurs marionnettistes: « Si l'école de ce pays - c'est là son mérite et son destin - n'était pas lourdement pénalisée à cause de la présence d'enfants d'immigrés non francophones qui souvent ignorent tout du français, son classement international remonterait singulièrement et rejoindrait sans doute l'exemplaire, la chimérique, la bienheureuse Finlande, à qui les pédagogistes un peu truqueurs attribuent des mérites qui ne sont en réalité que l'effet d'une grande homogénéité culturelle de départ. »

    Julliard a compris qu'il n'était plus temps de composer. Que la Rue de Grenelle était irréformable, car tenue solidement en main par les ennemis de l'école républicaine. « Raser la Rue de Grenelle », n'hésite-t-il plus à clamer, pour sauver l'Ecole. Mais n'est-ce pas déjà trop tard ? « Je le dis tout net : si je devais me convaincre que la gauche est, fut-ce à son corps défendant, l'agent de la marginalisation de notre littérature dans la France moderne, je n'hésiterais pas une seconde, ce n'est pas avec la littérature, ma patrie quotidienne, que je romprais, ce serait avec la gauche. » Il est temps, cher Jacques : rompez. 

    L'école est finie, Jacques Julliard. Flammarion. 127 pages, 12 €.

    L'escouade de «pseudo-intellectuels» dénoncés par la ministre

    Juppé ne propose pas autre chose que les socialistes dans son programme présidentiel

     

  • Nadine Morano et la folie idéologique des « élites »

     

    par Yves Morel  

    Invitée de l’émission de Laurent Ruquier, On n’est pas couché, le samedi 26 septembre dernier, Nadine Morano, définit la France comme un pays judéo-chrétien et de race blanche.

    Aussitôt, toute la classe politique poussa des cris d’orfraie, et les très vertueux Républicains retirèrent à la « coupable » son investiture sur la liste du « Grand Est » ( lol ) aux prochaines régionales. NKM, égérie de la droite parisienne bobo, qualifia d’ « exécrables » les propos de l’eurodéputé et rappela que « la République ne fonctionne pas sur les bases idéologiques de l’apartheid », pas moins. Sarkozy, lui, affirma qu’il ne laisserait « jamais dire que la France est une race ».

    Une évidence

    Or, Mme Morano n’a fait, en l’occurrence, que proférer ce qui apparaît à tout esprit censé et de bonne foi, comme une évidence. « Les Français sont un peuple de race blanche » : les très républicains et très laïques instituteurs, et leurs manuels scolaires de géographie rédigés par des inspecteurs primaires tout aussi laïques et républicains l’ont enseigné expressément et sous cette forme textuelle aux élèves depuis Jules Ferry jusqu’au seuil des années 1980, voire plus. Et nul ne les a jamais taxés de racisme, tant cela paraissait indubitable.

    Des contradicteurs qui ont de qui tenir

     

    Morano

    Nadine Morano coupable d’avoir parlé de « race blanche »… 

    Il est vrai que tout a changé depuis les années Mitterrand. Rappelons que Mitterrand, ce président mégalomane et irresponsable dont on ne dénoncera jamais assez la responsabilité dans la décrépitude de notre pays, déclarait, au milieu des années 1980 : « Je veux qu’on bouscule les habitudes et les usages français » et, en conséquence, se prononçait pour une immigration massive, le refus de l’intégration, et le multiculturalisme fondé sur l’encouragement donné aux immigrés de cultiver leurs spécificités culturelles. Visitant une école de Maisons-Alfort, dont la majorité des élèves était d’origine arménienne, il déclarait aux instituteurs : « Faites de ces élèves des garçons et des filles fiers d’être arméniens » (pas français, au grand jamais). Et il galvanisait le prosélytisme immigrationniste de SOS-Racisme, cependant que son épouse se déclarait favorable à la liberté des jeunes musulmanes de porter le foulard à l’école. Etonnons-nous que trente ans après, les musulmans de France s’enhardissent jusqu’à prétendre nous imposer leurs coutumes, et qu’un Yann Moix, un des contradicteurs de Mme Morano, âgé de treize ans en 1981, objecte à celle-ci qu’il est conforme aux lois de l’évolution que la France perde son identité judéo-chrétienne pour devenir musulmane, et qu’il est aussi vain qu’immoral de prétendre s’y  opposer.

    Le fatal mouvement de l’histoire selon Yann Moix

    Moix asséna en effet à Mme Morano que « demain, la France sera peut-être musulmane », qu’il s’agira là du « mouvement de l’histoire». Selon Moix, en effet, « la France dont vous parlez, la France éternelle, elle a été inventée au XIXe siècle, elle n’existait pas avant ». Moix use ici d’une tactique héristique tout à fait caractéristique de notre intelligentsia, qui consiste à prendre prétexte du caractère relativement récent de la représentation conceptuelle d’une réalité historique, pour affirmer qu’il s’agit d’une pure construction intellectuelle, sans existence réelle, et donc spécieuse. Et ainsi, au motif que l’identité culturelle de la France s’est élaborée très progressivement tout au long de notre histoire, et n’a été intellectuellement appréhendée dans sa globalité qu’au XIXe siècle, Moix la réduit à un fantasme. N’ayant donc jamais été judéo-chrétienne, la France peut alors très bien devenir musulmane, de par un « mouvement de l’histoire » que nous sommes condamnés à subir.

    Une conception délibérément perverse de la laïcité

    Et chercher à enrayer cette islamisation est attentatoire à la laïcité.

    Ici, Yann Moix confond scandaleusement (car intentionnellement) l’Etat et la nation, et Mme Morano lui a judicieusement rappelé qu’il fallait distinguer le premier de la seconde. C’est l’Etat, en effet, qui est laïque, a précisé le député, non la nation. Un Etat laïque se veut confessionnellement neutre, et cela peut se concevoir. Mais une nation laïque, qu’est-ce que cela veut dire ? Rien. Cela n’a aucun sens. Une nation a une âme, des croyances, des valeurs fondatrices, des traditions, une manière de penser, une tournure d’esprit, et tout cela n’est pas neutre et ne peut pas l’être. Une nation n’est pas une pure abstraction constituée d’êtres de raison anonymes, indifférenciés, interchangeables, sans âme. Précisons de surcroît que si le mot laïque (ou laïc) vient du grec laos, autrement dit le peuple, il ne signifie pas populaire. En cela, un « peuple laïc », cela n’a pas plus de sens qu’une « nation laïque ». La notion de laïcité se rapporte exclusivement à l’Etat, en aucun cas au peuple ou à la nation. La référer au peuple ou à la nation est, intellectuellement, un non-sens, et, moralement, une tromperie (pour ne pas dire une escroquerie) utilisée par ceux qui, comme Moix, veulent donner à croire à nos concitoyens que les notions de nation, de peuple, d’identité culturelle, sont de pures constructions de l’esprit, dénuées de toute réalité, lourdes de dérives perverses, et, en tout cas, obsolètes et contraires à la vérité (qui n’admet censément qu’un Homme universel et abstrait réduit à sa seule raison) et au sens de l’Histoire (lequel nous mène à l’indifférenciation clonique d’une humanité mondialisée s’acheminant vers le meilleur des mondes).

