PAS PLUS MAIS MIEUX

par Louis-Joseph Delanglade
Alors que le chaos migratoire se propage dans les Balkans, on peut se demander qui contrôle quoi que ce soit dans l’Europe de Schengen - dont l’incurie est manifeste. Devant la montée de la grogne des opinions publiques et les désaccords de fond au niveau le plus élevé, un sommet européen « extraordinaire » est prévu ce mercredi 23 pour faire accepter le principe des quotas dans la répartition des « réfugiés ». Ce sommet permettra sans doute de trouver un de ces compromis boiteux et dilatoires dont l’U.E. a le secret : tout est possible, rien n’est réglé. Mais on envisage aussi d’aider Turquie, Liban et Jordanie à gérer leurs camps de réfugiés, de créer aux frontières extérieures de l’Union des centres de tri pour repérer les migrants économiques et d’organiser le retour de ces derniers dans leurs pays. On voudrait donc parquer, discriminer, exclure. Beau et humaniste programme - mais scepticisme de rigueur : dommage, car on pourrait s’en inspirer pour traiter le problème de l’immigration en général.
Le vrai problème en effet, en tout cas pour la France, est que cet afflux, hélas trop prévisible, d’immigrés proche-orientaux, survient après des dizaines d’années d’une immigration folle qui a vu s’installer, de façon régulière ou clandestine, des millions d’étrangers extra-européens pas forcément désirables - même si ce n’est pas le cas de tous, il faut le reconnaître. Certains ont été naturalisés, beaucoup ont eu de nombreux enfants, nés ici et bénéficiant donc du droit du sol, mais qui doivent être comptabilisés si on veut vraiment prendre en compte les réalités. Du coup, même s’ils « valent » beaucoup mieux que la plupart de leurs prédécesseurs, ces vingt-quatre mille Syriens sont un peu la goutte d’eau… Le vase est plein. Une première condition à toute immigration réussie est en effet qu’elle soit quantitativement acceptable : les bornes ont été franchies, non possumus.
Il est vrai que l’Europe est coupable. Coupable d’être tout à la fois une maison de retraite (à cause du vieillissement de sa population) et une armée du salut (à cause de son humanitarisme compassionnel psychotique). Il est peut-être écrit que certaines des nations qui la composent, en pleine décadence, sont entrées en agonie. Peut-être; mais peut-être seulement, car un sursaut et une renaissance ne peuvent être totalement exclus. Ce dont on doit être sûr, c’est que cela ne passera pas par l’Union, mais se fera contre elle. Car, sur le plan politique, le problème de l’Europe, c’est…« l’Europe » - le même nom désignant abusivement deux réalités bien différentes : celle-ci, vaste marché économique, sans âme, dans lequel ne peut se reconnaître aucun pays, ni aucun Européen; celle-là, façonnée par les millénaires de l’Histoire et dont il est facile de dire qui en est et qui n’en est pas.
Ce n’est pas plus d’Europe qu’il faut, c’est mieux d’Europe : une Europe qui commence par s’aimer elle-même, à travers ses diversités culturelles et nationales au lieu de bader les « barbares ». Une Europe sûre de ce qu’elle est et qui n’en accueillera que mieux les immigrés qu’elle voudra bien accueillir. •