     

    LeaSalame

    Lea Salame, donneuse de leçons plates… 

    La laïcité, selon Yann Moix, n’est donc pas une simple caractéristique de l’Etat, consistant en une neutralité confessionnelle délibérée, mais la pièce maîtresse d’une conception de l’homme et de l’histoire et le fondement irréfragable de la morale. En cela, elle interdit toute pensée et toute politique fondée sur les notions de peuple, de nation et d’identité culturelle. Par là, elle nous interdit de considérer comme dangereuse une immigration massive, lors même que ses effets nocifs sont d’ores et déjà avérés. Mme Morano peut bien déplorer (et avec elle, des millions de Français qui ne vivent pas dans le même quartier que M. Moix) l’islamisation effective de nombreuses communes et l’islamisation rampante de nos mœurs, M. Moix lui réplique (avec l’approbation de Ruquier et les applaudissements serviles de sa claque complice) que c’est le « mouvement de l’histoire » et qu’il convient de s’y résigner. A défaut, on bascule dans l’horreur et la malédiction. On doit se résigner à l’islamisation de la France, à l’altération de son identité culturelle, qui, d’ailleurs, n’a jamais été une réalité et est une construction théorique du XIXè siècle qui a alimenté tous les fantasmes nationalistes et racistes contemporains. Toute action politique tendant à enrayer cette altération de notre identité nous ramène au temps honni de Vichy et de l’Occupation nazie. On doit donc y renoncer. Mieux (ou plutôt pire), il n’y faut même pas songer, ne fût-ce qu’une seconde. A l’inquiétude de Mme Morano quant à l’islamisation graduelle de la nation française, Yann Moix répond que « la laïcité c’est de ne pas se poser cette question », que se tourmenter à ce sujet et vouloir que l’islam « soit une religion minoritaire » revient à violer le parti pris de neutralité inhérent à cette laïcité, laquelle est, de toute nécessité, « indifférence » et « incompétence » (sic).

    Autrement dit, selon Moix, au nom de la laïcité, l’Etat doit se montrer absolument indifférent au sort de la nation, fermer les yeux sur ce qui menace son identité culturelle, et aller jusqu’à nier l’existence même du problème. Nier le danger, c’est bien, ne pas même y songer, c’est encore mieux. Voilà à quelle conclusion aussi suicidaire qu’aberrante mène cette conception dévoyée de la laïcité. Telle que la conçoivent Yann Moix, Laurent Ruquier, les médias et toute notre classe politique, la laïcité ligote l’Etat, le rend sourd, aveugle, muet et impuissant, et lui interdit même de penser, le privant de toute lucidité. Elle n’est pas une simple règle de neutralité confessionnelle, mais une valeur ogresse ou cancéreuse qui dévore toutes les autres, se substitue à elles et constitue le tout de la morale politique et de la morale tout court. Ce que Moix et tous les contradicteurs de Mme Morano défendent, c’est une conception sidaïque et mortifère de la laïcité, qui prive la nation de tout moyen de prévention et de défense contre le danger migratoire qui la menace. La laïcité ainsi conçue devient une arme contre l’identité de la France. Léa Salamé, lors de l’émission de Ruquier, somma Mme Morano de choisir entre « la France laïque » et « la France judéo-chrétienne », affirmant que les deux notions s’excluaient réciproquement. C’est faux et malhonnête. Redisons-le : c’est l’Etat qui est laïque, pas la France, qui, elle, est une nation aux fondements spirituels et éthiques judéo-chrétiens. Et un Etat, pour être laïque, n’est pas tenu de méconnaître et de nier l’identité culturelle de la nation qu’il gouverne et dont il a la responsabilité de la sauvegarde, tout au contraire. La même Léa Salamé reprochait à Mme Morano d’exclure implicitement les Antillais de la France au motif de leur couleur de peau. Mais, autant que l’on sache, la France peut très bien comporter des citoyens noirs sans cesser pour cela d’être in essentia une nation de race blanche. Et cela vaut pour la religion : Senghor, le plus illustre des Sénégalais, catholique pratiquant, a dirigé durant 20 ans le Sénégal, et ce dernier n’en est pas moins demeuré un « pays musulman » pour la simple raison que les musulmans représentent 94% de sa population. Et s’il existe des Sénégalais blancs, cela n’empêche nullement le Sénégal de rester une nation de race noire.

    Une entreprise d’aliénation en faveur de l’édification d’un monde de clones indifférencié

     Il est vrai que, aux yeux de Yann Moix, « race » est un mot « indécent » qu’il faut « ne plus jamais utiliser ». Il est d’ailleurs devenu fréquent d’entendre dire que « les races n’existent pas ». Un professeur d’histoire-géographie, membre du Modem, rappelle d’ailleurs à Mme Morano, sur le site de Metro News, que « la race blanche n’existe pas et [que] plus personne n’en parle depuis que les derniers théoriciens nationaux-socialistes ont été pendus à Nuremberg » (sic). Les races n’existent pas, donc, non plus que les sexes, depuis la théorie du gender, au nom de laquelle on nous assène que le sexe d’un individu relève d’une situation, et non pas de sa nature, moins encore de son identité, et que d’ailleurs la notion de sexe est une construction mentale (une de plus) élaborée et imposée par une société archaïque dont il convient de s’émanciper.

     

    ruquier

    Laurent Ruquier accuse Morano de favoriser le racisme. 

    Pas de race, donc, ni de sexe, ni d’identité culturelle secrétée par l’histoire ; rien de tout cela n’est réel ; ce sont là autant de fantasmes oppressifs qu’il faut détruire ; il n’existe, il ne doit exister que des clones anonymes, interchangeables, évoluant en un meilleur des mondes planétarisé, sans frontières, ni nations, ni peuples, ni cultures particulières, dont la « laïcité » interprétée par les Moix, les Ruquier, les Salamé, est l’instrument de l’édification.

    Il est assurément dommage que les musulmans, eux, ne partagent pas cette vision « républicaine », « laïque » et universaliste du monde et prétendent nous imposer leur religion, leur culture, leurs traditions et leur mode de vie. Mais M.Moix n’en a cure, puisqu’on n’a pas le droit de contrarier ce « mouvement de l’histoire ».

    Yann Moix et consorts illustrent au plus haut degré l’immense entreprise d’aliénation de nos concitoyens, à l’œuvre depuis des décennies. Aliénation, oui, car elle vise à nous déposséder de notre identité pour nous faire devenir autres que ce que nous sommes, que ce que notre histoire, notre civilisation, ont fait de nous.

    Laurent Ruquier, lors de son émission du 26 septembre, a reproché à Mme Morano de favoriser le racisme en prétendant que la France était un pays blanc et judéo-chrétien. Tragique (et volontaire) erreur : ce qui stimule le racisme, c’est le refoulement permanent des identités culturelles et nationales, lesquelles finissent alors par ressurgir sous de violentes formes éruptives ; les musulmans de France le prouvent, eux qui, aujourd’hui, refusent notre société et le modèle républicain et laïque que les Moix, les Ruquier, les Hollande et les Sarkozy veulent leur imposer.

    La faillite de la laïcité républicaine

     Ce modèle prouve aujourd’hui tragiquement sa faillite. Cette dernière tient à la nature idéologique et à la propension totalitaire de la laïcité à la française. Celle-ci ne se présente pas comme une simple neutralité confessionnelle de l’Etat et de la loi qui protège la liberté de conscience, mais comme la manifestation éthique, politique et juridique d’un parti-pris antireligieux découlant d’une vision athée de l’Homme conçu comme un être de pure raison, identique en tous lieux et en tous temps. Une telle conception de l’homme détruit tout sentiment d’appartenance à une nation et à une civilisation données, et empêche l’intégration des immigrés, lesquels refusent instinctivement de se départir de leur spécificité culturelle pour se fondre dans une masse indifférenciée. Des immigrés peuvent accepter de s’intégrer à une communauté soudée par une identité culturelle forte, mais refuseront toujours de devenir les clones d’un magma sans âme, et les passants d’une zone de transit. A quoi l’on peut ajouter que s’ils peuvent souhaiter s’intégrer à un pays fort comme l’Allemagne, ou dynamique comme le Royaume-Uni, ils n’ont guère envie de s’intégrer à un pays faible et en plein déclin comme la France actuelle.

    La virulence des réactions aux propos de Mme Morano, de Moix à Sarkozy en passant par NKM, Valls et Hollande, révèle à quel point nos « élites » (?) refusent ces simples mais essentielles vérités et sont déterminées, en toute connaissance de cause, à nous mener à l’abîme de par leur aliénation idéologique. C’est proprement affligeant. 

       Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France, collaborateur de Politique magazine et la Nouvelle Revue universelle.

     

  • De Gaulle confirme Peyrefitte ... Inutile de biaiser et mettre en doute !

     

    A propos de l'Europe ...

    « Pour moi j'ai, de tous temps, mais aujourd'hui plus que jamais, ressenti ce qu'ont en commun les nations qui la peuplent. Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d'innombrables relations de pensée, d'art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu'elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation. »

     

    Ch. De Gaulle

    Mémoires d'Espoir - Plon, 1970 & 1971

     

  • TV : Bartolone chez Ruquier

     

    par Nicolas Julhiet

     Descendu de son perchoir pour s’installer dans le fauteuil, moins confortable, d’invité politique, Claude Bartolone était reçu par Laurent Ruquier dans On n’est pas couché ce samedi soir. Raison de sa présence : une candidature à la présidence de la région Ile-de-France, pour le compte du Parti socialiste.

    Sur le fond, on pourrait s’étonner. Le quatrième personnage de l’Etat, comme il a aimé le rappeler à plusieurs reprises avec un sourire satisfait, dans une émission de divertissement pour subir l’interrogatoire de deux chroniqueurs et d’un animateur télé… Est-ce vraiment sa place ?

    Claude Bartolone est arrivé en toute décontraction. Sourire impeccable – presque figé -, et léger accent fleurant bon la Méditerranée. L’homme conta son enfance, celle d’un fils de sicilien et de maltaise arrivés de Tunisie en France à la fin des années 50. Une histoire familiale qui, évidemment, ne le prédestinait pas à occuper la place qui est la sienne aujourd’hui. « C’est pas mal, quand même, la République », glissait l’intéressé. Effectivement, devenir un apparatchik dans ces conditions, c’est pas mal.

    Passés ces souvenirs d’enfance n’intéressant pas grand monde à part Laurent Ruquier, les chiens furent finalement lâchés. Pas très féroces. Ils se sont contentés de mordiller l’élu du 9-3, sans vraiment le blesser. Pourtant, ce n’est pas la matière qui manquait. Le rapport – à charge – de la Cour des comptes sur son bilan à la tête de la Seine-Saint-Denis et l’enquête tout juste ouverte sur la possible attribution d’un emploi fictif constituaient des morceaux de choix pour bêtes affamées.

    Hélas, les coups de crocs de Léa Salamé sont restés inoffensifs et le président de l’Assemblée nationale, bien préparé pour l’émission, les esquiva tous sans efforts apparents. Pire, la chroniqueuse se laissa accuser par l’invité de ne pas avoir préparé ses questions et ne pas savoir lire un rapport. Accusations dont elle eut bien du mal à se défendre… L’arroseur arrosé.

    S’ensuivit un échange, initié par Yann Moix, sur le rôle du président de la République et sur la durée de son mandat dans le cadre institutionnel actuel. Depuis quelques temps, le socialiste milite pour un septennat afin d’inscrire la présidence dans le « temps long ». En revanche, il n’estime pas nécessaire un renouvellement dudit mandat, arguant que le président serait plus « fort » s’il n’avait à préparer, au bout de quelques mois d’exercice seulement, une campagne pour assurer sa réélection. Léa Salamé tenta de remettre son grain de sel dans la conversation, expliquant que « ce qu’on reproche au président de la République, c’est son côté monarque ». Pardon, Léa, mais d’où sortez-vous une chose pareille ?

    Le débat glissa ensuite sur la politique menée par le gouvernement de François Hollande. Moment le plus pénible pour Claude Bartolone qui répondit systématiquement à côté, accusant Nicolas Sarkozy d’avoir laissé la France dans un état calamiteux… Pauvres socialistes ! Et 2017 alors, le sujet qui passionne les foules ? Pour l’invité, il ne fait aucun doute que le Front national « sera au second tour de l’élection présidentielle ». Ce fut bien la seule chose à retenir sa prestation. 

  • Contre-emploi

     

    Une analyse de Dominique Jamet

    Une très perspicace rétrospective des positions réciproques de François Hollande pour la France et d'Angela Merkel pour l'Allemagne, dans le déroulé de la crise des migrants. Mais aussi, in fine, une évocation de l'évolution des esprits et des réactions en Allemagne face à l'afflux inouï des réfugiés et la soudaine baisse de popularité de la chancelière. Cet afflux, Dominique Jamet le définit très justement comme « une grande migration qui est autre chose qu’un phénomène saisonnier ». Or, il est douteux que François Hollande et Angela Merkel, qui ne sont en fait ni l'un ni l'autre de grands dirigeants, en aient dès l'origine mesuré l'ampleur. Et peut-être même pas encore aujourd'hui. L'ampleur et les gravissimes conséquences. D'où la pertinence des réflexions de Dominique Jamet.  LFAR 

     

    3312863504.jpgUn contre-emploi, dans le spectacle, c’est un rôle qui ne correspond pas à la personnalité, ou en tout cas à l’image, de celui qui l’interprète et, donc, à l’attente de son public.

    Face à une grande migration qui est autre chose qu’un phénomène saisonnier, l’Allemagne de Mme Merkel et la France de M. Hollande, également prises au dépourvu, jouent depuis quelques semaines à contre-emploi.

    Compte tenu de ses nobles postures, de ses beaux discours, de ses grands élans, de ses traditions, de sa réputation, pour ne pas dire de sa légende, on pouvait s’attendre que la France, la France des droits de l’homme et des zintellectuels, la France lumière du monde et flambeau de la démocratie, la France éternelle de Victor Hugo, de Jean Jaurès, de Stéphane Hessel (mais aussi de Gobineau et de Charles Maurras) ouvrirait largement ses portes et son cœur aux malheureux chassés de leurs foyers par la guerre, l’oppression, la misère et la peur comme elle accueillit, dans le passé, Grecs, Polonais, Arméniens, juifs d’Europe centrale ou Espagnols républicains.

    En revanche, ce n’est pas vers l’Allemagne, vers le pays de Bismarck, de Hitler et de Schäuble (mais aussi d’Emmanuel Kant, de Karl Marx et d’Heinrich Heine), vers le pays qui portait comme une tache indélébile la terrible responsabilité de l’extermination des Héréros, de la tentative de génocide des juifs, du massacre de ses prisonniers russes, de la persécution des tsiganes, que l’on pensait voir un jour se tourner les yeux, les regards et les bras de millions de fugitifs quittant l’Asie et l’Afrique au péril de leur vie dans l’espoir d’un accueil chaleureux et d’un monde meilleur. Qu’attendre, au demeurant, d’une chancelière qui gérait sa boutique avec la prudence et la parcimonie d’une petite épicière de quartier ?

    Or, dans un premier temps, l’attitude du gouvernement français et celle du gouvernement allemand, à rôles inversés, ont déjoué toutes les prévisions et surpris également professionnels, critiques et spectateurs. Tandis que Mme Merkel déclarait superbement Ja, ich kann, non seulement je peux mais je dois accueillir autant de demandeurs d’asile qu’il en viendra, j’ouvre mes bras et mes frontières à tous ceux qui piétinent aux portes de l’espace Schengen, qu’ils viennent, il y a chez moi de la place et du travail pour tous, tandis que les Allemands se rendaient par milliers dans les gares et les centres de tri, pour y souhaiter la bienvenue à leurs visiteurs éberlués, M. Hollande, les pieds mouillés par la marée montante, faisait de son mieux pour détourner de lui le calice et noyer son refus sous le déluge habituel des grands mots qui ne coûtent rien et des promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent. Deux évidences dictaient sa conduite au président français : un pays, celui dont il a voulu et dont il assume la direction, qui n’est pas fichu d’instruire, d’employer et de loger ses propres ressortissants n’est pas en mesure, à moins de pénaliser encore un peu plus ses nationaux, d’offrir des conditions de vie et de travail acceptables à des centaines de milliers d’immigrants. Son gouvernement en prendrait-il le risque, il ne ferait qu’aggraver encore la très dure sanction qui l’attend au début de décembre prochain. Donc, pas question de charger encore un peu plus un pédalo qui fait déjà eau de toutes parts.

    Où en sommes-nous aujourd’hui ? Trois semaines seulement ont passé depuis le choc déclenché par la trop fameuse photo d’un enfant mort sur une plage turque, et chacun des deux partenaires revient tout doucement, insensiblement, à des positions plus proches de son personnage habituel.

    De ce côté du Rhin, la gauche, la gauche irresponsable et vertueuse, celle qui continue de faire la pluie et le beau temps dans les médias et à la tribune des assemblées, celle devant laquelle la droite comme il faut, intimidée, finit toujours par s’incliner, empoigne ses mégaphones et prend sa plus grosse voix pour dicter la conduite irresponsable qui s’impose selon elle : les immigrants ne sont pas une charge mais un atout ; 24.000, 120.000, 500.000, peu importe, nous sommes assez riches pour faire face à la demande, il ne serait conforme ni à nos traditions ni à nos intérêts de reprendre le contrôle de nos frontières, la porte de la France est ouverte à qui veut entrer. Et Mme Merkel, dégrisée, joint sa voix au chœur des Bienveillantes : l’Allemagne, murmure-t-elle, ne peut accueillir toute la misère du monde, il faut que la France en prenne sa part.

    C’est que sur l’autre rive du fleuve, on a la gueule de bois des lendemains d’Oktoberfest. 44 % des Allemands étaient disposés à héberger les 800.000 et quelques migrants annoncés cette année ; ils ne sont plus que 35 %. L’enviable cote de popularité de Mme Merkel est tombée de 63 à 54 %. Ce ne sont plus seulement la Bavière et la CSU, mais les porte-parole de la CDU, ministres compris, qui ont mis de l’eau dans leur bière. Il n’est pas jusqu’à ses alliés et partenaires de la SPD qui ne crient casse-cou, et PEGIDA, hier marginalisée, voit de nouveau grossir ses rangs.

    Comme quoi il est risqué de jouer à contre-emploi. 

    41hcNtsEd5L__SL300_.jpg

    Dominique JametJournaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

  • Syrie : Quand la République idéologique tue ses propres enfants...

     

    Par Academos 

     

    academos.jpgSyrie : Six djihadistes Français de plastique tués par les frappes des Rafales ? Ou : quand la République idéologique tue ses propres enfants...

    Jacques Chirac, Premier ministre du Président Giscard d'Estaing, est à l'origine des suicidaires et scélérats décrets de 1975 sur le regroupement familial. Il n'a jamais voulu reconnaître sa faute, ni qu'il avait touché la France au coeur, si l'on peut dire, c'est-à-dire dans la constitution même du peuple de France : car ses décrets, accordant automatiquement la nationalité française par le jeu incontrôlé du droit du sol, ont abouti tout simplement à changer le peuple. Pas encore complètement, certes, mais à introduire au coeur même du vieux pays des masses de Français de plastique, des français « légaux », mais qui, pour reprendre les termes du Père de Foucauld, n'ont ni le coeur ni l'esprit français; et, pire, qui ne souhaitent acquérir ni l'un ni l'autre mais, bien au contraire, ne rêvent que d'une chose : nous imposer leur coeur et leur esprit : l'Islam. Merci, Chirac !

    Dans son aveuglement, Chirac était même allé, devenu Président, jusqu'à déclarer que ces jeunes des cités, qui haïssent tout de nous, de nos racines, de notre Être profond, étaient « les enfants de la République ». Enfants de la République idéologique, peut-être; enfants de la France, certainement pas ! Chirac a peut-être cru, ce jour-là, réussir une belle (!) envolée lyrique, il n'a réussi qu'à mériter le fameux « errare humanum est, perseverare diabolicum ».

    Et voilà qu'aujourd'hui on apprend que nos Rafales ont détruit un camp d'entraînement de terroristes islamistes qui, en Syrie, préparaient leurs sales coups, leurs attentats, leurs assassinats; et que, dans le tas des tués (bon paradis d'Allah, les gars !) il y avait (il y aurait) six Français.

    Valls refuse de confirmer, mais, quoi qu'il en soit, une seule chose est sûre : il n'y avait aucun Français parmi ces assassins en puissance. Il n'y avait que des ennemis de notre peuple, de notre culture, de nos traditions, de nos héritages culturels et religieux. Ils sont morts là-bas, s'étant enfermés dans la logique mortifère qu'ils ont librement choisie et qu'ils ont suivie en toute liberté : mieux vaut cela que de les avoir laissés venir ici se faire exploser au milieu d'innocents qui n'ont rien demandé...

    Mathias Léridon s'est permis de dire - et il a mille fois raison - qu'on n'est pas Africain parce qu'on naît en Afrique, mais parce que l'Afrique bat dans votre coeur.

    Eh bien, ce que l'on permet de dire à Mathias Léridon, ils serait piquant que l'on nous interdît de le dire, à nous, accommodé à la réalité française : on n'est pas Français parce que l'on naît en France ou parce qu'un Système haineux de notre Histoire et de notre passé, de notre culture et de nos traditions vous a - follement - donné un petit rectangle de plastique. On est Français, si l'on est naturalisé, parce que la France bat dans votre coeur. 

    Et, sinon, non ! 

    * On n'est pas Africain parce qu'on naît en Afrique, mais parce que l'Afrique bat dans votre coeur.

  • LIVRES & SOCIETE • Quand les politiques se la jouent écrivains…

      

    par Gabriel de Noves

    Un billet dont on appréciera l'exhaustivité et l'humour. 

    Les hommes politiques croient bon d’envahir émissions de radio et de télévision avec des livres censés anoblir leur statut aux yeux de l’opinion. Leurs chiffres de ventes font parfois très mal.

    Parmi la panoplie de trucs dont dispose l’homo politicus pour faire valoir la légitimité suprême de sa petite personne, le livre est devenu un incontournable. En lui-même, son contenu n’a pas grande importance. Parodie hugolienne ébouriffée chez un Villepin, balbutiement de programme chez une Pécresse, laborieuse copie de khâgneux chez un Guaino ou dernièrement un Fillon, peu importe. L’essentiel est comme toujours de vendre une image. Des mots contre une image, voilà le deal. Voilà la seule ambition de ces livres que personne n’a envie de lire, cadeaux de hantise pour tous les pères de famille…

    Le deal est des plus sommaires, mais l’homme politique s’y laisse prendre, s’émerveillant de son propre charme dans ce rôle pourtant grotesque de Chateaubriand des temps modernes, de chevalier prêt à défendre ses « convictions » sur tous les plateaux de télé qu’il rencontrera – grâce au plan de bataille bien vissé entre son éditeur, son dircom et les journalistes, bien entendu indépendants.

    Le but est de nous faire croire que, lui, a du fond. Il a un projet, des idées. Il est victime de ce temps médiatique qui va trop vite et qu’il aimerait pouvoir arrêter. Alors il écrit un livre, pour se montrer tel qu’en lui-même. Assez de ces miroirs déformants ! Il y a de la révolte dans son geste… Pendant que la France batifolait sur les plages, un Juppé par exemple, s’est retiré tout l’été, comme faisait Cicéron, dans une thébaïde où il a pris du recul et mûri cet ouvrage qu’il vient humblement nous présenter… Allez Alain, on y croit !

    Seulement « se vendre », même pour des gens qui en ont fait profession, n’est pas toujours simple. Les chiffres de ventes d’ouvrages écrits par des politiques qui tombent depuis quelques mois parlent d’eux-mêmes. Quoique très éloignés des résultats annoncés par les maisons d’édition, qui donnent volontiers le total des livres mis en rayon dans les librairies et non effectivement vendus, le trio gagnant affiche des scores honorables, en tenant compte des dates de sortie :

    Jean-Luc Mélenchon avec Le Hareng de Bismarck  (Plon), paru le 7 mai 2015 : 37.323 exemplaires,
     François Fillon avec Faire (Albin Michel) paru le 16 septembre 2015 : 15.864 exemplaires,
     Alain Juppé avec Mes Chemins pour l’école (Lattès) paru le 26 août 2015 : 9.764 exemplaires.

    Fillon l’emporte donc avec Faire, titre pourtant calamiteux, qui résonne comme un aveu d’impuissance pour un homme qui, précisément, a disposé de cinq ans pour « faire » et n’a pas su.

    Ensuite, c’est la dégringolade, pour ne pas dire la catastrophe industrielle. Les titres sont parfois de vrais poèmes surréalistes, mention spéciale à Cécile Duflot qui s’est effectivement fait virer…

     Rama Yade avec Anthologie regrettable du machisme en politique (Editions du Moment): 989 exemplaires
     Cécile Duflot avec Le Grand Virage (Les Petits Matins) : 665 exemplaires
     Fin du fin, Jean-Christophe Cambadélis avec A gauche, les valeurs décident de tout (Plon): 326 exemplaires.

    Un score particulièrement indigent pour le premier secrétaire du parti socialiste qui a bénéficié d’une large exposition médiatique avec, entre autres, un passage chez Ruquier…

    La bérézina éditoriale continue de plus belle :

     Delphine Batho avec L’insoumise : 715 exemplaires,
     L’ineffable Michel Sapin avec L’écume et l’océan : 346 exemplaires. Chef-d’œuvre de ridicule, la couverture nous montre un Sapin conquérant, qui dans la tempête, ne craint pas de relever le col de sa veste toute neuve. Le sous-titre précise : Chronique d’un ministre du travail par gros temps…

    Sapin 

     Claude Bartolone, Je ne me tairai plus : 268 exemplaires.

    La palme revient tout de même à Christine Boutin avec Qu’est-ce que le parti chrétien démocrate ?, qui n’a écoulé que 38 exemplaires… Sa famille ?

    Alors, qui intéressent-ils ? Qui entendent-ils représenter ? Le pire, c’est que la plupart campent à la télévision, enchaînent les matinales, persuadés de captiver les foules alors que les Français se moquent de leur avis, de leur baratin, de leurs effets de plume. Et bien sûr, on se gardera de mettre leurs chiffres en rapport avec ceux d’Eric Zemmour – près de 500 000 exemplaires vendus pour Le suicide Français-, de Michel Onfray, Laurent Obertone… Tous ennemis revendiqués du système.

    Dernier exemple en date, et non des moindres : le livre de Philippe de Villiers Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, dont Albin Michel a tiré plus de 71 000 exemplaires. Entre 5 000 et 7 000 copies s’écouleraient par jour depuis le 1er octobre selon l’éditeur, ce qui place l’ouvrage en tête du classement des meilleures ventes et, si l’engouement se prolonge, devant Eric Zemmour. L’œuvre est celle d’un politique d’un genre particulier, puisque le fondateur du MPF y exprime son dégoût progressif envers un système autocratique dont il n’a pas voulu devenir l’otage, dézinguant à tout va ceux qui ne gouvernent pas mais font du « consumérisme politique », par exemple, en essayant de vendre des livres…

    Souverainiste, réactionnaire et gros vendeur… La nouvelle donne éditoriale ? De quoi donner des idées à Nadine Morano… Qui sait, peut-être engagerait-elle un nègre… 

     - Collaborateur de Politique magazine

     

     

  • SOCIETE • Heureusement, un trisomique n’est pas assez c… pour lire Charlie hebdo

     

    Par François Teutsch

    Nous avons été parmi les tout premiers à déclarer que nous n'étions pas Charlie. Et à tenter de dire pourquoi. Si possible avec de sérieuses raisons. Nous n'étions pas nombreux, au lendemain du 7 janvier, à tenir cette positon. Face à cette folie collective que l'opération de propagande socialiste  Je Suis Charlie a réussi à installer dans le pays, la réaction s'est fait attendre. Puis elle a eu lieu, progressivement. Et ensuite, largement. C'est dire que nous sommes d'accord, dans le cas présent, avec les réflexions à la fois fermes et délicates que François Teutsch a données à Boulevard Voltaire. Les voici.  LFAR

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpg« L’esprit Charlie » a encore frappé. Avec finesse et délicatesse, avec bon goût et subtilité. La une de Charlie Hebdo du 7 octobre proclame « Morano, la fille trisomique cachée de De Gaulle ». Suit une caricature du général qui tient dans ses bras un bébé Morano emmailloté, les yeux bridés et la langue pendante sur un filet de bave.

    Charlie ne prend pas grand risque avec un tel dessin : nul trisomique ne viendra jamais, fusil mitrailleur à la main, flinguer le dessinateur à l’humour si inspiré. Cela, c’est réservé aux islamistes. Ceux que Charlie ne caricature plus depuis l’attentat du 7 janvier.

    Tacler Nadine Morano n’a rien de répréhensible, y compris par la caricature grossière. Mais ce dessin est ignoble. Non par celle qui y est représentée, mais par l’insulte qu’il profère à l’encontre d’une population handicapée mentale, qui vit – encore un peu – au sein de notre société. Même si 96 % des bébés trisomiques sont éliminés par avortement, ceux qui vivent parmi nous sont des personnes aussi dignes de respect que n’importe qui. Pas aux yeux de ce dessinateur qui visiblement n’en a jamais croisé un.

    Ce dessin est ignoble parce qu’il s’attaque aux plus faibles, à ceux que leur handicap rend incapables de se défendre, de riposter, de rendre coup pour coup, ou, mieux encore, de sourire d’un air méprisant à l’auteur de ce torchon. Un trisomique est sans doute, à ses yeux, un sous homme. Un « mongol » comme le disaient les enfants de ma génération dans la cour de récréation. Un incapable et un gêneur. Ce dessin me rappelle la réflexion entendue un jour : « comment y en a-t-il encore autant avec la généralisation du dépistage ? ». En bref, pourquoi toutes ces bouches inutiles et coûteuses sont-elles encore autorisées à vivre ?

    Ce dessin est ignoble parce qu’il atteint aussi la mémoire d’un père, Charles De Gaulle. Non le général, non le chef d’État, mais l’homme privé dont la fille Anne était trisomique. Cette enfant qu’il a aimée, élevée et soignée jusqu’au bout. Cette enfant qu’il a enterrée un jour de 1948 avant de dire à sa femme « Venez, elle est comme les autres maintenant ». Placer un trisomique de caricature dans les bras de De Gaulle, ce n’est pas mener un combat politique, c’est cracher à la figure d’un père blessé.

    Monsieur Riss devrait s’approcher un jour d’un de ces êtres inutiles et coûteux. Prendre le temps de se pencher sur ce visage déformé. De plonger son regard dans celui de l’autre. De lire l’insatiable besoin d’affection qu’il révèle. Il devrait se laisser enlacer par un de ces enfants. De parler aussi avec lui. Oui, un trisomique parle. Il ne profère pas des borborygmes. Oui, il y a des trisomiques plus intelligents que d’autres. Oui, un trisomique peut apprendre à lire. Oui, un trisomique est un compagnon de bonheur. Non comme un animal domestique dont on se lasse, mais comme une personne humaine dont la dignité est magnifiée par la faiblesse.

    Un enfant trisomique c’est souvent un frère ou une sœur dont on s’occupe avec soin, et qui a, bien malgré lui, un rôle éducatif essentiel : il apprend aux autres à l’aimer non pour ce qu’il fait, mais pour ce qu’il est. C’est une lourde charge pour une famille, une croix quotidienne à porter parfois. Mais surtout un exemple de bonheur. Car voyez-vous Monsieur Riss, ce qui frappe le plus chez ces enfants, c’est qu’ils sont heureux. Oui, heu-reux.

    Et puis, l’enfant trisomique a une immense qualité : il n’est pas assez c… pour dessiner des saloperies pareilles. En bref, il n’a pas « l’esprit Charlie »

     - Avocat.

  • Où Hubert Védrine distingue entre les régimes résignés au multiculturalisme et ceux qui n'en veulent pas ...

     

    « Les sociétés d’Europe de l’Ouest sont favorables aux sociétés multiculturelles, ou s’y sont adaptées, ou s’y sont résignées, appelons-ça comme on veut. En Europe de l’Est, pas du tout. Ils pensent que les sociétés multiculturelles sont un échec flagrant, spectaculaire, ils n’en veulent pas. Donc ils ne veulent pas, sous couvert de la nécessité de donner l’asile à des gens vraiment persécutés entrer dans cet engrenage. Ce n’est pas de la xénophobie dans le sens où ils sont contre un groupe ethnique en particulier, ils ne veulent pas de l’évolution multiculturelle. Il ne faut pas s’en prendre qu’à la Hongrie. Il y a six, sept ou huit pays qui pensent comme ça. Il ne faut pas avoir peur d’en parler. »

     

    Hubert Védrine

    France Inter, La Matinale, le 28 septembre 2015

     

  • La royauté n’est pas une utopie !

     

    par Jacques Trémolet de Villers 

    Un lecteur reproche à Jacques Trémolet de Villers d’avoir écrit que « L’espérance est royale » (« L’espérance est royale », Politique magazine n°144, octobre 2015, p.31). Le chroniqueur de Politique magazine persiste et signe. Explications détaillées…

     

    jacques%20tremolet%20de%20villers%203.jpgUn lecteur m’écrit : « Ne parlez pas de l’espérance politique Royale ! La Royauté n’est pas une espérance, c’est une utopie. »

    Merci pour le propos. Il dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.

    Il définit le principal obstacle à l’espérance.

    Voici ma réponse.

    1. L’utopie est un mot hautement respectable puisqu’il a été forgé par un homme plus qu’estimable, un saint, et précisément un saint en politique, ce qui est rarissime, saint Thomas More.

    L’utopie, chez Thomas More, c’est un royaume imaginaire, une fantaisie littéraire de philosophe platonicien. Ce rêve n’est pas inutile car il provoque la réflexion et peut aider à sortir des routines où s’enlise trop souvent le politique.

    Mais ce n’est absolument pas un projet de gouvernement, ni un traité d’art politique.

    Thomas More qui s’y connaissait pour avoir été Grand Chancelier du Royaume d’Angleterre n’a pas subi le martyre parce qu’il avait voulu garder son utopie.

    Il est mort à cause de sa fidélité très concrète à l’Eglise de Rome et de son refus de prêter le serment schismatique exigé par son Roi. Rien de plus concret, de plus simple et de plus réaliste, aux antipodes de sa fantaisie littéraire dénommée UTOPIE.

    2. Si le royaume (qu’il soit de France, d’Angleterre ou d’ailleurs) est le contraire même de l’utopie, la démocratie universelle dont le rêve anime tous nos dirigeants est, elle, en revanche, une véritable et catastrophique utopie. Le petit Larousse cite, à son propos, la formule de Lautréamont :« La grande famille universelle du genre humain est une utopie digne de la logique la plus médiocre ». Une politique qui se fonde sur une telle chimère est de nature à donner corps aux pires cauchemars, dont nous voyons les prémices s’agiter sous nos yeux.

    L’utopie n’est donc pas là où on la croit.

    3. Le royaume de France, loin d’être un rêve, est la seule réalité dont nous soyons absolument certains puisque, contrairement à la démocratie idéale où l’on n' arrive jamais et dont la réalisation est toujours remise à demain, il a été, et il est. Nous en venons. Nous en vivons. Nos yeux le voient sur la terre de France, dans les maisons, les églises, les châteaux et les chaumières, dans les villes et dans les villages, dans la poésie et dans la prose. Nos oreilles l’entendent dans les musiques et les chansons. Notre langue le parle. Notre pensée elle-même n’existerait pas sans les mots et les idées qu’il nous a donnés. Pour paraphraser une formule de Jean-Paul II sur la culture de la nation : « Il fait en nous ce qui est humain ».

    4. Pour beau qu’il fut et qu’il demeure, le Royaume de France n’a jamais été et ne sera jamais une société idéale, un royaume d’utopie.

    Son histoire nous montre ses ombres et ses lumières. Son champ est mélangé de bon grain et d’ivraie. Mais il est aisé de discerner les constants de son ordre : le goût de la vérité, la passion de la liberté, le besoin de justice et l’amour de la beauté. Celui qui, aujourd’hui, fait personnellement siennes ces permanences, est du royaume et continue le royaume, qu’il soit de droite, de gauche, du centre ou d’ailleurs.

    5. Si le royaume de France, grâce à Dieu, persévère chaque jour dans son être, sans le règne d’un roi, il est aussi évident que cette maison qui nous est commune a un urgent besoin de retrouver un maître de maison. L’histoire de nos deux derniers siècles est éloquente. Les intendants provisoires qui ont prétendu remplacer le Roi n’ont pas su garder la maison. On peut citer la phrase du Général De Gaulle écrivant au Comte de Paris, en novembre 1969, après son départ : « Je m’en vais, mais vous, vous demeurez ». Reste que si la famille royale, effectivement, demeure et se continue, elle n’est pas à la place où nous avons besoin qu’elle soit.

    C’est pourquoi, tant que cette institution ne sera pas établie, nous serons dans l’espérance.

    La conclusion est aussi simple que la démonstration. Le Royaume est toujours là, mais de plus en plus menacé, délabré… la famille royale est là, mais seuls quelques-uns la reconnaissent pour telle. La seule action utile est de multiplier le nombre de ces quelques-uns pour qu’il soit décisif. Cette action est culturelle parce qu’elle commence par la connaissance et l’amour du royaume, son histoire ses mœurs, ses trésors… elle est politique parce qu’elle vise à instituer un Etat conforme au droit, à la nature et à l’histoire.

    Elle n’est ni partisane, ni idéologique, ni sectaire, ni chimérique. Elle ne veut que l’union et le bonheur de tous dans une maison qui est, précisément, la maison de tous et dont nous savons qu’elle est une belle et douce maison dont le jardin est « un champ semé de lys ».   

     - Politique magazine

  • TV • Invité de Laurence Ferrari sur iTELE, Philippe de Villiers n'a pas mâché ses mots !

     

    Nous avons souvent évoqué l'activité publique de Philippe de Villiers ces temps derniers. L'envolée du Puy du Fou, sa trilogie historique (Saint Louis, Jeanne d'Arc et Charette), le livre qu'il vient de publier (Le moment est venu de dire ce que j’ai vu), ses diverses déclarations aux médias, sont de sérieuses raisons de le faire. Des raisons qui ne tiennent pas à la politique politicienne mais au service de la France, des idées et des principes  qui pourraient restaurer sa souveraineté et la rendre, au fond, à elle-même. La replacer dans sa trajecoire historique.

    La vidéo qui suit ne dure que 14 minutes. Ecoutez donc les analyses et les propos de Philippe de Villiers. Ce discours est le nôtre ! LFAR 

     

     Durée : 14'22''

  • TV • Finkielkraut chez Ruquier

     

    par Nicolas Julhiet

    Venu présenter – et donc défendre – son nouvel essai La seule exactitude, Alain Finkielkraut s’est installé dans le fauteuil de l’invité chez Ruquier, samedi soir, dans On n’est pas couché. Sensiblement moins théâtral que sur d’autres plateaux, il n’en est pas moins resté très didactique offrant une leçon de rhétorique aux téléspectateurs. Comme toujours dans cette émission, l’actualité commande le déroulé et, au-delà du livre, l’académicien était soumis aux questions sur Nadine Morano, la notion de race ou, encore, les migrants et l’Islam. Des sujets qu’il connaît, qu’il maîtrise et pour lesquels sa pensée le fait, irrémédiablement, passer dans le camp des réacs. Estimant, pour forcer le trait, que c’était mieux avant et que l’on se dirige collectivement vers du moins bien, sur tous les plans, de la politique à la culture, Alain Finkielkraut a, plus précisément, dénoncé l’hystérie collective sur les migrants, l’absurdité des dénonciateurs de l’islamophobie et les fossoyeurs de l’école dite républicaine.

    A côté des deux chroniqueurs (Moix et Salamé), se tenait un autre invité qui trépignait pour intervenir. Son nom : Thomas Guénolé, un politologue dont le crâne est aussi lisse que la pensée. Visiblement agacé de ne pas arriver à sortir de l’anonymat, malgré sa présence dans plusieurs médias, il a tenté d’instruire un procès à charge contre le philosophe pour apparaître tel un saint Georges – à rose et non à croix – terrassant le dragon réac’ pour faire lever les foules et gagner le cœur des conscientisés. Hélas, l’homme s’est complètement ramassé, ne récolant même pas de maigres applaudissements. Pire, son accusé a tout juste pris la peine de lui répondre, préférant lui adresser d’immenses soupirs. Il faut, en revanche, saluer sa lucidité : sentant la bête lui échapper, il s’est abstenu d’intervenir à nouveau. Qu’il en soit remercié.

    Pour le reste, pas grand-chose à retenir. Du name-dropping à tout va – c’était à celui qui déclamerait la plus belle citation -, des sempiternels échanges sur les Juifs et les Musulmans ou sur les progressistes et les conservateurs où chacun campe sur ses positions en accusant l’autre parti d’incarner la pensée dominante. Bref, un bon vieux débat entre républicains. 

  • A DROITE TOUTE ?

    Pourquoi les jeunes sont passés à droite (une analyse du Figaro)

     

    Par François Marcilhac 

     

    500021990.jpgLe Reich pour mille ans, la société communiste universelle réalisant l’histoire, le village mondial l’abolissant — mais réaliser ou abolir l’histoire n’est-ce pas la même chose, puisque c’est refuser dans l’un et l’autre cas sa dimension tragique ? : les utopies sont destinées à mourir. 

    La première a disparu dans la catastrophe mondiale qu’elle avait engendrée ; la deuxième, qui ne tenait plus que par la rouille de sa propre corruption et de son propre mensonge, s’est effondrée sur elle-même, et déjà, celle qui se vante de lui avoir succédé, se fissure de toutes parts. Le XXIe siècle sera bien celui du retour de l’histoire, ou plus exactement, car elle ne s’est évidemment jamais absentée, celui du retour de la conscience pleine et entière que l’humanité ne peut pas échapper à l’histoire. L’ « Occident » avait inventé l’utopie, qui lui servit de prétexte pour apporter les Lumières à l’humanité et l’y asservir sous prétexte de l’émanciper : le reste du monde, tant qu’il ne put échapper à sa domination matérielle, fit semblant d’y croire. Avec, d’un côté, le reflux colonial, et, de l’autre, la disparition de l’enfer soviétique, le message occidental, dont le matérialisme millénariste s’était substitué à l’eschatologie chrétienne, s’est dissous : les nations ont partout repris leur droit. Les nations européennes sont évidemment les dernières à recouvrer le chemin de l’histoire, sclérosées qu’elle sont encore par cet ersatz d’utopie qu’est l’Union européenne. Mais le défi migratoire, la confrontation avec un islam bien concret, alors que les peuples européens avaient cru pouvoir réduire la religion à l’état d’ectoplasme, ou encore le retour des logiques nationales, dont la Russie donne un solide exemple, tout, aujourd’hui, concourt à ouvrir les yeux des Européens, notamment des Français.

    Dans Le Figaro du 25 septembre dernier, Natacha Polony se demande pourquoi Libé ou Le Monde s’en prennent avec une telle violence à des intellectuels pourtant de gauche qui constatent le retour du refoulé et en prennent acte, sans nécessairement s’en réjouir. Et de juger que « le crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou de quelques autres intellectuels cloués au pilori porte un nom : le souverainisme ». Elle a raison de pointer cette haine du « peuple souverain » de la part d’une France oligarchique de gauche — « le libéralisme est de gauche » a récemment rappelé Emmanuel Macron — qui a toujours méprisé un peuple que le projet européen a l’immense avantage de neutraliser, englué qu’il serait dans ce que la philosophe Chantal Delsol caractérise comme une « idiotie » impardonnable aux yeux des cosmopolites : le désir d’enracinement. Mais il faut comprendre que le mythe du « peuple souverain » n’a été, lui-même, depuis la Révolution, que le mensonge derrière lequel l’oligarchie s’est dissimulée pour priver le pays réel de ses droits réels, le premier de ces droits — et le dernier visé — étant précisément celui de vivre dans une pays libre et souverain, c’est-à-dire indépendant. Il est amusant, à ce titre, que Natacha Polony écrive dans le journal qui n’est que le pendant « de droite » de Libé et du Monde : que je sache, Le Figaro, s’agissant notamment du « non » des Français au traité constitutionnel, a témoigné du même mépris que ses confrères « de gauche » pour le « peuple souverain », un mépris que nous avons le droit de qualifier de classe, les intérêts de l’oligarchie ignorant les frontières tant politiques que nationales.

    Le vrai crime de Michel Onfray, de Jacques Sapir ou encore de Christophe Guilluy se penchant sur la France périphérique, est précisément de commencer à s’apercevoir, contre leur propre tradition idéologique, à la faveur notamment, mais pas uniquement, d’une réalité migratoire qu’ils se mettent à interroger, que derrière un peuple souverain conceptuel, hors-sol, existe un peuple de chair, qui s’interroge, qui souffre, voire qui refuse sa disparition programmée. Et qui le traduit dans les urnes. D’autant que, contredisant les fausses niaiseries cosmopolites et renforçant la problématique liée à l’identité française, « l’attitude des migrants est d’autant plus troublante que ceux-ci semblent refuser l’intégration, et même manifester un certain mépris pour la population autochtone », remarque Vincent Tournier, politologue, dans Le Figaro du 24 septembre, commentant un récent sondage (Elabe pour Atlantico) selon lequel 35% des 18-24 ans se positionnent à droite et 17% seulement à gauche. En 2012, les jeunes s’étaient surtout portés sur François Hollande, qui, durant sa campagne, avait fait de la jeunesse la «  priorité  » numéro un de son quinquennat. Il est vrai que, une fois président, il en a été de son amitié pour la jeunesse comme de son inimitié pour la finance : trois ans après son élection, la finance est toujours au pouvoir et la jeunesse toujours au chômage. « Dans le même temps, les crispations sont très fortes au sujet de la place de l’Islam en France et ce n’est pas sans conséquences sur l’attachement aux racines ou à l’héritage judéo-chrétien de la France, davantage revendiqué qu’il y a quelques années », commente pour sa part le politologue Yves-Marie Cann (Atlantico, 23 septembre). Et ce au moment où d’autres intellectuels de l’établissement, comme Pierre Manent, dénoncent l’inanité de la laïcité et des valeurs républicaines pour répondre au défi existentiel auquel nous sommes confrontés.

    Ainsi cette droitisation de la France, voire cette droitisation de la droite, qui touche principalement la jeunesse, doit être analysée comme une lame de fond de la société, destinée à renverser les réflexes pavloviens que l’élite politique, intellectuelle et médiatique croyait définitivement ancrés chez les Français, notamment chez les jeunes qu’on avait pensés, par paresse intellectuelle, surtout depuis 1968, nécessairement de gauche et béatement « ouverts sur le monde » et à toutes les révolutions sociétales — ce qu’a contredit la jeunesse de La Manif pour tous. Parmi les politiciens, Sarkozy a été le premier à le comprendre mais également à trahir l’espérance d’un changement non seulement de discours mais aussi de politique. Car la « droite » n’a plus à offrir que des décennies de trahison morale et intellectuelle au profit d’une gauche conquérante qui l’avait à ses propres yeux ringardisée.

    A nous de révéler la contre-révolution spontanée que le mot maladroit de « droitisation » révèle derrière son masque politicien. Et de la répandre dans toutes les sphères de la société.

    François Marcilhac - L’Action Française 2000